Vivre et mourir (Partie 3)

12/04/2023 (2023-02-05)

[Ce texte fait suite à Heurs et malheurs de la France (Partie 1)
et L’effondrement, et après ? (Partie 2)]

Par Bernard Thoorens

De tout temps et en tous lieux la vie des humains sur terre a été difficile, voire tragique. Il nous aura fallu d’abord lutter contre les conditions climatiques, les animaux sauvages, les aléas de la vie nomade. Par la suite, au sein d’organisations humaines plus structurées, nous avons commencé à être soumis, ou à nous soumettre, aux règles édictées par les chefs. Certains d’entre eux, ivres de leur puissance, ont abusé du pouvoir qui leur était conféré, se muant en dirigeants autoritaires, tyrans, dictateurs ou, plus récemment, en totalitariens (Hitler, Staline). Même sans cela, au fil des siècles, nous avons connu les famines, les maladies, l’esclavage, les guerres, les génocides, les catastrophes naturelles et celles provoquées par l’homme.

Aujourd’hui nos sociétés modernes subissent les mêmes souffrances et les mêmes injustices, mais ont oublié leurs valeurs, leur culture. Elles se sont détournées de la vie spirituelle et de Dieu pour se convertir à une religion d’argent, de gloire, d’égoïsme et d’honneurs vaniteux. La conversion est massive, elle touche toutes les couches de la société, des familles, des professionnels, des artistes, des responsables politiques, des représentants du peuple. Et nous, le peuple (encore un peu) chrétien, nous continuons de subir ces désastres, souvent en nous résignant, parfois en y participant, rarement en nous révoltant.

Face à cette noirceur, il y a aussi la beauté, la grâce, la sublimité. C’est le chêne multicentenaire altier, la toile d’araignée dans la rosée du matin, le spectacle vivant des migrations, les cimes enneigées au coucher du soleil, le ballet aérien des oiseaux dans l’azur…

L’une découle de la forfaiture de Ses sujets, l’autre est l’œuvre admirable du Créateur. Peut-on encore douter qu’Il existe quand on contemple l’infiniment petit et l’immensément grand, quand on continue, encore et encore, à découvrir la transcendance, la complexité de l’univers, la beauté de la nature ?

Sur terre la noirceur et la beauté, inhérentes à notre condition humaine, ne seraient-elles pas d’un côté comme une sorte d’épreuve et de l’autre une sorte d’invitation à se tourner vers Lui ? L’une avec l’autre constituent un mystère, une question dont la réponse n’est pas de ce monde, mais qui nous mène à Lui inévitablement.

Vivre ici-bas (quelques temps) et mourir pour vivre notre vie éternelle

Selon la volonté de notre Créateur, nous sommes nés libres. Cela nous donne, au plan spirituel, la liberté de vivre comme nous le voulons. En particulier, chaque homme a en lui la perception du bien et du mal et peut choisir de pratiquer l’un ou l’autre. Mais n’est-il pas logique que s’il fait le mal, la justice de Dieu — tout comme celle des hommes — ne lui soit pas favorable ? Cependant à la différence du juge humain, loin d’être infaillible, Dieu nous connaît au plus profond de notre cœur, il ne se trompe pas. Dans sa miséricorde et son amour infini, il peut nous pardonner si nous nous repentons. Pas de regrets ni même de remords, seulement le repentir.

À l’inverse, les belles âmes, ces personnes qui font tant de bien à leur entourage, auront la vie éternelle elles aussi, mais pas dans les mêmes conditions.

Si nous réfléchissons à notre destinée, je pense que, pourvus de notre liberté, nous choisirions tous la deuxième option. Et pour cela nous savons ce qu’il nous reste à faire.

Et si certains veulent encore croire à la réincarnation pour leur permettre de racheter leur vie passée, qu’ils soient tout de suite détrompés. Dans l’épître aux Hébreux il est précisé : « Les hommes ne meurent qu’une fois, après quoi il y a un jugement (He 9, 27). »

En guise de conclusion de cette réflexion, voici un extrait tiré du livre de C. S. Lewis, théologien anglican et écrivain, La tactique du diable, publié en 1942, étonnamment actuel.

« 
— Et comment as-tu fait pour amener autant d’âmes en enfer à l’époque ?

— Grâce à la peur.

— Oh, oui. Excellente stratégie : vieille et toujours actuelle. Mais de quoi avaient-ils peur ? Peur d’être torturés ? Peur de la guerre ? Peur de la faim ?

— Non. Peur de tomber malade.

— Mais personne d’autre ne tombait malade à l’époque ?

— Si, ils tombaient malades.

— Personne d’autre ne mourait ?

— Si, ils mouraient.

— Mais il n’y avait pas de remède à la maladie ?

— Il y en avait.

— Alors je ne comprends pas.

— Comme personne d’autre ne croyait ou n’enseignait sur la vie éternelle et la mort, ils pensaient qu’ils n’avaient que cette vie, et ils s’y accrochaient de toutes leurs forces, même si cela leur coûtait :
      — leurs affections (ils ne s’embrassaient plus, ne se saluaient plus, ils n’ont eu aucun contact humain pendant des jours et des jours),
      — leur argent (ils ont perdu leur emploi, dépensé toutes leurs économies, et pensaient encore avoir de la chance parce qu’ils n’avaient pas à gagner leur pain !),
      — leur intelligence (un jour, la presse disait une chose et le lendemain elle se contredisait, pourtant ils croyaient à tout !),
      — leur liberté (ils ne sortaient pas de chez eux, ne marchaient pas, ne rendaient pas visite à leurs proches).

C’était un grand camp de concentration pour prisonniers volontaires ! Ahahahahah ! Ils ont tout accepté, tout, tant qu’ils pouvaient prolonger leur misérable vie un jour de plus. Ils n’avaient plus la moindre idée que c’est Lui, et Lui seul, qui donne la vie et la termine.

Ça s’est passé comme ça !

Ça n’avait jamais été aussi facile »

Et pour tous ceux qui doutent ou au contraire croient trop facilement qu’« On ira tous ♪ au Paradis ♫ » et qui voudraient approfondir le sujet, ils pourront lire avec intérêt le livre de Jean-Marc Bot, « Osons reparler de l’enfer ».

Extrait de la présentation :

« L’enfer ne fait plus peur puisqu’il a presque entièrement disparu de la mémoire chrétienne. Il est désormais prévu que nous irons tous au paradis, comme dit la chanson ! À force de le répéter sur tous les tons, beaucoup finissent par s’en convaincre. Mais les plus réfléchis s’interrogent. Ce livre ose appeler au courage de la vérité ceux qui n’ont pas oublié, par négationnisme, la monstruosité dont l’homme est capable. Il apporte des témoignages aussi forts que l’étonnant Manuscrit de l’enfer. On sort différent de cette lecture, et mieux armé pour le combat de l’espérance. »

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