Biden et l’« exportation » de la démocratie

22/02/2022 (2022-02-22)

Par Ahmed Bensaada

En janvier 2021, la Maison-Blanche a changé de locataire dans une réelle cacophonie. Joseph Robinette Biden, Jr. a succédé à Donald John Trump après une campagne électorale et un scrutin qui resteront dans les annales de l’histoire des États-Unis. Outre les accusations de fraude clamées par le camp républicain et d’ingérence russe claironnées par celui des démocrates, ce qui a frappé les esprits c’est l’image de ces émeutiers trumpistes envahissant le Capitole. L’« exemplaire » démocratie des États-Unis, le pays le plus puissant du monde (sic), pouvait-elle être ébranlée par des cornes de bisons et des fourrures de coyotes déambulant dans les couloirs d’un de ses édifices les plus représentatifs ?

Arborant coiffe en fourrure de coyote et cornes de bison, Jake Angeli est un des manifestants emblématiques de l’invasion du Capitole
(Washington, le 6 janvier 2020)

Jamais cette démocratie n’a semblé aussi fragile, aussi précaire et aussi chancelante que lors de cette insolite mascarade, alors que Washington investit des milliards de dollars afin d’« exporter » cette même démocratie dans différents pays ciblés à travers le monde. En effet, les États-Unis n’ont-ils pas coloré des « révolutions » dans les anciens pays de l’Est et « printanisé » certains pays arabes sélectionnés ?

Pour ce faire, l’« exportation » américaine de la démocratie dispose d’un arsenal d’organismes spécialisés dont les plus connus sont : l’United States Agency for International Development (USAID), la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), Freedom House (FH) et l’Open Society Foundation (OSF).

Mais qu’en est-il de cette « exportation » avec l’intronisation de Joe Biden ? Et quelle était la position de Donald Trump envers cette ingérence des États-Unis dans des pays étrangers ? Était-elle différente de celle de son prédécesseur, Barack Hussein Obama ?

Obama : « Yes, we can »

Lorsque Barack Obama succéda à Georges W. Bush en 2009, le monde entier espérait un souffle nouveau en provenance des États-Unis. Il est vrai que l’élection du premier président noir de l’histoire du pays avait de quoi charmer les plus sceptiques. D’autant plus son élégance et sa maîtrise de l’art oratoire en avait bluffé plus d’un. Son discours du Caire, prononcé en juin 2009, avait séduit les pays de la région MENA (Middle East and North Africa — Moyen-Orient et Afrique du Nord) qui étaient bien loin de se douter du cataclysme que ce nouveau président allait leur réserver.

Ses promesses enchanteresses charmèrent même un comité scandinave qui ne lui octroya rien de moins que le prix Nobel de la Paix moins d’une année après son investiture. Non seulement il n’avait rien accompli de remarquable pour le mériter, mais ses deux mandats s’avérèrent plus belliqueux que ceux de son prédécesseur, ce qui est un exploit en soi.

Dès l’été 2009, c’est-à-dire quelques mois après son investiture, Obama a suivi la feuille de route concoctée par G.W. Bush dans les pays de l’Est. C’est ainsi que les États-Unis ont formé et soutenu les activistes iraniens qui ont envahi les rues de Téhéran pour réaliser un « regime change ». Même les géants du Web ont été sollicités par le Département d’État américain dans cette entreprise. Cela a été flagrant lorsque ce dernier est intervenu directement auprès de la direction de Twitter pour reporter des travaux de maintenance de leur plateforme de microblogging afin que les cyberactivistes iraniens puissent continuer à l’utiliser lors de leurs manifestations antigouvernementales.

Dès le début de l’année 2011, de nombreux pays arabes ont été « printanisés » avec les mêmes méthodes utilisées dans les révolutions « colorées » : Tunisie, Égypte, Libye, Syrie et Yémen. Les trois derniers pays ont été complètement détruits, leurs populations massacrées ou exilées. Non seulement ces pays sont en ruine, mais ils sont devenus des foyers de tension qui risquent de déstabiliser des régions entières.

Quant à la démocratie, on la cherche encore au milieu des décombres.

Syrte (Libye)
Homs (Syrie)
Sanaa (Yémen)

En 2013-2014, lors de l’Euromaïdan, le gouvernement américain a appuyé des groupes fascistes et néonazis qui ont créé un effroyable chaos en Ukraine. Leur action violente s’est terminée par un réel coup d’État applaudi (sic) par Washington et ses alliés occidentaux. Alors que ces pays, États-Unis en tête, prétendent « semer » la démocratie de par le monde, ils ont contraint à la fuite un président démocratiquement élu !

Certaines scènes resteront dans l’anthologie de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures d’un pays étranger. On se rappellera évidemment du beau « travail » de Victoria Nuland, la Secrétaire d’État adjointe de l’époque, distribuant allègrement des petits pains sur le Maïdan de Kiev, ou insultant l’Union Européenne avec son fameux « Fuck the UE ! ».

La Secrétaire d’État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, Victoria Nuland, distribuant des petits pains aux manifestants ukrainiens sur la place Maïdan
(Kiev, le 11 décembre 2013)

C’est cette même responsable, épouse Robert Kagan, le chef de file des néoconservateurs américains et cofondateur du PNAC (Project for the New American Century) qui a déclaré que les États-Unis ont « investi plus de 5 milliards de dollars» pour la promotion de la démocratie en Ukraine.

Robert Kagan, John McCain et Bernard Henri Levy
(Washington, le 27 novembre 2012).
Rappelons que Bernard Henri Levy a été le « chef d’orchestre » de l’intervention militaire française en Libye.

On se souviendra aussi du sénateur républicain John Mc Cain prenant la parole devant la foule dense des manifestants sur le Maïdan.

Imaginez un instant Vladimir Poutine faisant un discours sur le Lincoln Memorial à Washington pour renverser le « régime » étasunien et Sergei Lavrov distribuant des beignes et des cornes de bisons aux manifestants qui ont envahi le Capitole !

Rappelons que John McCain était président du conseil d’administration de l’IRI pendant 25 ans et que Victoria Nuland a été membre du conseil d’administration de la NED.

Il est évidemment de notoriété publique que ce n’était pas la première fois que les États-Unis intervenaient en Ukraine. Déjà, en 2004, ils ont été très impliqués dans la « révolution orange ».

L’ingérence pour « disséminer » la démocratie à travers le monde s’est poursuivie durant la présidence Obama comme on a pu s’en rendre compte au Liban et à Hong Kong.

Au Liban, il s’agissait aussi de la « 2e dose » après la « révolution du Cèdre » en 2005. Dix ans plus tard, la « révolution des ordures » de l’été 2015 avait été fortement entretenue par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie cités précédemment.

Ces mêmes organismes ont financé et énergiquement soutenu les manifestants de la « révolution des parapluies » à Hong Kong lors des graves émeutes de 2014.

Cette rétrospective des ingérences de l’administration américaine dans différents pays ciblés à travers le monde durant les deux mandats du président démocrate Obama montre que la politique de ce dernier en la matière est une simple continuation de celle du républicain Bush Jr.

D’autre part, le cas particulier de l’Ukraine est très éloquent dans la mesure où il explique l’utilisation, à plusieurs reprises, de ce pays par les États-Unis dans le but d’affaiblir la Russie. De ce fait, la situation explosive qui prévaut actuellement dans cette région est une conséquence directe de la politique va-t-en-guerre des États-Unis et des révolutions « colorées » qu’ils fomentent, aveuglément suivis par ses vassaux occidentaux.

Trump : « America First »

De nombreuses critiques peuvent être formulées contre le président Trump et son style populiste, provocateur et imprévisible. Cependant, en ce qui concerne l’« exportation » de la démocratie, sa vision tranche avec tous ses prédécesseurs et le « America First » n’a pas été un vain slogan dans ce domaine.

Ainsi, dans son premier budget (2018), Trump a proposé des coupes de 28 % à l’USAID et au Département d’État et a recommandé une relation (encore) plus étroite entre les deux organismes. Le projet de budget ne leur accordait que 25,6 milliards de dollars, soit une baisse de 10,1 milliards de dollars par rapport à l’année précédente.

Pour justifier ses drastiques réductions, le président américain déclara :

« Il est nécessaire que nous investissions dans nos infrastructures, arrêtions d’envoyer de l’aide étrangère aux pays qui nous détestent et utilisions cet argent pour reconstruire nos tunnels, nos routes, nos ponts et nos écoles ».

Tout à fait conforme à ses engagements et à son slogan.

Néanmoins, le Congrès n’a pas accepté cette forte réduction pour l’exercice 2018. En matière d’aide à la « promotion » de la démocratie, la baisse n’a été que de 16 % par rapport à l’exercice 2017.

Cela n’a pas empêché Trump de revenir à la charge pour le budget 2019 en réitérant ses demandes de réduction.

Mais ce qui attira l’attention dans ce budget, c’est le sort réservé à la NED et ses satellites. Non seulement une considérable réduction d’environ 2/3 du financement de la NED était recommandée, mais une proposition de démantèlement de ses relations avec le NDI et l’IRI y était incluse.

Pour Carl Gershman, le président de la NED (depuis 1984 !), la coupure serait dramatique :

« Si elle était mise en œuvre, la proposition viderait le programme, forcerait des licenciements paralysants et la signification symbolique serait également bouleversante, envoyant un signal de loin que les États-Unis tournent le dos au soutien de personnes courageuses qui partagent nos valeurs ».

Kenneth Wollack, le président du NDI, y alla d’une déclaration qui donne une idée précise de l’organigramme synergique de l’« exportation » américaine de la démocratie :

« L’USAID, le Département d’État et la NED sont un tabouret à trois pieds. Le démantèlement de l’une de ces jambes saperait un pilier fondamental de la politique étrangère américaine — une politique qui représente une convergence de nos intérêts et de nos valeurs ».

L’organigramme synergique de l’« exportation » de la démocratie selon Ken Wollack

Le troisième et probablement principal défenseur de cette politique de promotion de la démocratie « made in USA » était feu John Mc Cain, sénateur et président du conseil d’administration de l’IRI à l’époque. Pour lui :

« Le travail que fait notre gouvernement pour promouvoir les valeurs démocratiques à l’étranger est au cœur de ce que nous sommes en tant que pays ».

De son côté, Robert G. Berschinski, un haut responsable du Département d’État, donna des détails sur le rôle de la NED :

« La NED est l’un des principaux moyens par lesquels le gouvernement américain promeut les activités relatives aux droits de l’homme et à l’état de droit à l’étranger et une réduction comme celle-ci serait tout simplement dévastatrice ».

Robert G. Berschinski a été sous-secrétaire d’État adjoint au Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail (DRL) du département d’État américain et a servi sous la direction de l’ambassadrice Samantha Power en tant que directeur adjoint de la mission américaine auprès du bureau de Washington des Nations Unies. Il a également été assistant spécial du sous-secrétaire à la Défense de l’époque, Ashton B. Carter, fournissant des conseils politiques sur les opérations, la gestion et le budget du ministère de la Défense.

Signifiant leur rejet de la proposition de coupure de la NED, cinq sénateurs américains écrivirent une lettre à Mick Mulvaney, directeur du Bureau de la gestion et du budget. Il s’agit de John Mc Cain, Lindsey Graham, Marco Rubio, Todd Young et Dan Sullivan.

Datée du 20 décembre 2017, cette lettre a été écrite pour :

« […] souligner l’importance du National Endowment for Democracy (NED) et des principaux instituts qu’il soutient, notamment l’International Republican Institute (IRI) et le National Democratic Institute (NDI), qui promeuvent les valeurs démocratiques et soutiennent les programmes de développement et de gouvernance à travers du monde »

Tout en précisant que « ces organisations sont cruciales pour notre sécurité nationale et aident à créer un monde plus démocratique et pacifique », les sénateurs demandèrent « de reconsidérer les réductions substantielles du budget de la NED, ce qui désactiverait effectivement le travail vital de l’IRI et du NDI ».

Nous ne reviendrons pas sur le rôle de John Mc Cain dans les révolutions « colorées » et le printemps arabe puisque ce sujet a été longuement discuté dans d’autres articles.

John Mc Cain visite les pays arabes « printanisés » (Tunisie, Égypte) ou en voie de « printanisation » (Libye et Syrie) :
un simple contrôle de ses « investissements ».

Il faut cependant savoir que Lindsey Graham est un ami de longue date de Mc Cain et qu’il a été son compagnon dans ses pérégrinations moyen-orientales.

Marco Rubio, quant à lui, est un des sénateurs américains les plus impliqués dans le soutien des activistes hongkongais, ce qui lui a valu de figurer dans la liste des personnalités américaines sanctionnées par le gouvernement chinois, en compagnie de Carl Gershman et du président de Freedom House, Michael Abramowitz.

Tout comme Marco Rubio, le sénateur Todd Young est un faucon anti-chinois qui a affiché son appui à la dissidence hongkongaise.

Quelques semaines avant son décès, John McCain recommanda le sénateur Dan Sullivan pour le remplacer à la tête de l’IRI. Sullivan fut élu comme président d’un nouveau conseil d’administration qui avait comme nouveaux membres aussi bien Lindsey Graham que Marco Rubio.

Pendant les quatre années de son mandat, Trump a inlassablement proposé des réductions drastiques du budget du Département d’État, de l’USAID et de la NED. Ses recommandations se sont toujours heurtées aux décisions du Congrès américain qui les a soit timidement suivies, soit rejetées.

Dans certains cas, il les a même bonifiées au lieu de les réduire. Pour l’exercice 2020, par exemple, le président Trump a demandé une réduction de 63 % du budget de la NED : de 180 millions à 67 millions de dollars. Cette année, le Congrès lui a au contraire octroyé 300 millions de dollars, soit près de 350 % de plus que la demande de Trump ! Ce même montant de 300 millions de dollars a été reconduit pour la NED dans l’exercice 2021.

Au sujet de la vision de Trump en matière d’exportation de la démocratie, Larry Diamond, professeur à l’Université de Stanford, fit la déclaration suivante :

« À cet égard, je pense que le président Trump a été différent de tous les présidents des deux partis des 40 dernières années ».

Biden : « Build Back Better »

Juste quelques mois après l’élection du président Joe Biden, on pouvait lire sur le site officiel de l’USAID :

« La demande discrétionnaire du Président pour l’année fiscale (FY) 2022 pour le Département d’État et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) représente un engagement historique envers la diplomatie et le développement. Après quatre ans de réductions proposées de l’aide étrangère dans les demandes budgétaires du président, la demande discrétionnaire propose l’engagement le plus solide de l’histoire de l’Agence pour renforcer l’aide au développement et l’aide humanitaire de l’USAID dans le monde ».

Cette demande discrétionnaire inclut, selon la rhétorique de l’administration Biden « une augmentation significative des ressources pour faire progresser les droits de l’homme et les valeurs démocratiques […] ».

Commentant le projet de budget 2022, le premier de Joe Biden, l’organisme POMED (Project on Middle East Democracy — Projet pour la démocratie au Moyen-Orient) a titré dans son rapport de septembre 2021 : « Back to the business as usual » (Retour aux affaires comme d’habitude). Pour information, POMED est aussi un organisme américain dédié à l’exportation de la démocratie, mais ciblant spécifiquement les pays de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Ce rapport nous apprend que le budget 2022 contient une demande de 300 millions de dollars pour la NED, montant identique à celui des deux années précédentes.

Cela n’est pas du tout étonnant puisque, déjà, dans sa campagne électorale de 2020, le candidat Biden avait promis qu’il ramènerait l’aide internationale au centre de sa politique étrangère avec des augmentations significatives des budgets du Département d’État et de l’USAID.

Cela n’est pas sans nous rappeler Barack Obama — dont Joe Biden était vice-président (2009 – 2017) — qui avait fait des promesses similaires lors de sa première campagne présidentielle. Dans une interview accordée au Washington Post (mars 2008), il avait confié :

« J’augmenterai considérablement le financement du National Endowment for Democracy (NED) et d’autres organisations non gouvernementales pour soutenir les activistes civiques dans les sociétés répressives ».

Cette volonté du président Biden de « faire de la promotion de la démocratie un élément central de sa politique étrangère», en complète opposition avec l’héritage trumpien du « America First » est clairement visible dans la nomination de certaines personnes faisant partie de son administration. En voici quelques exemples.

Biden et ses nominations

Le 13 janvier 2021, soit sept jours avant son investiture comme président des États-Unis, Joe Biden nomma Samantha Power à la tête de l’USAID. Cette nomination fit les manchettes de toute la presse américaine, montrant non seulement l’importance du poste, mais aussi celle de la personne choisie pour l’occuper.

Après sa confirmation, Biden a déclaré que Samantha Power était désormais prête à faire en sorte que l’USAID soit un « pilier central » de la politique étrangère américaine.

Il faut reconnaître que Samantha Power n’est pas du tout une inconnue. Proche du Président Obama, elle a intégré son équipe en 2005, lors de sa campagne sénatoriale, puis en 2008 pour les élections présidentielles. Entre 2009 et 2013, elle a été conseillère de Barack Obama au sein du Conseil de sécurité nationale, puis fut nommée Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, poste qu’elle occupa de 2013 à 2017.

Samantha Power et Joe Biden
(1er février 2018)

Parmi ses « faits d’armes », notons qu’elle a été en faveur de la guerre en Libye et qu’elle a soutenu les bombardements qui ont mené à la destruction du Yémen.

Victoria Nuland, la spécialiste de la distribution des petits pains (et des dollars) dans les rues de Kiev, a été nommée par Biden au poste de Sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques, soit le troisième poste le plus élevé au Département d’État.

Tout comme son conjoint Robert Kagan, Nuland est l’archétype de la politique néoconservatrice américaine de ces 30 dernières années.

De 2000 à 2003, elle a été représentante principale adjointe des États-Unis auprès de l’OTAN lorsque Bush a attaqué et envahi l’Afghanistan.

De 2003 à 2005, elle a été conseillère principale adjointe à la sécurité nationale auprès du vice-président Dick Cheney, sous la première administration Bush qui a détruit l’Irak sous les fausses accusations de possession d’armes de destruction massive. Son CV, publié sur le site du Département d’État, précise qu’elle était en charge de la « promotion de la démocratie et de la sécurité en Irak, en Afghanistan, en Ukraine, au Liban, et le Moyen-Orient élargi ».

Il faut reconnaître que nous avons actuellement une très belle idée de la « démocratie » défendue par Nuland et consorts !

Elle retourna à l’OTAN pour occuper, de 2005 à 2008, le prestigieux poste de 18e représentante permanente des États-Unis auprès cette organisation.

Sous Obama, elle fut nommée Porte-parole du Département d’État, fonction qu’elle occupa de 2011 à 2013 avant d’être promue en qualité de Secrétaire d’État adjointe pour l’Europe et l’Eurasie (2013-2017). C’est à cette période qu’elle a développé des compétences dans la distribution de « friandises » aux « gentils » petits émeutiers néonazis de la place Maïdan.

Ainsi, la « neocon » Nuland a été une actrice principale du violent coup d’État, en 2014, qui a contraint à l’exil Viktor Ianoukovytch, le président ukrainien démocratiquement élu.

Et ce n’est pas tout : de par sa fonction, elle a été partie prenante du gouvernement américain dans la ruine de la Libye et de la Syrie.

Sans oublier que Nuland a été membre de conseil d’administration de la NED.

Victoria Nuland : membre du CA de la NED

Comme la politique n’est pas loin de l’argent et des marchands d’armes, il est important de souligner que Victoria Nuland a rejoint le groupe « Albright Stonebridge » lors de sa traversée du désert sous Trump. Elle a été conseillère principale de ce groupe présidé par l’ancienne et célèbre Secrétaire d’État Madeleine Albright. Sa célébrité a été principalement acquise par sa déclaration sur les enfants irakiens lorsqu’elle était en charge du Département d’État. La mort de 500 000 enfants irakiens est un prix qui « en valait la peine » avait-elle froidement déclaré dans une interview.

Sur le site de ce groupe dirigé par cette politicienne sans-cœur, on peut lire qu’il est « le premier cabinet mondial de conseil stratégique et de diplomatie commerciale ». Et, évidemment, il fait du lobbying pour l’industrie de la défense.

La trajectoire professionnelle de Victoria Nuland illustre de manière pédagogique qu’en termes de politique étrangère, il n’y a guère de différence entre un Bush et un Obama et, plus généralement, entre un républicain et un démocrate. Les néoconservateurs, faucons guerroyeurs et artisans du chaos à travers le monde, sont toujours aux commandes.

Charles W. Dunne est un ancien diplomate américain qui a été directeur des programmes à Freedom House, en charge de la promotion des droits de l’homme et de la démocratie dans la région MENA. Selon lui, Antony Blinkenle Secrétaire d’État choisi par Joe Biden, « a une réputation bien établie pour avoir soutenu la promotion de la démocratie et des droits de l’homme dans la politique étrangère américaine ».

Avant d’être nommé à ce poste, Blinken a été conseiller adjoint à la sécurité nationale de 2013 à 2015, puis Secrétaire d’État adjoint de 2015 à 2017 durant la présidence de Barack Obama.

Dans ces fonctions, il a « plaidé pour une implication plus robuste des États-Unis dans le conflit syrien» et a soutenu l’intervention armée en Libye. Pour lui, la diplomatie doit être « complétée par la dissuasion » et « la force peut être un complément nécessaire à une diplomatie efficace ».

Cette vision belliciste de la politique explique assez bien le bruit du roulement des tambours de guerre américains en Ukraine.

Les relations entre Blinken et Biden ne datent pas d’hier, mais de plus de deux décennies. En effet, Blinken a été un proche collaborateur de Joe Biden. D’abord en qualité de principal assistant lorsque Biden était au Sénat. Lorsque ce dernier est devenu vice-président, il l’a gardé dans son entourage comme conseiller à la sécurité nationale. Le New York Times précise que :

« dans ce rôle, M. Blinken a aidé à développer la réponse américaine aux bouleversements politiques et à l’instabilité au Moyen-Orient, avec des résultats mitigés en Égypte, en Irak, en Syrie et en Libye ».

Ajoutons à cela que Blinken a travaillé avec le président Clinton et, de 1999 à 2001, a été chargé de le conseiller dans le dossier des relations avec l’Union Européenne et l’OTAN.

Finalement, notons qu’en 2019, Blinken a cosigné un article avec le « neocon » Robert Kagan intitulé « “America” First ne fait qu’aggraver le monde. Voici une meilleure approche», histoire de critiquer la politique de Donald Trump et de préparer le terrain à Joe Biden.

Il est certain qu’avec des « neocons » de cet acabit, le monde entier doit se méfier du changement préconisé !

Anthony Blinken en guitariste rock

Écartée du Département d’État lors de la présidence de Donald Trump, Linda Thomas-Greenfield est un autre exemple de personnalités politiques ayant œuvré dans des administrations aussi bien républicaine que démocrate.

Nommée ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies par Biden en février 2021, Linda Thomas-Greenfield a occupé plusieurs postes importants sous Bush. En effet, elle a été sous-secrétaire adjointe du Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (2004-2006) puis sous-secrétaire principale adjointe du Bureau des affaires africaines (2006-2008) avant d’être choisie par George Bush comme ambassadrice au Libéria (2008 – 2012).

De Retour à Washington, elle a été directrice des ressources humaines (2012-2013) et secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines (2013 – 2017).

Mais ce que ne dit pas son CV sur le site de la mission des États-Unis auprès des Nations Unies, c’est le fait que cette diplomate, spécialiste des affaires africaines, a été, tout comme Victoria Nuland, membre de conseil d’administration de la NED.

Linda Thomas-Greenfield: membre du CA de la NED

Décidément, les hauts fonctionnaires du Département d’État sont rapidement « recyclés » en période de disette dans des entreprises « amies ». Ainsi, Linda Thomas-Greenfield a été, elle aussi, recrutée par le groupe « Albright Stonebridge » en qualité de vice-présidente principale.

Après 37 ans de « bons et loyaux services » comme président de la NED, Carl Gershman a tiré sa révérence. Cette longévité, digne d’une dictature d’une république bannière ou d’une monarchie d’apparat, a pris fin l’été dernier. Il a été remplacé par Damon Wilson, vice-président exécutif de l’Atlantic Council depuis 2011, organisme qui est considéré comme le think tank non officiel de l’OTAN.

La carrière de Wilson montre qu’il a une connaissance approfondie de l’OTAN et de ses « exploits » à travers le monde. De 2001 à 2004, il a été directeur adjoint du cabinet du secrétaire général de l’OTAN et, de 2004 à 2006, il a été affecté au Conseil national de sécurité. De 2006 à 2007, il a rejoint l’ambassade d’Irak comme secrétaire général et chef de cabinet en pleine période de conflit. Par la suite, il a été nommé assistant spécial du président et directeur principal des affaires européennes au Conseil de sécurité nationale (2007-2009).

En novembre 2020, Damon Wilson publia un panégyrique de Joe Biden dans lequel on peut lire :

« Biden sera également confronté au retour de la concurrence entre les grandes puissances et au potentiel de conflit avec une Chine montante et une Russie revancharde, en plus des défis régionaux de l’Iran et de la Corée du Nord […]. Biden peut être plus efficace pour dissuader de tels conflits en développant une approche commune avec les alliés de l’Amérique pour faire face aux puissances autoritaires ».

Une rhétorique belliqueuse et prétentieuse, rédigée comme une demande d’emploi, qui a certainement dû flatter l’ego du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Car il faut se le dire : Biden lui-même est un sacré faucon.

Biden : le faucon démocrate

Lorsque George W. Bush décida d’envahir l’Irak, il trouva en Biden un allié inespéré. Alors président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, il a relayé la propagande sur les supposées armes de destruction massives détenues par l’Irak à l’opinion publique.

Dans les mois qui ont précédé le vote, il organisa une série d’auditions au Sénat en étroite collaboration avec la Maison Banche où les voix antiguerre n’étaient guère audibles, carrément ignorées ou empêchées. D’après les observateurs de la scène politique américaine, Biden a utilisé son poste pour s’assurer qu’une majorité de sénateurs votent en faveur de la guerre.

Le rôle de premier plan qu’a joué Biden dans la destruction de l’Irak et de tout le chaos qui a touché subséquemment la région est explicité dans la vidéo suivante.

« Joe Biden et le déclenchement de la guerre en Irak »
Documentaire produit et réalisé par Mark Weisbrot (2020)

Biden alla encore plus loin dans son raisonnement jusqu’au-boutiste en proposant de diviser l’Irak en trois entités distinctes : sunnite, chiite et kurde. Il faut dire que cette idée de diviser les pays arabes en territoires morcelés n’est pas nouvelle, mais a été initialement théorisée en 1982 par Oded Yinon, un haut fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères.

Biden a aussi approuvé les révoltions colorées qui ont bouleversé le paysage politique de plusieurs pays de l’Est et qui ont été fomentées par la NED et les autres organismes américains d’« exportation » de la démocratie sous l’administration Bush fils. En ce qui concerne l’Ukraine, tout particulièrement, il a plébiscité la « révolution orange » et, plus tard, a ouvertement approuvé le coup d’État de l’Euromaïdan.

Nous ne reviendrons pas sur l’implication majeure de l’administration Obama et de son vice-président Joe Biden dans le « printemps » arabe qui s’est avéré être une saison funeste et macabre pour cette partie du monde, monde qui n’en finit pas de dépérir.

Mais attardons-nous quelque peu sur son implication personnelle dans le soutien des activistes de Hong Kong.

En 2014, quelques mois avant la « révolution des parapluies » Joe Biden, alors vice-président des États-Unis, avait personnellement reçu deux célèbres figures de la dissidence hongkongaise à la Maison — Blanche : Anson Chan et Martin Lee.

Anson Chan a eu une longue carrière dans l’administration coloniale britannique, la première Chinoise nommée Secrétaire en chef de l’administration en 1993, fonction qui correspond au numéro 2 du gouvernement. Après la rétrocession de Hong Kong à la Chine, elle continua à ce poste jusqu’en 2001, puis a ensuite été membre du Conseil législatif de Hong Kong de décembre 2007 à septembre 2008.

Avocat et président du Parti démocratique de Hong Kong, Martin Lee a aussi été membre du Conseil législatif de 1985 à 1997 et de 1998 à 2008.

Martin Lee et Anson Chan reçus par Joe Biden à la Maison-Blanche (Washington, le 4 avril 2014)

Ces deux activistes hongkongais sont très connus par les politiciens de premier plan des deux grands partis américains. Ils ont aussi d’étroites relations avec la NED (voir référence 1 et référence 2). Et ces relations sont très anciennes si on en juge par le prix décerné par la NED à Martin Lee en 1997.

Le soutien de Biden à Hong Kong n’a pas faibli par la suite comme en témoigne son tweet durant les grandes manifestations de 2019.

Tweet du président Joe Biden en faveur des activistes hongkongais

Et cela n’a pas cessé après son élection à la présidence des États-Unis. En juin 2021, il s’est offusqué à la fermeture de l’Apple Daily, un journal appartenant à Jimmy Lai, un magnat de la presse et milliardaire hongkongais. Cet homme d’affaires est propriétaire de journaux ouvertement pro-manifestants et opposés à la politique chinoise, ce qui lui vaut d’être souvent traité de « traître sécessionniste », « à la solde de la CIA » ou de « financer les émeutes » par les médias gouvernementaux chinois. Effectivement, Jimmy Lai est connu pour ses accointances avec de nombreuses personnes politiques américaines influentes.

L’affaire a été jugée si « importante » par la présidence que Biden s’en est allé d’une déclaration officielle publiée sur le site de la Maison-Blanche.

Nous ne terminerons pas cette section sans traiter des récentes et violentes émeutes au Kazakhstan qui ont toutes les caractéristiques d’une révolution « colorée », la première de l’ère Biden.

De nombreux observateurs, spécialisés dans l’analyse des révolutions « colorées », ont révélé l’implication de la NED et de l’Open Society dans le financement des activistes kazakhs. Il n’est, en fait, pas du tout étonnant que les organismes américains d’« exportation » de la démocratie soient actifs au Kazakhstan, un riche pays asiatique historiquement et géographiquement proche de la Russie et de la Chine. Rien de plus alléchant pour les « neocons » américains que de créer une zone de turbulence dans cette région sensible, comme c’est le cas actuellement pour l’Ukraine.

Les accusations ont été tellement nombreuses que l’influent magazine étasunien « Foreign Policy » s’est senti obligé de publier une tribune intitulée « Les protestations du Kazakhstan ne sont pas une révolution “colorée” ». Comme si, lorsqu’il s’agit d’une véritable révolution « colorée », il allait l’avouer à la une !

Nous reviendrons très certainement à l’analyse des évènements du Kazakhstan dans une étude beaucoup plus élaborée.

Biden et le Sommet de la démocratie

Les 9 et 10 décembre 2021, Joe Biden organisa un « Sommet mondial pour la démocratie ». À cette grand-messe furent invités plus d’une centaine de pays, choisis sur des critères qui ont même dérouté les analystes américains mainstream pourtant si facilement enclins à vanter la sacro-sainte démocratie américaine. Le journaliste et pacifiste italien Manlio Dinucci qualifia le sommet de « tragique farce» et l’éditorial du journal Le Monde a souligné qu’il avait déçu tout en soulignant « qu’il est autrement plus cruel de constater combien les États-Unis, naguère ambassadeurs de la démocratie libérale, sont désormais bien mal placés pour faire la leçon à qui que ce soit ». De la plume d’un éditorialiste de ce journal en particulier, ce n’est pas peu dire.

Même sur le site du « Carnegie Endowment for International Peace », on pouvait lire « Le mélange actuel d’invités comprend des démocraties libérales, des démocraties plus faibles et plusieurs États aux caractéristiques autoritaires ».

La liste des pays invités attire effectivement l’attention :

  • Tous les pays de l’OTAN ont été invités sauf la Turquie et la Hongrie ;
  • Tous les pays de l’Union Européenne ont été invités sauf la Hongrie ;
  • Aucun pays arabe n’a été invité, même pas ceux « printanisés » par les États-Unis eux-mêmes, sauf l’Irak. L’invasion et la destruction de ce pays l’aurait-il magiquement démocratisé ?
  • Tous les pays qui ont été « colorés » par les États-Unis ont été invités : Serbie, Géorgie, Ukraine, Maldives. Un seul manquait à l’appel : le Kirghizstan ;
  • Des pays qui ne sont pas jugés démocratiques selon des critères de classement américains ont été invités : République démocratique du Congo, Irak, Kenya, Malaisie, Pakistan, Serbie et Zambie.
Le sommet de la démocratie vu par Chappate

Comme on peut s’en rendre compte, ce sommet a été un flop. Surtout que le prestige « démocratique » des États-Unis a pris un sacré coup. Selon un sondage réalisé au printemps 2021, seules 17 % des personnes interrogées dans 16 pays développés « considèrent la démocratie américaine comme un modèle à suivre ».

En se transformant en juge « suprême » à l’échelle planétaire qui décide de qui est démocratique et qui ne l’est pas, Joe Biden a cherché à positionner son pays comme un « modèle » de la démocratie dans le monde. Il avait juste oublié une chose : les cornes de bisons et les fourrures de coyotes qui ont déambulé dans les couloirs du Capitole.

Conclusion

Les relations entre Joe Biden et les organismes d’« exportation » de la démocratie ne sont pas nouvelles. Déjà, en 2002, alors qu’il œuvrait de pied ferme pour envahir l’Irak, il était présent lors de la cérémonie de remise de prix aux lauréats du « Prix de la démocratie » (sic) octroyé annuellement par la NED.

Dans son allocution à l’occasion de cet évènement présidé par Laura Bush, la Première Dame de l’époque, il fit l’éloge de la NED :

« Je pense que [la National Endowment for Democracy] a fait plus pour promouvoir la démocratie dans le monde que toute autre organisation ».

Il poursuivit son allocution avec une étrange déclaration :

« Vous savez que nous [au Congrès] débattons et votons, et nous prenons des positions controversées », a-t-il déclaré aux destinataires. « Si nous perdons, nous sommes vaincus et nous touchons une pension. Si vous perdez, vous vous faites tirer dessus. Si vous perdez, vous êtes emprisonné. C’est le véritable test, le véritable test authentique d’un engagement envers la démocratie ».

Si on comprend bien, l’engagement de Joe Biden envers la démocratie peut se conclure, au pire des cas, par une belle pension fédérale alors que celui des activistes formatés par la « NED & Co. » pour les « regime change » dans leurs pays, peut les mener derrière des barreaux ou dans un cercueil. Quel bel avenir pour des personnes qui reçoivent des prix !

Cette volonté manifeste de Biden d’utiliser la « promotion » de la démocratie à travers le monde comme pilier de sa politique étrangère s’est confirmée par la nomination, dans son administration, de personnalités politiques ayant œuvré dans des organismes spécialement dédiés à cette mission. Elle est aussi visible dans ses décisions d’augmenter les budgets de ces derniers, et ce en complète opposition à la politique trumpienne qui cherchait à les réduire. Dans ce domaine, son administration est encore beaucoup plus généreuse que celles de Bush ou d’Obama.

Une autre caractéristique qui attire l’attention avec les nominations de Biden, c’est la proximité avec l’OTAN de certaines des personnes choisies, souvent des faucons « neocons ».

Il va sans dire que l’actuel locataire de la Maison-Blanche a toujours considéré l’OTAN un instrument primordial pour l’hégémonie américaine dans le monde. Ainsi, dans le rapport du 20e Forum parlementaire transatlantique (mars 2021), le ton est donné :

« Depuis le début de son mandat, le président Joe Biden a indiqué que le leadership et l’engagement des États-Unis resteront le socle de la sécurité mondiale. […] L’administration Biden est fermement décidée à reconstruire et à revitaliser les alliances des États-Unis, en particulier au sein de l’OTAN. […] Le président Biden et le secrétaire général Stoltenberg soulignent tous deux la nécessité d’un programme ambitieux et opportun qui permettra à l’OTAN de mieux se reconstruire ».

Revitaliser les alliances des États-Unis, en particulier au sein de l’OTAN ? Il s’avère que l’Oncle Sam considère les pays faisant partie de l’OTAN comme de vulgaires vassaux qu’il veut impliquer dans ses guerres sans fin. D’ailleurs, l’affaire des sous-marins français, les écoutes illégales des dirigeants européens et le « Fuck the UE ! » montrent clairement comment la Maison-Blanche traite ses alliés.

Quant à reconstruire l’OTAN, c’est bien plus pour mieux servir ses velléités guerrières contre ses propres « ennemis », car l’OTAN dans sa version post-soviétique est loin d’assurer la sécurité mondiale, bien au contraire !

Et les « ennemis » des Américains sont bien identifiés comme on peut s’en rendre compte en lisant un article publié en 2018 par le célèbre magazine « Foreign Affairs ». Cosigné par Joe Biden en personne et intitulé « Comment tenir tête au Kremlin — Défendre la démocratie contre ses ennemis », l’article est une diabolisation de la Russie dans le pur style du « Russia-bashing », dans lequel l’OTAN est citée 14 fois !

La crise ukrainienne actuelle, entretenue et alimentée par les faucons américains en dit long sur l’état réel du « socle de la sécurité mondiale ».

Il en est de même pour la Chine, un autre « ennemi » des États-Unis que ces derniers tentent de déstabiliser en finançant des activistes à Hong Kong ou en amplifiant à grande échelle une propagande dans le dossier des Ouïghours.

Au sujet de ce pays, signalons qu’en 2021, l’Atlantic Council (le think tank de l’OTAN dont Damon Wilson, l’actuel président de la NED, était vice-président exécutif) a publié un rapport qui n’appelait à rien de moins qu’un « regime change » en Chine tout en précisant, dans l’introduction, que « le défi le plus important auquel sont confrontés les États-Unis et le monde démocratique au XXIe siècle est la montée d’une Chine de plus en plus autoritaire et agressive sous Xi Jinping ».

Vaste programme !

Tout cela nous mène à conclure que l’administration de Joe Biden composée de faucons bellicistes aura certainement recours aux organismes américains d’« exportation » de la démocratie pour déstabiliser certains pays où l’approche non violente peut s’avérer efficace. Néanmoins, le renforcement de sa politique otanesque et l’augmentation de son budget militaire ne laissent aucun doute sur ses intentions militaristes lorsque la situation l’exige.

Rappelons le slogan d’Anthony Blinken : « la force peut être un complément nécessaire à une diplomatie efficace ». Veut-il suivre les pas de Theodore Roosevelt et de son « big stick » ?

Ça semble plausible. À moins que le spectre des cornes de bisons et des fourrures de coyotes ne réapparaisse…

Source : Ahmed Bensaada
https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=601:2022-02-21-00-32-00&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

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