Le Tétralogue — Roman — Chapitre 45

11/03/2023 (2023-03-11)

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Par Joseph Stroberg

​45 — Combat mortel

— Je vous attendais, dit simplement le Vélien d’un ton ferme et pleinement assuré.

— Vous nous attendiez ? interrogea Gnomil avec surprise, lui qui n’avait vu que la fin de la précédente rencontre.

— Il se trouve que cet endroit m’est interdit d’accès et j’ai besoin de l’un de vous pour y pénétrer, poursuivit-il en ignorant la question du voleur, mais en fixant le moine. Vous arrivez juste à temps. Plus tard, je me serais quelque peu impatienté.

— Pourquoi donc ? lui demanda cette fois Tulvarn.

— Parce que vous le cherchez aussi et qu’il n’est pas question de vous le laisser. Cela mettrait en péril ma mission.

— Votre mission ?

— N’espérez pas que je vous en dise plus. Contentez-vous de pénétrer dans ce bâtiment ! Je me charge du reste.

— N’y comptez pas trop, répondit le moine en faisant signe à ses compagnons de reculer. Vous ne pénétrerez pas vivant en ce tombeau.

— Si vous ne vous exécutez pas, je vous exécute, affirma le sorcier guerrier quelque peu amusé par sa trouvaille. Vous avez déjà eu l’occasion de voir que je ne plaisante pas, poursuivit-il néanmoins.

— Eh bien, les armes en décideront, conclut le moine en sortant son sabre lumière.

L’imitant, le sorcier guerrier brandit lui-même deux épées, puis fonça sur son adversaire. Le moine ne le regardait déjà plus, fermant les yeux pour mieux combattre. Il évita à la fois le choc du corps adverse et des lames par un puissant saut qui l’éleva à deux fois la hauteur d’un Vélien, alors que dans le même temps il frappait verticalement vers le bas en direction de la tête du guerrier. Celui-ci évita tout juste le sabre en s’écrasant vers le sol, pendant que le moine retombait un peu plus loin et se retournait aussitôt. Toujours aveugle, il se rapprocha du sorcier avec une roulade, bras droit écarté, puis se releva en effectuant une rotation du poignet avec sa lame tenue fermement, visant cette fois le flanc. Là encore, le sorcier évita de justesse la lame lumière, puis riposta avec une succession de moulinets rapides effectués avec ses deux bras, figure plus impressionnante qu’efficace, qui bien sûr laissa de marbre le maître aux yeux clos puisqu’elle ne le mettait pas en danger. L’échange évolua alors vers une succession de chocs des lames, le moine parant efficacement chacun des assauts du guerrier. Celui-ci frappait fort, mais pas aussi violemment que sa stature le laissait supposer, comme si son poids était moitié moindre que celui d’un Vélien moyen. Il était obligé de compenser par une vitesse plus grande d’exécution et risquait ainsi de s’épuiser plus vite que Tulvarn. Sa technique était quasiment parfaite, bien qu’étrangère et inconnue du moine, mais comme ce dernier y réagissait instinctivement sous l’effet de sa perception spéciale, adoptant automatiquement et presque chaque fois la meilleure défense possible, l’étrangeté ne jouait qu’en très faible mesure. En fait, il était bien plus déroutant pour le sorcier de devoir combattre un moine qui se rendait volontairement aveugle que pour ce dernier de faire face à cet étranger agressif formé il ne savait où.

Le combat se poursuivit avec une série d’attaques cette fois presque systématiquement évitées par diverses contorsions du corps et de quelques parades qui impactaient durement le métal des épées alors que le sabre laser n’en ressentait que l’équivalent d’une caresse. Les deux combattants utilisaient pratiquement l’ensemble de la zone entre les murs en ruines, jusqu’à l’entrée du mausolée, marchant, courant ou sautant selon les moments et les tentatives d’en finir par un coup mortel. Ni la pointe ni la tranche des armes n’avaient pour l’instant touché le cuir, mais les gestes les plus divers pour y parvenir se succédaient rapidement. Cependant, la fatigue se faisant progressivement sentir chez les deux protagonistes, le rythme diminua sensiblement jusqu’à ce que subitement le moine pris d’une soudaine impulsion lance son sabre en direction de l’abdomen du sorcier et profite de l’évitement de celui-ci pour le cueillir d’un violent coup de pied au visage. On entendit les os du cou craquer sous l’impact, puis le corps inerte s’effondra. Ce faisant, les quatre compagnons eurent la surprise de voir ce dernier se brouiller et révéler son véritable aspect, celui d’un étranger trois fois plus léger qu’un Vélien, un tiers plus petit, et dont la musculature pourtant entraînée et souple n’avait pu complètement rivaliser avec la puissance et le poids d’un massif Vélien.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? interrogea aussitôt le voleur.

— On dirait une sorte d’illusion, comme nous l’avions pressenti, répondit Jiliern.

— Il devait disposer d’un genre de sorcellerie pour faire cela, mais ça s’est arrêté lorsqu’il est mort, ajouta Reevirn.

— Elle devait fonctionner sur la vision alors, et comme je combattais les yeux fermés, je ne pouvais cette fois-ci en être victime. Il était un excellent combattant. Cependant, ce subterfuge a sans doute été au moins partiellement la cause de sa mort. Se reposer sur ce type d’artifice est problématique le jour où ce dernier fait défaut ou ne peut plus atteindre son objectif.

— Manifestement ! approuva le chasseur.

— Ce guerrier sorcier en a été la preuve vivante au moment de son trépas, ajouta Gnomil sur un ton espiègle.

— Ha ! Ha ! Ha ! s’esclaffa Jiliern qui ainsi décompressait après le moment de haute tension qu’ils venaient de vivre.

— Eh bien, merci à notre ami pour son humour bienvenu en la circonstance, ajouta le moine. Cela ne peut que faire du bien. Maintenant, il nous reste une dernière étape : pénétrer dans le mausolée. Et si l’on en croit ce qu’a mentionné l’étranger avant notre combat, il semble y avoir un problème. Il a sacrifié en vain tous ces Véliens, poursuivit-il en tournant la tête vers les cadavres les plus proches.

— Pas si vainement que ça, si je puis me permettre, Sieur Tulvarn, rectifia Gnomil. S’ils ne s’étaient pas offerts eux-mêmes à ces pièges, nous y aurions probablement eu droit nous-mêmes…

— Et qui sait si nous aurions peu y échapper ? poursuivit Reevirn.

— Très juste, approuva le moine. Cependant, j’évoquais la vanité pour ce qui concernait cet étrange sorcier. Lui-même n’aura pas pu bénéficier de ces milliers de sacrifices.

— Étrange destinée ! intervint Jiliern. Venir d’on ne sait où, créer une armée comme probablement jamais il n’en eut d’aussi nombreuse sur Veguil, et finir ainsi juste avant d’atteindre son but !

— Au moins, il nous a simplifié la tâche ! ajouta le voleur, très satisfait de la tournure des événements après tout ce que le quatuor avait vécu. Je vais peut-être lui faire une sépulture.

— Je serais d’avis de laisser son corps aux animaux, ainsi que celui de ses acolytes, tant qu’à continuer dans le sens du sacrifice, proposa le chasseur.

— Et pourquoi celui-ci mériterait-il plus une tombe que tous ceux-là ? questionna la cristallière.

— Eh ! je plaisantais, se défendit le voleur. Je n’ai pas du tout l’intention d’offrir une tombe à son cadavre. Pas de temps à perdre avec ça, alors que nous devons trouver comment entrer dans celle du Saint-Homme.

— Je sais, rassure-toi, répondit Jiliern en souriant.

Sur ces considérations, les quatre compagnons se rapprochèrent ensemble de la porte du Mausolée, tous d’avis qu’il était temps d’en finir.

(Suite : Le Tétralogue — Roman — Chapitre 46)

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