La médecine traditionnelle chinoise enseignée en France et en Algérie

30/09/2024 (2024-09-30)

Cet enseignement reconnu par la Chine est délivré en France et en Algérie par la Faculté Libre d’Énergétique Traditionnelle Chinoise. Marcel Coste en est le fondateur et actuel directeur.

L’équipe du collège enseignant de la FLETC se compose exclusivement de professionnels praticiens de Médecine Traditionnelle Chinoise, de membres du corps médical titulaires d’un diplôme universitaire, et de professeurs de MTC chinois et coréens.

« Notre équipe pédagogique compte 22 formateurs, tous diplômés de la FLETC et titulaires, pour certains, du diplôme international de la WFAS. Ils ont suivi des formations en Asie donnant lieu à des certifications : Académie des Sciences Médicales de Pékin, Université de Lanzhou en Chine, ou Université de WonKwang en Corée. »

19 février 2019

Interview de Marcel COSTE — Théorie fondamentale en Médecine Traditionnelle Chinoise

23 juillet 2022, par pierrecloseadmin

Marcel Coste, diplômé des universités de MTC de Pékin et de Shanghai, est aujourd’hui Directeur de la FLETC, qui compte trois centres de formation : à Toulouse, à Lyon et à Lille. Il enseigne la Médecine Traditionnelle Chinoise depuis 1992 en s’appuyant sur la théorie fondamentale de la MTC.

Comment avez-vous rencontré la MTC ?

J’ai passé toute mon enfance à Carcassonne, malheureusement affaibli par des problèmes de santé : mes reins ne filtraient plus. Le seul traitement que me proposaient alors les médecins était l’ablation d’un premier rein et la mise sous dialyse jusqu’à l’obtention d’une greffe des deux reins. J’avais 14 ans.

Malgré la fatigue, j’ai refusé l’intervention, je ne pouvais pas accepter d’être amputé aussi rapidement ; j’ai eu la chance que mes parents comprennent et acceptent ce choix. J’ai donc cherché d’autres solutions : j’ai étudié la diététique, les plantes médicinales, puis à 16 ans j’ai découvert l’homéopathie.

C’est en travaillant l’homéopathie que j’ai compris qu’il existait une forme d’énergie et je me suis alors tourné vers la Médecine Traditionnelle Chinoise qui fonctionne, elle aussi, sur des principes énergétiques.

Je me suis rendu en Chine pour la première fois en 1976, dans un hôpital très ancien de Pékin, attenant à la Cité Interdite où, grâce à un interprète, j’ai pu commencer à étudier. Nos journées commençaient au lever du soleil, à 6 h, par le Qi Gong et se finissaient à 23 h après la fin des cours à l’hôpital.

À compter de cette date, je me suis rendu en Chine tous les ans : les premières années j’y restais trois à cinq mois, et ces dernières années, de un à deux mois.

J’ai commencé par travailler à Pékin, puis à Shanghai où j’étudiais à l’hôpital et suivais des cours de théories et de pratique. À plusieurs reprises, je suis également allé étudier à Chengdu et Lanzhou.

En 1995, j’ai entrepris un master de Médecine Traditionnelle Chinoise à Shanghai où j’ai travaillé durant six mois consécutifs, notamment dans le centre de recherche de Shanghai, ce qui m’a permis d’écrire mon livre : Acupuncture, Tradition et Recherche Moderne.

Les recherches menées sur les points d’Acupuncture m’ont permis d’observer leurs actions pendant et après la puncture par radiographie, mais aussi à partir de résultats d’analyses de sang et de sperme.

J’ai eu la chance d’étudier avec un Professeur qui avait été désigné par le gouvernement chinois pour rédiger des manuels d’enseignement de MTC à destination des étudiants chinois. Avec mes collègues, nous avons en quelque sorte servi de cobayes à ses nouvelles pratiques pédagogiques.

Au cours de mon Master, j’ai étudié de très anciens ouvrages de MTC tels que Shang Han Lun, le Jin Kui Yao Lue, le Huang Di Nei Jing et je me suis exercé à la pratique en procédant à des dissections. Nous piquions avec des bâtons très affutés, trempés dans du bleu de méthylène. Ensuite, nous disséquions les corps que nous avions puncturés pour observer précisément les parties traversées qui avaient été marquées par le colorant. Cela nous permettait de vérifier si la puncture avait été correcte ou non. Cet exercice avait pour finalité de nous permettre d’accéder à la chirurgie.

Une des épreuves d’examen consistait à intervenir chirurgicalement : je me suis retrouvé en salle d’opération, face à une patiente que j’ai refusé d’opérer, bien que cela soit éliminatoire pour l’obtention du diplôme.

Après seulement un mois de formation dans ce domaine, je ne me sentais pas en mesure d’effectuer ce genre d’intervention. J’étais bien évidemment déçu d’échouer si proche du but, mais je ne voulais pas mettre en danger la santé de la patiente.

Lors de la soutenance du mémoire, le Président de l’Université m’a félicité de cette décision avant de m’expliquer qu’il ne m’aurait jamais été permis d’opérer : il s’agissait d’un test consistant à connaître les limites de nos compétences pour soigner les patients. J’ai donc finalement obtenu mon diplôme de Master. Puis, en 2005, j’ai obtenu mon Diplôme de Docteur en Médecine Traditionnelle Chinoise à Pékin, dans différentes spécialités.

À partir de l’an 2000, j’ai étudié chaque année un mois en Chine et un mois en Corée, à Iksan et Séoul pour développer mes connaissances en médecine coréenne. Cela m’a permis de développer des partenariats avec les universités de Pékin et l’université Bouddhiste d’Iksan, d’organiser des voyages d’études et des échanges pour les formateurs et les étudiants de la FLETC (Faculté Libre d’Énergétique Traditionnelle Chinoise).

Quand on additionne toutes les périodes que j’ai passées en Chine et en Corée, cela correspond à plus de 15 ans à temps complet.

Aujourd’hui, de nombreuses formations de MTC existent en France, comment s’y retrouver pour un enseignement de qualité ?

En France, il existe des Fédérations regroupant plusieurs écoles ; j’ai personnellement été Vice-Président de la Fédération Nationale de la MTC, de 1998 à 2000.

Lorsque la Fédération Nationale et l’UPFMTC se sont réunies pour créer une Confédération, celle-ci avait pour objectif d’uniformiser les méthodes et les contenus d’enseignement des différentes écoles adhérentes.

Cependant, à ce jour, certaines ne font que du Qi Gong et d’autres, que de l’Acupuncture : elles ne font pas de Médecine Traditionnelle Chinoise. Malheureusement aussi, certaines écoles permettent à leurs étudiants de puncturer dès la première année, après seulement trois week-ends d’enseignement. Selon moi, aucune thérapie, quelle qu’elle, soit ne peut s’apprendre en trois week-ends.

L’Acupuncture reste une méthode thérapeutique, il ne faut pas l’oublier. En médecine occidentale, aucun étudiant en première année de médecine ne prescrit de médicament ni n’opère après seulement deux ou trois mois de formation. C’est inenvisageable !

Pourtant, certaines écoles de MTC le font, sous couvert de suivre tel ou tel fondement de « grands maîtres ».

Il en est de même avec les décoctions de Pharmacopée.

Prendre quelques grammes d’une plante, puis quelques grammes d’une autre et ainsi de suite pour faire des décoctions à la maison est un procédé trop complexe : il est difficile et contraignant pour le patient de respecter les temps de décoction spécifiques à chaque plante.

Personnellement, je l’interdis dans mon école. Je dirige mes étudiants vers des formules ancestrales, toutes prêtes, préparées en laboratoires tels que JZ en France, ou bien d’autres à l’étranger. Ce sont des formules connues, préparées et conditionnées par des spécialistes. L’élaboration de formules ne peut raisonnablement pas être réalisée par une personne n’ayant que quelques mois de formation.

En MTC, il existe cinq piliers : l’Acupuncture, la Pharmacopée, le Tui Na, le Qi Gong et la Diététique. N’utiliser qu’une seule de ces pratiques reviendrait, pour un médecin occidental, à n’utiliser que l’antibiothérapie…

Comment pourrait-il alors soigner une insomnie ? Ce cas de figure n’est pas plus acceptable en MTC.

Quelles sont les principaux fondements de votre enseignement ?

Pour moi, la pratique est bien évidemment importante, mais la théorie fondamentale l’est plus encore. Il s’agit de comprendre comment fonctionne le corps du point de vue de la MTC. Comment tombe-t-on malade selon la MTC ? Quelles sont les origines de la maladie en MTC ? Ce n’est qu’après avoir compris ces principes que l’on devient capable de réaliser un bilan énergétique.

Dans ma formation, l’apprentissage de la théorie fondamentale dure deux ans. Tant que les étudiants ne savent pas réaliser un bilan énergétique correct, ils ne touchent pas le moindre outil de MTC. Ce n’est qu’après avoir acquis cette compétence qu’ils utilisent l’Acupuncture, la Pharmacopée, le Tui Na ainsi que les deux autres piliers.

C’est pourquoi il me paraît inconcevable de proposer des cours de Tui Na, d’Acupuncture ou bien encore de Pharmacopée dès les premiers week-ends de formation.

Pour devenir un praticien réellement compétent, il faut aller au fond des choses et ne pas rester superficiel. Le traitement en MTC ne se limite pas à soulager le patient, à supprimer le symptôme ; il faut pouvoir remonter à l’origine de la pathologie pour définir le bon principe de traitement.

Demander à un mécanicien d’éteindre le voyant moteur d’une voiture qui vient de s’allumer sans réparer les causes du dysfonctionnement, cela revient à penser qu’en retirant simplement l’indicateur tout ira bien… jusqu’à ce que le moteur lâche pour de bon ! On ne trouve pas l’origine d’un trouble en supprimant un symptôme.

Le principe est le même en MTC, effectuer une puncture locale pour soulager une douleur d’épaule peut effectivement soulager ponctuellement la souffrance, mais la cause de la pathologie, elle, demeure belle et bien présente. Soulager des maux de dos par des anti-inflammatoires ne traitera pas plus les douleurs que les rhumatismes.

Le fondement de la MTC consiste à remonter à l’origine des maux.

Comment évoluent la MTC et sa reconnaissance en France ?

En France, il y a comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la Médecine Traditionnelle Chinoise : il n’est pas permis à ses praticiens de l’exercer comme une Médecine à part entière.

Nous sommes un grand nombre de professionnels qui travaillent activement pour la reconnaissance de la MTC par le gouvernement.

Il y a plusieurs années déjà, j’ai notamment eu l’occasion de rencontrer deux ministres de la Santé et un ministre de l’Enseignement Supérieur. Bien que ces rencontres aient été très positives, les différents changements gouvernementaux survenus par la suite ont freiné l’avancer des discussions.

Plusieurs de mes collègues thérapeutes agissent aussi activement pour cette reconnaissance ; malheureusement, les choses n’avancent pas et nous en sommes toujours au même point qu’il y a 60 ans en arrière, c’est très compliqué…

Tout cela sans compter sur les nombreux fils de discussions consacrés à la MTC qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Nombreux sont ceux qui nuisent gravement à l’image de la MTC dans son ensemble en effectuant des bilans à partir de photos et en conseillant des traitements d’Acupuncture et de Pharmacopées sans rencontrer les patients… chacun effectue son propre bilan et/ou surenchérit sur celui qui a précédemment été fait : cette façon de faire discrédite la MTC aux yeux des dirigeants gouvernementaux.

Cependant, force est de constater que de plus en plus de patients se tournent vers la MTC : la médecine occidentale ne les satisfait pas totalement, car elle reste très spécialisée et pas assez holistique.

La MTC ne soigne pas le cancer, mais elle peut soutenir l’énergie vitale du patient grâce à l’Acupuncture et surtout à la Pharmacopée.

Ainsi, avec la Médecine Traditionnelle Chinoise, certains traitements occidentaux pourraient s’avérer beaucoup plus efficaces.

En France, notre principal problème est que nous cherchons à appliquer des protocoles récurrents à tous les patients ; mais chaque patient est différent. On ne peut pas traiter un mal de dos de la même façon chez tous les patients. Avec un bilan énergétique, on s’aperçoit qu’une même douleur peut provenir de plusieurs causes différentes. Il est donc indispensable à la mise en place d’un protocole de soin spécifique à chaque patient.

Si les médicaments nous soignaient, nous en prendrions tous les jours : une pilule pour bien dormir, des antibiotiques pour éviter de tomber malade, quelques comprimés pour maintenir une bonne digestion, des antihistaminiques au cas où… avec cela, nous ne serions jamais malades.

Mais, nous savons bien que cela ne fonctionne pas de la sorte. En MTC, comme en médecine occidentale, il faut un bilan individualisé.

L’objectif de la MTC n’est pas de se substituer à la médecine occidentale, mais plutôt de la soutenir et de jouer un rôle préventif ; c’est dans cette optique que nous devrions tous travailler.

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