Le Tétralogue — Roman — Chapitre 36

15/02/2023 (2023-02-11)

[Voir :
Le Tétralogue — Roman — Prologue & Chapitre 1
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 2
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 3
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 4
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 5
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 6
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 7
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 8
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 9
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 10
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 11
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 12
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 13
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 14
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 15
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 16
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 17
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 18
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 19
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 20
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 21
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 22
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 23
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 24
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 25
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 26
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 27
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 28
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 29
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 30
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 31
​Le Tétralogue — Roman — Chapitre 32
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 33
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 34
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 35]

Par Joseph Stroberg

​36 — Autour de la maudite

Après une dizaine de jours de marche dans les steppes et déserts du continent, les quatre aventuriers finirent par apercevoir au loin sur l’horizon, légèrement sur leur droite, des éclats brillants dont l’origine à ce stade restait a priori indéfinissable. Cependant, ayant en mémoire quelques caractéristiques attribuées par la légende à la Cité de cristal, ils se dirent qu’il y avait d’assez bonnes chances que ces points lumineux proviennent des reflets du soleil sur la matière cristalline censée composer les constructions et bâtiments divers de la ville maudite. Aussi, ils décidèrent d’un commun accord de bifurquer pour se diriger droit vers elle. Étant donné la distance à laquelle elle semblait se trouver sur ce terrain presque désespérément plat, ils en auraient encore pour plusieurs heures de marche, probablement même deux ou trois quartiers. Néanmoins, le fait d’avoir enfin l’objectif en vue, du moins l’espéraient-ils, leur fournit un regain d’énergie et ils forcèrent l’allure.

En quelques heures seulement, ils finirent par se retrouver à environ un millier de pas de la cité qui leur apparaissait maintenant dans toute sa splendeur, une splendeur pourtant apparemment maléfique. Même s’ils apparaissaient encore relativement petits à cette distance, tous les édifices qui leur faisaient face semblaient construits dans un matériau presque transparent et délicat, habilement agencé pour renvoyer une myriade d’éclats colorés aux multiples nuances. On disait qu’il s’agissait d’une sorte de cristal artificiel élaboré à partir de sable et préparé malgré tout pour résister à de puissants chocs, de sorte que les épées et les flèches ordinaires ne puissent aucunement les entailler. Et le sable, il n’en manquait pas dans les déserts du continent, même après la quantité notable probablement utilisée dans la construction de la Cité de cristal. D’où les quatre compères se trouvaient, les détails de l’architecture ne pouvaient qu’être devinés : ils repéraient essentiellement des lignes de lumière aux courbures et aux couleurs fines et variées qui formaient un tableau particulièrement harmonieux ; ils ne pouvaient pas vraiment préciser les types de bâtiments concernés, ni même la forme exacte de ces derniers. La distance tendait à aplatir la profondeur et rendait difficile l’évaluation des volumes. L’architecture de la ville avait-elle était au moins partiellement conçue pour émerveiller le regard des visiteurs extérieurs ? Que rendait-elle une fois à l’intérieur ? Les quatre compagnons le sauraient bientôt, mais pour l’instant ils venaient de stopper leur marche pour s’interroger sur la prochaine étape à suivre :

— Bon ! Nous y voici enfin, commença Tulvarn. Maintenant, il nous faut déterminer comment pénétrer dans cette cité sans risquer d’y laisser notre cuir et de voir notre sang s’y répandre. L’un de vous a-t-il une idée ?

— Eh bien, il faudrait commencer par s’approcher sans nous faire remarquer d’éventuels gardes, conseilla Gnomil. Le problème est que le terrain est désespérément plat et qu’il y a peu de végétation entre la ville et nous. Pouvons-nous espérer nous cacher derrière ce type de buisson rabougri ? questionna-t-il en désignant sur sa gauche l’un des rares végétaux présents dans les environs en dehors des touffes d’herbacées un peu plus nombreuses. Si j’ai quelque espoir d’y parvenir, en raison de votre gabarit, je crains que ce soit pratiquement impossible en ce qui vous concerne, sieur Tulvarn. Trop peu et trop malingres ! résuma-t-il avant de poursuivre. Nous devrions donc d’abord faire le tour de la ville pour voir si un autre bord permettrait un accès plus masqué.

— Ça me paraît une bonne idée, approuva Reevirn. Avec un peu de chances, l’autre côté de la ville pourrait par exemple être avoisiné d’une végétation plus importante, ou encore être proche d’une petite colline ou au moins d’un terrain plus accidenté.

— Et toi, Jiliern ? Qu’en penses-tu ?

— Suivons le conseil de Gnomil. Je n’ai pour ma part pas de meilleure idée.

— Alors, en route ! termina le moine.

Le quatuor se remit donc en route et en aurait au moins pour plusieurs heures à faire le tour complet de la cité en conservant une distance de sécurité, étant donné la superficie de cette dernière. Leurs réserves de nourriture étaient suffisantes, mais il leur faudrait rapidement trouver de quoi boire dans la ville elle-même pour éviter de se déshydrater de nouveau, en espérant ne pas tomber sur de l’eau empoisonnée.

Cette fois, la chance était de leur côté, car ils n’eurent besoin d’accomplir qu’environ un tiers de tour vers la droite avant de découvrir un paysage suffisamment chaotique pour assurer une progression masquée sur la grande majorité de leur parcours ensuite vers la ville maudite. Étrangement, le lieu semblait avoir été bombardé par de mystérieux projectiles qui auraient creusé autant de cratères de tailles et profondeurs diverses, entre de minuscules qui suffisaient à peine à cacher un Vélien et de bien plus vastes qui auraient pu abriter presque une armée entière de dix mille fantassins. De plus, sur la pente qui se trouvait en direction de la cité elle-même, on apercevait également des arbustes pouvant atteindre deux fois la hauteur d’un Vélien par endroits, et plus densément disposés. Pourquoi uniquement de ce côté, comme pour leur faciliter la progression ? Cela relevait du mystère. Avaient-ils été plantés là dans l’espoir d’envahir ensuite plus facilement l’endroit ? Si tel était le cas, la tentative avait apparemment échoué, ou personne sur leur continent d’origine n’en avait entendu parler. Quoi qu’il en fut, ceci leur était présentement bien utile. Aussi, ils obliquèrent aussitôt en direction de la ville et progressèrent suffisamment rapidement pour parvenir tout près des premières constructions cristallines en moins d’une heure, toujours cachés par des pentes ou des arbustes quand ce n’était pas les deux à la foi. De leur position, ils purent observer les premiers bâtiments en toute tranquillité, s’efforçant d’y relever des détails utiles. Leurs murs étaient tout en courbes, concaves ou convexes selon les parties de l’architecture et selon les constructions, avec l’absence complète de lignes droites. En particulier, il n’existait donc aucun mur vertical ni le moindre toit plat ou à doubles pentes rectilignes. Concernant leurs matériaux, les parois cristallines avaient ceci de particulier qu’en dépit de leur transparence ou légèreté apparente, les visiteurs ne parvenaient pas à observer l’intérieur des bâtiments. En d’autres termes, ils restaient incapables de déterminer si les maisons et autres édifices étaient ou non occupés par des Véliens ou même par d’autres créatures. Et donc, ils pouvaient être déjà l’objet d’une intense observation sans en avoir la moindre idée. Cela rendait plus périlleuse l’incursion dans la ville.

— Et maintenant ? interrogea le moine. Que faisons-nous ? Est-ce qu’on entre tête baissée entre ces deux bâtiments, interrogea-t-il en montrant ceux qui lui faisaient immédiatement face, ou bien on cherche un meilleur plan ?

— On cherche un meilleur plan, répondit aussitôt le voleur. Tête baissée, c’est le meilleur moyen de recevoir un rocher sur la tête. Non, il faut au contraire regarder partout, et si possible en même temps. L’un de nous regarde à gauche, un autre à droite, un autre tout droit devant, et le dernier justement vers le ciel. On se sait jamais.

— Ceci est en effet plus prudent, approuva Jiliern. Je regarderai devant, si ça ne vous dérange pas.

— En haut, pour ma part, sollicita Gnomil.

— À gauche, étant plus habile à l’arc dans cette direction, mentionna à son tour Reevirn.

— Alors, je prendrai la droite, termina Tulvarn. Vous êtes prêts ?

— Oui, répondirent-ils à l’unisson.

— D’accord. Allons-y, prudemment !

Les quatre aventuriers prêts à toute éventualité, du moins l’espéraient-ils, se mirent donc à marcher en position légèrement accroupie et courbée sur un sol étrangement mou en dépit de son apparence lisse, bien qu’il ne soit visiblement pas naturel. Désormais à découvert, ils espéraient ne pas se faire remarquer d’éventuels occupants de l’intérieur des édifices.

(Suite : Le Tétralogue — Roman — Chapitre 37)

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