Le Tétralogue — Roman — Chapitre 40

26/02/2023 (2023-02-22)

[Voir :
Le Tétralogue — Roman — Prologue & Chapitre 1
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 2
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 3
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 4
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 5
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 6
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 7
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 8
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 9
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 10
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 11
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 12
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 13
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Le Tétralogue — Roman — Chapitre 17
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 18
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 19
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 20
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Le Tétralogue — Roman — Chapitre 25
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 26
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Le Tétralogue — Roman — Chapitre 28
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 29
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 30
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 31
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Le Tétralogue — Roman — Chapitre 33
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 34
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 35
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 36
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 37
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 38
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 39
Le Tétralogue — Roman — Chapitre 40]

Par Joseph Stroberg

​40 — L’archive

Après une seconde journée d’exploration, ils finirent par trouver une bâtisse remplie de disques métalliques étroitement serrés sur des étagères empilées le long des murs. Ils repérèrent rapidement 13 rangées d’empilements verticaux sur les murs pleins, mais seulement 12 sur celui qui comprenait la porte d’entrée, soit 51 au total. Chaque rangée était surmontée d’une mention écrite d’assez grosse taille pour pouvoir être facilement lue depuis le milieu de l’unique pièce. Ils repérèrent une qui avait pour titre « Véliens illustres » et s’en approchèrent. Si le Saint-Homme à la relique avait bien existé, ils avaient alors une plus grande chance d’en trouver trace dans cette section plutôt que dans les 50 autres. Le problème est que chaque rangée verticale comprenait 12 étagères et que chacune de ces dernières incluait 200 disques serrés les uns contre les autres sans la moindre indication de contenu, soit au total 2400 * 51 disques, c’est-à-dire exactement 122 400 disques ! La seule chose qui pouvait les différencier était leur bordure colorée, les nuances couvrant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel depuis la plus rouge à l’extrême gauche d’une rangée jusqu’à la violette la plus pure à sa droite. Pour compliquer le tout, les étagères au ras du sol avaient les nuances les plus soutenues, alors que de proche en proche chaque étagère voyait son ensemble de nuances pâlir jusqu’aux plus claires pour les étagères qui touchaient au plafond. Cependant, les empilements épousaient la forme verticalement concave des murs vers le bas, puis convexe à partir de la seconde moitié et le tout procurait une impression de sublime beauté.

La mauvaise nouvelle était qu’à seulement quatre Véliens, même concentrés sur la seule étagère relative aux personnages illustres, il leur faudrait d’abord trouver le moyen de lire, voir ou déchiffrer le contenu d’un disque donné puis répéter jusqu’à 600 fois chacun l’opération s’ils jouaient de malchance. En admettant que l’un d’eux découvre le bon disque après la lecture de seulement 100 de ces derniers et qu’un tel traitement nécessite au moins une bonne heure, il leur faudrait passer au minimum plusieurs jours sur place.

Pour commencer, ils durent chercher pendant une demi-journée entière le moyen de révéler le contenu d’un disque. La solution était finalement aussi stupidement simple que pour la porte d’entrée. Il suffisait de dire : « Voir contenu » ! Les quatre compères se sentirent un peu bêtes d’avoir eu besoin d’autant de temps pour la trouver, bien que leur manque de fraîcheur physique et mentale ait pu en grande partie le justifier. À peine Gnomil avait-il découvert la clef, qu’un ensemble de visages véliens se matérialisa devant leurs yeux ébahis, chacun surmonté d’un nom bien lisible. Ils étaient rangés sur huit rangs et huit colonnes et colorés artificiellement dans l’une des sept couleurs principales de l’arc-en-ciel pour les sept premiers, puis en blanc pour le huitième. Le nom figurait par contre toujours en lettres d’or lumineuses. Ce qui était remarquable était qu’en dépit de la couleur anormale des visages, ces derniers leur apparaissaient comme s’ils étaient vivants.

Les quatre compères ne reconnurent aucun des noms ni des visages parmi ces 64 portraits et ils réalisèrent que même s’ils parvenaient à trouver comment observer davantage de portraits, ils ignoraient tout de celui qu’ils recherchaient. Ils ne connaissaient notamment ni son nom ni son visage ! Cette fois cependant, ils eurent plus de chances, car Reevirn intrigué par les portraits voulut en toucher un, mais ce faisant passa au travers. Recommençant sa tentative, mais cette fois en partant du bas du visage ciblé, son mouvement eut pour effet de monter les rangées et de faire disparaître la plus haute alors que dans le même temps apparurent en bas de nouveaux noms et visages. Pour revenir à l’affichage précédent, il suffisait de taper apparemment sur l’une des têtes, même si le geste ne rencontrait pas la moindre résistance perceptible.

Maintenant le problème allait être de trouver comment obtenir des informations relatives à ces noms et ces visages, puis de passer probablement bien plus que quelques heures à examiner le contenu de chacun des disques de cette rangée. Combien y avait-il de personnages illustres rien que dans cet enregistrement particulier ? Plusieurs centaines ? Plusieurs milliers ? Davantage ? Et que signifiaient ces couleurs si elles avaient d’autres fonctions que purement décoratives ? De plus, pendant tout ce temps, ils allaient devoir se nourrir d’une nourriture insipide et peut-être peu nutritive, et trouver de quoi se laver ou mourir sous le seul effet de leur puanteur croissante, ou bien encore subir les parasites et autres vermines qu’ils finiraient par attirer pour la nettoyer. Le temps passé dans cette antique cité zénovienne risquait d’être long et de plus en plus pénible.

— C’est désespérant ! maugréa Gnomil qui commençait à en avoir ras le bol de cette maudite ville, parce que notamment il avait l’odorat le plus sensible des quatre compagnons.

— Je te comprends, approuva Jiliern qui se sentait de plus en plus sale et mal à l’aise. Mais je ne sais pas comment nous pourrions éviter de fouiller le contenu de ces étranges disques si nous voulons toujours trouver la relique. C’est apparemment le seul endroit de tout Veguil où il se trouve peut-être enfin une réponse quant à sa localisation.

— Malheureusement, oui, du moins si nous trouvons qui était le mystérieux saint homme, ajouta Tulvarn.

— Attendez ! s’écria soudainement Reevirn. Bizarrement, je sens que l’endroit exact du bon disque se précise.

— Comment-ça, se précise ? lui demanda la cristallière.

— Oui, ça semble être la même chose que lorsque je piste un gibier, un voleur ou même n’importe quel autre Vélien. C’est étrange, parce que ces disques sont pourtant des objets inanimés et d’habitude je ne ressens ce type de sensation que pour des êtres vivants. Sans m’en rendre compte, alors que nous commencions à chercher, je me suis mis dans la même disposition intérieure. Et maintenant, la sensation devient plus aiguë… Attendez… Voilà ! c’est ici ! termina-t-il en désignant l’un des disques orange qui se trouvaient sur la deuxième étagère en partant du bas.

Gnomil s’empressa de le retirer pour le donner à Tulvarn et celui-ci en activa le visionnement du contenu, laissant le soin au chasseur de chercher le bon personnage. Après avoir effectué plusieurs fois le geste vers le haut permettant de faire défiler les rangées successives, il finit par stopper net et par désigner enfin une cible :

— C’est lui ! affirma-t-il sans le moindre doute en désignant un Vélien présenté aussi en couleur orangée, de tonalité lumineuse et pure, un peu similaire à la teinte prise parfois par Dévonia lorsqu’elle se couchait à l’horizon.

— Et maintenant, que faisons-nous ? interrogea le voleur pressé d’en finir.

— Eh bien nous cherchons quelle est la clef phonique qui permet de voir le contenu relatif au personnage, je suppose, répondit le chasseur.

Ils ne tardèrent pas à découvrir qu’il suffisait de prononcer « Voir détails » pour afficher le contenu particulier relatif au supposé saint homme. C’est ainsi qu’après plus d’une nouvelle heure de visionnement, ils découvrirent que le mausolée de cet ancêtre se trouvait en plein cœur du labyrinthe de Trinestarn.

— Oh non ! Pas ça ! se désola Gnomil qui devina instantanément que ses talents seraient mis à rude épreuve.

Si le moine avait pu régler le compte des défenses de la cité de cristal avec l’aide de la cristallière, le voleur voyait mal comment le premier pourrait cette fois s’en sortir avec son sabre. La rumeur mentionnait l’existence de tellement de pièges différents et des plus diaboliques que sa réputation était encore plus sinistre que celle de la cité de Cristal. Contrairement à cette dernière, il en était ressorti différents aventuriers — mais toujours à l’état de cadavre — transportés par des oiseaux de proie géants que l’on ne trouvait qu’en ce lieu particulier, des cadavres ensanglantés, horriblement mutilés, estropiés, découpés en rondelles, ou en deux de la tête aux pieds, déchirés, broyés, ficelés, ou éborgnés, et même émasculés à l’occasion. Quelles sortes de pièges pervers avaient bien pu produire de telles mortelles blessures ? Nul ne le savait, car personne n’était revenu non plus vivant de ce non moins maudit lieu.

Les quatre aventuriers reprirent rapidement leurs quelques armes et bagages et se remirent aussitôt en route pour, ils l’espéraient, une des toutes dernières étapes de leur quête. La relique était devenue maintenant une cible facile à tracer par le chasseur, aussi sûrement que l’avait été le disque qui la concernait, comme si ces deux objets contenaient inexplicablement une partie vivante du Saint-Homme ou se trouvaient encore reliés à ce dernier, alors qu’il reposait probablement quelque part dans le royaume des trépassés.

(Suite : Le Tétralogue — Roman — Chapitre 41)

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