14/08/2024 (2024-08-14)
[Source : lesakerfrancophone.fr]
Par Ron Unz et Mike Whitney — Le 12 juin 2023 — Source unz.com
« La légitimité politique du gouvernement actuel des États-Unis, et des gouvernements de ses divers États vassalisés d’Europe, se fonde sur un narratif historique particulier de la Seconde Guerre mondiale, et remettre ce narratif en question pourrait présenter des conséquences politiques dramatiques. »
— Ron Unz
Cet article se présente comme un ensemble de questions et réponses. Il s’agit de la transcription d’une interview de Ron Unz par Mike Whitney.
Question numéro 1 : Hitler
Commençons par Hitler. En Occident, tout le monde pense que :
- C’est Hitler qui a provoqué la Seconde Guerre mondiale
- L’invasion de la Pologne par Hitler était la première étape d’une vaste campagne visant à dominer le monde entier
Cette interprétation est-elle vraie, ou non ? Et si elle ne l’est pas, à votre avis, quels étaient les objectifs de Hitler en Pologne, et la Seconde Guerre mondiale aurait-elle pu être évitée ?
Ron Unz — Jusqu’à il y a dix ans environ, j’avais toujours maintenu une opinion très conventionnelle au sujet des événements historiques, sur la base des cours auxquels j’avais assisté à l’université et des récits médiatiques uniformes que j’avais absorbés durant toute ma vie. Cela intégrait donc ma compréhension de la Seconde Guerre mondiale, le plus grand conflit militaire de toute l’histoire humaine, dont la conclusion a façonné notre monde moderne.
Mais durant les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak, j’ai nourri des soupçons de plus en plus fournis vis-à-vis de l’honnêteté des médias dominants, et j’ai commencé à comprendre que les livres d’histoire ne représentent guère qu’une version totalement figée des distorsions médiatiques du passé. Le développement de l’Internet a permis de libérer une grande quantité d’idées non orthodoxes de toutes sortes, et depuis 2000, j’ai travaillé à un projet visant à numériser les archives des principales publications parues aux États-Unis depuis 150 ans, ce qui m’a fourni un accès facilité à des informations que d’autres auraient plus de mal à connaître. Comme je l’ai écrit par la suite :
Au-delà des perceptions que nous accordent nos sens, presque tout ce que nous savons du passé, ou des informations contemporaines, nous vient de traces d’encre sur du papier, ou de pixels colorés sur un écran, et il est heureux que depuis une décennie ou deux, la croissance d’Internet ait considérablement élargi le champ des informations à notre portée dans cette dernière catégorie. Même si l’écrasante majorité des affirmations non orthodoxes livrées par ces sources sur le réseau sont incorrectes, au moins la possibilité existe-t-elle à présent d’extraire les pépites de vérité de vastes montagnes d’impostures. Sans aucun doute, les événements de la décennie écoulée m’ont forcé à réajuster totalement ma propre perception de la réalité.
Suite à tous ces développements, j’ai publié mon premier article La Pravda Américaine il y a une dizaine d’années, et c’est de cet article qu’est extrait ce passage. Dans cet article, je soulignai que tout ce que nos livres d’histoires et nos médias nous disent sur le monde et sur son histoire peut souvent s’avérer tout aussi malhonnête et déformé que ce qu’on pouvait lire dans la notoire Pravda, le journal de l’URSS aujourd’hui disparue.
La Pravda américaine
Ron Unz • The American Conservative • 29 avril 2013 • 4,500 mots
Au départ, j’ai centré mon attention sur des événements historiques récents, mais j’ai rapidement commencé à lire et à m’informer énormément sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, et j’ai peu à peu compris qu’une grande partie de tout ce que j’avais toujours accepté au sujet de cette guerre était totalement faux.
Peut-être n’aurais-je pas dû me sentir tellement surpris de faire cette découverte. Après tout, si nos médias pouvaient mentir de manière éhontée par rapport à ce qui se produit ici et maintenant, pourquoi leur faire confiance sur ce qui s’est produit il y a longtemps et loin d’ici ?
J’ai fini par conclure que la véritable histoire de la Seconde Guerre mondiale était non seulement très différente de ce que la plupart d’entre nous ont toujours cru, mais a été en grande partie inversée. Durant tout ce temps, nos livres d’histoire dominants nous avaient raconté une histoire inversée et opposée à la réalité.
Au sujet de Hitler et du démarrage de la guerre, je pense qu’un excellent point de départ pourrait être Origins of the Second World War, un ouvrage classique publié en 1961 par A.J.P. Taylor, le réputé historien d’Oxford. Je suis revenu en 2019 sur les conclusions qu’il tire :
La dernière exigence d’Hitler, à savoir que Dantzig à 95 % allemande soit restituée à l’Allemagne comme ses habitants le souhaitaient, était tout à fait raisonnable, et seule une terrible erreur diplomatique de la part des Britanniques avait conduit les Polonais à refuser cette demande, provoquant ainsi la guerre. L’affirmation répandue plus tard que Hitler cherchait à conquérir le monde était totalement absurde, et le dirigeant allemand avait en fait tous les efforts possibles pour éviter la guerre avec la Grande-Bretagne ou la France. En effet, il était généralement très amical envers les Polonais et espérait faire de la Pologne un allié allemand contre la menace de l’Union soviétique de Staline.
Le récent 70e anniversaire du début du conflit qui a consumé tant de dizaines de millions de vies a naturellement provoqué de nombreux articles historiques, et la discussion qui en a résulté m’a amené à sortir ma vieille copie du court volume de Taylor, que je relis pour la première fois en près de quarante ans. Je l’ai trouvé aussi magistral et persuasif qu’à l’époque où j’étais dans ma chambre de dortoir à l’université, et les brillants communiqués de presse de la couverture laissaient entrevoir certaines des acclamations que le travail avait immédiatement reçues. Le Washington Post a saluait l’auteur comme l’« le plus éminent historien britannique en vie », World Politics le qualifiait de « puissamment argumenté, brillamment écrit et toujours persuasif », The New Statesman, magazine britannique de gauche, le décrivait comme « un chef-d’œuvre : lucide, compatissant, magnifiquement écrit » et le Times Literary Supplement le caractérisait comme « simple, dévastateur, d’une grande clarté et profondément inquiétant ». En tant que best-seller international, il s’agit certainement du livre le plus célèbre de Taylor, et je peux facilement comprendre pourquoi il figurait encore sur ma liste de lectures obligatoires du collège près de deux décennies après sa publication originale.
Pourtant, en revisitant l’étude révolutionnaire de Taylor, j’ai fait une découverte remarquable. Malgré toutes les ventes internationales et les acclamations de la critique, les conclusions du livre ont vite suscité une grande hostilité dans certains milieux. Les conférences de Taylor à Oxford avaient été extrêmement populaires pendant un quart de siècle, mais comme résultat direct de cette controverse « l’historien vivant le plus éminent de Grande-Bretagne » fut sommairement purgé de la faculté peu de temps après. Au début de son premier chapitre, Taylor avait remarqué à quel point il trouvait étrange que plus de vingt ans après le début de la guerre la plus cataclysmique du monde, aucune histoire sérieuse n’ait été produite pour analyser attentivement ce déclenchement. Peut-être que les représailles qu’il a subies l’ont amené à mieux comprendre une partie de ce casse-tête.
De nombreux autres universitaires et journalistes de premier plan, contemporains des événements ou vivant plus récemment, sont parvenus à des conclusions très similaires, mais ont trop souvent eu à pâtir d’importantes représailles pour leurs exposés historiques honnêtes. Durant des dizaines d’années, William Henry Chamberlin fut l’un des journalistes les plus respectés des États-Unis en matière de politique étrangère, mais après qu’il a publié America’s Second Crusade en 1950, il a disparu des publications dominantes. David Irving est possiblement l’historien britannique le plus réputé à l’international des cent dernières années, ses livres fondateurs sur la Seconde Guerre mondiale ont reçu d’énormes louanges et se sont vendus à des millions d’exemplaires ; mais il a été conduit à la faillite personnelle et a bien failli passer le restant de ses jours dans une prison autrichienne.
En arrivant sur la fin des années 1930, Hitler avait ressuscité l’Allemagne, qui était redevenue prospère sous son administration, il avait également réussi à la réunifier avec plusieurs populations allemandes séparées. Pour résultat, il était reconnu comme l’un des dirigeants les plus habiles et populaires au monde, et il espérait réussir enfin à régler le différend frontalier avec la Pologne ; à cette fin, il proposait des concessions nettement plus généreuses que n’importe lequel de ses prédécesseurs démocratiquement élus de Weimar ne l’aurait jamais envisagé. Mais la dictature polonaise resta des mois à rejeter ses tentatives de négociations et se mit également à traiter brutalement sa minorité allemande, ce qui a fini par contraindre Hitler à déclarer la guerre. Et comme je l’ai discuté en 2019, il se peut que provoquer cette guerre ait été l’objectif délibéré de certaines personnalités puissantes.
La plus évidente d’entre elles est peut-être la question des véritables origines de la guerre, qui a dévasté une grande partie de l’Europe, tué peut-être cinquante ou soixante millions de personnes et donné naissance à l’ère de la guerre froide qui a suivi, pendant laquelle les régimes communistes ont contrôlé la moitié du continent-monde eurasiatique. Taylor, Irving et bien d’autres ont complètement démystifié la mythologie ridicule selon laquelle la cause réside dans le désir fou d’Hitler de conquérir le monde, mais si le dictateur allemand n’avait manifestement qu’une responsabilité mineure, y avait-il vraiment un vrai coupable ? Ou cette guerre mondiale massivement destructrice s’est-elle produite d’une manière quelque peu similaire à celle la précédant, que nos histoires conventionnelles traitent comme étant principalement due à une série de bévues, de malentendus et d’escalades inconsidérées ?
Au cours des années 1930, John T. Flynn était l’un des journalistes progressistes les plus influents d’Amérique, et bien qu’il ait commencé comme un fervent partisan de Roosevelt et de son New Deal, il est progressivement devenu un critique sévère, concluant que les divers plans gouvernementaux de FDR n’avaient pas réussi à relancer l’économie américaine. Puis, en 1937, un nouvel effondrement de l’économie a fait grimper le chômage aux mêmes niveaux que lorsque le président était entré en fonction pour la première fois, confirmant ainsi le verdict sévère de Flynn. Et comme je l’ai écrit l’année dernière :
En réalité, Flynn allègue que fin 1937, FDR s’était orienté vers une politique étrangère agressive visant à impliquer le pays dans une guerre étrangère importante, principalement parce qu’il pensait que c’était le seul moyen de sortir de sa situation économique et politique désespérée, un stratagème qui n’était pas inconnu pour les dirigeants nationaux au cours de l’histoire. Dans sa chronique du 5 janvier 1938 dans The New Républic, il avertit ses lecteurs incrédules de la perspective imminente d’un important renforcement de la marine et des moyens militaires, après qu’un important conseiller de Roosevelt lui aurait vanté, en privé, les mérites d’un grand conflit de « keynésianisme militaire » et d’une guerre majeure qui résoudraient les problèmes économiques apparemment insurmontables du pays. À cette époque, une guerre avec le Japon, qui portait peut-être sur des intérêts en Amérique latine, semblait être l’objectif recherché, mais l’évolution de la situation en Europe a rapidement convaincu FDR que fomenter une guerre générale contre l’Allemagne était la meilleure solution. Les mémoires et autres documents historiques obtenus ultérieurement par des chercheurs semblent généralement soutenir les accusations de Flynn en indiquant que Roosevelt a ordonné à ses diplomates d’exercer une énorme pression sur les gouvernements britannique et polonais pour éviter tout règlement négocié avec l’Allemagne, entraînant ainsi le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939.
Ce dernier point est important, car les opinions confidentielles des personnes les plus proches des événements historiques importants devraient avoir une valeur probante considérable. Dans un article récent, John Wear a rassemblé les nombreuses évaluations contemporaines qui impliquaient FDR en tant que figure centrale dans l’orchestration de la guerre mondiale par sa pression constante sur les dirigeants politiques britanniques, une politique au sujet de laquelle il a même admis en privé qu’elle pourrait signifier sa destitution si elle devait être révélée. Entre autres témoignages, nous avons les déclarations des ambassadeurs polonais et britannique à Washington et de l’ambassadeur américain à Londres, qui ont également transmis l’opinion concordante du Premier ministre Chamberlain lui-même. En effet, le vol et la publication par l’Allemagne de documents diplomatiques secrets polonais en 1939 avaient déjà révélé une grande partie de ces informations, et William Henry Chamberlin a confirmé leur authenticité dans son livre de 1950. Mais comme les médias grand public n’ont jamais rapporté aucune de ces informations, ces faits restent encore peu connus aujourd’hui.
J’ai discuté ces événements historiques en détail dans mon article de 2019 :
Comprendre la Seconde Guerre mondiale
Ron Unz • The Unz Review • 23 septembre 2019 • 20,500 mots
Question numéro 2 : Le « Blitz » de Londres
L’Allemagne a lancé le « Blitz » contre l’Angleterre pour terroriser le peuple britannique et l’amener à se soumettre. Êtes-vous d’accord avec cette thèse, ou d’autres facteurs sont-ils entrés en jeu, qui ont été omis dans les manuels d’histoire occidentaux ? (Comme le bombardement de Berlin par Churchill ?)
Ron Unz — Ici encore, ce récit habituel de la Seconde Guerre mondiale est tout à fait opposé à la vérité. À l’époque, les bombardements aériens des centres urbains, loin des lignes de front, étaient illégaux et considérés comme des crimes de guerre, et Hitler n’avait absolument aucune intention d’attaque les villes britanniques de cette manière.
Au contraire, le dirigeant allemand avait toujours entretenu une opinion favorable de la Grande-Bretagne, et pensait que la préservation de l’Empire britannique relevait des intérêts stratégiques de l’Allemagne, car son effondrement aurait créé un vide géopolitique susceptible d’être exploité par une puissance rivale.
Après que l’Allemagne attaqua la Pologne, la Grande-Bretagne et la France lui déclarèrent la guerre. L’armée polonaise fut battue en quelques semaines, et Hitler proposa alors de retirer ses forces des territoires polonais qu’elles avaient occupés, et de faire la paix, mais les deux puissances occidentales jurèrent de poursuivre la guerre jusqu’à mettre l’Allemagne à genoux. Les combats furent rares jusqu’au printemps 1940, lorsque les Allemands finirent par attaquer et vaincre l’énorme armée française, par s’emparer de Paris et par faire sortir une France vaincue des hostilités.
L’armée britannique présente en France fut évacuée à Dunkerque, et il existe de nombreux éléments indiquant que Hitler l’a délibérément laissée s’enfuir, dans l’idée de laisser les Britanniques sauver la face plutôt que de les capturer. Il fit suite à sa victoire en France en proposant des conditions extrêmement généreuses au gouvernement britannique, en ne demandant absolument rien à ce dernier, et proposant au lieu de cela une alliance avec l’Allemagne, comprenant un soutien militaire pour protéger la sécurité de son empire mondial. Hitler pensait naturellement que les Britanniques allaient accepter une offre aussi attractive, et mettre fin à la guerre, et il supposait que celle-ci était pour l’essentiel terminée.
Plusieurs hauts dirigeants britanniques semblaient enclins à souscrire aux conditions généreuses proposées par Hitler, et selon les éléments trouvés par le renommé historien britannique David Irving, le Premier ministre Winston Churchill semblait lui-même convaincu, avant de changer d’avis et de faire volte-face. Churchill s’était employé depuis des dizaines d’années à devenir Premier ministre, et Irving avance une thèse plausible : le dirigeant anglais réalisa que perdre une guerre désastreuse dans les semaines suivant son accession au pouvoir allait faire de lui la risée des livres d’histoire.
Mais suite à la défaite militaire subie par les Britanniques sur le continent, et au vu des conditions très généreuses proposées par Hitler, Churchill se retrouva confronté à un énorme problème pour persuader son pays de poursuivre un conflit largement considéré comme perdu. Il ordonna par conséquent une série de bombardements contre la capitale allemande, un crime de guerre interdit, dans l’espoir de provoquer une réponse allemande. Cela amena Hitler à répondre par plusieurs avertissements répétés : s’ils continuaient de bombarder ses villes, il allait être contraint d’exercer des représailles en faisant de même, et c’est ce qui a fini par arriver. Comme le public britannique ne savait pas que son propre gouvernement avait lancé la campagne de bombardement urbain, il considéra ces attaques aériennes allemandes lancées en représailles comme des crimes de guerre monstrueux et non provoqués, et comme Churchill l’avait espéré, l’opinion britannique s’engagea résolument dans la poursuite de la guerre contre l’Allemagne.
Irving et d’autres historiens expliquent tous ces faits importants dans leurs livres, et la conférence captivante d’Irving résumant ces éléments reste disponible sur Bitchute après avoir été purgée de YouTube.
Irving est une source très importante pour diverses informations très importantes au sujet de la guerre, et j’ai expliqué en 2018 pourquoi les résultats d’un procès de premier plan l’opposant à Deborah Lipstadt avaient démontré que ses recherches historiques étaient extrêmement fiables :
Ces activistes ethniques zélés ont entamé une campagne coordonnée pour faire pression sur les éditeurs prestigieux d’Irving afin qu’ils laissent tomber ses livres, tout en perturbant ses visites fréquentes à l’étranger et même en faisant pression sur les pays pour l’empêcher d’entrer. Ils ont également battu un tambour de diffamation médiatique, noircissant continuellement son nom et ses compétences de recherche, allant même jusqu’à le dénoncer comme un « nazi » et un « amant hitlérien », comme cela avait été le cas pour le Professeur Wilson.
Cette bataille juridique était certainement une affaire de David contre Goliath, avec de riches producteurs de films juifs, et des dirigeants d’entreprises, apportant une somme énorme de 13 millions de dollars à Lipstadt, ce qui lui a permis de financer une véritable armée de 40 chercheurs et experts juridiques, sous la direction de l’un des juristes juifs les plus réputés de Grande-Bretagne. En revanche, Irving, étant un historien impécunieux, a été forcé de se défendre sans bénéficier de conseils juridiques.
Dans la vraie vie, contrairement à la légende, les Goliaths de ce monde sont presque invariablement triomphants, et ce cas ne fait pas exception, Irving étant poussé à la banqueroute personnelle, il a perdu sa belle maison au centre de Londres. Mais vu sur une perspective plus longue de l’histoire, je pense que la victoire de ses bourreaux était une remarquable victoire à la Pyrrhus.
Bien que la cible de leur haine déchaînée ait été le prétendu « déni de l’Holocauste » d’Irving, pour autant que je puisse le dire, ce sujet était presque entièrement absent des plusieurs douzaines de livres d’Irving, et c’est précisément ce même silence qui avait provoqué leurs crachats indignés. Par conséquent, en l’absence d’une cible aussi claire, leur groupe de chercheurs généreusement rémunérés a passé au moins une année à effectuer, apparemment, une analyse ligne par ligne et note de bas de page de tout ce qu’Irving avait publié, localisant chaque erreur historique qui pourrait éventuellement lui donner une mauvaise réputation professionnelle. Avec de l’argent et de la main-d’œuvre presque illimités, ils ont même utilisé le processus légal d’investigation pour l’assigner et lire les milliers de pages de ses journaux intimes et de sa correspondance, espérant trouver des preuves de ses « mauvaises pensées ». Le film hollywoodien de 2006, intitulé Le Déni et co-écrit par Lipstadt, peut fournir un aperçu raisonnable de la séquence des événements, vu de sa propre perspective.
Malgré ces ressources financières et humaines énormes, il n’en est apparemment presque rien sorti, au moins si l’on en croit le livre triomphaliste de Lipstadt titrant History on Trial et paru en 2005. Au cours de quatre décennies de recherches et de publications, qui ont avancé de nombreuses affirmations historiques controversées, de la nature la plus étonnante, ils n’ont réussi à trouver que quelques douzaines d’erreurs de fait ou d’interprétation, la plupart ambiguës ou contestées. Et le pire qu’ils aient découvert après avoir lu chaque page des nombreux mètres linéaires des journaux intimes d’Irving était qu’il avait autrefois composé une courte chanson « insensible à la race » pour sa petite fille, un élément trivial qu’ils ont claironné comme preuve qu’il était « raciste ». Ainsi, ils semblaient admettre que l’énorme corpus de textes historiques d’Irving était peut-être vrai à 99,9 %.
Je pense que ce silence du « chien qui n’aboie pas » est éloquent comme un coup de tonnerre. Je ne connais aucun autre chercheur académique, dans l’histoire du monde entier, qui ait vu toutes ses décennies de vie au travail soumises à un examen exhaustif aussi minutieusement hostile. Et puisque Irving a apparemment réussi ce test avec autant de brio, je pense que nous pouvons considérer presque toutes les affirmations étonnantes contenues dans ses livres — et récapitulées dans ses vidéos — comme absolument exactes.
Martyr de le la vérité historique. Les tribulations de David Irving
Ron Unz • The Unz Review • 4 juin 2018 • 1,700 mots
Question numéro 3 : la purge des intellectuels opposés à la guerre
Durant les années 1940, on a connu une purge des intellectuels et des observateurs opposés à la guerre, à laquelle ressemble la purge de quiconque critique aujourd’hui la politique des États-Unis sur les réseaux sociaux. Pouvez-vous expliquer en quelques mots ce qui se produisit, qui fut ciblé, et définir si le premier amendement devrait s’appliquer durant les périodes de crises nationales ?
Ron Unz — Vers l’an 2000, j’ai lancé un projet visant à numériser les archives d’un grand nombre des publications dominantes parues aux États-Unis durant les 150 dernières années, et j’ai été stupéfait de découvrir que certaines de nos personnalités les plus influentes de l’avant Seconde Guerre mondiale avaient été « effacées » si complètement que je n’avais jamais entendu parler d’elles. Cette découverte a joué un rôle majeur pour nourrir mes soupçons : le narratif standard que j’avais toujours accepté était-il faux ? Et j’ai par la suite décrit la situation en utilisant l’analogie avec les mensonges historiquement notoires de l’ancienne Union soviétique :
Je m’imaginais parfois un peu comme un jeune chercheur soviétique sérieux des années 1970 qui a commencé à fouiller dans les fichiers d’archives moisies du Kremlin, oubliées depuis longtemps, et fait des découvertes étonnantes. Trotski n’était apparemment pas le célèbre espion nazi ni le traître décrit dans tous les manuels, mais avait été le bras droit du saint Lénine lui-même pendant les jours glorieux de la grande révolution bolchevique, et était resté pendant quelques années dans les rangs les plus élevés de l’élite du parti. Et qui étaient ces autres personnages — Zinoviev, Kamenev, Boukharine, Rykov — qui ont également passé ces premières années au sommet de la hiérarchie communiste ? Dans les cours d’histoire, ils étaient à peine mentionnés, en tant qu’agents capitalistes mineurs qui ont rapidement été démasqués et ont payé leur traîtrise de leur vie. Comment le grand Lénine, père de la Révolution, aurait-il pu être assez idiot pour s’entourer presque exclusivement de traîtres et d’espions ?
Mais contrairement à leurs analogues staliniens quelques années plus tôt, les victimes américaines disparues vers 1940 ne furent ni abattues ni envoyées au goulag, mais simplement exclues des principaux médias qui définissent notre réalité, les effaçant ainsi de notre mémoire, de sorte que les générations futures ont progressivement oublié qu’elles aient jamais existé.
Le journaliste John T. Flynn, probablement presque inconnu aujourd’hui, mais dont la stature était autrefois énorme, est un exemple éminent de ce type d’Américain « disparu ». Comme je l’ai écrit l’année dernière :
Alors, imaginez ma surprise de découvrir que, tout au long des années 1930, il avait été l’une des voix libérales les plus influentes de la société américaine, un écrivain en économie et en politique dont le statut aurait pu être, à peu de choses près, proche de celui de Paul Krugman, mais avec une forte tendance à chercher le scandale. Sa chronique hebdomadaire dans The New Republic lui permit de servir de locomotive pour les élites progressistes américaines, tandis que ses apparitions régulières dans Colliers, hebdomadaire illustré de grande diffusion, atteignant plusieurs millions d’Américains, lui fournissaient une plate-forme comparable à celle d’une personnalité de l’âge d’or des réseaux de télévision.
Dans une certaine mesure, l’importance de Flynn peut être objectivement quantifiée. Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de mentionner son nom devant une libérale cultivée et engagée née dans les années 1930. Sans surprise, elle a séché, mais s’est demandé s’il aurait pu être un peu comme Walter Lippmann, le très célèbre chroniqueur de cette époque. Lorsque j’ai vérifié, j’ai constaté que dans les centaines de périodiques de mon système d’archivage, on ne trouvait que 23 articles publiés par Lippmann dans les années 1930 contre 489 par Flynn.
Un parallèle américain encore plus fort avec Taylor était celui de l’historien Harry Elmer Barnes, une figure presque inconnue pour moi, mais à son époque un universitaire de grande influence et d’envergure :
Imaginez mon étonnement après avoir découvert que Barnes avait été l’un des premiers contributeurs du magazine Foreign Affairs, et le principal relecteur de cette vénérable publication depuis sa fondation en 1922, alors que son statut parmi les universitaires libéraux américains de premier plan se manifestait par ses nombreuses apparitions dans The Nation et The New Republic au cours des années 1920. En effet, on lui attribue un rôle central dans la « révision » de l’histoire de la Première Guerre mondiale, afin d’effacer l’image caricaturale de l’innommable méchanceté allemande, laissée en héritage de la malhonnête propagande de guerre produite par les gouvernements adversaires britannique et étasunien. Et sa stature professionnelle a été démontrée par ses trente-cinq livres ou plus, dont bon nombre d’ouvrages académiques influents, ainsi que par ses nombreux articles dans The American Historical Review, Political Science Quarterly et d’autres revues de premier plan.
Il y a quelques années, j’ai parlé de Barnes à un éminent universitaire américain dont les activités en sciences politiques et en politique étrangère étaient très similaires, et pourtant le nom ne lui disait rien. À la fin des années 1930, Barnes était devenu un critique de premier plan des propositions de participation américaine à la Seconde Guerre mondiale. En conséquence, il avait définitivement « disparu », ignoré par tous les grands médias, alors qu’une importante chaîne de journaux était fortement incitée à mettre fin brutalement, en mai 1940, à sa rubrique nationale publiée de longue date.
Beaucoup d’amis et d’alliés de Barnes tombèrent lors de la même purge idéologique, qu’il décrit dans ses propres écrits et qui se poursuivit après la fin de la guerre :
Plus d’une douzaine d’années après sa disparition de notre paysage médiatique national, Barnes a réussi à publier La Guerre Perpétuelle pour une Paix Perpétuelle, un long recueil d’essais d’érudits et autres experts traitant des circonstances entourant l’entrée de l’Amérique dans la Seconde Guerre mondiale. Il a été édité et distribué par un petit imprimeur de l’Idaho. Sa propre contribution consistait en un essai de 30 000 mots intitulé « Le révisionnisme et le black-out historique », qui abordait les énormes obstacles rencontrés par les penseurs dissidents de cette période.
Le livre lui-même était dédié à la mémoire de son ami l’historien Charles A. Beard. Depuis le début du XXe siècle, Beard était une figure intellectuelle de haute stature et d’une très grande influence, cofondateur de The New School à New York et président de l’American Historical Association et de l’American Political Science Association. En tant que principal partisan de la politique économique du New Deal, il a été extrêmement loué pour ses opinions.
Pourtant, après qu’il se retourna contre la politique étrangère belliqueuse de Roosevelt, les éditeurs lui fermèrent leurs portes et seule son amitié personnelle avec le responsable de la presse de l’Université de Yale permit à son volume critique de 1948, Le président Roosevelt, et l’avènement de la guerre, 1941 de paraître. La réputation immense de Beard semble avoir commencé à décliner rapidement à partir de ce moment, de sorte que l’historien Richard Hofstadter pouvait écrire en 1968 : « La réputation de Beard se présente aujourd’hui comme une ruine imposante dans le paysage de l’historiographie américaine. Ce qui était autrefois la plus grande maison du pays est maintenant une survivance ravagée ». En fait, « l’interprétation économique de l’histoire », autrefois dominante, de Beard pourrait presque être considérée comme faisant la promotion de « dangereuses théories du complot », et je suppose que peu de non-historiens ont même entendu parler de lui.
Un autre contributeur majeur au volume de Barnes fut William Henry Chamberlin, qui pendant des décennies avait été classé parmi les principaux journalistes de politique étrangère des États-Unis, avec plus de quinze livres à son actif, la plupart d’entre eux ayant fait l’objet de nombreuses critiques favorables. Pourtant, America’s Second Crusade, son analyse critique, publiée en 1950, de l’entrée de l’Amérique dans la Seconde Guerre mondiale, n’a pas réussi à trouver un éditeur traditionnel et a été largement ignorée par les critiques. Avant sa publication, sa signature apparaissait régulièrement dans nos magazines nationaux les plus influents, tels que The Atlantic Monthly et Harpers. Mais par la suite, son activité s’est presque entièrement limitée à des lettres d’information et à des périodiques de faible tirage, appréciés par un public conservateur ou libertaire restreint.
Aujourd’hui, sur Internet, chacun peut facilement créer un site web pour publier son point de vue, le rendant immédiatement accessible à tout le monde. En quelques clics de souris, les médias sociaux tels que Facebook et Twitter peuvent attirer l’attention de millions de personnes sur des documents intéressants ou controversés, en se passant ainsi totalement du soutien des intermédiaires établis. Il est facile pour nous d’oublier à quel point la dissémination d’idées dissidentes était extrêmement ardue à l’époque des rotatives, du papier et de l’encre, et de reconnaître qu’une personne exclue de son média habituel aura peut-être besoin de nombreuses années pour retrouver toute sa place.
J’ai écrit ces derniers mots au mois de juin 2018, et chose ironique, purges et pratique du shadow banning ont bientôt englouti de nombreuses voix dissonantes actuelles, réduisant fortement leur capacité à distribuer leurs idées.
Pravda américaine : notre grande purge des années 1940
Ron Unz • The Unz Review • 11 juin 2018 • 5,500 mots
Question numéro 4 : l’Allemagne d’après-guerre
La plupart des Étasuniens croient que le peuple allemand a été traité avec humanité après la fin des hostilités, et que le plan Marshall a aidé à reconstruire l’Europe. Est-ce un récit exact de ce qui s’est réellement produit ? (Freda Utley)
Ron Unz — Bien qu’elle soit aujourd’hui totalement tombée dans l’oubli, Freda Utley fut au cœur du XXe siècle une journaliste réputée. De nationalité anglaise au départ, elle épousa un Juif communiste et partit s’installer en Russie soviétique, puis s’enfuit pour les États-Unis après que son mari eut à subir l’une des purges staliniennes. Bien qu’elle n’éprouvât guère de sympathie pour les nazis vaincus, elle partageait fermement l’opinion de Beaty sur la perversion monstrueuse de la justice rendue à Nuremberg, et son témoignage direct, collecté durant les mois qu’elle passa en Allemagne occupée est très instructif sur les sévices terribles qu’eut à subir la population civile prostrée, plusieurs années après la fin de la guerre encore.
En 1948, elle passa plusieurs mois à voyager à travers l’Allemagne occupée, et l’année suivante publia ses expériences dans The High Cost of Vengeance [le coût élevé de la vengeance, NdT], que j’ai trouvé éclairant. Contrairement à la grande majorité des autres journalistes américains, qui faisaient généralement de brèves visites lourdement chaperonnées, Freda Utley parlait effectivement allemand et connaissait bien le pays, qu’elle avait fréquemment visité au cours de l’époque de Weimar. Alors que le ton de Grenfell était très contraint et presque académique, sa propre écriture était beaucoup plus véhémente et expressive, ce qui est peu surprenant en raison de son contact direct avec un sujet extrêmement douloureux. Son témoignage oculaire semble tout à fait crédible, et les renseignements factuels qu’elle fournit, étayés par de nombreux entretiens et des anecdotes, sont saisissants.
Plus de trois ans après la fin des hostilités, Freda Utley découvrit un pays encore presque totalement en ruine, et une grande partie de la population forcée de chercher refuge dans des caves endommagées ou de partager de minuscules pièces dans des bâtiments fracassés. La population se considérait comme « privée de droits », souvent assujettie à un traitement arbitraire de la part des troupes d’occupation ou d’autres éléments privilégiés qui ne relevaient pas de la compétence juridique de la police régulière. Les Allemands, pour la plupart, étaient régulièrement délogés de leurs maisons, qui étaient utilisées pour loger les troupes américaines ou d’autres qui avaient acquis leurs faveurs, une situation qui fut notée avec une certaine indignation dans le journal posthume du Général Patton. Même à ce stade, un soldat étranger pouvait encore parfois voler tout ce qu’il voulait aux civils allemands et en cas de protestations, les conséquences risquaient d’être dangereuses. Freda Utley cite de façon éloquente un ancien soldat allemand qui avait servi en France dans le cadre de l’occupation. Il faisait remarquer que lui et ses camarades avaient opéré sous la discipline la plus stricte et qu’ils n’auraient jamais pu imaginer se comporter envers les civils français comme les troupes alliées traitaient alors les Allemands.
Certaines des paroles citées par Freda Utley sont assez étonnantes, mais semblent solidement fondées sur des sources fiables et intégralement confirmées ailleurs. Pendant les trois premières années de paix, la ration alimentaire quotidienne allouée à l’ensemble de la population civile allemande était d’environ 1 550 calories, à peu près la même que celle fournie aux détenus des camps de concentration allemands pendant la guerre, et elle chuta parfois beaucoup plus bas. Pendant le dur hiver 1946-47, toute la population de la Ruhr, centre industriel de l’Allemagne, ne reçut que des rations de famine de 700 à 800 calories par jour, et des niveaux encore plus bas furent parfois atteints.
Influencée par une propagande officielle hostile, l’attitude courante du personnel allié à l’égard des Allemands ordinaires était certainement aussi dure que ce qu’affrontaient les autochtones vivant sous les régimes coloniaux européens. Freda Utley souligne à maintes reprises les parallèles remarquables avec ce qu’elle savait du traitement et de l’attitude des Occidentaux envers les Chinois pendant la majeure partie des années 1930, ou celui que les Britanniques avaient appliqué à leurs sujets coloniaux indiens. Des garçonnets allemands, sans chaussures, démunis et affamés, récupéraient avidement les balles dans les clubs de sport américains pour une maigre pitance. Aujourd’hui, on discute parfois pour savoir si, à la fin du XIXe siècle, les villes américaines contenaient des panneaux indiquant « Pas de service pour les Irlandais », mais Freda Utley a vu avec certitude des panneaux indiquant « Interdit aux chiens et aux Allemands » devant de nombreux établissements fréquentés par le personnel allié.
Sur la foi de mes manuels d’histoire standard, j’avais toujours cru que le comportement des civils différait comme le jour de la nuit entre les troupes allemandes qui occupèrent la France de 1940 à 1944 et les troupes alliées qui occupèrent l’Allemagne à partir de 1945. Après avoir lu les articles détaillés de Freda Utley et d’autres sources contemporaines, je pense que mon opinion était absolument correcte, mais inversée.
Utley croyait que cette situation absolument désastreuse s’expliquait en partie par la politique délibérée du gouvernement américain. Bien que le plan Morgenthau, visant à éliminer la moitié de la population allemande, eût été officiellement abandonné et remplacé par le plan Marshall qui devait favoriser une renaissance allemande, elle constata qu’on observait encore de nombreuses influences du premier. Même en 1948, d’énormes parts de la base industrielle allemande étaient encore démantelées et expédiées vers d’autres pays, tandis que subsistaient des restrictions très strictes sur la production et les exportations allemandes. En effet, le niveau de pauvreté, de misère et d’oppression qu’elle voyait partout semblait presque délibérément destiné à retourner les Allemands ordinaires contre l’Amérique et ses alliés occidentaux et ainsi, ouvrait peut-être la porte aux sympathies communistes. De tels soupçons sont renforcés lorsque nous apprenons que ce système avait été conçu par Harry Dexter White, qui s’avéra plus tard être un agent soviétique.
Elle devient particulièrement cinglante au sujet de la perversion totale de toute notion fondamentale de justice humaine pendant le Tribunal de Nuremberg et divers autres procès liés aux crimes de guerre, un sujet auquel elle consacre deux chapitres complets. Ces procédures judiciaires firent preuve de la pire espèce de double norme, car les juges alliés considéraient explicitement que leurs propres pays n’étaient pas liés par les mêmes conventions juridiques internationales qu’ils prétendaient appliquer aux accusés allemands. Ce qui est encore plus choquant, ce sont certaines des méthodes utilisées. Des juristes et des journalistes américains outrés révélèrent que d’horribles tortures, des menaces, du chantage et d’autres moyens tout à fait illégitimes étaient régulièrement utilisés pour obtenir des aveux ou des dénonciations. Cette situation suggère fortement qu’un très grand nombre de personnes condamnées et pendues étaient entièrement innocentes.
Son livre traite également des expulsions organisées d’Allemands de Silésie, du Sudatenland, de Prusse orientale et de diverses autres parties de l’Europe centrale et orientale où ils avaient vécu pacifiquement pendant des siècles. Le nombre total de ces expulsés est généralement estimé entre 13 et 15 millions. On donnait parfois aux familles dix minutes pour quitter les maisons où elles habitaient depuis un siècle ou plus, puis on les obligeait à marcher, parfois sur des centaines de kilomètres, vers une terre lointaine qu’elles n’avaient jamais vue, avec leurs seules possessions tenant dans leurs mains. Dans certains cas, tous les hommes survivants furent séparés et envoyés dans des camps de travail, et c’est pourquoi l’exode fut composé uniquement de femmes, d’enfants et de personnes très âgées. Selon toutes les estimations, au moins deux millions de personnes périrent en cours de route, à cause de la faim, de la maladie ou des risques divers.
Ces jours-ci, nous lisons de nombreuses et douloureuses discussions sur la fameuse « Piste des larmes » endurée par les Cherokees dans le lointain passé du début du XIXe siècle, mais cet événement du XXe siècle, assez semblable, fut presque mille fois plus grand. Malgré cet énorme écart dans l’ampleur et une distance beaucoup plus grande dans le temps, je crois que le premier événement provoque mille fois plus la sensibilité les Américains ordinaires. Si tel est le cas, cela démontrerait que l’écrasant contrôle des médias peut facilement modifier la réalité perçue d’un facteur d’un million ou plus.
On peut penser que ce déplacement de populations a représenté le plus grand nettoyage ethnique de l’histoire du monde, et si l’Allemagne avait fait quelque chose d’à peu près similaire au cours de ses années de victoires et de conquêtes européennes, les scènes terribles d’un tel flot de réfugiés se traînant avec désespoir seraient sûrement devenues la pièce centrale de nombreux films des soixante-dix dernières années. Mais puisque rien de tel n’est arrivé, les scénaristes d’Hollywood ont perdu une incroyable opportunité.
The High Cost of Vengeance
Freda Utley • 1949 • 125 000 mots
Le sombre tableau que peint Freda Utley est fortement corroboré par de nombreuses autres sources. En 1946, Victor Gollanz, important éditeur socialiste britannique d’origine juive, fit une longue visite en Allemagne, et publia In Darkest Germany [Dans les ténèbres de l’Allemagne, NdT.] l’année suivante et raconta l’horreur ressentie face aux conditions qu’il y découvrit. Ses affirmations sur la malnutrition, la maladie et la misère totale étaient étayées par plus d’une centaine de photographies effrayantes, et l’introduction à l’édition américaine fut rédigée par Robert M. Hutchins, Président de l’Université de Chicago et l’un de nos intellectuels publics les plus réputés de cette époque. Mais son petit volume semble avoir attiré relativement peu d’attention des grands médias américains, bien que son livre Our Threatened Values [Nos Valeurs menacées, NdT], assez similaire, publié l’année précédente et basé sur des sources officielles en ait reçu un peu davantage. Gruesome Harvest [horrible récolte, NdT] de Ralph Franklin Keeling, également publié en 1947, rassemble utilement un grand nombre de déclarations officielles et d’articles de grands médias, qui font généralement exactement le même tableau des premières années de l’occupation alliée en l’Allemagne.
Au cours des années 1970 et 1980, ce sujet pénible fut repris par Alfred M. de Zayas, titulaire d’un diplôme de droit de Harvard et d’un doctorat en histoire, qui mena une longue carrière en tant qu’éminent avocat international des droits de l’homme, affilié de longue date aux Nations Unies. Ses livres tels que Nemesis at Potsdam, A Terrible Revenge, et The Wehrmacht War Crimes Bureau, 1939-1945 particulièrement axés sur le nettoyage ethnique massif des minorités allemandes, et basés sur de grandes quantités d’archives. Ils reçurent de nombreux éloges et avis scientifiques dans de grandes revues universitaires. Ils se vendirent à des centaines de milliers d’exemplaires en Allemagne et dans d’autres régions d’Europe, mais ne semblent pas avoir pénétré la conscience de l’Amérique ou du reste du monde anglophone.
À la fin des années 80, ce débat historique brûlant prit une nouvelle tournure remarquable. Alors qu’en 1986, il s’était rendu en France pour préparer un livre sur un autre sujet, un écrivain canadien nommé James Bacque tomba sur des indices suggérant que l’un des plus terribles secrets de l’Allemagne d’après-guerre était resté complètement caché. Il se lança immédiatement dans des recherches approfondies et publia finalement Other Losses[Autres Pertes, NdT.] en 1989. Se fondant sur des éléments de preuve considérables, comprenant des dossiers du gouvernement, des entrevues personnelles et des témoignages oculaires validés, il expliqua qu’après la fin de la guerre, les Américains avaient affamé jusqu’à un million de prisonniers de guerre allemands. C’était apparemment un acte politique délibéré, un crime de guerre, sûrement parmi les plus considérables de l’histoire.
Les nouvelles preuves extraites par Bacque des archives du Kremlin constituent une partie relativement faible de la suite parue en 1997, Crimes and mercies[Crimes et grâces, NdT], qui est centrée sur une analyse encore plus explosive. Elle est également devenue un best-seller international.
Comme décrit précédemment, des observateurs directs de l’Allemagne de 1947 et 1948 comme Gollanz et Utley, apportèrent des témoignages directs des conditions horribles qu’ils avaient découvertes. Ils affirmèrent que depuis des années, les rations alimentaires officielles prévues pour la population étaient comparables à celle des détenus dans les camps de concentration nazis. Elles étaient même parfois beaucoup plus basses, entraînant la malnutrition et les maladies courantes qu’ils pouvaient observer. Ils notèrent également la destruction de la plupart des logements d’avant-guerre en Allemagne et le terrible surpeuplement produit par l’afflux de millions de réfugiés allemands dénués de tout, expulsés de certaines parties de l’Europe centrale et orientale. Mais ces enquêteurs n’avaient pas accès à des statistiques de population fiables, et ne pouvaient que spéculer sur le nombre énorme de morts humaines que la faim et la maladie avaient déjà infligées et qui continueraient sûrement sans changement urgent de politique.
Bacque cumula des années de recherches sur les archives pour tenter de répondre à cette question, et la conclusion qu’il fournit n’est pas du genre agréable. En effet, tant le gouvernement militaire allié que les autorités civiles allemandes ultérieures semblent avoir concerté leurs efforts pour cacher ou obscurcir l’ampleur réelle de la calamité qui frappa les civils allemands au cours des années 1945-1950. Les statistiques officielles sur la mortalité que l’on trouve dans les rapports gouvernementaux sont tout simplement trop incroyables pour être correctes, bien qu’elles aient fourni la base de l’histoire de cette période. Par exemple, Bacque note que ces chiffres indiquent que le taux de mortalité dans les conditions terribles de 1947, longtemps connue comme l’« Année de la faim » (Hungerjahr) que Gollancz décrit de manière précise, aurait été inférieur à celui de l’Allemagne prospère de la fin des années 1960. En outre, des rapports privés des autorités américaines, les taux de mortalité des localités et d’autres preuves fiables démontrent que ces statistiques, admises depuis longtemps, étaient pour l’essentiel fictives.
À leur place, Bacque tente de fournir des estimations plus réalistes sur la base d’un examen des totaux de population des différents recensements allemands ainsi que l’afflux de réfugiés allemands tel qu’il a pu être enregistré. À partir de ces données simples, il arrive à la conclusion raisonnablement probante que l’excédent de décès allemands au cours de cette période s’éleva à au moins environ 10 millions, avec une marge de plusieurs millions. De plus, il fournit des preuves substantielles que la famine fut délibérément organisée, ou du moins considérablement aggravée par la résistance du gouvernement américain à une aide alimentaire. Peut-être ne devrions pas être totalement surpris par ces conclusions, étant donné que le très officiel plan Morgenthau avait envisagé l’élimination d’environ 20 millions d’Allemands. Or, comme Bacque le démontre, les principaux dirigeants américains acceptèrent discrètement de poursuivre cette politique dans la pratique, même s’ils y avaient renoncé en théorie.
En supposant que ces chiffres soient ne serait-ce qu’à peu près corrects, les implications sont tout à fait remarquables. Dans ce cas, le nombre de victimes de la catastrophe humaine survenue en Allemagne figurerait certainement parmi les plus importants de l’histoire moderne en temps de paix, et dépasse de loin le nombre de morts liés à la famine ukrainienne du début des années 1930. Il s’approcherait même de la mortalité non planifiée consécutive au Grand bond en avant de Mao en 1959-61. Il y a plus : les pertes allemandes dépasseraient largement en pourcentage l’un et l’autre de ces événements terribles, et cela resterait vrai même si les estimations de Bacque étaient sensiblement réduites. Pourtant je doute que même une petite fraction des Américains soient aujourd’hui conscients de cette gigantesque catastrophe. Je présume que les souvenirs sont beaucoup plus prégnants en Allemagne, mais étant donné la répression juridique des opinions discordantes dans ce malheureux pays, je soupçonne que quiconque discute du sujet trop énergiquement court le risque d’être immédiatement emprisonné.
Dans une large mesure, cette ignorance historique a été fortement encouragée par nos gouvernements, souvent par des moyens sournois ou franchement malveillants. Tout comme dans l’ancienne URSS déclinante, une grande partie de la légitimité politique actuelle du gouvernement américain et des divers États-vassaux européens est fondée sur un récit interprétatif particulier de la Seconde Guerre mondiale. Or, la remise en question de ce récit pourrait avoir des conséquences politiques désastreuses. Bacque raconte de façon crédible certains des efforts visiblement déployés pour dissuader tout grand journal ou magazine de publier des articles sur les découvertes bouleversantes de son premier livre, imposant ainsi un « blackout » qui vise à réduire au minimum l’exposition médiatique. De telles mesures semblent avoir été très efficaces, car jusqu’à il y a huit ou neuf ans, je ne suis pas sûr d’avoir jamais entendu un mot de ces thèses scandaleuses. De même, je n’ai certainement jamais vu de telles discussions sérieuses dans les nombreux journaux ou magazines que j’ai lus attentivement au cours des trois dernières décennies.
En évaluant les facteurs politiques qui, semble-t-il, ont provoqué un si grand nombre de morts apparemment délibérés parmi les civils allemands longtemps après la fin des combats, il convient de souligner un point important. Les historiens qui cherchent à démontrer l’incommensurable méchanceté d’Hitler ou son degré de connaissance des divers crimes commis au cours du conflit sont régulièrement forcés de passer au crible des dizaines de milliers de ses paroles ici ou là, puis interprètent ces allusions dispersées comme des déclarations absolument concluantes. Ceux qui, comme le distingué historien David Irving, ne parviennent pas à modeler les mots pour les adapter verront parfois leur carrière détruite.
Mais dès 1940, un juif américain du nom de Theodore Kaufman devint tellement enragé par ce qu’il considérait comme les mauvais traitements d’Hitler envers les Juifs allemands qu’il publia un court livre intitulé Germany Must Perish !, [L’Allemagne doit périr !, NdT], dans lequel il plaide explicitement pour l’extermination totale du peuple allemand. Or ce livre reçut apparemment un accueil favorable, et même tout à fait sérieux dans bon nombre de nos plus prestigieux médias, y compris le New York Times, le Washington Post, et le Time Magazine. Si ce genre de sentiments s’exprimaient librement dans certains milieux avant même l’entrée en guerre, alors peut-être les politiques longtemps cachées que Bacque semble avoir découvertes ne devraient-elles pas nous étonner plus que ça.
La Pravda américaine. Après-guerre française, après-guerre allemande
Ron Unz • The Unz Review • 9 juillet 2018 • 6,600 mots
Question numéro 5 : l’attaque sur Pearl Harbor
Est-ce que l’attaque japonaise sur Pearl Harbor a constitué une surprise, ou bien est-ce que celle-ci a été précédée par de nombreuses provocations de la part des États-Unis, qui auraient contraint le Japon à répondre militairement ?
Ron Unz — Le 7 décembre 1941, les forces militaires japonaises ont lancé une attaque-surprise contre notre Flotte du Pacifique stationnée à Pearl Harbor, coulant nombre de nos plus gros vaisseaux de guerre et tuant plus de 2400 Étasuniens. Le résultat a été l’entrée subite des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, et cette date est restée « marquée du sceau de l’infamie » dans notre histoire nationale.
À l’époque, presque tous les Étasuniens ordinaires considérèrent l’attaque japonaise comme non provoquée et sortie de nulle part, et durant plus de 80 ans, nos livres d’histoire et nos médias ont renforcé cette forte impression. Mais comme je l’ai expliqué en 2019, les faits réels furent totalement différents :
À partir de 1940, la FDR avait fait un grand effort politique pour impliquer directement l’Amérique dans la guerre contre l’Allemagne, mais l’opinion publique y était massivement opposée, avec des sondages montrant que jusqu’à 80 % de la population étaient contre. Tout cela a immédiatement changé une fois les bombes japonaises larguées sur Hawaï, et soudain le pays se trouva en guerre.
Compte tenu de ces faits, on soupçonnait naturellement Roosevelt d’avoir délibérément provoqué l’attaque par ses décisions exécutives de geler les avoirs japonais, d’imposer un embargo sur toutes les livraisons de combustibles essentiels et de repousser les demandes répétées des dirigeants de Tokyo de négocier. Dans le volume de 1953 édité par Barnes, l’historien diplomatique Charles Tansill résumait ses arguments très solides selon lesquels FDR cherchait à utiliser une attaque japonaise comme sa meilleure « porte dérobée pour provoquer la guerre » contre l’Allemagne, argument qu’il avait avancé l’année précédente dans un livre du même nom. Au fil des décennies, les informations contenues dans les journaux intimes et les documents gouvernementaux semblent avoir presque définitivement établi cette interprétation, le secrétaire à la Guerre Henry Stimson indiquant que le plan était de « manœuvrer [le Japon] pour leur faire tirer le premier coup de canon ». Dans ses mémoires ultérieurs, le professeur Oliver s’est appuyé sur les connaissances intimes qu’il avait acquises pendant son rôle dans le renseignement militaire en temps de guerre pour prétendre même que FDR avait délibérément dupé les Japonais en leur faisant croire qu’il avait l’intention de lancer une attaque-surprise contre leurs forces, les persuadant ainsi de frapper en premier en état de légitime défense.
En 1941, les États-Unis avaient brisé tous les codes de chiffrement diplomatiques japonais et lisaient librement leurs communications secrètes. Par conséquent, il existe aussi depuis longtemps la croyance répandue, quoique contestée, que le président était bien au courant de l’attaque japonaise prévue contre notre flotte et qu’il a délibérément omis d’avertir ses commandants locaux, s’assurant ainsi que les lourdes pertes américaines qui en résulteraient entraîneraient une nation vengeresse unie pour la guerre. Tansill et un ancien chercheur en chef de la commission d’enquête du Congrès a fait cette hypothèse dans le même volume de Barnes de 1953, et l’année suivante, un ancien amiral américain a publié The Final Secret of Pearl Harbor, fournissant des arguments similaires plus en détail. Ce livre comprenait également une introduction de l’un des commandants navals américains les mieux classés de la Seconde Guerre mondiale, qui approuvait pleinement la théorie controversée.
En 2000, le journaliste Robert M. Stinnett a publié une foule d’autres preuves à l’appui, fondées sur ses huit années de recherche archivistique, dont il a été question dans un article récent. Stinnett fait remarquer que si Washington avait averti les commandants de Pearl Harbor, leurs préparatifs défensifs auraient été remarqués par les espions japonais locaux et transmis à la force opérationnelle qui approchait ; et avec l’élément de surprise perdu, l’attaque aurait probablement été interrompue, ce qui aurait contrarié tous les plans de guerre soigneusement préparés de FDR. Bien que divers détails puissent être contestés, je trouve les preuves de la connaissance préalable de Roosevelt très convaincantes.
L’an dernier, j’ai encore développé ces arguments :
Cette reconstruction historique est fortement soutenue par de nombreux détails additionnels. Au cours de cette période, le professeur Revilo P. Oliver occupait une position élevée dans les Renseignements Militaires, et en publiant ses mémoires quatre décennies plus tard, il a affirmé que FDR avait volontairement dupé les Japonais pour les amener à attaquer Pearl Harbor. Sachant que le Japon avait brisé les codes diplomatiques du Portugal, FDR avait informé l’ambassadeur de ce pays de ses projets d’attendre jusqu’à ce que les Japonais se soient fortement étendus, puis d’ordonner à la Flotte du Pacifique de lancer une attaque dévastatrice contre leurs îles d’origine. Selon Oliver, les câbles japonais qui suivirent ont révélé que les Japonais s’étaient laissés convaincre que FDR avait pour projet de les attaquer par surprise.
De fait, quelques mois à peine avant Pearl Harbor, Argosy Weekly, l’un des magazines les plus populaires des États-Unis, avait fait paraître une couverture décrivant très exactement une attaque-surprise de ce genre sur Tokyo en représailles à un incident naval, mettant en scène les puissants bombardiers de la Flotte Pacifique infligeant d’importants dégâts à la capitale japonaise restée sans préparation. Je me demande si l’Administration Roosevelt est intervenue pour faire publier ce récit.
Dès le mois de mai 1940, FDR avait ordonné que la Flotte du Pacifique fût déplacée de son port d’attache de San Diego à Pearl Harbor à Hawaï, une décision à laquelle s’était fermement opposé James Richardson, l’amiral de cette flotte, qui jugeait l’option comme trop provocatrice et dangereuse. Il fut démis de ses fonctions pour ce refus. Qui plus est :
Il se produisit également un très étrange incident domestique juste après l’attaque contre Pearl Harbor, un incident qui semble n’avoir fait l’objet que de fort peu d’attention. À cette période, les films étaient le média populaire le plus puissant, et bien que la population fût constituée à 97 % de non-juifs, un seul studio majeur était détenu par des non-juifs ; peut-être était-ce par hasard que Walt Disney était le seul personnage privilégié de Hollywood fermement attaché au camp antiguerre. Et le lendemain de l’attaque-surprise japonaise, des centaines de soldats étasuniens prirent le contrôle des studios de Disney, supposément pour aider à défendre la Californie contre les soldats japonais situés à des milliers de kilomètres de là, et l’occupation militaire se poursuivit au cours des huit mois qui suivirent. Imaginez ce que des esprits soupçonneux auraient pensé si le 12 septembre 2001, le président Bush avait subitement ordonné à son armée d’occuper les bureaux de la chaîne CBS, en affirmant que cela était nécessaire pour protéger la ville de New York de nouvelles attaques islamistes.
L’attaque contre Pearl Harbor se produisit un dimanche, et à moins que FDR et ses principaux conseillers fussent pleinement informés de l’attaque japonaise en approche, ils auraient certainement dû se montrer très préoccupés des conséquences du désastre. Il apparaît comme hautement improbable que l’armée étasunienne fût prête à investir les studios de Disney le lundi au petit matin, juste après une véritable attaque “surprise ».
Question numéro 6 : L’Opération Pike
Est-ce que l’Angleterre et la France prévoyaient d’attaquer la Russie avant l’invasion de ce pays par Hitler ?
Ron Unz — Durant plus de quatre-vingts ans, l’un des points de virage les plus centraux de la Seconde Guerre mondiale a été omis de presque tous les ouvrages historiques occidentaux écrits au sujet de ce conflit, et il s’ensuit que quasiment aucun Étasunien instruit n’en est même conscient.
Il est établi sans l’existence du moindre doute, et documenté, que quelques mois à peine après le début de la guerre, les Alliés occidentaux — la Grande-Bretagne et la France — avaient décidé d’attaquer l’Union soviétique, pays neutre, considérée par elles comme militairement faible et comme fournisseur très important de ressources naturelles pour la machine de guerre de Hitler. Sur la base de leur expérience durant la première guerre mondiale, les dirigeants alliés estimaient que la probabilité d’une percée militaire sur le front occidental était faible, et ils pensaient donc que leur meilleure chance de vaincre l’Allemagne passait par la défection du quasi allié de l’Allemagne qu’était la Russie soviétique.
Mais la réalité était totalement différente. L’URSS était bien plus forte qu’ils ne le percevaient à l’époque, et ce fut elle qui finit par détruire 80 % des formations militaires allemandes, les États-Unis et les autres Alliés ne s’étant illustrés que pour les 20 % restants. Par conséquent, une attaque des Alliés lancée en 1940 contre les Soviétiques aurait fait entrer directement ces derniers en guerre comme alliés de Hitler à part entière, et la combinaison de la puissance industrielle de l’Allemagne et des ressources naturelles de la Russie aurait été quasiment invincible, ce qui aurait presque certainement renversé le résultat de la guerre.
À partir des premiers jours de la Révolution bolchevique, les Alliés s’étaient montrés extrêmement hostiles envers l’Union soviétique, et cette hostilité continua de croître après l’attaque de la Finlande par Staline à la fin de l’année 1939. Cette guerre hivernale ne se déroulait pas selon les plans prévus par Staline, car les Finnois, bien que dépassés en nombre, résistaient très efficacement aux forces soviétiques, si bien que les Alliés ourdirent un plan visant à envoyer plusieurs divisions se battre aux côtés des Finnois. Selon le livre à la pointe Stalin’s War écrit en 2021 par Sean McMeekin, le dictateur soviétique eut vent de cette dangereuse menace militaire, et ses préoccupations au sujet de l’imminence d’une intervention des Alliés le persuadèrent de mettre rapidement fin à la guerre en Finlande à des conditions relativement généreuses pour ce pays.
En dépit de cela, les Alliés ont maintenu leurs projets d’attaquer l’URSS, et sont passés à l’Opération Pike, l’idée étant d’utiliser leurs escadrilles de bombardiers stationnées en Syrie et en Irak pour détruire les champs de pétrole de Bakou dans le Caucase soviétique, tout en essayant de rallier la Turquie et l’Iran à leur attaque prévue contre Staline. À cette date, l’agriculture soviétique s’était fortement mécanisée, et dépendait donc du pétrole, et les stratèges alliés pensaient que détruire les champs de pétrole soviétiques pourrait éliminer une grande partie des approvisionnements en carburant de ce pays, ce qui avait le potentiel de provoquer une famine propre à faire tomber un régime communiste jugé comme détestable.
Mais ces hypothèses posées par les Alliés étaient quasiment toutes totalement fausses. Seule une petite partie du pétrole consommé par l’Allemagne provenait des Soviétiques, si bien que son élimination n’aurait quasiment eu aucun impact sur l’effort de guerre allemand. Comme les événements l’ont ensuite prouvé, l’URSS n’était pas du tout faible militairement, mais extrêmement forte. Les Alliés pensaient que quelques semaines d’attaques menées par quelques dizaines de bombardiers auraient pu totalement dévaster les champs de pétrole, mais par la suite, des attaques aériennes nettement plus importantes n’eurent qu’un impacte limité sur la production pétrolière en d’autres lieux.
Qu’elle se conclût par une réussite ou par un échec, l’attaque planifiée par les Alliés contre l’URSS aurait représenté l’offensive stratégique par bombardement la plus grande de l’histoire mondiale à l’époque, et elle fut planifiée et replanifiée durant les premiers mois de l’année 1940, pour n’être finalement abandonnée qu’après le franchissement par l’armée allemande de la frontière française, la prise en étau puis la défaite des forces terrestres alliées, et la sortie de la France du conflit.
Le sort permit aux Allemands victorieux de s’emparer de tous les documents secrets décrivant l’Opération Pike, et ils menèrent une campagne de propagande majeure en publiant ces documents en versions originales et traduites, si bien que toute personne informée sut bientôt que les Alliés avaient été à deux doigts d’attaquer les Soviétiques. Ce fait manquant contribue à expliquer pourquoi Staline resta tellement méfiant vis-à-vis des efforts diplomatiques menés par Churchill avant le lancement par Hitler de l’attaque Barbarossa l’année qui suivit.
Et pourtant, durant plus de trois générations, l’histoire remarquable de la quasi défaite des Alliés qui aurait résulté d’une attaque contre l’URSS est restée totalement exclue de pratiquement tous les récits proposés en Occident. Par conséquent, lorsque j’ai découvert ces faits dans les mémoires écrits en 1952 par Sisley Huddleston, un journaliste anglo-français, j’ai commencé par supposer qu’il s’était fourvoyé :
L’idée que les Alliés se préparaient à lancer une offensive de bombardement majeure contre l’Union soviétique quelques mois seulement après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale était évidemment absurde, si ridicule qu’aucune allusion à cette rumeur débridée depuis longtemps n’avait jamais été reprise dans les textes historiques standard que j’avais lus sur le conflit européen. Mais le fait que Huddleston se soit accroché à des croyances aussi absurdes, même plusieurs années après la fin de la guerre, a soulevé de grandes questions sur sa crédulité ou même sa santé mentale. Je me demandais si je pouvais lui faire confiance ne serait-ce qu’un seul mot sur autre chose. Cependant, peu de temps après, je suis tombé avec surprise sur un article publié en 2017 dans The National Interest, un périodique éminemment respectable. Le court article portait le titre descriptif « Aux premiers jours de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France avaient l’intention de bombarder la Russie ». Le contenu m’a absolument sidéré, et avec la crédibilité de Huddleston maintenant pleinement établie — et la crédibilité de mes manuels d’histoire standard tout aussi démolie — je me suis inspiré de son récit pour mon long article « La Pravda Américaine : Après-guerre française, après-guerre allemande ».
Si l’ensemble de nos livres d’histoire peuvent exclure un récit totalement documenté et présentant une telle importance, on ne peut de toute évidence pas leur faire confiance pour quoi que ce soit d’autre.
La Pravda américaine : Comment Hitler a sauvé les Alliés
Ron Unz • The Unz Review • 13 mai 2019 • 8,300 mots
Question numéro 7 : l’Holocauste
Quelle est la vérité sur l’Holocauste ? Vous avez, semble-t-il, mené des recherches approfondies sur ce sujet, et peut-être avez-vous une opinion sur ce qui s’est réellement produit. Peut-on affirmer avec certitude le nombre de Juifs qui ont été tués, ou vérifier de quelle manière ils ont été tués ? À votre avis, les faits historiques au sujet de l’Holocauste sont-ils alignés avec le récit qui est soutenu par les puissantes organisations juives, ou bien est-ce qu’il existe des écarts majeurs entre les faits et ce récit ?
Ron Unz — Pour la plupart des Étasuniens et des Occidentaux, l’Holocauste juif figure parmi les événements les plus importants et les plus monumentaux du XXe siècle, et on le considère sans doute aujourd’hui comme l’aspect le plus grand de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il s’est produit.
La seule mention du nombre iconique des Six Millions est immédiatement comprise, et au cours des dernières décennies, de nombreux pays occidentaux ont protégé par la loi le statut de cet événement historique particulier en énonçant des amendes ou des peines de prison à l’encontre de quiconque le remet en question ou le minimise, un équivalent moderne des lois archaïques s’en prenant au blasphème.
Ayant fait mes études au sein du système scolaire et universitaire des États-Unis, et ayant passé ma vie à absorber les informations émises par nos médias et par notre culture populaire, j’ai bien entendu toujours connu l’Holocauste, mais je ne m’étais guère penché sur ses détails. Avec la croissance de l’Internet au cours des vingt dernières années, j’ai pu ci et là croiser la route de personnes qui remettaient ce récit en cause, mais le monde est rempli de toutes sortes de fous dingos et de fêlés, si bien que je n’accordais le plus souvent pas d’attention à leurs arguments.
Puis, il y a huit ou neuf ans, une controverse majeure a fait irruption au sujet du magazine Reason, la publication amirale du mouvement libertarien. Apparemment, au milieu des années 1970, Reason avait activement publié et promu les travaux des principaux négationnistes des États-Unis au sujet de l’Holocauste, une révélation des plus choquantes. Durant les années 1990, j’avais développé quelques liens d’amitié avec les gens de chez Reason et bien qu’ils pussent parfois se montrer dogmatiques sur certains sujets idéologiques, ils apparaissaient dans l’ensemble comme plutôt sensés. Je peinais à comprendre pourquoi ils auraient réfuté la réalité de l’Holocauste, surtout au vu du fait qu’un grand nombre d’entre eux étaient eux-mêmes juifs. Et donc, par la suite, lorsque j’ai eu un peu de temps, j’ai décidé d’enquêter de plus près sur la controverse.
La plupart des articles écrits par des négationnistes de l’Holocauste et publiés par Reason avaient en fait traité d’autres controverses historiques, mais tous ces articles apparaissaient comme extrêmement solides et bien ficelés. J’ai donc décidé de lire les livres écrits par Deborah Lipstadt, l’une des critiques les plus éminentes du négationnisme sur l’Holocauste, qui avait été lourdement citée dans les articles qui attaquaient Reason. Le nom de Lipstadt m’était quelque peu familier, suite à la bataille juridique houleuse qu’elle a menée à la fin des années 1990 contre l’historien britannique David Irving.
À la lecture des livres de Lipstadt, j’ai été très surpris de découvrir qu’alors même que se déroulait la Seconde Guerre mondiale, rares étaient ceux qui, dans les sphères politiques et médiatiques dominantes, avaient cru en la réalité de l’Holocauste qui se déroulait alors, la plupart d’entre eux considérant les récits largement répandus par les activistes juifs et les gouvernements alliés comme de la propagande de guerre purement et simplement malhonnête, à l’instar des récits d’atrocités propagés durant la Première Guerre mondiale faisant état d’Allemands violant des bonnes sœurs belges ou dévorant des enfants belges. Et de fait, un grand nombre des récits sur l’Holocauste au sujet desquels Lipstadt condamne les médias pour leur ignorance étaient totalement ridicules, comme l’histoire des Allemands qui auraient tué plus d’un million de Juifs par des injections individuelles dans le cœur d’un mélange empoisonné. Comme je l’ai écrit :
Lipstadt a intitulé son premier livre Beyond Belief, et je pense que nous pouvons tous convenir que l’événement historique dont elle et tant d’autres dans le monde universitaire et à Hollywood ont fait la pièce maîtresse de leur vie et de leur carrière est certainement l’un des événements les plus remarquables de toute l’histoire de l’humanité. En effet, seule une invasion martienne aurait peut-être été plus digne d’une telle étude historique, mais la célèbre pièce radiophonique d’Orson Welles sur La Guerre des mondes, qui a terrifié tant de millions d’Américains en 1938, s’est révélée être un canular plutôt que la réalité.
Les six millions de juifs morts pendant l’Holocauste constituaient certainement une fraction très importante de toutes les victimes de la guerre sur le théâtre européen, soit 100 fois plus que tous les Britanniques morts pendant le Blitz, et des dizaines de fois plus nombreux que tous les Américains qui y sont tombés au combat. En outre, la monstruosité même du crime contre des civils innocents allait certainement fournir la meilleure justification possible à l’effort de guerre des Alliés. Pourtant, pendant de nombreuses années après la guerre, une sorte d’amnésie très étrange semble s’être emparée de la plupart des principaux protagonistes politiques à cet égard.
Robert Faurisson, un universitaire français qui est devenu un éminent négationniste de l’Holocauste dans les années 1970, a fait une observation extrêmement intéressante concernant les mémoires d’Eisenhower, Churchill et De Gaulle :
« Trois des ouvrages les plus connus sur la Seconde Guerre mondiale sont Crusade in Europe du général Eisenhower (New York : Doubleday[Country Life Press], 1948), The Second World War de Winston Churchill (Londres : Cassell, 6 vol., 1948-1954) et les Mémoires de guerre du général de Gaulle (Paris : Plon, 3 vol., 1954-1959). Dans ces trois ouvrages, on ne trouve pas la moindre mention de chambres à gaz nazies. »
Le Crusade in Europe d’Eisenhower est un livre de 559 pages ; les six volumes de The Second World War de Churchill totalisent 4 448 pages ; et les Mémoires de guerre en trois volumes de De Gaulle comptent 2 054 pages. Dans cette masse d’écrits, qui totalise au total 7 061 pages (sans compter les parties introductives), publiés entre 1948 et 1959, on ne trouvera aucune mention de « chambres à gaz » nazies, d’un « génocide » des juifs, ni des « six millions » de victimes juives de la guerre. »
Étant donné que l’Holocauste devrait raisonnablement être considéré comme l’épisode le plus remarquable de la Seconde Guerre mondiale, de telles omissions frappantes doivent presque nous forcer à placer Eisenhower, Churchill et De Gaulle dans les rangs des « négationnistes implicites de l’Holocauste ».
Les livres écrits par Lipstadt et par d’autres éminents historiens sur l’Holocauste comme Lucy Dawidowicz avaient fermement condamné une longue liste d’historiens et autres universitaires étasuniens de premier plan comme des négationnistes implicites ou explicites de l’Holocauste, affirmant qu’ils continuaient à ignorer ou à remettre en question la réalité de l’Holocauste, même des années après la fin de la guerre.
Plus remarquable encore était le fait que des groupes de Juifs influents, comme l’Anti-Defamation League, ne semblaient pas enclins à remettre en question ou à critiquer le négationnisme le plus explicite au sujet de l’Holocauste durant les années ayant immédiatement suivi la Seconde Guerre mondiale. Au fil de mes recherches, j’en ai découvert un exemple particulièrement frappant :
Il y a quelques années, je suis tombé sur un livre qui m’était totalement inconnu, datant de 1951 et intitulé Iron Curtain Over America de John Beaty, un professeur d’université très respecté. Beaty avait passé ses années de guerre dans le renseignement militaire, étant chargé de préparer les rapports de briefing quotidiens distribués à tous les hauts responsables américains résumant les informations de renseignement acquises au cours des 24 heures précédentes, ce qui était évidemment un poste à responsabilité considérable.
En tant qu’anticommuniste zélé, il considérait une grande partie de la population juive américaine comme profondément impliquée dans des activités subversives, constituant ainsi une menace sérieuse pour les libertés traditionnelles américaines. En particulier, la mainmise juive croissante sur l’édition et les médias rendait de plus en plus difficile pour les points de vue discordants d’atteindre le peuple américain, ce régime de censure constituant le « rideau de fer » décrit dans son titre. Il accusait les intérêts juifs de pousser à une guerre totalement inutile contre l’Allemagne hitlérienne qui cherchait depuis longtemps de bonnes relations avec l’Amérique, mais qui avait subi une destruction totale en raison de sa forte opposition à la menace communiste qui était soutenue par les Juifs d’Europe.
Beaty dénonçait aussi vivement le soutien américain au nouvel État d’Israël, qui nous coûtait potentiellement la bonne volonté de millions de musulmans et d’Arabes. Et en passant, il a également critiqué les Israéliens pour avoir continué à prétendre qu’Hitler avait tué six millions de juifs, une accusation hautement invraisemblable qui n’avait aucun fondement apparent dans la réalité et semblait n’être qu’une fraude concoctée par les juifs et les communistes, visant à empoisonner nos relations avec l’Allemagne de l’après-guerre et à soutirer au peuple allemand qui souffrait depuis déjà longtemps de l’argent pour l’État juif.
Il dénonçait aussi le procès de Nuremberg, qu’il décrivait comme une « tache indélébile majeure » sur l’Amérique et une « parodie de justice ». Selon lui, la procédure était dominée par des Juifs allemands vengeurs, dont beaucoup se livraient à la falsification de témoignages ou avaient même des antécédents criminels. En conséquence, ce « fiasco fétide » n’a fait qu’enseigner aux Allemands que « notre gouvernement n’avait aucun sens de la justice ». Le sénateur Robert Taft, le chef républicain de l’immédiat après-guerre, avait une position très similaire, ce qui lui a valu plus tard l’éloge de John F. Kennedy dans Profiles in Courage. Le fait que le procureur en chef soviétique de Nuremberg ait joué le même rôle lors des fameux procès staliniens de la fin des années 1930, au cours desquels de nombreux anciens bolcheviks ont avoué toutes sortes de choses absurdes et ridicules, n’a guère renforcé la crédibilité des procédures aux yeux de nombreux observateurs extérieurs.
À l’époque comme aujourd’hui, un livre prenant des positions aussi controversées avait peu de chance de trouver un éditeur new-yorkais, mais il fut quand même publié par une petite entreprise de Dallas, puis remporta un énorme succès, étant réimprimé dix-sept fois au cours des années suivantes. Selon Scott McConnell, le rédacteur en chef fondateur de The American Conservative, le livre de Beaty est devenu le deuxième texte conservateur le plus populaire des années 1950, ne se classant qu’après le classique emblématique de Russell Kirk, The Conservative Mind.
De plus, bien que des groupes juifs, dont l’ADL, aient sévèrement condamné le livre, en particulier dans leur lobbying privé, ces efforts ont provoqué une réaction opposée, et de nombreux généraux américains de haut rang, en service ou à la retraite, ont soutenu de tout cœur le travail de Beaty, dénonçant les efforts de l’ADL en matière de censure et exhortant tous les Américains à lire le livre. Bien que la négation de l’Holocauste assez explicite de Beaty puisse choquer les sensibilités modernes, il semble à l’époque n’avoir causé qu’une vaguelette d’inquiétude et a été presque totalement oublié, même par les vitupérant critiques juifs de l’œuvre.
L’énorme best-seller national de Beaty a attiré une attention énorme ainsi qu’une critique massive de la part des Juifs et des libéraux, mais s’ils l’attaquèrent avec énergie sur tous les autres sujets, aucun d’entre eux n’a remis en cause sa négation de l’Holocauste, décrite par lui comme un bobard de propagande notoirement répandu durant la guerre, et auquel presque personne ne croyait plus. Qui plus est, une longue liste de nos hauts dirigeants militaires de la Seconde Guerre mondiale soutint fermement le livre de Beaty qui avançait ce point.
Notre compréhension moderne de l’Holocauste peut presque entièrement être ramenée à un ouvrage fondateur publié en 1961 par l’historien Raul Hilberg. Il était enfant lorsque sa famille de réfugiés juifs arriva aux États-Unis au début de la guerre, et s’offensa de ce que l’ensemble des médias étasuniens ignorassent l’extermination des Juifs d’Europe comme l’affirmaient les activistes juifs. Des années plus tard, alors qu’il faisait ses études universitaires, il s’offensa de nouveau de ce que son professeur d’histoire — un compatriote juif allemand — ne semblât pas accepter la réalité de l’Holocauste, si bien que Hilberg décida de faire de ce sujet le sujet central de son doctorat.
Chose ironique, les universitaires juifs de premier plan l’exhortèrent à éviter ce sujet, de crainte de le voir ruiner sa carrière universitaire, et durant des années, les maisons d’édition majeures refusèrent son livre. Mais une fois qu’il parvint à le faire imprimer, le livre gagna une popularité colossale parmi les activistes juifs, et durant les dix ou vingt années qui suivirent, un nouveau genre littéraire totalement nouveau se fit jour, comprenant de nombreux mémoires de l’Holocauste, bien que certains des plus connus d’entre eux s’avérèrent frauduleux. Hollywood, où l’on trouve de très nombreux Juifs, se mit bientôt à produire un flot sans fin de films et de programmes télévisés sur le thème de l’Holocauste, ce qui finit par consacrer l’Holocauste comme événement central du XXe siècle. Et lorsque les historiens et les autres chercheurs se mirent à remettre en cause ces affirmations, des groupes énergiques de Juifs activistes ont réussi à faire adopter des lois en Europe et dans d’autres pays pour rendre illégal ces « dénis de l’Holocauste », tout en purgeant voire en attaquant physiquement ces dissidents.
Malgré cette répression considérable, un grand corps de littérature universitaire a été produit au cours des décennies, levant d’énormes doutes sur le récit officiellement établi de l’Holocauste, qui semble en grande partie avoir été créé par Hollywood. De fait, la première analyse complète de ce genre, réalisée par un professeur de génie électrique, semble-t-il, apolitique du nom d’Arthur R. Butz, fut publiée il y a presque un demi-siècle, ce qui souleva probablement l’intérêt du magazine Reason la même année, et bien qu’Amazon l’ait banni il y a quelques années, l’ouvrage de Butz reste un très bon résumé de l’ensemble de l’affaire.
Le bobard du XXe siècle
La thèse opposée à l’extermination présumée de la communauté juive européenne
Arthur R. Butz • 1976/2015 • 225 000 mots
Après l’avoir lu, ainsi qu’une dizaine d’autres ouvrages positionnés des deux côtés de ce sujet contentieux, j’ai fermé mon long article avec le verdict qui suit :
Toute conclusion que j’ai pu tirer est bien entendu uniquement préliminaire, et le poids que quiconque doit attacher à celles-ci doit absolument prendre en compte le fait que je ne suis qu’un amateur sur ce sujet. Mais en tant qu’observateur explorant depuis l’extérieur ce sujet contentieux, je pense que les probabilités penchent très nettement pour que le narratif sur l’Holocauste soit au moins largement faux, et possiblement complètement faux.
Malgré cette situation, l’importance accordée par les médias au soutien de l’Holocauste au cours des dernières décennies l’a élevé à une position centrale dans la culture occidentale. Je ne serais pas surpris qu’elle occupe en fait une plus grande place dans l’esprit de la plupart des gens ordinaires que la Seconde Guerre mondiale elle-même, et posséderait donc une plus grande réalité apparente.
Cependant, certaines formes de croyances communes peuvent avoir une grande largeur, mais une faible profondeur, et les hypothèses occasionnelles de personnes qui n’ont jamais enquêté sur un sujet donné peuvent changer rapidement. De plus, la force sur la conscience collective de doctrines qui ont longtemps été maintenues en place par des sanctions sociales et économiques sévères, souvent couplées à des sanctions criminelles, peut être beaucoup plus faible que tout le monde ne le pense.
Jusqu’à il y a trente ans, la domination communiste sur l’URSS et ses alliés du Pacte de Varsovie semblait absolument permanente et inébranlable, mais les racines de cette croyance avaient totalement pourri, ne laissant derrière elles qu’une façade creuse. Puis un jour, une rafale de vent est arrivée, et toute la gigantesque structure s’est effondrée. Je ne serais pas surpris que notre récit actuel sur l’Holocauste finisse par subir le même sort, avec peut-être des conséquences malheureuses pour ceux qui sont trop étroitement liés à son maintien.
La Pravda américaine. Le déni de l’Holocauste
Ron Unz • The Unz Review • 27 août 2018 • 17,600 mots
La Pravda américaine. Les secrets du renseignement militaire
Ron Unz • The Unz Review • 10 juin 2019 • 12,500 mots
Question numéro 8 : notre compréhension de la guerre
En page 202, vous affirmez ce qui suit, qui souligne l’importance critique de la précision historique :
« Il faut également reconnaître que nombre des idées fondamentales qui dominent notre monde en ce moment ont été fondées sur une compréhension particulière de l’histoire de la guerre, et que s’il apparaît raisonnable de penser que ce narratif est substantiellement faux, peut-être que l’on devrait commencer à remettre en question le cadre de pensée qui est érigé au-dessus. »
Cette affirmation appelle à la réflexion et me fait m’interroger sur l’idée que les 80 dernières années d’interventions sanglantes par les États-Unis pourraient toutes être attribuées à notre « compréhension particulière » de la Seconde Guerre mondiale. Il me semble que nos dirigeants ont utilisé ce mythe idéalisé de la « “bonne guerre” au cours de laquelle le peuple étasunien “exceptionnel” aurait combattu le mal du fascisme », dans le but de promouvoir leur agenda guerrier et de justifier leur poursuite sans répit de l’hégémonie mondiale.
À votre avis, quel est le plus grand danger dans l’érection d’un « cadre de pensées » sur une fausse compréhension de l’histoire ?
Ron Unz — L’image construite par Hollywood de notre grand triomphe mondial dans la guerre héroïque contre Hitler et l’Allemagne nazie a inspiré pour héritage une arrogance étasunienne colossale, qui nous amène désormais à une énorme et imprudente confrontation contre la Russie sur le sujet de l’Ukraine et contre la Chine sur le sujet de Taïwan ; il s’agit du type d’hubris politique qui débouche souvent sur la Némésis, peut-être même une Némésis d’une forme extrême au vu des arsenaux nucléaires dont disposent ces États rivaux. Comme je l’ai écrit après l’éclatement de la guerre en Ukraine :
Durant des années, Stephen Cohen, l’éminent universitaire spécialisé sur la Russie, a classé Vladimir Poutine, président de la République de Russie comme le dirigeant mondial le plus important du début du XXIe siècle. Il a fait l’éloge de la réussite colossale remportée par cet homme à revitaliser son pays après le chaos et la misère des années Eltsine et a souligné son désir d’établir des relations amicales avec les États-Unis, mais aussi ses craintes de plus en plus marquées d’être en train d’entrer dans une nouvelle Guerre Froide, plus dangereuse encore que la précédente.
En 2017 déjà, le feu professeur Cohen affirmait qu’aucun dirigeant étranger n’avait été autant diabolisé dans l’histoire étasunienne récente que Poutine, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a deux semaines, a fait monter exponentiellement l’intensité de ces dénonciations médiatiques, atteignant quasiment l’hystérie qu’avait connu notre pays il y a vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Larry Romanoff a collecté un inventaire d’exemples qui s’avère plutôt utile.
Jusqu’il y a peu, cette diabolisation extrême de Poutine restait en grande partie aux Démocrates et aux centristes, dont l’étrange narratif sur le Russiagate avait accusé l’homme d’avoir installé Donald Trump à la Maison-Blanche. Mais la réaction est désormais devenue totalement bipartisane, avec Sean Hannity, soutien enthousiaste de Trump, qui a utilisé récemment son émission en prime time sur FoxNews pour appeler à la mort de Poutine, un appel bientôt rallié par le sénateur Lindsey Graham, le Républicain qui dirige le Comité Judiciaire du Sénat. Il s’agit de menaces stupéfiantes contre un homme dont l’arsenal nucléaire pourrait rapidement annihiler la plus grande partie de la population des États-Unis, et le rhétorique semble sans précédent dans notre histoire d’après guerre. Même au cours des jours les plus sombres de la Guerre Froide, je ne me souviens pas avoir vu diriger des sentiments publics de cette nature contre l’URSS ou contre ses hauts dirigeants communistes.
À de nombreux égards, la réaction occidentale après l’attaque lancée par la Russie a été plus proche d’une déclaration de guerre que d’un simple retour à la confrontation de la Guerre Froide. Les importantes réserves étrangères de devises appartenant à la Russie ont été saisies et gelées, ses compagnies aériennes civiles ont été bannies du ciel en Occident, et ses principales banques ont été débranchées du réseau financier mondial. De riches citoyens privés russes ont vu leurs propriétés confisquées, l’équipe nationale de football a été interdite de Coupe du monde, et le Russe qui était depuis longtemps chef d’orchestre du Philharmonique de Munich a été licencié parce qu’il refusait de condamner son propre pays…
De fait, le parallèle qui nous vient à l’esprit est celui de l’hostilité étasunienne dirigée contre Adolf Hitler et l’Allemagne nazie après l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, comme l’indiquent les comparaisons que l’on trouve un peu partout entre l’invasion par Poutine de l’Ukraine et l’attaque de Hitler de 1939 contre la Pologne. Une simple recherche Google sur « Poutine et Hitler » renvoie des dizaines de millions de pages web, dont les premiers résultats exposent le titre d’un article du Washington Post ou les Tweets de la star de musique pop Stevie Nicks. En 2014 déjà, Andrew Anglin, du Daily Stormer avait documenté l’émergence du mème « Poutine est le nouvel Hitler. »
Je me suis employé à discuter les implications extrêmement dangereuses de l’hystérie de notre politique anti-russe.
American Pravda: Putin as Hitler ?
Ron Unz • The Unz Review • 7 mars 2022 • 7,900 mots
La Pravda américaine : troisième et deuxième guerres mondiales ?
Ron Unz • The Unz Review • 24 octobre 2022 • 4,700 mots
Assassinating Vladimir Putin?
Ron Unz • The Unz Review • 15 mai 2023 • 3,700 mots
Et comme je l’ai écrit en 2019, mon évaluation de la véritable histoire est considérablement différente :
À la suite des attaques du 11 septembre 2001, les néoconservateurs juifs ont précipité l’Amérique vers la guerre désastreuse en Irak et la destruction du Moyen-Orient qui en a résulté, avec les têtes parlantes de nos téléviseurs affirmant sans cesse que « Saddam Hussein est un autre Hitler ». Depuis lors, nous avons régulièrement entendu le même slogan répété dans diverses versions modifiées, en nous faisant dire que « Mouammar Kadhafi est un autre Hitler » ou « Mahmoud Ahmadinejad est un autre Hitler » ou « Vladimir Poutine est un autre Hitler » ou même « Hugo Chavez est un autre Hitler ». Depuis quelques années, nos médias américains ne cessent d’affirmer que « Donald Trump est un autre Hitler ».
Au début des années 2000, j’ai évidemment reconnu que le dirigeant irakien était un tyran sévère, mais je me suis moqué de la propagande absurde des médias, sachant parfaitement que Saddam Hussein n’était pas Adolf Hitler. Mais avec la croissance constante d’Internet et la disponibilité des millions de pages de périodiques fournis par mon projet de numérisation, j’ai été très surpris de découvrir progressivement qu’Adolf Hitler n’était pas Adolf Hitler.
Il n’est peut-être pas tout à fait exact de prétendre que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale était que Franklin Roosevelt avait cherché à échapper à ses difficultés intérieures en orchestrant une grande guerre européenne contre l’Allemagne nazie prospère et pacifique d’Adolf Hitler. Mais je pense que cette image est probablement un peu plus proche de la réalité historique réelle que l’image inversée que l’on trouve le plus souvent dans nos manuels scolaires.
D’autres falsifications au sujet de la Seconde Guerre mondiale
Hitler, Churchill, l’Holocauste, et la guerre en Ukraine
Traduit par Jose Marti, relu par Wayan, pour le Saker Francophone.
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