20/05/2021 (2021-05-20)
[Source : Strategika]
Par Pierre-Antoine Plaquevent – mai 2021
On ne peut comprendre l’actuelle montée aux extrêmes en Terre sainte sans interroger la nature profonde du projet théopolitique qui sous-tend la branche religieuse du sionisme. Dans ce projet (qui ne fait pas l’unanimité chez les Israéliens eux-mêmes), la reconstruction du Temple de Jérusalem et la reprise de sacrifices à Yahvé en son sein occupent une place centrale. Temple qui doit être reconstruit précisément là où se trouve la mosquée al Aqsa d’où est partie la tragédie actuelle.
Le premier dossier paru sur Strategika intitulé « Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions » exposait différentes manipulations politiques du sacré au cours de l’histoire récente. Parmi celles-ci , je développais la place qu’occupe le Temple dans l’imaginaire et l’agenda du sionisme religieux mais aussi le rôle que devra y jouer le Messie attendu par le judaïsme dans la reprise des sacrifices sanglants au sein du Temple, cela de l’avis même des dirigeants de l’Institut du Temple de Jérusalem.
Dans ce texte co-écrit avec l’historien des religions Youssef Hindi, nous abordions aussi le rôle joué par cette mystique de la reconstruction du Temple de Jérusalem au sein des courants de la droite évangéliste pro-israélienne. Un soutien toujours plus important pour Israël à mesure que la diaspora juive américaine prend elle ses distances avec le projet messianique du sionisme religieux [1].
La flambée de violence qui embrase actuellement la Terre sainte ne peut se comprendre sans appréhender l’explosive poussée messianique qui aiguillonne le sionisme religieux depuis son origine. Une fièvre millénariste qui peut conduire le monde contemporain vers une crise globale sous la pression d’un acteur géopolitique de plus en plus irrationnel et pressé d’accomplir son projet métapolitique et théopolitique.
Afin d’éclairer la séquence en cours, nous publions ici une partie de notre étude dont la totalité est disponible ici : https://strategika.fr/2020/02/10/notre-dame-al-aqsa-et-le-troisieme-temple-la-geopolitique-des-religions/
L’incendie de la mosquée al Aqsa et le troisième Temple de Jérusalem
(…) La mosquée al Aqsa se trouve précisément là où les sionistes religieux veulent « reconstruire » le Temple. Et ils ne cachent pas leur volonté de détruire la Mosquée[2]. L’Institut du Temple[3] a été créé en 1987 par le rabbin Yisrael Ariel, en vue de ce projet de construction du Troisième Temple.
Tous les objets liturgiques du futur temple sont prêts[4]. En novembre 2016, le rabbin Hillel Weiss, porte-parole du Sanhédrin, interpelant Vladimir Poutine et Donald Trump, déclarait :
« Nous sommes prêts à reconstruire le Temple. Les conditions politiques actuelles, dans lesquelles les deux dirigeants nationaux les plus importants dans le monde soutiennent le droit juif à Jérusalem comme leur héritage spirituel, sont historiquement sans précédent. »[5]
La pression exercée sur le site de la Mosquée d’al-Aqsa est constante. Ainsi le 09 mai 2019, des dizaines de colons, escortés par la police israélienne, faisaient irruption sur le site de la mosquée al-Aqsa : « Firas al-Dis, responsable de la communication au sein de l’autorité des Wakfs islamiques de Jérusalem, a déclaré que ‘‘137 extrémistes ont envahi la mosquée al-Aqsa aujourd’hui’’ ». [6]
Début juin 2019, environ 1200 militants sionistes religieux s’introduisaient sur l’esplanade des Mosquées durant la fin du ramadan, une période où il leur est théoriquement interdit de visiter l’esplanade. Une intrusion qui a eu lieu avec l’aval de la police israélienne à l’occasion des festivités du « Jour de Jérusalem », une journée qui commémore la prise de la vieille ville de Jérusalem, alors sous contrôle jordanien, lors de la guerre des Six Jours en 1967.[7]
S’en suivront des heurts violents entre les fidèles musulmans qui défendaient leurs lieux saints et les militants sionistes venus faire le coup de poing pour commémorer le jour où selon eux le destin messianique d’Israël a été freiné. Les sionistes religieux n’ont effectivement jamais admis le statu quo imposé en 1967 par Moshe Dayan lors de la guerre des Six Jours. À cette époque, le général puis ministre de la défense, Moshe Dayan se serait exclamé face à l’idée de s’emparer de force de l’esplanade des Mosquées : « Pourquoi aurions-nous besoin d’un tel Vatican ? ».[8]
Moshe Dayan se ravisera et enverra ses parachutistes s’emparer de l’esplanade des Mosquées mais il placera ensuite lui-même l’administration de ce site très sensible sous la responsabilité du Wakf, l’administration des biens musulmans, et évitera les provocations et vexations supplémentaires de son aile droite. Allant jusqu’à déclarer à la radio israélienne :
« Nous ne sommes pas venus conquérir les lieux saints des autres, ni pour restreindre leurs droits religieux, mais pour assurer l’intégrité de la ville et y vivre avec d’autres dans la fraternité. ».[9]
L’esplanade des Mosquées constitue le troisième lieu saint de l’islam, après La Mecque (où se trouve Masjid al-haram, la mosquée sacrée) et Médine (où est située Masjid al-Nabawi, la mosquée du Prophète). S’y trouvent le dôme du Rocher et la mosquée al Aqsa, la plus grande de Jérusalem. Pour les musulmans, le Prophète Muhammad, accompagné de l’Ange Gabriel, s’éleva sur le dos d’une monture appelée « Bouraq » depuis La Mecque jusqu’à la Mosquée al Aqsa, et de là il traversera les sept cieux avant de recevoir de Dieu l’ordre pour les musulmans de prier cinq fois par jour.
Les juifs quant à eux appellent l’esplanade des Mosquées le mont du Temple. Il constitue pour la religion juive le lieu le plus sacré du judaïsme. Sur le mont du Temple se trouvait durant l’Antiquité le Temple de Jérusalem qui fut détruit en 70 après Jésus-Christ par les légions romaines de Titus lors de la première guerre judéo-romaine où l’Empire écrasa la révolte des juifs de la province de Judée. Pour les sionistes religieux (toujours plus influents en Israël mais contestés par une partie de la population secularisée), la reconquête intégrale du mont du Temple et à terme la reconstruction du troisième Temple constituent des objectifs stratégiques centraux de leur vision du monde et de leur idéologie messianique. Pour eux, Israël ne sera réellement Israël que lorsque les juifs pourront à nouveau se rendre au Temple pour y exercer les sacrifices rituels décrit dans l’Ancien Testament.
La montée du sionisme religieux de 1967 à nos jours
Le reporter franco-israélien Charles Enderlin a longuement étudié l’impact du sionisme religieux sur la société israélienne ; il explique de quelle manière la reconquête du mont du Temple obsède et galvanise l’aile la plus religieuse du sionisme politique et militaire. Il montre aussi comment le messianisme religieux a fini par prendre le pas sur le sionisme laïc (qu’il défend) et a fait pression dès 1967 pour reprendre le mont du Temple aux musulmans. Cela notamment au travers de rabbins ultras et militants tel Shlomo Goren, général et aumônier-rabbin militaire de Tsahal. Il décrit ainsi l’exaltation qui s’est emparée du rabbin suite à la prise du mont du Temple par les parachutistes de Tsahal en 1967 :
« Je n’ai pas dormi pendant trois nuits et le trajet du musée Rockfeller, je l’ai parcouru en courant avec mes dernières forces sous les tirs et les bombardements. Dès la porte des Lions, j’ai commencé à sonner le Shofar (la corne de Bélier) en priant à voix haute ainsi que la Halakha l’exige en temps de guerre. Arrivé au centre du mont du Temple, j’ai sonné à nouveau le shofar et lu la proclamation que j’avais préparée quelques jours plus tôt, déclarant tous les lieux saints en Israël ouvert à toutes les religions du monde. Je suis ensuite descendu devant le Mur occidental devant lequel se trouvaient de nombreux parachutistes … À midi vingt, j’ai dit la prière du Minkhah. J’ai envoyé une jeep chercher le rabbin Zvi Yehouda Kook. Ils sont arrivés au Mur occidental en passant par le montant. » [10]
Plus connu sous le nom de « Mur des lamentations », le « Mur occidental » désigne pour le judaïsme le mur occidental du Temple d’Hérode. Shlomo Goren qui affirme dans ses mémoires avoir déclaré que « tous les lieux saints d’Israël seraient ouverts à toutes les religions du monde », aurait dans le même temps fomenté la destruction pure et simple du troisième lieu saint de l’islam en 1967.
Charles Enderlin rapporte ce dialogue entre Goren et le général Uzi Narkiss :
« Goren n’évoque pas la discussion qu’il a eu avec Uzi Narkiss. Ce dernier en révélera le contenu, des années plus tard, à un journaliste du quotidien Haaretz. Goren voulait tout simplement faire place nette :
Goren : « Uzi ! C’est maintenant ! Fait mettre cent kilos d’explosif dans la mosquée d’Omar et on en sera débarrassé une fois pour toutes !
Narkiss: « Rabbin ! Suffit ! »
Goren: « Uzi ! Ton nom entrera dans l’histoire ! »
Narkiss : « Mon nom est déjà inscrit dans l’histoire de Jérusalem ! »
Goren : « Tu ne réalises pas quelle portée cela aurait ! C’est l’occasion qu’il faut saisir maintenant à cet instant ! Demain il sera trop tard ! »
Narkiss : « Rabbin ! Si tu n’arrêtes pas je te ferai mettre au cachot ! » [11]
Charles Enderlin cite dans son enquête les propos d’autres religieux juifs partisans de la destruction des mosquées comme par exemple le rabbin Gershon Salomon, le président des Fidèles du Temple, qui explique sans détours :
« La mission de cette génération est de libérer le Mont sacré, d’en finir avec la domination qui s’y trouve. Plus de dôme ! Plus de mosquée mais l’emblème d’Israël et le Temple ! Assez des rêves d’un Temple qui descendrait du ciel ! » [12]
Cette pression permanente qu’exerce le lobby messianique en Israël est certes dangereuse pour les populations de la région, mais elle concerne en fait le monde entier si l’on prend en compte l’implication américaine dans la région. Surtout, les proximités de vues qui existent entre certaines tendances extrêmes du protestantisme politique américain comme le courant des « sionistes chrétiens » sont de nature à inquiéter quant au maintien des équilibres géopolitiques instables du Proche-Orient. (…) Lire ici l’intégralité de l’E-book Strategika : Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions
L’Évangélisme sioniste et la fin de l’Histoire
Comme nous l’avons écrit précédemment, l’origine du sionisme chrétien remonte au courant dit du « restaurationnisme », dans l’Angleterre du XVIIe siècle. À la même époque, en France, le huguenot Isaac de Lapeyrère écrivit son Du rappel des Juifs[21], ouvrage dans lequel il explique comment la conversion des juifs au christianisme se ferait concomitamment avec leur retour en Terre promise.
Aux États-Unis ce courant existe depuis le XIXe siècle et trouve un écho particulier du fait des idées d’élection et du concept de destinée manifeste[22] qui nourrissent chez certaines élites américaines le sentiment que les États-Unis auraient une mission spécifique dans l’histoire : le rôle messianique d’instaurer une paix universelle pour le monde entier. Ce courant chrétien-sioniste prendra réellement son essor après la Seconde Guerre mondiale avec l’instauration d’un proto-État israélien en Palestine, événement perçu comme un signe annonciateur du retour prochain du Christ par le courant évangéliste sioniste.
De fait, on retrouve une convergence frappante entre l’idéologie du sionisme religieux contemporain américain et les vues des chrétiens sionistes que l’on devrait appeler de manière plus exacte des « évangélistes sionistes ». Les évangélistes sionistes interprètent de manière littérale la Bible, ce sont en fait des millénaristes. Ils pensent que le Christ reviendra sur terre instaurer un royaume de justice universelle pour une période de mille ans une fois que les juifs seront tous rassemblés en Terre sainte et qu’une partie d’entre eux se sera convertie afin d’affronter l’Antéchrist.
Pour l’évangélisme sioniste l’histoire humaine est divisée en périodes qui correspondent aux différentes Alliances avec Dieu. Ces périodes appelées « dispensations » donnent son nom au courant du « dispensationnalisme » :
« Les dispensationnalistes[23] pensent qu’ils vivent la dernière dispensation, celle qui précédera le retour du Christ. Plus précisément, ils pensent que les vrais chrétiens doivent se préparer à l’Extase (Rapture en anglais), c’est-à-dire à être enlevés (de leur vivant ! NDA) de la sphère humaine pour rejoindre le royaume de Dieu. De là, ils seront en sécurité pendant les Tribulations, sept années de désastres et de guerres. Quant aux Juifs, ils retourneront en Israël avant l’Extase, où ils reconstruiront leur État ainsi que le Temple. Ayant refusé de reconnaître le Christ et d’être sauvés pendant l’Extase (à l’exception de 144 000 d’entre eux), ils se soumettront à l’Antéchrist, et seul un tiers d’entre eux survivra aux Tribulations, qui se termineront lors de la bataille de Megiddo (dans le nord d’Israël) ou Armageddon. Le Christ reviendra alors pour vaincre Satan, et instaurera un règne de mille ans. Les Juifs qui auront survécu reconnaîtront le Christ comme leur Sauveur, et répandront sa parole à travers le monde. À la fin des mille ans, Satan parviendra à se rebeller et sera cette fois vaincu définitivement. Des changements cosmiques auront alors lieu, les morts se lèveront et seront jugés, et le Royaume de Dieu sera établi pour l’éternité. »[24]
Cette interprétation littérale, naïve et finalement assez grossière des événements décrits dans l’Apocalypse de Jean a par ailleurs été condamné par des représentants du christianisme oriental qui ont publié en août 2006 un texte désignant le sionisme chrétien comme : « (…) une doctrine fausse, contraire à l’esprit du christianisme. La déclaration est signée par Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, Mgr Swerios Malki Mourad de l’Église syriaque orthodoxe, Mgr Riah Abu El-Assal, évêque anglican de Jérusalem, et Mgr Munib Younan, évêque luthérien de Jérusalem. » [25]
Cette lecture matérialiste et hétérodoxe de l’Évangile est désormais très répandue dans la culture populaire aux États-Unis :
« Surprenant ! Des millions d’Américains attendent aujourd’hui d’être « enlevés » (rapture) par Jésus-Christ lorsque celui-ci reviendra sur terre pour établir son Royaume terrestre. Cette croyance est propagée par de nombreux livres à succès, des romans mais aussi des ouvrages « hétéroclites » c’est-à-dire qui mêlent la fiction et l’exégèse. Citons Hal Lindsey et son best seller « The Late Planet Earth ». Avant d’être enlevés et d’échapper ainsi aux calamités qui vont s’abattre sur la terre (guerre atomique, règne de l’Antéchrist), ces chrétiens encouragent vivement le retour des juifs en Palestine, car c’est seulement par la restauration pleine et entière du Royaume d’Israël que les juifs pourront se convertir et reconnaître enfin Jésus comme messie. (…) À l’heure du Seigneur, les vivants sont « ravis » par Jésus qui les soustrait au monde et les transforme en leur octroyant un corps de lumière. Les élus, non seulement ne vont pas subir les épreuves de la tribulation, mais seront « changés » sans avoir à connaître la mort et la résurrection. À l’heure du Seigneur, il y aura des vivants qui ne mourront jamais.» [26]
L’actuel secrétaire d’État des États-Unis (NDA : fin 2019), Mike Pompeo, a lui-même déjà fait allusion à cette doctrine irrationnelle de l’enlèvement des justes durant l’Armageddon : « Alors simple membre du Congrès, il avait déclaré lors d’un sommet ecclésiastique à Wichita : « Nous continuerons à mener ces batailles. C’est une lutte sans fin… jusqu’au Ravissement. Faites partie de ce combat. Participez à la lutte. » [27]
De nombreux Américains pensent qu’encourager le retour des juifs en Palestine est en fait un acte de foi évangélique qui permet de hâter le retour du Christ et de son règne millénaire qui surviendra après une période de chaos. Dans une étude parue il y a une dizaine d’années, Guy Mosjoen a parfaitement résumé, les visées géopolitiques de l’évangélisme sioniste :
« C’est alors que le Seigneur se souvient de la promesse faite au peuple juif. Promesse de retour et de puissance retrouvée. Avec le système des dispensations, l’Église n’a jamais été qu’une parenthèse. Israël et l’Église sont restés distincts. La Nouvelle Alliance n’a pas annulé la Première, de sorte qu’une fois le temps de l’Église révolu, Jésus-Christ peut littéralement restaurer Israël. Le Royaume de Dieu n’est donc pas l’Église mais le Royaume de David. La grande tribulation n’a pas vu la disparition du genre humain. Il reste des juifs et des païens. Il reste aussi une capitale (Jérusalem), un temple reconstruit (car il a fallu le reconstruire pour que l’Antéchrist puisse le profaner), des lévites (des prêtres pour sacrifier de jeunes taureaux), et des nations à asservir puisque, dans les temps messianiques, le roi gouvernera avec une ʺmain de ferʺ.
Certains millénaristes, appelés théonomistes, sont même en faveur d’une civilisation chrétienne régie par l’application intégrale de la loi d’Israël.
Voici donc le millénium « chrétien » des fondamentalistes millénaristes, qu’ils soient postmillénaristes ou prémillénaristes, et s’ils sont prémillénaristes, qu’ils soient pré-tribulationnistes, mi-tribulationnistes, post-tribulationnistes ou encore pré-coléristes (…) On pourra s’étonner de lire encore le mot « chrétien » alors que c’est très explicitement d’un millénium juif qu’il s’agit. »[28]
Un catastrophisme théopolitique qui prend racine dans une lecture littéraliste de la Bible spécifique au monde protestant. Une interprétation des textes sacrés du christianisme qui met l’accent sur la loi vétérotestamentaire et le rôle providentiel des juifs dans l’histoire. Un rôle que n’annule pas la nouvelle alliance scellée par la première venue du Christ pour les évangélistes, d’où leur sentiment d’une proximité avec le judaïsme inconnue dans les mondes catholique et orthodoxe traditionnels. L’interprétation évangéliste des textes bibliques aura pour effet de ramener au sein du christianisme évangélique des éléments de millénarisme qui furent en leur temps rejetés par les premiers conciles chrétiens :
« Le millénarisme désigne la croyance en la venue d’un règne de Dieu sur terre qui instaurera son royaume de justice universelle pour toujours ou pour une période de mille ans. C’est le “millénium” chrétien dont certains courants paléochrétiens pensaient qu’il adviendrait après le retour du Christ pour une période déterminée de mille ans et dont les Églises catholique et orthodoxe ont défini qu’il est déjà advenu et que le retour et la victoire du Christ seront dès lors définitifs. (…) Les églises catholique et orthodoxe ont expliqué que le “millénium”, l’âge d’or qu’attendent les millénaristes, a déjà eu lieu dans le temps. Il s’agit en fait du millénaire chrétien qui commence aux débuts de la chrétienté en tant que religion protégée par l’État à partir de Constantin le Grand jusqu’à la chute de Constantinople. »[29]
Un millénarisme qui porte en lui un catastrophisme théopolitique intrinsèquement lié à la religion juive comme l’expose le professeur Michael Löwy, chercheur et enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales :
« Selon G. Scholem, pour le messianisme juif la rédemption est un événement qui se produit nécessairement sur la scène de l’histoire, ʺpubliquementʺ pour ainsi dire, dans le monde visible ; elle n’est pas concevable comme processus purement spirituel situé dans l’âme de chaque individu et résultant dans une transformation essentiellement interne. De quel type d’événement visible s’agit-il ? Pour la tradition religieuse juive l’arrivée du Messie est une irruption catastrophique : ʺ Le messianisme juif est dans son origine et dans sa nature – on ne saurait jamais assez insister – une théorie de la catastrophe. Cette théorie insiste sur l’élément révolutionnaire cataclysmique, dans la transition du présent historique à l’avenir messianique. ʺ»[30]
Doctrine catastrophiste qui était aussi celle des néo-conservateurs réunis au sein du PNAC – Project for the New American Century –, néo-conservateurs pour la plupart anciens trotskystes d’origine juive.[31]
L’évangélisme sioniste place le troisième Temple au centre de son système religieux. Pour les évangélistes sionistes, la reconstruction du Temple est une condition au retour du Christ et à la conversion des justes parmi les juifs, ceux qui reconnaîtront le Christ comme leur messie lors de son second avènement. Les derniers rapprochements entre l’administration Trump et Israël (NDA : ce passage fut écrit fin 2019) ont été une illustration géopolitique éclatante de cette convergence de vue et d’intérêt entre la droite religieuse israélienne et l’évangélisme politique américain. Pour la première fois dans l’histoire, un secrétaire d’État américain visitait la Vieille Ville de Jérusalem en compagnie d’un haut responsable politique israélien. Une visite historique qui venait conforter les attentes israéliennes et une reconnaissance tacite de la souveraineté israélienne sur le site du mont du Temple et de l’esplanade des Mosquées :
« Ce geste apparaît surtout comme une nouvelle étape dans la révision de la position américaine à l’égard de Jérusalem engagée par Donald Trump, qui avait lui-même été en 2017 le premier président des États-Unis en exercice à se rendre au Mur des Lamentations. Ce site se trouve en effet à Jérusalem-Est, dont Israël s’est emparé en 1967 avant de l’annexer. La communauté internationale juge illégale cette annexion, et renvoie le statut final de la Ville sainte à des négociations de paix. »[32]
Durant cette visite, Mike Pompeo, accompagné du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de l’ambassadeur américain en Israël David Friedman ont visité aussi le tunnel du Mur des lamentations ainsi que la synagogue située sous terre, à l’endroit supposé du sanctuaire du Temple. Là ils ont pu « observer une reconstitution en réalité virtuelle du temple juif qui surmontait autrefois le mont du Temple » ainsi qu’une maquette très détaillée du futur temple présentée par l’Institut du Temple (The Temple Institute). [33]
Suite à ce voyage, Mike Pompeo avait diffusé une vidéo officielle censée résumer son séjour peu avant le déclenchement de la crise iranienne actuelle. On peut y voir une maquette du Temple associé à des images du Mur des lamentations, là où les lieux saints islamiques sont quant à eux ignorés sciemment. Dans la même vidéo sont aussi montrés le Saint-Sépulcre comme pour signifier l’alliance naturelle qui unirait Israël et la chrétienté face aux mêmes menaces.[34]
Durant ce séjour en Israël, Pompeo a donné toutes les assurances possibles à l’exécutif israélien et à la droite religieuse quant au soutien américain face à l’Iran. Les références bibliques furent nombreuses et appuyées durant les allocutions ou interviews accordées par le secrétaire d’État américain pendant et autour de ce voyage :
« Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a laissé entendre dans une interview que le président Donald Trump avait peut-être été envoyé par Dieu pour sauver le peuple juif et qu’il était ʺconfiant dans le fait que le Seigneur est au travail iciʺ ». [35]
Comme cette visite officielle avait lieu durant la fête juive de Pourim, Pompeo fit un parallèle historique puissamment ancré dans la mémoire juive :
« Les Juifs du monde entier et ici à Jérusalem parlent du fait qu’Esther a sauvé le peuple juif il y a 2500 ans avec l’aide de Dieu de Haman » [36]
Haman, est une référence de la Bible qui apparaît dans le Livre d’Esther. Il évoque un archétype de l’ennemi du peuple juif dans la mémoire collective juive. Vizir de l’Empire perse sous le règne d’Assuérus (Xerxès Ier), Haman ourdit le projet de faire tuer tous les juifs installés dans l’Empire. Il fait alors passer un décret qui sera signé par le roi afin d’ordonner l’extermination de la population juive. Son plan sera déjoué par la reine Esther qui tenait sa judaïté secrète et qui la révèle à ce moment-là au roi Assuérus. Esther arrive alors à convaincre le roi perse d’épargner son peuple. Haman et ses dix fils seront pendus par les Juifs avec l’aval du roi Assuérus.
Des références vétérotestamentaires que Pompeo a réitéré devant l’un des médias évangélistes les plus influents :
« Pompeo répondait à des questions lors d’une interview à Jérusalem avec le Christian Broadcasting Network, fondé par le télévangéliste Pat Robertson, et dont l’auditoire est vaste. Quand on lui a demandé si Trump était une nouvelle Esther, il a déclaré : ʺEn tant que chrétien, je crois que c’est certainement possible. ʺ» [37]
Dans leur déclaration conjointe durant ce voyage officiel, Benjamin Netanyahu a lui aussi évoqué ces références en les citant dans une perspective anti-iranienne :
« Le Président Trump vient d’entrer dans l’histoire. Je lui ai téléphoné. Je l’ai remercié au nom du peuple d’Israël. Tout d’abord, il a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a installé l’ambassade américaine. Ensuite, il s’est retiré du désastreux traité avec l’Iran et a imposé de nouvelles sanctions. Mais aujourd’hui, le Président Trump a fait quelque chose d’une égale importance historique – il a reconnu la souveraineté d’Israël sur les hauteurs du Golan, et cela, à un moment où l’Iran tente d’utiliser la Syrie comme plate-forme pour attaquer et détruire Israël. Et le message que le président Trump a transmis au monde est que les États-Unis se tiennent aux côtés d’Israël. Nous célébrons Pourim, quand, il y a 2 500 ans, d’autres Perses, menés par Haman, ont tenté de détruire le peuple Juif. Ils ont échoué ; et aujourd’hui, 2 500 ans plus tard, une nouvelle fois, les Perses dirigés par Khamenei tentent de détruire le peuple Juif et l’État Juif. » [38]
Cette référence au Vizir Haman de l’ancienne Perse, n’est pas juste rhétorique dans la bouche du Premier Ministre israélien, elle renvoie en fait à cette « plus longue mémoire » juive, une mémoire collective qui vit comme une réalité présente les persécutions, les guerres et les avanies historiques survenues (ou fabulées, telle l’histoire du livre d’Esther, entièrement mythique)[39] même il y a très longtemps. Une perception hypermnésique de son propre passé historique et communautaire que le professeur de psychologie Kévin Mac Donald a étudié en profondeur :
« Dans son tréfonds, l’ethnocentrisme juif est intimement lié à un sentiment de persécution historique. La mémoire juive est une mémoire de la persécution et de la catastrophe imminente, une mémoire qui justifie n’importe quelle réponse, parce que, au bout du compte, c’est la survie du peuple juif qui est en jeu. (…) Les juifs ont une très longue mémoire historique, des événements qui se sont produits il y a des siècles influencent encore leurs perceptions actuelles. Ce sentiment profond de mise en danger du groupe et d’injustice historique est associée à ce style hyperbolique de la pensée juive qui transparaît à maintes reprises dans le discours juif. »[40]
Pour cette « longue mémoire » juive, la référence au Vizir Haman ne renvoie pas seulement à l’antique Perse et donc à l’Iran actuelle mais aussi à l’ennemi ontologique d’Israël, Amalek, roi des Amalécites, ce peuple ennemi juré d’Israël d’après la Bible. Pour les juifs religieux, Amalek serait en fait un ancêtre du Vizir Haman, comme le développe le Rav Ron Chaya :
« Le nom de Haman est Haman Haagagui, c’est-à-dire descendant de Agag, or Agag était le roi du peuple Amalek à l’époque du roi Chaoul. » [41]
La figure d’Amalek convoque dans la mémoire juive un archétype intemporel, celui d’un ennemi qui prend différentes formes dans l’histoire et qui se réactualise perpétuellement. Pour les sionistes religieux, l’une des formes les plus virulentes d’Amalek est actuellement constituée par l’Iran. La situation géopolitique qui se dessine est tout sauf rassurante, les représentations et croyances religieuses des membres influents de l’administration américaine convergent dangereusement avec la religiosité apocalyptique de l’exécutif israélien.
Le Troisième Temple et la guerre mondiale des religions
Cette infatigable et intraitable mémoire explique aussi la volonté actuelle de reconstruction du Troisième Temple à l’identique. Ainsi l’Institut du Temple (The Temple Institute)[42]travaille-t-il à préparer et à reconstituer jusque dans ses moindres détails l’architecture et le culte qui seront exercés dans le Temple reconstruit. Que ce soit les objets qui serviront aux sacrifices, les vêtements des prêtres, les prêtres eux-mêmes ou encore la fameuse vache rousse[43] nécessaire à certains rituels de purification spécifique, tous les éléments du culte que les sionistes religieux cherchent à reconstituer sont étudiés scrupuleusement. Le directeur pour l’Europe de l’Institut du Temple est le Rabbin Jean-Marc Rosenfeld, un membre actif et important de sa communauté comme il le dit lui-même : « J’ai été directeur de différentes sociétés dans le textile. Sur le plan communautaire, j’ai été président de communauté et président d’associations, puisque j’ai fondé le B’naï Brith sur la Côte d’Azur, à Antibes où je résidais ; j’ai également fondé France-Israël dans la même ville et j’ai été président de la LICRA-Côte d’Azur pendant neuf ans. » [44]
Dans un long entretien accessible sur Internet, il livre des détails très instructifs sur les travaux de recherche et les préparatifs autour de la reconstruction du Temple de Jérusalem et de son culte. Surtout il expose très sereinement des conceptions qui peuvent sembler surréalistes et qui seraient sûrement taxées de « complotistes » si elles étaient énoncées par un non-juif :
« Revue Kephas : Pour que le Temple puisse fonctionner, il faudra que des prêtres et des lévites reprennent du service, si j’ose dire. Comment pourra-t-on faire pour savoir qui est légitimement prêtre ou lévite dans le Peuple juif d’aujourd’hui ?
Jean-Marc Rosenfeld : Voilà une question sur laquelle nos maîtres se sont penchés plusieurs fois. Effectivement, un Cohen ou un Lévi d’aujourd’hui peut ne pas être un cohen ou un lévi : des mésalliances ont eu lieu, des tribus sont parties … De plus, ne peut l’être que quelqu’un qui connaît le fonctionnement, et qui applique la Loi que Dieu a donnée. Donc on ne peut pas se réveiller un jour en disant ʺTiens, maintenant je suis cohen, je suis lévi !ʺ Selon nous, le Temple sera reconstruit et ensuite, le Messie arrivera pour nous donner toutes ses directives. Il nous dira alors qui est réellement cohen ou lévi. Aujourd’hui cela nous dépasse – même si on a des analyses de groupes sanguins qui commencent à se faire, et qui permettent de voir quelle est la descendance cohen et la descendance lévi dans ces groupes sanguins, c’est encore très, très aléatoire et ce n’est pas une science toraïque exacte. »[45]
Le Rabbin Jean-Marc Rosenfeld évoque aussi les sacrifices d’animaux qui auront lieu dans le Temple comme au temps du paganisme antique :
« Revue Kephas : Envisagez-vous, dans ce Temple à venir, une reprise du régime des sacrifices ?
J.-M. R. Effectivement, nos maîtres nous enseignent que les sacrifices auront à nouveau lieu. C’est pourquoi l’Institut du Temple reconstitue aussi des objets, que vous voyez ici, qui pourront peut-être servir dans le prochain Temple. Les sacrifices doivent reprendre parce qu’ils nous ont été ordonnés par Dieu. L’homme doit exécuter ce que Dieu a dit – même s’il ne le fait pas toujours, malheureusement, car si les religions se sont multipliées c’est par le fait des hommes, et pas de Dieu, qui dit au contraire : « Réunissez-vous ensemble car Je suis Dieu Un ». Le moment venu, Dieu nous éclairera : le Messie nous donnera exactement les fonctions à faire. Les sacrifices se referont, pas tous comme à l’époque – c’est marqué, d’ailleurs, dans la Torah – certains sacrifices ne se feront plus. Par exemple, savez-vous qu’à l’époque de la Délivrance, tout le monde apportera un sacrifice expiatoire ? Imaginez : tous les gens apportant des sacrifices pour l’expiation de leurs fautes, c’est écrit ! Et il y aura également l’offrande des parfums, c’est évident.
Revue Kephas : Et des sacrifices sanglants d’animaux ?
J.-M. R. Oui, ces sacrifices vont revenir : si Dieu nous a indiqué que ce sont des odeurs qui Lui sont agréables, comment le défier en disant « je ne ferai pas de sacrifices, parce que moi, tuer une bête, je ne suis pas d’accord » ? Pourquoi Dieu nous les demande-t-il ? Parce qu’en nous il y a une sorte d’être bestial depuis toujours ; et si l’animal a été créé, c’est pour l’expiation de la faute de l’homme : c’est quelque chose que nous pouvons difficilement comprendre… C’est comme la vache rousse : pour purifier un cohen il faut les cendres d’une vache rousse, pourquoi une vache rousse ? Aucun maître n’a pu le savoir, mais nous croyons qu’un jour le Messie nous le dira. »[46]
Une reconstruction du troisième Temple qui va bouleverser les équilibres religieux précaires de la région et qui peut conduire à un embrasement généralisé :
« Revue Kephas : La première question qui vient à l’esprit, c’est celle du lieu du Troisième Temple : pensez-vous qu’il doive et qu’il puisse être construit à l’emplacement des deux Temples précédents, qui est actuellement occupé par des mosquées célèbres dans tout le monde musulman ?
J.-M. R. Si on a compris le message que je viens de vous donner et que nos maîtres nous enseignent, l’emplacement que Dieu a choisi est la pierre de fondement du monde, la pierre où eut lieu la ligature d’Isaac [ou sacrifice d’Abraham N.d.A.], le rêve de Jacob, la naissance d’Adam et d’Ève – nos père et mère à tous, de tous les peuples … on ne peut concevoir que le troisième Temple n’apparaisse pas au même endroit. Et ce n’est pas seulement une vue de l’esprit, c’est marqué dans les prophéties, qui disent que « le Premier Temple sera construit et sera démoli, le Deuxième Temple sera construit et sera redémoli, et le Troisième Temple sera reconstruit et ne sera plus jamais redémoli » … C’est quelque chose que nous attendons : si les deux autres prophéties se sont avérées exactes, nous sommes sûrs que la troisième prophétie se réalisera également …
Revue Kephas : Concrètement, avec les mosquées sur l’Esplanade, comment envisagez-vous les choses ?
J.-M. R. Moi je n’envisage rien, simplement je transmets ce que les prophètes ont écrit … C’est qu’il y aura un phénomène surnaturel à cet emplacement. Je ne sais s’il faut en parler ou non, car ce n’est pas l’objet de notre approche qui est une approche de paix, de shalom, mais… c’est quelque chose qui va se passer : les troubles actuels marquent le début de la guerre de Gog et Magog, qui va, malheureusement, faire de nombreuses victimes – c’est marqué dans cette prophétie, qui dit également que la pierre de fondement va jaillir de l’eau et va submerger l’Esplanade du Temple. À ce moment-là, le Temple va se reconstruire, purifié, pour la paix et le bien du monde entier ; alors, les Justes des nations se réveilleront en disant « mais c’est la seule solution », puisque nous n’avons pas trouvé jusqu’à présent de solution politique… Nous, nous ne sommes pas dans une impasse parce que nous savons qu’il n’y a qu’une solution, et je pense que les Justes des nations vont se réveiller, et à ce moment-là, le Messie nous indiquera le chemin à suivre … »[47]
Le message est à peine voilé : nous irons jusqu’au bout car telle est la volonté de Dieu et la prophétie qu’annonce nos écritures. Reste donc aux israéliens de détruire la mosquée al-Aqsa afin de reconstruire le Temple et de réaliser enfin la « prophétie » biblique que juifs et francs-maçons (cités dans les pages qui précèdent) attendent et appellent de leurs vœux :
« De nombreux peuples et de puissantes nations viendront rechercher Yahvé à Jérusalem et rendre hommage à Yahvé.” Ainsi parle Yahvé : “En ces jours-là, dix hommes de toute langue, de toute nation, saisiront le pan de l’habit d’un seul individu yehoudi (Juif) en disant : Nous voulons aller avec vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous !’’ » (Zacharie 8, 22-23)[48]
Si une part significative des évangélistes semblent prête à suivre les religieux israéliens jusqu’aux conséquences ultimes de leur hybris théologique et téléologique, qu’en sera-t-il des catholiques La tentative actuelle d’infliger une distorsion au catholicisme pour lui donner une inflexion judaïsante aura-t-elle l’agrément des autorités catholiques ? Une future reconstruction du Temple de Jérusalem et la reprise des sacrifices sanglants en son sein sont-ils acceptables ? Des sacrifices sanglants que l’Eucharistie vient remplacer selon la théologie chrétienne. Dans les dogmes catholique et orthodoxe le sacrifice du Christ sur la Croix vient clore l’ère des sacrifices de l’Ancien Testament.
Quand les sacrifices sanglants offerts à Yahvé reprendront dans la ville sainte de Jérusalem, que feront alors les autorités catholiques ? Diront-elles aux chrétiens de tolérer ce que Saint Irénée, Évêque de Lyon et Martyr (120-202) condamnait par avance comme d’essence diabolique dans son « Contre les hérésies » (livre 5, troisième partie) :
« C’est précisément dans ce Temple (de Jérusalem) que siégera l’Adversaire[49], lorsqu’il tentera de se faire passer pour le Christ, selon ce que dit aussi le Seigneur : ʺ Quand vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, dressée dans le lieu saint — que celui qui lit comprenne ! ʺ » [50]
Et Saint Irénée d’expliciter plus encore :
« C’est ce que fera l’Antéchrist au temps de son règne : il transportera sa royauté dans Jérusalem et siégera dans le Temple de Dieu, persuadant insidieusement ses adorateurs qu’il est le Christ. (…) C’est cela même que dit l’Apôtre [Saint Paul vers 51, dans l’épître aux Thessaloniciens] : ʺQuand ils diront : Paix et sécurité, c’est alors qu’une ruine soudaine fondra sur eux. ʺ » (1 Th 5,3) »[51]
Pierre-Antoine Plaquevent pour Strategika
[1] Dermer : Israël doit privilégier le soutien des évangéliques à celui des Juifs US : « L’ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer, a suggéré dimanche qu’Israël devrait donner la priorité au soutien « passionné et sans équivoque » des chrétiens évangéliques plutôt qu’à celui des juifs américains, qui, selon lui, font partie « de manière disproportionnée de nos détracteurs ». « Les gens doivent comprendre que l’épine dorsale du soutien d’Israël aux États-Unis est constituée par les chrétiens évangéliques. C’est vrai en raison de leur nombre et aussi de leur soutien passionné et sans équivoque à Israël », a déclaré Dermer lors d’une interview sur scène à une conférence organisée par Makor Rishon, un organe de presse affilié à la communauté sioniste religieuse. »
https://fr.timesofisrael.com/dermer-israel-doit-privilegier-le-soutien-des-evangeliques-a-celui-des-juifs-us/
[3] http://www.templeinstitute.org/
[4] https://www.youtube.com/watch?v=F6prYdPPPaQ
[7] ►http://www.lefigaro.fr/international/jerusalem-sous-tension-apres-des-heurts-sur-l-esplanade-des-mosquees-20190602
►https://fr.timesofisrael.com/260-000-musulmans-prient-a-jerusalem-apres-une-attaque/
[8] https://www.letemps.ch/opinions/israel-victoire-messianisme-juif
[9] Charles Enderlin, Au nom du Temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967 – 2013), Seuil, avril 2013.
[10] Charles Enderlin, Au nom du Temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967 – 2013).
[11] Charles Enderlin, Au nom du Temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967 – 2013).
[12] Charles Enderlin, Au nom du Temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967 – 2013).
[13] Bernard Cottret, Histoire de la réforme protestante XVIe-XVIIIe siècle, Perrin, 2001, p. 209.
[14] Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Gallimard, 1986, I, p. 414.
[15] G. Esquier, L’anticolonialisme au XVIIIe siècle, Paris, PUF, 1951, p. 290.
[16] Sébastien Fath, Le poids géopolitique des évangéliques américains : le cas d’Israël :
https://www.cairn.info/revue-herodote-2005-4-page-25.htm
[17] Cf. Brian Steensland, Philip Goff, The New Evangelical Social Engagement OUP USA, USA, 2014, p. 111.117
[18]cf. Sébastien Fath, op. cit.
[19] Sébastien Fath, op. cit.
[21] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8608258x
[22] https://fr.wikipedia.org/wiki/Destinée_manifeste
[23] https://fr.wikipedia.org/wiki/Dispensationalisme
[24] Perani Prisca. « Les Chrétiens sionistes aux États-Unis. » In : Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°75, 2004. Religion, société et politique aux États-Unis, pp. 76-85
[27] http://www.afrique-asie.fr/lemprise-evangeliste-sur-ladministration-trump/
[29] Pierre-Antoine Plaquevent, Soros et la société ouverte : Métapolitique du globalisme, Le Retour aux Sources 2018.
[30] Löwy Michael. Messianisme juif et utopies libertaires en Europe centrale / Jewish Messianism and Libertarian Utopias in Central Europa. In : Archives de sciences sociales des religions, n° 51/1, 1981. pp. 5-47.
Pierre-Antoine Plaquevent, Soros et la société ouverte : Métapolitique du globalisme, Le retour aux sources 2018.
[31] Voir : Y. Hindi, Occident & Islam – Tome I : Sources et genèse messianiques du sionisme, Sigest, 2015. Et : Stephen Walt et John Mearsheimer, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2009.
[33] ►https://fr.timesofisrael.com/pompeo-en-visite-historique-au-mur-occidental-aux-cotes-de-netanyahu-et-friedman/
►https://www.timesofisrael.com/in-significant-first-pompeo-joins-netanyahu-for-western-wall-visit/
[34] https://sputniknews.com/world/201903231073479183-mike-pompeo-jerusalem-third-temple-model/
[35] https://www.timesofisrael.com/pompeo-says-trump-may-have-been-sent-by-god-to-save-jews-from-iran/
[36] https://www.timesofisrael.com/pompeo-says-trump-may-have-been-sent-by-god-to-save-jews-from-iran/
[39] https://books.google.co.ma › books
Figures mythiques: fabrique et métamorphoses, Véronique Léonard-Roques, Université de Clermont-Ferrand II. Centre de recherches sur les littératures modernes et contemporaines – 2008 – Jewish mythology
Qui veut se pencher sur l’histoire d’Esther se trouve donc en présence d’un scénario mythique assez clairement identifiable.
[40] Kevin MacDonald, “Background Traits for Jewish Activism”
https://nationalpolicy.institute/2004/10/08/background-traits-for-jewish-activism/
[41] « Quel est le lien entre Haman et Amalek? »
http://www.leava.fr/questions-reponses/explications-sur-la-bible/12926_question-noa.php
[42] https://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_du_Temple
[43] Lire à ce propos : Youssef Hindi, « Poussée de fièvre messianique en Israël », bvoltaire.fr, 05/08/2015 :
https://www.bvoltaire.fr/poussee-de-fievre-messianique-israel/
[44] « Rebâtir le Temple ? Une rencontre au cœur du judaïsme contemporain »
http://www.revue-kephas.org/02/2/Rosenfeld73-85.html
[45] « Rebâtir le Temple ? Une rencontre au cœur du judaïsme contemporain »
http://www.revue-kephas.org/02/2/Rosenfeld73-85.html
[46] « Rebâtir le Temple ? Une rencontre au cœur du judaïsme contemporain »
http://www.revue-kephas.org/02/2/Rosenfeld73-85.html
[47] « Rebâtir le Temple ? Une rencontre au cœur du judaïsme contemporain »
http://www.revue-kephas.org/02/2/Rosenfeld73-85.html
[48] La Bible, traduction intégrale hébreu-français par les membres du Rabbinat Français, sous la direction du Grand-Rabbin Zadoc Kahn, Éditions Sinaï, Tel-Aviv/Israël, 1994.
[49] N.d.A. : « L’Adversaire » se traduit en hébreu par « Satan ».
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=19007
[50] ►https://catholicapedia.net/Documents/saint_irenee-de-lyon/St.Irenee-de-Lyon_Traite-Contre-les-Heresies_Livre-5.pdf
►http://christroi.over-blog.com/2018/12/la-reconstruction-du-troisieme-temple-de-jerusalem-a-debute.html
►https://catholicapedia.net/Documents/saint_irenee-de-lyon/St.Irenee-de-Lyon_Traite-Contre-les-Heresies_Livre-5.pdf
[51] ►http://christroi.over-blog.com/2018/12/la-reconstruction-du-troisieme-temple-de-jerusalem-a-debute.html
►https://catholicapedia.net/Documents/saint_irenee-de-lyon/St.Irenee-de-Lyon_Traite-Contre-les-Heresies_Livre-5.pdf
►http://thomiste12.over-blog.com/article-s-irenee-la-fin-des-temps-et-l-antechris-99407388.html
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