De la continuité historique en devenir

15/02/2023 (2023-02-15)

Par Lucien SA Oulahbib

Il est dommage de constater que face à la globalisation de la Secte SHAA qui brise et broie nations, peuples, cultures et sexes tout en préservant la devanture Potemkine de la belle vitrine onusienne d’amour et de solidarité entre les peuples, il n’y a du moins en position bastion encore résilient que des nostalgiques du relativisme historique prônant une sorte de fermeture ethnique censée protéger alors qu’elle assèche parce qu’elle empêche la vie tout simplement qui certes doit être filtrée, mais non étouffée, du moins à partir du moment où l’ethnie en question est forte dans sa capacité à rester consistante tout en s’affinant.

Cela veut dire que rien ne prouve par exemple que la Russie actuelle veuille se conserver uniquement en reconstituant l’URSS. Or c’est bien cette vision que propagent les protagonistes à gauche comme à droite qui ne raisonnent qu’en termes de duplication des mêmes schémas historiques. Cette analyse est dangereuse, car elle revient dans ce cas à théoriser la même politique étrangère impériale du glacis ou du pivot, en l’occurrence se servir ici de l’Ukraine comme zone tampon et tremplin en vue de grignoter attiser les tensions au sein de la Fédération de Russie afin de la contenir pour les plus colombes, pour la démanteler pour les plus faucons dans le but de pouvoir récupérer ses immenses réserves de matières premières, et prendre aussi la Chine de revers, tout en détruisant également une culture ressourcée dans son histoire prébolchevique qui prétend conserver une vision vivante de la famille tout en l’affinant avec une place plus importante donnée à la femme, ce qui va à l’encontre de l’idéologie queer insectivore qui domine la Secte SHAA commandant ce qui reste d’« Occident collectif »…

Car rien ne dit que la Russie avait intérêt à jouer à nouveau des muscles façon léninisme canal historique alors qu’en l’an 2000 Poutine proposait d’intégrer l’OTAN voyant bien que la Russie était exsangue prise en quinconce par les mafias communistes et affairistes issues du marché noir qui tenait la société russe à bout de bras, les bolcheviks investissant uniquement dans le complexe militaro-industriel comme on le voit d’ailleurs aujourd’hui alors que d’aucuns parlaient de vétusté et de réserves minimums en matière de munitions.

Il était donc préférable pour elle de poursuivre ainsi une sorte d’alliance économique avec l’Ukraine qui avait été amorcée au niveau énergétique et industriel, mais qui allait à l’encontre des intérêts américains installant nombre de laboratoires et de firmes de sous-traitance en tous genres dont les usines de GPA. 

Cet exemple montre bien que plaquer les considérations d’antan revient à nier les évolutions stratégiques et civilisationnelles qui en effet semblent avoir été également et contradictoirement balayées par les mêmes qui prônent sans cesse une meilleure gouvernance mondiale.

Mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ?…

S’il s’avère en effet que certaines forces affairistes aient décidé de mettre à mal des décennies de détente internationale au-delà des soubresauts d’un tiers-mondisme moribond qui a été balayé par l’effondrement de la guerre froide et de l’URSS au profit de mafias militaires et de fondamentalismes (dont le djihadisme issu du socialisme arabe et du khomeynisme en sont les miroirs grossissants), cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille revenir à une politique d’empire physiquement centralisateur (façon Athènes, Rome, aujourd’hui Washington) au lieu de viser autre chose comme une réelle alliance des civilisations, du moins si celles-ci acceptent de s’influencer réciproquement comme le montrent l’esprit de la technique et aussi celui de l’entraide.

En fait, il existe tout un ensemble de structures internationales qui prétendent aller dans ce sens et pourtant participent au projet de la Secte SHAA au lieu de renforcer ce qu’il y a de meilleur chez tous les peuples tout en leur proposant de progresser, mais sans contraintes dans diverses mœurs ou habitudes. Ce qui évite à la fois le repli sur soi et des évolutions non voulues.

Prenons comme autre et dernier exemple le conflit israélo-arabe. D’aucuns, les mêmes que ci-dessus à vrai dire, iront reprocher aux israéliens de choisir la continuité historique en soulignant le caractère juif de leur État au lieu de le rendre ethniquement indifférent comme dans les autres nations occidentales alors dans les autres nations limitrophes à Israël le caractère ethnique, par exemple arabe, est toujours souligné.

C’est là une véritable question, mais dont les réponses restent hypocrites d’un certain côté puisque ce qui est demandé à Israël ne l’est pas aux membres de la Ligue Arabe. Ensuite il s’avère que chaque nation détient sa singularité et que l’on ne peut pas reprocher à Israël de refuser de vivre le devenir des Normands ou de Bretons en France, car Israël est issu de la Loi créant un peuple hinc et nunc alors que la France provient de l’adhésion des Francs, vainqueurs en Gaule romaine, au christianisme, ce qui fait du destin de ce pays comme celui de la Russie une finalité christique ouverte ethniquement se matérialisant donc en son message d’universalité non contrainte, à la différence de ce que pensaient les mentors de 89 et de la 3e République à la rationalité par trop scientiste, ce qui n’a guère changé à voir les réactions sur le manque d’injections supposées antiCovid-19 alors que cela a sauvé l’Afrique, l’Inde, le Vietnam comme le raconte Perronne…

Ce qui fait que dans ces conditions mystiques originales, toujours singulières, de la création des Nations, au sens eschatologique fort, il se trouve que la téléologie adoptée, celle des moyens adaptés aux buts, doit y être compatible, ce qui implique que le travail ecclésiastique de l’État doit déboucher sur une entéléchie, une forme spécifique, qui ne souffre d’aucune contrainte qui l’empêcherait de progresser, à l’instar d’ailleurs du souhait de chaque nation qui veut rester souveraine : soit donc par exemple une irréductibilité singulière, autant de la France d’Israël et de la Russie qui doit être acceptée telle quelle tant que sa présence en progrès ne va cependant pas à l’encontre de celle des autres.

On peut certes rétorquer qu’autant Israël que la Russie ou autrefois et même maintenant la France empiètent justement sur le limes d’autrui. Sauf que les situations ne sont pas les mêmes, car la majorité de la population arabe en Israël a été importée par sa colonisation du 7e siècle et onze siècles plus tard par le développement instauré par les kibboutz de la fin du 19e siècle ; de même la Russie bolchevique avait ressuscité une région ukrainienne autrefois sous la coupe lituano-polonaise et russe ; et la France n’a pas su comprendre que les populations autochtones auraient préféré rester dans l’empire, mais autonomes comme le souhaitait Soustelle, du moins si les extrêmes des deux bords n’avaient pas poussé de Gaulle à choisir le pire. Tout cela pour dire que la revendication de la continuité historique en progression peut être recevable si elle est légitime et surtout portée par des forces suffisamment importantes pour imposer une solution, alors que par exemple et a contrario, les Kurdes, et encore moins les Berbères, n’arrivent à atteindre parce qu’ils restent soumis à des conceptions étrangères à leur singularité, les premiers par l’idéologie bolchevique les seconds par l’araboislamisme qui les broie.

En définitive, on ne peut tirer des généralités sur les exigences de continuité historique sans garder en perspective que cela doit se faire, autant se faire se peut, dans les règles de l’art atteintes par l’expérience humaine ayant appris à se préserver des arrogances nationales. Sinon c’est la guerre. Telle celle ayant heurté Athènes et Sparte. Pouvons-nous, voulons-nous l’éviter ? Telle est de plus en plus la question. Ou du moins l’une d’entre-elles…

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