26/08/2023 (2023-08-26)
Par Iurie Rosca — 26 août 2023
Je dois revenir sur mon précédent article consacré au même événement1 — « Les BRICS menacent-ils l’agenda mondialiste ? » — car j’ai oublié un détail frappant qui représente en fait la clé de compréhension de ce conglomérat d’États perçu par certains comme la garantie d’un avenir radieux et non impérialiste, dans lequel les nations seront dans un état continu de jubilation, de coopération et de prospérité, matérielle, bien sûr, car ce paradigme est non seulement dominant, mais le seul valable à l’heure actuelle.
Il est connu que l’on cache mieux une chose en la plaçant à l’endroit le plus visible. C’est exactement ce qui s’est passé lors de cette rencontre internationale, du moins pour moi. Merci encore à mon ami Jesse Zurawell de TNT Radio, New York, de m’avoir mis en garde à ce sujet.
Pour comprendre l’essence de cette organisation plutôt amorphe et éclectique, il suffisait de noter le nom de l’événement organisé à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août.
« Le thème de la session est “Les BRICS et l’Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif”. » [souligné par moi]
Comme nous le voyons, « l’Agenda 2030 de l’ONU pour le développement durable » est la mission centrale de ce groupe de pays.
Cette stratégie de réinitialisation du monde dans l’intérêt de l’élite mondialiste, qui s’est glissée à partir des productions du Club de Rome dans les documents officiels du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 19922, trouve son prolongement dans un autre événement de l’ONU qui s’est déroulé dans la même ville sud-africaine il y a deux décennies3. Je cite le site officiel de l’ONU :
« La mise en œuvre intégrale de l’Agenda 21, le programme de poursuite de la mise en œuvre de l’Agenda 21 et les engagements relatifs aux principes de Rio ont été fermement réaffirmés lors du Sommet mondial sur le développement durable (SMDD) qui s’est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 26 août au 4 septembre 2002. »
Enfin, il y a eu l’Assemblée générale de l’ONU en 2015 qui a rafraîchi la stratégie mondialiste consistant à imposer une direction unique à tous les pays du monde, connue familièrement sous le nom d’Agenda 2030 de l’ONU.
Toutes ces choses fastidieuses que j’ai évoquées ci-dessus sont bien connues d’un public averti. Mais je les mentionne ici uniquement pour montrer que les BRICS n’ont pas dévié d’un iota du plan général d’établissement du Nouvel Ordre Mondial prophétisé par les mondialistes, et suivant les objectifs de leur Gouvernement Mondial non déclaré, ces derniers ont pris le contrôle de l’ONU dans son intégralité.
Que reste-t-il donc de la prétention à une nouvelle architecture des relations internationales ? Quelle est la rupture géopolitique majeure réalisée par les BRICS ? Et que peuvent signifier des changements cosmétiques dans le système international si le jeu est mené par les mêmes entités privées mondialistes qui contrôlent l’ONU ? Les règles de l’arithmétique nous enseignent que changer la place des termes ne change pas le résultat. Et les mêmes prémisses conduisent aux mêmes résultats. Surtout lorsque la force motrice reste la même.
Rappelons que l’idée même de créer ce conglomérat d’États sous l’acronyme BRICS ne vient d’aucun d’entre eux, mais est l’œuvre de la mégacorporation transnationale Goldman Sachs, l’un des acteurs incontournables du monde des requins de la finance4. Je note également que Goldman Sachs est l’un des principaux propriétaires de la Fed, qui a compris à un moment donné que ce groupe de pays pouvait représenter une énorme opportunité pour de nouveaux investissements.
L’intention même de lancer une éventuelle nouvelle monnaie qui remplacerait le dollar dans les échanges entre les pays du BRICS, même si elle constituait un danger pour la domination américaine, ne mettrait pas nécessairement en péril la ploutocratie mondiale. Une telle monnaie pourrait avoir de la valeur si, contrairement au dollar, elle était convertible en or. Or, le premier contrôleur mondial de l’or reste le clan Rothschild. La cleptocratie mondiale est par essence apatride et, tout au long de l’histoire du capitalisme, elle a migré avec succès des villes italiennes vers les Pays-Bas, puis vers le Royaume-Uni et, après la Seconde Guerre mondiale, vers les États-Unis. Alors qu’est-ce qui nous ferait croire que ces entités extraterritoriales ne pourraient pas avec le même succès se tourner vers la Chine et les autres pays du BRICS ?
Nous n’insisterons pas sur les instigateurs des deux guerres mondiales et sur ceux qui en ont tiré profit. Nous ne nous rappellerons même pas qui fut à l’origine de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, et qui, après la Seconde Guerre mondiale, produisit les Nations Unies. Mais il est bon de ne pas oublier le rôle des éternels philanthropes du clan Rockefeller dans la création et le soutien de l’ONU :
« L’intérêt profond de JDR Jr. pour les relations internationales s’est traduit par ses nombreuses contributions à des causes internationales. La plus remarquable est sans doute le don de 8,5 millions de dollars qu’il a fait en décembre 1946 pour l’achat du terrain destiné à accueillir le siège permanent des Nations unies à Manhattan. Auparavant, JDR Jr. avait offert le bâtiment de la bibliothèque de Genève à la Société des Nations. »5
Et si nous connaissons ces vérités historiques qui ont remodelé le monde au XXe siècle, pourquoi ne pas envisager qu’au XXIe siècle, alors que la Troisième Guerre mondiale sous sa forme hybride est en cours, la même élite mondialiste puisse recourir à la même manœuvre en préparant la réforme de l’ONU ? Le secrétaire général de l’ONU, Guterres, a souligné dans son discours au sommet des BRICS il y a quelques jours cette idée comme un appât pour le public.
Concentrons-nous maintenant sur deux termes présents dans le nom du sommet des BRICS à Johannesburg, à savoir « Multilatéralisme inclusif ». Le terme « inclusif » a récemment été promu par les dirigeants du capitalisme d’entreprise (en anglais : corporate capitalism. voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Corporate_capitalism) avec des notions telles que « partenariat public-privé » comme une expression de la subordination définitive des États aux intérêts privés des « maîtres de l’argent » qui se préparent à être les maîtres du monde.
Le soi-disant Conseil du capitalisme inclusif a été créé le 8 décembre 20206. Il réunit tous les grands gangsters du Grand Capital, qui se sont lancés en utilisant le pape François comme une marque. Ce pape est un fidèle serviteur de l’élite mondialiste, soutenant à la fois l’agenda LGBT et le mythe du réchauffement climatique, ainsi que toute autre initiative du capitalisme d’entreprise. Les véritables dirigeants de cette mafia internationale qui a subordonné tous les États et toutes les organisations internationales ne se cachent même pas trop. Applaudissez le VIP no. 1 de cette fantastique initiative pour rendre l’humanité heureuse, madame Lynn Forester de Rothschild :
« Lynn Forester de Rothschild est fondatrice et associée directrice d’Inclusive Capital Partners, qui recherche des rendements positivement différenciés en déployant ses compétences en matière de gouvernance et sa discipline d’investissement de valeur pour améliorer les performances environnementales et sociétales des entreprises dans lesquelles elle investit. Elle est également la fondatrice de la Coalition pour un capitalisme inclusif et du Conseil pour un capitalisme inclusif. »7
Revenons au terme « multilatéralisme ». Je ne m’étendrai pas sur les différentes écoles dans le domaine des relations internationales, Kissinger l’a fait pour tous en son temps. Je vous renvoie simplement à la page Wikipédia8 sur ce sujet, en citant une seule phrase de cette source :
« Les organisations internationales, telles que l’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Organisation Mondiale du Commerce, sont multilatérales par nature. »
Cela sonne bien, mais fonctionne mal. Ceux qui sont capables de saisir la situation dans son ensemble savent que derrière des personnes comme Guterres se cachent les véritables acteurs. Et l’imposition perfide et en douceur d’un programme commun à tous les États par le biais de ces organisations est une technique éprouvée des mondialistes.
Par conséquent, compte tenu des circonstances évoquées ci-dessus, j’insiste à nouveau sur le fait que les BRICS ne sont pas une alternative à la gouvernance mondiale des mondialistes, mais qu’ils en font partie intégrante. Et l’existence de rivalités majeures et même de guerres entre les différents groupes d’États ne contredit en rien leur agenda commun établi d’en haut par l’intermédiaire de l’ONU ou de l’OMS. Au contraire, ces divisions et ces conflits servent d’excellent écran de fumée pour faire avancer la stratégie mondialiste.
Je laisse les adeptes de la géopolitique onirique ou, si l’on veut, du réalisme magique en relations internationales (terme emprunté à la littérature) s’exercer à théoriser l’émergence de pôles alternatifs au système mondialiste. Personnellement, je préfère la vérité, qui devient vraiment frappante.
En conclusion, je reviens à la thèse énoncée dans le titre de cet article. Le récent sommet des BRICS a planté le dernier clou dans le cercueil de la multipolarité. Le reste n’est qu’illusion, confusion entre le réel et le souhaitable ou parfois pure propagande.
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