Réactions au discours de Poutine : misère de l’analyse politique et géo-stratégique

02/10/2022 (2022-10-02)

Par Lucien SA Oulahbib

Au-delà des vicissitudes concernant ce qui se passe, réellement, sur le terrain européen de la guerre otanienne (depuis le refus de la paix à Istanbul fin mars 2022 malgré l’accord de Kiev), et des analyses hâtives (répertoriées par Boulevard Voltaire proche de la revue Conflit) soulignant d’une part qu’il existerait, paraît-il, un « ordre international » (similaire au « règlement » climatique) que d’aucuns chercheraient à « dérégler » (à coup de CO2) ou « détruire » (à coup de Minsk II) et, d’autre part, que « l’État profond » serait une invention toute contemporaine (l’État comme « le plus froid des monstres froids » disait pourtant Nietzsche) et qui serait aujourd’hui personnifié surtout par la « bureaucratie post-soviétique », au-delà donc de ces billevesées dont nous verrons bientôt la teneur en exactitude, il est certain par contre que nous assistons à un réel affrontement en effet entre deux visions du monde rappelées en partie dans le discours de Poutine :

  • – soit il s’agit d’accepter de faire « un » avec ce monde réduisant arbitrairement paternité et maternité à « parent 1 et parent 2” (et plus si affinités : ou parents référents) gommant (sans absolument aucun fondement « scientifique ») les spécificités féminines et masculines qui seraient alors ravalées au rang de « vues de l’esprit » au sens littéral de chimères cependant bientôt bâties en laboratoire transhumain (ukrainien sous licence Biden…)
  • – soit il s’agit de refuser un tel monde vide d’affects (que résume parfaitement la méthode Ropa) mixte des mondes d’Alien  de 1984 et du Meilleur de mondes, monde hyperconsumériste où l’on rompt par SMS, mais en lisant Pierre Bergé en gestes pour sourds et mal entendants, monde où l’emblème nazi est seulement « symbolique » lorsqu’il est tatoué sur un bras du régiment Azov, monde cyborg abolissant toutes les frontières (territoires, corps, enfants, parents…) et qui rend obligatoire tout ceci sous peine de décapitation sociale et médiatique.

Ou bien, ou bien donc. Parfois la césure devient en effet binaire ; il n’y a pas en effet à être « nuancé » en permanence, du moins en soi, face à Hitler, Staline, Mao, Ben Laden (ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas tactiquement temporiser). Et aujourd’hui, face à la tentative totalement irresponsable, irrationnelle, d’une élite dite « occidentale » œuvrant désormais complètement hors sol, allant avec un sourire d’ange tout droit dans le mur tout en klaxonnant, il est clair qu’en face de cette monstruosité, des régimes aussi honnis soient-il apparaissent comme n’ayant tout de même pas franchi la démesure démoniaque, jusqu’à mettre en cause la vie elle-même en son tréfonds, puisque c’est cela même qui EST en jeu aujourd’hui et non pas seulement les frictions récurrentes en géopolitique et qui apparaîtraient les seules essentielles, l’affrontement civilisationnel étant plutôt secondaire, ou alors alibi en fait pour « mafia soviétique reconstituée »….

Cette dernière thèse est pourtant jour après jour fausse, même si l’annexion de quatre régions par la Russie annonce le contraire (nous n’en étions cependant pas là fin mars 2022 à Istanbul…). En réalité, il ne s’agit même pas, plus généralement, d’ergoter sur le fait de savoir si tel pays doit rester tactiquement “pivot”, “tampon”, ou pas, mais si, stratégiquement, et ce au nom d’une fusion, de fait, nommée UE, les acquis de la civilisation européenne basés sur le renforcement et l’affinement de la liberté individuelle ET citoyenne par l’extension de la Solidarité, doivent être détruits afin de permettre l’émergence d’un no man’s land, ni public ni privé, permettant à tout groupe externe à ces acquis d’imposer les siens ; et s’il faut laisser la dérive civilisationnelle anglo-saxonne (US/U.K/N.Z…) annihiler un concurrent sur leur gauche (Europe, Proche Orient en diabolisant de plus en plus Israël avec BDS) afin de mieux affronter ceux qui leur font de plus en plus d’ombres sur leur droite (Russie, Chine, Inde, Perse, Brésil, Mexique, Amérique du Sud, Afrique…) au risque de voir ces derniers “devenir” des remparts certes chaotiques, vermoulues, totalitaires aussi, mais ne remettant pas au moins en cause les racines fondamentales du vivant humain.

D’où le dilemme suivant : comment tenir le curseur entre le souhaitable et l’insoutenable afin de lutter du mieux possible du côté lumineux de la Force, surtout dans ce qui reste de « l’Occident » qui s’enfonce ? Même si une cheminée surnage encore (que d’aucuns prennent cependant pour une bombe) ?…

L’élite dite de gauche a basculé dans le camp totalitaire affairiste, scientiste, hygiéniste (qu’elle n’a jamais quitté à vrai dire) tant elle ne connaît rien à ce que « démocratie » veut dire, cette « déviation » du régime constitutionnel « mixte » chez Aristote et Platon, repris par Machiavel ou la notion de Politeia tempéré par le conflit permanent (Simmel) nécessaire entre l’élite et le peuple, le Sénat et l’Agora, du moins si une indépendance effective des contre-pouvoirs travaille en ce sens (médias, universités, académies, arts…) ce qui n’est plus le cas à l’évidence (dernière en date la diatribe de l’officine macronienne post-maoïste Libération contre Christine Kelly sur C.News) ; la « gauche » en période de crise préfère toujours le renversement de système par la tyrannie en dernière analyse, surtout lorsque les choses se bloquent (écrasement de la Commune de Paris, « front contre front » dans les années 30 ce qui a permis la victoire électorale d’Hitler). Ne parlons pas de la droite post gaulliste qui a disparu sous Giscard au profit de la technocratie plus ou moins complaisante avec les puissances politiques et financières d’un côté, les résidus patriotes se déchirant de l’autre, à la façon de la gauche mélenchonisée, sur le « social/ethno/identitaire » ou pas ; mais marquant tout de même des points en Suède en France et en Italie… En pure perte ? C’est ce que pense Asselineau…

Même les groupes “communautaires”, sans le dire du moins, plongent : ainsi en France (mais aussi aux USA), la dérive, aveugle, et pourtant de plus en plus autoritaire des structures officielles juives est de plus en plus patente, l’échec cinglant de l’hygiénisme affairiste israélien à l’encontre de la Covid-19 y est aussi pour quelque chose, sans oublier les dérives totalitaires des intellectuels juifs post-communistes qui sont prêts à pactiser avec le diable (Azov, et le djihad “modéré”) pour préserver une suprématie intellectuelle désormais révolue (n’est pas Bergson, Raymond Aron, qui veut). Ne parlons de la “communauté” musulmane officielle qui aurait pu se démarquer en soutenant la mise à l’écart de cet imam fallacieux et séditieux en fuite alors qu’elle l’a critiquée !…

Qui, au fond, en « Occident » pour tenir l’idée que dans l’affrontement déjà là il n’y a pas seulement d’un côté la Secte scientiste, hygiéniste, affairiste et de l’autre la Tyrannie religieuse ou totalitaire ?… Mais ! N’y a-t-il pas là contradiction avec le propos tenu ci-dessus sur le fait que la binarité n’est pas toujours à écarter ?… Certes…

Il est possible cependant d’en créer une autre, bien plus stratégique (et du côté du “bon” universel) : d’un côté les partisans de la Liberté affinée et toujours singulière (ou la pérennité, mouvante, des Nations) de l’autre les adeptes du Tout subsumant chacun au nom de principes annihilant toute liberté réelle. Cette césure, effective, n’empêche pas les alliances tactiques, le fait de temporiser, etc., sans aller jusqu’à signifier que “l’ennemi de mon ennemi est mon ami”, mais sans pour autant ne pas savoir raison garder… Ou l’alliance de revers. 

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