24/05/2022 (2022-05-24)
[Source : agoravox.fr via RI]
Un énorme merci pour ce texte brillant, absolument remarquable en tout point. Oui, les russes et les français sont des grands peuples qui ont tout pour s’entendre : une histoire millénaire et une culture humaniste, toute à l’opposé des anglo-saxons, mercantiles et destructeurs. À nous maintenant de nous libérer de leur esclavage mondialiste et covidiste avant d’être réduits par Bill Gates à la planète des singes.
Jean-Michel
Par Nicopol
Ah, Vladimir Poutine et ses rêves de « Grande Russie », son projet de reconstituer l’URSS, ses plans d’invasion de l’Ukraine, de la Finlande, de la Pologne, des Pays Baltes ; mais Poutine vaincu par l’héroïque résistance ukrainienne, Poutine humilié, Poutine effondré par la défaite cuisante de son armée, les images de soldats russes en pleurs, les Sukhoi tombant comme des mouches, les chars abandonnés sur le champ de bataille, son navire-amiral coulé… La Russie détruite par les sanctions, à genoux économiquement, le rouble effondré, la population sur le point de renverser son « dictateur », avide de démocratie et de McDonalds… « Poutine le boucher », les atrocités commise par l’Armée russe, la torture, les massacres et les viols de civils, les « crimes contre l’humanité », la condamnation unanime de la « Communauté internationale » ; Poutine isolé sur la « scène internationale », ostracisé, abandonné par ses derniers soutiens, coupé du monde, terré comme une bête dans un bunker du Kremlin ; Poutine malade, agonisant d’un cancer, d’une leucémie, de Parkinson, quitté par sa femme, se baignant dans du sang de cerf ; Poutine acculé, au pied du mur, prêt à tout, y compris l’holocauste nucléaire, si on ne l’assassine pas dans les plus brefs délais…
Voilà, pour résumer, la vision de la guerre en Ukraine qu’aurait légitimement l’« Occidental moyen » informé par la presse mainstream, les chaîne d’info en continu et les communiqués officiels des chancelleries. Une vision univoque, sans nuance ni concession, à la hauteur de la « menace existentielle » que Vladimir Poutine et ses hordes slaves feraient peser sur nos belles démocraties libérales… Le petit souci étant que tout ce qui précède est bien entendu complètement faux (à l’exception, qui sait, du sang de cerf)… Peut-on avoir une autre vision, alors, de ce qui se passe là-bas, à la frontière de l’Occident et du Monde slave ? Une vision russe, peut-être aussi un peu française ?
Des Esclaves antiques aux Untermenschen du IIIe Reich…
Une autre vision qui, pour bien s’en imprégner, nécessite de remonter dans le temps, il y a près de 3000 ans, à l’aube de la civilisation européenne. Car c’est bien depuis l’Antiquité que le malheureux peuple Slave fait l’objet d’une détestation, d’un mépris et, il faut bien le dire, d’un racisme farouche de la part des autres peuples indo-européens. C’était déjà le cas à l’époque des Grecs et des Romains, qui les plaçaient au dernier niveau de la barbarie, et même en-deçà, dans une espèce de sous-humanité plus proche de l’animalité. On retrouve pareille xénophobie chez les peuples scandinaves, germaniques et, par extension, anglo-saxons. Cela s’est traduit tout au long de l’histoire par des razzias, massacres et déportations en esclavage organisés par les Grecs, les Vikings et plus généralement l’ensemble de la chrétienté médiévale (rappelons que le mot « Slave » a donné en langues latines et anglo-saxonnes sclavus et slave, « esclave »), et même du monde musulman.
À l’époque moderne, cette tradition de haine raciale se retrouve dans la politique nazie d’« épuration ethnique » de l’Europe de l’Est, slave ou assimilée (Polonais, Ukrainiens, Serbes…), et bien sûr aussi, fantasmaient-ils, de la Russie elle-même, condition requise pour tailler un « espace vital » suffisant à la race supérieure aryenne. Le génocide des Slaves, rabaissés au rang d’Untermenschen, constitue en fait le cœur de l’utopie raciste-suprémaciste du IIIe Reich, comme c’est parfaitement expliqué dans Mein Kampf et confirmé par la politique d’extermination systématique des Slaves en Pologne et en Ukraine – mais aussi par la suicidaire opération Barbarossa de 1941, au cours de laquelle les troupes SS firent preuve d’un acharnement proprement inhumain contre les populations civiles et les prisonniers de guerre soviétiques. Ce n’est qu’après la défaite de Stalingrad que le régime nazi a concentré sa fureur meurtrière, en quelque sorte par dépit et frustration, sur les infortunés juifs, dont il était plutôt question jusqu’alors de les déplacer à Madagascar.
Ce projet monstrueux des nazis a quand même couté 30 millions de morts au peuple russe, qui a dû lutter purement et simplement pour sa survie. Les Russes, encore aujourd’hui, ont une perception aigüe de l’immense sacrifice que leurs parents et grands-parents ont offert pour sauver leur peuple et leur identité. Chaque Russe a d’innombrables morts dans sa propre famille, comme a pu en avoir chaque Français après la guerre de 14-18. C’est d’ailleurs le cas de Vladimir Poutine lui-même, et celui-ci, dans chacun de ses discours, ne manque pas de rappeler cette dimension héroïque et sacrificielle des Russes pendant la Seconde Guerre mondiale : pour eux, « lutter contre le nazisme » ne s’est pas limité à une résistance plus ou moins de la dernière heure (comme les Communistes français), mais une lutte proprement « existentielle » contre une puissance implacable qui avait juré sa destruction absolue…
Mais il serait faux de croire que les Nazis germaniques étaient seuls sur le coup : avant le déclenchement de la guerre, les grandes puissances anglo-saxonnes (Angleterre et États-Unis en première ligne) étaient en fait clairement des soutiens du pouvoir allemand dans sa « lutte contre le bolchévisme », et les appuyaient financièrement et même militairement. Et une fois le tournant de Stalingrad et la défaite allemande inéluctable, l’obsession des Américains, et probablement la véritable raison de leur débarquement en Normandie (alors que sur le plan militaire tout était déjà joué), ne fut pas du tout de « sauver l’Europe de la barbarie nazie », mais de contenir la poussée de l’Armée rouge en Europe centrale… Par ailleurs, pendant la guerre, les Allemands ont pu compter sur le soutien assidu d’une partie des populations d’Europe centrale et de l’Est pour organiser leur campagne d’épuration des Slaves, que ce soient les Croates oustachis (que l’on retrouvera 50 ans plus tard à l’œuvre contre les Serbes d’ex-Yougoslavie), une partie des Polonais mais aussi des Ukrainiens (le fameux mouvement nationaliste des « bandéristes », antisémite mais surtout antirusse, et qui collabora avec enthousiasme aux côtés de l’occupant nazi).
De l’impérialisme anglo-saxon à l’« exceptionnalisme » américain
Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut également prendre en compte la mentalité profondément manichéenne et suprémaciste des Anglo-saxons, et en particulier des États-Unis. Descendant des Puritains anglais, l’élite américaine, marquée par l’idéologie de sa « Destinée manifeste », se considère littéralement comme le « nouveau Peuple élu », investi par le Dieu de l’Ancien Testament d’un droit absolu sur les autres peuples (à commencer par les malheureux Amérindiens, exterminés sans ménagement sur le même modèle que les occupants de Canaan au retour des juifs d’Égypte). De là cet insupportable « deux poids deux mesures », déjà présent dans le Pentateuque, qui revient à dire : « nous avons le droit divin de faire de vous ce que nous voulons, mais vous avez l’interdiction absolue de porter la main sur nous, et même de nous contredire, et même de résister ».
À l’époque moderne, ce suprémacisme religieux profondément totalitaire, et le « double standard » révoltant qui l’accompagne, s’incarnent dans la doctrine de l’« Exceptionnalisme américain », au nom de laquelle les USA réclament unilatéralement le droit de jouer les « gendarmes du monde » et de commander à la « communauté internationale », tout en s’exonérant sans aucune vergogne des règles qu’ils imposent aux autres par leur domination monétaire (le pétrodollar) et militaire (celle-ci étant permise par celle-là). Un « exceptionnalisme » bien commode lorsqu’il s’agit pour les politiciens américains de justifier, et même d’être fiers, d’avoir rasé des villes entières à coup de bombes thermiques (Dresde) ou atomiques (Hiroshima, Nagasaki), grillé des femmes et des enfants vietnamiens au napalm, et même, comme la sympathique Madeleine Albright, provoqué la mort de plus de 500 000 enfants innocents au Proche et Moyen-Orient (Irak, Afghanistan, Syrie…). Tout en mentant effrontément eux-mêmes, dans la plus parfaite inversion accusatoire, à propos de prétendus charniers serbes, massacres de bébés dans des couveuses koweitiennes, attaques à l’arme chimique syrienne et autres manipulations barbouzesques orchestrées avec le soutien des médias corporate. Sans oublier de s’autodécerner, avec le plus parfait cynisme, un « Prix Nobel de la Paix » au goût de sang (combien de familles innocentes réduites en charpie par les drones téléguidées de Obama ?).
Inévitablement, la prétention à la domination totale des États-Unis et de leurs dominions anglo-saxons et germaniques (mais hélas aussi, depuis Sarkozy, notre pauvre vieille France…) devait clacher avec un certain nombre d’autres peuples qui, de plus en plus nombreux, allaient vouloir s’opposer à cette prétention hégémonique et défendre ou restaurer leur indépendance. Dans un premier temps, ces peuples indociles purent être mâtés à coup de juntes paramilitaires d’extrême-droite (Amérique Latine), de « révolutions colorées » (type Shah d’Iran ou Boris Eltsine…), voire, lorsqu’on voulait être sympa avec ses amis du complexe militaro-industriel, de quelques tapis de bombes ou de missiles (Serbes de Yougoslavie, Irakiens, Libyens). Certes, il y a eu quelques petits loupés (le Cuba de Castro, le Vietnam, la Révolution islamiste en Iran, plus récemment l’Afghanistan), mais enfin, quand même, tout était sous contrôle, il y avait clairement d’un côté le « Camp du Bien » dirigé par les Yankees, fixant les règles du jeu international, et de l’autre le « Camp du Mal » avec quelques « états-voyous » isolés type Venezuela, Iran, Corée du Nord et cie. Et depuis la Chute du Mur de Berlin, l’effondrement de l’Union soviétique et la conversion de la Russie au capitalisme sauvage, les Américains pouvaient enfin triompher : c’était la « Fin de l’Histoire », le « Nouvel ordre mondial » unipolaire, l’Empire américain étendu à la planète entière, la domination sans partage des néo-conservateurs, de Wall Street et d’Hollywood – une hégémonie globale comme l’humanité n’en avait jamais connue jusqu’alors, économique et industrielle, financière, monétaire, militaire, politique, culturelle et même sportive…
Le réveil du Peuple russe
Mais voilà, « divine surprise », comme aurait dit Maurras : Poutine est arrivé. Le peuple russe s’est redressé, il a remis au pas ses capitalistes oligarques, il s’est réarmé militairement, économiquement et surtout moralement. Il a retrouvé foi dans son destin, la fierté de sa culture et de ses mœurs, le sentiment aigu de son particularisme identitaire et spirituel, frontalement opposée au matérialisme consumériste de l’Occident. Avec la ferme intention de redevenir une grande puissance régionale et de retrouver son autonomie au sein d’un monde multipolaire dans lequel aucun peuple ne peut plus se prétendre au-dessus des autres. Autant de prétentions insupportables aux yeux des impérialistes anglo-saxons, qui ne supportent pas qu’un peuple inférieur réduit en esclavage se rebelle et veuille s’émanciper…
Oh, certes, au début, on ne l’a pas trop pris au sérieux, ce petit agent du KGB sans grand charisme ; mais tout à coup, au moment de la Guerre en Syrie, on a réalisé qu’il était beaucoup, beaucoup plus fort qu’imaginé, et qu’il avait vraiment refait de la Russie une puissance de haut niveau, qu’il serait bien difficile, et même impossible, de remettre au pas. Pire, depuis cette renaissance de la Russie, les USA et leurs alliés connaissent revers sur revers à chaque fois qu’ils essayent de s’imposer par la force et l’intimidation, comme au bon vieux temps de Reagan et du clan Bush : incapacité à renverser Bachar El Assad, Hugo Chavez et même son pâle successeur Maduro ; fronde des pays latino-américains, menée par le Mexique et le Brésil ; indocilité et même désormais franche hostilité des pays pétroliers arabes, jusqu’à récemment alliés inconditionnels ; prise de distance de l’Inde, opposition frontale de la Turquie, émancipation progressive des pays africains…
En fait, ce n’est pas Poutine mais les USA et leurs valets qui sont de plus en plus isolés : dégoutés par leur arrogance, leur brutalité, leurs mensonges et double-jeu permanent, leur absence totale de morale et d’humanité envers les autres, les peuples du monde entier se détournent peu à peu des Occidentaux et construisent un autre monde sans eux, avec leur système bancaire et monétaire déconnecté du dollar, leurs industries de pointe, leurs accords commerciaux et de défense, leur internet, leurs propres compétitions sportives et musicales… Et comme c’est en fait l’Occident qui a besoin du reste du monde, et pas l’inverse (pour le pétrole, pour le blé, pour les terres et les métaux rares…), ça se traduit par la crise économique catastrophique que nous vivons actuellement et qui s’accélère avec les sanctions suicidaires prises contre la Russie…
Et l’Ukraine dans tout cela…
C’est dans ce contexte, donc, de déclin inéluctable de l’Occident, de crise financière en révoltes populaires, qu’il faut comprendre le conflit actuel en Ukraine. Cela fait maintenant près de dix ans que les Américains, ayant réalisé sur le tard que Poutine ne plaisantait pas et remettait vraiment en question leur suprématie eschatologique, sont prêts à tout pour supprimer Poutine et mater ce peuple russe indocile – et par « tout », il faut bien entendre « vraiment tout », comme le démontre le refus farouche des néoconservateurs, des démocrates et des leaders de l’OTAN d’adopter une doctrine de NFU (« No First Use ») nucléaire. Malheureusement pour eux – et heureusement pour les Russes – les États-Unis sont à tel point gangrenés par la corruption, le clientélisme, l’obésité, la violence raciale et désormais l’idéologie « woke », qu’ils n’ont plus les moyens de leurs ambitions ; et ça les rend très, très furieux et très, très méchants – un peu, en fait, comme les dirigeants du IIIe Reich après avoir compris que Stalingrad marquait la fin de leurs rêves millénaristes…
L’ultime tentative, après l’échec de l’option « barbus islamistes » (Al Qaeda, Tchéchènes, Daech…), c’est de lancer contre la Russie ces peuples européens qui partagent leur haine raciale du Slave. D’où le coup d’État de 2014 en Ukraine, orchestré par l’Ambassade des États-Unis, et qui a conduit à remplacer un président pro-russe légitime, Ianoukovytch, par un fantoche pro-occidental soutenu par des partis d’extrême-droite voire ouvertement néo-nazis (Svoboda, Pravyï sektor) ; mais aussi le « coup d’État soft » des milices bandéristes qui ont repris en main l’actuel président Zelensky, pourtant élu sur un programme de réconciliation avec la Russie, et l’ont obligé à torpiller les Accords de Minsk (qui prévoyaient l’autonomie des Républiques autoproclamées du Donbass) et à se lancer dans cette politique meurtrière d’oppression et de bombardement permanent des minorités russes (dans le silence le plus total des médias occidentaux, cela va de soi). Les mondialistes pro-américains jouent ici leur dernière carte, celle de la division tragique de l’Ukraine entre un Ouest qui s’identifie plutôt à l’ancienne Europe germanique et austro-hongroise, aspirant à rejoindre l’OTAN et l’Union européenne – un Ouest désormais dirigé de fait par une minorité d’extrémistes se revendiquant fièrement de la collaboration pronazie et appelant ouvertement à l’épuration culturelle, si ce n’est ethnique, des populations russophones ; et à l’Est des populations ethniquement russes en Crimée et dans le Donbass, qui ont commencé à s’inquiéter légitimement en 2014 lorsqu’ils ont vu arriver ces héritiers du IIIe Reich au pouvoir, et ont immédiatement demandé la protection de la Russie (voire, pour les Criméens, leur rattachement pur et simple à la « Mère Patrie »)…
Et nous en arrivons aux toutes dernières années, depuis l’élection de Joe Biden, avec une accélération du soutien de l‘OTAN à l’armée ukrainienne, son armement, sa formation, et l’encadrement direct des bataillons paramilitaires de fanatiques nazis, dits « bataillons Azov ». Fin 2021, tout était en place pour une opération massive contre le Donbass, avec comme projet global d’instrumentaliser le racisme anti-slave des Ukrainiens néo-nazis pour attaquer les populations russophones et provoquer une réaction de la Russie – qu’il serait alors facile de désigner comme l’« agresseur », permettant de dresser la « communauté internationale » contre eux, s’il le fallait en médiatisant quelques « atrocités » bien télégéniques des « bouchers russes » ; de pousser l’Allemagne à annuler le projet Northstream 2, et plus généralement l’Europe à arrêter de se fournir en énergie peu chère auprès de la Russie pour acheter du gaz de schiste américain, beaucoup plus coûteux et polluant ; de justifier des sanctions destinées à « mettre à genoux » l’économie russe, détruire le rouble, ruiner les oligarques proches du pouvoir, provoquer des troubles socio-politiques et finalement, dans les rêves les plus mouillés des milieux néocons et démocrates, attiser les braises d’une nouvelle « révolution de couleur », et pourquoi pas d’un coup d’État, pour (re)mettre au pouvoir à Moscou une marionnette pro-occidentale type Eltsine/Kasparov/Navalny…
Tout cela ressemble à un gigantesque complot, et le dénoncer sonne donc très « conspirationniste » – sauf que voilà, tout ce plan machiavélique a été préparé à l’avance par différent think-tanks proches du Pentagone, type RAND Corporation, dont les rapports tout ce qu’il y a de plus officiels recommandent ouvertement de provoquer, d’agresser et d’affaiblir économiquement et militairement la Russie par proxy ukrainien interposé (« nous résisterons jusqu’au dernier soldat ukrainien », pour reprendre la bonne blague qui circule dans les cercles de l’OTAN). Un véritable script cinématographique comme les Américains en ont le secret, et qui prévoit au passage, faisant d’une pierre deux coups, de « neutraliser » et vassaliser une bonne fois pour toute l’Union européenne…
La « lutte existentielle » du Peuple russe
Poutine, bien entendu, savait tout cela, et s’était préparé au scénario du pire avancé de plus en plus frontalement par les Occidentaux. Il avait pourtant joué carte sur table depuis le début, tracé sa « ligne rouge » – l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Car si l’Ukraine tombait dans le camp occidental, c’est la Russie elle-même qui serait acculée sur ses frontières, menacée dans son existence même : « Où pourrions-nous encore reculer ? », se demandait dramatiquement le président russe dans une de ses interventions télévisées, parlant au nom de son peuple… Oui, depuis le début, les Russes le proclament : pour eux, l’Ukraine, ce n’est pas une simple question de « territoire » ou d’« aire d’influence » : comme en 1941 lorsque les troupes nazies sont entrées sur leur territoire, c’est, littéralement, une question de vie ou de mort… Et les Occidentaux le savaient pertinemment, et c’est précisément pour cela qu’ils ont continué d’avancer méthodiquement, pas à pas, par cette tactique oppressante de l’« effet-cliquet » chère aux fondateurs de l’Union européenne, avec la certitude que l’Ours russe, tôt ou tard, sortirait de sa tanière et tomberait dans leur piège mortel…
Il faut donc bien comprendre que lorsque Poutine parle de « dénazifier » l’Ukraine, de « menace existentielle » contre la Russie, de « légitime défense », il parle très sérieusement, et ce qu’il dit est vrai. Ce sont bien les Américains et leurs alliés qui provoquent et agressent la Russie depuis 30 ans, en étendant l’OTAN vers l’est en violation totale de leurs promesses solennelles ; Il y a bien un mouvement néonazi, et même nazi tout court, qui a persisté en Europe centrale et de l’est, avec la bénédiction des Anglo-saxons ; il y a bien une volonté millénaire des Occidentaux de domestiquer, et même pour certains d’exterminer, le peuple slave de Russie ; la Russie est le Mal absolu, l’Ennemi à abattre, le dernier obstacle dans la quête de domination millénariste des USA ; pour la détruire, tout est donc autorisé, comme tout était autorisé au Peuple élu à son retour d’Égypte ; il n’y aura aucune limite à la propagande, au mensonge, à la manipulation. Car on ne se limite pas à vaincre un ennemi sur le champ de bataille, on ne signe pas de cessez-le-feu avec lui, on ne négocie pas : on cherche à l’humilier, à le soumettre, à le détruire s’il le faut…
Alors, lorsqu’en février 2022 Kiev a annoncé vouloir installer des missiles nucléaires sur son territoire, et commencé à engager d’importants mouvements de troupes sur la frontière du Donbass, Poutine a su que l’heure était venue, que l’attaque était imminente, que le combat à mort allait commencer. Mais il avait murement muri sa réaction. Après s’être assuré du soutien de la Chine, il a pris les devants et, conformément au précepte militaire selon lequel « l’attaque est la meilleure défense », il a attaqué préemptivement l’Ukraine via une procédure parfaitement préparée : reconnaissance officielle de l’indépendance du Donbass, réponse fraternelle à la demande d’accord de protection des nouvelles Républiques russophones, intervention parfaitement légale et légitime, dans le cadre desdits accords, pour interposer ses troupes entre l’armée ukrainienne et les populations du Donbass. Avec parallèlement l’ouverture d’un front au Nord vers Kiev pour détourner l’attention et empêcher les renforts d’arriver vers l’Est (Poutine n’a donc jamais eu l’intention d’envahir la totalité de l’Ukraine pour reconstituer l’URSS ou une fantasmatique « Grande Russie » : tout cela n’est qu’invention des médias occidentaux pour faire passer pour une « défaite humiliante » ce qui n’est qu’un plan de bataille rondement exécuté).
Aujourd’hui le Donbass est en grande partie libéré, la Russie reconstruit les services de base (électricité, eau potable, Internet, banques avec distributeurs de roubles…) ; les populations revivent enfin, pour la première fois depuis presque une décennie, sans la hantise d’un mortier ukrainien. Une dernière bataille est engagée avec ce qu’il reste de l’armée régulière ukrainienne et de néonazis fanatisés, avec la formation de plusieurs « chaudrons » autour de Kharkov, Kramatorsk et Sievierodinestsk. Sur le plan des sanctions, après une première réaction de panique, le rouble s’est stabilisé et se situe même aujourd’hui à un niveau plus élevé par rapport à l’Euro qu’avant le déclenchement de la guerre ; les pays européens, piteusement, viennent d’accepter les conditions de Poutine pour payer leur gaz en roubles ; la hausse des cours du pétrole s’est traduit par d’importantes rentrées de cash pour la Russie, qui a plus que compensé le manque-à-gagner de la guerre par le renforcement de ses relations avec la Chine, l’Inde et les autres pays d’Asie, et plus globalement le parrainage d’un nouveau front anti-occidental dans le monde. L’Europe est au bord de la crise énergétique et alimentaire pendant que la Russie n’a jamais été aussi solide, car indépendante, sur le plan économique. Loin de renverser Poutine, la population russe a fait front derrière lui et sa côte de popularité est remontée en flèche pour atteindre des niveaux qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. Les Européens commencent à peine à comprendre qu’ils sont en train de se suicider pour le seul profit de quelques actionnaires américains. Poutine, de son côté, à définitivement renoncé à avoir un dialogue raisonnable et équilibré avec ces pays occidentaux qui mentent en permanence (« l’Empire du mensonge », ainsi les appelle-t-il dans ses discours, et comment ne pas lui donner raison ?) ; dans cette perspective, la prestation grotesque et minable de Macron a sans doute fortement contribué à lui ôter ses dernières illusions sur le sérieux et la bonne foi des « démocraties » européennes…
On peut le dire maintenant, le plan américain a échoué ; la Russie a résisté, et ressort plus forte de l’épreuve. L’hallucinante rhétorique antirusse de l’Occident, résumée en introduction, ce registre insane de la « soumission », de l’« humiliation », de la « destruction totale », loin de refléter la réalité du terrain, n’est autre que le révélateur des fantasmes de toute-puissance sadique du camp occidental, de sa psychologie manichéenne et millénariste, de son déni de la réalité. Cette propagande haineuse n’a rien à voir avec le monde tel qu’il est, mais seulement tel que notre hubris névrosé voudrait qu’il soit – et tel qu’il ne sera jamais désormais, pour le plus grand soulagement de l’humanité. Il reste juste à espérer que les Américains et leurs complices de l’OTAN, se rendant compte de leur échec, ne sombreront pas dans la folie et la frustration, et n’en viendront pas à des actions désespérées et apocalyptiques, semblables à celle des nazis avec les juifs (« puisque nous n’avons pas gagné, vous périrez avec nous » : voilà ce que fut, au bout du bout, la « solution finale »)…
Conclusion : pour le Salut de la France et de la Russie…
Ce texte a été écrit trop vite, avec trop de passion, de subjectivité parfois. Il comporte certainement des raccourcis, des approximations, peut-être quelques erreurs… Mais l’essentiel y est, et l’essentiel, c’est qu’il ne faut pas se laisser influencer, intimider et même terroriser par l’écrasante machine de propagande occidentale, les chaînes d’info en continu, les artistes bien-pensants et toute la clique du « Camp du Bien » ; ne pas baisser les yeux et s’écraser devant toutes ces relations professionnelles, sociales ou familiales qui s’indignent de votre « soutien au génocide ukrainien », comme ils s’indignaient hier de votre opposition au passe sanitaire et au « vaccin » anti-covid (« Mais vous allez tuer nos grands-parents ! »). Poutine, et tout le peuple Russe avec lui, est dans son bon droit. La justice, la morale et la vérité sont de leur côté – de « notre » côté, oserai-je dire, puisque dans ces moments-là je m’identifie totalement, avec un immense bonheur, à ce peuple magnifique, fier et indomptable, celui de Dostoïevski, de Rachmaninov et de Soljenitsyne, dont je m’honore d’avoir un peu du sang dans le mien.
Une certaine fierté, aussi, d’être Français, le seul peuple occidental à avoir toujours manifesté une admiration et une sincère amitié pour les Russes, depuis l’époque de Voltaire et de Catherine II, des Russes blancs de la Côte d’Azur et du Général de Gaulle, de Hélène Carrère d’Encausse et de Romain Gary. Je suis intimement persuadé que notre Salut commun est dans la régénération du « couple franco-russe », ces deux vieilles puissances terriennes et paysannes dont le destin commun est de faire front au mercantilisme anglo-saxon – et c’est un privilège pour moi de me sentir déjà l’enfant d’une telle famille…
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