Les principes de la propagande de guerre

17/03/2022 (2022-03-17)

[Source : Nexus]

[Illustration : Pixabay]

Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, nous assistons à une lutte acharnée de communication politique et médiatique, destinée à gagner le combat de l’opinion publique. L’occasion de se pencher sur les principes de la propagande de guerre.

La machine propagande, qui est aujourd’hui appelée « communication », tourne à plein régime en période de guerre. Plusieurs auteurs, tels que Michel Collon, avec son site Investig’Action, ou Anne Morelli, avec son livre Principes élémentaires de propagande de guerre, se sont penchés sur ce sujet. 

◆ La communication comme arme

La propagande est un ensemble d’actions et de stratégies mises en place pour propager, par tous les moyens disponibles, une idée, une opinion, une idéologie ou une doctrine afin de pousser un public ciblé à adopter un nouveau comportement. Les propagandistes exploitent le pouvoir évocateur des mots et des images pour arriver à produire des messages visuels qui créeront de la crainte, de la colère, de la fierté et du patriotisme. Tout pays engagé dans une guerre utilise la propagande pour encourager sa population à faire des sacrifices et à participer à l’effort de guerre. La guerre en Ukraine nous donne un nouvel exemple de la propagande de guerre.

◆ Les cinq principes de propagande selon Michel Collon 

Le journaliste et essayiste, Michel Collon s’appuie sur cinq principes utilisés par la propagande pour justifier toute expédition guerrière :

  • Cacher les intérêts : les pays qui partent en guerre cachent toujours la vraie raison. La guerre au Mali est, selon lui, une guerre menée pour l’or, l’argent, le gaz, le pétrole et l’uranium, pour contrôler toutes les ressources de la région, dans l’intérêt des grandes firmes comme Bouygues, Areva, Alstom, Suez.
  • Cacher l’histoire : les pays vont omettre une partie de l’histoire, nécessaire à la compréhension des enjeux, afin d’imposer une version biaisée. Pour la guerre en Ukraine, l’on omet par exemple les promesses faites par l’Otan à la Russie, ainsi que les alertes des différents présidents russes concernant l’expansion de l’Otan vers l’est.
  • Se faire passer pour le défenseur des victimes : la France a été appelée à l’aide par le président intérimaire du Mali qui n’avait pas le pouvoir légitime de le faire, et elle a été appuyée par les dirigeants des États d’Afrique occidentale, « marionnettes installées par la France », selon Michel Collon.
  • Diaboliser l’ennemi : l’ennemi massacre volontairement ses opposants ainsi que sa population, et les gentils combattants des forces démocratiques apportent la paix et la sécurité sur le territoire. Cette justification a été utilisée, notamment, pour intervenir en Libye ainsi qu’en Syrie.
  • Monopoliser et empêcher le débat : vous êtes avec nous (les croisés) ou contre nous (l’Axe du mal). Toute opinion critique doit être bannie du champ médiatique, et toutes les voix dissidentes ou seulement contradictoires se verront accuser d’être des traîtres. D’où la tentation du pouvoir, ces derniers temps, de museler les médias russes. Ou encore la campagne de décrédibilisation faite à l’encontre de la journaliste Anne-Laure Bonnel, accusée d’être pro-Russes car montrant des images d’exactions faites par les Ukrainiens depuis plusieurs années au Donbass.

La capacité à faire preuve d’esprit critique face à la propagande, à la désinformation et aux fake news est essentielle. La propagande n’est pas seulement le fait des médias mainstream, mais également de la musique populaire, des films, des séries, des réseaux sociaux, de la publicité et de bien d’autres moyens. Dans un monde où la désinformation est de plus en plus présente, il est nécessaire de vérifier les informations qui nous sont données, et de remettre en question nos certitudes.

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