Le SIDA et la Renaissance de l’Hypothèse de Duesberg

Par Ron Unz — 29 décembre 2021

Le mois dernier j’ai lu le nouveau livre de Robert F. Kennedy Jr Le vrai Anthony Fauci qui est presque immédiatement devenu le best-seller n° 1 d’Amazon.

J’ai été très impressionné par la grande quantité de matériel présenté, qui critiquait vivement notre industrie pharmaceutique et ses alliés proches dans la bureaucratie de la santé publique. Mais ce qui m’a vraiment choqué c’est que pratiquement la moitié du texte — environ 200 pages — était consacrée à la présentation et à la promotion de l’affirmation étonnante que tout ce qu’on nous avait raconté sur le VIH/SIDA depuis plus de 35 ans constituait probablement un canular. Cette dernière question est devenue le point central de ma propre révision.

[Voir aussi :
Le SIDA depuis 1984 : Aucune preuve d’une nouvelle épidémie virale – même pas en Afrique
Fauci et la grande arnaque du sida
SIDA : le doute — Film documentaire RTS, ARTE France, TVE, Histoire TV. 1997
Contestation du lien entre VIH et SIDA]

American Pravda : Vaccination, Anthony Fauci et le SIDA

Ron Unz — The Unz Review — 6 décembre 2021 – 6 100 mots

Pourtant, d’après les informations fournies dans le best-seller de Kennedy, n° 1 des ventes d’Amazon, cette image bien connue et solidement établie, que je n’avais jamais sérieusement remise en question, est presque entièrement fausse et frauduleuse, revenant essentiellement à un canular des médias médicaux. Au lieu d’être responsable du SIDA, le virus VIH est probablement inoffensif et n’avait rien à voir avec la maladie. Mais lorsque des personnes se sont révélées être infectées avec le VIH, elles ont été traitées par les premiers médicaments du SIDA extrêmement lucratifs, médicaments qui étaient en fait mortels et qui souvent les tuaient. Les premiers cas de SIDA avaient été causés principalement par une consommation élevée de certaines drogues illicites, et le virus VIH avait été diagnostiqué à tort comme étant responsable. Mais comme Fauci et les sociétés pharmaceutiques avides de profits ont rapidement construit d’énormes empires sur cette erreur de diagnostic, ils se sont farouchement battus pour la maintenir et la protéger, exerçant toute leur influence pour supprimer la vérité dans les médias tout en détruisant les carrières des chercheurs honnêtes qui contestaient cette fraude. Pendant ce temps le SIDA en Afrique était quelque chose de totalement différent, probablement causé principalement par la malnutrition et autres conditions locales.

J’ai trouvé le récit de Kennedy aussi choquant que tout ce que j’ai déjà rencontré.

Dans des circonstances normales, j’aurais été extrêmement réticent à faire miennes des affirmations apparemment aussi farfelues, mais la crédibilité de certains des partisans était difficile à ignorer.

Pourtant, le premier soutien sur la quatrième de couverture vient du Professeur Luc Montagnier, le chercheur en médecine qui a été lauréat du Prix Nobel pour avoir découvert le virus VIH en 1984, et il écrit : « Malheureusement pour l’Humanité, il y a de nombreuses, nombreuses contre-vérités émanant de Fauci et de ses sous-fifres. RFK Jr expose les décennies de mensonges ». De plus, on nous dit que dès la Conférence Internationale sur le SIDA de San Francisco de juin 1990, Montagnier avait publiquement déclaré « le virus VIH est inoffensif et passif, c’est un virus bénin ».

Il se peut que ce lauréat du Prix Nobel ait approuvé le livre pour d’autres raisons et peut-être que le sens de sa frappante déclaration de 1990 ait été mal interprété. Mais l’opinion d’un chercheur qui a remporté un Prix Nobel pour avoir découvert le virus VIH ne devrait certainement pas être totalement ignorée dans l’évaluation de son rôle possible.

Comme l’explique Kennedy, trois autres lauréats du Prix Nobel en sciences ont également exprimé un scepticisme public similaire pour le récit conventionnel VIH/SIDA, l’un d’entre eux étant Kary Mullis, le célèbre créateur du test PCR révolutionnaire (NdT : Kary Mullis a inventé la PCR, il n’a pas inventé le test PCR).

Malgré le formidable succès du livre, il a d’abord été ignoré par les médias grand public. Ce silence a finalement été brisé un mois après la publication lorsque l’Associated Press (Associated Press, une des plus importantes agences de presse du Monde — NdT) a publié un article de dénigrement de 4 000 mots qui attaquait durement l’auteur et son best-seller controversé.

How a Kennedy Built an Anti-Vaccine Juggernaut Amid COVID-19

(Comment un Kennedy a bâti un mastodonte Anti-Vaccin au milieu de la COVID-19) Michelle R. Smith et coll. – The Associated Press – 15 décembre 2021 – 4 000 mots

Cependant, comme je l’ai noté dans ma propre réponse, cette longue dénonciation avait entièrement évité le sujet VIH/SIDA, qui constituait certainement la partie la plus explosive du matériel de Kennedy. Six journalistes de l’AP et des chercheurs avaient passé au minimum dix jours à produire cet article, de sorte que leur silence total sur ce sujet m’est apparu extrêmement suspect. Si près de la moitié du livre de Kennedy soutenait que le VIH/SIDA était un canular médiatique médical et que ses critiques les plus sévères refusaient de le contester sur ce point, tout lecteur impartial doit certainement commencer à suspecter qu’au moins quelques-unes des remarquables affirmations de l’auteur étaient probablement exactes.

RFK Jr. as America’s #1 HIV/AIDS Denier and the Sounds of Media Silence
(RFK Jr en tant que négationniste n° 1 en Amérique de VIH/SIDA et le Silence Assourdissant des Médias)

Ron Unz – The Unz Review – 15 décembre 2021 – 1 500 mots

Avant la récente épidémie du Covid, le SIDA avait passé près de quatre décennies en tant que maladie la plus médiatisée au Monde, et j’ai commencé à me demander si je n’avais pas été complètement induit en erreur durant toutes ces années par mes journaux quotidiens. J’ai écouté les longues interviews de Kennedy par Tucker Carlson, Steve Bannon et Jimmy Dore, mais aucun des présentateurs n’a jamais abordé la question du SIDA, peut-être parce qu’ils la considéraient comme étant une diversion par rapport au sujet plus urgent des vaccins Covid et par rapport aux autres mesures de santé publique controversées. En fait, Kennedy lui-même n’avait jamais été associé auparavant au sujet VIH/SIDA et il a souligné que son reportage visait simplement à « exposer les voix dissidentes aux yeux de tous », de sorte qu’il me faudrait consulter d’autres sources pour des informations supplémentaires. Par chance, son livre a identifié clairement la plus importante figure du débat.

L’un des héros scientifiques les plus importants dans le récit de Kennedy est le Professeur Peter H. Duesberg de Berkeley (de l’université de Berkeley). Durant les années 1970 et 80, Duesberg avait été généralement considéré comme l’un des plus importants virologistes du Monde, élu à l’âge de 50 ans à la prestigieuse Académie Nationale des Sciences, faisant de lui un de ses plus jeunes membres de l’histoire. Dès 1987, il a commencé à soulever de sérieux doutes sur l’hypothèse VIH/SIDA et à souligner les dangers de l’AZT, publiant finalement sur le sujet une série d’articles de revues qui ont progressivement convaincu de nombreuses autres personnes, parmi lesquelles Montagnier. En 1996 il a publié L’invention du Virus du SIDA un ouvrage massif de 712 pages exposant son cas, avec l’avant-propos fourni par Kary Mullis le lauréat du Prix Nobel, le célèbre inventeur de la technologie PCR et lui-même autre critique de premier plan de l’hypothèse VIH/SIDA. Duesberg alla jusqu’à souligner la confiance qu’il portait à son scepticisme à l’égard du VIH en proposant qu’on lui injecte du sang contaminé par le VIH.

Mais plutôt que de débattre ouvertement avec un opposant scientifique aussi solide, Fauci et ses alliés ont mis Duesberg sur la liste noire pour l’attribution de tout financement gouvernemental, détruisant ainsi sa carrière de chercheur, tout en le diffamant et en faisant pression sur d’autres pour qu’ils fassent de même. D’après des collègues chercheurs cités par Kennedy, Duesberg a été détruit en guise d’avertissement et d’exemple pour les autres. Pendant ce temps, Fauci a déployé son influence pour que ses critiques soient bannis des principaux médias nationaux, s’assurant que peu de personnes, en dehors d’un segment étroit de la communauté scientifique, puissent un jour prendre conscience de la controverse en cours.

Donc la théorie qu’il me fallait étudier revenait à l’hypothèse Duesberg, l’adversaire longtemps étouffé de notre orthodoxie VIH/SIDA régnante. Heureusement pour mes besoins les hérésies scientifiques dépourvues de financement et mises sur liste noire par les revues importantes ont tendance à produire un ensemble d’œuvres très gérable. Les milliards (de dollars — NdT) dépensé dans la recherche orthodoxe du SIDA ont donné naissance à bien plus de 100 000 articles de revues universitaires, plus ce qu’un lecteur diligent ne pouvait digérer en une douzaine de vies. Mais la plus récente publication académique que j’ai pu trouver provenant de l’autre bord était un long article de synthèse publié il y a 18 ans par Duesberg et deux de ses collaborateurs. En effet, selon leur épilogue, les auteurs avaient passé plusieurs années à se battre contre l’inlassable hostilité de l’establishment régnante du SIDA pour faire imprimer leur article, establishment qui avait réussi à faire pression sur deux précédentes revues pour qu’elles annulent la publication.

The chemical bases of the various AIDS epidemics: recreational drugs, anti-viral chemotherapy and malnutrition (PDF)

(Les bases chimiques des différentes épidémies de SIDA : drogues récréationnelles, chimiothérapie antivirale et malnutrition (PDF))

Peter Duesberg, Claus Koehnlein et David Raznick — Journal of Bioscience — juin 2003

Bien que j’aie une solide formation scientifique, il me manque l’expertise en médecine ou microbiologie nécessaire pour évaluer correctement leur article. Mais en le lisant attentivement en tant que profane, je l’ai trouvé solide et persuasif, certainement digne d’être publié. Et quand je l’ai transmis à quelqu’un avec une formation médicale professionnelle, il l’a considéré comme extrêmement impressionnant, un exposé convaincant de la thèse révolutionnaire des auteurs.

L’une des affirmations centrales de Duesberg était que la maladie connue sous le nom de SIDA en fait n’existait pas, mais n’était simplement que l’étiquette attachée à un groupe de plus de deux douzaines de maladies différentes, qui avaient toutes une variété de causes différentes, dont seulement certaines étaient des agents infectieux. En effet, la plupart de ces maladies étaient connues et traitées depuis des décennies, mais elles n’étaient désignées « SIDA » que si la victime était également testée positive au virus VIH, ce qui n’avait probablement rien à voir avec la maladie.

À l’appui de leur position contraire (à la thèse officielle — NdT), les auteurs ont noté que les différents groupes à haut risque de « SIDA » avaient tendance à n’être touchés que par des versions particulières de la maladie, le « SIDA » dont souffraient les hémophiles étant généralement très différent du « SIDA » des villageois africains et ne chevauchant que légèrement les maladies des homosexuels ou des toxicomanes par intraveineuse. En fait, le modèle du « SIDA » en Afrique semblait complètement différent de celui du Monde développé. Mais si toutes ces maladies différentes étaient réellement causées par un seul virus VIH, des syndromes aussi complètement différents sembleraient des anomalies déconcertantes, difficiles à expliquer d’un point de vue scientifique.

En 2009, 6 ans après la publication de ce long article, un cinéaste indépendant, de nom Brent Leung, a produit un documentaire de 90 minutes sur le SIDA, fortement sympathique à la thèse de Duesberg, et quelqu’un l’a récemment porté à mon attention. Il y a une grande pénurie de matériel pro Duesberg, donc bien que je ne trouve que rarement des sources d’information vidéo utiles, ce cas était une exception importante. Le film soulignait les énormes inconsistances de la position de l’orthodoxie scientifique, et comprenait également des interviews importantes de Duesberg, Mullis, Fauci et de nombreux autres chercheurs et journalistes clés provenant des deux côtés du débat. Le documentaire dans son entier est facilement disponible sur YouTube (pour la version avec sous-titre en français :

Le peu de personnes ayant visionné le film explique qu’il n’ait pas encore été censuré par YouTube — NdT), ceux qui sont intéressés peuvent donc le visionner et décider par eux-mêmes.

Le journaliste John Lauritsen avait couvert la controverse VIH/SIDA pendant des décennies, écrivant deux livres sur le sujet et servant comme importante source pour le propre travail de Kennedy. Il a récemment rejoint un des fils de discussion sur notre site web et il m’a suggéré de republier sa conférence de 2018, qui résumait de façon utile l’histoire et l’état actuel de la question. (Cette conférence a été organisée par un Américain, Martin Barnes, qui s’est établi dans le sud de la France dans le village Vers Pont du Gard)

Making Our Case In the Battle for Truth
(Plaider notre cause dans la Bataille pour la Vérité)

John Lauritsen — Conférence Vers pont du Gard — 16 juin 2018 – 2 500 mots

Bien que j’aie trouvé tout ce matériel pro Duesberg utile pour étoffer les arguments, la majeure partie chevauchait le contenu du livre de Kennedy, et l’analyse était nécessairement partiale. Sous la pression de l’establishment médical et son lobby du SIDA, les médias dominants ont presque entièrement fermé leurs portes à toute dissidence sur la question et refusent d’engager le dialogue avec les critiques, semblant plutôt avoir recours à la liste noire et au boycott. Cela suggérait la relative faiblesse du cas orthodoxe, mais n’ayant pas d’échanges d’arguments et contre-arguments, je ne pouvais facilement peser la puissance des deux côtés. Heureusement j’ai découvert que cette situation avait été très différente dans le passé.

J’ai passé la plus grande partie du début des années 2000 à créer un système d’archivage de contenu qui comprend des collections presque complètes de quelques centaines de nos principaux magazines d’opinion de ces 150 dernières années, ces publications influentes qui ont façonné notre compréhension du Monde. Le projet était pratiquement un échec total puisque très peu de personnes l’ont utilisé, et j’ai facilement trouvé une longue liste d’articles axés sur l’hypothèse de Duesberg, la plupart d’entre eux datant des années 1990. Durant cette période le rideau de fer de la censure n’était pas encore tombé, et le sujet avait été traité largement et avec respect dans les principales publications.

J’ai lu attentivement plus d’une douzaine d’articles de fond les plus conséquents qui avaient tous été publiés dans des périodiques libéraux, conservateurs et libertaires, tout ce qu’il y a de plus grand public et respectable. Une des surprises majeures a été de voir à quel point le débat semblait avoir peu changé. Les preuves et arguments que Duesberg et ses alliés scientifiques avaient avancés il y a trente ans semblaient remarquablement similaires à ce qui était présenté dans le livre de Kennedy publié à peine le mois dernier.

Le numéro d’été de Policy Review, une des revues spécialisées conservatrices les plus sobres et les plus influentes des États-Unis, avait offert à Duesberg et à un co-auteur une tribune pour la théorie controversée, et leur article en résultant comptait près de 9 000 mots. Selon l’éditeur, ce sujet a provoqué plus de lettres et réponses — positives et négatives — que tout ce qui avait paru dans l’histoire de la revue, et devint un de leurs articles les plus discutés. En conséquence, le numéro suivant du trimestriel a présenté certaines de ces réactions ainsi que les réponses des deux auteurs, l’ensemble de l’échange comptant presque 13 000 mots.

Is the AIDS Virus a Science Fiction? (PDF)

(Le Virus du SIDA est-il une Science-Fiction ?)

Des comportements Immunosuppressifs, et non le VIH, peuvent être la cause du SIDA

Peter H. Duesberg et Bryan J. Ellison — Policy Review — Été 1990 – 8 800 mots

Is HIV the Cause of AIDS? (PDF)
(le VIH est-il la Cause du SIDA ?)

Des critiques répondent — Policy Review — Automne 1990 – 12 700 mots

Plusieurs années plus tard, un développement semblable s’est déroulé chez Reason, le magazine de luxe phare du mouvement libertaire américain. Le magazine a publié un long article illustré par la couverture approuvant les affirmations de Duesberg et rédigé par trois de ses alliés scientifiques, l’un d’entre eux, un ancien professeur de la Faculté de Médecine de Harvard et un autre récent lauréat du Prix Nobel. Une fois de plus, le résultat a été un énorme déversement de réactions tant de soutien que critiques, et le long débat a été publié dans un numéro ultérieur.

What Causes AIDS? (PDF)

(Qu’est-ce qui cause le SIDA)

Nous ne savons toujours pas ce qui cause le SIDA

Charles A. Thomas, Kary B. Mullis et Phillip E. Johnson

Reason – Juin 1994 – 4 600 mots

What Causes AIDS? The Debate Continues (PDF)
Qu’est-ce qui cause le SIDA ? Le débat continue

Les critiques répondent — Reason — Décembre 1994 – 9 100 mots

Le Lancet est une des revues médicales les plus importantes du Monde et en 1996, l’année suivant sa nomination en tant que rédacteur en chef, Richard Horton a publié dans les pages de la prestigieuse, d’un point de vue intellectuel, New York Review of Books (revue bimensuelle qui traite des questions d’actualité en se basant sur une importante revue de presse — NdT) pour produire une discussion de 10 000 mots sur les théories de Duesberg telles qu’elles étaient exposées dans trois des livres et recueils du chercheur.

Horton était manifestement une des personnalités les plus respectables de l’establishment, mais bien qu’il se soit surtout prononcé en soutien du consensus orthodoxe VIH/SIDA, il a présenté la perspective totalement contraire de Duesberg en toute impartialité, avec respect, mais pas sans réserve.

Cependant, ce qui m’a le plus frappé dans le récit de Horton c’est à quel point il semblait atterré par le traitement de Duesberg par le complexe médico-industriel régnant en Amérique, tel que c’est suggéré par son titre « Vérité et Hérésie au sujet du SIDA ».

La toute première phrase de son long article de synthèse mentionnait la « vaste industrie universitaire et commerciale construite autour… du VIH » ainsi que le défi fondamental que Duesberg posait à son fondement scientifique. Avec pour conséquence que le « brillant virologue » était devenu le « scientifique vivant le plus vilipendé » et le sujet « d’attaques des plus condamnables ». Les principales revues scientifiques avaient fait preuve d’une « attitude partiale alarmante », ce qui a eu pour partie comme conséquence que d’autres dissidents potentiels avaient été dissuadés de poursuivre leurs théories alternatives.

Selon Horton, les considérations financières étaient devenues un élément central du processus scientifique, et il a noté avec horreur qu’une conférence de presse sur la recherche, qui remettait en question l’efficacité d’un médicament anti-SIDA particulier, était en fait bourrée de journalistes spécialisés dans la finance, focalisés sur les efforts des dirigeants d’entreprise à détruire la crédibilité d’une étude qu’ils avaient eux-mêmes aidée à concevoir, mais qui allait maintenant à l’encontre de leur propre produit.

Plus important encore, bien que Horton était dans l’ensemble sceptique par rapport aux conclusions de Duesberg, il était absolument cinglant envers les opposants au virologue dissident.

Un des aspects les plus troublants du différend entre Duesberg et l’establishment du SIDA était la façon dont on avait refusé à Duesberg la possibilité de tester son hypothèse. Dans une discipline régie par des affirmations empiriques de la vérité, les preuves expérimentales sembleraient la manière la plus évidente de confirmer ou de réfuter les affirmations de Duesberg. Mais Duesberg avait trouvé les portes de l’establishment scientifique closes à ses fréquents appels à des tests…

Duesberg mérite d’être entendu, et l’assassinat idéologique qu’il a subi restera un témoignage embarrassant des tendances réactionnaires de la science moderne… À une époque où les idées nouvelles et de nouvelles voies d’investigation sont si désespérément recherchées, comment la communauté du SIDA peut-elle se permettre de ne pas financer la recherche de Duesberg ? »

Cette dernière phrase retentissante clôturait toute la critique, parue il y a plus d’un quart de siècle dans une publication prestigieuse et influente. Pour autant que je sache, la critique sincère de Horton est tombée entièrement dans des oreilles de sourds, et l’establishment du SIDA a simplement ignoré toute la controverse tout en faisant progressivement pression sur les médias pour qu’ils mettent fin à toute couverture. Cela semble confirmer pleinement le récit fourni dans le best-seller actuel de Kennedy.

Truth and Heresy About AIDS

(Vérité et Hérésie au sujet du SIDA)

Richard Horton – The New York Review of Books – 23 mai 1996 – 10 100 mots

Pris ensemble, ces cinq articles comptent plus de 45 000 mots, la longueur d’un petit livre, et fournissent probablement un débat aussi bon et équilibré sur l’Hypothèse Duesberg que ce qu’on peut trouver où que ce soit.

D’après l’article de l’AP le livre de Kennedy s’est probablement vendu à 200 000 exemplaires dans les premières semaines suivant sa publication du 16 novembre. Le livre a ravi la place de n° 1 sur Amazon et a conservé cette position une bonne partie du mois de décembre, donc les ventes globales peuvent maintenant s’élever à plus du double de ce chiffre.

Mais même si le nombre total d’exemplaires imprimés devait éventuellement atteindre le million ou plus, de tels chiffres ne représentent tout au plus une minuscule fraction des dizaines de millions d’Américains qui sont submergés chaque jour par les messages fortement promus par nos médias électroniques et nos médias sociaux, organismes médiatiques qui mettent sur liste noire ou qui boycottent le matériel important que Kennedy présente. Donc à moins que le mur défensif des médias ne puisse être contourné avec succès, le message du livre de Kennedy se limitera probablement surtout à cette fraction de la population qui est déjà à l’écoute, renforçant peut-être leur détermination, mais gagnant relativement peu de nouveaux adhérents.

Il y a plusieurs années, j’ai exactement analysé ce problème, soulignant les difficultés à surmonter un tel blocus médiatique et la stratégie possible à poursuivre, et certaines de mes suggestions méritent d’être citées en larges extraits :

Les médias grand public (mainstream en anglais — NdT) existent en un tout homogène, de sorte que l’affaiblissement ou le discrédit dans un domaine particulier réduit automatiquement également son influence partout ailleurs.

Les éléments du récit médiatique auxquels est confronté un groupe anti-establishment particulier peuvent être trop forts et bien défendus pour les attaquer avec efficacité, et de telles attaques peuvent être écartées comme étant motivées par l’idéologie. Par conséquent, la stratégie la plus productive peut parfois être une stratégie indirecte, en attaquant le récit médiatique ailleurs, à des endroits où il est bien plus faible et bien moins défendu. En plus, gagner ces batailles plus faciles peut générer une plus grande crédibilité et impulsion, ce qui ensuite peut être appliqué à des attaques ultérieures sur des fronts plus difficiles.

Certaines portions de ce mur médiatique peuvent être solides et vigoureusement défendues par de puissants intérêts particuliers, ce qui rend les assauts difficiles. Mais d’autres portions, peut-être plus âgées et moins connues, ont décrépi avec le temps, leurs défenseurs s’en étant éloignés. Enfoncer le mur à ces endroits plus faibles peut être plus facile, et une fois que la barrière a été brisée en plusieurs endroits, la défendre en d’autres devient bien plus difficile.

Par exemple, considérez les conséquences si l’on démontre que le récit médiatique établi est complètement faux sur un événement individuel. Une fois ce résultat largement reconnu, la crédibilité des médias sur tous les autres sujets, même n’ayant aucun rapport serait quelque peu atténuée. Les gens ordinaires concluraient naturellement que si les médias se sont trompés si longtemps sur un point important, ils pourraient se tromper également sur d’autres points, et la puissante suspension de l’incrédulité qui fournit aux médias son influence deviendrait moins puissante. Même les individus qui forment collectivement le corpus des médias pourraient commencer à considérer de sérieux doutes sur eux-mêmes en ce qui concerne leurs certitudes antérieures.

Le point crucial c’est que de telles percées peuvent être les plus faciles à réaliser dans des sujets qui semblent être simplement d’importance historique, et qui sont totalement éloignés de toute conséquence pratique actuelle.

Selon les paramètres habituels du débat public, les défis à l’orthodoxie établie sont traités comme étant des « affirmations extraordinaires » qui doivent être justifiées par des preuves extraordinaires. Cette exigence peut être injuste, mais elle constitue la réalité dans de nombreux échanges publics, fondés sur le cadre fourni par les médias prétendument impartiaux.

Étant donné que la plupart de ces controverses impliquent un large éventail de questions complexes et de preuves ambiguës ou contestées, il est souvent extrêmement difficile d’établir de façon concluante une théorie non orthodoxe, disons à un niveau de confiance de 95 ou 98 %. Par conséquent, le verdict des médias est presque invariablement « Cas non prouvé » et les contestataires sont jugés vaincus et discrédités, même s’ils semblent réellement avoir la prépondérance des preuves de leur côté. Et s’ils contestent haut et fort l’injustice de leur situation, cette même réponse est alors citée par la suite par les médias comme preuve supplémentaire de leur fanatisme ou de leur paranoïa.

Cependant, supposons qu’une stratégie entièrement différente ait été adoptée. Au lieu d’essayer de monter un dossier « au-delà de tout doute raisonnable », les tenants fournissent simplement suffisamment de preuves et analyses pour suggérer qu’il y a 30 % ou 50 % ou 70 % de chances que la théorie non orthodoxe soit vraie. Le fait même qu’aucune affirmation de quasi-certitude ne soit avancée fournit une défense puissante contre toute accusation plausible de fanatisme ou de pensées délirantes. Mais si la question est d’importance énorme et — comme c’est habituellement le cas — la théorie non orthodoxe a été presque totalement ignorée par les médias, bien qu’elle ait apparemment au moins une chance raisonnable d’être vraie, alors les médias peuvent être attaqués de manière efficace et ridiculisés pour leur paresse et leur incompétence. Ces accusations sont très difficiles à réfuter et puisqu’aucune affirmation n’est faite que la théorie non orthodoxe s’est nécessairement avérée exacte, simplement qu’elle pourrait éventuellement être correcte, toute contre-accusation de tendance conspiratrice tomberait à plat.

En effet, les seuls moyens que les médias pourraient avoir pour réfuter efficacement ces accusations seraient d’explorer tous les détails complexes de la question (aidant en cela à porter eux-mêmes à une attention plus large différents faits controversés) et ensuite prétendre qu’il n’y a qu’une chance négligeable que la théorie soit correcte, peut-être 10 % ou moins. Ainsi, l’habituelle charge de la preuve est complètement inversée. Et comme il est peu probable que la plupart des membres des médias n’aient jamais accordé une attention sérieuse sur le sujet, il se pourrait que leur présentation, faite par des ignorants, soit assez faible et vulnérable face à une déconstruction bien informée. En effet, le scénario le plus probable est que les médias continueront à ignorer totalement toute la controverse, renforçant ainsi ces accusations plausibles de paresse et d’incompétence.

American Pravda: Breaching the Media Barrier

(Pravda Américaine : traverser la barrière médiatique)

Ron Unz – The Unz Review – 24 octobre 2016 – 2 500 mots

Le public principal du livre de Kennedy est la communauté anti-vaxx importante et mobilisée, et beaucoup de ces personnes peuvent ignorer sa longue discussion sur la controverse VIH/SIDA, ou même l’écarter au motif qu’elle détourne l’attention. Mais je pense que c’est une grave erreur stratégique. Au lieu de cela un accent majeur sur le récit douteux VIH/SIDA et l’hypothèse opposée de Duesberg peut constituer le meilleur moyen de discréditer l’establishment médical dominant de l’Amérique, et ainsi permettre une réévaluation de notre politique vaccinale. Comme je l’ai expliqué vers la fin de ma recension :

En tant qu’observateur extérieur sans expertise particulière dans ces domaines de la médecine, j’ai été impressionné par une grande partie du matériel que Kennedy a réuni en soutien à ses points de vue non orthodoxes sur les vaccins et les traitements Covid, mais j’ai trouvé que les preuves qu’il a fournies sur le VIH et le SIDA étaient beaucoup plus compréhensives et persuasives, tout en étant plus appuyées par des experts faisant bien plus autorité. Mais si, comme il l’affirme, la vérité au sujet du VIH et du SIDA a été supprimée avec succès pendant des décennies par l’ensemble de l’industrie médicale, alors nous devons nécessairement devenir très méfiants au sujet des autres allégations médicales, y compris celles concernant le Covid et les vaccinations.

Je me demande même si cela ne représente pas une partie du sous-entendu caché de l’âpre bataille actuelle au sujet de la vaccination et la réaction presque paranoïaque de tant d’opposants. Ceux qui ont contesté le dogme scientifique officiel sur le SIDA ont depuis longtemps été chassés de la place publique, de sorte que bien peu parmi ceux qui puisent leurs informations des médias grand public sont même au courant du conflit. Mais le genre de théories divergentes présentées par Kennedy a probablement circulé depuis des années à l’intérieur de segments particuliers de la population, et ces personnes sont devenues fermement convaincues qu’un grand nombre d’Américains sont morts parce que l’establishment médical a infligé le traitement mortel AZT pour lutter contre l’inoffensif virus VIH. Donc elles deviendraient alors extrêmement méfiantes si elles apprenaient qu’un virus Covid à faible mortalité était traité par l’utilisation généralisée de nouveaux vaccins expérimentaux qui ont complètement contourné le processus de test habituel grâce à un ensemble de dérogations d’urgence. Après avoir absorbé le contenu remarquable de l’important livre de Kennedy, je pense qu’il n’est pas déraisonnable d’avoir de telles préoccupations.

Lectures associées :

Traduction Jean Bitterlin, le 5 janvier 2022