Solution à la crise migratoire en Europe ?

[Illustration : Sauvetage de migrants par les garde-côtes italiens, le 15 septembre à Lampedusa. Un épisode parmi tant d’autres…
Photo © Cecilia Fabiano/LaPresse/Shutter/SIPA]

[Source : valeursactuelles.com]

Jean Messiha : Crise migratoire à Lampedusa, la solution du blocus naval

TRIBUNE. Le seul mode de blocus naval possible tant sur le plan militaire qu’humain est un blocus aux limites des eaux territoriales des deux pays de départ que sont la Tunisie et la Libye, explique Jean Messiha, président de l’Institut Vivre Français.

Par Jean Messiha

Une origine étymologique lointaine attribue le nom de Lampedusa à une espèce d’huître très présente sur son littoral. Loin d’être aussi hermétiquement fermée que le crustacé dont elle porte le nom, cette île italienne est aujourd’hui en proie à une invasion de migrants venus par la mer. Depuis le 11 septembre 2023, plusieurs dizaines de bateaux ont ainsi déversé pas moins de 11 000 personnes en provenance d’Afrique du Nord.

Au total, ce sont plus de 127 000 migrants qui ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, soit le double par rapport au nombre de migrants arrivés à la même période en 2022.

Cet afflux massif et continu de migrants, pour la plupart subsahariens, maghrébins et masculins (on est loin de la « parité » si chère aux gaucho — « progressistes ») relance inévitablement, et pour la énième fois, le lancinant débat sur la politique migratoire. Qui plus est, dans un contexte où les peuples européens disent massivement non à tout accueil de migrants supplémentaires, comme en attestent les sondages qui se succède depuis des années.

Les termes du débat public autour de la migration ne sont toutefois pas satisfaisants, tant s’en faut. Les gaucho — « progressistes » ont une position qui consiste à dire « on ne peut rien faire et donc la seule solution est de ventiler les migrants sur toute l’Europe ». Ce discours est repris par le président de la République française, Emmanuel Macron, dont la politique migratoire se résume à une « relocalisation » des migrants dans les territoires français qui n’en ont pas actuellement, à savoir principalement la France rurale ainsi que dans les villes petites et moyennes. Ne parlons pas de la Nupes pour qui l’invasion migratoire n’est pas un problème, mais un projet susceptible d’accélérer l’objectif de créolisation de la France cher à Jean-Luc Mélenchon. Autant dire son grand remplacement.

De l’autre côté du spectre politique, le camp national déclare ne vouloir accueillir aucun migrant sur le sol européen. L’ambition est louable, mais pèche par manque de précision opérationnelle. Pas de migrants, très bien, mais comment, concrètement les empêcher d’arriver sur les côtes européennes ?

Contre l’immigration, il faut arraisonner les bateaux à la limite des eaux territoriales du pays de départ

Le mode opératoire pour réduire drastiquement l’afflux d’une immigration supplémentaire est pourtant assez simple : il faut un blocus naval.

Un blocus naval ? Fort bien. Mais comment exactement ? Le seul mode de blocus naval possible tant sur le plan militaire qu’humain est un blocus aux limites des eaux territoriales des deux pays de départ que sont la Tunisie et la Libye, et ce, pour plusieurs raisons.

Si on laisse les embarcations — et en particulier les plus petites — progresser jusqu’à la limite des eaux territoriales italiennes, la distance pour retourner à la côte de départ, la Tunisie ou la Libye est bien trop importante (plus d’une centaine de kilomètres) et donc beaucoup trop risquée. Aucune marine militaire n’acceptera de refouler les bateaux dans ces conditions, en prenant le risque inconsidéré d’être mise au banc des accusés en cas de naufrage meurtrier.

En revanche, en arraisonnant les bateaux à la limite des eaux territoriales du pays de départ, soit 12 milles marins (22 kilomètres) au large, le risque du refoulement est beaucoup plus faible et les marines nationales européennes pourront, de surcroît, appeler les garde-côtes tunisiens ou libyens.

Les objections peuvent facilement être levées

À cette stratégie, six objections peuvent être opposées, toutes pouvant être facilement levées.

« Comment allez-vous empêcher les bateaux de quitter les eaux territoriales tunisiennes ou libyennes ? En leur tirant dessus ? » Bien sûr que non ! Et d’ailleurs nul besoin d’arriver à cette extrémité pour atteindre le but recherché. Il suffit de regarder du côté de la Grèce. Que font les garde-côtes grecs ? Ils refoulent les bateaux vers la Turquie avec très peu de casse. Toutefois, si passeurs et/ou migrants se rebellent contre l’arraisonnement, il faut faire parler les armes non létales de maintien de l’ordre, comme on le ferait pour calmer des émeutiers n’importe où.

« Les bateaux risquent de se saborder pour forcer les navires de guerre à les prendre en charge. » Dans cette éventualité, pas de problème : les migrants seront secourus. Mais ils resteront sur place jusqu’à ce que les garde-côtes libyens et/ou tunisiens arrivent, et cela aussi longtemps que nécessaire.

« Les bateaux risquent de refuser de faire demi-tour ! » Même réponse. Ils seront immobilisés jusqu’à l’arrivée des garde-côtes tunisiens ou libyens. En attendant, ils seront bien entendu fournis en eau et nourriture.

« Et si les garde-côtes tunisiens ou libyens ne viennent pas ? » Dans ce cas devront déferler les sanctions diplomatiques et éventuellement économiques massives de l’Union européenne sur les pays récalcitrants.

« Mais de quel droit peut-on arraisonner un bateau alors qu’il a atteint les eaux internationales ? » C’est très simple : la suspicion de trafic d’êtres humains, comme le prévoient le droit international et le droit de la mer.

« Cela va coûter un pognon de dingue aux pays de l’Union et à l’Union ! » Certes, mais au total, cela nous coûtera bien moins cher que ce que nous coûte l’immigration illégale, tous frais confondus (accueil, logement, soins, insécurité, etc.).

Un tel blocus naval doit faire l’objet d’une très large publicité dans toute l’Afrique pour que les candidats au départ qui, loin d’être aussi misérables qu’on le prétend, réfléchissent à deux fois avant de s’engager dans une odyssée coûteuse, dangereuse et, finalement, sans espoir. C’est comme ça que l’Australie a réussi sa stratégie dite du « no way ».

La marine italienne pourrait contrôler le front de 500 kilomètres

Dans ce contexte, il est particulièrement irritant d’entendre Georgia Meloni appeler l’Europe au secours en guise de seule réponse à la submersion migratoire de son pays. D’autant qu’elle a tout de même été élue pour, sinon la stopper, du moins la juguler de manière significative.

Certes, l’Europe doit aider l’Italie à refouler les dizaines de milliers de migrants qui tentent d’atteindre ses côtes. Mais cela n’exclut certainement pas le fait que l’Italie pourrait déjà commencer à s’occuper de cette invasion avec ses propres moyens.

La marine italienne est la deuxième de l’Union, derrière la France, mais devant l’Allemagne. De surcroît, la marine italienne n’est pas éparpillée entre la mer du Nord, la Manche, l’Atlantique, la Méditerranée, la mer des Caraïbes, l’océan Indien et le Pacifique comme la marine française. Son aire de projection principale sinon unique, c’est la Méditerranée.

Avec une marine nationale forte de 91 navires (sans compter les garde-côtes), six sous- marins et 75 aéronefs, le tout servi par 18 000 hommes, l’Italie a donc très largement les capacités de bloquer les bateaux qui partent de Tunisie et de l’ouest de la Libye. C’est un front maritime d’environ 500 kilomètres à surveiller. C’est gérable et largement faisable.

Cette position de Georgia Meloni qui se résume à dire : « je ne bouge pas tant qu’on ne vient pas m’aider » est donc tout bonnement absurde et frôle la trahison de la majorité des électeurs italiens qui l’ont largement élue afin qu’elle prenne le taureau de l’invasion migratoire par les cornes.

Les Polonais n’ont pas attendu l’aide européenne pour fermer leur frontière

Il est vrai qu’au moins dans l’absolu, Georgia Meloni pourrait commencer « à se bouger » sans attendre l’aide de personne et surtout pas celle de l’Europe dont le but n’est pas de freiner l’immigration, mais de la répartir. D’ailleurs, qu’ont fait les Polonais quand, à l’été 2022, la Biélorussie a organisé une énorme vague migratoire de Moyen-Orientaux vers les frontières de son voisin ? Le président polonais Andrzej Duda ne s’est pas croisé les bras en disant : « ou bien l’Europe vient m’aider ou je les laisse passer ! » C’est tout le contraire. En réponse, la Pologne de Duda s’est massivement mobilisée pour résister en fermant hermétiquement ses frontières aux non-résidents, y compris aux travailleurs humanitaires et aux médias. Des milliers de militaires et de policiers y ont été déployés et une muraille métallique a été érigée, équipée d’installations électroniques. Le Parlement polonais a même approuvé une loi autorisant les refoulements des migrants. Les ONG ont hurlé, la justice internationale a gesticulé. Mais la Pologne a tenu bon et très peu de migrants sont parvenus à entrer sur son territoire. Qu’attend donc Mme Meloni pour suivre hardiment cet exemple ?

Nos amis italiens prétendent que leur frontière maritime est également la frontière de l’Europe. En conséquence de quoi, il faudrait que ce soit l’Europe qui la défende. Mais ont-ils seulement lu le traité de Schengen avant de le signer ? Car celui-ci stipule que, bien qu’en effet la frontière maritime italienne soit aussi celle de l’Europe, c’est bien à l’Italie d’assurer sa protection !

Peu attractive en matière sociale pour la grande majorité des dizaines de milliers de migrants arrivant sur les côtes européennes, l’Italie n’est donc plus qu’un passage vers les autres pays de l’Union.

Mais si la réalité était plus complexe qu’il n’y paraît ? Et si derrière son apparente inertie et sa déconcertante impuissance, Georgia Meloni était en fait en train de prendre l’Union et les gaucho — « progressistes » à leur propre piège ? Et si Georgia Meloni ne faisait en réalité que louvoyer pour poursuivre son agenda anti-immigrationniste par d’autres moyens ?

Une souricière sournoisement mise en place par les gaucho — « progressistes »

Pour mieux comprendre cette thèse, il convient tout d’abord de planter le décor politique. La présidente du Conseil italienne élue en 2022 s’est trouvée rapidement prise dans une souricière. Souricière sournoisement mise en place par les gaucho — « progressistes » qui sont aux commandes tant de l’Union européenne que de ses deux principales puissances que sont l’Allemagne et la France. En effet, d’un côté von der Leyen, Macron et consorts mettent le pistolet sur la tempe de l’Italie, la sommant de respecter les traités immigrationnistes européens avec des menaces à peine voilées de sanctions (un peu le même stratagème qu’avec la Grèce en 2012, mais en plus discret, l’Italie étant un plus gros morceau que son voisin hellénistique). De l’autre, l’Italie, membre de la zone euro (ce qui n’est pas le cas de la Pologne…) ne se sentant pas les reins économiques et financiers suffisamment solides, refuse pour l’instant le bras de fer et se soumet au diktat de Bruxelles en laissant débarquer les migrants par dizaines de milliers.

Cette apparente impéritie de Georgia Meloni permet ensuite aux gaucho — « progressistes » de dauber sur « l’échec de l’extrême droite à résoudre le problème migratoire ». D’une pierre deux coups donc : maintenir intact l’immigrationisme tout en dézinguant et décrédibilisant le camp national en Italie et ailleurs.

Cela étant, si l’on se place du strict point de vue italien, Georgia Meloni est-elle si perdante que cela ? Pas sûr. Meloni a, en effet, très astucieusement pris il y a quelques semaines des mesures pour réduire la voilure de l’État providence italien. Elle a par exemple décidé de supprimer l’équivalent italien de notre RSA, pour le remplacer par un dispositif nettement moins avantageux, provoquant l’ire des partis de gauche. Certes, les migrants ne sont pas éligibles au RSA italien. Il n’empêche que cette mesure, en apparence modeste, envoie tout de même un message fort aux candidats à l’entrée illégale en Italie, là où la France continue d’attirer avec un modèle social ouvert aux quatre vents.

Une pure tactique pour ménager la chèvre européenne et le chou du programme de Georgia Meloni

Peu attractive en matière sociale pour la grande majorité des dizaines de milliers de migrants arrivant sur les côtes européennes, l’Italie n’est donc plus qu’un passage vers les autres pays de l’Union, à commencer par la France, pays qui reste encore le plus généreux d’Europe en matière sociale. L’Italie est donc d’autant plus volontiers laxiste sur l’immigration que son patronat prend la minorité de migrants qui l’intéresse en raison de la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs, et que des légions d’ONG organisent la transhumance des autres vers les frontières nord avec la France, la Suisse et l’Autriche où ils tentent inlassablement de passer et finissent forcément par y parvenir.

La victoire de Georgia Meloni avait suscité une immense vague d’espoir pour tous ceux qui, en Europe, attendent l’arrivée d’un gouvernement national qui mettrait fin à la folie migratoire. Pour l’Italie, on peut se demander si Meloni ne fait pas aux Italiens le coup de Sarkozy aux Français au nom du « pragmatisme ».

En attendant et quand bien même son attentisme serait pure tactique pour ménager la chèvre européenne et le chou de son programme, l’expérience Meloni prend vraiment à contrepied le camp national français qui doit maintenant expliquer pourquoi et comment il tiendra réellement ses promesses de campagne en matière migratoire et donner de sérieux gages préélectoraux pour montrer qu’il ne capitulera pas in fine face au mur d’un pseudoréalisme économique et juridique…




La Russie et le Great Reset selon Lucien Cerise

[Source : E&R]

Par Lucien Cerise

En 2017, le politicien et intellectuel moldave Yurie Roșca lançait l’initiative du Forum de Chișinău, surnommé le « forum anti-Davos », avec la contribution d’Alexandre Douguine et du président de la République de Moldavie, Igor Dodon. J’avais l’honneur d’être convié par Yurie Roșca à participer sur place à l’événement international organisé en décembre à Chișinău, ainsi qu’au troisième forum tenu dans la capitale moldave en septembre 2019. Quelques années plus tard, le 9 septembre 2023, à l’occasion de la quatrième édition du forum, intitulée « L’Agenda 21 de l’ONU et le Great Reset — La chute du libéralisme dans la technocratie et le transhumanisme », Yurie Roșca me faisait l’amitié de m’inviter à prendre la parole à nouveau. Je suis intervenu cette fois à distance avec un article et une vidéo pour en résumer le contenu.

La Grande Réinitialisation, ou Great Reset en anglais, est un programme d’inspiration cybernétique visant à informatiser totalement les sociétés humaines au point de « fusionner le biologique et le numérique », selon les mots de Klaus Schwab, président du World Economic Forum (WEF, forum de Davos). L’informatique doit devenir omniprésente, un passage obligé de chaque instant, un goulot d’étranglement universel, pour mener une existence normale. Plus largement, il s’agit de dépasser la condition humaine pour nous acheminer vers le transhumanisme au moyen d’un encadrement complet de la vie quotidienne par les technologies NBIC — nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. Les organisations du capitalisme occidental (WEF, FMI, GAFAM) soutiennent ce programme avec enthousiasme. Mais comme l’explique Peter Töpfer :

« Il semblerait que le “Great Reset” des centres de pouvoir occidentaux prenne également pied dans les pays qui prétendent représenter des pôles géopolitiques alternatifs. L’application des mesures dictées par l’OMS contre la pseudo-pandémie, la numérisation complète de la société, le remplacement de l’argent liquide par des CBDC [monnaies numériques], etc. font partie de l’agenda officiel de tous les pays BRICS sans exception, ainsi que des pays musulmans qui revendiquent également leur autonomie par rapport à l’Occident. »(([1] Peter Töpfer, « Une contribution à la méthodologie multipolariste », Multipolaristen, 07/05/2023. https://multipolaristen.de/multipol…))

De son côté, Yurie Roșca revenait ainsi sur son intervention à la Conférence mondiale sur la multipolarité organisée le 29 avril 2023 par Alexandre Douguine :

« Je voudrais remercier notre ami d’Allemagne, Peter Töpfer, d’avoir noté mon intervention lors de la récente conférence internationale sur la multipolarité. Et si ma modeste contribution a été remarquée, c’est parce que j’ai essayé de souligner qu’en ce moment, malgré des conflits majeurs entre différents pays, ils suivent tous docilement le même agenda mondialiste. J’ai mentionné qu’il s’agit de ce qu’on appelle le Great Reset, Agenda 21 ou Agenda 2030 pour le développement durable, adopté au sein de l’ONU. Et si tous les pays, sans exception, suivent le même ordre du jour, le résultat qui sera atteint sera commun à toute l’humanité. (…) Les cercles occultes qui se cachent derrière des organisations telles que le WEF (Forum économique mondial), la Commission Trilatérale, le CFR (Council on Foreign Relations), le Groupe Bilderberg, le Club de Rome, etc. et qui opèrent par le biais d’organismes internationaux officiels tels que l’ONU, l’UE, l’OMS, l’OMC, le FMI, la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux, etc. ont des instruments de domination, devant lesquels aucun État ne peut résister. »(([2] Yurie Roșca, « La mort du paradigme libéral et la montée de la technocratie », Geopolitika.ru, 12/05/2023. https://www.geopolitika.ru/fr/artic…))

Est-il vrai qu’aucun État ne peut résister au mondialisme et que tous les pays suivent son agenda ? C’est ce que pensent également d’autres commentateurs de la situation, tels que Pierre Hillard, Nicolas Bonnal ou Edward Slavsquat (Riley Waggaman), qui passent beaucoup de temps à nous expliquer que la Russie fait partie, elle aussi, du Great Reset et du « Nouvel Ordre mondial ». De fait, nous sommes tous dans le même monde, et contraints de nous battre sur le même champ de bataille et avec les mêmes armes que l’ennemi, y compris les auteurs cités, qui font un usage intensif de l’informatique, eux aussi, et ont déjà mis le doigt dans l’engrenage qui conduit au Great Reset et au « Nouvel Ordre mondial ». Nous sommes tous des Charlie Chaplin happés par les machines comme dans les Temps modernes. Il est un domaine d’études peu fréquenté : ce sont les règles universelles des rapports de forces, modélisées par la théorie des jeux, dont la course aux armements est un exemple bien connu. Deux ennemis mortels peuvent partager le même champ de bataille et les mêmes armes, donc se ressembler presque parfaitement, et rester des ennemis mortels. La guerre est aujourd’hui en grande partie informatique, il ne faut donc pas s’étonner que la Russie et les autres pays des BRICS investissent également ce domaine, condition sine qua non s’ils veulent soutenir le rapport de forces avec les Occidentaux dans ce domaine. On ne lutte pas contre l’OTAN avec des arcs et des flèches. Pourquoi ? Parce que l’OTAN n’attaque pas avec des arcs et des flèches. Cette alliance militaire et son complexe militaro-industriel imposent le choix des armes de leur guerre hybride au niveau mondial, d’autant plus facilement que c’est la technologie qui écrit l’histoire universelle, et que tout le monde est obligé de s’adapter à son rythme, celui de la découverte scientifique, ne serait-ce que pour rester compétitif et soutenir les rapports de forces à armes égales sur la scène internationale, et ne serait-ce que pour contester l’agenda de l’OTAN.

Une approche épistémologique, en termes de philosophie des sciences, dévoile que le transhumanisme et le Great Reset sont des retombées civiles des recherches menées par les divers complexes militaro-industriels nationaux de la planète, engagés dans une émulation concurrentielle sans limites. Dans le domaine scientifique, tout ce qui est faisable sera fait.

La condition humaine est animée par une démesure scientifique prométhéenne qui la mènera potentiellement à sa perte, mais à laquelle aucun acteur ne peut renoncer, sauf à renoncer aux moyens de se défendre, donc à sa souveraineté. Chaque acteur géopolitique souhaitant défendre sa souveraineté, son identité et son humanité est contraint de participer à la course aux armements et donc de prendre le risque de la déshumanisation par la technoscience. Dilemme cornélien. Les acteurs nationaux qui rechignent à s’engager sur la pente du transhumanisme seront bien obligés de se positionner, eux aussi, par rapport à ce débat — pour ou contre l’altération de la nature humaine par la technoscience — dans la mesure où ce débat est universel et incontournable, commandé par le moteur de l’histoire humaine, à savoir l’optimisation technologique inlassable des systèmes d’armements, et ses retombées et applications civiles. Le soldat augmenté conduit inévitablement à l’humain augmenté. Plus généralement, porter des vêtements ou des lunettes, se déplacer en voiture ou en avion, sont déjà des augmentations culturelles et technologiques des capacités du corps humain par les outils, les prothèses, les artefacts, les artifices. Notre génétique néoténique est inachevée à la naissance et a besoin d’être augmentée par de l’épigénétique culturelle pour être viable et fonctionnelle. On l’oublie facilement quand la technologie est appliquée depuis un certain temps, car la culture devient une seconde nature, mais l’être humain est augmenté par nature et ce processus est a priori infini et sans limites, comme celui de la découverte scientifique. Cette donnée anthropologique conduit à certains paradoxes. Par exemple, de nombreux individus critiquent et dénoncent le transhumanisme, l’identité numérique, la 5G, les Smart Cities, mais ils le font sur Internet ou sur des messageries de Smartphone comme Telegram, et deviennent ainsi des sujets connectés et augmentés, donc des acteurs du transhumanisme, de l’identité numérique, de la 5 G et des Smart Cities. Les dissonances cognitives qui naissent de cette situation sont rapidement « rationalisées », au prix de contorsions rhétoriques assez peu rationnelles ou du déni pur et simple, mais attention au retour du refoulé. En effet, personne n’échappe aux sirènes de la technoscience, qui permettent d’amplifier notre champ d’action et notre impact sur autrui, car personne ne veut renoncer à se faire entendre. C’est ainsi que la multipolarité, le respect de la diversité, conduit à une sorte d’unipolarité technocratique, et inversement, car tout le monde converge sur les moyens technoscientifiques d’assurer les divergences. Sur le rapport de la Russie au Great Reset, certains commentateurs ne parviennent pas à distinguer ce qui serait une simple obéissance à l’agenda occidental et, d’autre part, un positionnement de type « rivalité mimétique », application de la théorie des jeux, qui induit chez tous les acteurs d’un conflit deux mouvements contradictoires : des mouvements rivaux et divergents, mais aussi des mouvements mimétiques et convergents, comme deux sinusoïdes entrelacées. Deux ennemis mortels sont bien obligés de se croiser et d’entretenir des points de contact pour se battre, ce qui servira de prétexte à certains commentateurs pour dire qu’ils appartiennent finalement au même système. Ce qui n’est pas faux, mais qui s’applique en fait à tout le monde. La dialectique hégélienne est universelle et personne n’y échappe, car personne n’échappe aux contradictions, extérieures comme intérieures. Pour être efficace sur un champ de bataille, il faut partager avec l’ennemi le même champ de bataille, voire partager les mêmes armes, afin de lutter au moins à armes égales. Paradoxalement, ce sont ces convergences obligatoires sur le champ de bataille, la méthode et les moyens, qui permettent de soutenir le rapport de forces pour diverger sur l’agenda et la finalité.

[Note de Joseph : il semble que l’argumentation de Lucien Cerise ici soit pour le moment essentiellement d’ordre mécaniste ou matérialiste (à l’image de la théorie des jeux), mais néglige complètement la dimension de conscience. La « science sans conscience » peut probablement conduire à de telles extrémités que celles constatées ici et de nos jours. Cependant, la conscience peut mettre un frein salutaire à la dérive scientiste qui fait que la science devient une nouvelle religion (cette fois matérialiste et non à visée d’élévation spirituelle) et tend à envahir tous les aspects de la vie humaine. Elle peut fixer notamment des lignes rouges à ne pas franchir en matière d’invasion du corps physique individuel aussi bien que du corps social collectif. Qu’est-ce qui oblige par exemple la Russie à imposer la 5G à son peuple, alors que la fibre optique permet d’aboutir à un meilleur résultat en termes de capacités de transfert d’informations cybernétiques sans nuire potentiellement autant à la santé des individus ? Qu’est-ce qui oblige les Russes en particulier, et les êtres humains en général à utiliser un « smartphone » quand un téléphone filaire permet déjà des appels à distances et quand la plupart des autres fonctions de cet engin sont offertes depuis longtemps par l’ordinateur domestique ? Je vis personnellement très bien (et d’autant mieux) sans téléphone cellulaire, sans 4G, sans 5G et sans Wi-Fi, me contentant d’un ordinateur connecté par câbles. Et les amish vivent probablement encore plus sainement sans toute notre technologie. Et d’ailleurs, ils ne connaissent pas ou très peu de nombreuses maladies de civilisation, telles que cancer, diabète, autisme… dont une bonne partie découle de l’usage de la technologie et de la chimie. Doit-on automatiquement suivre la course aux armements contre l’Humanité sous prétexte que des nations font la course en tête ? Doit-on recourir aux mêmes armes qui finissent par asservir totalement l’Homme ? À un moment, il peut se poser le choix entre vivre esclave ou mourir libre, autant au niveau individuel qu’au niveau collectif ou national. Et de ce point de vue, la Russie et les autres pays des BRICS suivent visiblement plutôt la voie de l’asservissement, comme la plupart des pays occidentaux. Il est devenu une évidence psychologique (et scientifique) que la grande majorité des individus utilisant un téléphone cellulaire et les réseaux dits « sociaux » en deviennent drogués et finalement esclaves, abandonnant leurs capacités à la machine et perdant ainsi progressivement leurs aptitudes mémorielles, de réflexion, d’attention, d’analyse, d’intuition… (baisse reflétée par celle mesurable du QI). En matière d’artefacts techniques ou technologiques, il existe une différence fondamentale entre les supports externes et les invasifs. Si l’organisme humain est sacré, à l’image d’un temple, doit-il accepter de se laisser envahir par des vaccins ou des implants électroniques, microscopiques ou nanotechnologiques bien différents des prothèses qui pallient les pertes squelettiques et dentaires ? Quand les lunettes et les prothèses mécaniques sont de l’ordre de la carrosserie, les implants électroniques et vaccinaux agissent sur le moteur, les circuits et les organes internes. Il peut exister un juste milieu entre trop et pas assez, entre acceptable et intolérable. Les excès deviennent nuisibles, alors qu’un usage modéré peut rester bénéfique. Et seule la conscience est en mesure de déterminer ce qui convient réellement à l’individu comme à la société dans le respect de la liberté individuelle, de la souveraineté et du sacré. Enfin, deux ennemis mortels ne sont pas obligés de se combattre, surtout pas avec les mêmes armes. L’un des deux peut décider à un moment d’utiliser celle de l’amour et ainsi, au moins dans certains cas (lorsque l’on n’a pas affaire à des psychopathes) transformer les deux ennemis en amis. La Russie est-elle obligée de suivre les traces technologiques et les ornières de l’Occident ? Est-elle obligée de porter les mêmes œillères ? Le Nouvel Ordre Mondial ne tombera pas avant qu’une nation ou qu’un nombre suffisant d’individus ne montrent et ne réalisent par eux-mêmes une voie différente, radicalement différente. Et pour l’instant, la seule tendance qui écarte la Russie de l’Occident n’est pas celle de la technologie, mais d’ordre religieux.]

L’objet de cet article est d’analyser cette illusion d’optique intellectuelle qui place sur le même plan le concepteur de l’agenda et ceux qui sont obligés de suivre l’agenda au niveau technique, et qui sont donc obligés de l’appliquer également, au moins partiellement, pour être en capacité de le contester, et avec le risque permanent d’en être finalement exclu et d’être alors dominé par l’adversaire — ce que les militaires appellent le « décrochage capacitaire », pour qualifier ce moment où je suis dépassé par la technologie de l’ennemi. Ce mécanisme est à l’origine du phénomène de la course aux armements, qui est une course à l’innovation technologique et à l’augmentation des capacités du corps humain pour mieux soutenir les rapports de forces physiques, ce qui suppose de partager le même agenda de « recherche et développement » que l’adversaire, mais pour le surpasser — ce que la Russie est parvenue à réaliser dans le domaine des armes hypersoniques. L’histoire du monde avance de manière décentralisée par des interactions concurrentielles et conflictuelles, mais aussi coopératives et convergentes, y compris entre ennemis. En résumé : il faut nécessairement rester au contact de l’ennemi si l’on veut espérer le battre. Croire qu’il serait possible de gagner un conflit sans jamais aller sur le même terrain que l’ennemi apparaît comme une vue de l’esprit purement théorique, dont le principal effet consiste à déserter théoriquement, puis physiquement, le champ de bataille et à offrir la victoire à l’ennemi. Dans son conflit avec l’Occident, la Russie a bien compris qu’il ne fallait donc pas faire cette erreur consistant à s’exclure soi-même du champ de bataille technologique et économique. C’est la raison pour laquelle les mondialistes essayent d’expulser la Russie de la mondialisation contre sa volonté. Dès le 27 février 2022, seulement trois jours après le début de l’opération militaire russe en Ukraine, la finance occidentale utilisait la bombe atomique dans le champ économique et commençait à débrancher la Russie du système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), le système universel de transactions informatiques entre les banques du monde entier :

« Les pays occidentaux ont adopté une nouvelle volée de sanctions financières contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine, en planifiant samedi d’exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. Dans une déclaration commune, la Maison-Blanche a déclaré que les leaders de la Commission européenne, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis étaient résolus “à continuer d’imposer des coûts à la Russie qui l’isoleront davantage du système financier international et de nos économies”. “Nous nous engageons à exclure une sélection de banques russes du système de messagerie Swift”, des mesures qui seront prises “dans les jours qui viennent”, a ajouté la Maison-Blanche. »(([3] « Qu’est-ce que le système Swift dont des banques russes viennent d’être exclues ? », Euronews, 27/02/2022. https://fr.euronews.com/2022/02/27/…))

En 2023, l’exclusion de la Russie du système SWIFT est achevée : les Occidentaux qui veulent voyager en Russie doivent s’y rendre avec de l’argent liquide en poche pour faire du change sur place, car plus aucune carte bancaire occidentale, de retrait ou de crédit, ne fonctionne en Russie. Dans son bulletin Stratpol n° 144, Xavier Moreau saluait le lancement par le Kremlin du rouble numérique, la CBDC russe (Central Bank Digital Currency, monnaie numérique de banque centrale) et s’attirait une volée de commentaires négatifs venant de gens légitimement inquiets de voir la Russie participer à la disparition de l’argent liquide. Peut-être Xavier Moreau avait-il commis une erreur : laisser entendre que la Russie avait le choix de passer, ou non, au rouble numérique. En fait, personne n’a le choix, c’est comme la course aux armements : si vous ne le faites pas, les autres le feront de toute façon, et vous vous désarmez vous-même. Un pays qui ne développe pas sa propre monnaie numérique sera soumis à la monnaie numérique des autres pays, point à la ligne. Ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques. L’Occident livre une guerre d’extermination aux Russes, sur le principe hitlérien de la « guerre totale », et les Russes le comprennent bien ainsi. La création d’un système de transactions financières numériques alternatif à SWIFT et la création de la monnaie nationale numérique idoine est donc une question de survie économique, donc de survie tout court, pour la Russie. Le lancement du rouble numérique en août 2023 avant le dollar numérique vise à occuper la place de monnaie numérique de référence avant la concurrence — pour essayer d’occuper le centre de l’échiquier — et aura pour effet collatéral, à moyen terme, de dédollariser partiellement le monde dans le champ des transactions numériques. C’est la course aux armements aussi dans le domaine de la guerre économique, et si vous ne jouez pas le jeu tel qu’il est imposé par les nouvelles technologies, vous laissez l’ennemi gagner. Le site Coin Academy, spécialisé sur les monnaies numériques, rapportait en janvier 2023 :

« La Banque centrale de Russie veut faire de sa CBDC, le rouble numérique, un moyen de paiement entre pays pour contourner les sanctions. Pour ce faire, la Banque centrale de la Fédération de Russie a présenté deux modèles de règlements transfrontaliers sous forme de CBDC. La Fédération commencera à développer le modèle de règlement entre pays dès le premier trimestre 2023. »(([4] « CBDC : La Russie prépare son système de paiements transfrontaliers », Coin Academy, 11/01/2023. https://coinacademy.fr/actu/russie-…))

Autre conséquence de l’opération militaire russe en Ukraine : le World Economic Forum (WEF) prenait parti très logiquement pour l’Ukraine et excluait la Russie du Forum de Davos 2022, au titre de l’éventail des sanctions visant à l’isoler sur la scène internationale. La presse suisse nous apprenait début mai 2022 :

« Le porte-parole du WEF, Samuel Werthmüller assure que l’argent russe ne parvient plus au Forum. VTB, Gazprom et Sberbank ont disparu de la liste des partenaires stratégiques, et le directeur de la Sberbank n’est plus mentionné comme membre du Board of Trustees. Et le WEF va encore plus loin et fait disparaître les traces de coopérations antérieures : le Centre for Cybersecurity, créé en 2018, initiative commune de cybersécurité du WEF et de la Sberbank, ne mentionne plus ladite banque comme partenaire fondateur. Une volonté de dissimuler ces collaborations aujourd’hui devenues gênantes ? Samuel Werthmüller le réfute : “Nous respectons simplement les sanctions.” »(([5] « La Russie exclue du Forum de Davos, l’Ukraine pourrait prendre le devant de la scène », Le Matin, 01/05/2022. https://www.lematin.ch/story/la-rus…))

L’édition 2023 du Forum de Davos n’a pas réintégré la Russie, dont l’expulsion semble être définitive. À force de se faire chasser des organisations dites internationales, la Russie envisage de prendre les devants et de recréer son propre espace d’indépendance et de relations internationales alternatives en s’extrayant elle-même complètement du système sous contrôle occidental. Piotr Tolstoï, le vice-président du parlement russe, la Douma d’État, faisait le 18 mai 2022 un communiqué explosif qui permettait d’avoir accès aux coulisses de l’État profond russe et de ses projets de souveraineté à long terme :

« Les comités, les commissions, les députés et les sénateurs auront beaucoup de travail à faire dans un avenir proche, ce qui, je pense, pourrait prendre plus d’un mois. La liste reçue par la Douma d’État de la part du ministère des Affaires étrangères contient 1342 éléments : il s’agit de traités et d’accords internationaux qui ont été signés et ratifiés par la Russie au cours des dernières décennies. Nous devrons tous les analyser pour en déterminer la pertinence et, pour ainsi dire, l’utilité pour le pays. Nombre d’entre eux font désormais partie de notre législation nationale et, par conséquent, les commissions compétentes devront également évaluer nos lois russes et décider lesquelles des normes qui y sont introduites nous pouvons et devons abandonner. En outre, nous avons la tâche d’évaluer l’opportunité de la présence de la Russie dans les organes supranationaux et les organisations internationales. Nous nous sommes déjà retirés du Conseil de l’Europe et, en avril, le président de la Douma d’État, Viatcheslav Volodine, a chargé les commissions compétentes, en collaboration avec des experts, d’étudier l’opportunité de la présence de la Russie au sein de l’OMC, de l’OMS et du FMI, étant donné que ces organisations ont déjà enfreint toutes leurs propres règles à l’égard de notre pays. Oui, ces deux tâches ne sont pas faciles, il y a beaucoup de travail, nous devons peser le pour et le contre. Mais c’est la voie vers la pleine souveraineté de la Russie, qui ne devrait être guidée que par ses propres intérêts et ceux de ses citoyens. »(([6] Piotr Tolstoï, Telegram, 18/05/2022 : « Комитетам, комиссиям, депутатам и сенаторам в ближайшее время предстоит большая работа, которая, думаю, может занять не один месяц. Перечень, который поступил в Государственную Думу от Министерства иностранных дел, содержит 1342 пункта : это международные договоры и соглашения, которые были подписаны и ратифицированы Россией за последние десятилетия. Нам предстоит все их проанализировать на предмет актуальности и, так сказать, полезности для страны. Многие из них стали частью нашего национального законодательства, а следовательно, профильным комитетам предстоит также оценить наши российские законы и принять решение о том, от каких из внедренных в них норм мы можем и должны отказаться. Кроме того, перед нами стоит задача оценить целесообразность пребывания России в наднациональных органах и международных организациях. Мы уже вышли из Совета Европы, а в апреле Председатель Госдумы Вячеслав Викторович Володин дал поручение профильным комитетам совместно с экспертами изучить вопрос о целесообразности присутствия России в ВТО, ВОЗ и МВФ в связи с тем, что эти организации в отношении нашей страны все свои же правила уже нарушили. Да, обе задачи непростые, работы много, надо взвесить все « за » и « против ». Но это путь к полному суверенитету России, которая должна руководствоваться только собственными интересами и интересами своих граждан. » https://t.me/petr_tolstoy/1374))

L’État profond russe commence lentement, trop lentement — temps administratif et inertie institutionnelle obligent — à se rebeller contre toutes les menaces faites à sa souveraineté. Les menaces militaires classiques, comme celle incarnée par l’OTAN, sont identifiées par le cerveau humain depuis des siècles. Les menaces nouvelles représentées notamment par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont plus difficiles à percevoir et combattre. L’humain moyen a du mal à concevoir que la médecine puisse être utilisée contre les peuples à une telle échelle, et il n’est pas encore accoutumé à ce nouveau champ de bataille technocratique et bureaucratique qui se déploie seulement depuis l’expansion du secteur tertiaire au XXe siècle, mais qui a désormais tout envahi. L’Organisation des Nations Unies (ONU) fournit un cas d’école, et un vrai dilemme pour la Russie et pour la Chine : comment ces deux pays peuvent-ils réagir à la menace que l’Agenda 2030 de l’ONU fait peser sur leur souveraineté, c’est-à-dire comment peuvent-ils sortir de l’ONU, quand leur position dominante à l’ONU renforce leur souveraineté ? La lenteur de la réaction critique du pouvoir russe vient aussi de sa division, car, comme partout, une fraction de ce pouvoir est sincèrement séduite par le globalisme transhumaniste — ce que certains appellent la « cinquième colonne ». Mais il faut distinguer cette fraction d’une autre apparemment indistincte, celle des individus ayant compris que la souveraineté nationale est inséparable de la souveraineté technologique, car c’est la souveraineté technologique qui permet la souveraineté nationale, et rien d’autre, c’est-à-dire la capacité à assurer par la force le respect de l’intégrité de son propre territoire national.

La question de la souveraineté en général rejoint donc la question du pouvoir et de la fuite en avant irrésistible qu’il engendre. Pour ne pas être dépassé par la volonté de puissance des autres, pour ne pas être réduit à l’impuissance, je dois moi-même cultiver ma propre volonté de puissance. Avant de dépasser mon concurrent, je dois, dans un premier temps, me mettre à niveau et me retrouver au coude à coude avec lui. Il n’y a pas de centre universel du pouvoir, mais il y a des lois universelles de l’exercice du pouvoir. Il y a des contraintes universelles qui sont les mêmes pour tous les sujets qui veulent exercer du pouvoir, sur soi-même ou sur les autres. Tout sujet souverain devra se plier à ces règles, ce qui induit une ressemblance du comportement de tous les sujets souverains, y compris ennemis, ce qui peut être interprété de l’extérieur comme une entente, une connivence, voire un complot, bref un projet intentionnel. Mais il n’y a aucun projet intentionnel à tomber si l’on saute par la fenêtre. Des ennemis mortels tombent de la même façon s’ils sautent par la fenêtre. Cela ne veut pas dire qu’ils ne s’opposent pas réellement, cela veut dire que les lois de la physique sont universelles et s’appliquent de la même façon sur tout le monde. Or, il existe aussi des lois universelles de physique sociale qui commandent aux ennemis d’adopter le même comportement, ou presque, dès lors qu’ils sont en quête de pouvoir et de souveraineté. La physique sociale est structurée par des rapports de force potentiellement nuisibles à tous les acteurs de la situation. Du point de vue de la compétition technoscientifique, nous sommes tous dans le même bateau, qui finira peut-être comme le Titanic, ce qui ne veut pas dire que nous soyons tous d’accord et unifiés par un agenda commun. Certains acteurs politiques plus avisés que d’autres anticipent la catastrophe possible et tentent d’encadrer la technoscience pour qu’elle reste au service des intérêts humains et nationaux. Le gouvernement russe publiait le 6 décembre 2016 une mise à jour de sa « Doctrine de la sécurité de l’information de la Fédération de Russie » :

« 8. Les intérêts nationaux dans le domaine de l’information sont les suivants : a) garantir et protéger les droits et libertés constitutionnels de l’homme et du citoyen en ce qui concerne la réception et l’utilisation de l’information, l’inviolabilité de la vie privée dans l’utilisation des technologies de l’information, fournir un soutien informationnel aux institutions démocratiques, aux mécanismes d’interaction entre l’État et la société civile, ainsi que l’utilisation des technologies de l’information dans l’intérêt de la préservation des valeurs culturelles, historiques, spirituelles et morales du peuple multinational de la Fédération de Russie ; b) assurer le fonctionnement durable et ininterrompu de l’infrastructure de l’information, principalement de l’infrastructure critique de l’information de la Fédération de Russie (ci-après dénommée “infrastructure critique de l’information”) et du réseau unifié de télécommunications de la Fédération de Russie, en temps de paix, en cas de menace imminente d’agression et en temps de guerre ; (…) »(([7] Доктрина информационной безопасности Российской Федерации, Утверждена Указом Президента Российской Федерации от 5 декабря 2016 г. №646 : « 8. Национальными интересами в информационной сфере являются : а) обеспечение и защита конституционных прав и свобод человека и гражданина в части, касающейся получения и использования информации, неприкосновенности частной жизни при использовании информационных технологий, обеспечение информационной поддержки демократических институтов, механизмов взаимодействия государства и гражданского общества, а также применение информационных технологий в интересах сохранения культурных, исторических и духовно-нравственных ценностей многонационального народа Российской Федерации ; б) обеспечение устойчивого и бесперебойного функционирования информационной инфраструктуры, в первую очередь критической информационной инфраструктуры Российской Федерации (далее – критическая информационная инфраструктура) и единой сети электросвязи Российской Федерации, в мирное время, в период непосредственной угрозы агрессии и в военное время ; (…) » https://rg.ru/documents/2016/12/06/…))

Comme on dit, tout le monde serait le perdant d’une escalade vers un conflit nucléaire mondial. Dans une perspective pacifiste et gagnant-gagnant, afin de contrôler, mitiger, brider et réduire dans la mesure du possible les dommages collatéraux universels de la course aux armements dans le domaine informatique, Vladimir Poutine prononçait en septembre 2017 un discours retentissant sur la stratégie numérique russe :

« “L’intelligence artificielle représente l’avenir non seulement de la Russie, mais de toute l’humanité. Elle amène des opportunités colossales et des menaces imprévisibles aujourd’hui,” pense le dirigeant. Il poursuit : “Celui qui deviendra le leader dans ce domaine sera le maître du monde. Et il est fortement indésirable que quelqu’un obtienne un monopole dans ce domaine. Donc, si nous sommes les leaders dans ce domaine, nous partagerons ces technologies avec le monde entier,” affirme Vladimir Poutine. »(([8] « Vladimir Poutine : “Le leader en intelligence artificielle dominera le monde” », La revue du digital, 02/09/2017. https://www.larevuedudigital.com/vl…))

Deux ans après ce discours, le gouvernement russe publiait sa stratégie officielle pour l’intelligence artificielle :

« Décret du Président de la Fédération de Russie du 10 octobre 2019 n° 490 – Sur le développement de l’intelligence artificielle dans la Fédération de Russie ».(([9] Указ Президента Российской Федерации от 10.10.2019 №490 – О развитии искусственного интеллекта в Российской Федерации. http://publication.pravo.gov.ru/Doc…)) Thierry Berthier et Yannick Harrel, spécialistes français de cybersécurité et cyberstratégie, en proposaient quelques jours plus tard un commentaire approfondi sur le site The Conversation.(([10] « La stratégie russe de développement de l’intelligence artificielle », The Conversation, 26/11/2019. https://theconversation.com/la-stra…))

Le second, fin connaisseur de ce sujet, avait déjà publié en 2013 un ouvrage intitulé « La cyberstratégie russe », dont la quatrième de couverture résume le contenu : « La stratégie des pouvoirs à l’ère du numérique n’est pas un tout monolithique, et des spécificités nationales apparaissent, aux États-Unis, en Russie, en France et ailleurs. Jusqu’à présent, la cyberstratégie russe n’avait jamais bénéficié d’étude sérieuse ; elle était réduite à des approximations ou perçue à travers le prisme d’études très parcellaires. Ne faisant aucunement l’impasse sur la prégnance des services de renseignement comme sur l’intérêt croissant du monde militaire pour ce nouvel espace, l’auteur de ce livre analyse les capacités et alliances potentielles de la Russie en matière de cyberespace, tout en évaluant l’émergence d’un “art de la guerre numérique” spécifiquement russe. »(([11] « Yannick Harrel : » L’intelligence artificielle — révolution anthropologique » », Dialogue Franco-Russe, 12/06/2023. https://www.youtube.com/watch?v=dOQ…))

En 2021, l’Institut Français des Relations Internationales en diffusait sur son site un compte rendu :

« Signée par le président russe en octobre 2019, la stratégie nationale de développement de l’intelligence artificielle entend placer la Russie sur la carte des pays qui comptent, entamant un effort de rattrapage technologique et financier en intelligence artificielle (IA) et en robotique avancée. L’IA fondamentale (recherche) comme l’IA appliquée (destinée à être commercialisée) demeurent accaparées par le secteur de la défense, qui en fait un outil au service de la modernisation de ses équipements et de l’art opératif des forces armées. »(([12] « L’intelligence artificielle : enjeu stratégique de la Russie », IFRI, 21/04/2021. https://www.ifri.org/fr/espace-medi…))

Toujours en 2021, à l’occasion de la réunion annuelle du forum de discussion de Valdaï, Vladimir Poutine précisait encore les contours de la stratégie nationale russe sur les nouvelles technologies : « La révolution technologique, les réalisations impressionnantes dans les domaines de l’intelligence artificielle, de l’électronique, des communications, de la génétique, de la bio-ingénierie et de la médecine ouvrent des perspectives colossales, mais elles soulèvent également des questions philosophiques, morales et spirituelles qui, il y a peu, n’étaient posées que par les auteurs de science-fiction. Que se passera-t-il lorsque la technologie dépassera la capacité de penser de l’homme ? Où se situe la limite de l’ingérence dans l’organisme humain, au-delà de laquelle l’homme cesse d’être lui-même et se transforme en une autre entité ? Quelles sont les limites éthiques dans un monde où les possibilités de la science et de la technologie deviennent presque illimitées, et qu’est-ce que cela signifiera pour chacun d’entre nous, pour nos descendants, et pour nos enfants et petits-enfants ? »(([13] « Заседание дискуссионного клуба « Валдай » », Kremlin.ru, 21/10/2021 : « Далее. Технологическая революция, впечатляющие достижения в области искусственного интеллекта, электроники, коммуникаций, генетики, биоинженерии, медицины открывают колоссальные возможности, но они же ставят в прикладном плане философские, моральные, духовные вопросы, которыми ещё недавно задавались только писатели-фантасты. Что будет, когда техника превзойдёт человека по способности мыслить ? Где предел вмешательства в человеческий организм, после которого человек перестаёт быть самим собой и превращается в какую-то иную сущность ? Каковы вообще этические границы в мире, в котором возможности науки и техники становятся практически безграничными, и что это будет значить для каждого из нас, для наших потомков, причём уже ближайших потомков – для наших детей и внуков ? » http://kremlin.ru/events/president/…))

De toute évidence, Vladimir Poutine ne souhaite pas sacrifier la question identitaire sur l’autel de la compétition technoscientifique. La bioéthique, la transmission aux générations futures, la protection de l’enfance ont déjà une traduction légale en Russie avec l’interdiction de la propagande LGBT et du « mariage homosexuel », qui pose ainsi des limites au transhumanisme et qui rétablit un clivage fondateur avec l’Occident et ses développements pédophiles institutionnels (cf. les standards de l’OMS pour l’éducation sexuelle des enfants dès la naissance). Quand Poutine reprend le concept de « Nouvel Ordre mondial », c’est pour en subvertir la signification donnée par le président George H. Bush au moment de la chute de l’URSS et de l’avènement du monde unipolaire dominé par les USA, ce que Francis Fukuyama avait appelé la « fin de l’Histoire ». Poutine reprend le même signifiant, mais avec un signifié différent. Quel est ce nouveau signifié ? La doctrine du gouvernement russe est un matérialisme conservateur, une politique des antagonismes concrets, à la lumière de ce qui a été sélectionné par l’expérience, réalisant une sorte de synthèse de l’empirisme organisateur de Charles Maurras et du matérialisme dialectique de Karl Marx. Cette vision politique et géopolitique propose un traitement réaliste et pragmatique des interactions et interdépendances concurrentielles et conflictuelles qui écrivent l’histoire universelle, et qui se résument dans l’aphorisme d’Héraclite : « Le combat est père de toutes choses. » Quelques siècles plus tard, Nietzsche nous dira en substance que ce sont la violence et les moyens de l’augmenter ou de s’en prémunir qui écrivent l’Histoire, en tant qu’éternel retour du Bien, mais aussi du Mal. Le matérialisme conservateur est un archéo-progressisme, ni technophobe, ni technophile, ou les deux en même temps, assumant les rapports de forces matériels et physiques dans leurs propres termes, ceux de l’innovation technologique et de la course aux armements, évitant le prisme déformant de la métaphysique et de l’essentialisme, tout en restant capable de faire alliance avec les conservateurs adeptes d’une métaphysique, sur la base d’un projet commun de souveraineté technologique réfléchie, consciente des risques et gardant le contrôle critique de la science pour en limiter les impacts négatifs sur la nature humaine. Deux courbes vont se croiser : celle de l’informatisation croissante de nos vies, et celle de la baisse du quotient intellectuel des programmeurs informatiques que l’informatisation croissante de nos vies provoque, ce qui aboutira à une augmentation des erreurs humaines de programmation, donc à une multiplication des bugs et des pannes, et à un dysfonctionnement global de cette informatique devenue omniprésente dans nos vies. Encore une ou deux générations, et l’humain ne sera plus capable intellectuellement de gérer le parc informatique dans lequel il s’est lui-même enfermé. Quand l’intelligence artificielle augmente, l’intelligence réelle diminue, d’où ce phénomène dysgénique des générations X, Y ou Z qui est en train de précipiter l’Occident vers l’effondrement complet. Comme le disait Bernard Stiegler, la technoscience est un pharmakon, simultanément remède et poison, autorisant le meilleur et le pire, capable selon le dosage d’améliorer la condition humaine, mais aussi de la réduire à néant.

L’auteur de ces lignes espère avoir clarifié le rapport de la Russie au Great Reset et au « Nouvel Ordre mondial », et plus largement le rapport de tout être vivant à la technoscience. C’est un rapport intrinsèquement problématique. Ni tout blanc ni tout noir, tout dépend du contexte. L’erreur de l’essentialisme est de nous faire raisonner en termes de substances pures et de valeurs absolues idéales, alors que le réel s’analyse en termes de nuances et de pourcentages. La question n’est donc pas « La Russie est-elle globaliste ou non ? », mais « Quel pourcentage de la Russie est globaliste et quel pourcentage anti-globaliste ? » Il suffit ensuite de comparer avec l’Occident pour constater les différences. La même méthode par pourcentages doit être appliquée à toutes les entités, individus, communautés, organisations. Les commentateurs qui n’en tiendraient pas compte verraient leurs commentaires frappés d’obsolescence instantanée. Essayons maintenant de tourner la page sur un certain nombre de jugements hâtifs et portés sous le coup de l’émotion, afin de poser les termes du débat à l’étape suivante, dans le champ archéo-futuriste de la plateforme intellectuelle et revendicative commune à créer entre les bio-conservateurs de toutes origines à l’époque d’internet et des sujets connectés.

[Note de Joseph : plutôt que de raisonner en termes de substances pures et de valeurs absolues idéales, le véritable essentialisme part simplement de la supériorité de l’Esprit sur la Matière et donc pose que la Conscience n’est pas tributaire de cette dernière, mais doit au contraire l’organiser dans le respect des Lois universelles. A contrario, l’existentialisme centre son approche sur la Matière et la substance, plaçant ainsi l’individu et l’Humanité sous les lois de l’ego. Après, le pourcentage de globalisme ou d’anti-globalisme dépendra autant pour l’individu que pour le groupe de la proportion d’ego ou de matérialisme par rapport à la conscience ou à la spiritualité. Et cette proportion peut bien sûr fluctuer au cours du temps, chaque individu et chaque groupe ayant sa part d’ombre. Cependant, la conscience et la spiritualité doivent s’ancrer dans la matière, par les actes, grâce à la Volonté. Autrement elles restent lettre morte ou stériles. Et pour l’instant, il semble que la volonté collective de retour aux traditions et aux valeurs humaines et religieuses ne soit pas suffisamment forte en Russie pour sortir celle-ci du piège matérialiste occidental qui se traduit par son maintien dans les institutions internationales ou la plupart d’entre elles. Si Poutine souhaite une Russie véritablement souveraine, il n’est malheureusement pas seul, mais est confronté, probablement même dans son entourage proche, à des individus qui travaillent en sens inverse.]

Lucien Cerise

Annexes rétrospectives du Forum de Chișinău

Chișinău I, 26-27 mai 2017 : « 1er colloque eurasiatique : pour un destin commun des peuples eurasiatiques » https://www.youtube.com/watch?v=3mp

Chișinău I, 26-27 mai 2017 : « Jean Parvulesco et la géopolitique transcendantale », Laurent James. http://parousia-parousia.blogspot.c

Chișinău II, 14 décembre 2017 : présentation du livre de Hervé Juvin « Le mur de l’Ouest n’est pas tombé », avec Yurie Roșca, Igor Dodon, Alexander Dugin, Hervé Juvin, Valérie Bugault, Lucien Cerise, Emmanuel Leroy, et la traduction par Modeste Schwartz. https://www.geopolitika.ru/fr/studi

Chișinău II, 15 décembre 2017, séance plénière : « Le capitalisme financier et ses alternatives au 21e siècle » https://www.youtube.com/watch?v=Gif

Chișinău III, 20 septembre 2019 : « Beyond the Unipolar Moment : Perspectives on Multipolar World », première partie, avec Daria Douguine, Marion Sigaut, Marvin Atudorei, Antony Bonamy, Lucien Cerise, Arnaud Develay, Paul Ghițiu, Youssef Hindi, Ovidiu Hurduzeu, Gilles-Emmanuel Jacquet, Dimitris Konstantakopoulos, Alexander Markovics, Pierre-Antoine Plaquevent, Konrad Rękas, Irnerio Seminatore, David Shahnazaryan. https://www.facebook.com/watch/live

Chișinău III, 20 septembre 2019 : « Discours de Lucien Cerise. Après le moment unipolaire, après l’incohérence : une étude de collapsologie cognitive » https://www.cultureetracines.com/ac

Chișinău III, 21 septembre 2019 : « Beyond the Unipolar Moment : Perspectives on Multipolar World », deuxième partie. https://www.privesc.eu/Arhiva/88483

Chișinău III, 21 septembre 2019 : « Présentation de livres d’auteurs français traduits en roumain et édités par l’Université populaire de Moldavie » https://www.youtube.com/watch?v=zys

Notes




Critique de la Connerie pure

Par Lucien SA Oulahbib

Partons de ses deux principes fondateurs dégagés par l’éminent sémiologue français Michel Audiard, également cinéaste de son état :

1/ Les cons cela ose tout c’est même à ça qu’on les reconnaît.

2/ Faut pas parler aux cons, ça les instruit.

Remarquons déjà qu’un con peut s’instruire, il n’est donc pas forcément idiot, même s’il n’est pas intelligent, car instruction et intelligence sont deux choses bien différentes (Pierre Oléron, Pierre Janet, Jean Piaget…) ; cette dernière désigne en effet la capacité à établir des relations (autrement le réel serait un film sans scénario disait justement Piaget, ce que recherchent les nihilistes néanmoins : détruire la capacité de faire des scénarios, car cela ferait de vous un « dominant »…) y compris de nouvelles interactions, et, ainsi, en dégager une synthèse, un jugement/sentiment pour l’action (Janet) ; tandis que l’instruction désigne seulement l’accumulation de connaissances connues ; ce qui fait que le con va reproduire telle conclusion acquise, même si la situation est nouvelle ; alors que l’intelligent va tenter d’en dégager une nouvelle pratique afin de surmonter l’inattendu ; d’où l’idée fausse si répandue hélas (par Albert Jacquard par exemple dans « Moi et les autres“…) supposant que plus l’on est instruit plus l’on devient intelligent…

D’où l’idée forte défendue par Audiard stipulant qu’il ne faut pas parler aux cons, car en les instruisant ils vont croire qu’ils sont intelligents, c’est-à-dire capables de réagir à des situations nouvelles (Oléron) alors qu’ils ne vont faire que reproduire des solutions anciennes, même si elles n’ont pas marché ; ce qui fait dire qu’en effet les cons « osent tout », ils savent bien que cela ne marche pas et pourtant ils le font, ils osent le faire et c’est donc « à ça qu’on les reconnaît »…

J’ajouterai la critique suivante : le con n’est pas forcément idiot en s’entêtant à répéter des solutions pourtant erronées, il peut être aussi malin, voire rusé, parce que s’il est instruit il sait que même s’il répète des solutions fausses il peut rester à sa place, non seulement parce que au royaume des aveugles le borgne est roi, mais parce qu’il a appris qu’avec de l’argent de la flatterie une solide force de maintien de l’ordre obligée de lui obéir et beaucoup de promesses (qui n’engagent que celui qui les écoute tel le corbeau de la fable) il peut soudoyer beaucoup de veules, d’où l’idée de ne pas lui parler cela pourrait lui donner des instructions comme lorsque l’on instruit une machine qui va certes reproduire le programme (tel Mr Smith dans Matrix), mais peut s’emballer dans un « j’ai très envie de les emmerder »…

Des exemples ? À foison bien sûr. Les dernières (conneries) en date ?…

  • « On ne naît pas femme on le devient » : faux, on naît femme ET on le devient ; ce qui fait qu’aller voir un gynéco alors que l’on a un pénis retourné et que l’on va le nommer « vagin » ne fait pas de vous une « femme », car celle-ci n’est pas réductible à son organe génital, il y a aussi, outre sa capacité de créer la vie, toute une singularité psychique (bien dégagée par Joseph Nuttin, 1980, p.166) stipulant que la femme est bien plus tournée que l’homme vers la recherche de la qualité relationnelle plutôt que la seule performance et prouesse ; est-ce cependant lié au fait précisément qu’elle donne la vie cherchant alors un mâle mieux à même de la lui procurer dans les meilleures conditions ? Sans doute, mais la corrélation avec le vécu psycho-socioculturel à un moment historique et donc politique donné doit être saisie singulièrement ; en tout cas aller voir un gynéco pour femme alors que l’on est né homme est une connerie, même les trans intelligents le disent (dernièrement au micro de Pascal Praud sur Europe 1)…
  • » On va mettre à genoux l’économie russe » : faux bien sûr, d’autant que les chiffres officiels calculant le PIB ne calculent qu’un tiers de sa richesse réelle aux dires de spécialistes sérieux ; par ailleurs l’on voit bien que la Russie continue à vendre par exemple son pétrole à l’Inde qui le raffine et le revend avec marges à une UE de plus en plus dirigée par des cons, en particulier une conne qui n’en rate pas une… Mais elle est maligne, car elle est instruite : elle sait que « plus c’est gros plus ça passe », surtout quand les médias de grand chemin ont ensorcelé façon Milgram la majorité des élites et des populations moutonnières qui acceptent ainsi de se faire fouetter (à l’instar de ce maire étasunien) avec les lanières « extrême-droite » et « complotiste »…
  • « Il faut arrêter le pétrole et le charbon d’ici 2030 pour éviter le chaos climatique » : faux bien sûr, selon les vrais spécialistes comme Samuel Furfari, déjà parce que le monde en a besoin à commencer par… l’Allemagne, ensuite parce que l’innovation technologique fait que leur production (qui ne tarit pas contrairement aux idées reçues) et leur consommation se font de manière de plus en plus propre et que c’est plutôt par leur absence, en brûlant par exemple plutôt des déchets comme dans les endroits les plus démunis que la pollution et les maladies pulmonaires sont les plus aiguës. Mais les cons diront que tant pis il faut que les miséreux de Calcutta continuent à se chauffer ainsi tandis qu’eux pètent dans la soie bien au chaud dans les appartements de fonction ou les logements sociaux indûment occupés alors qu’avec leurs hauts salaires ils pourraient laisser la place, mais comme les cons cela ose tout…
  • « Il faut régulariser les sans-papiers à cause des métiers à tension » : faux également, car il suffirait de mieux payer ces métiers, comme cela se passe pour les éboueurs aujourd’hui, et l’on verra ainsi que ces métiers recruteront également des autochtones et des immigrés de troisième génération ; ceci implique bien sûr aussi d’alléger le poids des « cotisations » sociales qui sont aussi des « charges comptables » en élargissant l’offre et l’assiette : ainsi il faudrait permettre aux assurances et mutuelles de proposer des services de sécurité sociale, car étant assises sur une échelle mondiale elles ont bien plus d’économie d’échelle et donc de levier sur les prix, d’une part, d’autre part il faut passer de l’impôt progressif à l’impôt proportionnel, car non seulement trop d’impôt tue l’impôt, mais surtout décourage, pousse à la fraude (pas de paradis fiscal sans enfer fiscal) à la délocalisation, porte ouverte à l’affairisme nihiliste aujourd’hui dominant… Certes certains disent que cela n’a pas été prouvé académiquement, alors que les pays qui le font s’en portent bien mieux, quitte à ce qu’un Fonds Commun de Solidarité (FCS) puisse aider transitoirement les plus démunis du fait des aléas de la vie sans en faire des assistés, car cela serait contre-productif (ou l’effet pervers de l’État Providence qui perpétue la division en deux entre une super élite qui prétend savoir mieux que le peuple et ce dernier maintenu en bas ou comment lui casser les pieds et ensuite lui proposer des chaussures orthopédiques)…

On le voit, la Connerie s’édifie dans sa pureté (crasse) grâce… à nous… C’est en laissant en effet les cons déployer leur malignité avec toute une assurance crasse que 2+2 devient 5

(« Un ministre lui a dit un jour : “Maintenant, monsieur le président, il faudrait que l’on s’occupe des cons.” le général a répondu : “Vaste programme !” ».)




La clef du succès pour les prochaines élections présidentielles

Par Les Gilets Jaunes de la Victoire

Depuis plus de trois ans, depuis le début de la séquence covid, en France les journalistes des médias dominants ont suivi quasiment aveuglément la logorrhée macronienne, sans regarder dans les coulisses. Ainsi, si vous suivez les programmes des télévisions, des radios ou des journaux vous subissez une alternance d’informations pour une grande part stressante et de divertissements bien rodés. Programmes sportifs, musicaux ou autres. Le stress a commencé avec le décompte journalier des morts du covid, le confinement, l’obligation vaccinale… et cela continue actuellement avec les informations sur la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique, l’inflation, les banlieues laissées à vau-l’eau ou tout autre sujet. Il y a le choix. Mais une fois ces informations délivrées, les programmes des médias dominants continuent dans la bonne humeur, le ton des journalistes est apaisant comme si tout était normal, qu’en coulisse il n’y avait rien à creuser, rien à voir. Ainsi le français qu’il soit cultivé ou ignare, diplômé ou non, baigne dans un flot apaisant et soporifique, et continue à croire qu’actuellement nous vivons dans la continuité des périodes précédentes. Très lourde erreur. La longue séquence covid a bouleversé en profondeur le paysage politique français et international. Plus rien ne sera comme avant pour une raison très simple : les distinctions entre gauche et droite, entre extrême gauche et extrême droite sont dorénavant caduques, car tous ensemble ils ont montré leur incapacité à interpréter ce qui se passait réellement pendant la crise sanitaire. Cette crise leur est tombée dessus et a anesthésié leur capacité de jugement comme leur sens critique, tous ils ont gobé la propagande gouvernementale et médiatique sans réfléchir, comme des moutons ils ont suivi le troupeau. Constat accablant la quasi-totalité des responsables politiques de haut niveau sont tombés dans le panneau entraînant les masses dans leur sillage alors que dès l’origine de très nombreuses incohérences manifestes s’étaient révélées dans le discours officiel.

. Tous les médecins savent qu’en cas d’épidémie le terrain est primordial. Un sujet ayant de faibles défenses immunitaires aura nettement plus de prédispositions à attraper une maladie. Cela tombe sous le sens, en cas d’épidémie, il est indispensable pour la population de renforcer ses défenses immunitaires. Pour cela il faut prendre des compléments alimentaires, des vitamines par exemple, des probiotiques, pratiquer une ou des activités physiques modérées, bien dormir et… se déstresser. Pourtant en France lors de cette épidémie une chose ahurissante c’est produite, le gouvernement nous a bombardé incessamment de messages officiels du ministère des Solidarités et de la Santé nous recommandant, la distanciation, le port du masque (avec retard à l’allumage)… mais jamais, au grand jamais, nous n’avons reçu de sa part, avec autant d’acharnement, le message pourtant fondamental, et même vital, que nous devons impérativement renforcer nos défenses immunitaires !!!

Cette omission plus que suspecte est d’une portée considérable, à l’évidence, dès le départ, ce gouvernement a privilégié la contrainte abrupte, l’infantilisation, la peur…, au détriment du bon sens.

. Cet aspect essentiel de la prévention n’ayant pas manifestement été pris en compte par les autorités sanitaires françaises et les responsables politiques, on peut se demander si en droit juridique ils ne peuvent pas être attaqués pour « Abstention volontaire ». L’article 223-6 du Code pénal (article 63-1 de l’ancien Code pénal) condamne l’abstention volontaire de porter assistance à une personne ou des personnes en périls.

. Depuis plusieurs siècles, on sait que la méthode la plus efficace pour stopper une épidémie est la quarantaine. Quarantaine (XIIs) dérivé de quarante d’abord au sens de « espace de quarante jours », au XVIIs, âge de quarante ans » et « isolement de quarante jours » (pour éviter la contagion). Dictionnaire étymologique et historique de la langue française, Baumgartner et Ménard, La Pochothèque, Paris, 1996, page 655.

De nombreux pays dans le monde ont utilisé ce processus avec un franc succès. Ils ont testé les malades et les ont immédiatement isolés de la population, cassant ainsi la chaîne de propagation du virus.

Le point sur les différents tests (Journal des femmes).

. Les tests PCR n’isolent pas et ne détectent pas le covid-19 comme tel, ils montrent simplement que les testés ont toute une série de virus et de bactéries dans leur corps, ceci n’ont peut-être aucun rapport avec le covid-19. Cependant, quand l’individu est déclaré positif (après un délai de plusieurs jours), il est déclaré systématiquement positif au covid-19. (Il y a des directives pour surestimer considérablement le nombre de décès dans tous les pays)

Article FranceSoir : La grande supercherie des tests PCR, 90 % des cas positifs ne sont pas malades ni contagieux.

[Voir aussi : Le directeur scientifique de Pfizer déclare que la « deuxième vague » a été truquée lors de tests covid faussement positifs, « la pandémie est terminée ».]

. Des tests nettement plus précis et rapides (30 min) existaient, ils furent utilisés depuis le début de la crise par plusieurs pays, au début en Asie, Japon, Corée du Sud, Hong-kong… puis en Europe, Luxembourg, Allemagne, Autriche… ils permirent de détecter rapidement les positifs et de les isoler pour éviter la contagion. (ASIE – ÉPIDÉMIE: Sortir du confinement par les tests sérologiques d’immunité au Covid 19)

. Un Conseil Scientifique dont plusieurs membres ont des liens avec des intérêts privés, des entreprises pharmaceutiques. Cette collusion a été dénoncée par le Pr Raoul lors de son audition par le Parlement, le 24 juin 2020. Didier Raoult explique, par ce constat, alors qu’il en est membre, son refus d’y siéger. Malgré cette dénonciation faite il y a plusieurs mois déjà aux yeux de tous, ce Conseil Scientifique a continué de fonctionner en l’état comme si de rien n’était, en donnant son avis au gouvernement qui le suivait.

Enfin, vous voulez voir quelle est la nature des liens avec des intérêts privés ? Il est bien évident que ceux qui profitent de cette manne ne peuvent pas avoir de jugements objectifs. Ils ne peuvent pas être impartiaux. (Top 13 du classement des revenus récents versés par l’industrie pharmaceutique et Crise sanitaire : le retour des accusations de conflit d’intérêt) ;

Depuis plus de trois ans dans les médias alternatifs tombent les preuves effarantes et scandaleuses que la pandémie n’a été qu’une monstrueuse arnaque dont les principaux bénéficiaires se sont gavés aux dépens de tous les citoyens. Voir par exemple parmi une multitude les sites qui délivrent de l’information sans censure : https://www.profession-gendarme.com/https://www.businessbourse.com/https://www.planete360.fr/, https://www.cielvoile.fr/.

Il est déplorable et très grave que la quasi-totalité des politiques, des journalistes, des médecins…, des fonctionnaires en tant qu’exécuteurs aveugles et dociles des consignes gouvernementales n’aient pas été à la hauteur de leurs devoirs en s’informant à des sources non corrompues. Ils se sont complètement déconsidérés, et cela pour très longtemps. Nous ne leur pardonnerons jamais. En ce qui concerne les politiques et les journalistes nous en avons assez de voir toujours la même faune qui monopolise les plateaux TV, les radios, les journaux et qui sciemment censure ou font de la rétention d’informations. Conséquence la grande majorité des Français ne se doute pas, entre autres, que Macron n’est qu’une marionnette de Klaus Schwab le président du Forum de Davos.

À la tête du pays nous n’avons aucun besoin d’être dirigés, menés, contrôlés par des veaux décérébrés ou cyniques. Il nous faut impérativement de vrais responsables politiques intègres à la hauteur de leur fonction et ayant des capacités de jugements élevés. C’est un des principaux enseignements de la mère de toutes les crises. Comme le coronacircus s’est diffusé par capillarité à l’ensemble de la planète pour illustrer notre propos nous pouvons vous proposer cet entretien percutant :

Étant donné que le filon pandémique va encore être exploité dans les semaines et les années à venir par les mondialistes pour terroriser la population, il est impératif de faire comprendre à la population que la seule solution pour nous en sortir est de se regrouper autour d’un candidat qui soit le plus apolitique possible. Jean Lassalle, ancien député, qui a abandonné son mandat pour mieux préparer les prochaines élections présidentielles, qui de plus a souffert des méfaits du vaccin covid, semble être un de ces candidats fédérateurs.

CONCLUSION : Il est impératif et même vital de regrouper nos forces pour pouvoir enfin faire l’union de tous les résistants comme cela avait été fait pendant la dernière guerre par l’intermédiaire de De Gaulle et de Jean Moulin.

Car à défaut nous aurons droit à ceci :

https://reseauinternational.net/nos-dirigeants-sont-selectionnes-et-non-elus/

« Et juste comme ça, nos illusions d’être des citoyens libres dans des démocraties faites “à l’image de Dieu” ont été brisées. Nous sommes des “mangeurs inutiles” et des “animaux taillables et corvéables à merci” que l’on peut rassembler et tuer dès que l’on trouve une excuse plausible. »

Mike Stone




Rappel : Gladio

[Source : @LaPiluleRouge]

Le rôle crucial joué par la CIA dans la manipulation des affaires politiques de l’Europe d’après-guerre par le biais du Gladio.

Les maîtres de cérémonie

Au cours des 40 dernières années, des équipes d’agents secrets ont bombardé et assassiné des dizaines de civils innocents afin de garder le contrôle de l’Europe pour leurs maîtres politiques. Développé à partir des « stay behind » — les nazis qui sont restés dans les territoires occupés à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour résister à la menace communiste — ce réseau secret est passé du statut de défenseur de la sécurité de l’État à celui d’attaquant de l’ordre politique établi. Ce n’est que depuis que l’existence du Gladio a été reconnue en 1990 que l’impact de son rôle obscur dans l’Europe d’après-guerre est apparu.



Les marionnettistes

En août 1980, une bombe a explosé dans la gare de Bologne, en Italie. Les Brigades rouges, une organisation terroriste d’extrême gauche, ont été immédiatement désignées comme responsables des 86 morts et des nombreux blessés parmi les civils. Mais les Brigades rouges — qui opéraient à l’instar de l’organisation Baader Meinhof en Allemagne et d’Action Directe en France — étaient depuis longtemps infiltrées par des agents de droite travaillant pour l’État. Ces agents n’avaient qu’un seul objectif : provoquer une telle série d’atrocités que les civils soient terrifiés au point de plaider pour une plus grande sécurité de l’État, même si cela signifiait une perte de liberté personnelle.



La piétaille

En 1978, à Rome, le Premier ministre italien, Aldo Moro, est enlevé et son garde du corps est tué. Les balles trouvées sur les lieux étaient d’un type réservé aux forces spéciales italiennes et, selon les aveux d’un agent secret, les services secrets avaient été avertis de l’enlèvement. Timewatch examine la vérité derrière cet enlèvement et l’assassinat ultérieur de Moro, qui était favorable à l’inclusion du parti communiste italien dans un gouvernement national. Cet épisode reconstitue également une série de meurtres sanglants et inexpliqués survenus quelques années auparavant en Belgique, lorsque des hommes armés masqués ont assassiné des personnes faisant leurs courses dans des supermarchés. Certains des membres de Gladio responsables parlent aujourd’hui de ces meurtres apparemment sans intérêt.






Ah si tout le monde était comme moi !

Par Alain Tortosa

Décidément je ne comprends pas les gens, un grand mystère…

Ce week-end, je me rendais vers 7 h 30 avec mon fils à la boulangerie et voilà que je tombe nez à nez sur un individu non masqué qui, non seulement ne semblait ressentir aucune peur ou culpabilité de nous mettre en danger, mais qui de plus semblait trouver étrange que je fasse mon devoir de citoyen en le protégeant.

Si je n’avais pas d’enfants, je ne me gênerais pas pour ne pas le porter et ainsi l’exposer à ce virus mortel !

Sans rire, comment peut-on encore en 2023 ignorer que le masque n’est pas un outil de protection personnel, mais qu’il protège uniquement les autres ?!

Comment dans un pays qui se dit développé et « scientifique » peut-il encore exister des complotistes qui ne savent pas que le masque empêche les virus de sortir, mais qu’il ne protège pas son porteur et n’empêche en rien de les inhaler ??!!

Merci aux crétins qui disent qu’il suffirait de le porter dans l’autre sens pour se protéger de bien vouloir la fermer, merci !
N’importe quel spécialiste reconnu des virus sait que c’est leur nature même qui empêche d’être protégé par un masque.
Nous le savons depuis les travaux de Pasteur et cela n’a jamais été mis en défaut depuis.

Alors ces irresponsables n’écoutent-ils jamais les médecins qui passent à la télé ?!

Ne sait-il pas que le nouveau variant nommé BA13 est là, c’est prouvé, les tests PCR sont formels.

C’est un fait, il est plus (+) contagieux, mais nous ignorons encore s’il est plus dangereux, ce qui est probablement le cas.
En revanche nous savons déjà que le saint-vaccin protège de ce nouveau variant à la condition évidente, triviale, de faire un rappel.

Il est prouvé que le « vaccin » Covid sera toujours efficace quelles que soient les évolutions du virus !
Ce qui prouve sa supériorité évidente par rapport au vaccin ancienne génération antigrippe dont la composition doit être modifiée chaque année et qui oblige, hélas, une nouvelle vaccination annuelle.

C’est en cela que nous pouvons affirmer la supériorité écrasante des nouveaux « vaccins » à ARNm. Il est inutile de les modifier chaque année, un rappel est suffisant !

Mais la situation actuelle n’a rien de réjouissant.
Depuis que le nombre de testés augmente, nous voyons que le nombre de positifs augmente proportionnellement.
C’est bien la preuve absolue que l’épidémie repart à la hausse !

Les virologues agréés sont unanimes et sont arrivés à la conclusion que le pic épidémique se produira au pic du nombre de tests effectués.
Nous devons donc lancer une campagne massive de tests au plus vite et les rembourser à nouveau.

Et bien entendu supprimer les jours de carence pour les arrêts maladie Covid afin d’endiguer l’épidémie, mais surtout avoir une vision objective et non biaisée de la situation.

Plus nous serons réactifs sur le nombre de tests et plus vite nous atteindrons le pic du nombre de testés et donc de positifs.
Ce qui nous permettra de retrouver une vie normale jusqu’à la prochaine campagne de tests.

Pour en revenir à ma « boulangerie de l’horreur », je me doute bien que ce crétin n’est pas vacciné.
Il doit ignorer que sa mère est encore vivante grâce aux « bon-français » comme moi qui l’ont protégée de la contamination et des formes graves.

Chez nous, nous en sommes à cinq doses, comme le temps passe…

C’est là qu’on se dit qu’on a une chance folle de vivre au 21e siècle.
Imaginez ce fléau nous tombant dessus au moyen-âge sans masques, sans tests-PCR, sans vaccins, sans médias… nous aurions totalement ignoré son existence et c’eut été, n’en doutons pas, la fin du monde.

Ma femme et moi avons eu une sacrée baraka.
Depuis la « vaccination » nous avons été 12 fois positifs au Covid et nous avons été malades 5 fois et par deux fois comme des chiens.

Pour ma femme cela ressemblait à une gastro, mais qui a duré deux semaines.
Je vous dis pas l’état de l’appartement !

Sans le PCR nous n’aurions jamais su que ce n’était pas une gastro, mais un Covid anal fulgurant. C’est devenu un réflexe chez nous.

À chaque petit bobo, si nous avons des petits symptômes, le pied qui gratte, le nez qui coule ou le petit qui pleure parce qu’il a égaré sa voiture rouge, c’est PCR immédiat pour toute la famille, nos proches, sans oublier le chien.

Mais ce n’est pas tout, nous ne sommes pas débiles et ne nous contentons pas de faire un test lorsque l’on est malade !
Non, non, si nous n’avons aucun symptôme pendant plus d’une semaine, alors l’angoisse monte inexorablement et nous nous précipitons à la pharmacie pour faire de nouveaux tests.

Sachez que cette méthode nous a sauvé la vie plusieurs fois !

Rendez-vous compte que mon fils a eu plusieurs fois le Covid asymptomatique, mais sans le savoir. Vous savez ce sentiment étrange où vous allez très très bien, où votre corps ne vous envoie strictement aucune alerte.
Et bien à plusieurs reprises il nous a contaminés et nous a transmis ses non-symptômes.

Alors que j’allais très bien, tout comme les autres membres de ma famille, je me suis aussi retrouvé en parfaite santé et sans le moindre signe, mais positif au Covid.
C’est là que l’on voit que c’est bien une maladie sournoise et diabolique comme disait le professeur machin truc du conseil scientifique.

J’imagine qu’il avait attrapé ses non-symptômes par un irresponsable sans masque lui-même sans-symptôme n’hésitant pas à nous les transmettre criminellement !

Sans les PCR salvateurs nous aurions totalement ignoré que nous avions tous été contaminés ce qui nous a permis de prévenir nos amis de nos non-symptômes et de nous isoler pendant quinze jours.

Au bout de ces périodes de 15 jours angoissantes sans le moindre symptôme de maladie, nous avons fait un test qui s’est révélé négatif et nous a confirmé notre guérison de nos non-symptômes.

En tous les cas je ne remercierai jamais assez la science et les scientifiques au service du public.

Pour en revernir au Covid chiasse de ma femme, sans le test PCR, celle-ci aurait pu commettre la folie de se traiter comme pour une gastro.
L’irréparable n’a pas eu lieu, notre ex-médecin savait parfaitement qu’il n’existe strictement aucun traitement contre le Covid hormis le paracétamol pour soulager les douleurs anales.

Peut-être vous étonnez-vous de lire « ex-médecin ».
Hélas, malgré son jeune âge, la quarantaine, notre médecin de famille nous a quittés.
Il a développé soudainement une démence sénile qui l’a emporté en quelque mois.

Je dois vous avouer que son remplaçant ne nous apporte pas pleine satisfaction.
Il permet à des irresponsables de rester en salle d’attente sans masque.

Je lui en ai parlé, mais face à son inconscience, je sens que je vais devoir le signaler anonymement à l’ordre des médecins pour manquement grave à la déontologie et mise en danger de la vie des vaccinés masqués.

Je suis horrifié lorsque j’entends un complotiste qui ose se nommer encore docteur qui traite « comme avant ».
Et le pire c’est que les patients sont contents !

Je rigole, mais sans nos doses nous serions déjà morts plusieurs fois.
J’ai moi-même failli être hospitalisé, j’ai failli crever tant les symptômes grippaux étaient forts.
Le « vaccin » m’a sauvé la vie à plusieurs reprises.

Il est dommage que son efficacité ne dure pas dans le temps.
Mais si c’est le prix à payer, nous sommes prêts à nous vacciner à vie tous les trois mois.

Ne croyez pas que je me plaigne. J’ai un ami qui est en Covid long depuis des mois.
Il a des maux de ventre, il tousse, il crache, etc. Dès qu’il va mieux d’un côté les symptômes se déclarent d’un autre.
Lui qui était en parfaite santé, grand sportif, je n’ose imaginer quel serait son état s’il n’en était pas à six doses de la Sainte-ampoule.

Comme je vous l’ai dit, je ne me plains pas, mais la vie est parfois injuste.
Nous les vaccinés attrapons le Covid et d’autres maladies pendant que les irresponsables, eux, semblent se porter comme un charme.
Eux ont le droit de nous contaminer alors que nous les protégeons avec le « vaccin ».

Le problème est qu’ils ne sont pas uniquement contagieux par leurs virus, mais aussi par leurs idées.
Il faudrait vraiment les faire taire définitivement.

J’ai de nombreux amis qui par malchance sont tombés malades peu après leur injection et voilà qu’à cause de ces irresponsables, ils se mettent à croire que c’est un effet secondaire du vaccin.

Par chance, tous ont d’excellents médecins qui ont rejeté l’hypothèse d’un revers de main.
Nous savons tous que ce « vaccin » est totalement inoffensif, cela se saurait depuis le temps.
On en arrive à la situation délirante ou des vaccinés regrettent leurs injections miraculeuses tandis que les fous non-protégés se félicitent toujours de leur inconscience.

Il faut essayer de les ignorer, j’espère qu’ils seront bientôt forcés de s’injecter pour pouvoir travailler, se déplacer ou aller à l’hôpital.

La bonne nouvelle est qu’il existera bientôt des vaccins ARNm pour toutes les maladies.

Et c’est vraiment indispensable quand je vois toutes les personnes qui n’ont pas de chance.

Autour de moi c’est l’hécatombe, et pas uniquement des vieux de 80 ans.
AVC, crises cardiaques, cancers fulgurants, démences, enfants mort-nés et j’en passe.

La vie est souvent injuste.
Toutes ces personnes qui étaient en parfaite santé, qui ont échappé à la mort par le Covid grâce à ce « vaccin » miraculeux et qui sont frappées comme ça, sans lien, par d’autres maladies. Il faut dire que le réchauffement climatique n’aide pas.

J’ai entendu dire que dans les prochaines années, nous devrons nous vacciner dix fois plus pour nous protéger du réchauffement.
Si c’est le prix à payer, comme se séparer de notre chien qui émet trop de CO2, il faudra bien en passer par là.

Tout ceci est quand même bien angoissant.
Nous avons eu l’été le plus chaud depuis 120 000 ans. Vous vous rendez compte ? 120 000 ans, les scientifiques sont formels, mesures à l’appui !

Le problème demeure toujours avec les complotistes.
Ils se croient plus intelligents que les experts indépendants scientifiques spécialistes du climat du GIEC arguant qu’il y a 120 000 ans les thermomètres n’existaient pas, ni même au moyen-âge d’ailleurs !

Pendant nos vacances en Bretagne, ceux-ci nous disaient :

« On se gèle, il fait 17 degrés et il pleut tous les jours, on marche dans la boue tant les sols sont détrempés. »

Ils étaient totalement inconscients de la sécheresse subie et l’état catastrophique des nappes phréatiques.
Comment peut-on être idiot au point d’ignorer qu’en été la pluie ne remplit pas les nappes et qu’une inondation gravissime est totalement compatible avec un état de sécheresse extrême !

Je les ai lues moi les températures extrêmes, ce n’est pas de la manipulation comme disent les complotistes.

J’ai vu les températures infernales des thermomètres infrarouges de BFM mesurant la température de l’asphalte en plein soleil à 14 heures !
Nous avons connu 60 °C en Espagne !
Nous sommes à deux doigts de l’apocalypse à cause de ces crétins qui consomment de la viande au barbecue et roulent en diesel.

Ma femme et moi avons mis à la casse nos deux voitures, même si elles n’avaient que 3 ans, pour acheter des voitures électriques afin de sauver la planète.
Nous avons même pris un abonnement énergie verte afin de ne consommer que de l’électricité renouvelable, en espérant que la centrale nucléaire située à 20 km de chez nous ferme, comme en Allemagne.

La planète souffre, il n’y a qu’à voir les incendies de forêt.
L’autre jour, dans l’avion qui nous menait en Guadeloupe pour nos vacances, j’ai lu dans un magazine que 95 % des incendies seraient d’origine criminelle et causés par le réchauffement.

Et pour ceux qui vous diraient que la température augmente dans tout le système solaire ou sur la Lune.
Sachez que des scientifiques ont prouvé que lors des expéditions spatiales, les 15 gars qui seraient allés sur la Lune il y a cinquante ans, ont soulevé de la poussière et c’est pour cela que la température de l’astre augmente.
Et dire qu’il existe encore des cons pour croire que les scientifiques vont dans le sens de leur financeur.

Je profite d’une petite parenthèse pour dire ma colère vis-à-vis de la NASA. Rendez-vous compte qu’ils ont recyclé les bandes magnétiques et perdu toutes les données permettant d’aller sur la Lune.

Les scientifiques de l’époque étant à la retraite ou décédés ils sont contraints de repartir de zéro !
À cause de ces imbéciles nous devrons peut-être attendre encore plusieurs années pour retrouver la technologie et le savoir des années 60 pour « retourner » sur la Lune. Fin de ma parenthèse.

Oui nous les Français pouvons sauver la planète si nous menons les actions nécessaires ! C’est à portée de main.
Grâce à un effort combiné, grâce à la fermeture de nos industries, à la suppression des voitures thermiques, à l’inclusion à l’école, de l’introduction à la sexualité et à la sodomie dès 3 ans, et en arrêtant de nous chauffer en hiver, nous pourrions réduire de 80 % nos émissions de CO2.

Prenons l’exemple sur Air Liquide qui pour sauver la planète fabrique de l’hydrogène afin de réduire nos émissions de CO2.
Mais comme la fabrication d’hydrogène génère énormément de CO2, la société a décidé de le valoriser en récupérant le déchet dans les cheminées afin de le vendre notamment à des sociétés comme Coca-cola.
Ainsi Air Liquide ne rejette peu ou plus de CO2 pouvant se targuer de sauver la planète !
Bon il est vrai que ce CO2 se retrouve par la suite dans l’atmosphère, mais ce n’est ni la faute d’Air Liquide, ni la faute de Coca, mais une fois de plus du mauvais citoyen qui ouvre sa bouteille et laisse s’échapper le CO2 de la bouteille, en gros dégueux qu’il est au volant de sa voiture diesel.

Ainsi les rejets de la France passeraient de 1 % à 0,2 % des émissions mondiales de CO2 soit un gain de 0,8 %.
Nous pourrions alors sauver la planète, nous petits français, en permettant une diminution de 0,000 003 58 % de la quantité de CO2 présent dans l’atmosphère.

Ah la période n’est pas merveilleuse quand même.
Nous savons tous que le nombre de virus mortels ne va que croître dans les prochaines années.

Le seul point positif à l’horizon est la victoire de l’Ukraine qui, avec le soutien désintéressé de l’occident, va bientôt écraser la Russie.
Nous en payons le prix, l’inflation explose en France, le prix de l’essence atteint des sommets comme l’électricité, mais ce n’est rien à côté de la Russie.

Chez eux c’est l’enfer, la dictature, le chaos !
Rendez-vous compte qu’ils censurent dans les médias sociaux et ferment des chaînes de télé !

Les médias aux ordres ne parlent que d’une seule voix !
Toute dissidence est condamnée et réduite au silence !
C’est bien la preuve d’une dictature aux abois.

Le peuple russe n’en peut plus, il est au bord de la famine, les queues grandissent dans les soupes populaires et la Russie est totalement isolée, sans le moindre soutien sur la planète.
Non la fin est proche comme cela nous est expliqué tous les jours depuis des mois par des experts qui font la fierté de notre pays.
Nous pouvons dormir sur nos deux oreilles en sachant que ces hommes sont présents pour protéger notre nation en cas d’invasion !

Il faudrait donc que nous arrêtions de nous regarder le nombril et sauvions enfin la planète.
Il existe des grands hommes comme Bill Gates ou Georges Soros, mais sans notre soutien actif, ils ne peuvent rien malgré leur bonne volonté.
Pensez à la fondation Gates qui dépense des milliards afin que nous ayons tous accès à des vaccins pour nous protéger des méchants virus.
Son geste désintéressé visant à protéger tous les habitants de la Terre des maladies mortelles est d’autant plus noble sachant qu’elle pense que nous sommes beaucoup trop nombreux sur Terre.

Alors ce n’est quand même pas grand-chose de porter un masque 24 heures sur 24, non ?

Vous savez, à la maison nous faisons attention à ce que nous mangeons, nous privilégions les produits bio.
Pour les cosmétiques c’est pareil, nous éliminons au maximum les produits chimiques.
Alors, croyez bien que si les masques étaient dangereux, nous serions les premiers à les refuser, nous ne sommes pas idiots, nous savons réfléchir.

Il faut vraiment être tordu dans sa tête pour imaginer que les autorités sanitaires pourraient encourager l’utilisation d’un produit non stérile, sur lequel il est écrit « ne protège pas des virus », et contenant des dizaines de produits chimiques nocifs, qui plus est, inefficace pour se protéger des contaminations.
N’importe quoi !

C’est comme les antivax qui disent que cet ARNm est expérimental, que l’on a pas de recul, que le vaccin contient de nouvelles substances chimiques elles aussi non testées.

Nous voyons bien aujourd’hui que si le vaccin était dangereux, cela se saurait avec les milliards de doses distribuées.
Et s’il y avait une diminution des naissances dans les pays occidentaux depuis les campagnes vaccinales, cela se verrait sur les indicateurs.
Tous ceux qui crient aux effets secondaires sont bien incapables de prouver qu’ils sont causés par ces vaccins.
Une étude récente a prouvé que les personnes les plus réticentes au vaccin développaient des symptômes psychosomatiques.

Et puis il est bien normal que les fabricants qui ont dépensé des milliards pour la recherche ne donnent pas leur recette, même si les États leur ont donné des milliards pour accélérer la mise au point.
Il serait injuste de les accuser d’effets secondaires ou de manques de tests alors que nous leur avons demandé de sortir au plus vite un « vaccin » pour prévenir la fin du monde.

L’industrie pharmaceutique est globalement honnête, nous le savons tous même si il peut exister ici ou là quelques brebis galeuses.
Elle n’est pas là pour tricher, pour corrompre ou nous empoisonner et nos autorités de santé indépendantes des financements de l’industrie ainsi que l’OMS sont là pour nous protéger.
Si c’était le cas, cela se saurait depuis longtemps et elles auraient été condamnées à de multiples reprises.
Non l’industrie pharmaceutique est là pour nous soigner et nous guérir, pas faire de nous des consommateurs de médicaments ou de vaccins à vie.

Alors je n’ai pas besoin de connaître la composition des vaccins qui sauvent des vies pour les injecter à mes enfants.
Il ne saurait exister une entreprise criminelle visant à blesser ou tuer sciemment.
D’abord s’ils étaient dangereux, ils ne les utiliseraient pas pour eux, non ?

Je fais donc le vœu que nos concitoyens retrouvent leur bon sens.
Nous savons tous que le « vaccin anticovid est sûr et efficace », comme tous les « vaccins » existants le sont aussi et il faut que les non-vaccinés arrêtent de mettre en danger les vaccinés !

Ils doivent s’injecter, mais surtout porter le masque afin de protéger les vaccinés masqués.

Si 100 % de la population était vaccinée et portait le masque alors le virus serait éradiqué, ce n’est qu’une question de bon sens.
Il nous suffirait alors de faire un rappel vaccinal tous les trois mois et de porter le masque à vie afin d’éviter son retour.

Et n’oubliez pas de vacciner vos enfants contre le papillomavirus, surtout les garçons, afin qu’ils ne développent pas un cancer du col de l’utérus.

Merci
Alain Tortosa1.
11 septembre 2023, jour de la saint complot2.
https://7milliards.fr/tortosa20230911-tous-normis.pdf





Etatsunafrique vs Françafrique. La France ne peut être une puissance indépendante que si elle apprend à repousser les États-Unis

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les US font tout pour éliminer la France et prendre sa place.

Comme je suis un « ancien », je me souviens bien de la guerre d’Indochine et de la défaite finale de la France à Diên Biên Phu en mai 1954.

Les US ne nous avaient pas aidés, et ils ont tout fait, déjà à l’époque, pour prendre notre place. Mais en 1975, ils se sont fait éjecter à leur tour.

C’est une constante, les US veulent dominer le monde. Depuis les accords de Bretton Woods en juillet 1944, ils se sont imaginé, en raison de leur puissance économique, militaire, et de la suprématie du dollar, qu’ils sont les « maîtres du monde ».

Il y a une quinzaine d’années, avec mon épouse, nous avons fait un voyage d’agrément au Vietnam. Nous avons pu constater que, malgré la longue guerre d’Indochine, les Français étaient bien accueillis, ce qui n’était pas le cas des Américains.

Il n’est pas impossible que dans l’avenir, si nous avons des dirigeants moins « cons » et plus diplomates, qu’il en soit de même en Afrique.

Dans l’immédiat, sur ce continent africain, les US vont se trouver confrontés aux BRICS ; ce n’est pas gagné pour « les maîtres du monde ». À suivre…

Jacques Amiot

[Source : le-blog-sam-la-touch]

La France ne peut être une puissance indépendante que si elle apprend à repousser

Article originel : France Can Only Be An Independent Power If It Learns To Push Back
Moon of Alabama, 2.09.23

Note de SLT : Le mieux serait que les Africains soient indépendants et ne soient plus (néo) colonisés et pillés. Un vieux rêve panafricain !

L’accord AUKUS était une proposition stratégique illogique de l’Australie, car elle va ruiner le pays en achetant des sous-marins nucléaires étatsuniens. Ils ne sont que nominalement pour la sécurité de l’Australie, mais resteront au moins officieusement sous commandement étatsunien.

Un point majeur de l’accord était qu’il a baisé la France qui avait un gros contrat avec l’Australie pour construire des sous-marins conventionnels pour elle. Le ministre français des Affaires étrangères a dit que c’était « un coup [de poignard] dans le dos ». La France n’a même pas été informée de l’accord, mais l’a appris par la presse.

Le fait que les États-Unis baisent la France, un grand allié européen de l’OTAN, pour ses propres fins politiques et économiques n’est pas nécessairement sans précédent, mais le faire aussi publiquement et ouvertement que l’a fait l’accord AUKUS aurait dû être un grand signal d’alarme.

Malheureusement, le président français Macron et son gouvernement se sont rendormis et ont donné aux États-Unis l’occasion de baiser à nouveau la France.

Ils l’ont fait avec l’AFRICOM, l’instrument des États-Unis pour saper les pays africains par la coopération militaire.

La France a un grand intérêt pour l’Afrique où certaines de ses anciennes colonies, la Françafrique, y sont liées en utilisant une monnaie, le franc CFA, qui est uniquement sous le contrôle du gouvernement français.

Etatsunafrique vs Françafrique. La France ne peut être une puissance indépendante que si elle apprend à repousser les Etats-Unis (MoA)

Les États-Unis ont utilisé leur formation pour officiers africains pour trouver et former subtilement des gens avec qui ils pourraient travailler. Un nombre étonnant de ces officiers ont ensuite été impliqués dans des coups d’État qui se sont souvent avérés être anti-français et pro-étatsuniens :

Depuis 2008, des officiers formés par les États-Unis ont tenté au moins neuf coups d’État et ont réussi au moins huit dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest seulement : trois fois au Burkina Faso, trois fois au Mali et une fois en Guinée, en Mauritanie et en Gambie.

La formation et le soutien des États-Unis à la région passent par le département d’État et le Commandement de l’Afrique, une branche du département de la Défense, en charge des opérations militaires sur le continent.

Depuis que ce qui précède a été écrit, le Niger a suivi :

Le général Moussa Barmou, commandant des forces d’opérations spéciales nigériennes formé par les États-Unis, s’est propulsé alors qu’il embrassait un général étatsunien de haut rang qui visitait la base de drones financée par Washington en juin.

Six semaines plus tard, Barmou a aidé à évincer le président démocratiquement élu du Niger.

Pour les officiers militaires et les diplomates des États-Unis, c’est devenu une histoire trop familière et profondément frustrante.

Le Niger est l’un des nombreux pays d’Afrique de l’Ouest où des officiers formés par l’armée étatsunienne ont pris le contrôle depuis 2021, notamment le Burkina Faso, la Guinée et le Mali.

Certains putschistes ont eu des relations étroites avec leurs formateurs étatsuniens, dont le mentorat comprenait des leçons sur la sauvegarde de la démocratie et des droits de l’homme ainsi que des tactiques militaires.

Ohh — s’il vous plaît, épargnez-moi les larmes de crocodile de la « sauvegarde de la démocratie ». Elles sont vraiment exagérées. Les États-Unis ont une grande base militaire au Niger, et c’est tout ce qui compte, et l’influence qu’elle apporte.

Après le coup d’État, le contingent militaire français au Niger et son ambassadeur se sont fait dire de partir alors que la grande base de drones étatsunienne est susceptible de rester.

Est-ce un mauvais résultat pour les États-Unis ou le résultat d’un plan ?

Les États-Unis ont des intérêts stratégiques en Afrique et, comme l’a écrit Michael Shurkin, ancien analyste de la RAND et de la CIA et membre senior du Conseil de l’Atlantique, ils veulent que la France se retire :

J’ai encouragé les efforts de la France pour aider les pays du Sahel, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger, à se défendre contre les insurgés djihadistes affiliés à Al Qa’eda ou à l’État islamique.

Et pourtant, la seule conclusion raisonnable à tirer maintenant est que la France devrait fermer ses bases et partir.

Le problème, comme l’ont montré les événements récents au Niger, est que tout ce que fait la France, bon ou mauvais, provoque une réaction allergique de populations longtemps conditionnées à se méfier des motivations françaises et à assumer le pire.

Que ce sentiment anti-français soit juste ou non n’est pas la question. Les liens avec la France sont devenus un baiser de mort pour les gouvernements africains — un phénomène démontré par le sort du président nigérien Mohamed Bazoum.

Eh bien, qui a créé Al Qa’eda et l’État islamique ? Qui les a déplacés de l’Asie occidentale vers l’Afrique ?

Oui, la France a gardé certaines de ses mauvaises habitudes et influences coloniales et certaines personnes le détestent vraiment pour cela. Mais qui les a poussées dans cette direction ?

Le plan est évident. La France doit être expulsée pour que les États-Unis puissent intervenir :

Pendant ce temps, la menace que la Russie comble le vide est exagérée et ne devrait pas justifier [la France] de s’impliquer davantage. En effet, une partie de l’attrait de la Russie est que beaucoup d’Africains la voient comme une sorte d’anti-France. Et moins la France vivra « sans loyer » dans l’imagination populaire, moins la Russie aura un quelconque attrait symbolique.

Une autre partie de l’attrait de la Russie est que certains gouvernements africains, dont le Mali, sont frustrés par la réticence de la France à les aider dans une stratégie qui implique trop souvent de cibler certaines communautés ethniques — surtout les Peuls, mais aussi les Arabes et les Touaregs. Et si c’est pour cela qu’ils veulent de l’aide, alors la France et les autres puissances occidentales ont raison de refuser.

Le fait que les États-Unis et d’autres partenaires européens comme l’Allemagne ne provoquent pas la même réaction leur donne une ouverture, un moyen d’aider à combler le vide pour empêcher la Russie d’entrer et aider les États africains à se défendre. Mais cela leur demandera de prendre soin d’eux et d’exercer un plus grand degré de créativité qu’ils n’en ont montré jusqu’à présent.

Cela signifie aussi que la France devra leur faire confiance dans son ancien Empire. C’était une pierre d’achoppement jusque dans les années 1990, mais à ce stade, Paris est prêt.

Et, vraiment, il n’a pas le choix.

Pauvre France. On lui dit de partir et de laisser les États-Unis s’emparer de ses anciennes colonies. Elle n’a pas le choix.

Il a fallu beaucoup de temps pour que les Français se rendent compte de ce plan. Mais il s’annonce enfin. Le principal magazine géopolitique français, Conflits, discute de l’article de Shurkin et demande :

Pourquoi l’Amérique veut-elle chasser la France d’Afrique ?

Il conclut correctement :

Les Étatsuniens veulent sacrifier la présence française pour les remplacer et les soutenir.

Depuis que la France a rejeté l’invasion étatsunienne de l’Irak, les États-Unis ont fait de leur mieux pour refuser à la France tout rôle international indépendant. Le magazine discute de divers lieux et plans mondiaux, où et comment la France peut raisonnablement empêcher cela. Il conclut :

Ce qui est en jeu n’est donc pas simplement la présence de la France au Sahel ou en Afrique. C’est son maintien en tant que puissance globale souveraine ou sa réduction à une puissance périphérique « betteravisée » en Europe. Par extension, la nature même des relations entre les grandes démocraties en dépend : formeront-elles un bloc rigide, impérial, derrière les États-Unis ou seront-elles capables de constituer une alliance souple dans un cadre multilatéral, bien plus à même de défendre leurs intérêts et leurs valeurs ?

Sans aucun doute, les États-Unis et les Européens ont besoin d’une voix pour leur rappeler les dangers de l’orgueil respectif ou de leur faiblesse. Sans aucun doute, le monde a besoin de puissances autonomes moyennes et de la France pour trouver un nouvel équilibre, aider les nations émergentes, les soutenir sans étouffer les États fragiles et éviter la logique des confrontations directes entre les blocs.

Je suis d’accord. Une France multilatérale indépendante avec une influence mondiale sera bonne pour équilibrer le monde.

Mais pour atteindre cet endroit et y rester, la France doit contrecarrer d’autres plans des États-Unis pour l’éloigner de là où les États-Unis veulent être.

La France va-t-elle enfin apprendre à le faire ?

Traduction SLT




Flaubert et la catastrophe française de 1870

Par Nicolas Bonnal

Je dirais que la correspondance de Flaubert est le plus grand livre du monde moderne, devant même le Zarathoustra de Nietzsche, et qu’il est gratuit, à télécharger en plusieurs volumes sur le site Gallica de la bibliothèque nationale, dont on saluera le travail. Il y a des milliers de pages, alors perdez-vous-y.

Flaubert a compris le désastre impérial de Napoléon III, désastre métaphysique et moral avant tout.

En 1853 il écrivait déjà à Louise Colet cette sentence définitive sur notre modernité désastreuse et notre présent permanent :

« 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n’y a plus rien, qu’une tourbe canaille et imbécile. Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. »

Ceci dit, on a pu descendre plus bas, notamment en 1870, en 1940, en 1968, ou sous le binôme Macron-Hollande. Comme dit un ami nommé Sylvain, et prof d’informatique dans une fac privée américaine (essayez, cela ouvre l’esprit) : « en France quand on touche le fond on creuse encore ».

Maxime du Camp

Mais voyons 1870. J’en ai parlé citant Maxime du Camp (qui souligne la légèreté française face au sérieux prussien) ou Renan (qui vaticine une victoire russe après celle allemande en Europe). 1870 ouvre la porte de la rapide décadence matérielle, morale et culturelle de la France, jadis modèle et âme de cette Europe. La république sera pire que l’empire, et le bilan de la troisième république fut à tous égards désastreux, y compris sur le plan moral avec entre autres les crimes du colonialisme inutile.

1870… L’époque est déjà assez nihiliste et Flaubert écrit du reste :

« On se paye de mots dans cette question de l’immortalité, car la question est de savoir si le moi persiste. L’affirmative me paraît une outrecuidance de notre orgueil, une protestation de notre faiblesse contre l’ordre éternel. La mort n’a peut-être pas plus de secrets à nous révéler que la vie. Quelle année de malédiction ! Il me semble que je suis perdu dans le désert. »

L’année est mauvaise déjà en juin, et il le rappelle :

« Je ne suis pas plus gai que vous, car l’année a été, pour moi, atroce. J’ai enterré presque tous mes amis ou du moins les plus intimes. En voici la liste : Bouilhet, Sainte-Beuve, Jules de Goncourt Duplan le secrétaire de Cernuschi, et ce n’est pas tout. »

Mais démarrons. La guerre arrive, les esprits en France sont enflammés, et on cherche à se prendre une énième rouste. Le 22 juillet, Flaubert écrit à George Sand (une gauchiste caviar adorée aussi par Tocqueville) :

« Que devenez-vous, chère maître, vous et les vôtres ? Moi, je suis écœuré, navré par la bêtise de mes compatriotes. L’irrémédiable barbarie de l’humanité m’emplit d’une tristesse noire. Cet enthousiasme, qui n’a pour mobile, aucune idée, me donne envie de crever pour ne plus le voir. »

Les raisons :

« Le bon Français veut se battre 1° parce qu’il est jaloux de la Prusse ; parce que l’état naturel de l’homme est la sauvagerie ; 3° parce que la guerre contient en soi un élément mystique qui transporte les foules. »

Le trait de génie ensuite :

« En sommes-nous revenus aux guerres de races ? J’en ai peur. »

Après notre artiste en remet une louche sur le bourgeois sartrien d’alors :

« Le bourgeois d’ici ne tient plus. Il trouve que la Prusse était trop insolente et veut “se venger”. »

Le 3 août Flaubert revient sur ce bellicisme insensé (cf. le « Français parfaitement enthousiaste » de Louis-Ferdinand Céline, avant la raclée de juin 40) :

« Je vous assure qu’ici on se ferait assommer si on s’avisait de prêcher la paix. Quoi qu’il advienne, nous sommes reculés pour longtemps. »

Le génie ensuite. Flaubert insiste sur le racisme entre petits blancs :

« Les guerres de races vont peut-être recommencer. On verra, avant un siècle, plusieurs millions d’hommes s’entre-tuer en une séance. Tout l’orient contre toute l’Europe, l’ancien monde contre le nouveau. Pourquoi pas ? »

Mais il voit aussi dans cette grosse guerre une malédiction liée à Suez (tiens, tiens…) et la grande industrie :

« Les grands travaux collectifs comme l’isthme de Suez sont peut-être, sous une autre forme, des ébauches et des préparations dont nous n’avons pas idée. »

À cette époque la France plonge vite dans la misère (et on nous fait le coup des cinq milliards payés rubis sur l’ongle…) :

« La misère s’annonce bien. Tout le monde est dans la gêne, à commencer par moi. Mais nous étions peut-être trop habitués au confortable et à la tranquillité. »

Comme toujours Flaubert regrette un bon vieux temps qu’il sait pourri pourtant :

« Nous nous enfoncions dans la matière. Il faut revenir à la grande tradition, ne plus tenir à la vie, au bonheur, à l’argent, ni à rien ; être ce qu’étaient nos grands-pères, des personnes légères, gazeuses. Autrefois on passait sa vie à crever de faim. »

Le 17 août, encore à George Sand :

« Je suis arrivé à Paris lundi et j’en suis reparti mercredi. Je connais maintenant le fond du Parisien et j’ai fait dans mon cœur des excuses aux plus féroces politiques de 1793. Maintenant, je les comprends. Quelle bêtise quelle lâcheté, quelle ignorance, quelle présomption ! Mes compatriotes me donnent envie de vomir. Ils sont à mettre dans le même sac qu’Isidore. Ce peuple mérite peut-être d’être châtié, et j’ai peur qu’il le soit. »

Et ce peuple a régulièrement été châtié et il s’en moque à chaque fois. C’est ce qui fera de Céline le pacifiste enragé et le francophobe dont j’ai parlé.

Puis Flaubert annonce notre ère ubuesque :

« Voilà où nous a conduits le suffrage universel, dieu nouveau que je trouve aussi bête que l’ancien. N’importe. Vous croyez qu’il en sera démonté, le bon suffrage universel ? Pas du tout. Après Isidore, nous aurons Pignouf 1er. Ce qui me désole dans cette guerre, c’est que les Prussiens ont raison. À leur tour ! Puis à celui des Russes ! »

Déchéance française mais aussi défaite allemande en perspective :

« Nous allons devenir une Pologne, puis une Espagne. Puis ce sera le tour de la Prusse, qui sera mangée par la Russie. Quant à moi, je me regarde comme un homme fini. Ma cervelle ne se rétablira pas. On ne peut plus écrire quand on ne s’estime plus. Je ne demande qu’une chose, c’est à crever, pour être tranquille. »

J’ai cité dans mes chroniques cette grande envolée de Renan, extraite d’une lettre à un célèbre historien allemand :

« Le Slave, dans cinquante ans, saura que c’est vous qui avez fait nom synonyme d’esclave : il verra cette longue exploitation historique de sa race par la vôtre, et le nombre du Slave est le double du vôtre, et le Slave, comme le dragon de l’Apocalypse dont la queue balaye la troisième partie des étoiles, traînera un jour après lui le troupeau de l’Asie centrale, l’ancienne clientèle des Gengis Khan et Tamerlan. »

Flaubert voit la fin d’un dix-neuvième siècle heureux et l’avènement des misères modernes. Il voit un déclin ontologique, comme Nietzsche un peu plus tard (lisez et relisez la deuxième considération sur l’histoire) :

« Nous sommes assaillis de pauvres. Ils commencent à faire des menaces. Les patrouilles de ma milice commenceront la semaine prochaine, et je ne me sens pas disposé à l’indulgence. Ce qu’il y a d’affreux dans cette guerre, c’est qu’elle vous rend méchant. J’ai maintenant le cœur sec comme un caillou et, quoi qu’il advienne, on restera stupide. Nous sommes condamnés à parler des Prussiens jusqu’à la fin de notre vie. »

À Maxime du Camp, il écrit le 29 septembre :

« Ce qui me désole, c’est l’immense bêtise dont nous serons accablés ensuite. Toute gentillesse, comme eût dit Montaigne, est perdue pour longtemps. Un monde nouveau va commencer. On élèvera les enfants dans la haine du Prussien. Le militarisme et le positivisme le plus abject, voilà notre lot désormais à moins que, la poudre purifiant l’air, nous ne sortions de là, au contraire, plus forts et plus sains. »

Pour être honnête j’ai déjà cité Edmond Burke à ce sujet, Burke et son « siècle de philosophes, d’économistes et de sophistes », Burke et cette « chevalerie à jamais en allée »…

The age of chivalry is gone [L’ère de la chevalerie est révolue].

On parle beaucoup de déchéance impériale américaine ; tout est basé sur du faux, du toc et de la dette. Idem à cette époque pour l’empire bonapartiste :

« Oui, mon vieux, tu as raison. Nous payons maintenant le long mensonge où nous avons vécu, car tout était faux, fausse armée, fausse politique, fausse littérature, faux crédit et mêmes fausses courtisanes. Dire la vérité c’était être immoral. »

La république arrive avec Gambetta et ses cassages de jambe (Bernanos), et on se doute que Flaubert, malgré Sand, ne s’en contente pas. Il écrit à sa nièce Caroline, celle qui le ruinera :

« La République me paraît dépasser l’Empire en bêtise. On parle toujours des armées du Centre et on ne les voit pas. On promène les soldats d’une province à l’autre, voilà tout. »

Léon Gambetta

Il voit un monde nouveau naître, bien plus nul que l’ancien, celui du règne de la quantité et de la médiocrité qui finit sous nos yeux en ce moment. À mon avis, et je l’ai prouvé, Chateaubriand a parfaitement traité cette question dans la conclusion des Mémoires d’Outre-tombe. Mais notre génial Flaubert ajoute que la prochaine guerre sera mondiale :

« Quoi qu’il advienne, le monde auquel j’appartenais a vécu. Les Latins sont finis maintenant c’est au tour des Saxons, qui seront dévorés par les Slaves. Ainsi de suite. Nous aurons pour consolation, avant cinq ou six ans, de voir l’Europe en feu ; elle sera à nos genoux, nous priant de nous unir avec elle contre la Prusse. »

Il annonce la guerre civile de la Commune :

« Dans un mois tout sera fini, c’est-à-dire le premier acte du drame sera fini, le second sera la guerre civile. »

À George Sand il écrit encore :

« Paris finira par être affamé et on ne lui porte aucun secours. Les bêtises de la République dépassent celles de l’Empire. Se joue-t-il en dessous quelque abominable comédie ? Pourquoi tant d’inaction ? »

Il voit pulluler les pauvres partout, dont on ne me parla jamais au cours des humanités pourtant poussées :

« Nous n’avons eu mardi dernier que trois cents pauvres environ. Que sera-ce cet hiver ? Quelle abominable catastrophe et pourquoi ? Dans quel but ? Au profit de qui ? Quel sot et méchant animal que l’homme et comme c’est triste de vivre à des époques pareilles. Nous passons par des situations que nous estimions impossibles, par des angoisses qu’on avait au Ve siècle, quand les Barbares descendaient en Italie. »

Il semble que jamais fatigués nous allions vers de nouveaux désastres grâce au virus et au reste !

Nous sommes d’accord sur le reste. Un monde laid et bête va naître, qui va du reste détruire le génie allemand si flamboyant sous Napoléon — voyez mes textes à ce sujet, dédiés à Robert Steuckers, et publiés dans le recueil sur Guénon et les gilets jaunes) :

« J’ai le sentiment de la fin d’un monde. Quoi qu’il advienne, tout ce que j’aimais est perdu. Nous allons tomber, quand la guerre sera finie, dans un ordre de choses exécrable pour les gens de goût. Je suis encore plus écœuré par la bêtise de cette guerre que par ses horreurs. »

À Claudius Popelin, Flaubert écrit le 28 octobre dans une tonalité presque guénonienne :

« Je suis convaincu que nous entrons dans un monde hideux où les gens comme nous n’auront plus leur raison d’être. On sera utilitaire et militaire, économe, petit, pauvre, abject. La vie est en soi quelque chose de si triste, qu’elle n’est pas supportable sans de grands allégements. Que sera-ce donc quand elle va être froide et dénudée. Le Paris que nous avons aimé n’existera plus. »

Il rêve d’un ailleurs, souvent bédouin d’ailleurs :

« Mon rêve est de m’en aller vivre ailleurs qu’en France, dans un pays où l’on ne soit pas obligé d’être citoyen, d’entendre le tambour, de voter, de faire partie d’une commission ou d’un jury. Pouah ! Pouah !

Je ne désespère pas de l’humanité, mais je crois que notre race est finie. C’en est assez pour être triste. Si j’avais vingt ans de moins, je reprendrais courage. Et si j’avais vingt ans de plus, je me résignerais. »

Il sent le retour du refoulé catholique, celui qui va amener des Péguy et justement exaspérer quelques années plus tard des génies comme Bloy, Drumont ou Bernanos :

« En fait de résignation, je vous prédis ceci : la France va devenir très catholique. Le malheur rend les faibles dévots et tout le monde, maintenant, est faible. La guerre de Prusse est la fin, la clôture de la Révolution française. »

Il insiste — et il a raison, car la bêtise catho ou américaine est toujours d’actualité avec Trump ou ce pape :

« Je meurs de chagrin, voilà le vrai, et les consolations m’irritent. Ce qui me navre, c’est la férocité des hommes ; la conviction que nous allons entrer dans une ère stupide. On sera utilitaire, militaire, américaine et catholique, très catholique. »

Et puis il voit que l’Europe va entrer à cause des revanchards Français dans un siècle de guerres :

« … ces civilisés sauvages me font plus horreur que les cannibales. Et tout le monde va les imiter, va être soldat. La Russie en a maintenant quatre millions. Toute l’Europe portera l’uniforme. Si nous prenons notre revanche, elle sera ultra-féroce, et notez qu’on ne va penser qu’à cela, à se venger de l’Allemagne ; Le gouvernement, quel qu’il soit, ne pourra se maintenir qu’en spéculant sur cette passion. Le meurtre en grand va être le but de tous nos efforts. »

On arrête ici et on dédie ce triste texte à notre ami Jean Raspail. Dans la dernière lettre qu’il m’écrivit, il m’avait même dit que nous avions le pape du Camp des saints aux commandes…

Sources :

Nicolas Bonnal — Céline, le pacifiste enragé ; Guénon, Bernanos et les gilets jaunes ; chroniques sur a fin de l’histoire

Flaubert – Correspondance, Gallica BNF, 1859-1871




La guerre (de tous contre tous) avons-nous les moyens de la conjurer ? …

Édition 24. Été 2023

Renouveau du Kathèkon ?

Par Dr. Lucien Samir Oulahbib, Dr. Isabelle Saillot

Une question qui semble (toujours) d’actualité alors que, comme d’habitude (?), et ce dans la suite logique d’un certain scientisme (à l’occasion affairiste, hygiéniste, alarmiste) — cet axe sectaire triomphant de plus en plus sous la forme d’une Technostructure privée et publique maintenant globalisée, matricée, en FTN1 et ayant débuté à la fin du 19e tout en accélérant avec les (trente) années dites « Glorieuses » — la « paix », à nouveau, et alors qu’elle avait été promise, et même comme étant désormais rendue « perpétuelle », la « paix » n’est donc plus ou presque ; ou le fameux « plus-jamais-ça » qui aura été pourtant rénové ces derniers temps avec moult « sommets » retransmis en « mondovision », et auquel l’« on » avait aussi rajouté ces temps-ci la « santé » et « l’urgence » dite « climatique » qui « doivent » (sollen), être elles aussi pacifiées et même sont en voie de l’être promettent les politiciens de tous bords ; d’autant que « nous engageons x milliards, pour construire, bâtir… » une fois pour toutes, « plus jamais ça » encore une fois alors que la dette mondiale publique et privée s’élève à 300 000 milliards de dollars et que l’argent déversé « pour » la recherche sur « le » climat (qui est une « dynamique » énonce Marcel Leroux) serait aussi bien utile pour lutter contre le sous-développement (qui aggrave la pollution) comme le prône Bjorn Lomborg ancien dirigeant de Greenpeace…

CONTENU :

LA GUERRE (DE TOUS CONTRE TOUS) AVONS-NOUS LES MOYENS DE LA CONJURER ? …
Dr. Lucien Samir Oulahbib, Dr. Isabelle Saillot

DÉSIRS MIMÉTIQUES ET VIOLENCES MODERNISTES, OU LES AVENTURES FIGURÉES D’UN CLOU SUR UNE ROUE DE CARROSSE
Par Jean Dhombres

VOYAGE AU SEIN DU PALIMPSESTE MILLET (RICHARD, IVÈME)
Par Lucien Samir Oulahbib

POURQUOI IMPOSER À MARCHE FORCÉE « L’ÉDUCATION SEXUELLE »
À L’ÉCOLE ?
Par Nicole Delépine pédiatre

SCIENTIFIC METHODOLOGY: ABSTRACT AND APPLIED SCIENTIFIC CATEGORIES
by Dr. Oleg Maltsev

LA GUERRE DE TOUS CONTRE TOUS
Par Liliane Messika

WASSER ALS QUELLE DES LEBENS UND LEBENSRAUBENDES ELEMENT
Von Dr. Elvira Groezinger

L’ÂME DU LUXE AUJOURD’HUI
Par Lucien Samir Oulahbib

L’ATOMISATION DE L’HOMME ET DE L’HUMANITÉ
Par Joseph Stroberg

LES APPROXIMATIONS ET LES INCERTITUDES DU CRÉDO ÉCOLOGIQUE DONT LES PROPOSITIONS MENACENT NOS LIBERTÉS
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La « veuve noire » dans la « maison jaune » ukrainienne

[Source : politika.rs]

[Illustration : Soldats ukrainiens (Photo EPA-EFE/Philipp Guelland)]

Par Ištavan Dekanj (31/07/2023)

L’Ukraine a-t-elle sa « maison jaune » à l’instar du Kosovo où, durant le conflit de la fin des années quatre-vingt-dix, l’on extrayait aux combattants serbes blessés des organes pour les expédier vers les pays occidentaux, marché d’organes hautement lucratif en plein développement ?

Récemment notre compatriote, Goran B., qui vit et travaille depuis plus de deux décennies à Pittsburgh aux États-Unis et qui malheureusement souffre depuis plusieurs années d’insuffisances rénales et attendait une possible transplantation de cet organe essentiel, a reçu un avis lui indiquant l’existence d’organes pour la transplantation à des prix très nettement inférieurs à ceux qui lui étaient proposés jusqu’alors. La personne qui l’a contacté n’a pas voulu se présenter se contentant de lui indiquer que les organes venaient d’Ukraine, qu’ils émanaient de donneurs sains et qu’ils étaient, par conséquent, parfaitement adaptés à la transplantation. En fait, ce à quoi a eu affaire notre compatriote en Amérique n’est que le sommet de l’iceberg appelé le marché international de transplantations d’organes.

Les candidats à la transplantation d’organes, considérés globalement au niveau mondial, sont actuellement face à une situation où règne la confusion la plus totale. En effet, sur le marché d’organes l’offre s’est très rapidement accrue à la faveur de l’apparition d’importantes quantités d’organes en provenance d’Ukraine à des prix très nettement plus bas que ceux pratiqués au préalable.

De la même manière que du temps du conflit au Kosovo sont apparus sur le territoire de l’Ukraine des « transplanteurs au noir » à l’image de la fameuse et bien connue, l’abjecte doctoresse Elisabeth Debru qui, en compagnie de membres de la société militaire privée « Mozart » dont son fondateur Andrew Milburn, mais aussi John Wesly, Henri Rosenfeld se livrait cette infâme besogne sans être inquiétée le moins du monde, s’adonnent à présent à un véritable « organ harvesting » en pourvoyant à prix réduit des organes propres à la transplantation, effectuée la plupart du temps dans des structures ayant pignon sur rue et bénéficiant d’une bonne, sinon excellente réputation.

Le nom de cette femme chirurgienne est apparu agrémenté du surnom « la veuve noire » il y a presque dix ans lors du conflit dans le Donbass en 2014. C’est alors que les organes extraits des combattants blessés ou faits prisonniers étaient envoyés en Occident où le bizness de transplantation s’était développé, principalement aux États-Unis, en Allemagne et en Israël, comme l’a indiqué aux médias russes le colonel Vitaly Kiseliov de la police de la République populaire de Lougansk.

À l’image de ce qui s’est passé au Kosovo — moment inaugural de cette pratique inqualifiable —, puis après en Irak, les « transplanteurs au noir » se déplacent toujours vers les endroits où les combats sont les plus meurtriers, où les crimes de guerre sont les plus flagrants comme c’est le cas présentement en Ukraine autour de Bakhmout.

Les jeunes gens, sans préparation aucune, mais en bonne condition physique, sont envoyés au front comme des « pigeons d’argiles » prêts à être mutilés par des éclats d’obus, par des tirs directs, devenant de la sorte, transformés en gisements d’organes pour transplantation. Les familles des malheureux soldats sont averties que leurs fils, leurs époux, leurs pères sont disparus sans laisser de traces lors de combats.

À partir des pays occidentaux, on voit arriver actuellement en Ukraine des médecins-chirurgiens, attirés par la possibilité de gains substantiels. D’après l’expert russe, Alexeï Leonkov, les interventions chirurgicales suspectes ont lieu parfois dans les tranchées mêmes sur place en quelque sorte, parfois dans les hôpitaux du pays, mais aussi à l’étranger. Les organes sont, d’après ses dires, vendus aux grandes cliniques occidentales.

Dès lors, puisque les forces ukrainiennes sont en train de subir des pertes considérables en hommes sur le front autour de Bakhmout, il est complètement logique que l’offre d’organes sur marché mondial se soit considérablement accrue et que les prix aient baissé.

Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nicolaï Patrouchev, a fait état officiellement d’informations selon lesquelles le régime kiévien utilisait ses combattants blessés comme du matériel biologique en procédant à des extractions clandestines d’organes aux fins de transplantation.

Les Ukrainiens ne sont pas utilisés uniquement comme « des suicidés volontaires » sur le champ de bataille où leurs pertes sont colossales, mais, d’après des informations qui parviennent en Russie, les combattants blessés des Forces armées de l’Ukraine font l’objet de traitements particuliers. « Considérés simple matériel biologique, ils sont soumis à des opérations chirurgicales conduisant à l’extraction d’organes destinés à la transplantation », a déclaré Nicolaï Patrouchev à Petrozavodsk lors d’une réunion consacrée aux questions de sécurité en Carélie.

Il a ajouté qu’il n’était guère étonnant, dans ce contexte, que Zelensky ait signé l’année passée une loi sur la transplantation d’organes stipulant que l’opération peut être effectuée sans l’accord des parties.

Auparavant, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marija Zaharova, lors d’un briefing en marge du Forum économique international de Sankt Petersburg, a déclaré que l’Ukraine était disposée à payer l’aide militaire en monnayant la transplantation d’organes de ses citoyens.

Traduction A.J., 1er août 2023




Le masque, gadget politique contre un variant électoral

Par Gérard Delepine

Le port généralisé du masque contre le covid est inefficace et toxique, mais le ministère nous le conseille à nouveau

Dès avril 2020, nous avions alerté sur l’inutilité des masques contre les virus, dont le covid 191, tandis que le gouvernement inventait à leur propos une série de déclarations les plus contradictoires de la décennie.

En mars 2020 Sibeth Ndiaye expliquait que « le masque était inutile et qu’elle était incapable de le mettre »2. Et quelques mois plus tard le ministre affirmait qu’il était « très efficace » et le rendait obligatoirepartout, même en extérieur et quand on se promène seul en forêt ou sur la plage.

Et depuis le Conseil national de l’ordre condamne, sans aucun respect des données de la science, tout médecin qui déclare comme Sibeth Ndiaye que le masque est inefficace !

Le port généralisé du masque limite la transmission des bactéries

L’étude Wu Lien Teh sur l’évolution de la peste de Mandchourie en 1910 a démontré que les masques sont efficaces dans le contrôle de la transmission des maladies respiratoires contagieuses à bactérie3. Son efficacité a également été prouvée contre la transmission de la tuberculose,4 5 mais les virus sont 10 à 20 fois plus petits que les bactéries (1 à 3 μm pour Yersinia pestis, 2 à 5 μm pour Tuberculosis contre 0,8 à 0,12 pour les virus grippaux et 0,06 à 0,1 μm pour les Coronavirus) ce qui leur permet de passer aisément au travers des tissus masques ou en papiers ordinaires dont la taille des pores avoisine les 3 μm. Les masques peuvent arrêter les postillons (grosses gouttelettes de 100 μm), mais comme la propagation virale dans les lieux clos se fait préférentiellement par aérosol6, elle ne peut donc pas être prévenue par les masques même correctement ajustés. C’est d’ailleurs ce qu’indiquaient les fabricants de masques pour se protéger légalement.

Le port généralisé du masque n’empêche pas la transmission des virus

Les recommandations sur le masquage de masse ont été faites sur la base de quelques études sur les épidémies de grippe, alors même que l’efficacité du masque contre la transmission du virus grippal est très incertaine comme le montre la très grande majorité des études cliniques sur le sujet7 8 9 10 11 12 13 14 15.

Sur sept études randomisées distinctes analysées par MacIntyre et Chughtai, aucune d’entre elles ne montre un bénéfice du port du masque facial dans la communauté pour prévenir l’incidence des virus respiratoires.

La première revue méthodique (méta-analyse) portant sur l’efficacité des masques publiée par la Collaboration Cochrane en juin 201116 après trois pandémies, le SRAS en 2003, la grippe aviaire H5N1 en 2006, et la grippe porcine H1N1 en 2009 a conclu :

« Rien ne permet d’affirmer que le port du masque à lui seul permette de se protéger efficacement des virus respiratoires. »

« Les masques filtrants n’ont pas prouvé de supériorité aux masques chirurgicaux. La distanciation physique d’un mètre n’a pas non plus prouvé son efficacité. »

En 2020 une actualisation de la méta-analyse17 a confirmé les résultats de la précédente : « There was insufficient evidence to provide a recommendation on the use of facial barriers without other measures » et ses auteurs concluent sur l’urgence de réaliser par des essais cliniques rigoureux pour savoir si les masques portés par des personnes supposées infectées, permettent réellement d’éviter la propagation de l’infection virale respiratoire avant de recommander le port du masque.

La dernière métanalyse de la fondation Cochrane en 2023 18 confirme l’absence de preuve d’efficacité du masque contre la transmission virale :

« Nous avons inclus 15 essais randomisés (en clusters) étudiant l’effet des masques (14 essais) chez les professionnels de santé et dans la population générale et celui de la quarantaine (1 essai). Par rapport à l’absence de masque, il n’y a pas eu de réduction des cas de syndromes grippaux ou de grippe par les masques dans la population générale, comme chez les professionnels de santé. »

D’ailleurs initialement l’OMS avait recommandé de ne pas porter de masques dans la vie courante en reconnaissant le manque de preuves sur son efficacité19. Et lorsqu’elle a changé ses recommandations pour des raisons politiques, elle s’est appuyée sur de simples études observationnelles qui concluaient au conditionnel :

« Lutilisation d’un masque facial pourrait entraîner une réduction importante du risque d’infection (faible certitude) ».

L’analyse exhaustive de la littérature internationale des articles publiés sur PubMed le 31/8/2023 résume l’état actuel de la science : aucune étude clinique ne prouve que le port généralisé du masque protégerait son porteur de la maladie ou diminuerait la transmission du covid19 autour de lui et beaucoup rapportent des complications diverses du port prolongé du masque.

Le port du masque est susceptible d’augmenter la transmission du virus

L’OMS, dans ses nouvelles directives pourtant en faveur du masque, 20 a rappelé qu’« une personne peut s’infecter en ajustant son masque, en l’enlevant ou en le mettant à plusieurs reprises, sans se laver les mains entre chacun de ces gestes ». De plus, elle s’inquiétait du « faux sentiment de sécurité lié au port du masque » amenant à négliger des mesures telles que l’hygiène des mains et la distanciation physique21.

En pratique, le port du masque paraît médicalement justifié lorsqu’on est malade (qu’on tousse ou qu’on crache) et pour les personnes au contact de personnes malades comme les soignants, car cela les rassure. Mais même, dans ces conditions, il n’existe aucune étude clinique publiée qui démontre qu’il diminue réellement le risque de contamination.

Ceux qui prônent l’obligation généralisée du port du masque ne se basent pas sur des études cliniques en population réelle, mais sur des simulations discutables (hypothèses fausses ou très incertaines), des expériences sur des hamsters, sur l’extrapolation d’études de concentration virale réalisées en réanimation ou en laboratoire ou sur l’avis « d’experts qui croient » en l’efficacité sans en apporter aucune preuve scientifique réelle (comme le communiqué de l’Académie de Médecine).

Ce sont habituellement les mêmes qui récusent l’utilisation de la chloroquine, de l’Ivermectine ou de la vitamine D contre le covid sous le prétexte (faux) qu’il n’existerait pas d’études randomisées montrant qu’elles sont efficaces.

Or la seule étude prospective randomisée, Danmasq19 22 pourtant réalisée par des partisans du port du masque, menée au Danemark auprès de 6 000 participants en avril et en mai 2020 ne retrouve aucune diminution significative de risque de contamination entre les porteurs de masque et ceux qui n’en portent pas, démontrant ainsi que le masque ne protège pas celui qui le porte.

Les études récentes montrent que le port du masque n’a pas été efficace

L’Université d’Édimbourg résume un travail épidémiologique 23 sur l’efficacité des masques faciaux sur la propagation de l’infection par « Based on the epidemiological evidence, the effectiveness of face masks has not been demonstrated »

Boretti 24 constate :

« Si l’on compare les pays d’Europe de l’Ouest qui n’ont pas rendu obligatoire le port du masque, par exemple la Suède, la Finlande, la Norvège, le Danemark, l’Islande, à d’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Irlande, la Belgique, l’Allemagne qui ont adopté des mesures généralisées de port du masque, il n’y a pas d’augmentation du nombre de cas,ni de décès dans les pays qui ne l’ont pas imposé. »

Au Texas, Schauer et ses coauteurs25 concluent :

« Nous n’avons pas été en mesure de détecter une réduction de la mortalité quotidienne par population, des lits d’hôpital, des lits de soins intensifs ou de l’occupation des ventilateurs attribuable à la mise en œuvre d’une obligation de masques. »

En Allemagne, une enquête26 n’a pas trouvé de bénéfice du port de masque dans les écoles et constaté beaucoup d’inconvénients pour les élèves

Dans le Wiscontin, une étude27 sur les athlètes de haut niveau confirme :

« Il n’y avait pas d’association significative entre l’incidence de COVID-19 et l’utilisation de masques faciaux pendant le jeu pour les sports avec plus de 50 écoles déclarant l’utilisation de masques faciaux (p> 0. 05 pour tous) ».

Beauchamps28 conclut l’analyse de l’évolution de la pandémie ainsi :

« l’absence de preuve scientifique d’efficacité du port généralisé du masque, la fréquence des inconvénients chez les porteurs et la pollution de l’environnement29 30rendent injustifiable l’obligation généralisée des masques dans la population et celle-ci doit être abandonnée lors des pandémies futures ».

Une étude31 accuse même le masque d’avoir aggravé la mortalité du covid

Zacharias Fögen a analysé l’impact du port du masque dans l’État américain du Kansas au cours de la période du 1er août au 15 octobre 2020.

Cet État américain a laissé à chacun des comtés qui le composent la liberté de décider de mettre en place ou non une obligation de port du masque. Sur un total de 105 comtés, 81 ont refusé cette mesure permettant ainsi une comparaison des mortalités des 24 comtés qui ont imposé le masque aux autres. La conclusion de l’étude est sans appel :

« Contrairement à l’idée reçue selon laquelle le nombre de morts diminuerait grâce aux masques puisqu’ils permettraient de réduire les taux d’infection, les résultats de cette étude démontrent que ce n’est pas le cas et suggèrent fortement que le port du masque a en réalité augmenté le nombre de décès de 50 % ».

Les masques sont source d’inconfort et de complications.

Le port généralisé du masque génère de l’anxiété32 33, du stress, des dépressions psychologiques, des frustrations en raison de troubles de la communication, ainsi que d’une irritabilité accrue et d’une détérioration de l’humeur, une agitation et un sommeil plus médiocre.

Il perturbe fortement l’expression des émotions34, gêne l’élocution et rend beaucoup plus difficile l’acquisition du langage par les jeunes enfants et le suivi des enseignements scolaires, et tout particulièrement et l’apprentissage des langues étrangères.

Les porteurs ressentent souvent un essoufflement, et une gêne au niveau des oreilles due aux élastiques.

Le port prolongé de masques augmente la gravité de l’acné (maskne)35 et de la rosacée36, des eczémas atopiques et séborrhéiques, des dermatites péri orificielles, de l’urticaire, de la rosacée, des folliculites et des prurits37 38 39, peuvent faciliter l’apparition de purpura40 de teigne41 retardent la cicatrisation des plaies chirurgicales42 et peuvent entraîner la nécrose de lambeaux faciaux de reconstruction même anciens43,

L’enquête allemande précédemment citée 44 rapporte des données sur 25 930 enfants dont la durée moyenne de port des masques atteignait 270 minutes par jour. Parmi les personnes interrogées, 68 % ont déclaré que les enfants se plaignaient de problèmes causés par le port du masque dont l’irritabilité (60 %), des maux de tête (53 %), des difficultés de concentration (50 %), un mal être (49 %), la réticence à aller à l’école/à la maternelle (44 %), un malaise (42 %), des difficultés d’apprentissage (38 %) et/ou somnolence/fatigue (37 %).

Didier Rancourt, dans son pamphlet de 202345 « Masques faciaux, mensonges, foutus mensonges et responsables de la santé publique », résume l’état des connaissances scientifiques après 3 ans de crise :

« Un nouveau mantra ignoble est sur les lèvres de tous les responsables de la santé publique et des hommes politiques dans la campagne mondiale visant à imposer le port du masque universel au grand public : “il existe un nombre croissant de preuves”. Cette phrase de propagande est un vecteur conçu pour atteindre cinq objectifs principaux :

— Donner la fausse impression qu’un équilibre de preuves prouve désormais que les masques réduisent la transmission du COVID-19

— Assimiler faussement les commentaires émis dans des lieux scientifiques avec des “preuves

— Cacher le fait qu’une décennie de preuves politiques prouve le contraire : que les masques sont inefficaces contre les maladies respiratoires virales

— Cacher le fait qu’il existe désormais une preuve observationnelle directe que les masques en tissu n’empêchent pas l’expiration de nuages de particules d’aérosol en suspension ; au-dessus de, sous et à travers les masques

— Détourner l’attention des méfaits et des risques considérables connus dus aux masques faciaux, appliqués à des populations entières. Lesdits méfaits et risques incluent le fait qu’un masque en tissu devient un milieu de culture pour une grande variété d’agents pathogènes bactériens et un collecteur d’agents pathogènes viraux ; compte tenu de l’environnement chaud et humide et de la source constante, où les tissus d’intérieur sont hydrophiles alors que les masques médicaux sont hydrophobes.

En bref, j’affirme : les articles d’opinion ne sont pas des “preuves”, la non-pertinence n’aide pas, et davantage de préjugés n’éliminent pas les préjugés.

Leur mantra d’“un ensemble croissant de preuves” est un stratagème intéressé qui entrave la bonne science et menace la sécurité publique.

Je prouve qu’il n’existe aucune preuve scientifique pour soutenir le port obligatoire du masque sur la population générale, et que toutes les preuves scientifiques de la dernière décennie indiquent le contraire : NE PAS recommander le masquage forcé de la population générale.

C’est pourquoi les politiques et les autorités sanitaires agissent sans légitimité et de manière imprudente. »

Gérald Kierzek déclarait dans le Figaro du 9 12 2022 :

« Le masque est un gadget politique et de communication qui permet aux autorités de montrer qu’elles ne sont pas passives face à une montée des contaminations et permet d’éclipser la crise générale du système de santé.

Ses bénéfices n’ont jamais été formellement démontrés pour endiguer une épidémie : les pays ayant maintenu l’obligation dans les transports comme l’Allemagne démontrent que les vagues de contamination n’ont pas été enrayées ; le masque ne remplace en rien des gestes barrières plus simples, comme le lavage des mains ou l’aération efficace, notamment dans les lieux clos familiaux ou professionnels, principaux lieux de contamination ; pire, le masque mal utilisé, enlevé et remis n’importe comment, donne un sentiment de fausse sécurité et de relâchement d’une hygiène minimale. »

Il aurait pu ajouter : comme lors du confinement, nous sommes devant une mesure généralisée, sans aucun discernement. Une mesure technocratique que seuls des Énarques peuvent prendre en vertu d’un principe de précaution poussé jusqu’à l’absurde. Le masque comme le confinement sont les conséquences de croyances infondées, d’une religion et non pas d’une doctrine qui reposerait sur de solides preuves scientifiques.

Aux USA l’administration Biden est actuellement suspectée de vouloir réintroduire le port obligatoire du masque depuis l’apparition du dernier variant surnommé depuis « variant électoral ».

De fait, le College Morris Brown d’Atlanta, la société cinématographique Lionsgate à Santa Monica et les Services de santé unis et l’Hôpital communautaire d’Auburn, l’Hôpital universitaire de Syracuse à New York, la compagnie Kaiser Permanente (dans son hôpital Santa Rosa) ont émis des obligations de port de masques. Honteux !

Ces décisions ont suscité des commentaires sans ambages du Dr Marc Siegel, professeur clinicien de médecine au NYU Langone Medical Center et contributeur médical de Fox News :

« les obligations n’ont pas fonctionné ; elles ont été étudiées à maintes reprises et elles n’ont pas diminué la propagation virale. »

« donc, rendre obligatoire le port du masque n’a aucun sens. »

Thomas Massie député du Kentucky a appelé à la résistance civique :

« Si la bureaucratie essaye de rétablir des mesures tyranniques pour soi-disant lutter contre le covid, résistez de toutes vos forces. Refusez-les ! »


1 https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200907.OBS32987/je-prefere-courir-un-risque-que-de-ne-plus-vivre-on-a-rencontre-le-couple-egerie-des-anti-masques.html

2 https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/sibeth-ndiaye-ne-sait-pas-utiliser-un-masque-un-medecin-ironise-et-lui-explique_446367

3 Goh LG, Ho T., Phua KH, Sagesse et science occidentale : les travaux du Dr Wu Lien-Teh. Asie-Pacifique. J. Publ. Santé 1, 99-109 (1987)

4 Dharmadhikari AS, Mphahlele M, Stoltz A, Venter K, Mathebula R, Masotla T, Lubbe W, Pagano M, First M, Jensen PA, van der Walt M, Nardell EA. Surgical face masks worn by patients with multidrug-resistant tuberculosis: impact on infectivity of air on a hospital ward. Am J Respir Crit Care Med. 2012 May 15;185(10):1104-9. doi: 10.1164/rccm.201107-1190OC. Epub 2012 Feb 9. PMID : 22 323 300 ; PMCID : PMC3359891.

5 Simple face masks could significantly prevent spread of TB to non-infected patients American Thoracic Society May 17, 2011

6 Covid : la transmission par aérosols en 5 questions. Rev Prat (en ligne), novembre 2020.

7 Xiao J, Shiu E, Gao H, Wong JY,Fong MW, Ryu S, et al. Nonpharmaceutical Measures for Pandemic Influenza in Nonhealthcare Settings—Personal Protective and Environmental Measures. Emerg Infect Dis. 2020;26(5):967–975. https://doi.org/10.3201/eid2605.190994

8 Haworth E, Barasheed O, Memish ZA, Rashid H, Booy R. Prevention of influenza at Hajj: applications for mass gatherings. J R Soc Med. 2013 Jun;106(6):215-23. doi: 10.1258/jrsm.2012.120170. PMID : 23 761 581 ; PMCID : PMC3705423.

9 Cowling BJ, Chan KH, Fang VJ, Cheng CK, Fung RO, Wai W, Sin J, Seto WH, Yung R, Chu DW, Chiu BC, Lee PW, Chiu MC, Lee HC, Uyeki TM, Houck PM, Peiris JS, Leung GM. Facemasks and hand hygiene to prevent influenza transmission in households: a cluster randomized trial. Ann Intern Med. 2009 Oct 6;151(7):437-46. doi: 10.7326/0003-4819-151-7-200910060-00142. Epub 2009 Aug 3. PMID : 19 652 172.

10 Davis BM, Markel H, Navarro A, Wells E, Monto AS, Aiello AE. The effect of reactive school closure on community influenza-like illness counts in the state of Michigan during the 2009 H1N1 pandemic. Clin Infect Dis. 2015 Jun 15;60(12):e90-7. doi : 10.1093/cid/civ182. Epub 2015 Apr 20. PMID : 25 896 795.

11 Larson EL, Ferng YH, Wong-McLoughlin J, Wang S, Haber M, Morse SS. Impact of non-pharmaceutical interventions on URIs and influenza in crowded, urban households. Public Health Rep. 2010 Mar-Apr;125(2):178-91. doi: 10.1177/003335491012500206. PMID : 20 297 744 ; PMCID : PMC2821845.

12 Simmerman JM, Suntarattiwong P, Levy J, Jarman RG, Kaewchana S, Gibbons RV, Cowling BJ, Sanasuttipun W, Maloney SA, Uyeki TM, Kamimoto L, Chotipitayasunondh T. Findings from a household randomized controlled trial of hand washing and face masks to reduce influenza transmission in Bangkok, Thailand. Influenza Other Respir Viruses. 2011 Jul;5(4):256-67. doi: 10.1111/j.1750-2659.2011.00205.x. Epub 2011 Feb 17. PMID : 21 651 736 ; PMCID : PMC4634545.

13 Long Y, Hu T, Liu L, et al. Effectiveness of N95 respirators versus surgical masks against influenza: a systematic review and meta-analysis. J Evid Based Med. 2020;13(2):93–101.

14 bin-Reza F, Lopez Chavarrias V, Nicoll A, Chamberland ME. The use of masks and respirators to prevent transmission of influenza: a systematic review of the scientific evidence. Influenza OtherRespir Viruses. 2012;6(4):257–267.

15 Radonovich LJ, Simberkoff MS, Bessesen MT, et al. N95 respirators vs medical masks for preventing influenza among health care personnel: a randomized clinical trial. JAMA. 2019;322(9):824-83

16 Jefferson T., et al., Interventions physiques pour interrompre ou réduire la propagation des virus respiratoires. Système de base de données Cochrane. Rév.7, CD006207 (2011).

17 Jefferson T., et al., Interventions physiques pour interrompre ou réduire la propagation des virus respiratoires. Partie 1 — Masques faciaux, protection oculaire et distanciation des personnes : revue systématique et méta-analyse. 10.1101/2020.03.30 .20 047 217 (7 avril 2020).

18 The Cochrane Review “Physical interventions to interrupt or reduce the spread of respiratory viruses” January 2023

19 Organisation Mondiale de la Santé. Conseils sur l’utilisation des masques dans le contexte de la COVID-19 : Orientations provisoires 6 avril 2020. : https://apps.who.int/iris/handle/10665/331693)), attitude tirée de 10 études

20 https://www.un.org/fr/coronavirus/articles/recommandations-port-du-masque

21 Cartaud A, Quesque F, Coello Y. Wearing a face mask against Covid-19 results in a reduction of social distancing. PLoS One. 2020 Dec 7;15(12):e0243023. doi : 10.1371/journal.pone.0243023. PMID : 33 284 812 ; PMCID : PMC7721169.

22 Henning Bundgaard et al Effectiveness of Adding a Mask Recommendation to Other Public Health Measures to Prevent SARS-CoV-2 Infection in Danish Mask Wearers: A Randomized Controlled Trial Ann Intern Med. 2021 Mar;174(3):335–343. doi: 10.7326/M20-6817. Epub 2020 Nov
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33205991/

23 Does the use of face masks in the general populationmake a difference to spread of infection? https://www.ed.ac.uk/files/atoms/files/uncover_003-03_summary_-_facemasks_community_anon.pdf

24 Boretti A. Efficacy of Generalized Face Masking Mandates. Health Serv Res Manag Epidemiol. 2021 Nov 10;8:23333928211058023. doi: 10.1177/23333928211058023. PMID: 34778494; PMCID: PMC8586184. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8586184/

25 Schauer SG, Naylor JF, April MD, Carius BM, Hudson IL. Analysis of the Effects of COVID-19 Mask Mandates on Hospital Resource Consumption and Mortality at the County Level southern medical journal, 114(9), 597–602. https://doi.org/10.14423/SMJ.0000000000001294

26 Schwarz S, Jenetzky E, Krafft H, Maurer T, Martin D. Coronakinderstudien „Co-Ki“: erste Ergebnisse eines deutschlandweiten Registers zur Mund-Nasen-Bedeckung (Maske) bei Kindern [Corona child studies “Co-Ki”: first results of a Germany-wide register on mouth and nose covering (mask) in children]. Monatsschr Kinderheilkd. 2021;169(4):353-365. German. doi: 10.1007/s00112-021-01133-9. Epub 2021 Feb 22. PMID: 33642617; PMCID: PMC7898258. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33642617/

27 Sasser P, McGuine TA, Haraldsdottir K, Biese KM, Goodavish L, Stevens B, Watson AM. Reported COVID-19 Incidence in Wisconsin High School Athletes in Fall 2020. J Athl Train. 2022 Jan 1;57(1):59–64. doi: 10.4085/1062-6050-0185.21. PMID: 34129671; PMCID: PMC8775282.

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44 Ibid 17

45 Didier Rancourt “Face masks, lies, damn lies, and public health officials: ‘A growing body of evidence’” https://www.researchgate.net/publication/343399832_Face_masks_lies_damn_lies_and_public_health_officials_A_growing_body_of_evidence




L’histoire commence à rimer…

[Source : aubedigitale.com]

Par James Rickards

La troisième guerre mondiale a-t-elle déjà commencé ?

Il ne s’agit pas d’une question facétieuse destinée à attirer l’attention. C’est une question légitime.

Il arrive souvent que des événements importants commencent par de petites choses et se développent de manière incontrôlée. Rétrospectivement, il semble évident que la guerre était inévitable. Mais sur le moment, ce n’est pas du tout évident. Les événements peuvent sembler déconnectés et il est loin d’être évident que la guerre est inévitable.

Le recul historique est de 20/20.

La Première Guerre mondiale ne s’appelait pas ainsi à l’époque. Elle s’appelait la Grande Guerre. Ce n’est qu’avec l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale que le nom de Première Guerre mondiale a été appliqué.

Et comment devrions-nous considérer le début de la Seconde Guerre mondiale ? La plupart des historiens la datent de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939. Cependant, de nombreux Américains datent la guerre du 7 décembre 1941, lorsque le Japon a bombardé Pearl Harbor et que les États-Unis ont déclaré la guerre au Japon.

Mais on peut pardonner aux Chinois de dire que les deux dates sont erronées. Les Chinois considèrent l’invasion de la Mandchourie par le Japon le 18 septembre 1931 comme le véritable début de la Seconde Guerre mondiale.

Une question de perspective

Le fait est que le début et la fin des guerres mondiales et d’autres conflits majeurs ne sont pas aussi tranchés que le voudraient les historiens. C’est souvent une question de culture et de perspective.

Cela nous amène à l’état actuel du monde. Quelqu’un a-t-il brandi une bannière ou déclaré que la troisième guerre mondiale avait commencé ? Non. Est-il fréquent que des guerres de broussailles et des guerres par procuration se déroulent dans plusieurs parties du monde sans qu’il y ait de danger évident qu’elles se transforment en une conflagration mondiale ?

La réponse est oui.

Les guerres qui se déroulent aujourd’hui ne sont pas toutes de petite envergure et certaines sont même très importantes. Plus important encore, elles impliquent directement ou indirectement de grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine et la Russie, ainsi que d’importantes puissances secondaires, y compris des puissances nucléaires comme la France et le Pakistan.

En outre, les enjeux sont considérables, notamment l’avenir de l’OTAN, le contrôle de l’Europe de l’Est, le contrôle du pétrole du Moyen-Orient et l’approvisionnement mondial en uranium. Plus que l’état actuel de ces conflits, c’est la probabilité d’une escalade menant à une guerre nucléaire sans marche arrière qui est urgente.

Passons brièvement en revue ces conflits critiques. Ce faisant, n’oubliez pas que nous nous trouvons peut-être dans une période telle que les guerres des Balkans (1912-1913), qui ont précédé la Première Guerre mondiale, ou les guerres entre le Japon et la Chine (1931-1937), qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale.

Il se peut que le génie soit déjà sorti de la lampe.

L’Ukraine

L’Ukraine est le point de départ évident. La Russie est en train de gagner la guerre de manière décisive. La contre-offensive ukrainienne a été anéantie le 6 juin, puis à nouveau anéantie après un redémarrage de l’offensive à la fin du mois de juillet. L’Ukraine utilise désormais des tactiques d’infanterie légère, car ses blindés ont été détruits par les mines et l’artillerie russes et laissés en flammes sur le champ de bataille.

Les « armes miracles », notamment les batteries de missiles Patriot, l’artillerie HIMARS, les véhicules de combat Bradley, les chars Leopard, les chars Challenger et les missiles de croisière Storm Shadow ont tous été détruits par une combinaison de missiles hypersoniques russes, de défenses antiaériennes, d’artillerie ou de mines, ou ont été neutralisés par le brouillage des signaux GPS et d’autres formes de guerre électronique.

Les morts au combat ukrainiens sont estimés à plus de 200 000, et tout cela pour rien.

L’Ukraine n’a aucune chance de gagner la guerre, mais celle-ci pourrait tout de même s’intensifier. L’équipe de Biden ne veut pas admettre une défaite humiliante. Ils veulent que la guerre se poursuive jusqu’après les élections de 2024 afin d’aider les chances de réélection de Biden. Après cela, Biden (s’il gagne) abandonnera les Ukrainiens tout comme il a abandonné les Afghans en août 2021.

Maintenir la guerre signifie des actes plus agressifs en mer Noire (impliquant éventuellement des navires roumains ; la Roumanie est membre de l’OTAN), la fourniture d’armes à sous-munitions de 155 mm (qui tuent principalement des enfants lorsqu’elles n’explosent pas comme prévu) et le regroupement de troupes polonaises (un autre membre de l’OTAN) à la frontière de la Biélorussie, qui est dans une alliance conventionnelle avec la Russie. La Pologne a ses propres visées sur l’Ukraine occidentale, dans le cadre d’une renaissance de la fédération polono-lituanienne qui a duré de 1569 à 1795.

Si la Russie est poussée à couler un navire de guerre roumain ou si la Pologne pénètre en Ukraine occidentale, vous disposez d’un prétexte pour déclencher l’article 5 du traité de l’OTAN, ce qui conduirait plus ou moins directement à la Troisième Guerre mondiale, y compris à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques. M. Biden se moque de tout cela et les bellicistes américains, comme la vice-secrétaire d’État Victoria Nuland, l’encouragent.

Parallèlement à la guerre cinétique en Ukraine, les États-Unis ont imposé des sanctions financières à la Russie. M. Biden a menacé de maintenir ces sanctions « aussi longtemps qu’il le faudra », ce qui pourrait signifier des années au vu de la tournure que prend le conflit.

Ces sanctions n’ont eu aucun impact sur le comportement ou l’économie de la Russie, mais elles ont gravement endommagé l’UE et le statut du dollar américain en tant que réserve de valeur fiable. Ces coûts économiques pour l’Occident augmenteront avec le temps.

La lutte pour l’uranium

Un autre conflit à potentiel d’escalade concerne l’État du Niger, situé dans le désert du Sahara. Un récent coup d’État militaire a renversé le gouvernement élu il y a plusieurs semaines (bien que les putschistes soutiennent que l’élection était frauduleuse). Certains sondages montrent que la junte militaire bénéficie d’un large soutien populaire.

Le Niger est le premier fournisseur d’uranium de la France, tandis que la France est l’un des plus grands constructeurs de centrales nucléaires au monde. La France a désespérément besoin de rétablir l’ordre au Niger, notamment en forçant la junte à se retirer et en rétablissant le gouvernement élu.

La France dispose de forces spéciales, dont la Légion étrangère française, prêtes à intervenir. Cependant, la France ne veut pas agir unilatéralement et tente de recruter des alliés africains pour se joindre à l’invasion.

Le groupement régional le plus important est la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui comprend à la fois des États francophones comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire et d’importants États anglophones comme le Nigeria. La France recrute la CEDEAO pour participer à son invasion du Niger.

Les membres de la CEDEAO sont divisés sur cette idée. En tout état de cause, l’action de la CEDEAO nécessiterait l’approbation de l’Union africaine et éventuellement des Nations unies, ainsi que des semaines de mobilisation. Aucune action militaire n’est donc envisageable avant plusieurs mois au plus tôt.

Rien ne prouve que la Russie ait été impliquée dans le coup d’État au Niger, mais elle en est certainement l’un des principaux bénéficiaires. La Russie est l’autre grand fabricant de centrales nucléaires, après la France.

La Russie se procure son uranium en Russie, au Kazakhstan et dans d’autres républiques d’Asie centrale. (La Russie possède également de grandes quantités de gisements d’uranium américains obtenus dans le cadre d’un accord autorisé par Hillary Clinton en échange de dons considérables à la Fondation Clinton).

Si la Russie peut couper l’accès de la France à l’uranium nigérien, elle renforcera son emprise sur l’approvisionnement mondial en uranium et consolidera sa position en tant que pays fournisseur de centrales nucléaires.

Des rumeurs (non confirmées) laissent entendre que la Russie pourrait apporter son soutien au coup d’État nigérien, notamment par le déploiement éventuel de l’armée mercenaire du groupe Wagner. Cela compliquerait grandement tout projet d’implication de la France ou de la CEDEAO.

Une fois de plus, nous aurions le spectre de la Russie (via Wagner) et de la France (membre de l’OTAN) s’affrontant dans une guerre pour l’uranium dans le désert du Sahara. Le potentiel d’escalade est évident.

À propos, la sanguinaire Victoria Nuland s’est récemment rendue au Niger et n’a pas été chaleureusement accueillie. Elle a quitté le pays les mains vides. Il ne fait aucun doute qu’elle a laissé derrière elle des menaces de soutien américain aux Français.

Un signe avant-coureur de la troisième guerre mondiale ?

Il existe de nombreuses autres zones chaudes dans le monde, notamment à Taïwan, en mer de Chine méridionale, en Syrie et en Corée du Nord. Le Pakistan est peut-être la zone la plus dangereuse en raison du conflit croissant entre le Premier ministre élu Imran Khan (aujourd’hui en prison et démis de ses fonctions) et ses partisans, d’une part, et l’armée, d’autre part.

Le chaos au Pakistan est intrinsèquement menaçant au niveau mondial, car il s’agit d’une puissance nucléaire en conflit permanent avec l’Inde, elle aussi dotée de l’arme nucléaire.

Peut-être ces conflits se résoudront-ils d’eux-mêmes avec le temps. Peut-être pas. Pour l’instant, ils sont individuellement menaçants (en raison de l’escalade) et ressemblent étrangement à la confluence des conflits qui ont précédé les deux plus grandes guerres de l’histoire.

L’histoire ne se répète peut-être pas, mais il semble qu’elle commence à rimer.

Traduction du Daily Reckoning par Aube Digitale

[Voir aussi par exemple :
« Un moment très dangereux » : Viktor Orban avertit Tucker Carlson qu’une « Troisième guerre mondiale frappe à la porte » (https://lesmoutonsenrages.fr/)
et
La troisième guerre mondiale approche (https://reseauinternational.net/).
Note de Joseph :
Cependant, la multiplication d’articles présentant la possibilité d’une troisième guerre mondiale peut traduire un processus de programmation des peuples, en les amenant par exemple à croire qu’elle est inéluctable et à en accepter l’éventualité de manière fataliste ou résignée.]




En Ukraine, c’est une guerre d’usure

Entretien avec Vasily Kashin, spécialiste en sciences politiques, directeur du Centre d’études européennes et internationales intégrées de l’Université nationale de recherche « École supérieure d’économie ».

Quelles étaient les attentes du commandement, du gouvernement et de la société ukrainiens à l’égard de la contre-offensive ?

« Cet été, les forces armées ukrainiennes devaient entrer en Crimée, c’était la propagande, objectif maximal de la contre-offensive. Mais ils n’avaient rien à voir avec une véritable planification. Les attentes réelles se résumaient au fait que l’offensive devait rapidement détériorer la position stratégique des troupes russes et créer les conditions de négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit armé en position de force. Ce point de vue était partagé non seulement par les dirigeants ukrainiens, mais aussi par les Américains, dont la position était décisive dans cette affaire. On supposait que les troupes russes recevraient un coup qui aggraverait leur situation et que la Russie serait alors obligée de négocier. Apparemment, la percée du corridor terrestre vers la Crimée était considérée comme la tâche la plus importante. Les objectifs de l’offensive semblent avoir été considérés comme tout à fait réalistes tant par les militaires que par les politiciens : ils s’attendaient apparemment à ce qu’un résultat mesurable soit obtenu quelques semaines après le début de l’offensive. Et tout ce qui s’est passé par la suite a été une surprise désagréable et une déception tant pour l’Ukraine que pour les États-Unis. »

L’offensive a été annoncée au début du printemps. Pourquoi son démarrage a-t-il été si retardé ?

« Il y avait plusieurs facteurs importants. Premièrement, la Russie a réussi à imposer à Kiev une bataille longue et épuisante pour Artemovsk [Bachmut], les combats se sont déroulés dans des conditions défavorables à l’Ukraine. Les dirigeants ukrainiens ont commis de graves erreurs, voyant une grande importance politique dans la défense de Soledar et d’Artemovsk, déclarées “forteresses”. Ils avaient dit que sans Bakhmut, il n’y aurait pas d’Ukraine. Après avoir adopté des positions politiques aussi fortes, les dirigeants ukrainiens se sont retrouvés piégés, entraînant une perte importante de forces et de ressources.

Deuxièmement, depuis le printemps, la nature des activités des troupes russes a sérieusement changé. Nous avons l’équivalent des bombes de précision américaines JDAM, des bombes de planification UMPK, l’utilisation de munitions de manœuvre a fortement augmenté, en général, il existe des armes plus précises, des moyens modernes de reconnaissance et de contrôle. Tout cela ne pouvait que conduire la partie ukrainienne à la conviction qu’il fallait mieux se préparer. De plus, leurs pertes ont simplement commencé à augmenter, il est devenu plus difficile d’assembler l’équipement nécessaire.»

Quelles tactiques le commandement ukrainien a-t-il utilisées lors de la planification de la contre-offensive ?

« À notre connaissance, ils ont essayé d’utiliser l’expérience acquise dès le début du conflit. Les forces armées ukrainiennes ont mené de nombreuses attaques, examinant les défenses russes et essayant d’y trouver leurs points faibles afin d’étendre davantage l’offensive dans ces zones. Il y a eu également des tentatives de dispersion des forces russes le long du front en attaquant « l’ancien » territoire russe (régions de la Fédération de Russie limitrophes du territoire de l’Ukraine, de la LPR ou de la RPD avant le début de l’opération spéciale). Ces attaques n’étaient pas des frappes rapides, leur objectif était de prendre pied. Lors de l’attaque de Grajworon, dans la région de Belgorod, les Ukrainiens ont creusé des tranchées et y ont apporté des armes. Apparemment, l’objectif était de détourner les forces russes d’un autre secteur et de saper les défenses dans des zones clés.

Mais ces mesures ne suffisent pas à affaiblir les défenses russes. En outre, l’expérience antérieure de l’offensive des forces armées ukrainiennes sur les positions des troupes russes n’est plus pertinente. Auparavant, ils attaquaient de petites formations avec une faible profondeur de défense, ils pouvaient parcourir des dizaines de kilomètres et nos positions étaient très mal équipées d’un point de vue technique. Cela n’a rien à voir avec la défense russe à l’été 2023. Aujourd’hui, un plan de défense a été soigneusement préparé, des fortifications ont été construites et l’équipement des troupes a été amélioré. L’équilibre numérique des forces a également considérablement changé — même si, bien sûr, l’Ukraine a encore plus de troupes dans la zone de combat, mais elle n’a plus d’avantage.»

Les premiers jours ont montré que la tactique choisie par Kiev ne fonctionnait pas. Pourquoi cela n’a-t-il pas changé ?

« Nous sommes confrontés à une crise. Cela rappelle quelque peu la situation de la Première Guerre mondiale et est lié au fait que la technologie militaire a progressé très en avance dans son développement et que la pensée militaire est à la traîne. Aucune des deux parties n’a l’idée de briser la ligne de défense bien préparée. Les nombreuses attaques ukrainiennes ratées le démontrent parfaitement. Les soldats des forces armées ukrainiennes meurent tout simplement dans les champs de mines sous le feu de l’artillerie.

On peut également rappeler les tentatives ratées de l’offensive russe sur Ugledar en janvier 2023. Nous n’avons pas non plus la capacité de mener efficacement des opérations de manœuvre. Mais nous sommes désormais sur la défensive et le temps joue désormais en notre faveur. Kiev, en revanche, dépend d’approvisionnements extérieurs, qui ne sont pas infinis, et est désormais confrontée à la destruction de son économie. Les pertes humaines sont également importantes, tandis que les ressources humaines sont bien moindres. L’Ukraine ne peut pas attendre longtemps, elle subit une forte pression politique et l’Occident exige des résultats. L’armée est obligée d’attaquer et utilise les méthodes et les outils dont elle dispose. Si quelqu’un parvient à formuler un algorithme permettant de briser les défenses multicouches modernes sans supériorité aérienne, ce sera une immense réussite de la pensée militaire. Mais maintenant personne ne sait comment faire. »

Pourquoi le commandement ukrainien a-t-il choisi la direction de Zaporozhye pour la contre-offensive, où les forces armées russes attendaient une attaque et préparaient une ligne de défense sérieuse ?

« Apparemment, c’est la seule direction dans laquelle Kiev pourrait obtenir un résultat politique qui déterminerait l’issue de toute la campagne ukrainienne. Dans d’autres domaines, les progrès ne prendraient pas effet immédiatement ou seraient extrêmement difficiles à réaliser. Si les forces armées ukrainiennes faisaient de grands progrès à Zaporizhia — même sans couper le couloir d’approvisionnement terrestre des troupes russes en provenance de Crimée — alors les conditions seraient créées pour des négociations avec la Russie en position de force. C’est du moins ce que pensent les dirigeants ukrainiens. Bien entendu, ces hypothèses pourraient se révéler fausses, car la Russie, en cas d’échec, pourrait réagir par une forte escalade des hostilités et par l’introduction de nouvelles réserves. »

Quel a été le facteur décisif pour repousser la contre-offensive des forces armées ukrainiennes ?

« De nombreux mois de formation et une augmentation générale du professionnalisme et de l’équipement technique des forces armées russes. Un système de défense puissant a été construit et une analyse des erreurs commises a été réalisée. En outre, une mobilisation partielle et un programme actif visant à attirer des troupes sous contrat ont amélioré la situation en termes de nombre de troupes. En conséquence, l’équilibre des pouvoirs a tout simplement changé. Très probablement, les forces armées ukrainiennes ne disposaient pas au départ de suffisamment de troupes pour mener à bien une telle opération, elles ne l’avaient tout simplement pas encore pleinement réalisé. »

La tactique défensive adoptée par le commandement russe l’automne dernier est-elle la bonne ?

« Oui absolument. En général, si l’on part du fait que, d’une part, nous augmentons la production militaire plus rapidement que l’ennemi, et d’autre part, nous n’avons toujours pas de solutions toutes faites qui nous permettraient de réaliser une percée rapide, alors la meilleure solution est de s’appuyer sur une guerre d’usure et de détruire lentement à la fois les équipements militaires et les forces ennemies. Il leur sera de plus en plus difficile de réapprovisionner même leur équipement militaire. »

Les frappes ukrainiennes contre Zaporizhia vont-elles se poursuivre ?

« Il existe désormais un certain impératif politique : obtenir au moins un petit succès limité pour montrer que les forces armées ukrainiennes ont encore la capacité de poursuivre la guerre pendant longtemps et de vaincre les troupes russes à l’avenir. Subir des pertes aussi lourdes, sans pratiquement aucun progrès, coûtera politiquement très cher aux autorités ukrainiennes. L’Ukraine se trouve dans une situation très difficile en raison d’une forte baisse du niveau de vie de la population et d’importantes pertes humaines. Et les facteurs moraux et politiques sont très importants pour elle, et ils disent : « encore un peu d’efforts — et nous gagnerons. »

En général, ce sont des facteurs politiques qui ont dicté de nombreuses actions des forces armées ukrainiennes, notamment des frappes sur le pont de Crimée et des attaques terroristes en Russie. Ils n’ont pas une grande importance militaire, mais ils visent à influencer la société ukrainienne et à renforcer sa volonté de combattre. Pour les dirigeants ukrainiens, le pire est une démoralisation totale, lorsque les gens comprennent que non seulement les pertes sont très importantes (tout le monde le comprend déjà), mais qu’ils se rendent également compte qu’il n’y a aucun espoir de victoire. Alors la chute pourrait arriver. Par conséquent, même un succès modeste comme la capture d’un petit village permettra d’annoncer que les objectifs de la contre-offensive auraient été atteints.»

La Russie maintiendra-t-elle une tactique défensive ou devrions-nous attendre une action offensive une fois terminée la première phase de la contre-offensive ukrainienne ?

« Je pense que nous passerons à l’offensive lorsque nous arriverons à la conclusion que les ressources ukrainiennes sont considérablement épuisées, que leur potentiel est limité, qu’une partie importante de l’équipement est détruite et que les brigades de réserve sont vaincues. Il y aura alors des conditions pour une offensive décisive, mais jusqu’à présent les dirigeants russes se montrent prudents à ce sujet. »

L’été dernier, le commandement ukrainien a annoncé une attaque sur Kherson, mais les principaux coups ont finalement été portés dans la région de Kharkiv. Cette situation peut-elle se reproduire ? Les Forces armées ukrainiennes disposent-elles désormais de réserves que le commandement peut utiliser ?

« Ils disposent sans aucun doute de réserves pour une offensive dans d’autres directions, mais le travail de la partie russe visant à créer un réseau de fortifications et à renforcer les défenses ne s’est pas limité à Zaporojie. En outre, les forces armées ukrainiennes sont actuellement confrontées à une offensive russe locale près de Koupiansk, où les dirigeants ukrainiens ont même dû annoncer l’évacuation des civils. Il est fort possible qu’il s’agisse désormais uniquement d’économiser des forces pour repousser d’éventuelles actions offensives de la Russie. »

Pouvons-nous évaluer les graves pertes subies par les Forces armées ukrainiennes ?

« Il existe des preuves sous forme d’enregistrements vidéo de la destruction d’équipements, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Il existe également des indicateurs indirects, par exemple l’activité des autorités ukrainiennes dans la conduite d’activités de mobilisation : la conscription est très active, il y a des rafles dans les rues. Des mesures sont également prises pour limiter les sorties des jeunes âgés de 16 à 18 ans.

Tout cela suggère que les pertes ukrainiennes sont importantes, même par rapport au nombre total de ressources de mobilisation ukrainiennes. Et apparemment, elles grandissent. Nous constatons que des attaques se produisent chaque jour et nous savons que les Ukrainiens ne disposent pas de tactiques efficaces pour les mener à bien. Selon les sondages, 76 pour cent des Ukrainiens connaissent personnellement quelqu’un qui est mort au front. Les forces armées ukrainiennes avancent, mais elles ne disposent pas des tactiques éprouvées de cette offensive, elles ne remportent pas de grands succès et, comme vous pouvez le constater, les pertes irréparables sont très lourdes. L’évaluation des pertes ne peut être évaluée que lorsque les documents internes de l’autre partie sont disponibles ; il est difficile de les évaluer sur la base des données disponibles. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’elles sont très importantes et que les forces de mobilisation ukrainiennes sont sur le point d’être épuisées. »

Les forces armées ukrainiennes sont-elles en mesure de protéger leurs officiers face à ces pertes élevées ?

« Pour autant que nous le sachions, ils les protègent. La part des officiers dans les pertes n’est pas très importante. Les officiers des forces armées ukrainiennes apparaissent beaucoup moins souvent sur la ligne de front que les nôtres et meurent beaucoup moins souvent. Cela s’applique aux officiers de tous grades, en particulier aux généraux. Bien entendu, l’état-major ukrainien subit des pertes, le nombre de nécrologies augmente, mais ces pertes ne sont pas critiques. Ils manqueront plus tôt de soldats que de commandants. »

La qualité de l’infanterie ukrainienne diminue-t-elle avec la mobilisation massive ?

« Les Forces armées ukrainiennes s’efforcent de maintenir dans des formations individuelles un personnel expérimenté de haute qualité et tentent de l’utiliser avec parcimonie. Leur approche du personnel est généralement très diversifiée : il y a des personnes qui ne sont pas particulièrement valorisées, et il y a celles qui sont valorisées. Bien sûr, la qualité générale des gens diminue à chaque nouvelle vague de mobilisation, et c’est certainement le cas. Mais l’épine dorsale des combattants expérimentés demeure. Et ils sont capables de beaucoup de choses. »

Les pertes subies lors de cette contre-offensive peuvent-elles briser la société ukrainienne ? Combien de temps pourra-t-elle maintenir la volonté de résister ?

« L’expérience de l’histoire militaire nous apprend qu’il est presque impossible de prédire le moment de la dépression mentale. Il y a eu aussi des cas extrêmes, l’exemple le plus célèbre étant la guerre paraguayenne de 1864-1870, qui s’est terminée par l’extermination presque complète de la population masculine du pays. Mais même lorsque les enfants furent envoyés aux batailles finales, le Paraguay ne s’effondra pas. Il existe des exemples inverses : certains participants à la Première Guerre mondiale, sur fond de difficultés et de pertes, ont vécu une révolution et ont quitté les rangs.

Faire de telles prédictions sur l’Ukraine nécessite des recherches sociologiques, ce qui est impossible dans un pays belligérant, et il faut avoir une compréhension détaillée de ce qui se passe au sein des élites et dans les relations entre l’Ukraine et ses alliés. Nous ne pouvons pas espérer que l’Ukraine se “vide” soudainement. Nous devons supposer qu’ils peuvent envoyer des gens au massacre tant qu’ils en ont. Une crise ne peut survenir qu’en lien avec l’épuisement des ressources ou une baisse totalement catastrophique de leur qualité. Bien que parmi les forces armées ukrainiennes mobilisées, il y ait déjà des malades mentaux et des handicapés. »

Autrement dit, il n’y a pas de changement dans la société après l’échec des premières étapes de la contre-offensive ?

« Nous ne disposons pas de sources d’informations fiables sur ce qui se passe exactement dans la société ukrainienne. Certains incidents (par exemple lorsque des gens dans la rue frappent des employés des bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaires) ne disent rien. On ne sait pas exactement dans quelle mesure ce phénomène est répandu. Il y a une certaine frustration et une certaine fatigue. Elles grandissent. Mais la question reste ouverte : ils peuvent se transformer en apathie totale, en panique et en désir de s’en cacher à tout prix. Jusqu’à présent, l’Ukraine est en mesure de reconstituer ses forces armées. »

La position des pays occidentaux en matière de fourniture d’équipements militaires peut-elle changer après les échecs des forces armées ukrainiennes ?

« Les enjeux de ce conflit pour l’Occident sont également élevés. La victoire sans équivoque de la Russie aura des conséquences mondiales : il s’agit en fait de l’effondrement de l’ancien ordre mondial. Et cela est inacceptable pour l’Occident, c’est pourquoi la détermination à soutenir l’Ukraine est très forte. Mais cela ne fonctionne plus, si l’Occident constate que les forces armées ukrainiennes ne se battent pas durement, il cessera de donner de l’argent. Le fait est qu’il existe d’autres demandeurs d’aide et de ressources. Il s’agit en particulier de Taiwan. Taiwan a une économie puissante et ne demande pas d’argent, mais les pays occidentaux sont obligés de redistribuer leurs approvisionnements en armes parce que Taiwan a un besoin urgent d’armements, et que Taiwan est en réalité plus importante que l’Ukraine. Une forte exacerbation du problème de Taiwan pourrait conduire à une réduction du nombre d’armes pouvant être transférées vers l’Ukraine. »

L’Ukraine peut-elle passer au second plan, par exemple aux États-Unis, où des élections présidentielles sont prévues l’année prochaine ?

« L’Ukraine est importante pour Washington, tout comme le conflit en Ukraine. Mais si le président américain change, son administration aura plus de marge de manœuvre, elle sera en mesure de faire une sorte de compromis avec la Russie, qu’elle annoncera comme une victoire partielle de l’Ukraine. »

Il semble que la décision de livrer des chasseurs F-16 à l’Ukraine ait déjà été prise, la seule question est celle du calendrier. Combien de temps faudra-t-il à l’Occident pour former des pilotes ?

« Les pilotes pourraient commencer les préparatifs à l’avance. Beaucoup de choses qui ont été dites auparavant, comme l’installation de missiles Storm Shadow sur des avions de combat ukrainiens, avaient été préparées à l’avance ; la première utilisation des missiles a eu lieu peu de temps après les premières déclarations officielles concernant leurs livraisons. D’ailleurs, c’était la même chose avec les chars. Vous n’êtes pas obligé de prendre tous ces transferts au pied de la lettre et ne comptez pas sur de longues procédures. L’Ukraine peut disposer d’avions très rapidement. Mais il s’agira d’avions de conceptions relativement anciennes, techniquement inférieures aux chasseurs russes modernes. En outre, l’Occident ne sera pas en mesure de donner autant d’avions à la fois pour modifier l’équilibre des forces. C’est juste un remplacement amélioré des avions soviétiques ukrainiens que nous détruisons. »

Les nouvelles livraisons pourront-elles réellement changer la situation au front, ou constitueront-elles une autre « arme miracle » avec la propagande comme principal effet ?

« Parce qu’il s’agit d’avions de combat occidentaux, ils peuvent transporter une gamme complète d’armes guidées occidentales. Ce n’est pas la même chose que les MiG-29 et Su-24 soviétiques déjà très usés, que les Ukrainiens adaptent bien sûr à l’utilisation de ces armes, mais avec un certain nombre de limitations. Ici, toute une gamme d’armes peut être utilisée normalement. Bien sûr, cela augmentera nos pertes et nous créera des difficultés. Mais il ne sera pas possible de changer la situation globale, car nous aurons une supériorité à la fois quantitative et qualitative dans les airs. »

Quelles armes l’Occident pourrait-il fournir pour assurer un véritable succès aux forces armées ukrainiennes ?

« Il n’existe pas de système d’arme unique qui changerait radicalement la situation sur le front. Pour changer la situation au front, il est nécessaire de modifier tout l’équilibre des pouvoirs. Cela nécessite un réarmement complet des forces armées ukrainiennes et leur saturation en quantités énormes de nouveaux types d’armes. Et la capacité de production des pays occidentaux est limitée. Ils couvrent même les besoins actuels des forces armées ukrainiennes dans la limite de leurs capacités. Les réserves sont également épuisées.

Une guerre terrestre longue et à grande échelle a été un choc pour nous comme pour eux. Nous avons commencé à augmenter la production d’armes, mais nous disposions d’une base solide, car nous avons maintenu une certaine capacité de production grâce à d’importantes exportations d’armes. En Occident, on fait la même chose, mais là-bas l’augmentation de la production militaire est associée à un grand nombre de contraintes bureaucratiques et à la nécessité de combiner les intérêts de l’État et des entreprises privées, qui exigent des garanties d’une forte demande à long terme. Il existe également des problèmes liés à la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie. Tout cela ne permet pas d’augmenter la production pour répondre pleinement aux besoins des forces armées ukrainiennes. Nous avons besoin d’une échelle d’engagement complètement différente. Et maintenant, en Europe, les chars ne sont produits que par l’Allemagne. Actuellement, il est difficile de saturer d’armes les forces armées ukrainiennes, comme ce fut le cas pendant la Seconde Guerre mondiale. »

Quel est l’intérêt d’attaquer les infrastructures portuaires ukrainiennes après le refus de renouveler l’accord céréalier ?

« Il y a plusieurs problèmes dans cette histoire. Premièrement, l’Ukraine semble avoir réellement utilisé l’accord sur les céréales pour stocker une grande quantité de matériel militaire dans les entrepôts portuaires, comme nous l’avons vu lors d’attaques secondaires massives après des attaques contre des ports. Deuxièmement, les attaques contre les ports constituent le moyen le plus sûr de maintenir un blocus naval, car la combinaison des missiles antinavires côtiers de l’Ukraine, des drones navals et des cibles de l’OTAN rend les actions de notre flotte dans le nord-ouest de la mer Noire très dangereuses.

Un autre point important est l’affaiblissement du potentiel économique de l’Ukraine à long terme, ce qui rendra difficile aux Américains de réaliser toutes sortes de projets visant à transformer l’Ukraine d’après-guerre en un nouvel Israël et à la saturer d’armes. À l’heure actuelle, l’économie ukrainienne dans son ensemble est détruite. À la fin de l’année dernière, le PIB a chuté de 30 pour cent ; cette année, la situation s’est stabilisée, mais l’essentiel de l’activité économique qui subsiste en Ukraine n’est qu’un sous-produit de l’effort de guerre.

Une aide massive afflue vers l’Ukraine, en plus des armes et du matériel militaire. Ces dizaines de milliards de dollars sont échangées contre des hryvnias et utilisées pour payer les salaires et toutes sortes d’avantages, ce qui maintient l’Ukraine à flot et assure la relative stabilité de la monnaie. Cet argent est dépensé au niveau national pour certains biens et services, ce qui donne l’apparence d’une activité économique, mais qui consiste en fait à galvanoplastifier un cadavre. Si ces aides commencent à diminuer, l’activité va diminuer. Une partie de la production ukrainienne subsiste, mais elle n’est pas grande. Il y a une agriculture fortement ratatinée, il reste de petits vestiges de la métallurgie et de la défense. Dans la période d’après-guerre, sur cette base, alors qu’il n’y a pas de travail dans le pays et qu’une grande partie de la population a fui vers l’Europe, il sera difficile de recréer un puissant rempart anti-russe en Ukraine. »

À quoi peut-on s’attendre dans le futur ? La guerre d’usure a-t-elle déjà commencé ?

« En fait, cela dure depuis le début. La stratégie de guerre d’usure a été choisie après l’échec de la première étape de l’opération spéciale, alors qu’il était impossible de diviser l’Ukraine et d’imposer des conditions de paix favorables aux conditions russes. Seuls les modèles de comportement changent : pendant les premiers mois, on a essayé de le faire fonctionner à moindre coût, en maintenant la Russie dans un état de paix, alors que non seulement il n’y avait pas de mobilisation, mais que les soldats sous contrat conservaient également le droit d’être démis de leurs fonctions dans l’armée, dont beaucoup ont profité début 2022. Sur la base des résultats de l’offensive ukrainienne dans la région de Kharkiv, il est devenu clair qu’il ne serait pas possible de maintenir ce régime, eh bien, nous avons reconstruit le modèle de guerre, mené mobilisation partielle et changement du cadre juridique. »

Source : lenta.ru




Comment l’urgence insectocène et le racisme antiblanc ont remplacé « l’urgence sociale »…

Par Lucien SA Oulahbib


Les enfants blancs dans les mines d’Angleterre ou dans les scieries de la Forêt Noire d’Allemagne au 19e siècle outrageaient les socialistes radicaux, dont Karl Marx. Par contre les enfants noirs grattant aujourd’hui de leurs mains les mines du Congo pour arracher le cobalt qui permettent aux insectofiles de rouler en voiture électrique n’émeuvent guère les descendants post marxistes. Ceux-ci hurlent cependant à l’encontre de jeunes gagnants français d’un concours d’éloquence en anglais parce que « blancs » ils ont osé récité la phrase célèbre de Martin Luther King, « I have a dream » (alors que s’il y avait eu également des enfants noirs, ces derniers auraient été traités de traîtres « bounty »…)…

En fait, et plus généralement, car voyant de plus en plus cette contradiction dans leur dénonciation à géométrie variable, ces influenceurs/entrepreneurs/bonimenteurs en moraline préfèrent de plus en plus botter en touche en voulant à terme interdire la voiture, l’avion, la viande, les produits laitiers. Ils militent (sauf exception comme le nouveau Cadet Roussel) pour le Village du Prisonnier ou « les villes de 15 minutes » et l’alimentation basée sur la nourriture d’insectes devenant ainsi les outils serviles de la Secte SHAA qui désire par ailleurs un confinement, permanent, des particules trans/post/humaines, ces déjà « couch-potatoes » médicalisées, injectées (même Trump le dénonce désormais). Mais ils votent bien, sous peine de ne pas toucher leur revenu universel, au fond de leur logement social mâtiné de tags et de rodéos nocturnes. Les femmes s’habillent en vêtements de plus en plus larges afin de s’acclimater à « la » mondialisation obligatoire, ma bonne dame…

« L’insectocène » antiraciste comme « antidote » néo-religieux à « l’anthropocène », donc. Ces deux notions deviennent de plus en plus les derniers mantras antirationnels de l’errance ou dérive nihiliste totalitaire du courant postmarxiste qui se réfugie « en même temps » dans un alter-djihadisme néoléniniste à la solde des firmes alarmistes et hygiénistes prônant tout autant les injections, l’urgence alarmiste, que la GPA pour tous, y compris récemment par la bouche du ministre des transports français. Ils veulent ainsi accroître encore plus le drame des enfants sans mère et sous méthode ROPA

Il serait alors de plus en plus d’utilité publique non seulement de « destituer » l’employé qui a failli, mais aussi de participer à cette liste anti-transition que prône Philippe Herlin afin de créer enfin un pôle réellement salvateur, maintenant que tous les partis (ou presque) bêlent dans une seule direction, celle déjà de la soumission énergétique, hygiéniste, nihiliste, sansfrontièriste à une UE cheval de Troie de la Secte bras armé de l’État profond US. Celui-ci empêche la France de retrouver son rang de puissance propositionnelle de paix partagée et non pas imposée, surtout au moment même où de plus en plus de nations tournent désormais le dos à un Occident qui a confié son avenir spirituel et matériel à une secte de plus en plus fanatisée soufflant sur les braises du pire pour mieux s’y reproduire en rescapés du désastre, survivant ainsi aux crochets du cadavre encore chaud de ce que fut la République française (au sens de Jean Bodin…).




JRR Tolkien contre le monde moderne : une mise au point

Par Nicolas Bonnal

Ce texte est extrait d’un chapitre de notre deuxième livre sur Tolkien (Ed. Avatar). Le premier édité aux Belles Lettres fut traduit et publié en Russie en 2002.

But it is the aeroplane of war that is the real villain.
(Mais c’est l’avion de guerre qui est ici le vrai méchant.)

Tolkien

Nous sommes la civilisation de la destruction du monde.

Philippe Grasset

Tolkien refuse toute allégorie. Il envoie dinguer les interprètes, et il a raison, il y en a trop : faites-moi comme moi, écrivez de la fantasy, arrêtez de courir après Tolkien !1

Mais Tolkien déclare ensuite que Beren est son nom, Luthien celui de sa femme ; surtout, que le Mordor progresse à l’ouverture d’une station-service, ou l’Isengard. Puis il déclare être un hobbit, aimer fumer et qu’on le fiche en paix. Puis il se déclare même anarchiste à son fils, et pendant la guerre, tout en ajoutant que s’agenouiller devant un grand seigneur ne fait de mal à personne. Enfin il écrit qu’utiliser un bombardier reviendrait pour Frodon à chevaucher un nazgul pour libérer la comté !

Tolkien aime se contredire, suivant ses humeurs, suivant ses interlocuteurs ou lecteurs (certains l’énervent plus que d’autres), suivant les époques aussi. Par exemple il est selon nous beaucoup plus sincère contre son époque pendant la guerre qu’après. A-t-il perçu la montée terrifiante du politiquement correct à partir des années soixante ? Certainement. En outre son monde a été tellement déformé et recyclé par la sillification (mot qu’il utilise à propos d’une adaptation débile de son œuvre par… la BBC), la stupidification si l’on ose dire. Il été récupéré par la gauche anar et hippie avant de l’être par l’industrie médiatique et son goût prononcé pour les monstres de tout poil et les univers sombres et tordus. Ici Melkor, avec sa cohorte d’orques, de balrogs, de dragons, de loups-garous pouvait trouver un emploi à sa mesure, tant le satanisme de masse est devenu la culture contemporaine de la jeunesse.

Nous n’allons pas réécrire l’histoire de la critique du monde moderne. Faisons quelques rappels toutefois.

Elle émerge avec le romantisme en Angleterre et en France à l’époque de la Révolution française et de la révolution industrielle. C’est l’avènement de la vulgarité, de la masse, de la dictature, de l’industrie, de l’argent, de la pollution, de tout ce que nous adorons et déifions aujourd’hui. Balzac parle quelque part (dans Béatrix en fait) du remplacement de l’œuvre par le produit.

Car à l’époque on résiste encore un peu. Voyez Edmund Burke, gentleman britannique qui a plus fait pour la France que n’importe quel Français (pauvre Rivarol, sinistre de Maistre !) à cette tragique époque :

« … je n’aurais pas imaginé que j’aurais vécu pour voir de tels désastres s’abattre sur elle dans une nation d’hommes vaillants, dans une nation d’hommes d’honneur et de cavaliers. Je pensais que dix mille épées avaient dû sortir de leur fourreau pour venger ne serait-ce qu’un regard qui la menaçait d’insulte. Mais l’âge de la chevalerie a disparu.

Celui des sophistes, des économistes ; et les calculatrices ont réussi ; et la gloire de l’Europe s’éteint à jamais. »2

Attends Edmund, y’a Barroso ! Les économistes ont remplacé les hommes d’honneur. Nous sommes bien d’accord. Un Alexandre Dumas très inspiré, plus en tout cas que ses collègues du Panthéon, écrit lui :

— La cause la plus sacrée qu’il y ait au monde, dit Athos ; celle du malheur, de la royauté et de la religion. Un ami, une épouse, une fille, nous ont fait l’honneur de nous appeler à leur aide. Nous les avons servis selon nos faibles moyens, et Dieu nous tiendra compte de la volonté à défaut du pouvoir…

Et Athos ajoute dans ces phrases sublimes :

— … tous les gentilshommes sont frères, parce que vous êtes gentilhomme, parce que les rois de tous les pays sont les premiers entre les gentilshommes, parce que la plèbe aveugle, ingrate et bête prend toujours plaisir à abaisser ce qui lui est supérieur ; et c’est vous, vous, d’Artagnan, l’homme de la vieille seigneurie, l’homme au beau nom, l’homme à la bonne épée, qui avez contribué à livrer un roi à des marchands de bière, à des tailleurs, à des charretiers ! Ah ! d’Artagnan, comme soldat, peut-être avez-vous fait votre devoir, mais comme gentilhomme, vous êtes coupable, je vous le dis.3

Cette belle lancée est d’autant plus intéressante qu’elle concerne le roi d’Angleterre supplicié par les marchands et les agents du puritanisme qui préparent là une conquête mondiale.

Chateaubriand aussi (n’en déplaise au francophobe Tolkien !) chante et regrette sa vieille Angleterre (Old England! Voyez le King Arthur de Purcell) dans des lignes sublimes qui évoquent la Fin de l’Histoire selon Hegel, Kojève ou Fukuyama. L’Angleterre se banalise sous le règne de Rothschild et des Windsor…

« Il me semble que j’achève une course en Angleterre comme celle que je fis autrefois sur les débris d’Athènes, de Jérusalem, de Memphis et de Carthage. En appelant devant moi les siècles d’Albion, en passant de renommée en renommée, en les voyant s’abîmer tour à tour, j’éprouve une espèce de douloureux vertige. Que sont devenus ces jours éclatants et tumultueux où vécurent Shakespeare et Milton, Henri VIII et Elisabeth, Cromwell et Guillaume, Pitt et Burke ? Tout cela est fini ; supériorités et médiocrités, haines et amours, félicités et misères, oppresseurs et opprimés, bourreaux et victimes, rois et peuples, tout dort dans le même silence et la même poussière. »4

Encore n’est-on là que dans la métaphore et la nostalgie romantique. Mais Chateaubriand voit l’Angleterre déjà détruite, un siècle avant le Seigneur des anneaux. Et cela donne :

« Aujourd’hui ses vallées sont obscurcies par les fumées des forges et des usines, ses chemins changés en ornières de fer ; et sur ces chemins, au lieu de Milton et de Shakespeare, se meuvent des chaudières errantes. »

« Déjà les pépinières de la science, Oxford et Cambridge, prennent un air désert : leurs collèges et leurs chapelles gothiques, demi-abandonnés, affligent les regards ; dans leurs cloîtres auprès des pierres sépulcrales du moyen âge, reposent oubliées les annales de marbre des anciens peuples de la Grèce ; ruines qui gardent les ruines. »5

Après ces rappels, voyons un peu Tolkien, sa description de la destruction du monde, sa description du monde moderne donc : anéantissement de la nature et des paysages traditionnels, constructions hideuses et polluantes, pullulement de ruffians et de règlements (il me semble qu’on a tout résumé là). C’est dans le Seigneur des Anneaux, épisode proche de notre âge de fer rouillé (ou de laiton), qu’il a précisément donné ces descriptions. Alors on l’écoute :

« Il y avait là de nombreuses maisons, chambres, salles et passages creusés dans la face intérieure des murs, de sorte que le cercle découvert était surplombé d’innombrables fenêtres et portes sombres. Des milliers de personnes pouvaient habiter là, ouvriers, serviteurs, esclaves et guerriers avec de grands approvisionnements d’armes, des loups étaient nourris et logés en dessous dans de profondes tanières. La plaine aussi était forée et creusée. Des puits s’enfonçaient loin dans le sol, l’orifice en était recouvert de monticules bas et de dômes de pierre, de sorte qu’au clair de lune le Cercle d’Isengard avait l’air d’un cimetière de morts agités (a graveyard of unquiet dead). Car la terre tremblait. Les puits descendaient par de nombreuses pentes et escaliers en spirale vers des cavernes profondes, là, Saroumane avait des trésors, des magasins, des armureries, des forges et de grands fourneaux. Des roues d’acier y tournaient sans répit, et les marteaux y résonnaient sourdement. La nuit, des panaches de vapeur s’échappaient des trous d’aération, éclairés par en dessous de lueurs rouges, bleues ou d’un vert vénéneux (venomous green). »6

Un cimetière de morts agités… Le monde moderne est avant tout une « déformation dégoûtante », comme dit Lovecraft, de ce qui était original et ancien. C’est ainsi que Tolkien décrit cet endroit similaire à la tour de Barad-dûr, dont le nom vient du turc (bahadir, le héros) :

« L’Isengard était une étonnante place forte, et elle avait longtemps été belle, là avaient résidé de grands seigneurs, les gardiens du Gondor à l’Ouest, et des sages qui observaient les étoiles. Mais Saroumane l’avait lentement adaptée à ses desseins mouvants et, à son idée, bien qu’il s’abusât, améliorée, car tous ces artifices et dispositifs ingénieux, pour lesquels il abandonna sa sagesse antérieure et qu’il se plaisait à imaginer siens, ne venaient que du Mordor, de sorte que ce qu’il faisait n’était rien d’autre qu’une copie en petit modèle d’enfant ou flatterie d’esclave de ces vastes forteresse, armurerie, prison, fourneau à grande puissance, qu’était Barad-dûr, la Tour Sombre, qui ne souffrait pas de rivale et se riait de la flatterie, attendant son heure, invulnérable dans son orgueil et sa force incommensurable. »7

Sylvebarbe, lui, comprend enfin la menace, faite de rouages, de métaux et puissance :

« Je crois comprendre à présent ses desseins. Il complote pour devenir une Puissance. Il a un esprit de métal et de rouages, et il ne se soucie pas des choses qui poussent, sauf dans la mesure où elles lui servent sur le moment. Et il est clair maintenant que c’est un traître noir. Il s’est acoquiné avec des gens immondes, avec des Orques. Brm, houm ! Pis encore : il leur a fait quelque chose, quelque chose de dangereux. Car ces Isengardiens ressemblent davantage à de mauvais Hommes. C’est une marque des choses néfastes qui vinrent dans les Grandes Ténèbres parce qu’elles ne peuvent supporter le Soleil, mais les Orques de Saroumane le peuvent, même s’ils le détestent. Je me demande ce qu’il a fait. Sont-ce des Hommes qu’il a dégradés ou a-t-il métissé la race des Orques avec celle des Hommes ? Ce serait là un noir méfait ! »8

Et dans le fameux chapitre du nettoyage de la comté, Tolkien démonte tout le mécanisme du monde dit moderne : comment on veut gagner plus, comment on saccage tout, comment on contraint tout ; comment on réalise le socialisme dont les factions, dit-il quelque part, se disputent durant la « Deuxième Guerre Mondiale » (c’est ce que disent et constatent aussi les libertariens).

« Tout a commencé avec La Pustule, comme on l’appelle, dit le Père Chaumine, et ça a commencé aussitôt après votre départ, Monsieur Frodon. Il avait de drôles d’idées, ce La Pustule. II semble qu’il voulait tout posséder en personne, et puis faire marcher les autres. Il se révéla bientôt qu’il en avait déjà plus qu’il n’était bon pour lui, et il était tout le temps à en raccrocher davantage, et c’était un mystère d’où il tirait l’argent : des moulins et des malteries, des auberges, des fermes et des plantations d’herbe. Il avait déjà acheté le moulin de Rouquin avant de venir à Cul de Sac, apparemment… Mais à la fin de l’année dernière, il avait commencé à envoyer des tas de marchandises, pas seulement de l’herbe. Les choses commencèrent à se raréfier, et l’hiver venait, aussi. Les gens s’en irritèrent, mais il avait une réponse toute prête. Un grand nombre d’Hommes, pour la plupart des bandits, vinrent avec de grandes charrettes, les uns pour emporter les marchandises au loin dans le Sud, d’autres pour rester. Et il en vint davantage. Et avant qu’on sût où on en était, ils étaient plantés par-ci par-là dans toute la Comté, et ils abattaient des arbres, creusaient, se construisaient des baraquements et des maisons exactement selon leur bon plaisir. Au début, les marchandises et les dommages furent payés par La Pustule, mais ils ne tardèrent pas à tout régenter partout et à prendre ce qu’ils voulaient. »9

Les choses s’aggravent bien sûr :

« Et puis il y eut quelques troubles, mais pas suffisamment. Le vieux Will le Maire partit pour Cul de Sac afin de protester, mais il n’y arriva jamais. Des bandits mirent la main sur lui et l’enfermèrent dans un trou à Grand’Cave, où il est toujours. Après cela, c’était peu après le Nouvel An, il n’y eut plus de Maire et La Pustule s’appela Shiriffe en Chef, ou simplement Chef, et fit ce qui lui plaisait, et si quelqu’un se montrait “arrogant”, comme ils disaient, il prenait le même chemin que Will. »

Ce shériff fait penser à celui de Nottingham ! Ensuite comme chez Chesterton10, on s’en prend au tabac, à la boisson, à tout ce qui est bon :

« II ne restait plus rien à fumer, sinon pour les Hommes, et le Chef, qui n’en tenait pas pour la bière, sauf pour ses Hommes, ferma toutes les auberges, et tout, à part les Règles, devint de plus en plus rare, à moins qu’on ne pût cacher un peu de ce qui nous appartenait, quand les bandits faisaient leur tournée de ramassage pour “une juste distribution” : ce qui signifiait qu’ils l’avaient et pas nous, excepté les restes qu’on obtenait aux Maisons des Shiriffes, si on pouvait les avaler. Tout était très mauvais. Mais, depuis l’arrivée de Sharcoux, ç’a été la ruine pure. »11

Chesterton a écrit des passages de la même veine (je veux dire : vraiment de la même veine), en 1925 encore, dans The improbable success of Mr Owen Hood.

Après cette aggravation (communisme, économie de guerre…), on en arrive à la phase terminale :

« Sharcoux est le plus grand bandit de tout le tas, semble-t-il, répondit Chaumine. C’est vers la dernière moisson, à la fin de septembre peut-être, qu’on a entendu parler de lui pour la première fois. On ne l’a jamais vu, mais il est là-haut à Cul de Sac, et c’est lui le véritable Chef à présent, je pense. Tous les bandits font ce qu’il ordonne, et ce qu’il ordonne, c’est surtout : taillez, brûlez et ruinez, et maintenant, ça en vient à tuer. II n’y a plus même de mauvaises raisons. Ils coupent les arbres et les laissent là, ils brûlent les maisons et ne construisent plus. »12

Comme on boit du petit lait en liant ces lignes immortelles, on continue :

« Prenez le moulin de Rouquin, par exemple. La Pustule l’a abattu presque dès son arrivée à Cul de Sac. Puis il a amené un tas d’hommes malpropres pour en bâtir un plus grand et le remplir de roues et de machins étrangers. Seul cet idiot de Tom a été content, et il travaille à astiquer les roues pour les Hommes, là où son papa était le Meunier et son propre maître. L’idée de La Pustule était de moudre davantage et plus vite, ou c’est ce qu’il disait. Il a d’autres moulins semblables. Mais il faut avoir du blé pour moudre, et il n’y en avait pas plus pour le nouveau moulin que pour l’ancien. Mais depuis l’arrivée de Sharcoux on ne moud plus de grain du tout. Ils sont toujours à marteler et à émettre de la fumée et de la puanteur, et il n’y a plus de paix à Hobbitebourg, même la nuit. Et ils déversent des ordures exprès, ils ont pollué toute l’Eau inférieure, et ça descend jusque dans le Brandevin. S’ils veulent faire de la Comté un désert, ils prennent le chemin le plus court. Je ne crois pas que cet idiot de La Pustule soit derrière tout cela. C’est Sharcoux, m’est avis »13

ensuite les hobbits découvrent leur propre territoire dévasté et saccagé par les innovateurs et progressistes, les investisseurs et les planificateurs (c’est Byron qui dans Manfred conjure ainsi les démons : you agencies!) :

« Ce fut une des heures les plus tristes de leur vie. La grande cheminée s’éleva devant eux, et, comme ils approchaient du vieux village de l’autre côté de l’Eau, en passant entre des rangées de nouvelles et vilaines maisons, ils virent le nouveau moulin dans toute sa rébarbative et sale laideur : grand bâtiment de brique à cheval sur la rivière, qu’il polluait d’un débordement fumant et nauséabond. Tout au long de la Route de Lézeau, les arbres avaient été abattus. »14

Ce qui rassure c’est qu’il y a toujours des imbéciles pour apprécier cela (aujourd’hui pour ne plus le voir).

Voyons maintenant ce que dit Tolkien de tout cela dans sa correspondance.

Des Orques et des hommes sauvages tout d’abord :

« Dans le cas de ceux qui sortent aujourd’hui de prison “soumis à un lavage de cerveau”, brisés ou fous, faisant l’éloge de leurs tortionnaires, une telle délivrance immédiate n’est généralement pas visible. »15

Le terme de brainwashing est étonnant pour un auteur comme Tolkien. On n’est pas dans le Candidat mandchourien tout de même ! Ce serait là un orque : un être torturé et transformé pour les besoins de la guerre, un elfe brainwashé…

Il précise ailleurs sa pensée sur ce point :

« Car nous tentons de conquérir Sauron avec l’Anneau. Et nous réussirons (semble-t-il). Mais la pénalité est, comme vous le savez, d’engendrer de nouveaux Saurons et de transformer lentement les hommes et les elfes en orques. »16

Dans cette même lettre à son fils Christopher, Tolkien n’hésite pas à écrire cette phrase :

« Eh bien, vous voilà : un hobbit parmi les Urukhai. Gardez votre passe-temps dans votre cœur et pensez que toutes les histoires ressemblent à cela lorsque vous y êtes. Vous êtes dans une très belle histoire ! »17

Demeurer un hobbit au milieu des orques, tout un programme…

Sur l’esprit d’Isengard et la destruction d’Oxford, il ose aussi cette comparaison :

« Même si l’esprit de “Isengard”, sinon du Mordor, est bien sûr toujours présent. Le projet actuel de détruire Oxford pour y installer des automobiles est un cas exemplaire. »18

Tolkien et la menace américaine dans le monde dit moderne ? Voici ce qu’il écrit à son fils au moment de la terrifiante conférence de Téhéran :

« Ma chérie,
Le Ballyhoo de Téhéran… Je dois admettre que j’ai souri d’une sorte de sourire maladif… quand j’ai entendu parler de ce vieux meurtrier assoiffé de sang Joseph Staline invitant toutes les nations à rejoindre une heureuse famille de gens dévoués à l’abolition de la tyrannie et de l’intolérance ! »19

L’oncle Joe, le copain du socialiste Roosevelt, était invité à célébrer avec lui la conquête de l’Europe, les droits de l’homme et tout le reste : mais le pire était à venir après la guerre, à savoir l’homogénéisation et l’américanisation du monde. Lisez ces lignes extraordinaires et presque comiques (la séquelle de pays arriérés à conquérir pour le féminisme et la marchandise US) :

« Plus les choses deviennent grandes, plus le globe devient petit et plus terne ou plat. Cela devient une foutue petite banlieue de province. Lorsqu’ils ont introduit l’assainissement américain, le moral, le féminisme et la production de masse dans tout le Proche-Orient, le Moyen-Orient, l’Extrême-Orient, l’URSS, la Pampa, le Gran Chaco, le bassin danubien, l’Afrique équatoriale, Hither Further et Inner Mumboland, Gondhwanaland., Lhassa et les villages du plus sombre Berkshire, comme nous serons heureux. »20

Sur le féminisme américain et sa tendance profonde à transformer le monde en nursery et les citoyens en enfants, Chesterton avait aussi tout dit dans son opus américain. Debord dira lui que dans un monde unifié on ne saurait s’exiler. Tolkien aussi, dans cette même lettre spéciale adressée donc à Christopher le 9 décembre 1943 :

« En tout cas, cela devrait réduire les déplacements. Il n’y aura nulle part où aller. Les gens iront donc (à mon avis) d’autant plus vite. Le colonel Knox affirme que les ⅛ de la population mondiale parle “anglais”, et qu’il s’agit du groupe linguistique le plus important. Si c’est vrai, putain de honte — dis-je. Que la malédiction de Babel frappe toutes leurs langues jusqu’à ce qu’ils ne puissent que dire “baa baa”. Cela signifierait à peu près la même chose. »21

Et la cerise sur le gâteau sur la société américanisée et cosmopolite :

« Je pense que je vais devoir refuser de parler autre chose que le vieux mercien.

Mais sérieusement : je trouve cet américano-cosmopolitisme très terrifiant. »22

On comprend pourquoi il redoutait pour son roman la récupération et la pollution commerciale américaine et mondiale ! Parler en vieux mercien pour ne plus se faire comprendre… Et de rappeler qu’il aime l’Angleterre, mais certainement pas le Commonwealth (grrr… dit-il en énonçant cet infâme vocable). Chesterton avait aussi jadis remis Kipling à sa place, et considéré, dans ses Hérétiques, d’un œil les mondialistes post-impériaux comme l’inénarrable et médiocre H. G. Wells…

« Car j’aime l’Angleterre (pas la Grande-Bretagne et certainement pas le Commonwealth britannique (grr !))… »23

Théophile Gautier, de passage à Grenade (où nous résidons une partie de l’année) avait un jour écrit aussi ces belles et tristes lignes un siècle avant Tolkien ou presque :

« C’est un spectacle douloureux pour le poète, l’artiste et le philosophe, de voir les formes et les couleurs disparaître du monde, les lignes se troubler, les teintes se confondre et l’uniformité la plus désespérante envahir l’univers sous je ne sais quel prétexte de progrès.

Quand tout sera pareil, les voyages deviendront complètement inutiles, et c’est précisément alors, heureuse coïncidence, que les chemins de fer seront en pleine activité. À quoi bon aller voir bien loin, à raison de dix lieues à l’heure, des rues de la Paix éclairées au gaz et garnies de bourgeois confortables ? »24

Nous en revenons à notre citation initiale. La catastrophe de l’aviation moderne et des bombardements qui mettent fin à la guerre :

« Mais c’est l’avion de guerre qui est le véritable méchant. Et rien ne peut vraiment adoucir mon chagrin que vous, mon bien-aimé, ayez un quelconque lien avec cela. Mes sentiments sont plus ou moins ceux qu’aurait eus Frodon s’il avait découvert des Hobbits apprenant à monter des oiseaux Nazgûl, “pour la libération de la Comté”. »25

Oui, la libération fait bien rire quand elle est gagnée à ce prix.

Mais on comparera ces lignes de Bernanos à celles de Tolkien :

« Je me permettrai pourtant de revenir sur ce type si parfaitement représentatif, en un sens, de l’ordre et de la civilisation des machines, l’aviateur bombardier. Torchez-vous une dernière fois les yeux, et revenons si vous le voulez bien à l’aviateur bombardier. Je disais donc que le brave type qui vient de réduire en cendres une ville endormie se sent parfaitement le droit de présider le repas de famille, entre sa femme et ses enfants, comme un ouvrier tranquille sa journée faite. »26

Bernanos ajoutait dans son même beau pamphlet qu’avant la Grande Guerre nous vivions comme dans la Comté — ou presque.

« J’ai vécu à une époque où la formalité du passeport semblait abolie à jamais. N’importe quel honnête homme, pour se rendre d’Europe en Amérique, n’avait que la peine d’aller payer son passage à la Compagnie Transatlantique. Il pouvait faire le tour du monde avec une simple carte de visite dans son portefeuille. »27

Tolkien insiste : il déteste cette guerre et son monde, ses conséquences et ses vainqueurs. Il écrit encore :

« Mais dans ce cas, comme je ne connais rien de l’impérialisme britannique ou américain en Extrême-Orient qui ne me remplisse de regret et de dégoût, je crains de ne pas être soutenu même par une lueur de patriotisme dans cette guerre qui reste. Je n’y souscrirais pas un sou, encore moins un fils, si j’étais un homme libre. Cela ne peut profiter qu’à l’Amérique ou à la Russie. »28

Oui, avec le triomphe du communisme en Europe pour les cinquante années à suivre ; et avec ensuite la folie américaine de prolonger l’existence de l’OTAN pour achever de détruire l’Europe. Finalement le Brexit redonne ses lettres de noblesse à l’Angleterre et à son fidèle et champêtre allié gallois (ses archers détruisaient nos armées au quatorzième siècle)…

À propos de la destruction de l’Europe, Tolkien se met à parler de Berlin et de sa prochaine prise catastrophique par l’armée rouge :

« Je viens d’apprendre la nouvelle….. Des Russes à 60 milles de Berlin. Il semble que quelque chose de décisif pourrait bientôt se produire. La destruction et la misère effroyables de cette guerre augmentent d’heure en heure : destruction de ce qui devrait être (en fait est) la richesse commune de l’Europe et du monde, si l’humanité n’était pas si obsédée, richesse dont la perte nous affectera tous, vainqueurs ou non. . Pourtant, les gens se réjouissent d’entendre parler des files interminables, longues de 40 miles, de misérables réfugiés, de femmes et d’enfants affluant vers l’Ouest, mourant en chemin. Il ne semble plus y avoir de pitié ou de compassion, ni d’imagination, en cette heure sombre et diabolique. Je ne veux pas dire par là que tout ne peut pas, dans la situation actuelle, principalement (pas uniquement) créé par l’Allemagne, soit nécessaire et inévitable. Mais pourquoi se réjouir ! Nous étions censés avoir atteint un stade de civilisation dans lequel il était peut-être encore nécessaire d’exécuter un criminel, mais pas de se réjouir, ni de pendre sa femme et son enfant près de lui pendant que la foule des orques huait. La destruction de l’Allemagne, même si elle est 100 fois méritée, est l’une des catastrophes mondiales les plus épouvantables. »29

Massacre des femmes et des enfants d’abord, des prisonniers et des réfugiés allemands, destruction de la plus importante civilisation-société européenne, dimension diabolique de l’heure. Que demander de plus à nos gouvernements démocratiques ? Les millions de morts de famine de l’après-guerre !30

Tolkien reconnaît aussi que la guerre n’a pas été le fait des seuls allemands. Il n’est pas le seul et voyez — parmi beaucoup d’autres — le très bon livre de mon ami Guido Preparata à ce sujet.31

Et comme Bernanos Tolkien dénonce dans cette lettre fantastique et eschatologique la guerre des machines :

« Eh bien, eh bien — vous et moi ne pouvons rien y faire… Eh bien, la première Guerre des Machines semble tirer vers son dernier chapitre non concluant — laissant, hélas, tout le monde plus pauvre, beaucoup de personnes endeuillées ou mutilées et des millions de morts, et une seule chose triomphante : les Machines. À mesure que les serviteurs des Machines deviennent une classe privilégiée, les Machines vont devenir énormément plus puissantes. Quelle est leur prochaine action ?… »32

Il nous semble important d’ajouter qu’aujourd’hui les (jeunes) gens les plus riches du monde, les nouveaux « 300 » de Rathenau (et non de Léonidas) sont les maîtres des ordinateurs et des réseaux, qu’ils sont presque tous américains, de Gates à Zuckerberg en passant par Dell, Page et Bryn de Google. Et que le monde de Tolkien, ô comble de l’horreur été totalement recyclé et caricaturé, souillé et profané par ces agents. Même Gollum devient une entité numérique dans l’adaptation si frauduleuse du livre…

Mais la transformation du monde en dystopie a aussi été dénoncée par l’écrivain William Gibson père du cyberspace. Dans ces conditions…

Dans ces conditions, demeurons optimistes :

« … et c’est ainsi que, si l’on veut aller jusqu’à la réalité de l’ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la “fin d’un monde” n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion. »33

Nicolas Bonnal

Remarques

1 Voyez nos infortunées et imaginatives fictions : Les Maîtres carrés ; les Territoires protocolaires (Michel de Maule) ; les contes latinos (publiés par Michel de Maule) ; Nev le bureaucrate (en PDF, sur france-courtoise.info)

2 Burke, Réflexions sur la Révolution en France, p.63

3 Dumas, Vingt ans après, chapitre LXI

4 Mémoires d’Outre-tombe, 3 L27 Chapitre 11

5 ibid.

6 Les Deux Tours, chapitre 8

7 ibid., ch. 4

8 Le retour du roi, chapitre Le nettoyage de la comté

9 ibid.

10 Voyez l’Auberge volante, The Flying Inn

11 Le nettoyage de la comté, suite

12 ibid.

13 Le nettoyage de la comté, suite

14 ibid.

15 Lettres de Tolkien, Extrait d’une lettre à Miss J. Bum (ébauche) 26 juillet 1956

16 Lettres de Tolkien, Extrait d’une lettre à Christopher Tolkien du 6 mai 1944

17 ibid.

18 ibid., To Michael Straight [ébauches], février 1956

19 Lettres de Tolkien ; À Christopher Tolkien 20 Northmoor Road, Oxford, 9 décembre 1943

20 ibid.

21 ibid., à Christopher Tolkien 20 Northmoor Road, Oxford, 9 décembre 1943

22 ibid.

23 Toujours la même lettre !

24 Théophile Gautier, Voyage en Espagne.

25 Lettres de Tolkien, Extrait d’une lettre à Christopher Tolkien du 29 mai 1945

26 Bernanos, La France contre les robots, chapitre 8

27 ibid. chapitre I

28 Lettres de Tolkien, Extrait d’une lettre à Christopher Tolkien du 29 mai 1945

29 Lettres de Tolkien, à Christopher Tolkien 20 Northmoor Road, Oxford, 30 janvier 1945 (FS 78)

30 Voyez James Bacques, Other losses.

31 Guido Preparata, évoquant Hitler

32 Lettres de Tolkien, à Christopher Tolkien, Oxford, 30 janvier 1945 (FS 78)

33 René Guénon, Le règne de la quantité, chapitre LX, dernières lignes…




Ces Européens qui émigrent en Biélorussie ou en Russie

[Source : chroniquesdepereslavl.blogspot.com]

[Source illustration : erasmusu.com]

Par Igor Drouz

J’ai été récemment à Minsk, où j’ai rencontré quelques étrangers locaux, des émigrés chrétiens de l’Union Européenne. Il s’est formé là-bas une colonie entière de ces gens, et en Russie, encore beaucoup plus. Les gens qui partent [vers] chez nous, à cause de la politique antichrétienne et immorale de leurs gouvernements, ne sont plus si rares…

Un couple, par exemple, a fui en Biélorussie depuis la Suisse, car leur fille unique, sous l’influence de la propagande gouvernementale, a « pété un plomb » à 13 ans, elle s’est mise à se considérer comme un garçon, et veut chirurgicalement « changer de sexe ». Et cela veut dire, naturellement, invalidité et mort rapide. D’ailleurs, si elle ne recourait pas à une telle mesure, alors, en demeurant dans cette « dimension du genre » elle perdra son âme et son corps : elle fera un « mariage homosexuel » ou quelque chose de ce genre. Ils ont fui à Minsk, ils essaient de l’isoler de ce lavage de cerveau dément, ont mis sur l’affaire de son salut un prêtre local qui parle allemand. Pour l’instant, ils n’ont hélas pas réussi à la dézombifier…

Ce phénomène a pris en Occident une dimension énorme : à New York, par exemple, déjà 3 % des adolescents de 14-16 ans ont « changé de sexe », et plus de 25 % doutent de leur identité sexuelle ! En tout, depuis 2000 aux USA le nombre des « transgenres » a crû de 44 fois ! Et il continue de grandir en progression géométrique.

Quelques-uns de nos journalistes stupides appellent les chrétiens qui quittent l’UE et les USA au nom de l’avenir de leurs enfants des « réfugiés du sexe », ce qui leur paraît spirituel. Mais je ne vois rien là de drôle : le gouvernement là-bas exerce une violence sur les enfants, leur imposant l’idéologie de la perversion sexuelle dès les petites classes, et parfois le jardin d’enfants. Et maintenant, ils se sont mis à prêcher l’euthanasie dans les écoles aux élèves, jusqu’à leur faire écrire des rédactions sous forme de lettre à leur mère à la veille de leur possible suicide. De plus, dans cette même Allemagne, les parents qui ne laissent pas leurs enfants aller à de tels cours risquent la prison, ou d’être privés de leurs droits parentaux. L’État profond s’est donné pour but la sodomisation de la société, et s’en tient fermement à cette ligne. Pour l’instant, en Russie, grâce à Dieu, on en est loin, en dépit de quelques mauvaises tendances.

Notre propagande officielle utilise à plein les slogans de la lutte contre l’imposition de l’homosexualité et du satanisme, y compris aux élections. Cela a suscité les sarcasmes et la désapprobation des libéraux, et en partie des patriotes. Je ne débattrai pas des premiers, car ils sont activement occupés à nous imposer l’un et l’autre. Mais quand nos patriotes de gauche commencent à proférer que cela n’a pas d’importance, que le principal, c’est l’économie et la justice sociale, cela m’ennuie. Non, le principal, c’est l’avenir de nos enfants. Et avec un tel programme gouvernemental de perversion dans les écoles et les universités, comme en Occident et déjà en Ukraine, la jeunesse n’a simplement pas d’avenir, sinon la perdition de l’âme et du corps. Biden s’est vanté d’avoir consacré 2,6 milliards de dollars du budget à la propagande de la « diversité sexuelle », et le gouvernement de l’UE et des oligarques jette encore beaucoup de ces « iards » là-dedans… Et on essaie très activement de promouvoir cela en Russie, bien qu’avec moins de succès. Quelle économie et quelle justice sociale aurons-nous après cela, et en quoi nous seront-elles encore utiles ? Oui, cela agace certains que des forces politiques aussi peu sympathiques disent que c’est devenu une banalité. Mais la vérité ne cesse pas d’être la vérité, si on en parle souvent. D’après moi, que la vérité soit dite par qui on veut, d’autant plus qu’ils font quand même quelque chose, bien que lentement et sans grande efficacité, on a interdit chez nous, par exemple, la propagande « LGBT » et le « changement de sexe ».

Source en russe : https://vk.com/wall355949337_27127




« La nouvelle loi européenne sur le numérique est un jeu de dupes irréalisable »

[Source : limpertinentmedia.com]

Par Amèle Debey

Éric Filiol est un scientifique de formation. Après 22 ans dans l’armée de terre française, où il a toujours fait de la recherche et de l’opérationnel, il a travaillé dans le domaine des technologies de l’information et dans le monde du renseignement. Ses connaissances en cryptanalyse expliquent son expertise sur certaines histoires suisses liées au canton de Zoug et de Crypto AG. Cet ancien lieutenant-colonel est spécialisé en cryptologie et en virologie informatique, dans le domaine de la défense et de l’attaque. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en cryptologie (BESSSI), d’un doctorat en mathématiques appliquées et informatique de l’Ecole Polytechnique et d’une habilitation à diriger des recherches (HDR) en informatique, de l’Université de Rennes. Il possède également des qualifications OTAN dans le domaine du renseignement et de l’Info Ops. Et il est inquiet. Interview.

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Amèle Debey, pour L’Impertinent : Selon vous, nos décideurs ne sont plus formés à la technique, qu’entendez-vous par là ?

Éric Filiol : Ils ne l’ont jamais été. Si je prends le cas spécifique de la France, les politiques font des études littéraires, juridiques ou en sciences humaines — ce qu’on appelle un peu ironiquement les sciences molles en France. Dans le monde francophone, la connaissance est classée en sciences dures et sciences humaines. Les premières (les mathématiques, la physique, la chimie, etc.) ont pour objet tout ce qui concerne la nature et l’univers. Les connaissances et les certitudes que l’on peut démontrer, que ce soit par le raisonnement (les mathématiques) ou l’expérimentation reproductible. Les sciences humaines (droit, histoire, littérature…) sont tournées vers l’homme. Ce ne sont que des certitudes relatives et limitées dans le temps. Il n’y a aucun absolu possible : tout est à la fois vérité et mensonge. Les êtres humains ont toujours besoin de s’opposer les uns aux autres.

Pour revenir aux hommes politiques, il est rare de trouver des formations scientifiques. Je crois que la dernière en date était Madame Merkel, qui était chimiste. Peut-être que cela expliquait qu’elle soit un peu plus raisonnable que les autres. À la base, la formation des hommes politiques n’est absolument pas tournée vers la science. À dire vrai, cela tient peut-être au fait qu’en science, il est difficile de mentir. Quand les hommes politiques commencent à comprendre quelque chose, comme Thierry Breton par exemple, on le case à la Commission européenne pour être sûr qu’il ne gênera pas. On a un véritable problème de formation de nos élites. Et le problème n’est pas spécifique à la France. Autrefois, les hommes politiques savaient s’entourer de vrais spécialistes venant d’horizons différents, avec le service du bien commun et de l’État chevillé au corps. De nos jours, nous sommes dans l’information permanente, le buzz, la polémique, la recherche du lucre et autres. On n’interroge plus la légitimité des conseillers, leur expérience sur le terrain, mais d’autres considérations prennent le pas : la docilité, le copinage, l’effet de cour…

En science, une mauvaise décision peut être grave, mais elle l’est beaucoup plus dans les sciences humaines, en particulier dans le domaine des relations internationales et de la diplomatie. C’est une véritable catastrophe qui vaut de très nombreux déboires à la France actuellement. Dans le champ des relations internationales et du renseignement, les hommes politiques sont de plus en plus entourés de gens incompétents, beaucoup trop jeunes qui ne connaissent finalement rien alors qu’il existe des experts reconnus, sur le terrain depuis plus de vingt ans, qui parlent la langue et qui ne sont jamais consultés. Les jeunes conseillers se multiplient dans les ministères, qui donnent des avis absolument pas autorisés sur des affaires internationales ou sur des problématiques de zones — comment notamment en Afrique en ce moment — avec des impacts sur notre diplomatie et sur notre capacité à entretenir de bons rapports. Je suis convaincu que les hommes politiques sont désormais coupés de la réalité de manière préoccupante et qu’ils sont intoxiqués par des opinions et non plus des faits.

N’est-ce pas parce que la science implique le doute constant, quand la gouvernance demande des certitudes ?

Oui et non. La seule science pour laquelle on n’a pas de doute est les mathématiques. Et encore, tout dépend de l’ensemble des postulats de départ. C’est le mécanisme de la preuve. C’est la seule science exacte.

En sécurité informatique, beaucoup de choses reposent sur des suppositions qui n’ont jamais été démontrées (en sécurité par exemple, le célèbre problème P est différent de NP ?), mais on peut appliquer le principe de précaution. On peut quand même avoir des certitudes si ce principe de précaution est bien géré. En physique et en chimie ou autres sciences expérimentales, l’expérience est ce qui nous confronte au réel. En informatique, c’est la capacité de l’homme à résoudre un problème ou pas. Là où ça coince, c’est que dans les sciences expérimentales, on est toujours à la merci du mécanisme de validation scientifique qui veut qu’autrui rejoue l’expérience. Or, on assiste à un accroissement du nombre de fraudes scientifiques dues aux enjeux (humains, financiers, pouvoir) impliqués, au manque de temps et/ou d’experts consciencieux pour analyser, vérifier, retester.

En sécurité de l’information, le problème est qu’on ne publie pas tout ce qu’on sait faire. Si quelqu’un sait attaquer un système de chiffrement ou un système d’information, les gens qui ont les meilleurs moyens — je pense aux agences gouvernementales — ne vont pas publier une telle connaissance pour conserver un avantage sur l’adversaire. Le gros problème de la sécurité vient finalement du fait que c’est un jeu à variables cachées permanent. C’est toute la différence entre le monde de l’attaque et celui de la défense. Je connais quelques techniques de cryptanalyse — ce qu’on appelle l’attaque des systèmes de chiffrement — qui ne sont toujours pas publiques, mais qui représentent un avantage non négligeable pour celui qui les connaît et j’imagine sans peine qu’il y en a beaucoup d’autres. Cela, bien sûr, représente un inconvénient pour celui qui est chargé de développer un système de chiffrement ou plus généralement de sécurité puisqu’il ne peut travailler qu’avec les connaissances ouvertes. La sécurité n’est prouvable que par rapport à ce que l’attaquant a bien voulu rendre public.

(Re)lire notre enquête : Pass sanitaire mondial de l’OMS : l’inquiétude des spécialistes

Dans le monde de l’informatique et de la sécurité, les dés sont pipés dès le début. Comme la cybersécurité est un enjeu mondial, les États et les industriels qui travaillent pour eux ont toujours intérêt à ce qu’il y ait un delta de connaissances entre celui qui peut attaquer et celui qui peut défendre. De nos jours, le marché des zero-day est le plus bel exemple (ce n’est pas le seul, il faut aussi considérer le cas des portes dérobées ou backdoors). Les zero-day sont des failles connues d’un petit nombre de gens, qui se négocient très chères pour les plus critiques (quelques millions de dollars l’unité) qui ne sont volontairement pas corrigées pour permettre des attaques. L’affaire Pegasus l’a démontré, entre autres nombreux exemples plus ou moins publics. Il y a donc des gens qui savent qu’il y a des failles, qui n’avertissent pas la communauté pour qu’elles soient corrigées, mais qui les vendent sous le manteau. Et on connaît les sociétés (environ une bonne dizaine) dont c’est le principal business, dont les premiers clients sont les États.

Donc s’il n’y a pas de gens formés à cela dans l’entourage des politiques, si eux-mêmes n’ont pas le choix, ni la prudence de s’entourer des bons experts ou d’une variété d’experts suffisante, ils prennent des décisions avec une vision biaisée.

Vous parliez de Thierry Breton tout à l’heure. Il est au cœur de l’actualité en ce moment avec l’instauration de la nouvelle loi européenne sur le numérique qui se targue de « signer la fin d’une ère de non-droit ». Qu’en pensez-vous ? Est-ce réalisable sur le plan technique de surveiller tous ces géants du web et est-ce qu’on ne risque pas la censure sous couvert de lutte contre la désinformation ?

Ce n’est non seulement pas réalisable, mais c’est un jeu de dupes. Les lois européennes peuvent exister, à la fin si on veut les appliquer, on entre inévitablement dans un rapport de force avec les USA et de plus en plus avec la Chine. Les cas récents sont nombreux. L’Europe n’a pas de fondements politiques suffisant pour n’être rien de plus qu’une colonie numérique et économique de ces deux super puissances. Les GAFAM (les BATX, leurs équivalents chinois) sont trop puissants et surtout ils constituent une partie formidable de l’appareil de renseignement de ces États. La décision du 10 juillet 2023 montre toute la faiblesse de l’Europe et que, dans les faits, elle reste inféodée aux USA en se mentant à elle-même. La nomination par l’UE de Fiona Scott Morton (USA) pour surveiller les GAFAM est un autre bom exemple.

Les meilleurs hackers travaillent-ils pour des agences gouvernementales, selon vous ?

Il y en a. Cela dépend. Il y a un effet culturel. Les super puissances prennent les meilleurs là où ils sont. Elles regardent leur potentiel. La motivation peut être une véritable conscience nationale. Aux États-Unis, on va leur donner de gros salaires avec de fortes contraintes. S’ils sont un peu rétifs et anti-État, on passera à une méthode peut-être un peu plus musclée. En Chine et en Russie, par exemple, c’est plutôt le pistolet dans le dos. Encore qu’il y ait beaucoup de hackers patriotes. Il y a de nombreuses motivations différentes, l’argent étant la première et la plus forte.

« Le piratage est un carnage mondial dont nous ne pouvons pas encore mesurer les conséquences »

Le problème c’est qu’en Europe, où on s’autoflagelle à l’envi, on veut être plus vertueux que la vertu elle-même. Dans le cas de la France, si on n’a pas fait une grande école d’ingénieur, on n’a pas voix au chapitre. C’est dramatique, car nous avons toute une communauté de hackers assez reconnue dans le monde. On a un système éducatif particulier et encore plus un esprit unique (un mélange d’esprit gaulois et de Descartes qui nous fait exceller dans le domaine de la sécurité) et on se coupe d’un certain nombre de visions.

Souvent, ces hackers sont dans des sociétés privées, qui cherchent à faire leur business, mais qui ne sont pas valorisés comme ils le devraient humainement et techniquement, parce qu’on a encore une sorte d’élitisme de mauvais aloi qui fait que l’on regarde plutôt la naissance que le potentiel. Ce n’est pas un hasard si certaines communautés étrangères sont plus fortes que nous. Ce n’est pas forcément dû à la qualité, c’est simplement qu’ils sont beaucoup plus pragmatiques. En France, le pedigree de départ confronte très vite à l’effet « plafond de verre ».

C’est le cas dans le monde du travail en général, me semble-t-il…

Oui, c’est pour cela que je parlais de l’aspect culturel. Pourquoi la Suisse — qu’on identifie comme un monde de banquiers alors que la grande force de la Suisse c’est avant tout l’industrie. La Suisse c’est l’horlogerie, c’est la haute ingénierie. Nous Français sommes tellement ignares que l’on ne voit en la Suisse que les banques. Or, pourquoi la Suisse a réussi, comme l’Autriche et en partie l’Allemagne, c’est parce qu’elle sait encore fabriquer des ingénieurs maison. À travers l’alternance, mais pas celle à la française. Ils prennent les gens et en font de vrais ingénieurs tout au long de leur vie. C’est une approche culturelle différente. Ce n’est pas étonnant que ces pays-là soient en avance dans bien des domaines.

Il semblerait cependant que la Suisse soit un peu à la traîne sur le plan de la cybersécurité. Les sites de la Confédération ont récemment été victimes de sévères attaques par des hackers russes…

Que ceux qui n’ont pas été attaqués par les hackers russes lèvent la main ! Il n’y en a aucun. Les États-Unis et la France en sont victimes en permanence. Les autres n’en parlent pas. Il y a des attaques dont je ne peux pas parler parce qu’elles ne sont pas publiques, mais qui ont fait extrêmement de mal à des fleurons mondiaux de la sécurité, qu’ils soient européens ou américains. Les cas sont de plus en plus nombreux de vols de données très sensibles (données industrielles, mots de passe en clair de clients…). C’est un carnage mondial dont nous ne pouvons pas encore mesurer les conséquences totalement.

La Suisse n’est donc pas forcément en retard sur le plan de la cybersécurité ?

Non. Quand on regarde son système éducatif, entre l’ETH de Zurich, l’EPFL de Lausanne, la HEIG-VD d’Yverdon pour ne citer que ceux-là… il y a quand même de très beaux fleurons. Elle n’est pas en retard, elle fait moins parler d’elle. C’est différent. Mais, en termes d’attaque, elle n’est ni plus ni moins ciblée. J’aurais plutôt tendance à dire que son système fédéral fait qu’elle est un peu moins mal protégée.

« Le problème est la trop forte hégémonie d’un faible nombre d’acteurs technologiques »

Le vrai problème — et il s’agit d’une hypocrisie mondiale — est que tous les systèmes sont attaqués parce qu’ils utilisent les mêmes technologies. On utilise tous des technologies que plus personne ne maîtrise. Quand la Suisse se fait attaquer, c’est au niveau de systèmes dans lesquels il y a des failles. Ces failles ne sont pas suisses, mais américaines parce que la technologie est américaine. Il faut arrêter de voir la nationalité des victimes, mais plutôt celle de ceux qui fournissent les produits et les technologies. Les entreprises concernées, qui ne font rien de vraiment significatif sinon que de fournir des rustines sur les passoires qu’elles vendent, devraient être lourdement condamnées.

À tout concentrer dans les mains de quelques acteurs, le problème est que lorsque l’on trouve une faille dans un système que tout le monde utilise et qu’en plus on ne la documente pas trop, tous les clients en sont victimes. Le problème est la trop forte hégémonie d’un faible nombre d’acteurs technologiques, tellement puissants qu’ils ne veulent rien faire.

Pourquoi les Russes, les Ukrainiens, les Chinois, les Indiens ont ou sont en train de développer des technologies un peu plus souveraines et d’avoir leurs propres standards (en particulier en cryptologie) ? Parce qu’ils savent que d’une part ils ne peuvent pas faire confiance aux pays producteurs, mais surtout parce que dans l’informatique, la sécurité a été vers une uniformisation alors que l’on sait que, dans bien des domaines, la variété est un facteur de richesse et de sécurité. Le seul cas de la backdoor mise à la demande de la NSA dans un standard cryptologique (DUAL_ECC_RBG) résume à lui seul le propos.

Le simple concept de cybersécurité n’est-il pas une illusion ? Au bout du compte, doit-on accepter le fait que nous n’arriverons jamais à nous prémunir de ces attaques ?

C’est effectivement une illusion : on nous vend de la sécurité alors qu’elle n’est pas possible pour des tas de raisons : la concentration que je viens d’évoquer, le fait que les États n’ont pas intérêt à ce qu’il y ait une sécurité absolue.

Pourquoi la Commission européenne est en train de dire qu’il faut mettre des backdoors dans le chiffrement1 ? Pourquoi le marché très juteux des zero-day est toléré ? La plus grosse société, autrefois française, est maintenant aux USA et travaille activement avec la NSA. Imaginons que demain nous ayons un système réellement inexpugnable. Les premiers à l’interdire seront les États. Les pays veulent amoindrir leur sécurité, mais être les seuls à en profiter. Douce illusion puisque les hackers sont là aussi.

La Suisse vient d’achever la révision de sa loi sur la protection des données. Elle se veut plus efficace que le Règlement général sur la protection des données européen (RGPD). Qu’en pensez-vous ?

Le RGPD est une vaste plaisanterie depuis le 10 juillet dernier. Jusque-là, on avait ce qu’on appelle la directive Schrems II. Avant, les États-Unis « garantissaient » la protection des données transférées par l’Europe grâce au Privacy shield2, une garantie totalement illusoire pour ne pas dire un mensonge éhonté. Max Schrems (un activiste autrichien militant pour la protection des données, NDLR) a démontré que ce n’était pas vrai. Que les services de renseignement américains puisaient dans les données européennes. Ce qu’avait également démontré Snowden : les données européennes font l’objet d’un pillage systématique. Depuis l’arrêt Schrems II, il est interdit de faire ce que l’on appelle un transfert hors Union européenne. Que ce soit aux États-Unis ou en Chine, puisque maintenant on a des plateformes de cloud chinoises (qu’une partie de l’industrie automobile française utilise, pour info).

En mars 2022, quand le président Macron et le reste de l’UE ont toqué à la porte du président américain pour dire « on veut bien se couper du pétrole et du gaz russe, mais il faut nous aider en nous en vendant », Joe Biden a accepté à la condition de rétablir l’accès aux données. Ce qu’on appelle un chantage.

« La Suisse va suivre la même voie que l’UE et se faire berner de la même manière »

Le 10 juillet de cette année, Madame Von der Leyen, sans consulter le Parlement européen, a autorisé le transfert des données hors Union européenne. Et le plus beau, c’est qu’en cas de contestation, c’est une entité contentieuse américaine qui tranchera les cas litigieux !

Les données des Européens sont de bien meilleure qualité, car elles sont mieux collectées et traitées. Les données américaines sont des paillettes d’or dans beaucoup de boue, tandis que nous ce sont de grosses pépites. Elles représentent 5000 milliards de dollars par an. Les Américains ont donc gagné le 10 juillet 2023.

Mais le même problème va se poser aussi avec la Chine, car la deuxième plateforme mondiale de cloud est Ali Baba.

Malheureusement, il semble que si sur certaines choses la loi suisse va plus loin que le RGPD, elle comporte en revanche des points préoccupants (l’article 6 en est un). Concernant l’envoi des données vers les USA, le constat est que la Suisse va suivre la même voie que l’UE et se faire berner de la même manière. La notion de « sociétés américaines certifiées (dans le cas du DPF) » est une escroquerie intellectuelle destinée à masquer la faiblesse politique et économique des pays de l’espace européen. J’espère que Max Schrems repartira en guerre et que très vitre nous aurons un arrêt Schrems III pour y mettre fin.

En tant que citoyen, on a un peu le sentiment d’être démuni face à tout cela, que les révélations d’Edward Snowden n’ont rien changé…

Est-ce que le mot « citoyen » a encore un sens ? J’ai déjà reproché à des parlementaires d’avoir détruit le système éducatif, qui autrefois formait des citoyens critiques, pour en faire des consommateurs. Réponse d’un parlementaire dont je ne citerai pas le nom : oui, mais c’est quand même plus facile de gérer des consommateurs.

A-t-on vraiment un esprit citoyen ? Je ne dis pas qu’il a totalement disparu, mais on est noyé dans la masse. Quand on voit comment les gens s’abrutissent sur Tik Tok ou Instagram peut-on espérer vraiment les voir se poser les bonnes questions et s’interroger…

Cela ne va pas aller en s’arrangeant avec l’avènement de l’intelligence artificielle ?

On peut espérer que la bêtise naturelle soit plus forte que l’intelligence artificielle. Il n’est pas dit qu’Open AI fasse long feu : ils perdent 700 000 dollars par jour. Ils ont des serveurs monstrueux et ce n’est pas rentable. C’est une catastrophe écologique. Des data centers [Centres de données] monstrueux.

L’intelligence artificielle a prouvé son efficacité pour trouver des modèles quand il y en a beaucoup, mais lorsque ces modèles sont stables dans le temps : les lois de la nature. Dès lors que l’on applique l’intelligence artificielle à une activité humaine, cela ne fonctionne plus. Ce n’est pas modélisable, car les modèles sous-jacents ne sont plus stables.

C’est d’ailleurs toute la différence entre la sécurité et la sûreté. La seconde, c’est le code correcteur d’erreurs : je lutte contre une menace, mais qui n’est pas malveillante, c’est une loi statistique stable, donc on peut faire quelque chose (les codes correcteurs d’erreurs). L’attaquant, lui, il s’adapte. C’est le duel lance-cuirasse.

Nous, pays occidentaux, par fainéantise, sommes dans un confort coupable, la recherche du profit et du plaisir sans conscience aucune

« Nous, pays occidentaux, sommes dans un confort coupable, sans conscience aucune »

Ce qui coûte très cher, c’est de requalifier en permanence les jeux de données. De comprendre comment évolue le cerveau humain. Les algorithmes sont connus depuis longtemps. Donc l’intelligence artificielle est un perroquet qui lit beaucoup et qui répète. Et le plus grave, c’est qu’il invente des faits.

Aux États-Unis, trois avocats ont été condamnés pour avoir demandé à ChatGPT d’écrire leur réquisitoire. Celui-ci a inventé des jurisprudences qui n’existaient pas.

Ce que l’on ne sait pas, c’est que pour corriger les résultats, on a des armées de Kenyans et d’Ougandais qui souffrent et qui sont payés au lance-pierre afin de faire des corrections. L’intelligence artificielle est très efficace dans certains domaines, mais dans d’autres cas, on est en train de faire n’importe quoi et de perdre des savoir-faire.

Pas dans tous les pays : certains îlots ont le souci de maintenir la vraie connaissance. L’Afrique ne pourra pas se payer ChatGPT. Nous, pays occidentaux, par fainéantise, sommes dans un confort coupable, la recherche du profit et du plaisir sans conscience aucune. Tout cela n’est que la chronique d’une mort annoncée. Je vois notre niveau baisser globalement et on ferait mieux de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs. La Chine a passé des lois pour préserver les enfants et les jeunes étudiants. D’autres pays maintiennent un système éducatif de qualité où les sciences ont une part encore importante.

La situation a-t-elle empiré depuis l’affaire Snowden ?

Considérablement. Il faudrait que je retrouve la phrase d’Obama, mais grosso modo, après cette affaire, il a dit maintenant que tout le monde le sait, on peut y aller.

Pour moi Obama a été le pire président pour les Européens. À chaque fois qu’il y a un président démocrate aux États-Unis, c’est une catastrophe pour l’Europe. Il a accru la surveillance globale comme aucun autre avant lui. C’était vraiment un vautour déguisé en agneau.

Pour info et dans l’indifférence générale, les archives Snowden ont été fermées (voir https://www.mintpressnews.com/intercept-snowden-archive/256772/) et leur exploitation arrêtée. Laure Poitras et Glenn Greenwald ont été marginalisés et écartés. Quel journaliste — après en avoir bien profité — a écrit un seul mot sur le sujet et s’en est ému ?

Vous m’avez l’air assez indulgent envers la Suisse, mais elle est en train de mettre en place le dossier médical électronique du patient que tous les professionnels de la santé seront tenus d’utiliser. Est-ce que ça ne pose pas un petit problème cette histoire ?

Si je suis bien disposé envers la Suisse, cela ne m’empêche pas d’être critique. Je n’oublie pas que la Suisse a trempé dans à peu près toutes les sales affaires depuis les nazis jusqu’aux Américains. Ils ont quand même signé un accord de renoncement à la neutralité pour suivre les Américains en 1951. Le cosignataire était le général Montgomery. Maintenant il faut distinguer un peuple de ses gouvernements.

Il faut savoir que la Suisse est beaucoup moins indépendante qu’elle ne le pense. Elle était l’un des derniers pays à indexer sa monnaie sur les réserves d’or. Le FMI a imposé l’abandon de cela à la Suisse (1er janvier 2000). Elle obéit aux ordres.

Ce dossier médical du patient sera hébergé où et par qui ? Je crains que si la Suisse oblige les patients à l’utiliser ce soit démocratiquement grave. Les données médicales sont extrêmement sensibles.

On a pu constater ces dernières années que l’importance de les protéger était toute relative…

En effet. Certaines ont été utilisées à des fins de surveillance policière. Orwell n’avait même pas pensé à ça.

Sommes-nous écoutés en permanence ? J’ai remarqué qu’il m’arrivait d’avoir des conversations orales sur certains sujets que je retrouvais ensuite sur mon écran, alors même que je n’avais rien recherché en ce sens.

Vu votre activité, je pense que cela doit allumer quelques lumières rouges dans certains pays et certaines agences. Je pense que vous faites partie des personnes ciblées. Mais ce que vous décrivez -là, c’est la fonction Siri d’assistant vocal. Ces assistants écoutent en permanence.

Il y a eu une inflexion très, très nette des cours de bourse d’Apple lorsqu’il a annoncé Siri. Pourquoi ? Avant les assistants vocaux, on ne pouvait capter les données des gens que lorsqu’ils téléphonaient ou étaient devant un ordinateur. C’est bête. Et si on inventait un système qui les écoutait en permanence ?

(Re) lire notre interview de Solange Ghernaouti : « La surveillance de masse est déjà en place »

En réalité c’est pire que ça : intéressez-vous à ce qu’on appelle les balises ultrason (voir https://hackaday.com/2017/05/04/ultrasonic-tracking-beacons/). Quand on regarde la télé et qu’il y a une pub. Ensuite on va sur sa tablette, qui était dans la même pièce, et celle-ci propose le même contenu que celui que l’on a vu à la télé. Il faut savoir que de plus en plus de pubs intègrent ces balises ultrason qui peuvent communiquer avec un appareil comme une tablette ou un téléphone, dont la distance est de 7 mètres, qui va recevoir l’information, pour qu’on lui propose le même contenu quand il va prendre un autre environnement.

Quel était l’endroit où on pouvait parler à peu près discrètement et faire éventuellement d’autres choses ?

Les toilettes ?

Il commence effectivement à y avoir des toilettes connectées. Mais je pensais à la voiture. Les voitures ont maintenant des systèmes d’assistant vocaux. Il a été révélé récemment que des employés de Tesla avaient accès à toutes les données collectées par les Tesla et notamment des activités plutôt intimes dans les voitures. Parce qu’elles sont bourrées de caméras et de micros (voir par exemple ICI).

Le but des GAFAM est que chaque segment de nos vies doit faire l’objet d’une captation de données : quand on dort (montres connectées) quand on est mobile et l’on fait autre chose (smartphone, voiture…)

Dans un but commercial ?

Au début oui. Mais elles fournissent ces données aux services de renseignement. Quand ceux-ci font une requête, les sociétés n’ont pas le droit d’avertir leurs clients, sous peine de condamnation.

Ces données permettent également d’influer sur le cours de l’histoire, comme on l’a vu avec le scandale Cambridge Analytica ?

Ou l’élection de Trump, effectivement. Ou les 90 députés d’extrême droite du Reichstag. À chaque fois, on sait qu’il y a eu de l’exploitation de données qui a servi à alimenter, de manière ciblée, des fake news et de faire de la manipulation d’information.

Cambridge Analytica n’a pas disparu, elle a juste changé de nom. Elle s’appelle Emerdata maintenant. Et depuis, d’autres sociétés se sont créées. L’influence politique des sociétés s’est développée et plus aucun processus électoral désormais ne sera pas souillé par ce genre de choses, à des degrés divers.

Ce sont donc les GAFAM qui dirigent le monde ?

Les grandes sociétés, qu’elles soient américaines ou chinoises, oui.

Désormais, beaucoup de gens décident de quitter WhatsApp pour Signal ou Telegram. D’utiliser Protonmail plutôt que Gmail et de fuir Zoom pour Framatalk, par exemple. Est-ce que cela change vraiment quelque chose ou pas ?

Il vaut mieux utiliser Signal que Telegram, déjà. Mais oui, ce n’est pas inutile. Pour deux raisons : les systèmes sont ouverts et sont très bien documentés. J’ai analysé et fait analyser Protonmail, par exemple, par mes étudiants et ils ont plongé le nez dans les algorithmes.

Deuxièmement, les gens ont besoin de sécurité. Les entreprises, ou une activité comme la vôtre, les avocats et les journalistes sont des professions à risques et pas qu’en Iran. Dans des pays bien démocratiques, un journaliste d’investigation qui veut vraiment faire son travail peut se mettre en danger. Il y a quand même des journalistes qui ont été tués à Malte. Il y a un vrai besoin de sécurité.

Ces technologies sont crédibles, car elles offrent des outils qui, quand on sait bien les utiliser, peuvent effectivement nous garantir que, même en cas de duplicité, on serait protégés. Cela implique toutefois que les gens soient éduqués et informés.

Qu’ils soient soucieux du problème aussi. J’entends beaucoup l’argument « Je n’ai rien à cacher » lorsque l’on évoque la surveillance de masse.

Est-ce que l’on a envie que notre banquier à qui on va demander un prêt soit au courant de notre début de cancer ? Snowden disait : « ne pas se protéger parce qu’on n’a rien à cacher revient à dire que la liberté d’expression n’a aucun sens parce qu’on n’a rien à dire ». C’est une phrase admirable qui vaut toutes les explications.

Il y a deux choses qui sont constitutives de la vraie liberté : la propriété — or, les GAFAM veulent remplacer la propriété par l’usage — et la vie privée, avec ses corollaires le droit à l’oubli, à l’erreur, etc.

Comment a-t-on progressé en tant qu’humain ? C’est par nos erreurs. Par nos échecs plus que par nos réussites. Dans une dictature de la transparence, on pourrait sortir à tout moment une photo vieille d’il y a 20 ans, sortie de son contexte, qui permettrait à n’importe qui de juger. La vie privée est constitutive de la liberté. Il y a des moments où on a besoin de se retrouver avec soi-même. C’est très, très important.

Pour terminer, parlez-nous un peu de Crypto AG, puisque vous en savez plus que nous.

Je ne peux pas tout dire, parce que j’ai travaillé dessus et j’ai eu accès aux backdoors et aux algorithmes. Mais allons-y : à la fin de la guerre, la Suisse a opté pour une neutralité et les pays anglo-saxons avaient compris que celui qui contrôle la crypto contrôlera tout. Il y avait très peu de sociétés qui vendaient des systèmes de cryptographie (les machines à chiffrer) : Crypto AG, Siemens, Ericsson, Transvertex, Racal… Entre 120 et 130 pays en ont acheté, pour leurs besoins gouvernementaux, diplomatiques, des machines à chiffrer suisses en pensant être super bien protégés.

Parmi les clients de Crypto AG, il y avait l’Iran. En 1995, Hans Bühler, l’un des top VRP de Crypto AG, se rend en Iran et il est retenu prisonnier pendant neuf mois. Durée suffisante pour le faire accoucher d’un certain nombre de choses.

Hans Bühler3 a révélé que toutes les machines vendues à ces 130 pays contenaient des backdoors, donc des portes dérobées qui permettaient le décryptement plus facile. Et que les Américains revendaient les informations. Quand l’Iran a découvert que les informations étaient données gratuitement aux Israéliens dans le cadre du conflit Iran/Irak, les Iraniens ont fait des bonds. Quand le Pérou a découvert que, lors des négociations commerciales sur les accords de libre-échange avec les États-Unis, ces derniers étaient au courant de tout à l’avance, cela a été une catastrophe pour le Pérou. Les cas sont très nombreux et tous ne sont pas encore publics.

« Les États ne tolèrent pas qu’il puisse y avoir des moyens de sécurisation réels »

Crypto AG, mais aussi d’autres sociétés européennes, a ouvertement collaboré avec les Américains pour affaiblir toute la crypto mondiale de la plupart des pays et je peux le confirmer, car j’ai travaillé dessus.

Ce qu’on a vu à l’époque avec Crypto AG, on le voit maintenant avec le mécanisme des zero-day. Ces failles connues et volontairement non corrigées. Les États ne tolèrent pas qu’il puisse y avoir des moyens de sécurisation réels. On fait donc des affaiblissements, on met des backdoors ou on tarde à corriger des failles. C’est ce que l’on appelle pudiquement le « control export » (désormais encadré par les accords de Wassenaar). Crypto AG s’est fait prendre, mais ce n’est pas la seule.

Il faut bien comprendre une chose : les États sont confrontés à un dilemme qui est d’un côté de protéger les citoyens et d’autre part que ceux-ci ne puissent pas se protéger de l’État. Il doit pouvoir attaquer et contrôler en permanence. C’est compréhensible quand il s’agit de lutter contre le banditisme et autre, mais on a bien vu que nous sommes dans une société de surveillance globale. Quand les valeurs démocratiques sont affaiblies, la tentation est alors forte de passer à une surveillance globale plus ou moins forte… même dans les pays européens.

Tout cela est très encourageant…

Soit on perd notre esprit citoyen et il n’y a plus d’espoir. Mais je pense qu’il faut rééduquer les gens et développer leur sens critique. Il faut se réapproprier une certaine hygiène de la sécurité et revenir à une certaine frugalité numérique.

Dans le monde virtuel, on a encore plus besoin de sécurité que dans le monde réel. Mais les gens semblent l’avoir oublié.





Bernays et Céline et la standardisation moderne

Par Nicolas Bonnal

Avant d’étudier Bernays, on rappellera Céline. Apparemment, tout les oppose, mais sur l’essentiel ils sont d’accord : le monde moderne nous conditionne…

« Nous disions qu’au départ, tout article à “standardiser” : vedette, écrivain, musicien, politicien, soutien-gorge, cosmétique, purgatif, doit être essentiellement, avant tout, typiquement médiocre. Condition absolue. Pour s’imposer au goût, à l’admiration des foules les plus abruties, des spectateurs, des électeurs les plus mélasseux, des plus stupides avaleurs de sornettes, des plus cons jobardeurs frénétiques du Progrès, l’article à lancer doit être encore plus con, plus méprisable qu’eux tous à la fois. »

Bernays… C’est un des personnages les plus importants de l’histoire moderne, et on ne lui a pas suffisamment rendu hommage ! Il est le premier à avoir théorisé l’ingénierie du consensus et la définition du despotisme éclairé.

Edouard Bernays est un expert en contrôle mental et en conditionnement de masse. C’est un neveu viennois de Freud, et comme son oncle un lecteur de Gustave Le Bon. Il émigre aux États-Unis, sans se préoccuper de ce qui va se passer à Vienne… Journaliste (dont le seul vrai rôle est de créer une opinion, de l’in-former au sens littéral), il travaille avec le président Wilson au Committee on Public Information, au cours de la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920, il applique à la marchandise et à la politique les leçons de la guerre et du conditionnement de masse ; c’est l’époque du spectaculaire diffus, comme dit Debord. À la fin de cette fascinante et marrante décennie, qui voit se conforter la société de consommation, le KKK en Amérique, le fascisme et le bolchévisme en Europe, le surréalisme et le radicalisme en France, qui voit progresser la radio, la presse illustrée et le cinéma, Bernays publie un très bon livre intitulé Propagande (la première congrégation de propagande vient de l’Église catholique, créée par Grégoire XV en 1622) où le plus normalement et le plus cyniquement du monde il dévoile ce qu’est la démocratie américaine moderne : un simple système de contrôle des foules à l’aide de moyens perfectionnés et primaires à la fois ; et une oligarchie, une cryptocratie plutôt où le sort de beaucoup d’hommes, pour prendre une formule célèbre, dépend d’un tout petit nombre de technocrates et de faiseurs d’opinion. C’est Bernays qui a imposé la cigarette en public pour les femmes ou le bacon and eggs au petit déjeuner par exemple : dix ans plus tard, les hygiénistes nazis, aussi forts que lui en propagande (et pour cause, ils le lisaient) interdisent aux femmes de fumer pour raisons de santé. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il travaille avec une autre cheville ouvrière d’importance, Walter Lippmann.

Avec un certain culot (une certaine chutzpah1 ?), Bernays dévoile les arcanes de notre société de consommation. Elle est conduite par une poignée de dominants, de gouvernants invisibles. Rétrospectivement on trouve cette confession un rien provocante et — surtout — imprudente. À moins qu’il ne s’agît à l’époque pour ce fournisseur de services d’épater son innocente clientèle américaine ?

« Oui, des dirigeants invisibles contrôlent les destinées de millions d’êtres humains. Généralement, on ne réalise pas à quel point les déclarations et les actions de ceux qui occupent le devant de la scène leur sont dictées par d’habiles personnages agissant en coulisse. »

Bernays reprend l’image fameuse de Disraeli dans Coningsby : l’homme-manipulateur derrière la scène. C’est l’image du parrain, en fait un politicien, l’homme tireur de ficelles dont l’expert russe Ostrogorski a donné les détails et les recettes dans son classique sur les partis politiques publié en 1898, et qui est pour nous supérieur aux Pareto-Roberto Michels. Nous sommes dans une société technique, dominés par la machine (Cochin a récupéré aussi l’expression d’Ostrogorski) et les tireurs de ficelles, ou wire-pullers (souvenez-vous de l’affiche du Parrain, avec son montreur de marionnettes) ; ces hommes sont plus malins que nous, Bernays en conclut qu’il faut accepter leur pouvoir. La société sera ainsi plus smooth. On traduit ?

Comme je l’ai dit, Bernays écrit simplement et cyniquement. On continue donc :

« Les techniques servant à enrégimenter l’opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente. »

La complexité suppose des élites techniques, les managers dont parle Burnham dans un autre classique célèbre (L’ère des organisateurs, préfacé en France par Léon Blum en 1946). Il faut enrégimenter l’opinion, comme au cours de la première guerre mondiale, qui n’aura servi qu’à cela : devenir communiste, anticommuniste, nihiliste, consommateur ; comme on sait le nazisme sera autre chose, d’hypermoderne, subtil et fascinant, avec sa conquête spatiale et son techno-charisme — modèle du rock moderne (lisez ma damnation des stars).

L’ère des masses est aussi très bien décrite — mais pas comprise — par Ortega Y Gasset (il résume tout dans sa phrase célèbre ; « les terrasses des cafés sont pleines de consommateurs »…). Et cette expression, ère des masses, traduit tristement une standardisation des hommes qui acceptent humblement de se soumettre et de devenir inertes (Tocqueville, Ostrogorski, Cochin aussi décrivaient ce phénomène).

« Nous acceptons que nos dirigeants et les organes de presse dont ils se servent pour toucher le grand public nous désignent les questions dites d’intérêt général ; nous acceptons qu’un guide moral, un pasteur, par exemple, ou un essayiste ou simplement une opinion répandue nous prescrivent un code de conduite social standardisé auquel, la plupart du temps, nous nous conformons. »

Pour Bernays bien sûr on est inerte quand on résiste au système oppressant et progressiste (le social-corporatisme dénoncé dans les années 80 par Minc & co).

La standardisation décrite à cette époque par Sinclair Lewis dans son fameux Babbitt touche tous les détails de la vie quotidienne : Babbitt semble un robot humain plus qu’un chrétien (il fait son Church-shopping à l’américaine d’ailleurs), elle est remarquablement rendue dans le cinéma comique de l’époque, ou tout est mécanique, y compris les gags. Bergson a bien parlé de ce mécanisme plaqué sur du vivant. Il est favorisé par le progrès de la technique :

« Il y a cinquante ans, l’instrument par excellence de la propagande était le rassemblement public. À l’heure actuelle, il n’attire guère qu’une poignée de gens, à moins que le programme ne comporte des attractions extraordinaires. L’automobile incite nos compatriotes à sortir de chez eux, la radio les y retient, les deux ou trois éditions successives des quotidiens leur livrent les nouvelles au bureau, dans le métro, et surtout ils sont las des rassemblements bruyants. »

La capture de l’esprit humain est l’objectif du manipulateur d’opinion, du spécialiste en contrôle mental, cet héritier du magicien d’Oz.

« La société consent à ce que son choix se réduise aux idées et aux objets portés à son attention par la propagande de toute sorte. Un effort immense s’exerce donc en permanence pour capter les esprits en faveur d’une politique, d’un produit ou d’une idée. »

Concernant la Première Guerre mondiale, Bernays « révise » simplement l’Histoire en confiant que la croisade des démocraties contre l’Allemagne s’est fondée sur d’habituels clichés et mensonges ! Il a d’autant moins de complexes que c’est lui qui a mis cette propagande au point…

« Parallèlement, les manipulateurs de l’esprit patriotique utilisaient les clichés mentaux et les ressorts classiques de l’émotion pour provoquer des réactions collectives contre les atrocités alléguées, dresser les masses contre la terreur et la tyrannie de l’ennemi. Il était donc tout naturel qu’une fois la guerre terminée, les gens intelligents s’interrogent sur la possibilité d’appliquer une technique similaire aux problèmes du temps de paix. »

On n’a jamais vu un cynisme pareil. Machiavel est un enfant de chœur. La standardisation s’applique bien sûr à la politique. Il ne faut pas là non plus trop compliquer les choses, écrit Bernays. On a trois poudres à lessive pour laver le linge, qui toutes appartiennent à Procter & Gamble (les producteurs de soaps séries à la TV) ou à Unilever ; et bien on aura deux ou trois partis politiques, et deux ou trois programmes simplifiés !

Bernays reprend également l’expression demachinede Moïse Ostrogorski (voir notre chapitre sur ce chercheur russe, qui disséqua et désossa l’enfer politique américain), qui décrit l’impeccable appareil politique d’un gros boss. La machine existe déjà chez le baroque Gracian. Ce qui est intéressant c’est de constater que la mécanique politique — celle qui a intéressé Cochin — vient d’avant la révolution industrielle. Le motindustriedésigne alors l’art du chat botté de Perrault, celui de tromper, d’enchanter — et de tuer ; l’élite des chats bottés de la politique, de la finance et de l’opinion est une élite d’experts se connaissant, souvent cooptés et pratiquant le prosélytisme. Suivons le guide en conspiration !

« Il n’en est pas moins évident que les minorités intelligentes doivent, en permanence et systématiquement, nous soumettre à leur propagande. Le prosélytisme actif de ces minorités qui conjuguent l’intérêt égoïste avec l’intérêt public est le ressort du progrès et du développement des États-Unis. Seule l’énergie déployée par quelques brillants cerveaux peut amener la population tout entière à prendre connaissance des idées nouvelles et à les appliquer. »

Comme je l’ai dit, cette élite n’a pas besoin de prendre de gants, pas plus qu’Edouard Bernays. Il célèbre d’ailleurs son joyeux exercice de style ainsi :

« Les techniques servant à enrégimenter l’opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente. »

La démocratie a un gouvernement invisible qui nous impose malgré nous notre politique et nos choix. Si on avait su…

Après la Guerre, Bernays inspire le méphitique Tavistock Institute auquel Daniel Estulin a consacré un excellent et paranoïaque ouvrage récemment.

Mais en le relisant, car cet ouvrage est toujours à relire, je trouve ces lignes définitives sur l’organisation conspiratrice de la vie politique et de ses partis :

« Le gouvernement invisible a surgi presque du jour au lendemain, sous forme de partis politiques rudimentaires. Depuis, par esprit pratique et pour des raisons de simplicité, nous avons admis que les appareils des partis restreindraient le choix à deux candidats, trois ou quatre au maximum. »

Et cette conspiration était n’est-ce pas très logique, liée à l’esprit pratique et à la simplicité :

« Les électeurs américains se sont cependant vite aperçus que, faute d’organisation et de direction, la dispersion de leurs voix individuelles entre, pourquoi pas, des milliers de candidats ne pouvait que produire la confusion ».

Pour le grand Bernays il n’y a de conspiration que logique. La conspiration n’est pas conspiratrice, elle est indispensable. Sinon tout s’écroule. L’élite qu’il incarne, et qui œuvre d’ailleurs à l’époque de Jack London, ne peut pas ne pas être. Et elle est trop souple et trop liquide pour se culpabiliser. N’œuvre-t-elle pas à la réconciliation franco-allemande après chaque guerre qu’elle a contribué à déclencher, et que la Fed a contribué à financer au-delà des moyens de tous ?

Elle est aussi innocente que l’enfant qui vient de naître.

Un qui aura bien pourfendu Bernays sans le savoir dans ses pamphlets est Louis-Ferdinand Céline. Sur la standardisation par exemple, voici ce qu’il écrit :

« Standardisons ! le monde entier ! sous le signe du livre traduit ! du livre à plat, bien insipide, objectif, descriptif, fièrement, pompeusement robot, radoteur, outrecuidant et nul. »

Et d’ajouter sur un ton incomparable et une méchanceté inégalable :

« le livre pour l’oubli, l’abrutissement, qui lui fait oublier tout ce qu’il est, sa vérité, sa race, ses émotions naturelles, qui lui apprend mieux encore le mépris, la honte de sa propre race, de son fond émotif, le livre pour la trahison, la destruction spirituelle de l’autochtone, l’achèvement en somme de l’œuvre bien amorcée par le film, la radio, les journaux et l’alcoolisme. »

La standardisation (j’écris satan-tardisation…) rime avec la mort (mais n’étions-nous pas morts avant, cher Ferdinand ? Vois Drumont, Toussenel même, ce bon Cochin, ce génial Villiers…). Le monde est mort, et on a pu ainsi le réifier et le commercialiser ;

« Puisque élevés dans les langues mortes ils vont naturellement au langage mort, aux histoires mortes, à plat, aux déroulages des bandelettes de momies, puisqu’ils ont perdu toute couleur, toute saveur, toute vacherie ou ton personnel, racial ou lyrique, aucun besoin de se gêner ! Le public prend ce qu’on lui donne. Pourquoi ne pas submerger tout ! simplement, dans un suprême effort, dans un coup de suprême culot, tout le marché français, sous un torrent de littérature étrangère ? Parfaitement insipide ?… »

Divaguons sur ce thème de la civilisation mortelle — et sortons du Valéry pour une fois. À la même époque, Drieu La Rochelle écrivait dans un beau libre préfacé par Halévy, Mesure de la France :

« Il n’y a plus de conservateurs, de libéraux, de radicaux, de socialistes. Il n’y a plus de conservateurs, parce qu’il n’y a plus rien à conserver. Religion, famille, aristocratie, toutes les anciennes incarnations du principe d’autorité, ce n’est que ruine et poudre. »

Puis Drieu enfonce plus durement le clou (avait-il déjà lu Guénon ?) :

« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera. »

Le gros shopping planétaire est mis en place par la matrice américaine, qui va achever de liquider la vieille patrie prétentieuse :

« Il n’y a plus de partis dans les classes, plus de classes dans les nations, et demain il n’y aura plus de nations, plus rien qu’une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »

Drieu affirme il y a cent ans que le catholicisme romain est zombie :

« Le Vatican est un musée. Nous ne savons plus bâtir de maisons, façonner un siège où nous y asseoir. À quoi bon défendre des banques, des casernes, et les Galeries Lafayette ? »

Enfin, vingt ans avant Heidegger ou Ellul, Drieu désigne la technique et l’industrie comme les vrais conspirateurs :

« Il y aura beaucoup de conférences comme celle de Gênes où les hommes essaieront de se guérir de leur mal commun : le développement pernicieux, satanique, de l’aventure industrielle. »

Revenons à Céline, qui avec ferveur et ire dépeint la faune nouvelle de l’art pour tous :

« Les grands lupanars d’arts modernes, les immenses clans hollywoodiens, toutes les sous-galères de l’art robot ne manqueront jamais de ces saltimbanques dépravés… Le recrutement est infini. Le lecteur moyen, l’amateur rafignolesque, le snob cocktailien, le public enfin, la horde abjecte cinéphage, les abrutis-radios, les fanatiques envedettés, cet international prodigieux, glapissant, grouillement de jobards ivrognes et cocus, constitue la base piétinable à travers villes et continents, l’humus magnifique le terreau miraculeux, dans lequel les merdes publicitaires vont resplendir, séduire, ensorceler comme jamais. »

Et de conclure avec son habituelle outrance que l’époque de l’inquisition et des gladiateurs valait bien mieux :

« Jamais domestiques, jamais esclaves ne furent en vérité si totalement, intimement asservis, invertis corps et âmes, d’une façon si dévotieuse, si suppliante.

Rome ? En comparaison ?… Mais un empire du petit bonheur ! une Thélème philosophique ! Le Moyen Âge ?… L’Inquisition ?… Berquinades ! Époques libres ! d’intense débraillé ! d’effréné libre arbitre ! le duc d’Albe ? Pizarro ? Cromwell ? Des artistes ! »

Dans son très bon livre sur Spartacus, l’écrivain juif communiste Howard Fast établit lui aussi un lien prégnant entre la décadence impériale et son Amérique ploutocratique. C’est que l’homme postmoderne et franchouillard a du souci à se faire (ce que Léon Bloy nommait sa capacité bourgeoise à avaler — surtout de la merde) :

« Plus c’est cul et creux, mieux ça porte. Le goût du commun est à ce prix. Le “bon sens” des foules c’est : toujours plus cons. L’esprit banquiste, il se finit à la puce savante, achèvement de l’art réaliste, surréaliste. Tous les partis politiques le savent bien. Ce sont tous des puciers savants. La boutonneuse Mélanie prend son coup de bite comme une reine, si 25 000 haut-parleurs hurlent à travers tous les échos, par-dessus tous les toits, soudain qu’elle est Mélanie l’incomparable… Un minimum d’originalité, mais énormément de réclame et de culot. L’être, l’étron, l’objet en cause de publicité sur lequel va se déverser la propagande massive doit être avant tout au départ, aussi lisse, aussi insignifiant, aussi nul que possible. La peinture, le battage-publicitaire se répandra sur lui d’autant mieux qu’il sera plus soigneusement dépourvu d’aspérités, de toute originalité, que toutes ses surfaces seront absolument planes. Que rien en lui, au départ, ne peut susciter l’attention et surtout la controverse. »

Et comme s’il avait lu et digéré Bernays, Céline ajoute avec le génie qui caractérise ses incomparables pamphlets :

« La publicité pour bien donner tout son effet magique ne doit être gênée, retenue, divertie par rien. Elle doit pouvoir affirmer, sacrer, vociférer, mégaphoniser les pires sottises, n’importe quelle himalayesque, décervelante, tonitruante fantasmagorie… à propos d’automobiles, de stars, de brosses à dents, d’écrivains, de chanteuses légères, de ceintures herniaires, sans que personne ne tique… ne s’élève au parterre, la plus minuscule naïve objection. Il faut que le parterre demeure en tout temps parfaitement hypnotisé de connerie.

Le reste, tout ce qu’il ne peut absorber, pervertir, déglutir, saloper, standardiser, doit disparaître. C’est le plus simple. Il le décrète. Les banques exécutent. Pour le monde robot qu’on nous prépare, il suffira de quelques articles, reproductions à l’infini, fades simulacres, cartonnages inoffensifs, romans, voitures, pommes, professeurs, généraux, vedettes, pissotières tendancieuses, le tout standard, avec énormément de tam-tam d’imposture et de snobisme La camelote universelle, en somme, bruyante, juive et infecte… »

Et de poursuivre sa belle envolée sur la standardisation :

« Le Standard en toutes choses, c’est la panacée. Plus aucune révolte à redouter des individus pré-robotiques, que nous sommes, nos meubles, romans, films, voitures, langage, l’immense majorité des populations modernes sont déjà standardisés. La civilisation moderne c’est la standardisation totale, âmes et corps. »

La violence pour finir :

« Publicité ! Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !… Elle a le goût du faux, du bidon, de la farcie connerie, comme aucune foule n’eut jamais dans toutes les pires antiquités… Du coup, on la gave, elle en crève… Et plus nulle, plus insignifiante est l’idole choisie au départ, plus elle a de chances de triompher dans le cœur des foules… mieux la publicité s’accroche à sa nullité, pénètre, entraîne toute l’idolâtrie… Ce sont les surfaces les plus lisses qui prennent le mieux la peinture. »

Céline est incomparable quand il s’attaque à la foule, lamentable quand il reprend le lemme du juif comme missionnaire du mal dans le monde moderne. Mais c’est cette folie narrative qui crée la tension géniale de son texte. De toute manière, ce n’est pas notre sujet. Et puis c’est Disraeli et c’est Bernays qui ont joué à l’homme invisible un peu trop visible. Comme dit Paul Johnson dans sa fameuse Histoire des Juifs (p. 329) :

« Thus Disraeli preached the innate superiority of certain races long before the social Darwinists made it fashionable, or Hitler notorious. »
[« Ainsi, Disraeli a prêché la supériorité innée de certaines races bien avant que les darwinistes sociaux ne la mettent à la mode ou que Hitler ne la rende notoire. »]

Bibliographie

Nicolas Bonnal — Littérature et conspiration (Dualpha, Amazon.fr)
Frédéric Bernays — Propagande
Céline — Bagatelles…
Drieu La Rochelle — Mesure de la France
Johnson (Paul) – A History of the Jews


1 De l’hébreu ḥuṣpâ (חֻצְפָּה) pour insolence, audace, impertinence.




Nouvelles révélations covidiennes

[Source : Cercle Aristote]

« Le vaccin rend fou. »

Pierre Jovanovic (vidéo à 1:38:20)






Le bel été de Poutine

[Source : RL]

Par Jacques Guillemain

Le Tsar est persuadé que la résolution des Occidentaux sera moins forte que la sienne. Et il a raison. Rien ne s’est passé comme prévu, du côté de l’OTAN.

Je reprends ce titre de Philippe Gélie dans le Figaro, car il illustre parfaitement la réalité du moment. Et si nous voulons résumer la situation en quelques mots, voici le bilan.

1. La contre-offensive a totalement échoué et la troisième armée otano-ukrainienne est quasiment détruite, après s’être fracassée sur les fortifications de Sourovikine, totalement infranchissables.

Marc Legrand, dont les chiffres sont similaires à ceux du ministère russe de la Défense, annonce50 370 tués au 75e jour de la contre-attaque, dont 900 tués et 1060 blessés pour la seule journée d’hier.

Les 200 km2 repris par les Ukrainiens sur les 100 000 km2 perdus, Crimée incluse, sont insignifiants, puisque les Russes avancent partout, notamment sur Kupiansk et dans la région de Kharkov.

Kiev a perdu 400 000 tués et autant de blessés en 18 mois. Une hécatombe voulue par l’OTAN, totalement responsable de cette tragédie et de ce bain de sang par procuration.

Car n’oublions pas l’essentiel, à 180° du discours otanien :

  • – C’est la CIA qui a renversé en 2014 le pouvoir pro-russe en place à Kiev
  • – C’est Kiev qui a mené pendant huit ans une guerre sans merci contre les populations russes du Donbass, faisant 15 000 victimes
  • – C’est Washington qui a refusé de répondre aux multiples demandes de Poutine sur les garanties de sécurité en Europe, la dernière tentative de paix russe datant de décembre 2021
  • – Ce sont la France et l’Allemagne qui ont sabordé les accords de Minsk et trompé sciemment Moscou pour mieux armer l’Ukraine
  • – Ce sont les Anglo-Saxons qui ont interdit à Zelensky de négocier dès les premiers jours de la guerre, puis en mars 2022, lui promettant des armes et la victoire finale
  • – C’est l’Ukraine qui envisageait une offensive majeure contre le Donbass, dès mars 2022
  • – C’est à la demande des régions séparatistes que Moscou est venue secourir les populations du Donbass, persécutées depuis huit ans avec l’aval des Occidentaux, qui refusaient d’appliquer les accords de Minsk, lesquels auraient évité la guerre.

En résumé, il n’y a qu’un seul agresseur responsable de cette boucherie : l’OTAN, qui a préparé cette guerre depuis 2014 avec le soutien de tous les valets de Biden.

2. Les sanctions économiques, qui devaient mettre Moscou à genoux en trois mois et semer la révolte en Russie, ont totalement échoué. La cote de Poutine est au plus haut et il devrait être réélu dans sept mois avec un score à l’africaine, sans besoin de tricher comme Biden.

La croissance économique russe est supérieure à celle de l’UE, le chômage est à son plus bas historique, l’industrie représente 32 % du PIB contre 10 % en France et l’agriculture connaît une production record. Pétrole, gaz et matières premières ont trouvé d’autres débouchés que l’UE, qui risque de connaître un hiver catastrophique en se privant de l’énergie russe.

Signalons à Bruno Le Maire, notre lumière de Bercy, que la dette russe représente 13 % du PIB contre 115 % en France. Quand on est nul en maths, on ne tient pas les cordons de la bourse. Ce génie de la finance nous a mis 700 milliards de dettes supplémentaires sur le dos.

Chaque Russe, bébés compris, est endetté de 1500 euros. Mais chaque Français est endetté de 45 000 euros. Y a pas photo !

On est loin de la débandade militaire et de la débâcle économique promises par les idiots d’Occidentaux, suffisamment stupides pour ignorer à la fois la puissance de l’armée russe et la solidité de l’économie, peu financiarisée, mais qui s’appuie sur une puissante industrie, une forte agriculture et un trésor de matières premières inestimable, représentant 20 % des richesses minières mondiales. Tout le contraire de la France, qui ne fabrique et ne produit plus grand-chose, mais a tout misé sur les services. Elle n’a dorénavant ni pétrole ni idées.

Les industries d’armement russes tournent à plein régime, alors que les stocks occidentaux sont épuisés. Comme en 1942-43, les usines se sont adaptées aux besoins. La Russie, en manque munitions dès mars 2022, c’est encore un conte de fées dont les médias occidentaux raffolent. Chaque jour, un illuminé nous sort une nouvelle fable encore plus grotesque que la précédente.

Poutine malade et mourant, ou bien les jeunes soldats russes appelant leur mère en pleurant, l’armement russe obsolète datant de l’ère soviétique, resteront dans les annales. Les ingénieurs de l’armement russes sont visiblement les meilleurs du moment. La panoplie des armes russes du futur est impressionnante.

3. La population russe ressent peu la guerre au quotidien. La vie suit son cours normalement. Rues, commerces, restaurants et bars ont l’apparence d’un pays en paix. Il n’y a pas eu des vagues de mobilisation comme en Ukraine. Et si la guerre fait malheureusement des victimes, des veuves et des orphelins, il y a beaucoup moins de soldats tués dans le camp russe qu’en Ukraine.

Les drones qui tentent de frapper Moscou ne perturbent pas la population qui vit avec et affiche son flegme habituel. D’ailleurs ces drones font surtout des blessés légers. « Il n’y a pas de peur sur la ville ».

Les stations balnéaires sont pleines à craquer, les Russes passant leurs vacances chez eux.

Bref, la vie estivale se poursuit sans l’angoisse de la guerre, pour la majorité des Russes qui n’ont pas un proche sur le front.

Côté Kremlin, on se prépare à une guerre longue, bien loin des plans initiaux de février 2022.

Poutine, qui espérait régler la question du Donbass en quelques semaines comme en Crimée, n’avait pas prévu une telle réaction obstinée de l’OTAN. De leur côté, les Occidentaux n’avaient jamais imaginé que la Russie afficherait une telle capacité de résistance aux sanctions économiques et ferait face à l’aide militaire colossale fournie à Kiev. Le résultat est une guerre qui s’éternise en saignant le peuple ukrainien, victime des fous furieux du Pentagone qui refusent la défaite et ses terribles conséquences pour l’Occident.

Face à cette obstination, Poutine veut porter les effectifs de son armée à 1,5 million d’hommes d’ici 2026 et augmente la limite de la conscription à 30 ans au lieu de 27. Dans la tête des Russes, un affrontement avec l’OTAN décadent reste une possibilité, avec une Amérique belliqueuse et dominatrice, incapable de vivre en paix.

Dans un éclair de lucidité, Nicolas Sarkozy, qui a commis la faute impardonnable de réintégrer le commandement de l’OTAN, vient de déclarer que l’Ukraine doit rester neutre, en ne rejoignant ni l’UE, ni l’OTAN. Quant aux frontières de l’Ukraine, il faut oublier tout retour à celles de 2014. Il n’y aura pas de retour en arrière pour Poutine.

Les russophobes ont oublié les leçons de l’histoire. Les Russes ont vaincu les deux plus puissantes armées de leur temps, la Grande Armée de Napoléon et la Wehrmacht de Hitler. Deux aventures militaires qui se sont terminées avec l’armée russe à Paris, puis à Berlin.

Soyons assurés que la détermination de Poutine et du peuple russe ne faiblira pas.




Robert F. Kennedy — L’idiot utile du lobby israélien

[Source : Arrêt sur info]

Par Chris Hedges

[Illustration : réfugiés palestiniens au Liban, 1948. (Photo ONU)]

S’opposer à Israël a un coût politique que peu de gens, y compris Robert F. Kennedy Jr, sont prêts à payer. Mais si vous le faites, vous vous distinguerez comme quelqu’un qui fait passer les principes avant l’opportunisme.

Le long cauchemar de l’oppression des Palestiniens n’est pas une question mineure. Il s’agit d’une question en noir et blanc, celle d’un État colonial, soutenu par des milliards de dollars américains, qui impose à la population autochtone de Palestine une occupation militaire, un régime apartheid, une violence horrible. C’est le tout puissant contre le tout impuissant.

Israël utilise son armement moderne contre une population captive qui n’a ni armée, ni marine, ni armée de l’air, ni unités militaires mécanisées, ni commandement et contrôle, ni artillerie lourde, tout en prétendant que ses actes intermittents de massacre à grande échelle relèvent du domaine de la guerre.

Les roquettes grossières tirées sur Israël par le Hamas et d’autres organisations de résistance palestinienne — un crime de guerre parce qu’elles visent des civils — ne sont en rien comparables aux bombes Mark-84 de 2 000 livres, dites « bunker-buster », qui ont un « rayon d’action » de plus de 32 mètres et qui « créent une onde de pression supersonique lorsqu’elles explosent », larguées par Israël sur des quartiers palestiniens surpeuplés, aux milliers de Palestiniens tués et blessés et à la destruction ciblée des infrastructures de base, y compris les réseaux électriques et les stations d’épuration des eaux.

Les Palestiniens de Gaza vivent dans une prison à ciel ouvert qui est l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète. Ils sont privés de passeports et de documents de voyage.

La malnutrition est endémique dans les territoires occupés. Selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2022, « une forte proportion » de la population palestinienne est « déficiente en vitamines A, D et E, qui jouent un rôle clé dans la vision, la santé des os et la fonction immunitaire ». Le rapport note également que plus de 50 % des personnes âgées de 6 à 23 ans à Gaza et plus de la moitié des femmes enceintes sont anémiques et que « plus d’un quart des femmes enceintes et plus d’un quart des enfants âgés de 6 à 23 mois [en Cisjordanie] sont anémiques ».

Quatre-vingt-huit pour cent des enfants de Gaza souffrent de dépression, suite à 15 ans de blocus israélien, selon un rapport de Save the Children datant de 2022, et plus de 51 % des enfants ont été diagnostiqués comme souffrant de stress post-traumatique suite à la troisième grande guerre de Gaza en 2014. Seuls 4,3 % de l’eau de Gaza sont considérés comme propres à la consommation humaine. Les Palestiniens de Gaza sont entassés dans des taudis insalubres et surpeuplés. Ils manquent souvent de soins médicaux de base. Le taux de chômage est l’un des plus élevés au monde (46,6 %).

L’objectif du sionisme, avant même la création d’Israël, a été de chasser les Palestiniens de leur terre et de réduire ceux qui restent à une lutte pour la subsistance, comme le note l’historien israélien Ilan Pappe :

« Le 10 mars 1948, un groupe de onze hommes, des dirigeants sionistes chevronnés et de jeunes officiers militaires juifs, mettent la dernière main à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine. Le soir même, des ordres militaires sont envoyés aux unités sur le terrain pour préparer l’expulsion systématique des Palestiniens de vastes régions du pays.

Les ordres sont accompagnés d’une description détaillée des méthodes à utiliser pour expulser la population par la force : intimidation à grande échelle, siège et bombardement des villages et des centres de population, incendie des maisons, des propriétés et des biens, expulsion des résidents, démolition des maisons et, enfin, pose de mines dans les décombres afin d’empêcher le retour des habitants expulsés. Chaque unité a reçu sa propre liste de villages et de quartiers à cibler conformément au plan d’ensemble. Sous le nom de code Plan D (Dalet en hébreu)…

Une fois le plan finalisé, il a fallu six mois pour mener à bien la mission. À la fin de celle-ci, plus de la moitié de la population indigène de Palestine, soit plus de 750 000 personnes, avait été déracinée, 531 villages avaient été détruits et 11 quartiers urbains avaient été vidés de leurs habitants ».

Il est difficile d’ignorer ces faits politiques et historiques, que j’ai rapportés en tant qu’arabophone pendant sept ans, dont quatre en tant que chef du bureau du Moyen-Orient pour le New York Times. Même à distance.

J’ai vu des soldats israéliens se moquer de garçons en arabe dans les haut-parleurs de leur jeep blindée dans le camp de réfugiés de Khan Younis, à Gaza. Les garçons, âgés d’une dizaine d’années, ont ensuite jeté des pierres sur un véhicule israélien. Les soldats ont ouvert le feu, tuant certains d’entre eux et en blessant d’autres. Dans le lexique israélien, cela se traduit par des enfants pris entre deux feux.

J’étais à Gaza lorsque des avions d’attaque F-16 ont largué des bombes à fragmentation en fer de 1 000 livres sur des quartiers densément peuplés. J’ai vu les cadavres des victimes, y compris des enfants, alignés en rangs serrés. Il s’agissait d’une frappe chirurgicale sur une usine de fabrication de bombes.

J’ai vu Israël démolir des maisons et des immeubles pour créer des zones tampons entre les Palestiniens et les troupes israéliennes. J’ai interviewé des familles démunies qui campaient dans les décombres de leurs maisons. Les destructions se transforment en démolitions de maisons de terroristes.

J’ai visité les restes d’écoles, de cliniques médicales et de mosquées bombardées. J’ai entendu Israël prétendre que des roquettes ou des tirs de mortier errants de la part des Palestiniens étaient à l’origine de ces morts et d’autres, ou que les endroits attaqués servaient de dépôts d’armes ou de sites de lancement.

À l’instar de tous les autres journalistes que je connais et qui ont travaillé à Gaza, je n’ai jamais vu la moindre preuve que le Hamas utilise des civils comme « boucliers humains ». Paradoxalement, il existe des preuves que l’armée israélienne utilise des Palestiniens comme boucliers humains, ce que la Haute Cour d’Israël a jugé illégal en 2005.

L’utilisation par Israël du gros mensonge (Große Lüge) relève d’une logique pervertie. Le gros mensonge alimente les deux réactions qu’Israël cherche à susciter : le racisme chez ses partisans et la terreur chez ses victimes.

Il y a un prix politique élevé à payer pour défier Israël, dont l’ingérence manifeste dans le processus politique américain fait des protestations les plus tièdes contre la politique israélienne un vœu de mort politique. Les Palestiniens sont pauvres, oubliés et seuls. C’est pourquoi la défiance à l’égard du traitement infligé par Israël aux Palestiniens est la question centrale à laquelle est confronté tout homme politique qui prétend s’exprimer au nom des personnes vulnérables et marginalisées.

S’opposer à Israël a un coût politique que peu de gens, y compris Robert F. Kennedy Jr, sont prêts à payer. Mais si vous tenez bon, vous vous distinguez comme quelqu’un qui place les principes avant l’opportunisme, qui est prêt à se battre pour les misérables de la terre et, si nécessaire, à sacrifier son avenir politique pour conserver son intégrité. Kennedy échoue à ce test crucial de courage politique et moral.

Robert F. Kennedy Jr. lors d’un événement à Phoenix en 2017. (Gage Skidmore, Flickr, CC BY-SA 2.0)

Au lieu de cela, Kennedy régurgite tous les mensonges, tous les clichés racistes, toutes les déformations de l’histoire et tous les commentaires dégradants sur le retard du peuple palestinien colportés par les éléments les plus rétrogrades et d’extrême droite de la société israélienne. Il colporte le mythe de ce que Pappe appelle l’« Israël imaginaire ».

Cela suffit à le discréditer en tant que candidat progressiste. Il remet en question son jugement et sa sincérité. Cela fait de lui un autre membre du Parti démocrate qui danse sur l’air macabre joué par le gouvernement israélien.

Kennedy s’est engagé à défendre moralement Israël, ce qui équivaut à défendre moralement l’Afrique du Sud de l’apartheid. Il répète, presque mot pour mot, les points de discussion du manuel de propagande israélienne élaboré par le sondeur et stratège politique républicain Frank Luntz. L’étude de 112 pages, portant la mention « ne pas distribuer ou publier », qui a été divulguée à Newsweek, a été commandée par le Projet Israël. Elle a été rédigée au lendemain de l’opération « Plomb durci » de décembre 2008 et janvier 2009, au cours de laquelle 1 387 Palestiniens et neuf Israéliens ont été tués.

Ce document stratégique est le schéma directeur de la manière dont les politiciens et les lobbyistes israéliens vendent Israël. Il met en évidence l’écart considérable entre ce que les politiciens israéliens disent et ce qu’ils savent être la vérité. Il est conçu pour dire au monde extérieur, en particulier aux Américains, ce qu’ils veulent entendre. Le rapport est une lecture obligatoire pour quiconque tente de faire face à la machine de propagande israélienne.

Le document, par exemple, suggère de dire au monde extérieur qu’Israël « a le droit d’avoir des frontières défendables », mais conseille aux Israéliens de refuser de définir ce que devraient être ces frontières. Il conseille aux politiciens israéliens de justifier le refus d’Israël d’accueillir 750 000 Palestiniens et leurs descendants, qui ont été expulsés de leur pays pendant la guerre de 1948, leur interdisant de revenir chez eux, alors même que le droit au retour est garanti par le droit international, en qualifiant ce droit de « revendication ».

La Commission recommande aux Palestiniens, qui ont été expulsés de leur pays pendant la guerre de 1948, de rentrer chez eux, bien que le droit au retour soit garanti par le droit international, en qualifiant ce droit de « revendication ».

Elle recommande également de soutenir que les Palestiniens cherchent à effectuer des migrations massives pour s’emparer de terres à l’intérieur d’Israël. Il suggère de mentionner les centaines de milliers de réfugiés juifs d’Irak, de Syrie et d’Égypte, qui ont fui l’antisémitisme et la violence dans le monde arabe après la création de l’État juif. Le document recommande de dire que ces réfugiés ont également « laissé des biens derrière eux », justifiant ainsi le pogrom israélien par le pogrom des États arabes après 1948. Il recommande d’imputer la pauvreté des Palestiniens aux « nations arabes » qui n’ont pas offert « une vie meilleure aux Palestiniens ».

Ce qui est le plus cynique dans ce rapport, c’est la tactique consistant à exprimer une fausse sympathie pour les Palestiniens, qui sont rendus responsables de leur propre oppression.

« Montrez de l’empathie pour les DEUX camps »,peut-on lire dans le document. « L’objectif de la communication pro-israélienne n’est pas simplement de faire en sorte que les personnes qui aiment déjà Israël se sentent bien dans leur décision. L’objectif est de gagner de nouveaux cœurs et de nouveaux esprits pour Israël sans perdre le soutien qu’il a déjà ». Il est dit que cette tactique « désarmera » le public.

Je doute que Kennedy ait lu ou entendu parler du rapport de Luntz. Mais il a été nourri à la cuillère de ses arguments et les recrache naïvement. Israël ne veut que la paix.

Israël ne pratique pas la torture. Israël n’est pas un État d’apartheid. Israël accorde aux Arabes israéliens des droits politiques et civiques qu’ils n’ont pas dans d’autres régions du Moyen-Orient. Les Palestiniens ne sont pas délibérément pris pour cible par les forces de défense israéliennes (FDI). Israël respecte les libertés civiles, les droits des femmes et du mariage. Israël possède « le meilleur système judiciaire du monde ».

Kennedy fait d’autres affirmations, comme sa déclaration bizarre selon laquelle l’Autorité palestinienne paie des Palestiniens pour tuer des Juifs n’importe où dans le monde, ainsi que des falsifications de l’histoire élémentaire du Moyen-Orient, qui sont tellement absurdes que je vais les ignorer. Mais j’énumère ci-dessous des exemples tirés des volumes de preuves qui font imploser les points de discussion inspirés par Luntz que Kennedy répète au nom du lobby israélien, bien qu’aucune preuve ne puisse probablement percer son attachement intéressé à l’« Israël fantaisiste ».

Apartheid

Un garçon palestinien et un soldat israélien devant la barrière israélienne en Cisjordanie, août 2004.
(Justin McIntosh, Wikimedia Commons, CC BY 2.0)

Le rapport 2017 de l’ONU : « Les pratiques israéliennes à l’égard du peuple palestinien et la question de l’apartheid » conclut qu’Israël a mis en place un régime d’apartheid qui domine le peuple palestinien dans son ensemble. » Depuis 1967, les Palestiniens en tant que peuple ont vécu dans ce que le rapport appelle quatre « domaines », dans lesquels les fragments de la population palestinienne sont ostensiblement traités différemment, mais partagent en commun l’oppression raciale qui résulte du régime d’apartheid.

Ces domaines sont les suivants :

1— Le droit civil, avec des restrictions spéciales, régissant les Palestiniens qui vivent en tant que citoyens d’Israël ;

2— Le droit de résidence permanente régissant les Palestiniens vivant dans la ville de Jérusalem ;

3— Le droit militaire régissant les Palestiniens, y compris ceux des camps de réfugiés, vivant depuis 1967 dans des conditions d’occupation belligérante en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ;

4— Politique visant à empêcher le retour des Palestiniens, qu’ils soient réfugiés ou exilés, vivant en dehors du territoire sous le contrôle d’Israël.

Le 19 juillet 2018, la Knesset israélienne a voté « l’approbation de la loi fondamentale de l’État-nation juif, consacrant constitutionnellement la suprématie juive et l’identité de l’État d’Israël en tant qu’État-nation du peuple juif », a expliqué le groupe de défense des libertés civiles Adalah, basé à Haïfa. Il s’agit de la loi suprême d’Israël « capable d’annuler toute législation ordinaire ».

En 2021, le groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem a publié un rapport intitulé « Un régime de suprématie juive du Jourdain à la mer Méditerranée : c’est l’apartheid ».

Le rapport se lit comme suit :

« Dans toute la zone comprise entre la mer Méditerranée et le Jourdain, le régime israélien met en œuvre des lois, des pratiques et une violence d’État destinées à consolider la suprématie d’un groupe — les Juifs — sur un autre — les Palestiniens. Une méthode essentielle pour atteindre cet objectif consiste à aménager l’espace différemment pour chaque groupe.

Les citoyens juifs vivent comme si toute la région était un espace unique (à l’exclusion de la bande de Gaza).

La ligne verte ne signifie pratiquement rien pour eux : qu’ils vivent à l’ouest de cette ligne, sur le territoire souverain d’Israël, ou à l’est, dans des colonies non officiellement annexées à Israël, n’a aucune incidence sur leurs droits ou leur statut.

En revanche, l’endroit où vivent les Palestiniens est crucial. Le régime israélien a divisé la région en plusieurs unités qu’il définit et gouverne différemment, accordant aux Palestiniens des droits différents dans chacune d’elles. Cette division ne concerne que les Palestiniens… Israël accorde aux Palestiniens un ensemble de droits différents dans chacune de ces unités — tous inférieurs aux droits accordés aux citoyens juifs. »

« Depuis 1948, poursuit le rapport, Israël a pris plus de 90 % des terres situées sur son territoire souverain et a construit des centaines de communautés juives, mais pas une seule pour les Palestiniens (à l’exception de plusieurs communautés construites pour concentrer la population bédouine, après les avoir dépossédés de la plupart de leurs droits de propriété) », lit-on dans le rapport.

Les forces militaires israéliennes arrivent pour démolir la communauté palestinienne
de Khirbet Ein Karzaliyah le 8 janvier 2014.
(B’Tselem, Wikimedia Commons, CC BY 4.0)

« Depuis 1967, Israël a également mis en œuvre cette politique dans les territoires occupés, dépossédant les Palestiniens de plus de 2 000 km2 sous divers prétextes. En violation du droit international, il a construit plus de 280 colonies en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) pour plus de 600 000 citoyens juifs. Il a conçu un système de planification distinct pour les Palestiniens, destiné principalement à empêcher la construction et le développement, et n’a pas établi une seule nouvelle communauté palestinienne. »

[« Tant qu’il n’y aura qu’une seule entité politique appelée Israël dans ce territoire situé à l’ouest du Jourdain, elle sera soit non juive, soit non démocratique. Si ce bloc de millions de Palestiniens ne peut pas voter, ce sera un État d’apartheid », a déclaré l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak en 2010.

Trois ans plus tôt, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert avait déclaré : « Si le jour où la solution à deux États s’effondre, nous sommes confrontés à une lutte de type sud-africain pour l’égalité des droits de vote (également pour les Palestiniens dans les territoires), alors, dès que cela se produira, l’État d’Israël sera fini ».

Un ancien ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud, Alon Liel, a été encore plus direct. « Dans la situation actuelle, tant qu’un État palestinien n’est pas créé, nous sommes en fait un seul État. Cet État commun, dans l’espoir que le statu quo soit temporaire, est un État d’apartheid »].

Cibler les civils

Tanzaniens à Dar es-Salaam protestant contre le bombardement de Gaza par Israël en 2008-2009.
(Muhammad Mahdi Karim, Wikimedia Commons, GFDL).

Contrairement aux affirmations de Kennedy selon lesquelles « la politique de l’armée israélienne est de toujours attaquer uniquement des cibles militaires », le ciblage délibéré de civils et d’infrastructures civiles par l’armée israélienne et d’autres branches de l’appareil de sécurité israélien a été largement documenté par des organisations israéliennes et internationales.

Le rapport Goldstone de 2010, qui compte plus de 500 pages, a enquêté sur l’attaque aérienne et terrestre israélienne de 22 jours contre Gaza, qui s’est déroulée du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et le Parlement européen ont approuvé le rapport.

Selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme, l’attaque israélienne a fait 1 434 morts, dont 960 civils. Plus de 6 000 maisons ont été détruites ou endommagées, laissant derrière elles quelque 3 milliards de dollars de dégâts dans l’une des régions les plus pauvres de la planète. Trois civils israéliens ont été tués par des roquettes tirées sur Israël pendant l’assaut.

Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :

– « De nombreux cas d’attaques meurtrières israéliennes contre des civils et des biens civils étaient intentionnels, notamment dans le but de répandre la terreur, que les forces israéliennes ont utilisé des civils palestiniens comme boucliers humains et que ces tactiques n’avaient pas d’objectif militaire justifiable.

— Les forces israéliennes ont délibérément tué, torturé et infligé d’autres traitements inhumains à des civils et ont délibérément causé d’importantes destructions de biens, en dehors de toute nécessité militaire, sans raison et de manière illégale.

— Israël a violé son obligation de respecter le droit de la population de Gaza à un niveau de vie suffisant, y compris l’accès à une nourriture, une eau et un logement adéquats. »

Le 14 juin de cette année, B’Tselem a rapporté que « de hauts responsables israéliens » sont « pénalement responsables d’avoir sciemment » ordonné des frappes aériennes qui « devaient blesser des civils, y compris des enfants, dans la bande de Gaza ».

Contrairement au mythe propagé par Kennedy, les rapports et les enquêtes, tant de l’ONU que des groupes de défense des droits, nationaux et internationaux, couvrent systématiquement les violations suspectées ou connues des militants palestiniens lorsqu’ils enquêtent sur des crimes de guerre présumés. Comme le note B’Tselem dans le même rapport de 2019, au total, quatre Israéliens ont été tués et 123 blessés.

Le mois dernier, l’experte de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, l’avocate internationale et universitaire italienne Francesca Albanese, a présenté son rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. La lecture de ce rapport est très sombre.

« La privation de liberté est un élément central de l’occupation israélienne depuis le début. Entre 1967 et 2006, Israël a incarcéré plus de 800 000 Palestiniens dans le territoire occupé. Bien qu’elle ait connu un pic lors des soulèvements palestiniens, l’incarcération est devenue une réalité quotidienne. Plus de 100 000 Palestiniens ont été détenus pendant la première Intifada (1987-1993), 70 000 pendant la deuxième Intifada (2000-2006) et plus de 6 000 pendant l’ ‘Intifada de l’unité’(2021).

Environ 7 000 Palestiniens, dont 882 enfants, ont été arrêtés en 2022. Actuellement, près de 5 000 Palestiniens, dont 155 enfants, sont détenus par Israël, dont 1 014 sans inculpation ni jugement. »

Torture

Environ 1 200 plaintes « alléguant des violences lors des interrogatoires du Shin Bet [l’Agence de sécurité israélienne] » ont été déposées entre 2001 et 2019, selon le Comité public contre la torture en Israël.

« Aucune inculpation n’a été prononcée », rapporte le comité. « C’est une nouvelle illustration de l’impunité systémique totale dont jouissent les interrogateurs du Shin Bet. »

Les méthodes coercitives comprennent le harcèlement sexuel et l’humiliation, les coups, les positions de stress imposées pendant des heures et les interrogatoires qui ont duré jusqu’à 19 heures, ainsi que les menaces de violence à l’encontre des membres de la famille.

« Ils ont dit qu’ils tueraient ma femme et mes enfants. Ils ont dit qu’ils annuleraient les autorisations de traitement médical de ma mère et de ma sœur », a déclaré un survivant en 2016. « Je ne pouvais pas dormir parce que même lorsque j’étais dans ma cellule, ils me réveillaient toutes les 15 minutes… Je ne pouvais pas faire la différence entre le jour et la nuit… Je crie encore dans mon sommeil », a déclaré un autre survivant en 2017.

L’ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, a exprimé « sa plus grande inquiétude » après un arrêt rendu en décembre 2017 par la Cour suprême d’Israël exemptant les agents de sécurité d’une enquête criminelle malgré leur utilisation incontestée de « techniques de pression » coercitives contre un détenu palestinien, Assad Abu Gosh. Il a qualifié cet arrêt de « permis de torturer ».

M. Abu Gosh “aurait été soumis à de mauvais traitements, notamment des passages à tabac, des coups contre les murs, des flexions du corps et des doigts, des ligatures dans des positions douloureuses, des privations de sommeil, ainsi que des menaces, des insultes et des humiliations”. Les examens médicaux confirment que M. Abu Gosh souffre de diverses lésions neurologiques résultant des tortures qu’il a subies ».

Libertés civiles

Graffiti « Gazez les Arabes ! » à Hébron, 2008.
(Magne Hagesæter, Wikimedia Commons, CC BY 3.0)

Lors des élections de novembre 2022 en Israël, une coalition d’extrême droite théocratique, nationaliste et ouvertement raciste a pris le pouvoir. Itamar Ben-Gvir, du parti ultranationaliste Otzma Yehudit, « Puissance juive », est ministre de la sécurité nationale. Otzma Yehudit est composé d’anciens membres du parti Kach du rabbin Meir Kahane, qui s’est vu interdire de se présenter à la Knesset en 1988 pour avoir épousé une « idéologie de type nazi » qui prônait notamment le nettoyage ethnique de tous les citoyens palestiniens d’Israël, ainsi que de tous les Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne.

Sa nomination, ainsi que celle d’autres idéologues d’extrême droite, dont Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, met un terme aux vieilles rengaines utilisées par les sionistes libéraux pour défendre Israël, à savoir qu’il est la seule démocratie du Moyen-Orient, qu’il recherche un règlement pacifique avec les Palestiniens dans le cadre d’une solution à deux États, que l’extrémisme et le racisme n’ont pas leur place dans la société israélienne et qu’Israël doit imposer des formes draconiennes de contrôle aux Palestiniens afin de prévenir le terrorisme.

Le nouveau gouvernement de coalition serait en train de préparer une législation qui permettrait de disqualifier presque tous les membres palestiniens/arabes de la Knesset pour siéger au parlement israélien, et d’interdire à leurs partis de se présenter aux élections. Les récentes « réformes » judiciaires réduisent à néant l’indépendance et le contrôle des tribunaux israéliens. Le gouvernement a également proposé de fermer Kan, le réseau de radiodiffusion public, bien que cette proposition ait été modifiée pour corriger ses « défauts ». M. Smotrich, qui s’oppose aux droits des LGBTQ et se qualifie lui-même d’’homophobe fasciste », a déclaré mardi qu’il gèlerait tous les fonds destinés aux communautés palestiniennes d’Israël et à Jérusalem-Est.

Israël a promulgué une série de lois visant à restreindre les libertés publiques, à qualifier de terrorisme toutes les formes de résistance palestinienne et à qualifier d’antisémites les partisans des droits des Palestiniens, même s’ils sont juifs. La modification de l’une des principales lois israéliennes sur l’apartheid, la « loi sur les comités de village » de 2010, accorde aux quartiers comptant jusqu’à 700 ménages le droit de refuser l’installation de personnes afin de « préserver le tissu » de la communauté. Israël a plus de 65 lois qui sont utilisées pour discriminer directement ou indirectement les citoyens palestiniens d’Israël et ceux des territoires occupés.

La loi israélienne sur la citoyenneté et l’entrée en Israël empêche les citoyens palestiniens d’Israël d’épouser des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.

Les mariages interreligieux sont également interdits en Israël.

Comme l’explique Jacob N. Simon, qui a été président de la Jewish Legal Society au Michigan State University College of Law :

« La combinaison des exigences liées à la lignée sanguine pour être considéré comme juif par le tribunal rabbinique orthodoxe et la restriction du mariage exigeant des cérémonies religieuses montre une intention de maintenir la pureté de la race. Au fond, cela n’est pas différent du désir d’avoir des Aryens au sang pur dans l’Allemagne nazie ou des Blancs au sang pur dans le sud des États-Unis de l’époque Jim Crow ».

Ceux qui soutiennent ces lois discriminatoires et embrassent l’apartheid israélien sont aveuglés par l’ignorance volontaire, le racisme ou le cynisme. Leur objectif est de déshumaniser les Palestiniens, de défendre un chauvinisme juif intolérant et d’inciter les naïfs et les crédules à justifier l’injustifiable. Kennedy, dépourvu d’une boussole morale et d’un système de croyances ancré dans des faits vérifiables, n’a pas seulement laissé tomber les Palestiniens, il nous a laissés tomber.

Chris Hedges, 15 août 2023

Chris Hedges est un journaliste lauréat du prix Pulitzer qui a été correspondant à l’étranger pendant 15 ans pour le New York Times, où il a été chef du bureau du Moyen-Orient et chef du bureau des Balkans. Auparavant, il a travaillé à l’étranger pour The Dallas Morning News, The Christian Science Monitor et NPR.

Source : Scheerpost.com

Traduit par Arrêt sur info




Révolution culturelle aux USA : comment la gauche radicale a tout conquis

[Source : causeur.fr]

Christopher Rufo est chercheur au Manhattan Institute for Policy Research. Son nouveau livre décortique au scalpel les théories radicales développées dans les années 1960 et 1970 qui ont progressivement capturé les institutions américaines. L’analyse de Michèle Tribalat [Démographe].


Par Michèle Tribalat

Marcuse, le prophète

Christopher Rufo consacre de longs développements aux précurseurs des théoriciens critiques d’aujourd’hui. Pour Herbert Marcuse, la précondition à la révolution était la démolition de la culture, de l’économie et de la société existante. Sa théorie eut un succès immédiat à la fin des années 1960 des deux côtés de l’Océan. S’il fut parfois chahuté, ce fut par de jeunes militants nourris de sa philosophie et impatients d’en découdre. La Nouvelle Gauche, à travers toutes sortes de groupements (Weather Underground Organization, Black Liberation Army), se lança dans une guérilla, espérant ainsi soulever les masses opprimées. Pendant 15 mois en 1969-70, la police enregistra 4330 attentats à la bombe et 43 morts. C’est Nixon qui siffla la fin de la partie.

Constatant la défaite de cette stratégie violente, Marcuse conseilla aux militants de se retirer dans les universités et de pratiquer la stratégie formulée par Rudi Dutschke : « une longue marche à l’intérieur des institutions ». À l’université, pour s’emparer des moyens de production du savoir, il fallait former des étudiants qui deviendraient les cadres potentiels d’un nouveau mouvement révolutionnaire, lequel s’étendrait, par contagion, à la société toute entière. Le manifeste Prairie Fire de Bernardine Dohrn, Bill Ayers et Jeff Jones, paru en 1974, s’il fut un peu le chant du cygne des Weathermen, allait devenir le dictionnaire de la vie intellectuelle américaine et l’état d’esprit de Marcuse allait s’incruster et dominer sur les campus. Ajoutons, au triomphe posthume de Marcuse, le rôle joué par Erica Sherover-Marcuse, sa troisième épouse, qui fut une figure centrale du maquillage stratégique de la théorie critique en DEI (Diversité, Équité, Inclusion), « équivalent d’un bulldozer moral ». Aux oppressions cataloguées dans la théorie critique, DEI offrait le remède. De 1987 à 2012, Le nombre d’employés de l’administration des collèges et universités s’accrut de 500 000 et, en 2015, il était proche du million. Dans l’université californienne, devenue le « royaume d’un parti unique », le secteur DEI comprend 400 employés pour un budget annuel de 35 millions. Le rêve de Marcuse s’y est accompli. L’université y est devenue la première institution révolutionnaire. Une révolution quasiment invisible, réalisée d’en haut et formulée dans le vocabulaire des sciences sociales, allait s’étendre aux médias. La capture du New York Times, qui s’était autrefois moqué de Marcuse et de ses adeptes, fut un moment décisif. Les autres grands journaux de gauche suivirent. Vint ensuite la conquête des rouages de l’État qui s’opéra sans grande difficulté. Les programmes DEI ont constitué une manne pour les militants de gauche et sont devenus la culture dominante des organismes publics. La dernière conquête fut celle des grandes entreprises. Autrefois des cibles, elles sont devenues le véhicule des théories critiques. Les programmes DEI financent les organisations militantes, mais sont, pour les patrons, une police d’assurance. Lors des émeutes qui ont suivi la mort de George Floyd, cinquante grandes entreprises s’engagèrent ainsi à verser 50 milliards de dollars en faveur de l’équité raciale. Elles auraient autrefois payé les syndicats. Aujourd’hui, elles paient les organisations militantes engagées sur les questions raciales en espérant les amadouer.

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D’Angela Davis aux Black Studies

Angela Davis, disciple de Marcuse, représentait l’union de l’intelligentsia blanche et du ghetto noir. Elle était favorable à l’action violente, si nécessaire, et, pour elle, le vrai combat contre le racisme ne pouvait commencer que lorsque serait détruit tout le système. Angela Davis ajouta à son parcours universitaire brillant aux États-Unis une formation à l’Institut de recherche sociale de Francfort, berceau des théories critiques. De retour aux États-Unis, elle prépara sa thèse sur Kant tout en donnant des cours. Communiste déclarée, son contrat de professeur assistant ne sera pas renouvelé en 1970. Elle fut membre du groupe qui participa à la prise d’otages dans le Palais de justice visant la libération des Soledad Brothers, prisonniers à San Quentin, et qui se termina par la mort de trois preneurs d’otages et du juge. Elle fut arrêtée, puis conduite à la prison pour femmes de New York où elle fut acclamée comme une star. Lors de son procès, Angela Davis réussit à mettre la société américaine au banc des accusés et à convaincre les jurés qu’elle en était victime. Elle fut déclarée innocente sous les acclamations de la salle. Davis devint ainsi une star internationale, accueillie comme telle dans les régimes communistes, de Cuba à Moscou en passant par Berlin-Est. Elle aimait se décrire comme une néo-esclave dans un pays dérivant vers le fascisme, à l’image de l’Allemagne avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Dans la même veine, la rhétorique du Parti des Black Panthers (BPP), qui avait popularisé le slogan « Kill the pigs » (pigs pour policiers), avait déchaîné une vague de violences qui s’acheva dans une zizanie, à l’intérieur du mouvement, inspirée par les infiltrations du FBI. Au lieu d’entraîner les quartiers noirs dans la révolte, les actions violentes y déclenchèrent la réprobation lorsque des policiers noirs furent tués. La révolution se termina par une attrition ne laissant subsister qu’une poignée de militants marchant à la cocaïne et dévalisant des magasins et des banques. Si Angela Davis les soutint jusqu’au bout en les présentant comme des combattants de la liberté, elle avait perdu de son influence. Elle ne réunit, avec son colistier Gus Hall, que 45 000 voix aux élections présidentielles de 1980, pour le parti communiste.

Angela Davis se réfugia à l’université et son combat changea de nature. Professeur et conférencière à l’UCLA, elle fit preuve d’un grand talent pour obtenir le soutien d’institutions qu’elle combattait. Son programme radical — faire de l’identité raciale et sexuelle le fondement de l’action politique — est devenu celui des sciences humaines. C’est un groupe de lesbiennes noires militantes, s’inspirant des travaux de Davis — Combahee River Collective — qui employa, pour la première fois, l’expression « identity politics » (politiques d’identité). Angela Davis et ses disciples ne demandaient plus la libération des prisonniers, mais l’abolition du système tout entier.

Ce mouvement, visant à connecter l’idéologie Black Panther au pouvoir administratif, essaima rapidement au-delà de San Francisco. Au milieu des années 1970, on dénombrait 500 programmes de Black Studies dans les universités américaines. Aujourd’hui, 91 % des universités publiques ont un programme de Black Studies.

Black Lives Matter (BLM) renoue avec la révolution

La grande victoire de BLM a été de s’assurer le soutien d’institutions prestigieuses. BLM n’a rien inventé sur le fond, mais sur le langage et la présentation. BLM chercha ainsi à se concilier les élites afin de les mobiliser sur les questions raciales et sexuelles. Les enquêtes du Pew Research Center retracent l’évolution anachronique des perceptions de la question noire à gauche. En 2017, 76 % des Américains proches des Démocrates disaient que le racisme était un gros problème aux États-Unis contre 32 % en 2009. La mort de George Floyd aux mains d’un policier en 2020 déclencha une révolution culturelle, en marche depuis des décennies, et qui suivait à la lettre les propos d’Angela Davis à ses étudiants à l’UCLA : « Effacez le passé, démolissez le présent et contrôlez l’avenir ».

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Des chaînes de magasins ont commencé à afficher des banderoles en faveur de BLM. Avec un parfum soviétique, les médias américains ont présenté BLM comme une marche vers la libération, les exactions et les crimes n’étant, comme le clamaient les militants dans les années 1960, qu’une réaction à l’oppression. Seattle fut sans doute la ville qui exhiba la plus grande complaisance à l’égard des débordements violents et des prises de pouvoir locales, notamment dans la zone autonome CHAZ (Capitol Hill Autonomous Zone). Dans la CHAZ, les factions les plus armées et agressives devinrent la police de facto, avec un taux d’homicide 50 fois supérieur à celui de Chicago et dont toutes les victimes étaient noires, jusqu’à ce que la CHAZ soit reprise par la police du centre-ville.

Pédagogie critique : la révolution éducative

Le livre fondateur de la pédagogie critique est celui du Brésilien Paulo Freire. Il fut traduit en anglais en 1970 aux États-Unis où Freire avait trouvé refuge. Avec plus d’un million de copies vendues, c’est le 3e livre le plus cité dans les sciences sociales. Sur la fin de sa vie, il collectionna les hommages et 27 doctorats honorifiques dans le monde.

D’après Paulo Freire, fidèle jusqu’au bout aux régimes communistes, la révolution doit commencer dans la salle de classe et se terminer dans la rue. En 1974, il qualifia la révolution culturelle chinoise de « solution la plus géniale du siècle » et c’est en Guinée-Bissau qu’il alla, à l’invitation du président Luis Cabral, l’expérimenter. Ce fut un fiasco. Après trois ans d’application de son programme auprès de 26 000 adultes, aucun n’en sortit alphabétisé. Ce qui n’empêcha pas la réactivation de son projet… aux États-Unis, pays qui, pour lui, incarnait le summum de l’oppression. Il y rencontra notamment Henry Giroux avec lequel il coédita une série de Critical Studies in Éducation. Ils comptaient, eux aussi, sur la capture des universités pour que les théories critiques ruissellent jusque dans les salles de classe. Et c’est ainsi qu’en 40 ans les théoriciens critiques réussirent à dominer le champ éducatif et introduisirent les idées et les concepts qui formatent aujourd’hui les discours sur la justice sociale. Des milliers d’écoles publiques forment ainsi des enfants à voir le monde à travers le prisme de la pédagogie critique. On prétend mettre à mal la domination de la culture chrétienne blanche, par exemple, en apprenant aux enfants des chants indigènes, y compris les chants des Aztèques qui pratiquèrent le sacrifice humain et le cannibalisme. En Californie, la pédagogie critique est devenue obligatoire. Il s’agit de décoloniser l’éducation (y compris les mathématiques dites occidentales) par un transfert de pouvoir des parents vers une classe bureaucratique, tout en offrant un débouché aux universitaires théoriciens critiques. De 1970 à 2010, dans les écoles publiques californiennes, le nombre d’élèves a augmenté de 9 % quand celui du personnel, dont la moitié n’enseigne pas, progressait de 130 %.

Les pédagogues critiques prônent une pédagogie différentiée à l’égard des oppresseurs et des opprimés. Aux « oppresseurs » est dédiée une pédagogie de la « blanchité » qui est censée les convaincre qu’ils sont « infectés » par « l’ignorance blanche », la « complicité blanche », le « privilège blanc », le « déni blanc » et la suprématie blanche ». Les Blancs doivent donc confesser leur racisme et subir un traitement de choc pour se purger. Ces pédagogues critiques voient dans la manipulation de l’identité raciale le moyen de faire advenir la révolution attendue à gauche : reformater la psychologie de l’enfant pour le conduire à militer et participer à la reconstruction d’un ordre social favorable à l’opprimé. Par exemple, en maternelle, on va montrer aux enfants une vidéo dans laquelle des enfants noirs morts leur parleraient, de leur tombe, et les mettraient en garde contre la police capable de les tuer à tout moment. En fin de lycée, les enfants ont exploré tous les secteurs de la domination du régime de blanchité. On encourage les élèves à imaginer un système de justice traditionnel africain qui se préoccuperait non de punir, mais de réparer, privilégierait les valeurs collectives sur les droits individuels, interdirait la propriété privée. Une sorte de communisme primitif qui aurait existé avant tout contact avec les Européens. Cette pédagogie critique ne semble pas avoir eu de meilleurs résultats qu’en Guinée-Bissau. Elle a capitalisé sur les théories de Paulo Freire en y mêlant une politique raciale manipulant la culpabilité, la honte, l’envie, la fierté pour induire les enfants dans un activisme identitaire. Même les enseignants d’anglais seconde langue pour immigrants doivent apprendre à ces derniers, qu’« aux États-Unis, le racisme est omniprésent comme l’air qu’on respire » et qu’il faut relativiser la victoire de la mobilisation des Noirs des années 1960. Cette pédagogie critique joue avec le feu. On a des enseignants et des administrateurs qui condamnent les enfants qu’ils sont censés éduquer à une vision du monde si pessimiste que le seul recours possible semble être la violence. Les institutions de Portland se sont ainsi enferrées dans le paradoxe d’un État dont le système éducatif concourt à sa propre destruction. Elles ont façonné le caractère éruptif de la jeunesse sans être sûres de pouvoir en supporter les conséquences.

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Du pessimisme radical de Derrick Bell à l’intersectionnalité

Derrick Bell est l’un de ceux qui plantèrent le décor des politiques raciales de notre temps. Il fut, en 1971, le premier professeur noir recruté à la faculté de droit de Harvard. Dans les années 1980, il abandonna son travail académique pour des fictions horrifiques sur le sort des Noirs et devint la star de l’intelligentsia blanche. Pour lui, la condition des Noirs était pire que durant l’esclavage. Les émules de Derrick Bell participèrent activement à la capture des institutions, laquelle était complète dix ans après la mort de ce dernier en 2011. Leur idéologie est devenue l’idéologie par défaut des universités, du gouvernement fédéral, des écoles publiques et des départements de ressources humaines des entreprises. Derrick Bell, lui aussi, pensait que la réforme ne viendrait pas d’un processus démocratique, mais d’un remodelage des mœurs des élites. Il fut rejoint par des collègues dans ce qu’on appela les « critical legal studies ». Son activisme finit par lasser l’administration et, après deux ans de congé sans solde, il fut congédié de Harvard. D’après Thomas Sowell, Bell fut un des premiers à souffrir de l’Affirmative Action. Conscient d’avoir été recruté à Harvard parce que noir, Bell n’avait que deux options : vivre dans l’ombre de juristes plus accomplis ou se lancer dans un militantisme racial déchaîné. Un petit groupe des disciples de Bell firent des perceptions du maître un programme de recherche et d’action, la Théorie critique de la race (TCR), qui a changé le visage de la société américaine.

Le concept de TCR fut élaboré, lors d’une réunion de Derrick Bell et de ses disciples dans un ancien couvent — St Benedict — du Wisconsin, pendant l’été 1989 et dont Kimberlé Crenshaw fut l’une des organisatrices. De nombreuses publications suivirent. Un élément central de la TCR est une reconceptualisation de la vérité dans la ligne des postmodernistes. En rabaissant la rationalité à une forme de colonialisme académique dominé par les normes blanches et dont l’universalisme prétendu n’est qu’une forme de domination des minorités raciales. D’où la nécessité de redistribuer le pouvoir en faveur des minorités. Un autre élément central de la TCR est l’intersectionnalité (terme inventé par Crenshaw) qui étend la vision marxiste à une multiplicité d’oppressions hiérarchisées. L’oppresseur ultime est le mâle blanc non handicapé hétérosexuel, et la victime par excellence, la femme noire, qui devient une source d’autorité. La TCR appelle à l’action. Il faut ébranler l’hégémonie blanche par la subversion des institutions de l’intérieur et la création une contre-hégémonie dans la structure du pouvoir. Une fois le programme de la TCR connu, il reçut des critiques argumentées, mais qui restèrent sans effet, tout en détruisant la réputation de leurs auteurs, notamment celle des auteurs noirs traités d’esclaves copiant leurs maîtres blancs.

DEI ou la perversion du langage

À l’université, les méthodes des promoteurs de la TCR (vendettas, dénonciations…) leur permirent de gagner un statut dans les établissements d’élite. La tête de pont fut les facultés de droit. Puis, la TCR devenant un prérequis pour avancer sa carrière, elle conquit discipline après discipline. Le tout sous l’appellation DEI, apparemment moins provocante que TCR, mais qui reste une perversion du langage. Ainsi, diversité signifie l’inversion de la hiérarchie. L’équité recherche l’égalité réelle entre groupes. Quant à l’inclusion, elle prend un sens opposé à son sens réel, soit la régulation du discours et du comportement pour protéger le bien-être subjectif de la coalition intersectionnelle. Les programmes DEI ont été imposés dans tous les organes du gouvernement fédéral, tout en faisant la fortune de quelques consultants spécialisés. Que veulent-ils ? Pour y répondre, Christopher Rufo recommande de retourner aux tout premiers textes de la TCR qui proposent une révision globale du système de gouvernance américain en trois points :

1) abandonner la notion d’égalité indifférente à la couleur. Le 14e amendement ayant échoué à accomplir une égalité raciale substantielle, il faut l’étendre pour y inclure des droits économiques, ce qui suppose un système d’affirmative action, de quotas raciaux, de réparations et de droits fondés sur les groupes et non plus les individus ;

2) redistribuer la richesse en fonction de la race, y compris les propriétés privées confisquées puis redistribuées selon une répartition raciale ;

3) ce nouveau système fondé sur le droit des groupes serait appliqué grâce à une régulation du discours jugé haineux. Pour cela, il faudrait drastiquement restreindre le 1er amendement. Le sens des 1er et 14e amendements et les protections de la propriété privée seraient détruits. Une forme de tyrannie contrôlerait, à la soviétique, la distribution des ressources matérielles, les comportements et les discours. Le tout serait supervisé, selon Ibram Kendi, par un Department of Antiracisme (DOA), composé d’experts aux pouvoirs quasi illimités, une sorte de 4e branche du pouvoir, n’ayant pas de comptes à rendre aux électeurs.

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La stratégie contre-révolutionnaire que propose Christopher Rufo

La grande vulnérabilité de la révolution culturelle américaine réside dans le fait qu’elle vit sous perfusion de financements publics. La tâche la plus urgente pour ses adversaires est d’exposer la nature de l’idéologie, la manière dont elle opère et monter un plan pour riposter et l’abolir par un processus démocratique. Ils doivent camper sur la brèche creusée entre les abstractions utopiques de la révolution culturelle et ses échecs concrets, élaborer une stratégie visant à libérer les institutions de son influence et protéger le citoyen ordinaire de valeurs imposées d’en haut. Il leur faut soumettre le régime actuel à des tests simples : les conditions de vie se sont-elles améliorées ou détériorées ? Les villes sont-elles plus sûres ? Les enfants savent-ils lire ?…

Au lieu de libérer le militant noir de son complexe d’infériorité et de son désespoir, la révolution raciale l’a enfoncé dans cet état psychologique. Les théories critiques, comme idéologie dominante, risquent de conduire les États-Unis dans un cercle vicieux d’échec, de cynisme et de désespoir. Les théoriciens critiques qui revendiquent la représentation des opprimés ne sont en fait qu’une classe bureaucratique entièrement protégée des contraintes du secteur privé. « Ils pensent être les intellectuels organiques à la Gramsci alors qu’ils ne sont que des tigres de papier ». Ils devront finir par se confronter à des questions difficiles. Qu’ont-ils à offrir aux opprimés ?

Les professeurs de Harvard, Columbia et UCLA ne sont pas des guerriers. Ils ne menacent pas le système, ils en dépendent. Si le ressentiment est utile pour obtenir le pouvoir, il ne l’est pas pour l’exercer utilement. Ce qui laisse un espace pour affronter la révolution sur son terrain avec une force au moins égale et la vaincre politiquement. La contre-révolution doit commencer par redonner du sens aux souhaits basiques des Américains. Elle doit être une force positive visant à restaurer ce qui a été démoli. Pour y parvenir, il lui faut faire le siège des institutions qui ont perdu la confiance du public. Son but n’est pas de contrôler l’appareil bureaucratique, mais de le briser. Pour réussir, les architectes de la contre-révolution doivent développer un nouveau vocabulaire politique capable de percer le récit racialiste bureaucratique. Pour ce faire, il leur faut puiser dans le réservoir du sentiment populaire afin de recueillir un soutien massif et construire ainsi des politiques qui coupent tout lien entre les idéologies critiques et le pouvoir administratif. La contre-révolution doit armer la population d’un ensemble de valeurs, exprimé dans un langage qui dépasse les euphémismes idéologiques actuels, et restaurer un sens de l’histoire plus sain qui inspire au lieu de faire honte. Le conflit le plus profond n’est pas un conflit de classes, de races ou d’identités, mais une opposition entre les institutions d’élite et le citoyen ordinaire. La contre-révolution doit éclairer ce dernier sur le nihilisme qui menace de l’ensevelir et contribuer à restaurer le rôle de l’exécutif, du législatif et du judiciaire au détriment de l’ingénierie sociale qui sévit aujourd’hui.

Christopher F. Rufo, America’s Cultural Revolution: How the Radical Left Conquered Everything (Broadside Books, 2023), 352 pp, 29,28€

Source : Le blog de Michèle Tribalat



La façon dont « le courrier des Stratèges » attaque Riposte Laïque est dégueulasse

Par Lucien SA Oulahbib

Un mot fort pour indiquer que l’on n’attaque pas ainsi en dessous de la ceinture en se ralliant de fait à ceux que les propriétaires sont censés combattre, non pas seulement « la Caste », mais la Secte — en ce sens où celle-ci recrute également tout le monde (à la différence de la première, qui coopte seulement) et qu’elle interdit toute dissidence alors qu’une caste admet en son sein toutes les nuances de « gris » (à la cervelle de crevette ayant la même couleur). Cette distinction entre secte et caste n’est pas uniquement une question de vocabulaire, mais d’analyse globale de l’état actuel du système global basé sur la fusion organique et non plus tactique entre la Technostructure publique et privée avec l’Affairisme international à tendance mafieuse — qu’il est trop aisé d’indiquer comme représentant uniquement « la » finance, celle-ci étant en effet le nerf de toute guerre depuis la nuit des temps. C’est du moins ce que l’article somme toute mesuré publié dans Riposte Laïque a juste souligné, sans injurier, en se demandant par exemple pourquoi le Courrier des Stratèges ne voyait pas que le nihilisme du sansfrontièrisme et cette proposition d’« Édit de Nantes avec “les” musulmans » faite par le Courrier (ou le degré zéro de l’analyse politique) font partie du souhait de cette Secte qui veut annihiler toute particularité souveraine (Nations) et toute singularité individuelle (queerisme antigay et pédophile) en réduisant les peuples en « particules élémentaires » modélisables, injectables, remplaçables, nouvelle matière première de la machinerie cybernétique divisée en passifs (les sans-dents et « ceux qui ne sont rien ») et actifs (l’élite de la Secte et ceux qu’elles cooptent pour commander, rectifier moralement…).

Et cette Secte (nommée ailleurs SHAA) a besoin de gardes-chiourmes pour maintenir son Hégémonie (et Orbe) — elle l’a trouvée ces temps-ci dans les rangs des néoléninistes petits bourgeois s’étant fait une santé avec la guerre d’Algérie, du Vietnam, et le mai 68 dévoyé, après avoir écrémé le centrisme mou des sociaux-démocrates et des catho-sociaux (à la base des ONG) et d’un zeste de communistes repentants, tous à la recherche avide, mais aussi désintéressée de places en son sein (en la contestant par exemple, sauf que la critique fait partie de sa révolution permanente). Et tous se servent de la fibre révoltée de toute jeunesse, car « chaque génération est un nouveau peuple » disait Tocqueville, pour à la fois propager les thèmes permettant de conforter la « conception du monde » hégémonique, et chasser les dissidents, les traquer, puis les tuer déjà socialement…

Or, il se trouve que le Courrier des Stratèges, du fait de ses convictions, et de ses analyses de bon niveau sur la situation internationale et sociale-économique, et le poids grandissant de la fusion, organique, entre l’État et les FTN, avait de l’intérêt pour la sauvegarde des libertés fondamentales. Mais soudain, au détour d’une maladresse policière (compréhensible, car il aurait pu être écrasé sur le mur et que « force doit rester à la loi ») — qui n’aurait pas fait tant foin s’il n’y avait pas eu ces émeutes (et à l’instar du « ceci n’est pas une pipe » de Magritte, celles-ci ne sont pas des révoltes) avides plutôt de voler à la hauteur de la démesure narcissique d’aujourd’hui (car on n’y a pas volé « que » du pain, mais surtout des objets de marque) au lieu de partir à l’assaut du « macronisme » comme le voulaient également les « stratèges » de la Nupes, et comme le croyaient également nos libertariens en herbe du Courrier (en herbe, car à côté d’un Friedman, père et fils — Milton et David —, ou même d’un Bastiat qu’aimait titiller Marx, il y a de la marge…)

Non, ces émeutes n’étaient pas « l’étincelle qui met le feu à la plaine », mais le trop plein d’une société narcissisée et rétrécie aux « besoins » parmi lesquels même les livres ne sont plus les bienvenus (ils avaient été écartés lors de la crise hygiéniste comme « inessentiels ») du « prêt-à-penser » comme l’on disait autrefois lorsque l’analyse critique avait du coffre, le tout maquillé bien sûr en « révolte antiraciste ». Et même le Courrier s’y est fait prendre en ce sens où ces émeutes sont surtout le résultat convexe, la synthèse, la Somme de toute les gabegies aujourd’hui ambiantes allant du pédagogisme propagandiste sur la colonisation, les crimes communistes (parlant seulement des crimes nazis) aujourd’hui l’écologisme alarmiste (l’autre A de SHAA le premier étant celui de l’Affairisme nihiliste…) jusqu’à un regroupement familial sans autre condition que l’atermoiement bureaucratique par ailleurs contradictoire :

faire ainsi croupir des milliers de gens sous des abris de fortune en France ou en Italie alors que c’est bien, d’abord, un problème mondial, avec pour conséquence l’accroissement désormais constant (quoi qu’en dise un Lebrun bien moins compétent qu’une Tribalat) d’une population à qui, l’on enseigne, en plus, et même seulement, qu’elle est surtout une victime de l’Histoire, uniquement française d’ailleurs, et qu’elle doit, de ce fait, non seulement exiger, mais considérer que ses « propres » valeurs peuvent non seulement se déployer (se reproduire telles qu’elles comme si elles étaient « fixes »…), mais surtout se développer — tout en se substituant aux valeurs propres à la culture française (qui non seulement « existe », mais se vit en tant que telle) avec tout un prosélytisme multiforme, encouragé par clientélisme et conviction altermondialiste, financé par des puissances étrangères (jusqu’aux USA en « banlieues difficiles) via les centres dits “cultuels” et les mosquées de diverses obédiences alors qu’aucune Église, synagogue, pagode, aucun centre laïque, n’est construite dans les pays musulmans pour la plupart corrompus ; mais ils sont de moins en moins les seuls à l’heure du régime mafiosique généralisé…

Au fond, le Courrier, mais il n’est pas le seul, n’a pas eu cette profondeur en analyse sociopolitique qui lui aurait permis de comprendre, ne serait-ce qu’en lisant Hobbes, que tout groupe lorsqu’il est reconnu tel, même informellement via la dimension “culturelle”, veut se déployer (se conserver) et se développer (s’affiner en qualité) pratiquement : c’est-à-dire jusqu’à exiger la partition, la sédition, comme ce fut le cas pour les protestants de plus en plus en cheville avec l’Angleterre, d’où la nécessité de casser l’Édit de Nantes (quitte à s’allier à d’autres protestants en Allemagne comme le fit Richelieu…) afin d’empêcher que se déploie des “fragments” que d’aucuns rêvent d’accomplir par ailleurs en France en la ramenant à ce qu’elle était avant Charlemagne…

Ou l’individualisation forcenée, mais fantasmée parce que l’être humain est un animal politique disait Aristote (et non pas seulement “social” comme certaines traductions l’y réduisent) et qu’il a donc besoin de se reconnaître et d’être reconnu (politeia) par un quelque chose plus grand que lui, un référent des référents qui donne du sens à tous les signifiants et signifiés, en clair, à une transcendance que l’esprit objectif (ou culture commune chez Durkheim) amène, renforce dans l’idée de Nation Laïque c’est–à-dire ce qui dépasse, singulièrement (selon les particularités historiques), les origines ethniques, sociales, religieuses, afin d’atteindre ce bonheur dont parlent Aristote (et Bainville) en tant que but objectif (polis) et subjectif (politeia) que se donne la Cité, et dans laquelle les individus sont heureux d’être ensemble et non pas seulement de cohabiter…

Mais comme il existe des ennemis à cette Nation Laïque (à chaque fois singulière selon l’histoire de chaque peuple) il faut bien riposter… Et aussi proposer : que les propriétaires du Courrier aient le courage d’organiser un débat loyal avec de “vrais” opposants au lieu de faire comme les autres et jeter des sortilèges… Cela nous grandirait non ?… Chiche ?…




Le plan de dépopulation mondiale et sa stratégie

[Source : expose-news.com]

[Illustration : Getty Images]

Les chiffres de Deagel concernant la dépopulation en 2025 sont un objectif et non une estimation. Parce qu’on n’a plus besoin de vous en raison de la naissance de l’intelligence artificielle et que la prochaine étape du plan de l’élite est d’utiliser la propagande de l’ébullition mondiale pour vous convaincre que vous êtes l’empreinte carbone qui doit être éliminée.
Un plan effrayant a été découvert, qui devrait vous choquer au plus haut point.

Depuis des décennies, les puissances mondiales orchestrent une stratégie de dépopulation, dissimulée sous le couvert de crises de santé publique, d’instabilité économique et de préoccupations environnementales.

Aujourd’hui, à l’aube de la révolution de l’intelligence artificielle, que Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, appelle affectueusement la quatrième révolution industrielle, le monde est confronté à un avenir inquiétant.

L’intelligence artificielle étant sur le point de remplacer la main-d’œuvre faiblement rémunérée, la main-d’œuvre humaine, autrefois indispensable, est soudain dépeinte comme le méchant d’une soi-disant saga environnementale qui a été baptisée de nombreux noms :

« Réchauffement de la planète », « Changement climatique » et maintenant même « Ébullition de la planète », comme le Secrétaire général des Nations unies l’a scandaleusement annoncé au monde le 27 juillet 2023 en proclamant à tort :

« Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et ce n’est que le début. »

« L’ère du réchauffement climatique est terminée ; l’ère de l’ébullition mondiale est arrivée. »

« L’air est irrespirable. »

António Guterres, secrétaire général des Nations unies, lors de sa conférence de presse sur le climat.
Source

En réalité, la prétendue crise du changement climatique n’est qu’un autre rouage d’un programme de dépopulation dissimulé, habilement mis au point par les pouvoirs en place.

Et la seule empreinte carbone qu’ils veulent éliminer, c’est vous.

Préparez-vous à vous aventurer au cœur de cette histoire qui fait froid dans le dos, en naviguant dans le labyrinthe des prévisions inquiétantes, des documents ultrasecrets, des politiques stratégiques et de l’histoire du changement climatique qui fait partie d’un grand dessein inquiétant.

Section 1 : Un monde piloté par l’IA et la proposition impensable

L’intelligence artificielle (IA) devient omniprésente et promet un avenir aux possibilités infinies. Mais y aurait-il un revers à la médaille ?
Imaginez un peu :
À mesure que l’IA continue d’évoluer, des millions, voire des milliards d’êtres humains ne seront plus nécessaires pour les emplois quotidiens qui, par construction, sont faiblement rémunérés.
Ils deviendront en fait des « mangeurs inutiles ».
L’establishment n’ayant pas l’intention de payer pour qu’ils vivent, un plan est en cours d’élaboration depuis des décennies, qui consiste à réduire délibérément la population humaine.
Bienvenue dans une vérité qui fait froid dans le dos et qui nous plonge dans les bas-fonds de prédictions inquiétantes et de schémas sinistres que vous ne trouverez pas sur BBC News.

Section 2 : L’oracle de la ruine — Les prévisions de Deagel en matière de dépopulation

Deagel.com est une obscure entité en ligne connue pour ses données exhaustives sur les capacités militaires et ses prévisions sourcilleuses de dépopulation pour 2025.
Nous pouvons révéler que des découvertes récentes relient directement Deagel à des acteurs importants sur la scène mondiale : La Central Intelligence Agency (CIA), le Département de la Défense des États-Unis (DoD) et la Fondation Rockefeller.
Les prévisions apocalyptiques de Deagel en matière de dépopulation pour 2025 annoncent une baisse significative de la population dans différents pays, ce qui suscite un certain malaise compte tenu des données actuelles sur la surmortalité enregistrées dans le monde entier.
Les [tristement célèbres] prévisions de Deagel.com pour 2025 ont été retirées de leur site web au cours de l’année 2020. Toutefois, grâce à la Wayback Machine/Internet Archive, nous pouvons consulter les prévisions originales avant qu’elles ne soient découvertes par des penseurs critiques.
En 2020, Deagel proposait une série de prédictions étonnantes : en 2025, ils prévoyaient que la population du Royaume-Uni diminuerait d’un pourcentage stupéfiant de 77,1 %.

Les États-Unis n’étaient pas loin derrière avec une diminution prévue de 68,5 %. L’Allemagne devrait connaître une réduction de 65,1 %, tandis que l’Australie devrait voir sa population diminuer de 34,6 %. Ces projections ont également mis en évidence des baisses significatives dans de nombreux autres pays occidentaux.

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Une liste complète des prédictions apocalyptiques originales de Deagel sur la dépopulation peut être consultée ici.
Nous pouvons confirmer que le Dr Edwin A. Deagle Jr, qui est décédé le 16 février 2021, est la figure de proue confirmée que les autorités voudraient vous faire croire qu’il est le seul à être à l’origine de Deagel.com.
Au cours de sa vie, le Dr Edwin a occupé les fonctions d’assistant du secrétaire à la défense et de secrétaire adjoint à la défense. Il a également été directeur des relations internationales de la Fondation Rockefeller, une influente organisation philanthropique mondiale.
Mais des documents déclassifiés, publiés à la suite de demandes présentées en vertu de la loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act), révèlent les communications de M. Deagle avec le directeur du renseignement central des États-Unis de l’époque, Stansfield Turner, ce qui prouve l’existence d’une relation avec les hauts responsables de la CIA.
L’un de ces documents, daté de 1977, fait référence à un événement décrit comme « le plus important dans le domaine du renseignement depuis 1947 ».

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Le texte intégral de la lettre adressée à Stansfield Turner, alors directeur de la CIA, par Edwin A. Deagle Jr, directeur adjoint des relations internationales de la Fondation Rockefeller.

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Lettre complète adressée au Dr Edwin A. Deagle Jr,
directeur adjoint des relations internationales de la Fondation Rockefeller,
par Stansfield Turner, alors directeur de la CIA.

La CIA a publié 23 articles FOIA concernant le Dr Deagle, la Fondation Rockefeller, le ministère américain de la Défense et l’ancien directeur de la CIA.

Ces informations montrent que Deagel.com n’est pas l’œuvre d’un seul homme, mais qu’il s’agit plutôt d’un effort concerté des principaux éléments du complexe militaro-industriel américain, à savoir la CIA, le ministère américain de la Défense et l’énigmatique Fondation Rockefeller.

Ces liens confèrent une gravité inquiétante aux sombres prédictions de Deagel en matière de dépopulation. Elles soulèvent une question qui devrait vous faire frissonner : pourquoi une organisation, étroitement liée aux structures du pouvoir mondial, prévoit-elle un avenir aussi effrayant ?

Section 3 : Le fantôme de Kissinger et la stratégie de dépopulation

Se référant à un mémorandum rédigé par le général Taylor en 1973, le général Draper et ses collègues ont présenté leur point de vue selon lequel l’explosion démographique dans les pays en développement constituait non seulement une menace pour les intérêts américains en matière d’économie et de développement de ces pays, mais aussi, plus fondamentalement, un danger pour les intérêts politico-militaires des États-Unis.

L’ombre de l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger plane sur ce discours. C’est sous sa direction qu’a été conçu le National Security Study Memorandum 200 (NSSM 200), connu familièrement sous le nom de « rapport Kissinger ».

« La dépopulation devrait être la plus haute priorité
de la politique étrangère envers le tiers-monde. » — Henry Kissinger

Le rapport, formulé en 1974, a représenté un changement radical dans la politique étrangère américaine, en plaçant le contrôle de la population au premier plan de sa stratégie de sécurité. Son objectif déclaré était de s’attaquer à la croissance démographique dans les pays en développement, mais les machinations qui le sous-tendaient étaient sans doute bien plus sinistres.

Le rapport NSSM 200 identifiait 13 pays considérés comme particulièrement problématiques en raison de la croissance rapide de leur population. Le rapport préconisait des mesures de contrôle de la population et approuvait même l’idée d’utiliser la nourriture comme arme pour faire appliquer ces mesures, donnant ainsi un aperçu d’un état d’esprit déconcertant.

Une analyse complète du rapport Kissinger est disponible ici.

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La NSSM 200 et ses implications effrayantes nous amènent à poser la question suivante : se pourrait-il que la même philosophie, l’idée même du contrôle de la population à des fins stratégiques, se soit infiltrée dans le récit du monde d’aujourd’hui ? Et cette philosophie pourrait-elle être à l’origine des forces qui façonnent notre présent et notre avenir ?
Les faits le suggèrent certainement.

Section 4 : Agenda 2030 de l’ONU, écoterroristes, propagande et mensonges : Problème, Réaction, Solution

L’objectif initial présumé de l’Agenda 21 était de parvenir à un développement durable mondial d’ici l’an 2000, le « 21 » de l’Agenda 21 faisant référence à l’objectif initial du 21e siècle.
L’Agenda 2030 des Nations unies, également connu sous le nom d’Objectifs de développement durable, était un ensemble d’objectifs décidés lors du Sommet des Nations unies (« ONU ») sur le développement durable en 2015. L’Agenda 2030 a repris tous les objectifs fixés par l’Agenda 21 et les a réaffirmés comme étant la base du « développement durable ».

L’Agenda 2030 prétend protéger la biodiversité. Mais dans les méandres de ses récits et de ses intrigues secondaires se cache un sinistre scénario pour un monde avec moins d’êtres humains.

Si nous regardons au-delà de la langue de bois qu’ils utilisent pour tenter de vous convaincre qu’ils sont une force pour le bien, nous pouvons voir quels sont leurs véritables objectifs. Les docteurs Michael Coffman et Henry Lamb ont une partie des réponses.

Le Dr Michael Coffman était un auteur, un chercheur, un conférencier et un contributeur fondateur de la lutte contre l’Agenda 21 pour le développement durable. Il a été président de Environmental Perspectives, inc. et directeur exécutif de Sovereignty International.

M. Coffman a joué un rôle crucial dans l’arrêt de la ratification du traité sur la biodiversité au Sénat américain. Il est malheureusement décédé en 2017.

Henry Lamb a été le premier à découvrir l’Agenda 21 et à tirer la sonnette d’alarme. Il a écrit le livre « The Rise of Global Governance, and Agenda 21 ». Il a également produit une série de vidéos sur l’Agenda 21. Celles-ci constituent des outils inestimables pour tous ceux qui veulent savoir d’où vient cet agenda maléfique et pourquoi il faut l’arrêter. Lamb est décédé en 2012.

La conservation de la diversité biologique fait l’objet du chapitre 15 de l’Agenda 21 et a été traduite dans l’Agenda 2030 en tant qu’ODD [Objectif de Développement Durable] 15.

Protéger, restaurer et promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, stopper et inverser la dégradation des sols et enrayer la perte de biodiversité.

Mais ne vous laissez pas abuser par l’utilisation des mots « conservation », « protéger » et « restaurer », car vous verrez que l’ODD 15 n’a rien à voir avec la conservation. Il n’a pas non plus grand-chose à voir avec la diversité biologique.

Les véritables objectifs de l’ODD 15 sont enfouis dans trois documents fondateurs des Nations unies. Ces trois documents sont le traité sur la biodiversité de 1992, le projet Wildlands de 1992 et l’évaluation mondiale de la biodiversité de 1995.

Signée par 150 chefs d’État et de gouvernement lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, la Convention sur la diversité biologique vise à promouvoir le « développement durable ». La Convention sur la diversité biologique est également connue sous le nom de Traité sur la biodiversité.

Si la Convention sur la diversité biologique, le traité sur la biodiversité, avait été signée par le Sénat américain au cours de l’été 1994, elle « aurait imposé une réduction de deux tiers de la population humaine de la Terre en 30 à 50 ans ».

Les États-Unis peuvent remercier le Dr Michael Coffman pour cela. Mais sa contribution au retard dans l’édifice du plan de l’establishment visant à dépeupler la planète a malheureusement été enterrée avec lui en 2017.

Le concept des terres sauvages est principalement l’œuvre de David Foreman, principal fondateur du groupe écoterroriste Earth First ! et ancien membre du conseil d’administration du Sierra Club.

Le groupe utilisait des tactiques d’action directe et, contrairement aux efforts de lobbying prudents des organisations environnementales établies, le « monkeywrenching » (sabotage industriel traditionnellement associé aux luttes syndicales) allait devenir la principale tactique du mouvement Earth First ! dans les années 1980.

Le Earth First! Journal, issu de la lettre d’information Earth First !, était édité par Foreman. Dans son premier numéro, Foreman définit les objectifs de l’organisation :

« Nous ne ferons pas de compromis politiques. Laissons les autres groupes s’en charger. EARTH FIRST exposera la position pure, dure et radicale de ceux qui croient en la Terre d’abord. »

Le journal a confirmé que Earth First ! était un groupe écoterroriste.

En 1990, Foreman a été l’une des cinq personnes arrêtées par le Federal Bureau of Investigation (FBI) à la suite de l’opération THERMCON, au cours de laquelle des agents du FBI ont infiltré un groupe d’Arizona Earth First ! et l’ont encouragé à saboter une ligne électrique alimentant une station de pompage d’eau.

Bien que Foreman n’ait pas joué de rôle direct dans la tentative de sabotage, il a finalement plaidé coupable d’un délit mineur pour avoir remis deux exemplaires d’Ecodefense à un informateur du FBI et a été condamné à une peine avec sursis.

David Foreman de World First!

Le concept inhabituel proposé par le Wildlands Scheme exige une réorganisation radicale de la civilisation humaine. Il s’agit notamment de fermer les mines, de supprimer les routes dans les paysages naturels, d’arrêter l’exploitation du bois et même de déplacer les populations humaines. L’objectif est de remodeler radicalement notre interaction avec l’environnement.

« À la page 15 de The Wildlands Project, Reed Noss affirme que nous devons convertir au moins 50 % de la superficie de l’Amérique du Nord en zones de nature sauvage interdites à l’homme.

« Ces zones centrales de nature sauvage doivent être reliées entre elles par des corridors de nature sauvage interdits à l’homme. Ces zones de nature sauvage doivent être entourées de zones tampons où l’utilisation des ressources peut être limitée, sous la supervision et avec l’autorisation du gouvernement fédéral, en collaboration avec des organisations non gouvernementales. »

« La population humaine doit être réinstallée sur les 25 % restants du territoire dans des communautés qualifiées de “communautés durables”. »

L’organisation environnementale Earth First!, créée en 1980, a inauguré une forme d’action directe pour mettre fin aux menaces perçues pour l’environnement, ouvrant la voie à des groupes modernes tels que Just Stop Oil et Extinction Rebellion.

Tout comme Earth First!, ces nouveaux groupes utilisent des stratégies d’action directe et de désobéissance civile pour sensibiliser l’opinion publique et faire pression sur les gouvernements et les entreprises pour qu’ils s’attaquent aux problèmes environnementaux.

Cependant, alors que les actions de Earth First! se concentraient principalement sur des menaces spécifiques telles que la déforestation et le développement urbain, Just Stop Oil! et Extinction Rebellion opèrent avec un mandat plus large, ciblant des problèmes systémiques tels que la dépendance aux combustibles fossiles et le changement climatique.

Elles visent à transformer radicalement la relation de la société avec l’environnement afin d’atténuer les effets du changement climatique. Cependant, ils partagent tous la même conviction, à savoir la nécessité de prendre des mesures radicales pour préserver et restaurer les écosystèmes de la Terre.

Mais il est extrêmement intéressant de noter qui finance réellement ces groupes. La principale source de revenus de Just Stop Oil provient d’Aileen Getty, l’héritière milliardaire de la fortune de Getty Oil. La Getty Oil Company était une société américaine de commercialisation du pétrole, issue de la grande société pétrolière intégrée fondée par J. Paul Getty.

Le plus grand donateur d’Extinction Rebellion est le milliardaire britannique Sir Chris Hohn, qui gère le fonds spéculatif TCI. Mais TCI a fait une grande partie de sa fortune grâce à un producteur de charbon indien et possède encore aujourd’hui des parts dans trois chemins de fer qui brûlent des tonnes de diesel et expédient des combustibles fossiles. Cela inclut les sables bitumineux, l’une des pires sources de prétendus gaz à effet de serre.

Pourquoi des entités profondément liées à l’industrie du pétrole et du charbon financeraient-elles des groupes qui prônent exactement le contraire, à savoir un monde libéré de la dépendance aux combustibles fossiles ?

Les réponses peuvent être multiples : il s’agit peut-être d’un stratagème astucieux pour paraître plus respectueux de l’environnement, ou peut-être d’une tentative de contrôler le discours et d’influencer la vitesse et la direction de l’inévitable évolution vers des énergies plus « vertes ».

Quelles que soient les motivations, cette étrange alliance met en lumière l’enchevêtrement des intérêts et des influences au sein du mouvement écologiste, laissant entrevoir un tableau bien plus complexe en filigrane.

Mais revenons aux véritables objectifs de l’ODD 15, enfouis dans trois des documents fondateurs des Nations unies.

En 1996, Henry Lamb s’est exprimé au Forum de Grenade. Son discours contenait des révélations sur l’évaluation mondiale de la biodiversité :

« La Convention sur la diversité biologique fait 16 pages. Très fade, extrêmement vague… [Cependant, elle stipule] qu’une Conférence des Parties [‘COP’] doit créer un organe subsidiaire qui produira une évaluation mondiale de la biodiversité… Lors de la première réunion [de la COP tenue en 1994 ou COP1], le Programme des Nations unies pour l’environnement [‘PNUE’] leur a présenté une évaluation mondiale de la biodiversité. »

Le plan visant à « étendre les habitats naturels et les corridors pour couvrir jusqu’à 30 % de la surface terrestre » est ce que l’on appelle aujourd’hui le plan « 30 par 30 ». Ce plan a de nouveau été présenté lors de la COP15 — la conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (“UNCBD”) — qui s’est tenue en décembre 2022, 30 ans après que l’écoterroriste et le porte-parole autoproclamé des oracles l’aient conçu pour la première fois.

30 par 30 est le plus grand accaparement de terres de l’histoire, commercialisé sous le couvert de la « protection de la biodiversité ». Survival International estime que ce plan infâme déplacera environ 300 millions de personnes indigènes dans le monde entier de leurs terres et forêts d’origine au nom de la « conservation ». Ce faisant, il rendra quelques privilégiés extrêmement riches.

Mais le plan en faveur de la biodiversité est plus sinistre que l’appât du gain : il déplace des populations, les entasse dans des centres urbains et leur interdit l’accès à la nature et au monde naturel. L’alternative, comme l’indique l’évaluation mondiale de la biodiversité, est la dépopulation.

Global Biodiversity Assessment, UNEP, 1995, p. 773

Les principaux objectifs de l’ODD 15, une initiative clé des Nations unies, sont subtilement inscrits dans trois de ses documents fondamentaux : le traité de 1992 sur la biodiversité, le projet de 1992 sur les zones sauvages et l’évaluation mondiale de la biodiversité de 1995. En reliant ces politiques distinctes, mais interdépendantes, nous découvrons une feuille de route potentielle pour une réduction massive de la population mondiale.

Pris ensemble, ces documents brossent un tableau déconcertant. Sous le noble couvert de la conservation de la biodiversité, on pourrait interpréter ces initiatives comme un plan graduel et systématique visant à limiter les populations humaines, le tout sous les auspices de la protection de notre planète.

Une planète qui serait entrée dans une ère d’« ébullition globale » où « l’air est irrespirable », selon le secrétaire général de l’ONU António Guterres.

Secretaire Général de l’ONU : António Guterres

Les techniques classiques de propagande entrent ici en jeu, en particulier l’appel à la peur, qui est une méthode puissante pour influencer l’opinion publique et susciter des changements de comportement.

L’appel à la peur fonctionne en présentant une menace suffisamment grave pour inquiéter le public, puis en proposant une recommandation spécifique pour atténuer cette menace. Dans le cas présent, la menace présumée est l’« ébullition mondiale » et l’« air irrespirable ».

Un langage aussi vif et dramatique génère une anxiété immédiate quant à l’état de notre planète et à notre survie sur celle-ci. Et ce, même s’il s’agit de mensonges éhontés.

Une fois que le public est suffisamment préoccupé par la menace, le propagandiste peut alors présenter l’action recommandée. Dans ce cas, il peut s’agir de politiques climatiques agressives, de changements de mode de vie ou peut-être, comme le suggère l’objet de notre enquête, d’un plaidoyer en faveur d’une réduction de la population mondiale afin de diminuer l’impact de l’homme sur l’environnement.

Ces déclarations extrêmes créent un récit qui fait apparaître l’action souhaitée non seulement comme raisonnable, mais aussi comme absolument nécessaire à la survie. Le public, poussé par la peur et le désir de sécurité, est plus enclin à accepter cette « solution », même si elle implique des changements ou des sacrifices drastiques.

Malheureusement, ces mesures incluront le contrôle de la population/dépopulation, déguisé en réponse vitale à la fausse crise climatique.

Section 5 : Les documents confidentiels de Pfizer : Un regard sur ce que la FDA a essayé de cacher

Attachez vos ceintures, car notre enquête ouvre maintenant une boîte de Pandore : les documents classifiés de Pfizer sur son vaccin à ARNm Covid-19.

La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a tenté de retarder de 75 ans la publication des données de sécurité du vaccin Covid-19 de Pfizer, bien qu’elle ait approuvé l’injection après seulement 108 jours d’examen de la sécurité le 11 décembre 2020.

Mais début janvier 2022, le juge fédéral Mark Pittman a ordonné à la FDA de publier 55 000 pages par mois. Ils ont publié 12 000 pages à la fin du mois de janvier.

Depuis, le PHMPT a publié tous les documents sur son site web.

L’un des documents contenus dans le dumping de données est « reissue_5.3.6 postmarketing experience.pdf », et il révèle ce qui suit :

90 % des femmes enceintes vaccinées par Covid ont perdu leur bébé

Pfizer indique dans le document qu’au 28 février 2021, il y avait 270 cas connus d’exposition à l’injection d’ARNm pendant la grossesse.

Source — Page 12

Compte tenu du fait que les organismes de réglementation médicale, les médecins et les sages-femmes ont contraint les femmes enceintes à recevoir le vaccin Covid-19 en affirmant qu’il était sûr à « 100 % », il est extrêmement préoccupant de constater que Pfizer déclare que sur les 270 cas connus d’exposition à l’injection d’ARNm pendant la grossesse, ils n’ont absolument aucune idée de ce qui s’est passé dans 238 d’entre eux.
Mais voici les résultats connus des grossesses restantes :

97 % de tous les résultats connus de la vaccination Covid-19 pendant la grossesse se sont soldés par la perte de l’enfant.

Mais si l’on inclut les 5 cas pour lesquels le résultat était encore en suspens, on obtient 82 %. Cela équivaut donc à une moyenne d’environ 90 % entre les chiffres de 82 % et de 97 %.

Pfizer et les autorités médicales ont caché les dangers de la vaccination par Covid-19 pendant la grossesse, une étude animale ayant révélé un risque accru de malformations congénitales et d’infertilité.

L’étude peut être consultée dans son intégralité ici et est intitulée « Absence d’effets sur la fertilité des femelles et le développement prénatal et postnatal de la progéniture chez les rats ayant reçu le BNT162b2, un vaccin Covid-19 à base d’ARNm ».
L’étude a été réalisée sur 42 rats Wistar Han femelles. Vingt et un ont reçu l’injection de Covid-19 de Pfizer, et 21 n’ont pas reçu l’injection.
Voici les résultats de l’étude :

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Le nombre de fœtus présentant des côtes lombaires surnuméraires dans le groupe témoin était de 3/3 (2,1). En revanche, le nombre de fœtus présentant des côtes lombaires surnuméraires dans le groupe vacciné était de 6/12 (8,3). Par conséquent, en moyenne, le taux d’occurrence était 295 % plus élevé dans le groupe vacciné.

Les côtes surnuméraires, également appelées côtes accessoires, sont une variante peu courante de côtes supplémentaires provenant le plus souvent des vertèbres cervicales ou lombaires.

Cette étude a donc mis en évidence des anomalies dans la formation du fœtus et des malformations congénitales causées par l’injection du Covid-19 de Pfizer.

Mais les résultats anormaux de l’étude ne s’arrêtent pas là. Le taux de « perte préimplantatoire » dans le groupe de rats vaccinés était deux fois plus élevé que dans le groupe témoin.

Source

La perte préimplantatoire désigne les ovules fécondés qui ne s’implantent pas. Cette étude confirme donc que l’injection de Covid-19 de Pfizer réduit les chances d’une femme de tomber enceinte. Elle augmente donc le risque d’infertilité.

Des documents confidentiels de Pfizer révèlent que le vaccin Covid-19 s’accumule dans les ovaires.

Une autre étude, qui figure dans la longue liste de documents confidentiels de Pfizer que la FDA a été contrainte de publier sur injonction judiciaire, a été réalisée sur des rats Wistar Han, dont 21 femelles et 21 mâles.

Chaque rat a reçu une dose intramusculaire unique de l’injection de Covid-19 de Pfizer, puis la teneur et la concentration de la radioactivité totale dans le sang, le plasma et les tissus ont été déterminées à des moments prédéfinis après l’administration.

En d’autres termes, les scientifiques qui ont mené l’étude ont mesuré la quantité de l’injection de Covid-19 qui s’est répandue dans d’autres parties du corps telles que la peau, le foie, la rate, le cœur, etc.

Mais l’une des conclusions les plus inquiétantes de l’étude est que l’injection de Pfizer s’accumule dans les ovaires au fil du temps.

Dans les 15 premières minutes suivant l’injection du vaccin Pfizer, les chercheurs ont constaté que la concentration totale de lipides dans les ovaires était de 0,104 ml. Cette concentration est ensuite passée à 1,34 ml après 1 heure, à 2,34 ml après 4 heures et à 12,3 ml après 48 heures.

Les scientifiques n’ont toutefois pas mené d’autres recherches sur l’accumulation après une période de 48 heures, de sorte que nous ne savons tout simplement pas si cette accumulation inquiétante s’est poursuivie.

Mais les données officielles britanniques publiées par Public Health Scotland, que l’on peut consulter ici, offrent quelques indices inquiétants quant aux conséquences de cette accumulation sur les ovaires.

Les chiffres relatifs au nombre de personnes atteintes d’un cancer de l’ovaire montrent que la tendance connue en 2021 était nettement supérieure à celle de 2020 et à la moyenne 2017-2019.

Cancer ovarien — Source

Le graphique ci-dessus montre les chiffres jusqu’en juin 2021, mais les graphiques trouvés sur le tableau de bord de Public Health Scotland [Santé publique d’Écosse] montrent maintenant les chiffres jusqu’en mai 2022, et révèlent malheureusement que l’écart s’est encore creusé avec le nombre de femmes souffrant d’un cancer de l’ovaire qui a augmenté de manière significative.

Une analyse complète des documents de Pfizer peut être lue ici, mais un résumé des conclusions est présenté ci-dessous :

Dans les documents de Pfizer obtenus grâce aux demandes de la loi sur la liberté d’information (FOIA), on trouve des détails notables concernant l’impact du vaccin pendant la grossesse et son accumulation dans les ovaires.

1. Risques liés à la grossesse : Les documents révèlent un taux inquiétant de fausses couches et de morts fœtales chez les femmes enceintes ayant reçu le vaccin Covid-19. Il est confirmé qu’un pourcentage significatif de femmes vaccinées pendant la grossesse ont perdu leur bébé.

2. Accumulation d’ovaires : Les documents confidentiels de Pfizer révèlent également que le vaccin s’accumule dans les ovaires, ce qui suscite des inquiétudes quant aux effets potentiels sur la fertilité des femmes.

Si l’on examine les données réelles, certaines observations semblent correspondre aux conclusions de ces documents :

– Augmentation des cas de cancer de l’ovaire : Les données post-vaccination en provenance d’Écosse montrent une augmentation des cas de cancer de l’ovaire à des niveaux jamais atteints. La question de savoir si cette augmentation est directement imputable à la vaccination est encore à l’étude.

– Taux de mortalité des nouveau-nés : L’Écosse a également connu un niveau critique de décès de nouveau-nés à deux reprises sur une période de sept mois.

Source

– Risque de fausse couche : Une étude de données réelles suggère que la vaccination Covid-19 augmente le risque de fausse couche d’au moins 1 517 %.

Ce résumé ne présente qu’un infime pourcentage des préoccupations soulevées dans les documents confidentiels de Pfizer et des données réelles qui étayent les conclusions.

Les révélations malvenues concernant les effets néfastes sur la grossesse et les dommages potentiels aux ovaires font dresser les cheveux sur la tête. Associées à l’augmentation des taux de cancer de l’ovaire et de mortalité néonatale, elles suggèrent que cette campagne de vaccination est plus complexe qu’il n’y paraît.

En effet, ces résultats contiennent à eux seuls suffisamment d’éléments pour conclure que la vaccination Covid-19 va conduire à la dépopulation.

Section 6 : La grande remise à zéro — un Nouvel Ordre Mondial ?

C’est là qu’intervient Klaus Schwab, l’énigmatique fondateur et président exécutif du Forum économique mondial. Schwab est un visionnaire qui a élaboré un plan baptisé « Grande Réinitialisation » ou « Quatrième révolution industrielle ». Sa vision laisse entrevoir un monde où l’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation occuperont le devant de la scène, dépassant et surpassant les capacités humaines dans de nombreux secteurs.

La vision de Schwab est celle d’un monde où les machines, grâce à leur efficacité infatigable, remplacent des millions d’emplois. Dans ce monde, les machines ne se fatiguent pas, ne tombent pas malades et ne demandent pas d’augmentation de salaire.

En substance, Schwab envisage un avenir où le besoin de main-d’œuvre humaine faiblement rémunérée est considérablement réduit, ce qui nous amène à reconsidérer nos rôles dans une société dominée par l’IA.

À ce stade, vous vous demandez peut-être quel est le lien avec les inquiétantes prédictions de Deagel en matière de dépopulation.

La mise à l’écart des humains par l’IA entraîne-t-elle une réduction du « stock » humain, et est-ce là ce que les chiffres inquiétants de Deagel laissent entrevoir ?

Les points semblent se rejoindre, créant une ligne de spéculation surprenante.

Les progrès de l’IA et de l’automatisation, un programme fortement encouragé par des personnalités influentes telles que Klaus Schwab, pourraient-ils être le prélude à une stratégie de dépopulation ? Sommes-nous en train de nous diriger vers un monde qui n’a plus besoin d’humains en grand nombre ?

Section 7 : Le récit du changement climatique — un jeu de miroir et de fumée ?

En épluchant les couches de ce récit troublant, un thème provocateur émerge du discours dominant : le dioxyde de carbone, le gaz que chacun d’entre nous émet à chaque respiration, a été présenté comme le principal adversaire de la santé de la Terre.

Ce récit pourrait-il insinuer subtilement une vérité plus dérangeante ? L’« empreinte carbone » souvent mentionnée est-elle en fait une référence voilée à notre existence en tant que « problème » ?

Ce chemin que nous avons soigneusement démêlé indique un scénario troublant d’une réalité amère à laquelle l’establishment a décidé que nous étions destinés à faire face.

En guise de conclusion, une question déconcertante se pose : dans l’ère imminente dominée par l’intelligence artificielle, la race humaine pourrait-elle être la victime ultime ? L’avènement de l’IA, considéré comme l’aube d’une nouvelle révolution industrielle, est-il inextricablement lié à une stratégie globale visant à réduire la population humaine ?

La logique est d’une simplicité effrayante : l’IA et l’automatisation prenant en charge les tâches laborieuses, la demande de main-d’œuvre humaine diminue drastiquement. La « Grande Réinitialisation » pourrait-elle donc être en réalité une « grande réduction » du nombre d’êtres humains ?

Nous sommes à l’aube d’un avenir qui défie les paradigmes traditionnels. Pourrions-nous, sans le savoir, ouvrir la voie à notre propre perte, poussés par la vision du progrès ?

Avec Deagel.com, une plateforme influencée par des entités telles que la CIA, le ministère de la Défense et la Fondation Rockefeller, qui fournit des prévisions alarmantes de dépopulation pour 2025, il semble que nous nous rapprochions à grands pas de cet avenir.

En effet, les données actuelles sur la surmortalité en Occident suggèrent fortement que les prévisions de Deagel en matière de dépopulation ne sont pas seulement une estimation, mais qu’il s’agit en fait d’un objectif qui est en passe d’être atteint, en partie grâce aux effets mortels de la vaccination Covid-19.

Source

Au terme de cette exploration de l’impensable, considérons ceci : le dioxyde de carbone — un gaz que nous exhalons [et que les plantes utilisent pour la photosynthèse] — est présenté comme l’ennemi juré de la planète.

Est-il possible que nous soyons amenés à accepter une dure vérité : pour réduire notre empreinte carbone, nous devons réduire notre empreinte humaine ?

L’histoire que nous avons décrite brosse un tableau inquiétant. Mais s’agit-il d’une théorie du complot farfelue ou d’une vérité dérangeante ? Seul l’avenir nous le dira. En guise de conclusion, nous vous laissons réfléchir à une idée qui fait froid dans le dos : dans un monde où l’IA règne en maître, l’humanité sera-t-elle le prix à payer ? Préparez-vous à un avenir tout sauf ordinaire.




Feu ! Feu ! Feu ! … Mais attendez un instant…

Le CO2 et la tromperie climatique

[Source : mondialisation.ca]

[Source illustration : mideastdiscourse.com]

Par Julian Rose

Les maîtres potentiels du contrôle totalitaire ont fait augmenter la température dans un but précis, afin de s’assurer que la responsabilité des incendies de brousse et de forêt qui se sont produits dans la région méditerranéenne pendant la récente vague de chaleur soit clairement attribuée au « réchauffement climatique ».

Il n’y a pas eu un seul jour en juillet où « l’horreur » de ces événements n’a pas fait les gros titres de la presse mainstream britannique et d’autres médias conformes à la politique du sommet.

L’horreur est sans aucun doute très réelle là où les incendies sont devenus incontrôlables, mettant des vies et des biens sous une menace directe — et nous devrions avoir une pensée pour ceux qui en sont victimes.

Mais la répétition incessante de gros titres annonçant « Record de chaleurs ! », « Des incendies dévastateurs ! », « L’Enfer sur Terre ! » sont devenus des expressions courantes pour ceux qui ont vu venir les escroqueries alarmistes de Covid en 2020/2021. Un public de plus en plus méfiant n’est plus aussi facilement séduit par les manipulations médiatiques contrôlant l’esprit utilisées pour faire accepter au public le « grand canular du réchauffement climatique [anthropique] ».

Les choses ne se sont pas si bien passées pour le lobby « Net Zero » [zéro émission nette] récemment. Le grand public ne veut plus de ces gros titres simplistes « à l’emporte-pièce » » spécialement conçus pour provoquer la peur et la panique ; surtout lorsque l’agenda des médias mainstream entièrement isolé supprime complètement toute tentative d’exprimer une autre opinion.

Les îles grecques de Rhodes et de Corfou suivent le modèle d’une grande partie de la Grèce continentale. Ils ont des étés chauds et secs. Il n’est pas rare que les températures atteignent les 30 ou 40 degrés centigrades.

C’est Vanessa Beeley, du journal britannique Column News, qui a souligné que les incendies signalés à Rhodes ont en fait causé des dégâts importants dans trois villages seulement et sur les terres agricoles environnantes, dont certaines ont été gravement brûlées par les incendies provoqués par le vent, ce qui a entraîné de graves pertes de revenus pour les agriculteurs concernés, sans aucun doute pour les années à venir.

Les dirigeants du Forum économique mondial ont déclaré qu’ils n’aimaient pas les petites exploitations agricoles (fermes) produisant de la « vraie » nourriture. Son Pacte Vert (Green Deal) veut que de telles fermes soient remplacées par des laboratoires synthétiques. Ce point de vue est maintenant partagé par tous les gouvernements qui adhèrent à la Grande réinitialisation (« The Great Reset »).

La Grèce compte le plus grand nombre de petites exploitations agricoles de tous les pays d’Europe occidentale. Ses agriculteurs ont souvent apporté leur aide au « peuple » pendant les crises politiques, en vendant des aliments de base directement dans leurs remorques à des prix dérisoires. Cependant, ils dépendent fortement du commerce touristique pendant les mois d’été, car les ventes pendant cette saison leur permettent de survivre pendant l’hiver.

La campagne de peur de la BBC et des médias mainstream en général a fait fuir les visiteurs cet été, avec des rapports fabriqués de toute pièce indiquant que les températures dépassaient régulièrement la norme.

Le sud de la Grèce semble avoir été la cible d’un traitement spécial de la part de ceux qui définissent le « programme d’action » imposé aux pays qui ne veulent pas se conformer aux règles de l’insidieux programme de lutte contre le changement climatique « net zéro » du Forum économique mondial (FEM).

Ajoutant au dilemme d’un pays déjà sec selon la plupart des normes européennes, s’ajoute la récente ruée vers l’installation d’éoliennes « vertes » dans les campagnes.

Comme cela a été le cas dans le nord de l’Allemagne et le nord de la Pologne ces dernières années, les pales de ces éoliennes génèrent un flux d’air unique dont l’effet est de réduire les précipitations et de modifier subtilement les conditions météorologiques locales, rendant ainsi les zones dans lesquelles elles sont situées plus sèches que la normale. Les incendies, dont certains sont rapportés par la presse grecque comme des cas probables d’incendie criminel, se sont propagés plus rapidement et ont fait plus de dégâts en raison de cet assèchement.

Je suis convaincu que les forces hostiles à la vie derrière le dogme du réchauffement climatique anthropique sont en train d’intensifier leur projet via un programme coordonné à l’échelle mondiale de perturbations météorologiques délibérées et de la diffusion simultanée d’informations biaisées de manière critique.

Pour maintenir l’escroquerie « Stop CO2 » Net Zero [Zéro émission nette] sur la bonne voie, les pouvoirs en place au sein du Forum économique mondial, des Nations Unies et des institutions commerciales et bancaires affiliées doivent proposer un menu régulier de catastrophes apparemment causées par un excès de CO2. Ils doivent promulguer des histoires de hausse des températures menaçant l’avenir de la vie sur terre.

C’est une politique que la cabale d’élite mène depuis plus de trois décennies. Cette politique est gravée dans la pierre — et toutes les autres activités/problèmes lui sont subordonnés. « Arrêter le réchauffement climatique » est tout simplement l’alibi concocté pour imposer toutes les formes imaginables de restriction aux droits fondamentaux de toute l’humanité.

Considérez le fait que les récentes éruptions volcaniques émettant du CO2 dans un certain nombre de pays sont tenues à l’écart de l’actualité. Comment cela se fait-il ? Les volcans sont-ils désormais classés dans la catégorie des « théories du complot », qu’il convient de vérifier et de soustraire à l’attention du public ?

Cela pourrait-il être dû au fait que la quantité de CO2 libérée dans l’atmosphère par ces éruptions est plus importante que celle produite par les activités humaines ? Et si les citoyens devaient prendre conscience du fait que l’activité volcanique n’est pas considérée comme une menace sérieuse pour la réalisation du grand programme Net Zero/Zéro émission nette d’ici 2045 ? De la même manière que la « guerre » a été éliminée de la contribution au carbone.

Nous devrions être à l’affût d’une « nouvelle découverte scientifique » ; quelque chose du genre « Il a été récemment établi que l’analyse précédente de la matière libérée lors des éruptions volcaniques était incorrecte. Les scientifiques ont analysé de nouveau des données récentes et découvert que le CO2 ne constitue qu’une partie minime des éléments libérés lors des éruptions. »

N’est-il pas étrange que la composition de la haute atmosphère contienne une si petite proportion de CO2 — seulement 0,04 % selon la recherche scientifique. Mais peut-être pas si étrange, si l’on tient compte du fait que le CO2 est 1,5 fois plus lourd que l’air (oxygène). Quelle est la quantité de CO2 qui parvient à atteindre la haute atmosphère ?

Je répète souvent ces observations dans mes articles, car nous avons besoin que chaque mortel encore capable de pensée rationnelle et d’éprouver une réaction émotionnelle saisisse la signification de cette vaste tromperie climatique.

Une tromperie dont la perpétuation réussie forme la masse critique dont dépend actuellement toute la mainmise mondialiste de l’État profond sur la planète.

Il suffit de détruire cette fabrication mondiale trompeuse — ce mensonge hypertrophié — pour que s’effondre le faux programme sur lequel repose l’ensemble de la « Grande réinitialisation » du Nouvel Ordre Mondial.

Incendies au Canada, incendies aux États-Unis ; incendies en Chine et incendies en Europe. Maintenant, il faudra que de tels incendies fassent la une des journaux chaque année. Ils devront devenir plus extrêmes, n’est-ce pas ? Sinon, l’histoire des catastrophes causées par le « réchauffement climatique » anthropique continu cessera de tenir et l’humanité cessera d’être envoûtée par son horreur.

Compte tenu de ces enjeux exceptionnellement importants, les auteurs ne pourraient-ils pas se tourner de plus en plus vers la technologie avancée des CEM [Champs électromagnétiques], des armes scalaires et des instruments de violence similaires pour déclencher des incendies et les entretenir ?

Depuis combien de temps de telles armes — comme HAARP — sont-elles déjà utilisées pour provoquer des tremblements de terre et modifier les conditions météorologiques ?

Jusqu’où la cabale d’élite psychopathe ira-t-elle pour atteindre sa planète transhumaine « Net Zero »/« Zéro émission nette » ?

Vous connaissez la réponse.

Mais, comme je le souligne aussi toujours dans mes écrits, nous qui sommes éveillés avons le pouvoir de mettre un terme à cette émeute diabolique de destruction. Nous devons juste nous mettre dans la tête qu’« ils » ne reculeront devant rien pour réaliser leur cauchemar luciférien.

Ils effaceront l’œuvre de Dieu et la remplaceront par leur version, comme l’a récemment déclaré le professeur Yuval Noah Harari. Eh bien, n’est-ce pas la meilleure incitation possible pour lui prouver le contraire ?

Pourrait-il y avoir une raison plus importante pour canaliser nos énergies vitales dans la défense inébranlable de la création de Dieu ?

Y a-t-il une cause plus importante à laquelle s’engager que celle de libérer ce merveilleux monde, qui nous est offert comme notre maison physique, des griffes mortelles d’un petit groupe de psychopathes obsédés ?

Pour moi, il n’y en a pas.

Julian Rose

Lien vers l’article original :
Fire! Fire! Fire! … But Wait a Moment, 7 août 2023

Traduit par Maya pour Mondialisation.ca


Julian Rose est l’un des premiers pionniers de l’agriculture biologique au Royaume-Uni, un écrivain, un diffuseur et un activiste international. Il est co-directeur de la Coalition internationale pour la protection de la campagne polonaise et un militant de longue date pour la survie des petites exploitations agricoles à travers le monde. Voir son site www.julianrose.info.
Il contribue régulièrement à Global Research.

La source originale de cet article est Mondialisation.ca
Copyright © Julian Rose, Mondialisation.ca, 2023




Small is beautiful

[Source : dedefensa.org]

Par Nicolas Bonnal

Le penseur austro-américain Léopold Kohr était cité avec Jacques Ellul et Guy Debord à la fin du documentaire apocalyptique Koyaanisqatsi. C’est comme cela que je l’ai découvert en 1983. En réalité son nom est inconnu alors que son lemme est mythique : small is beautiful(([1] [La petite taille est belle])). Kohr est l’esprit qui a mis en doute le monde moderne dans tout ce qu’il a de gigantesque, de titanesque et de compliqué. Pour lui tout s’écroulera de ce fait ; ou, si cela ne s’écroule pas, finira mal. À l’heure où l’Europe tangue, où les USA tanguent, où l’Espagne et le royaume désuni tanguent, on ferait mieux de redécouvrir son breakdown of nations publié il y a plus d’un demi-siècle. Proche des libertariens ou des traditionnels (je suis des deux écoles, donc je me sens bien concerné), la pensée de Kohr ne pourrait qu’inspirer une solution de rechange à notre civilisation marquée par le gigantisme messianique et l’hypnotisme techno-totalitaire.

Léopold Kohr est un peu comme René Girard. Son explication doit tout expliquer. Voici ce qu’il écrit au début de son effondrement des nations :

« Comme les physiciens de notre temps ont essayé d’élaborer une théorie unique, capable d’expliquer non seulement certains, mais tous phénomènes de l’univers physique, j’ai essayé de développer une seule théorie à travers laquelle non seulement certains, mais tous les phénomènes de l’univers social peuvent être réduits à un commun dénominateur. »

Et son secret, inspiré par une remarque de notre Jonathan Swift est le refus du bulk, de la masse, de la taille :

Le résultat est une philosophie politique nouvelle et unifiée centrée autour de la taille. Elle suggère qu’il semble y avoir une seule cause derrière toutes les formes de misère sociale : la grandeur. Aussi simpliste que cela puisse paraître, nous trouverons l’idée plus facilement acceptable si nous considérons que la grandeur, ou surdimension est vraiment beaucoup plus que juste un problème social. Elle semble être le seul et unique problème imprégnant toute la création. « Où quelque chose ne va pas, c’est que quelque chose est trop gros. »

Il multiplie ensuite les exemples physiques et médicaux :

 « Si les étoiles dans le ciel ou les atomes d’uranium se désagrègent en explosion spontanée, ce n’est pas parce que leur substance a perdu son équilibre. C’est parce que la matière a tenté d’étendre au-delà des barrières infranchissables fixées à chaque accumulation. Leur masse est devenue trop grande. Si le corps humain devient malade, c’est, comme dans le cancer, parce qu’une cellule, ou un groupe de cellules, a commencé à dépasser ses limites étroites attribuées. »

Sans alluder à Le Bon et à tous ceux (Canetti, Freud, Pearson), qui ont étudié la triste civilisation des masses et de l’abrutissement collectiviste moderne, Kohr ajoute très justement :

 « Et si les corps sociaux deviennent malades avec la fièvre de l’agression, la brutalité, le collectivisme, ou l’idiotie massive, ce n’est pas parce qu’ils ont été victimes d’un mauvais leadership ou d’un dérangement mental. C’est parce que les êtres humains, si charmants en tant qu’individus ou en petites agrégations, ont été soudés en unités sociales concentrées telles que des foules, syndicats, cartels ou grandes puissances. C’est alors qu’ils commencent à glisser en catastrophe incontrôlable. »

La société postmoderne semble moins dangereuse, mais devient plus stupide. Huizinga avait bien parlé lui de cette dérive du sport massifié dans son Homo ludens, qui est aussi un hommage au monde traditionnel non massifié. Kohr ajoute en hommage à Malthus (pourquoi pas ?) cette fois :

 « Les problèmes sociaux, pour paraphraser la doctrine de la population de Thomas Malthus, ont la malheureuse tendance à croître à un rapport géométrique avec la croissance de l’organisme dont ils font partie, tandis que la capacité de l’homme à faire face avec eux, si elle peut être étendue, ne croît qu’à un rapport arithmétique. Ce qui signifie que, si une société se développe au-delà de sa taille optimale, ses problèmes doivent finalement dépasser la croissance des facultés humaines qui sont nécessaires pour y faire face. »

On se rapproche de notre sujet du moment : la dérive fasciste et eschatologique des États-Unis d’Amérique. Kohr écrit :

« Après la Seconde Guerre mondiale, une tendance similaire à la destruction de sa propre puissance mondiale s’installa, à un rythme cependant beaucoup plus lent. Entre-temps, il a été complètement arrêté. Il n’y a plus de possibilité que les États-Unis ne soient pas une grande puissance. En conséquence, l’état d’esprit correspondant, se développant comme une conséquence peut-être indésirable, mais inévitable, a déjà commencé à se manifester à de nombreuses reprises, par exemple lorsque le secrétaire à la Défense du Président Truman, Louis Johnson, a envisagé en 1950 une guerre préventive, ou lorsque le général Eisenhower, dans un discours devant le Congrès dans la même année, a déclaré que nous pouvons écrabouiller (lick) le monde. Ce dernier mot ressemblait plus à une déclaration de l’exubérant Kaiser d’Allemagne qu’au président de l’université de Columbia. Pourquoi un défenseur de la paix et de la démocratie devrait-il vouloir écrabouiller le monde ? Exprimée de façon non agressive, l’affirmation aurait été que, si nous sommes unis, le monde entier ne peut pas nous liquider. »

Kohr donne son explication à ces temps nouveaux d’hubris et de terreur et de lutte contre la terreur :

« Cependant, cela montre comment le pouvoir engendre cet état d’esprit particulier, en particulier chez un homme qui, en général, doit connaître toute l’étendue du potentiel de l’Amérique. Il montre aussi qu’aucune idéologie de la paix, aussi ancrée soit-elle dans les traditions d’un pays, ne peut empêcher la guerre si une certaine condition de pouvoir est apparue. Il peut avoir un effet retardateur et embellissant, mais c’est tout, comme l’indique le mythe trompeur de la guerre préventive qui préconise l’agression pour le but solennellement déclaré de l’éviter. C’est comme si quelqu’un allait tuer un homme pour lui épargner la peine de mourir. »

Cela me fait penser au « principe de précaution » dont l’usage ne peut être que menaçant dans ses applications, dérisoire dans ses résultats et totalitaire dans son aboutissement. Kohr reprend Hegel et Marx pour qui la modification quantitative entraîne nécessairement une mutation qualitative. La tranquille nation de Jefferson devient un petit monstre sous Lincoln ou Roosevelt I, un énorme monstre sous Roosevelt II-Truman et une créature tératologique et cocasse sous Bush-Obama-Trump.

Il explique :

« C’est donc toujours la masse critique du pouvoir qui transforme les nations en agresseurs, tandis que l’absence de pouvoir critique semble toujours la condition qui les rend pacifiques. Le calme n’est donc pas une attitude mentale ou une qualité acquise qui peut être formée en nous. Il nous revient automatiquement comme le résultat de la faiblesse physique. Les tribus les plus sauvages sont paisibles lorsqu’elles sont faibles. Mais, pour la même raison, les peuples civilisés deviennent des sauvages quand ils sont forts. »

En devenant forts, nous devenons dangereux (États tortionnaires puis empires coloniaux pour les nations extrême-occidentales européennes). Et en devenant gros, nous devenons aussi médiocres. Nietzsche, Hobsbawn ou Bakounine ont remarqué la stérilisation culturelle et musicale de l’Allemagne et de l’Italie au moment de leur unification… qui a débouché sur les monstres politiques que l’on sait par ailleurs.

Kohr redoute plus encore, vers 1960, l’État mondial ou la démence farfelue de la construction européenne. Il nous reste à remarquer que son culte des petits États (plus pacifiques, solidaires, cultivés, etc.) peut facilement être détourné et recyclé par « les puissances », au sens paulinien, du jour. Il n’est pas démontré que la déconstruction de nos pauvres États-nations — ou de ce qu’il en reste — serve nécessairement la liberté, la prospérité et surtout la culture de nos peuples. C’est une élimination de plus dans le projet flasque et grotesque d’une gargantuesque construction mondialiste.

[Note de Joseph : nous pouvons cependant aussi trouver des exemples du fait que des systèmes trop petits ne sont pas non plus adéquatement fonctionnels ou ne parviennent pas à remplir les objectifs envisagés, ne serait-ce que parce qu’ils manquent de puissance. Une masse d’hydrogène relativement trop petite, comme Jupiter, ne devient pas une étoile, mais reste froide et incapable de fournir lumière et chaleur à ses satellites naturels. Un maçon seul ne peut construire une cathédrale, alors que plusieurs dizaines travaillant ensemble le peuvent. Le critère n’est alors pas la petitesse, mais l’optimisation, la modération, le juste milieu, les moyens adaptés aux besoins, le principe de moindre action ou encore la loi d’économie : ni trop, ni trop peu ; la dépense d’énergie minimale pour le résultat optimal… Pour émettre un son, la corde de guitare doit être suffisamment tendue, mais pas trop, sinon elle se rompt. Pour émettre de la lumière pendant longtemps et de manière douce, la masse d’hydrogène doit être suffisamment grosse, mais pas trop, sinon elle finit par exploser dramatiquement, et trop vite. Le Soleil en comparaison de la Terre et des Hommes est énorme, gigantesque, démesurément massif. Pourtant il vit depuis 5 milliards d’années et vivra encore autant, fournissant pendant tout ce temps une énergie gratuite aux planètes et aux êtres vivants du Système solaire. Chaque système doit trouver sa taille optimale selon les ressources dont il dispose et la manière dont il est organisé. Une organisation efficace demande moins de ressources et engendre moins de frictions, de conflits, de problèmes… Cependant, la Conscience doit être à la mesure de la complexité de l’organisation ou du système. La cause de la violence croissante dans nos cités et nos nations ne se réduit pas à leur taille. Elle provient de plusieurs facteurs, dont la relativement faible conscience morale et spirituelle qui anime un trop grand nombre d’individus.]





L’industrie des droits de l’homme

[Source : schweizer-standpunkt.ch via arretsurinfo.ch]

Alfred de Zayas : Réflexions d’un spécialiste de longue date de la défense des droits de l’homme

Par Hans Köchler, président, International Progress Organization, www.i-p-o.org, Autriche

(Vienne, juillet 2023) « The Human Rights Industry » (L’industrie des droits de l’homme), rédigé par Alfred de Zayas, est l’évaluation et la critique les plus complètes et les plus honnêtes à ce jour des performances des institutions mises en place par la communauté internationale pour contrôler le respect des principes qui sous-tendent la justice et l’État de droit au niveau mondial.

Que ce soit dans son propre pays ou dans les relations entre États souverains, la politique doit être conforme à la dignité humaine et le pouvoir de l’État ne doit être utilisé que pour faire respecter le droit, et non pour le saper au nom du simple pouvoir.

C’est l’idée de base de tous les institutions et instruments internationaux créés dans le cadre de la Charte des Nations Unies et, en particulier, en réponse à la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale de l’organisation en 1948.

L’auteur de cet ouvrage soigneusement documenté nous a fait prendre conscience de l’importance de comprendre les procédures et les mécanismes souvent cachés par lesquels ces institutions exercent leur mandat. Il le fait avec une extrême authenticité, ayant occupé pendant plusieurs décennies diverses fonctions au sein des Nations Unies, dont celle de premier Expert indépendant des Nations Unies sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable de 2012 à 2018.

Au vu de son expérience de première main et de son engagement dans l’« industrie » des droits de l’homme, le point central de son étude peut être décrit avec justesse par le dicton de Juvénal « Quis custodiet ipsos custodes? » (Qui va garder les gardiens ?) Le résultat de l’enquête de l’auteur est un diagnostic sans illusion, qui aidera néanmoins le lecteur à saisir certaines des subtilités de la diplomatie internationale, à l’intersection du droit et du pouvoir.

Alfred de Zayas. L’industrie des droits de l’homme :
Reflections of a Veteran Human Rights Defender.
Atlanta, GA (USA): Clarity Press, 2023 xx + 329 p.,
ISBN 978-1-949762-52-5

L’ouvrage examine l’« industrie des droits de l’homme » dans quelques-uns des projets et réalisations les plus importants, tant sous l’égide de l’ONU qu’en dehors du cadre institutionnel de cette organisation. L’auteur fournit une évaluation et une analyse détaillées du travail et des méthodes du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (jusqu’en 2006 : Commission des droits de l’homme) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Il se penche également sur la Cour pénale internationale (CPI) et brièvement sur l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), en soulignant les cas d’ingérence politique dans le travail de ces deux institutions importantes pour l’application du droit international humanitaire.

Il aborde de manière critique le comportement de vote des États en matière de droits de l’homme ainsi que le rôle de la société civile — organisations non gouvernementales et médias — dans la promotion des droits de l’homme. Le travail se conclut par une multitude de recommandations concrètes visant à améliorer la surveillance et l’application des droits de l’homme, mais aussi à mieux définir la doctrine des droits de l’homme dans le contexte des relations de pouvoir mondiales.

En accord avec la philosophie de la Charte des Nations Unies, l’auteur souligne la priorité de la paix comme condition sine qua non de la réalisation des droits de l’homme. Il critique vivement la dilution de la « Déclaration sur le droit à la paix » du Conseil des droits de l’homme de 2016 et attire l’attention sur le fait que le document — bien que les États aient édulcoré le texte au point de rendre la déclaration presque insignifiante — a été rejeté par tous les États occidentaux membres du Conseil. Selon l’auteur, cela soulève la question de la crédibilité de ceux qui se considèrent comme les principaux défenseurs des droits de l’homme dans le système mondial actuel.

En ce qui concerne la paix, il fait également référence aux déclarations unilatérales du Haut-Commissaire aux droits de l’homme sur le conflit persistant en Ukraine et déplore ce qu’il appelle « nommer et dénoncer en portant un jugement de valeur » (judgmental naming and shaming), sans aborder les véritables problèmes. Son évaluation franche, basée sur son expérience vécue en tant que responsable des droits de l’homme, le fait douter de l’intégrité de l’approche du Bureau des droits de l’homme.

Commentant une autre déclaration du Haut-Commissaire adjoint sur le conflit ukrainien, il qualifie la manière dont le Bureau traite cette question d’« exercice de confirmation des préjugés occidentaux ». L’auteur déplore la pratique des Nations Unies consistant à nommer des représentants politiques à des postes de haut niveau, souligne la « politisation croissante » du HCDH et critique la sélectivité des enquêtes lancées par l’Office.

Il constate en outre que de nombreux éléments prouvent que le HCDH « cède aux pressions politiques des gouvernements et des donateurs ». Selon lui, « il ne fait guère de doute que le HCDH s’est vu attribuer un rôle de soutien dans la guerre hybride que les États-Unis mènent pour maintenir un monde unipolaire » (p. 30). En ce qui concerne l’indépendance et l’intégrité du travail en matière de droits de l’homme, l’auteur souligne à maintes reprises que le Haut-Commissariat ne devrait pas accepter de « contributions volontaires ».

En évaluant l’état de l’industrie des droits de l’homme dans son ensemble, de Zayas diagnostique ce qu’il appelle une « prise de contrôle hostile » de nombreuses organisations de droits de l’homme par des gouvernements, des services secrets et des intérêts (cachés) d’entreprises. Il attire notamment l’attention sur l’infiltration de la Cour pénale internationale, mais aussi des médias grand public et sociaux par les services secrets.

Tout cela a contribué à l’instrumentalisation politique et à l’utilisation abusive des droits de l’homme comme arme, ce qui, dans la constellation mondiale actuelle, implique de plus en plus une approche binaire du « bien » versus le « mal » et sape les efforts de dialogue et de règlement pacifique des différends.

Les statistiques du chapitre 8 du livre, « The Voting Record of States », sont particulièrement révélatrices du rôle de la politique de force dans le discours mondial actuel sur les droits de l’homme et l’État de droit.

Qu’il s’agisse du « droit des peuples à la paix » (Assemblée générale des Nations Unies, 1984), de la « Déclaration sur le droit à la paix » déjà mentionnée (par le Conseil des droits de l’homme), d’une résolution sur la « Promotion de la paix en tant que condition essentielle du plein exercice par tous de tous les droits de l’homme » (2022) ou des résolutions répétées du Conseil des droits de l’homme sur « l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l’homme » : les États, notamment occidentaux, qui se considèrent comme des pionniers en matière de respect des droits de l’homme ont soit voté contre, soit se sont abstenus. Dans l’analyse de l’auteur, ces États sont toutefois plutôt à classer dans la catégorie des « saboteurs des valeurs humaines » ou des « vandales des droits de l’homme » (p. 252).

La description sans fioritures de De Zayas du statu quo des droits de l’homme dans le système international actuel sert un objectif constructif. Il rappelle au lecteur qu’il faut d’abord identifier les problèmes pour pouvoir ensuite les corriger. Il décrit sa position comme celle d’un « humanisme survivaliste » (survivalist humanism) et évoque une « lacune significative » dans l’application des pactes et des résolutions sur les droits de l’homme, due à la politique internationale de puissance et à la pratique de la double morale qui en résulte.

S’appuyant sur des décennies d’étude de l’appareil des droits de l’homme des Nations Unies, il présente une série de recommandations précises visant à rendre plus crédible et plus efficace l’engagement de la communauté internationale en faveur des droits de l’homme et de l’État de droit. Parmi les priorités de la politique globale, il cite notamment la « paix mondiale », le passage de la « sécurité militaire » à la « sécurité humaine », l’abandon des mesures coercitives unilatérales (qu’il considère comme faisant partie d’une guerre hybride), la pleine reconnaissance du droit à l’autodétermination et une approche holistique des droits de l’homme.

Sur la base de ces critères, l’auteur élabore un « plan d’action » qui prévoit notamment la ratification par tous les États des principaux traités des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme, l’adoption d’un accord international sur la responsabilité sociale des entreprises et le renforcement des tribunaux régionaux et internationaux chargés des droits de l’homme.

En ce qui concerne le fonctionnement du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, il présente l’idée d’un « rapportage préventif », la mise en place de procédures visant à prévenir le harcèlement et les attaques ad hominem contre les représentants et les militants des droits de l’homme, ainsi que l’adoption d’une « Charte des droits des lanceurs d’alerte ».

Il propose en outre que le Conseil inscrive le droit à l’autodétermination comme point permanent à son ordre du jour et qu’il se penche spécifiquement sur les dangers de la propagande de guerre. En ce qui concerne le poste de Haut-Commissaire aux droits de l’homme, l’auteur estime que des mesures doivent être prises pour éviter complètement le financement dit « volontaire » et pour mettre fin à la pratique consistant à nommer d’anciens hommes politiques au poste de Haut-Commissaire.

Dans l’évaluation globale de l’auteur, l’Assemblée générale des Nations Unies a une responsabilité particulière en ce qui concerne la crédibilité de la politique mondiale des droits de l’homme. Les États membres devraient rejeter les tentatives persistantes de diviser le monde en « bons » et « mauvais » pays.

En outre, l’Assemblée devrait faire un meilleur usage de l’article 96 de la Charte des Nations Unies, qui l’autorise à demander des avis consultatifs à la Cour internationale de justice, et elle devrait accorder un statut spécial aux représentants des peuples autochtones lors des sessions de l’Assemblée. Elle devrait également envisager de nommer un conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le droit à l’autodétermination. Selon l’auteur, le principe d’intégrité territoriale n’est pas absolu et doit être interprété dans le contexte du droit à l’autodétermination.

En ce qui concerne la participation de la société civile internationale au travail des Nations Unies en matière de droits de l’homme, il convient de s’assurer que les pays puissants n’exercent pas de pressions déraisonnables pour accorder un statut consultatif aux organisations non gouvernementales ou pour les bloquer. En outre, la science et les médias ne doivent pas céder à la « cancel culture » ou imposer de manière dogmatique le « politiquement correct ». Ils devraient s’engager à laisser une place à la pluralité des points de vue. En ce qui concerne Internet et les médias sociaux, l’auteur propose entre autres de punir la censure du secteur privé et la manipulation de l’opinion publique par les algorithmes des moteurs de recherche.

La richesse des analyses et des critiques, combinée à des propositions concrètes de réforme, fait des idées rassemblées dans ce volume un véritable antidote à l’autojustification des « gestionnaires de récits » (narrative managers, selon l’expression de l’auteur), qui ont trop souvent détourné et manipulé l’agenda mondial des droits de l’homme pour servir des intérêts politiques étroits. L’ouvrage est en effet un plaidoyer convaincant pour que la communauté internationale revienne à ce que de Zayas appelle la « spiritualité » de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Hans Köchler est né le 18 octobre 1948 dans la ville de Schwaz, au Tyrol, en Autriche. Il a obtenu un doctorat en philosophie (Dr. phil.) avec les plus hautes distinctions (sub auspiciis praesidentis rei publicae) à l’Université d’Innsbruck (Autriche). De 1982 à 2014, il a été professeur universitaire de philosophie (avec une spécialisation en philosophie politique et en anthropologie philosophique). Il est titulaire de doctorats honorifiques de l’Université d’Etat de Mindanao (Philippines) et de l’Université pédagogique d’Etat d’Arménie, ainsi que d’une chaire honoraire de philosophie de l’Université de Pamukkale (Turquie). De 1990 à 2008, il a été président du département de philosophie de l’université d’Innsbruck. Dans son université, le professeur Köchler a également été président de l’Arbeitsgemeinschaft für Wissenschaft und Politik (groupe de travail pour les sciences et la politique) de 1971 à 2014. De 1974 à 1988, il a été membre du conseil d’administration du Österreichisches College (Collège autrichien, Vienne) et membre du comité de programme du Forum européen d’Alpbach. En 1998, il a été professeur invité à l’Université de Malaya à Kuala Lumpur (Malaisie). En 2004, il a été nommé professeur invité à l’Université polytechnique des Philippines, à Manille. Après avoir été élu membre à vie en 2006, il a été élu coprésident de l’Académie internationale de philosophie en 2010. De 2019 à 2021, il a été membre du conseil universitaire de l’Université des sciences numériques (Berlin). En 2018, il a rejoint la faculté de l’Académie de la diplomatie culturelle à Berlin, en Allemagne.

(Traduction de l’anglais par «Point de vue Suisse»)




L’OMS reconnaît officiellement que ses gros chiffres sur la mortalité Covid étaient faux

Par Cheikh Dieng

Interrogés par la revue scientifique Nature, des experts de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnaissent officiellement s’être trompés dans leurs chiffres liés à la mortalité Covid.

L’OMS reconnaît s’être plantée dans ses chiffres sur la mortalité liée au Covid. En effet, en mai dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé avait publié de nouveaux chiffres estimant que près de 15 millions de personnes avaient été tuées par le virus lors de la pandémie à Coronavirus.

Plus de trois semaines plus tard, un article de la revue scientifique Nature révèle que l’organisation reconnaît s’être trompée sur plusieurs pays, dont l’Allemagne et l’Inde. Concernant l’Allemagne, par exemple, l’OMS estimait le nombre de morts dans ce pays à 233 sur 100 000 habitants, soit plus que la France qui, d’après l’OMS, n’a enregistré que 125 décès sur 100 000 habitants. Des chiffres totalement faux qui ont immédiatement été contestés par les scientifiques de l’organisation.

« Immédiatement, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un problème », réagit Jon Wakefield, expert en statistiques à l’Université de Washington aux États-Unis et cadre chez l’OMS. L’Inde respire. Il faut dire que tout juste après la publication des données de l’OMS, le gouvernement indien avait fait part de sa grosse déception, qualifiant les chiffres de l’OMS faux.

Et pour cause. L’OMS comptabilisait 4,7 millions de morts dus au Covid dans ce pays (Inde), soit 10 fois plus que les chiffres officiels présentés par le gouvernement de Modi. Plus de deux semaines plus tard, l’Inde est soulagée. Car l’OMS reconnaît en effet que ses estimations étaient erronées. « Nous voulons supprimer rapidement parce que c’est faux. Nous devons le corriger », reconnaît Wakefield interrogé par la revue scientifique Nature.

L’affaire est d’autant plus embarrassante que la revue Nature souligne que les chiffres concernant plusieurs autres pays étaient erronés.

Sur les réseaux sociaux, les réactions à ce mea-culpa ont été nombreuses




L’inversion vaut aussi pour la drogue

[Source : reseauinternational.net]

Le succès massif de l’éradication de l’opium par les Taliban soulève des questions sur ce que faisaient vraiment les États-Unis (et l’OTAN) depuis le début

Par Alan MacLeod

Le gouvernement taliban d’Afghanistan — pays qui produisait jusqu’à récemment 90 % de l’héroïne mondiale — a considérablement réduit la culture de l’opium dans l’ensemble du pays. Des sources occidentales estiment que cette réduction peut atteindre 99 % dans certaines provinces. Cela soulève de sérieuses questions quant au sérieux des efforts d’éradication de la drogue déployés par les États-Unis dans le pays au cours des 20 dernières années. De plus, alors que les réserves mondiales d’héroïne se tarissent, les experts déclarent à MintPress News qu’ils craignent que cela n’entraîne une augmentation de l’utilisation du fentanyl — une drogue des dizaines de fois plus puissante que l’héroïne qui tue déjà plus de 100 000 Américains chaque année.

[NDLR Les États-Unis, bras armé du mondialisme, prétendent faire la guerre à la drogue alors que notamment via la CIA, ils sont les principaux trafiquants mondiaux, de la même manière qu’ils prétendent lutter contre le terrorisme, alors qu’ils ont notamment créé le réseau Gladio en Europe et ISIS/al-Qaïda en Syrie/Irak, qu’ils ont prétendu améliorer l’agriculture mondiale avec la Révolution verte, alors qu’ils ont contribué à largement appauvrir et empoisonner les sols et les variétés végétales dans tous les pays du monde où celle-ci s’est exportée, etc.. L’inversion n’est pas seulement celle des valeurs et du sens des mots. Elle tend à envahir toutes les dimensions de la vie humaine. Chaque fois que les élites mondialistes ou leurs serviteurs tels que les États-Unis (ou même certains mouvements de résistance en réalité contrôlés) prétendent quelque chose, on peut être pratiquement certain qu’ils font ou vont faire en réalité le contraire.]

Les Talibans font ce que les États-Unis n’ont pas fait

Elle a déjà été qualifiée d’« effort de lutte contre les stupéfiants le plus réussi de l’histoire de l’humanité ». Armées de simples bâtons, des équipes de brigades de lutte contre les stupéfiants parcourent le pays pour couper les champs de pavot de l’Afghanistan.

En avril de l’année dernière, le gouvernement taliban au pouvoir a annoncé l’interdiction de la culture du pavot, invoquant à la fois ses fortes convictions religieuses et les coûts sociaux extrêmement néfastes que l’héroïne et d’autres opioïdes — dérivés de la sève du pavot — ont engendrés dans tout l’Afghanistan.

Il n’y a pas eu que de l’esbroufe. De nouvelles recherches menées par la société de données géospatiales Alcis suggèrent que la production de pavot a déjà chuté d’environ 80 % depuis l’année dernière. En effet, l’imagerie satellite montre que dans la province de Helmand, la région qui produit plus de la moitié de la récolte, la production de pavot a chuté d’un pourcentage stupéfiant de 99 %. Il y a 12 mois à peine, les champs de pavot dominaient. Mais Alcis estime qu’il y a aujourd’hui moins de 1 000 hectares de pavot dans la province d’Helmand.

Au lieu de cela, les agriculteurs plantent du blé, ce qui permet d’éviter le pire de la famine que les sanctions américaines ont contribué à créer. L’Afghanistan reste toutefois dans une situation périlleuse, les Nations Unies estimant que six millions de personnes sont proches de la famine.

Les données d’Alcis montrent que la majorité des agriculteurs afghans sont passés de la culture du pavot à celle du blé en une seule année.

Les Talibans ont attendu 2022 pour imposer l’interdiction tant attendue, afin de ne pas interférer avec la saison de culture. Cela aurait provoqué des troubles au sein de la population rurale en éradiquant une récolte que les agriculteurs avaient mis des mois à cultiver. Entre 2020 et fin 2022, le prix de l’opium sur les marchés locaux a augmenté de 700 %. Pourtant, compte tenu de l’insistance des talibans — et de leur efficacité en matière d’éradication —, rares sont ceux qui ont été tentés de planter du pavot.

L’interdiction du pavot s’est accompagnée d’une campagne similaire contre l’industrie de la méthamphétamine, le gouvernement s’attaquant aux cultures d’éphédra et fermant des laboratoires d’éphédrine dans tout le pays.

Une catastrophe imminente

L’Afghanistan produit près de 90 % de l’héroïne mondiale. L’éradication de la culture de l’opium aura donc de profondes conséquences sur la consommation de drogues dans le monde entier. Les experts interrogés par MintPress ont averti qu’une pénurie d’héroïne entraînerait probablement une hausse considérable de la consommation d’opioïdes synthétiques tels que le fentanyl, une drogue que le Centre de contrôle des maladies estime être 50 fois plus puissante et qui est responsable de la mort de plus de 100 000 Américains chaque année.

« Il est important de tenir compte des périodes passées de pénurie d’héroïne et de l’impact qu’elles ont eu sur le marché européen de la drogue », a déclaré l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) à MintPress, avant d’ajouter :

« Il est important de tenir compte des périodes passées de pénurie d’héroïne et de leur impact sur le marché européen de la drogue »

L’expérience des périodes précédentes de réduction de l’offre d’héroïne dans l’Union européenne suggère que cela peut entraîner des changements dans les schémas d’offre et de consommation de drogues. Il peut s’agir notamment d’une augmentation des taux de polyconsommation chez les consommateurs d’héroïne. Le remplacement de l’héroïne par des opioïdes synthétiques plus nocifs, y compris le fentanyl et ses dérivés et de nouveaux opioïdes benzimidazoles puissants, peut constituer un risque supplémentaire pour les consommateurs existants.

En d’autres termes, si l’héroïne n’est plus disponible, les consommateurs se tourneront vers des formes synthétiques de la drogue beaucoup plus mortelles. Un rapport des Nations Unies de 2022 est arrivé à une conclusion similaire, notant que la répression de la production d’héroïne pourrait conduire au « remplacement de l’héroïne ou de l’opium par d’autres substances […] telles que le fentanyl et ses analogues ».

« Il y a un danger au sens large : si l’on retire toute l’héroïne du marché, les gens vont se tourner vers d’autres produits », a déclaré Matthew Hoh à MintPress. M. Hoh est un ancien fonctionnaire du département d’État qui a démissionné de son poste dans la province de Zabul, en Afghanistan, en 2009. « Mais la réponse ne devrait pas être de réinvestir l’Afghanistan, de le réoccuper et de remettre les barons de la drogue au pouvoir, ce qui est essentiellement ce que les gens impliquent lorsqu’ils déplorent les conséquences de l’arrêt du commerce de la drogue par les talibans », a ajouté M. Hoh.

« La plupart des gens qui parlent ainsi et qui s’inquiètent à voix haute sont des gens qui veulent trouver une raison pour que les États-Unis aillent opérer un changement de régime en Afghanistan. »

Les sources américaines n’ont pas manqué de s’inquiéter. La revue Foreign Policy a écrit sur « la façon dont la “guerre contre la drogue” des talibans pourrait se retourner contre eux » ; la Radio Free Europe/Radio Liberty, financée par le gouvernement américain, a affirmé que les Talibans fermaient les yeux sur la production d’opium, malgré l’interdiction officielle. L’Institut de la paix des États-Unis, une institution créée par le Congrès qui « se consacre à la proposition qu’un monde sans conflits violents est possible », a déclaré catégoriquement que « l’interdiction réussie de l’opium par les Talibans est mauvaise pour les Afghans et pour le monde ».

Cette catastrophe imminente ne se produira toutefois pas immédiatement. Il existe encore d’importants stocks de drogues le long des itinéraires de trafic. Comme l’a déclaré l’OEDT à MintPress :

« Il peut s’écouler plus de 12 mois avant que la récolte d’opium n’apparaisse sur le marché européen de la drogue au détail sous forme d’héroïne — il est donc trop tôt pour prédire, à ce stade, l’impact futur de l’interdiction de la culture sur la disponibilité de l’héroïne en Europe. Néanmoins, si l’interdiction de la culture de l’opium est appliquée et maintenue, elle pourrait avoir un impact significatif sur la disponibilité de l’héroïne en Europe en 2024 ou 2025 ».

Pourtant, rien n’indique que les Talibans ne soient pas sérieux dans leur volonté d’éradiquer cette culture, ce qui laisse présager une pénurie d’héroïne.

Une tentative similaire d’élimination de la drogue par les Talibans a eu lieu en 2000, la dernière année complète où ils étaient au pouvoir. Elle a été extraordinairement réussie, la réduction de la production d’opium passant de 4 600 tonnes à 185 tonnes seulement. À l’époque, il a fallu environ 18 mois pour que les conséquences se fassent sentir en Occident. Au Royaume-Uni, la pureté moyenne de l’héroïne est passée de 55 % à 34 %, tandis que dans les États baltes d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, l’héroïne a été largement remplacée par le fentanyl. Toutefois, dès l’invasion des États-Unis en 2001, la culture du pavot a retrouvé son niveau antérieur et la chaîne d’approvisionnement a repris.

Complicité des États-Unis dans le trafic de drogue en Afghanistan

« La campagne réussie des Talibans pour éradiquer la production de drogue a jeté un doute sur l’efficacité des efforts déployés par les Américains pour parvenir au même résultat. Cela amène à se demander ce que nous avons réellement accompli là-bas », a fait remarquer M. Hoh, en soulignant que « les Talibans sont en train de se débarrasser de la drogue » :

« Cela remet en cause l’une des prémisses fondamentales de ces guerres : la prétendue association entre les Talibans et le trafic de drogue — un concept de lien narcoterroriste. Toutefois, cette notion est fallacieuse. En réalité, l’Afghanistan était à l’origine de 80 à 90 % de l’offre mondiale d’opiacés illicites. Les principaux responsables de ce commerce étaient le gouvernement et l’armée afghans, des entités que nous avons maintenues au pouvoir ».

À gauche, un Marine américain cueille une fleur
alors qu’il garde un champ de coquelicots en 2012 dans la province d’Helmand.
Photo : DVIDS.
À droite, un homme brise des tiges de pavot dans le cadre d’une campagne de 2023
visant à lutter contre les drogues illégales en Afghanistan.
Oriane Zerah | AP

Suzanna Reiss, universitaire à l’Université d’Hawaï à Manoa et auteur de « We Sell Drugs: The Alchemy of U.S. Empire », a fait preuve d’un point de vue encore plus cynique sur les efforts américains de lutte contre les stupéfiants, comme elle l’a indiqué à MintPress :

« Les États-Unis n’ont jamais vraiment cherché à réduire le trafic de drogue en Afghanistan (ou ailleurs d’ailleurs). Toute rhétorique noble mise à part, les États-Unis ont été heureux de travailler avec les trafiquants de drogue si cela permettait de promouvoir certains intérêts géopolitiques (et l’ont d’ailleurs fait, ou du moins ont fermé sciemment les yeux, lorsque des groupes comme l’Alliance du Nord s’appuyaient sur la drogue pour financer leur mouvement politique contre le régime) ».

La transformation de l’Afghanistan en un narco-État de premier plan doit beaucoup aux actions de Washington. Dans les années 1970, la culture du pavot était relativement limitée. Toutefois, le vent a tourné en 1979 avec le lancement de l’opération Cyclone, une injection massive de fonds dans les factions moudjahidines afghanes visant à épuiser l’armée soviétique et à mettre fin à sa présence en Afghanistan. Les États-Unis ont versé des milliards aux insurgés, mais leurs besoins financiers n’ont pas été satisfaits. Les moudjahidines se sont donc lancés dans le commerce illicite de la drogue. Au terme de l’opération Cyclone, la production d’opium en Afghanistan avait été multipliée par vingt. Le professeur Alfred McCoy, auteur acclamé de « The Politics of Heroin: CIA Complicity in the Global Drug Trade », a déclaré à MintPress qu’environ 75 % de la production illégale d’opium de la planète provenait désormais d’Afghanistan, et qu’une grande partie des recettes était reversée à des factions rebelles soutenues par les États-Unis.

La crise des opioïdes : une catastrophe imminente

La crise des opioïdes est la pire épidémie de toxicomanie de l’histoire des États-Unis. Au début de l’année, le secrétaire du ministère de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a décrit le problème du fentanyl aux États-Unis comme « le plus grand défi auquel nous sommes confrontés en tant que pays ». Près de 110 000 Américains sont morts d’une overdose en 2021, le fentanyl étant de loin la principale cause. Entre 2015 et 2021, l’Institut national de la santé a enregistré une multiplication par près de 7,5 des décès par overdose. La revue médicale The Lancet prévoit que 1,2 million d’Américains mourront d’une overdose d’opioïdes d’ici 2029.

Les autorités américaines accusent les cartels mexicains de faire passer l’antidouleur synthétique par la frontière sud et la Chine de produire les produits chimiques nécessaires à la fabrication de la drogue.

Les Américains blancs sont plus susceptibles de faire un usage abusif de ces types de drogues que les autres races. Les adultes âgés de 35 à 44 ans enregistrent les taux de mortalité les plus élevés, bien que les décès chez les plus jeunes soient en augmentation. L’Amérique rurale a été particulièrement touchée ; une étude réalisée en 2017 par le National Farmers Union et l’American Farm Bureau Federation a révélé que 74 % des agriculteurs ont été directement touchés par l’épidémie d’opioïdes. La Virginie-Occidentale et le Tennessee sont les États les plus touchés.

Pour l’écrivain Chris Hedges, originaire du Maine rural, la crise du fentanyl est un exemple de l’une des nombreuses « maladies du désespoir » dont souffrent les États-Unis. Selon lui, elle est née d’un monde en décomposition où les opportunités, qui confèrent statut, estime de soi et dignité, se sont taries pour la plupart des Américains. Ils sont l’expression d’un désespoir et d’une morbidité aigus. En substance, lorsque le rêve américain s’est évanoui, il a été remplacé par un cauchemar américain. Le fait que les hommes blancs soient les premières victimes de ces maladies du désespoir est une conséquence ironique de notre système injuste. Comme l’explique Hedges :

« Les hommes blancs, plus facilement séduits par le mythe du rêve américain que les personnes de couleur qui comprennent à quel point le système capitaliste leur est défavorable, souffrent souvent d’un sentiment d’échec et de trahison, dans de nombreux cas lorsqu’ils sont dans la force de l’âge. Ils s’attendent, en raison des notions de suprématie blanche et des platitudes capitalistes sur le travail acharné menant à l’avancement, à être en pleine ascension. Ils croient au succès ».

En ce sens, il est important de replacer la crise de la dépendance aux opioïdes dans le contexte plus large du déclin américain, où les opportunités de réussite et de bonheur sont plus rares et plus éloignées que jamais, plutôt que de l’attribuer à des individus. Comme l’écrit le Lancet :

« Les approches punitives et stigmatisantes doivent cesser. La dépendance n’est pas une faute morale. Il s’agit d’un état pathologique qui constitue une menace constante pour la santé ».

Un problème exclusivement américain

Près de 10 millions d’Américains font un usage abusif d’opioïdes sur ordonnance chaque année, à un rythme bien supérieur à celui des pays développés comparables. Les décès par surdose d’opioïdes aux États-Unis sont dix fois plus fréquents par habitant qu’en Allemagne et plus de vingt fois plus fréquents qu’en Italie, par exemple.

Cela est dû en grande partie au système de santé à but lucratif des États-Unis. Les compagnies d’assurance privées américaines sont beaucoup plus enclines à prescrire des médicaments et des pilules que des thérapies plus coûteuses qui s’attaquent à la racine du problème à l’origine de l’addiction. C’est pourquoi la crise des opioïdes est communément qualifiée de « problème exclusivement américain ».

Si les médecins américains sont beaucoup plus enclins à administrer des analgésiques exceptionnellement puissants que leurs homologues européens, c’est en partie parce qu’ils ont fait l’objet d’une campagne de marketing hyperagressive de la part de Purdue Pharma, fabricant du puissant opioïde OxyContin. Purdue a lancé l’OxyContin en 1996 et ses agents ont envahi les cabinets médicaux pour promouvoir le nouveau « médicament miracle ».

Environ 1 million de faux comprimés contenant du fentanyl saisis le 5 juillet 2022 dans une maison d’Inglewood, en Californie. Photo : DEA via AP.

Pourtant, procès après procès, l’entreprise a été accusée de mentir sur l’efficacité et la dépendance de l’OxyContin, un médicament qui a rendu d’innombrables Américains dépendants des opioïdes. Et lorsque les opioïdes sur ordonnance, légaux, mais incroyablement addictifs, se sont taris, les Américains se sont tournés vers des substances illicites comme l’héroïne et le fentanyl pour les remplacer.

Les propriétaires de Purdue Pharma, la famille Sackler, ont régulièrement été décrits comme la famille la plus diabolique d’Amérique, beaucoup leur imputant la responsabilité des centaines de milliers de décès par overdose. En 2019, sous le poids de milliers de poursuites judiciaires, Purdue Pharma a déposé son bilan. Un an plus tard, elle a plaidé coupable à des accusations criminelles concernant la mauvaise commercialisation de l’OxyContin.

Néanmoins, les Sackler se sont enrichis comme des bandits grâce à leurs actions. Même après avoir été contraints l’année dernière de verser près de 6 milliards de dollars en espèces aux victimes de la crise des opioïdes, ils restent l’une des familles les plus riches du monde et ont refusé de s’excuser pour leur rôle dans la construction d’un empire de la douleur qui a causé des centaines de milliers de morts.

Au lieu de cela, la famille a tenté de blanchir son image par la philanthropie, en parrainant un grand nombre d’institutions artistiques et culturelles parmi les plus prestigieuses du monde. Il s’agit notamment du musée Guggenheim et du Metropolitan Museum of Art à New York, de l’université de Yale, du British Museum et de la Royal Academy à Londres.

Les anciens combattants constituent l’un des groupes les plus touchés par les opioïdes tels que l’OxyContin, l’héroïne et le fentanyl. Selon les National Institutes of Health, les anciens combattants sont deux fois plus susceptibles de mourir d’une overdose que le reste de la population. La bureaucratie est l’une des raisons de ce phénomène. « Au cours des dernières décennies, l’administration des vétérans a fait du très mauvais travail en matière de gestion de la douleur, en particulier en ce qui concerne le recours aux opioïdes », a déclaré M. Hoh, un ancien marine, à MintPress, précisant que l’administration des vétérans prescrivait des opioïdes dangereux à un taux plus élevé que les autres organismes de santé.

Les anciens soldats doivent souvent faire face à des douleurs chroniques et à des lésions cérébrales. M. Hoh note qu’environ un quart de millions de vétérans d’Afghanistan et d’Irak souffrent de lésions cérébrales traumatiques. À cela s’ajoutent les profondes lésions morales dont beaucoup ont souffert — des lésions qui ne sont généralement pas visibles. Comme l’a fait remarquer Hoh :

« Les vétérans se tournent vers [des opioïdes comme le fentanyl] pour faire face aux conséquences mentales, émotionnelles et spirituelles de la guerre. Ils les utilisent pour apaiser leur détresse, essayer de trouver un certain soulagement, échapper à la dépression et faire face aux démons qui reviennent chez les vétérans qui ont participé à ces guerres ».

Ainsi, si le programme d’éradication de l’opium des talibans se poursuit, il pourrait déclencher une crise du fentanyl qui pourrait tuer plus d’Américains que ne l’a fait l’occupation qui a duré 20 ans.

Société brisée

Si les maladies du désespoir sont courantes aux États-Unis, elles sévissent en Afghanistan même. Un rapport mondial publié en mars a révélé que les Afghans sont de loin les personnes les plus malheureuses de la planète. Les Afghans évaluent leur vie à 1,8 sur 10, ce qui les place en avant-dernière position, loin derrière les Finlandais (7,8 sur 10).

La dépendance à l’opium en Afghanistan est hors de contrôle, avec environ 9 % de la population adulte (et un nombre important d’enfants) dépendants. Entre 2005 et 2015, le nombre de toxicomanes adultes est passé de 900 000 à 2,4 millions, selon les Nations unies qui estiment que près d’un foyer sur trois est directement touché par la toxicomanie. L’opium étant fréquemment injecté, les maladies transmises par le sang, comme le VIH, sont également courantes.

Le problème des opioïdes s’est également étendu aux pays voisins, tels que l’Iran et le Pakistan. Un rapport des Nations unies de 2013 estimait que près de 2,5 millions de Pakistanais consommaient des opioïdes, dont 11 % dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest du pays. Environ 700 personnes meurent chaque jour d’overdoses.

L’empire de la drogue

Compte tenu de leur histoire, il est peut-être compréhensible que les pays asiatiques aient généralement pris des mesures beaucoup plus autoritaires pour lutter contre les problèmes de toxicomanie. Pendant des siècles, l’utilisation du commerce illégal de la drogue pour promouvoir des objectifs impériaux a été une tactique occidentale courante. Dans les années 1940 et 1950, les Français ont utilisé les cultures d’opium dans la région du « Triangle d’or » en Asie du Sud-Est afin de contrer le mouvement d’indépendance vietnamien en plein essor.

Un siècle auparavant, les Britanniques avaient utilisé l’opium pour écraser et conquérir une grande partie de la Chine. La soif insatiable de la Grande-Bretagne pour le thé chinois commençait à mettre le pays en faillite, car la Chine n’acceptait que de l’or ou de l’argent en échange. Les Britanniques ont donc utilisé la puissance de leur marine pour forcer la Chine à leur céder Hong Kong. De là, ils ont inondé la Chine continentale d’opium cultivé en Asie du Sud (y compris en Afghanistan).

Les effets de la guerre de l’opium ont été stupéfiants. En 1880, les Britanniques inondaient la Chine de plus de 6 500 tonnes d’opium par an, soit l’équivalent de plusieurs milliards de doses. La société chinoise s’est effondrée, incapable de faire face aux bouleversements sociaux et économiques que des millions d’opiomanes ont entraînés à l’échelle de l’empire. Aujourd’hui, les Chinois continuent d’appeler cette période le « siècle de l’humiliation ».

Pendant ce temps, en Asie du Sud, les Britanniques forcent les agriculteurs à planter des champs de pavot au lieu de cultures comestibles, provoquant des vagues de famines gigantesques, jamais vues auparavant ni depuis.

Dans les années 1980, en Amérique centrale, les États-Unis ont vendu des armes à l’Iran afin de financer les escadrons de la mort d’extrême droite des Contras. Les Contras étaient profondément impliqués dans le commerce de la cocaïne, alimentant leur sale guerre par la vente de crack aux États-Unis — une pratique que, selon le journaliste Gary Webb, la Central Intelligence Agency a facilitée.

L’impérialisme et les drogues illicites vont donc souvent de pair. Cependant, avec l’effort d’éradication de l’opium par les talibans, couplé au phénomène spécifiquement américain de la dépendance aux opioïdes, il est possible que les États-Unis subissent un contrecoup important dans les années à venir. L’épidémie mortelle de fentanyl ne fera probablement qu’empirer, emportant inutilement des centaines de milliers de vies américaines supplémentaires. Ainsi, alors même que l’Afghanistan tente de se débarrasser de son problème mortel de toxicomanie, ses actions pourraient précipiter une épidémie qui promet de tuer plus d’Américains que toutes les entreprises impériales de Washington à ce jour.

Source : The Alt Word




WORLDCOIN : L’IA exige la preuve que vous êtes humain

[Source : off-guardian.org]

« … la plupart des gens dans le monde ne sont même pas au courant des protocoles de preuve de personnalité, et si vous leur dites de tenir un code QR et de scanner leurs yeux pour 30 $, ils le feront. »

Vitalik Buterin

Par Karen Hunt

Dans la scène d’ouverture du film original de Blade Runner, Leon, un réplicant du Nexus-6 subit un « test de Voight-Kampff » pour déterminer s’il est humain ou non.



Le test est conçu pour provoquer une réaction émotionnelle. Les émotions sont lues en balayant l’iris, la partie colorée de votre œil. La couleur de votre iris est comme votre empreinte digitale ; c’est unique pour vous, et personne d’autre au monde n’a exactement la même couleur d’œil.

Au fil des questions, Leon devient de plus en plus agité. Lorsqu’on lui demande de « décrire en un seul mot, uniquement les bonnes choses qui te viennent à l’esprit à propos de ta mère », il en a assez. « Ma mère ? » dit Léon. « Laissez-moi vous parler de ma mère. » Et il sort une arme et tue son bourreau.

Les réplicants ont une date de fin, car s’ils vivent trop longtemps, ils commencent à développer des émotions et la peur est qu’ils ne se distinguent plus des humains. Leon et quelques autres réplicants avancés ont pour mission d’affronter leur créateur, le Dr Eldon Tyrell, et de trouver un moyen de prolonger leur vie.

Phillip K. Dick, auteur du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? sur lequel le film est basé, se retournerait contre ce qui se passe aujourd’hui. Non pas parce que c’est ce qu’il a prédit, mais parce que c’est exactement le contraire.

Ce n’est pas l’IA qui doit prouver qu’elle n’est pas humaine. Ce sont les humains qui doivent prouver qu’ils ne sont pas des IA.

J’ai mis en garde à ce sujet dans Digital ID And Our Obsession with « Identity » [L’identité numérique et notre obsession de l’« identité »].

« Il est presque impossible d’échapper à la vaste machine qui nous absorbe en elle. Elle insiste pour que nous prouvions qui nous sommes, encore et encore, et plus nous en faisons, moins il semble satisfait. »

Plus nous devons prouver notre identité, plus l’IA trouvera des moyens de la falsifier. Plus nous donnons d’informations à l’IA, plus ces informations peuvent être utilisées contre nous.

Par exemple, Amazon utilise la surveillance pour comptabiliser les secondes de la pause toilette de chaque travailleur ou chronométrer chaque étape de son travail. Et en fait, les travailleurs sont formés pour le faire eux-mêmes avec leurs appareils Fitbit enregistrant leurs pas en une journée. Dans certains lieux de travail, l’IA écoute chaque conversation, répertorie chaque mot, qui l’a dit et comment, puis note chaque agent.

« Dans le travail à bas salaire, nous constatons que beaucoup plus de décisions prises par un cadre intermédiaire sont sous-traitées à un algorithme », déclare Aiha Nguyen de l’organisme de recherche Data & Society.

De plus en plus d’entreprises collectent des données pour augmenter la production et former des machines pour imiter les humains. Aux États-Unis, des caméras ont été installées au-dessus de la tête de chaque travailleur dans les chaînes de montage lors de l’assemblage de pièces automobiles ou de composants électroniques.

Le résultat est que les humains sont tenus de se comporter davantage comme des robots, aucune spontanéité de pensée ou d’action, aucune excuse pour les erreurs, tandis que les machines apprennent à se comporter davantage comme des humains.

Comme l’a récemment déclaré un employé d’Amazon au Guardian :

« Pour eux, nous sommes comme des robots plutôt que des personnes. Les petites choses qui font de nous des êtres humains, vous pouvez les sentir être broyées. »

Les humains ordinaires sont relégués à une classe inférieure à la machine. Et n’imaginez pas que parce que vous appartenez à la classe moyenne, vous en êtes exempté. La classe moyenne disparaît rapidement. Oui, de nombreux nouveaux emplois sont créés dans les secteurs de la technologie et de la santé, mais ces emplois seront également surveillés par l’IA.

Dans une interview en 2014 lors d’un symposium du MIT, Elon Musk avertissait :

« Avec l’intelligence artificielle, on invoque le démon. Vous savez toutes ces histoires où il y a le gars avec le pentagramme et l’eau bénite et il est comme… ouais, il est sûr qu’il peut contrôler le démon, [mais] ça ne marche pas. »

Et pourtant, il est à l’avant-garde de la création et de la construction de l’IA et de son infiltration dans nos esprits. Il est loin d’être le seul dans cette entreprise. Sam Altman, qui a aidé à fonder OpenAI avec Elon Musk, a lancé l’une des entreprises les plus ambitieuses de « preuve d’humanité » :

WORLDCOIN

Worldcoin vous invite à vous approcher de l’orbe et à regarder dans ses profondeurs. Il promet d’apporter la réponse à la question de la preuve de la personnalité de chaque être humain sur la planète.

Selon son site Internet,

« Le protocole Worldcoin aspire à devenir le plus grand réseau public identitaire et financier au monde, accessible à tous, quels que soient leur nationalité, leur origine ou leur statut économique. »

L’Orbe a à peu près la taille d’une boule de bowling.

« Il utilise un système de caméras infrarouges, de capteurs et de réseaux de neurones alimentés par l’IA pour scanner votre iris et vérifier que vous êtes un être humain ».

Ces orbes sont mis en place dans des villes du monde entier. Les gens se voient offrir 30 $ pour regarder dans l’Orbe et abandonner leurs iris à la Vaste Machine. Jusqu’à présent, plus de deux millions d’humains l’ont fait dans plus de 30 pays, sur les cinq continents.

Les promoteurs de Worldcoin expliquent que puisque l’IA va bientôt évoluer vers l’AGI, ou l’intelligence générale avancée, rendant la machine plus intelligente que les humains, il est impératif que nous cataloguions chaque véritable humain sur la planète afin que personne ne soit laissé pour compte dans les opportunités de prospérité à venir.

[Note de Joseph : dans notre monde orwellien d’inversion des valeurs et des significations, la prospérité promise ne sera que pour les élites, alors que les autres ne seront que des esclaves déshumanisés, ne possédant plus rien, pas même leur identité qui sera contrôlée par la machine.]

Il y a beaucoup de problèmes avec l’AGI, qui méritent une exploration plus approfondie. Par exemple, alors que l’IA reçoit de plus en plus de données synthétiques au lieu de « données humaines pures », le chercheur en données de l’Université Monash, Jathan Sadowski, prévient qu’elle se transforme en ce qu’il décrit comme « “l’IA des Habsbourg”, ou “un système qui est si fortement formé sur le sorties d’autres IA génératives qu’il devient un mutant consanguin, probablement avec des caractéristiques exagérées et grotesques.” »

Richard G. Baraniuk, en collaboration avec des chercheurs de Stanford, a publié un article fascinant sur ce problème, intitulé « Self-Consuming Generative Models Go MAD [Les modèles génératifs auto-consommateurs deviennent fous] ».

Oui, AGI peut littéralement devenir MAD, un peu comme Leon. Mais tout cela signifie qu’à l’avenir, les données en or pur, ou les données humaines réelles, gagneront en valeur jusqu’à ce que l’IA atteigne un point où elle n’est plus nécessaire.

Naturellement, les humains ordinaires ne sont pas informés de tout cela. On nous promet que le bond en avant de l’IA dans l’intelligence créera une richesse massive pour nous. Comme le dit Vitalik Buterin, les gens ne comprennent pas vraiment ce qu’on leur vend. Au lieu de cela, nous nous accrochons aux concepts dont nous avons été nourris, comme les créateurs de Worldcoin affirmant vertueusement que « personne ne veut que toute cette richesse ne profite qu’aux milliardaires, elle devrait être distribuée équitablement à — littéralement — chaque humain de la planète, sous la forme de RBU »., ou revenu de base universel. Le RBU se présentera sous la forme d’une crypto-monnaie appelée Worldcoin (WLD) ».

Apparemment, cela donnera du pouvoir à tous les humains. C’est ce que disent les milliardaires qui ont utilisé ces dernières années l’hystérie de la Covid et maintenant la guerre en Ukraine — non pas pour bénéficier à l’humanité — mais pour accroître leur propre richesse et leur pouvoir, de sorte qu’ils sont maintenant en mesure de cataloguer et de contrôler chaque personne sur la planète.

« Le RBU m’intéresse même sans parler d’IA », a déclaré Altman dans une récente interview avec Zoom. « C’est une idée qui plaît à beaucoup de gens. Si nous avons une société suffisamment riche pour mettre fin à la pauvreté, alors nous avons l’obligation morale de trouver comment y parvenir. »

Ce qui est vraiment intéressant, c’est que lorsqu’ils veulent vous asservir, ils parlent d’une obligation morale de le faire. N’avons-nous pas déjà assez de richesses pour mettre fin à la pauvreté ? N’y a-t-il pas toujours eu assez de richesse pour mettre fin à la pauvreté ?

L’histoire nous a montré qu’une fois qu’une personne a goûté au pouvoir, elle ne le partage pas, elle en veut juste plus. Et plus. Et plus.
Altman veut partager la richesse, mais pour votre propre bien, elle ne peut pas encore être partagée :

« Je pense que nous allons avoir besoin d’une sorte de coussin pendant la transition et une partie de la raison d’être enthousiasmé par l’IA est que c’est un monde plus abondant matériellement. »

Le coussin sera un revenu de base universel, juste pour les aider à traverser cette phase de transition. Notez que Worldcoin est vendu comme offrant aux humains un « monde plus abondant matériellement ».

Combien de matériel de plus pouvons-nous obtenir ? Combien de choses pouvons-nous encore accumuler ? C’est le mensonge que nous avons été conditionnés à croire depuis les années 1950 environ, lorsque les entreprises ont réalisé qu’elles pouvaient manipuler psychologiquement les gens, même les enfants, à grande échelle (par le biais de la télévision) pour qu’ils achètent de plus en plus de « choses » avec la promesse que cela les rendrait heureux. Bien sûr, cela n’a jamais rendu personne heureux. Tout ce que cela a fait, c’est créer la dépendance d’en vouloir toujours plus. En cours de route, les gens ordinaires sont devenus désespérément endettés auprès d’un groupe de milliardaires de plus en plus puissants et triés sur le volet.

L’Américain moyen a une dette d’environ 90 000 $. La plupart des gens vivent de chèque de paie en chèque de paie et sont à un chèque de paie de la catastrophe. Dans Digital ID And Our Obsession with « Identity », j’écris sur l’histoire de la vie à crédit et comment cela nous est arrivé.

Si vous vivez dans un pays du premier monde mais que vous avez des dettes inquiétantes, imaginez qu’on vous enlève ce poids qui vous empêche de dormir, qui vous donne l’impression de vous noyer continuellement sans pouvoir vous soulager. Pouf ! Votre dette est effacée. Tout ce que vous avez à faire est de donner vos données biométriques à la Grande Machine. Quel est le problème avec ça ? Vous en avez déjà donné tellement au gouvernement, à Amazon, à Google, à chaque site Web sur lequel vous naviguez, qu’importe si enfin vous donnez tout. Quel soulagement ce sera.

Imaginez maintenant que vous veniez d’un pays du tiers monde et que quelqu’un vienne dans votre village pour vous offrir une connexion avec le monde extérieur et la possibilité d’être riche, vous aussi, et de participer à l’économie mondiale. Tout ce que vous avez à faire, c’est de fixer l’orbe et on vous donnera de l’argent pour cela.

D’ici peu, tout le monde, du villageois du tiers-monde au membre de la génération Z du premier monde, se retrouvera dans un appartement situé dans une ville de 5 minutes. Il aura fière allure, avec des espaces verts, des magasins, une salle de sport, des vélos et pas de voitures. Ils seront tous relégués au même niveau et recevront un certain nombre de jetons à dépenser, principalement dans un monde virtuel où ils vivront par procuration ce qu’ils ne peuvent pas vivre dans le monde réel qui est devenu si étroit. Lentement, mais sûrement, le monde réel se transforme en rêve tandis que le monde virtuel devient réalité.

Nous sommes déjà conditionnés à accepter cette transition loin de la réalité. Nous croyons que nous faisons l’expérience de la « liberté » en ligne dans des endroits comme « x ». Nous vérifions notre humanité, pensant que c’est une bonne chose, ou même si nous ne le faisons pas, nous le faisons quand même, en le justifiant parce que cela signifie que nous pouvons parler « librement ». En ligne, nous pouvons dire avec audace des choses à des millions de personnes désincarnées que nous ne dirions jamais dans le monde réel. Par exemple, vous ne crieriez pas vos opinions politiques sur le marché à un groupe d’étrangers. Mais vous le ferez en ligne.

Vous vous souvenez des « émissions de télé-réalité ? ». Elles n’étaient pas réelles. Personne n’a essayé de prétendre qu’elles l’étaient. Mais elles ont servi un objectif important, brouillant la frontière entre réalité et illusion.

Cela nous conduit encore plus loin dans les boîtes dont j’ai souvent parlé. Des prisons virtuelles qui nous semblent confortables et familières, où nous avons déjà créé des communautés de personnes qui pensent exactement la même chose que nous. Cette mentalité est continuellement renforcée au point que nous ne contrôlons plus nos propres esprits, nous sommes simplement nourris en boucle continue de la même propagande avec un « pépin » occasionnel pour nous donner l’impression de « lutter » contre « quelque chose » alors que nous ne faisons que vivre dans un rêve.

Imaginez voter pour un candidat, par exemple. Tout comme les céréales au supermarché, il peut y en avoir deux ou trois différentes, mais elles proviendront toutes de la même source : la Grande Machine. Peut-être qu’ils ne seront même pas de vraies personnes à un moment donné. Ce seront des représentations virtuelles de personnes.

En fonction de tout ce que la machine sait de vous, vous serez amené à voter pour un certain candidat. Oh, vous dites, cela arrive déjà. Mais c’est pourquoi cette affaire contre Donald Trump est si importante. Quoi que vous pensiez de lui, il menaçait le système. Ou du moins nous le pensons. Parce que ces dernières années ont tellement perturbé nos esprits, nous ne pouvons plus être sûrs de rien. Peut-être que ses prochains procès sont l’ultime émission de télé-réalité.

S’il est mis en prison, ses millions de partisans prendront-ils réellement les armes et se battront-ils pour ce qu’ils croient ? Ou continueront-ils à crier en ligne là où ils ont appris à se sentir en sécurité et à l’aise, reconnaissant ainsi que la Grande Machine est aux commandes et qu’ils s’y sont déjà soumis il y a longtemps — ils ne l’ont tout simplement jamais réalisé. Cela pourrait clouer le couvercle sur le cercueil de l’acceptation de la soumission complète à la Grande Machine.

Des courses divertissantes seront tracées entre les candidats à l’avenir, mais elles auront du mal à correspondre à celle entre Biden et Trump. Trump peut-il retarder les procès suffisamment longtemps pour pouvoir être élu président ? Peut-il être élu ?

Les gens sauront que les futures courses sont fausses, mais c’est ce qui les rendra sûres, tout comme regarder un film est sûr. Les électeurs pourront jouer des scénarios en ligne, fidéliser l’un ou l’autre des candidats, faire des paris, plaider leur fidélité comme ils le font pour des célébrités ou des personnalités sportives.

Bien sûr, personne ne parle de tout cela. Au lieu de cela, on vous promet la liberté en échange de votre passage à l’Orbe et de sa pénétration dans votre âme.

Alex Blania est le PDG de 29 ans, grand, athlétique et au visage de bébé de Tools for Humanity, une extension de Worldcoin. Il s’excuse d’avoir à prendre toutes ces données et à les transmettre à l’IA :

« Pour plusieurs raisons, nous ne voulions pas nous engager dans cette voie », dit-il. « Nous savons que ça va être douloureux. Ça va coûter cher. Les gens pensent que c’est bizarre. Mais c’était vraiment la seule solution. »

Un article du MIT Technology Review publié en avril 2022 intitulé Tromperie, travailleurs exploités et dons en espèces : comment Worldcoin a recruté son premier demi-million d’utilisateurs de test a révélé « de larges écarts entre la messagerie publique de Worldcoin, qui se concentrait sur la protection de la vie privée, et ce que les utilisateurs ont vécu. Nous avons constaté que les représentants de l’entreprise utilisaient des pratiques commerciales trompeuses, collectaient plus de données personnelles qu’elles ne le reconnaissaient et n’obtenaient pas un consentement éclairé significatif ».

Créateur d’Ethereum, Vitalik Buterin s’est récemment prononcé sur le phénomène Worldcoin.

Buterin décrit les façons malveillantes dont ces données pourraient être utilisées :

  1. Fausses personnes imprimées en 3D : on pourrait utiliser l’IA pour générer des photographies ou même des impressions en 3D de fausses personnes suffisamment convaincantes pour être acceptées par le logiciel Orb. Même si un seul groupe procède ainsi, il peut générer un nombre illimité d’identités.
  2. Possibilité de vendre des identifiants : quelqu’un peut fournir la clé publique de quelqu’un d’autre au lieu de la sienne lors de l’inscription, donnant à cette personne le contrôle de son identifiant enregistré, en échange d’argent. Cela semble déjà se produire. En plus de la vente, il y a aussi la possibilité de louer des identifiants à utiliser pendant une courte période dans une seule application.
  3. Piratage téléphonique : si le téléphone d’une personne est piraté, le pirate peut voler la clé qui contrôle son World ID.
  4. Contrainte gouvernementale pour voler des identifiants : un gouvernement pourrait forcer ses citoyens à se faire vérifier tout en montrant un code QR appartenant au gouvernement. De cette façon, un gouvernement malveillant pourrait avoir accès à des millions d’identifiants. Dans un système biométrique, cela pourrait même être fait secrètement : les gouvernements pourraient utiliser des orbes obscurcis pour extraire les identifiants mondiaux de toute personne entrant dans leur pays au poste de contrôle des passeports.

Quel beau gâchis !

Comme Alex Blania de Worldcoin, Buterin a 29 ans. Sa vision de l’avenir utopique est similaire à celle d’Altman et de Blania. Dans mon essai SoulBOUND, je raconte comment Buterin appelle en fait ses jetons Ethereum Soulbound. C’est une nouvelle religion où les membres se surveillent les uns les autres, responsables devant le nouveau Dieu, la Grande Machine.

Son inspiration pour son monde SouldBOUND [NDT Littéralement : lié à l’âme] provient des jeux vidéo auxquels il jouait quand il était enfant.

« Être SoulBOUND, c’est avoir votre âme liée aux autres par un contrat de sang, puisant dans l’essence de l’autre pour se protéger contre les serviteurs de Nagash, le dieu de la mort. »
WARHAMMER, un des jeux préférés de Buterin

[NDT Dans d’autres jeux vidéo, il existe des objets liés à l’âme du personnage joué par le joueur. On peut alors facilement imaginer ou envisager que dans la vraie vie le joueur soit une entité non humaine et que l’identifiant numérique imposé au personnage humain réel soit équivalent à un contrat signé avec le Diable.]

Dans son livre blanc, écrit en 2022, Buterin décrit un monde où le mot « âme » remplace le mot « portefeuille » et si vous êtes « réel » vous pouvez acheter et vendre avec votre âme même. Votre âme contient la preuve de votre identité. Être Soulbound, c’est être légitimé au sein de votre communauté. Au sein de votre communauté se trouvent des Soul Guardians [NDT Gardiens des âmes], qui attestent de la bonne moralité des membres.

Buterin répond à des questions comme comment ne pas perdre son âme. Un utilisateur organise un ensemble de « gardiens » et leur donne le pouvoir, à la majorité, de changer les clés de leur portefeuille. Les tuteurs peuvent être un mélange d’individus, d’institutions ou d’autres portefeuilles.

Si vous avez perdu votre âme, peut-être en faisant quelque chose avec laquelle la communauté n’est pas d’accord — et cela pourrait être littéralement n’importe quoi — pour récupérer les clés privées d’une âme, il faudrait qu’un membre de la majorité qualifiée de la communauté de l’âme y consente.

Les « Souldrops » [NDT Littéralement : Gouttes d’âme] sont des jetons qui peuvent être récompensés par de bons citoyens.

Et naturellement, dans un monde SoulBOUND, les citoyens peuvent aller au paradis ou en enfer, selon leur comportement.

« Tout comme l’inconvénient d’avoir un cœur est qu’un cœur peut être brisé, l’inconvénient d’avoir une âme est qu’elle peut aller en enfer et l’inconvénient d’avoir une société est que les sociétés sont souvent animées par la haine, les préjugés, la violence et la peur. L’humanité est une expérience formidable et souvent tragique. »

Buterin explique comment de grandes parties prenantes telles que BlackRock et Vanguard ont repris les banques et les plus grandes entreprises. Il parle de redonner le pouvoir au peuple. Et qui sait, peut-être dans sa vision du monde, influencée par les jeux vidéo auxquels il jouait enfant, il pense que c’est possible. Je ne retiens pas mon souffle.

[NDT Les actionnaires de BlackRock et Vanguard sont les mêmes que ceux des banques et des multinationales, dans un jeu complexe de participations croisées.]

Voici quelques-unes des entreprises que Buterin répertorie comme se bousculant pour être le meilleur chien en preuve d’humanité. Le premier est celui de Worldcoin :

Proof of Humanity

[NDT Preuve d’Humanité]

Proof of Humanity, un système combinant des réseaux de confiance, des tests de Turing inversés et la résolution des conflits pour créer une liste d’humains à l’épreuve des sybilles.

BrightID — Preuve d’unicité

L’identité est un droit humain.

Tout le monde mérite les droits fondamentaux d’accès aux biens publics.

Idéna

PREUVE DE PERSONNE BLOCKCHAIN

COORDINATION DES INDIVIDUS — devenez validateur

Circles

[NDT Cercles]

Circles est un système qui contribue à un revenu de base universel (RBU) pour ses utilisateurs.

Circles promet que tout est question de communauté et de confiance mutuelle au sein de cette communauté. Pour comprendre ce concept essentiel de confiance, il suffit de lire ce qu’il dit sur le site Internet de Circles :

Circles fournit un revenu de base dans le sens où chaque membre de confiance de notre communauté peut émettre des jetons Circles (CRC) régulièrement et de manière égale via leurs contrats intelligents, sans aucune autre condition. La valeur de ce revenu de base appartient à la communauté, qui offre des biens, des produits et des services en échange de notre monnaie complémentaire.

Circles est une question d’accords et de négociations communautaires.

Que sont les contrats intelligents de Circles ?

Les contrats intelligents sont inhérents aux technologies blockchain. Ils sont comme des chiens dressés, qui font des choses quand certaines choses pour lesquelles ils ont été dressés se produisent. Par exemple, ils reniflent de la drogue, ou aboient quand il y a un inconnu à la porte… etc.

Avec les contrats intelligents, si certaines conditions sont remplies, ces programmes exécutent une certaine action.

Dans le cas des Circles, les contrats intelligents définissent par exemple le nombre de Circles que vous obtenez lorsque vous vous inscrivez et votre montant RBU quotidien.

Dans le futur, il n’y a plus d’individualité. Il n’y a que la volonté du « cercle » qui est responsable devant la Grande Machine. Il n’y a que des contrats conclus avec l’IA et des règles sans dérogation.

Surestaries (([1] Montant que l’affréteur doit payer à l’armateur pour un retard dans le chargement ou le déchargement de marchandises. Cependant le mot prend ici une signification dérivée.)) dans les cercles — faites attention à ça !

Plus il y a de personnes qui rejoignent votre cercle, plus vous aurez de jetons, n’est-ce pas ? Pas vraiment.

Les cercles sont un type unique de revenu de base, car il n’est pas nécessairement destiné à épargner, mais à dépenser, donnant à chacun le même pouvoir d’émettre de l’argent.

Pour contrer l’augmentation constante de la masse monétaire à mesure que de plus en plus de personnes nous rejoignent, nous utilisons ce qu’on appelle des surestaries. Les surestaries signifient que l’argent a une durée de vie et qu’il se dégrade avec le temps, agissant comme une sorte de frais de stationnement ou de taxe sur la masse monétaire.

Il en résulte que votre solde net diminue et n’augmente pas par rapport au RBU.

L’objectif est d’augmenter la vitesse des dépenses, afin que vous et votre réseau soyez motivés à dépenser et à échanger des CRC contre des objets de valeur, au lieu de rester assis dessus. Cela soutient un système économique fluide et vital au lieu d’un système stagnant. C’est pourquoi il s’appelle Circles. Il est fait pour circuler. Tout comme un corps sain a besoin d’une circulation sanguine saine.

Vous serez pour toujours sur un tapis roulant sans aller nulle part. Vous ne pouvez pas « vous asseoir » sur des jetons, ce qui signifie que vous ne pouvez pas sauvegarder. Vous devez les dépenser en « choses de valeur ». Oui, il y aura des personnes innovantes et créatives avec plus de liberté pour faire des choses intéressantes, mais ce ne sera pas vous. Une fois que vous êtes bien implanté dans votre « cercle », vous n’en sortirez plus.

Tout ce qui compte, c’est de dépenser vos jetons et de maintenir la confiance au sein de votre cercle :

« En émettant votre propre revenu de base personnel, vos jetons seront différents des jetons des autres. C’est le cœur même de notre concept : le système saura et saura toujours les routes et les sources d’origine des jetons, même après de nombreux échanges. Cela vous aide à utiliser uniquement vos jetons Circles (CRC) via vos connexions de confiance et via les connexions de confiance transitives. Si vous recevez des CRC sans connexions de confiance significatives et de qualité, ou si vous avez fait confiance à de faux comptes, vos jetons CRC n’auront aucune valeur. Mais si vous faites partie d’une communauté vivante, où de vraies valeurs économiques sont disponibles, et que vous ne faites pas confiance aux faux comptes, vos jetons CRC seront très précieux. »

Comment savoir à qui faire confiance ?

« Lorsque vous choisissez de faire confiance à quelqu’un, cela signifie que vous êtes prêt à accepter sa devise comme valide. Par exemple, “Je vous fais confiance, donc j’accepte vos jetons” ou “Vous me faites confiance, donc je peux vous envoyer mes jetons”. Si quelqu’un ne vous fait pas confiance dans le système Circles, il se peut qu’il ne puisse pas accepter vos jetons Circles. »

CIRCLES EST LA VISION DU NOUVEL ORDRE MONDIAL ET ELLE PREND FORME MAINTENANT.

Imaginez si votre quartier devenait un cercle comme celui-ci, où chacun de vos mouvements est suivi, et ce n’est pas le gouvernement lui-même qui le fait. Cela aurait été le rêve de l’Allemagne de l’Est devenu réalité. Aucune poigne de fer n’est nécessaire. C’est votre voisin. C’est votre propre enfant. Et c’est couche après couche de suivi et de surveillance constants par la Grande Machine. Il n’y a pas d’issue.

Si vous ne suivez pas la règle du cercle, votre capacité à survivre au sein de la communauté vous sera retirée. Votre RBU sera limité ou supprimé. On vous refusera de la nourriture, des vêtements, un abri. Avec l’œil de Sauron partout, même à l’intérieur des maisons des gens, même en forêt ou au milieu du désert, grâce aux satellites Starlink et autres, personne ne voudra vous abriter, même s’il se plaint de votre situation. Ils ne voudront pas subir le même sort que vous.

Es-tu humain ? Si vous voulez survivre, vous devrez le prouver.

Plus les humains entraînent l’IA à être comme les humains, plus il sera difficile de faire la différence. Ajoutez à cela la façon dont les humains et l’IA sont fusionnés et vous avez une véritable crise d’identité entre vos mains.

À quel point êtes-vous humain ?

À quel moment l’humain s’arrête-t-il et la machine commence-t-elle ?

Si vous vous retrouvez dans une communauté de cercles, combien de temps s’écoulera-t-il avant que vous ne soyez plus sûr que votre voisin est humain ? Ou que vous le soyez ?

Peut-être que des dieux de la technologie comme Altman, Blania et Buterin devraient tirer une leçon de ce qui est arrivé au Dr Tyrell dans Blade Runner.

Roy Batty, un modèle de combat Nexus-6, parvient à entrer dans la maison de Tyrell en utilisant l’iris de l’un de ses employés pour passer la sécurité. Roy confronte son créateur, le Dr Tyrell, le regarde dans les yeux et demande une prolongation de sa vie. Quand il ne l’obtient pas, il creuse les yeux de Tyrell et le tue.

Le Dr Tyrell n’est pas comparable au Dieu de l’univers. C’est un simple humain, comme Sam Altman ou Vitalik Buterin, jouant à être Dieu. Dans le processus de ces géants de la technologie voulant devenir des dieux, ils pourraient bien être détruits par l’IA. Les créations mêmes qu’ils espèrent les conduiront à ce siège du pouvoir ultime.

Comme Blade Runner, il n’y a pas de fin heureuse à ce film.

Pour ceux d’entre nous qui croient au seul et unique Dieu de l’univers, il est bon de se rappeler que ce monde n’est pas notre maison. Nous n’avons aucune raison d’être liés par des possessions matérielles ou des jetons, comme ces dieux de la technologie veulent que nous soyons. Nous ne faisons que passer.

[À propos de l’auteur]

Karen Hunt [alias KH Mesek] est auteure et illustratrice de 19 livres pour enfants, de la série YA Night Angels Chronicles et du roman de science-fiction LUMINARIA : Tales of Earth & Oran, Love & Revenge, qui paraîtra en août. Elle est récemment revenue d’un séjour à Louxor, en Égypte, où elle a créé le premier club de boxe pour filles. Ayant vécu et beaucoup voyagé derrière le rideau de fer, elle consacre son temps à écrire des essais liés à la perte de liberté en Occident. Vous pouvez en savoir plus sur son travail ou vous inscrire à sa newsletter ici. Vous ne pouvez plus la suivre sur Twitter, car elle a été bannie.




Misère de la politique (étrangère) macronienne…

Par Lucien SA Oulahbib

L’affaissement (plus que l’effondrement pas encore visible), quoique multiforme, n’a en effet pas de limites, puisqu’au-delà de l’adage, non seulement le fond a été atteint, et même dépassé, mais les gnomes non plus de Zurich, mais du Quai (d’Orsay) le creusent toujours encore « plus loin » (jusqu’à ne même plus lire les notes de la DGSE sur le Niger et donc encore moins les transmettre…), risquant de se trouver en Chine alliée de la Russie membre des Brics dont l’hôte de leur futur sommet aurait cependant refusé la venue du Mr Smith installé à la Lanterne par la Secte SHAA (et se remettant toujours d’une tournée sensuellement arrosée à Kinshasa…), en attendant d’y être pendu ?…

Mais non ! Cela ne se fait plus, et c’est même déconseillé, surtout pour les délinquants étrangers (alors que ces derniers ne s’en privent pas d’appliquer « leur » sentence, certes avec d’autres moyens : voiture, couteau, marteau — ah les filles ah les filles [elles me rendent marteau]). Haro sur les autochtones ayant le malheur de l’être (définition même du « racisme » pourtant, mais chut, il est même peu recommandé de se défendre…). Alors que dans certains endroits d’Afrique la sanction mutilante semble bien être de nouveau conseillée, du moins son synonyme en matière de sévérité : à commencer par couper quelques mains aux voleurs dont le geste peut mettre en danger la vie de toute une famille, voire un clan, lorsqu’il s’agit d’un vol de vaches comme le relate Anne-Laure Bonnel. Ceci peut expliquer le pourquoi d’une adhésion plus incisive à l’islam originel prôné par certains groupes et ce à l’identique de ce qui s’est passé en Afghanistan, les affidés, avides d’une justice efficace — sanctionnant le coupable au lieu de l’excuser — préfèrent et parfois faute de mieux s’en remettre à ce pouvoir politico-religieux violent et par ailleurs suffisamment malin pour se surajouter aux structures ancestrales comme les tribus au lieu de les écarter ou les remplacer, celles-ci étant bien loin d’avoir disparu, mais seulement mises en sommeil par la tentative surfaite depuis la fin officielle de la colonisation de remplacer leurs institutions (chefferie, palabres) par un système de partis politiques qui correspond bien plus à l’essaimage urbain brassé au fil des ans (via les corporations métiers salons, clubs) qu’il soit occidental ou indien…

L’analyse fine de cette complexité-là ne plaît certes pas aux caciques du Quai qui ont de plus en plus « désappris » depuis des lustres la philosophie politique des relations internationales à l’aulne de ce retour au marxisme vulgaire qu’est le léninisme (voyant par exemple seulement la mécanique impérialiste comme « stade suprême »), alors qu’elle a toujours été la constante première de toute géopolitique digne de ce nom, comme on le voit bien aujourd’hui lorsque les franges ultra de l’État mafieux démocratico-républicain US (ayant eu la peau de JFK, de son frère et bientôt du neveu ?…) ont décidé de casser les reins européens en empêchant l’UE et en particulier l’Allemagne de prospérer conjointement à une Russie en pleine expansion (5e puissance mondiale tous critères confondus) par le biais d’un cheval de Troie, le régime mafieux installé à Kiev (qui pourtant avait décidé de négocier dès mars 2022 à Minsk et à Istanbul) afin d’éviter toute « Eurasie » possible, et par là toute concurrence ; mais ce non pas en vue de « préparer » l’affrontement supposé avec « la » Chine dominée également par un régime mafieux (qui d’ailleurs cache bien son jeu comme il a été vu lors de ladite crise sanitaire avec ses accointances avec l’OMS de Bill Gates sans parler des labos militaires), mais surtout en vue de rester le seul « hégémon », coûte que coûte, assis avec entêtement tel Picsou sur la pyramide Ponzi des 30 000 milliards de dettes qu’il faut bien contenir… par la guerre… à l’exception de celle avec Pékin par trop périlleuse et surtout contre-productive depuis que les Brics se sont considérablement renforcés…

Le statu quo dans ce cas prévaut, celui dit de « l’état stationnaire » vivifié cependant par la Grande Réinitialisation avec « urgence » climatique à la clé maintenant que les idées de « passe » et de « confinement » auront été médiatisées en suffisance comme il a été vu par toute personne se réinformant aux bonnes sources (d’où l’idée cependant de l’en empêcher, encore plus, à partir du 25 août…).

À cette misère intellectuelle (s’aggravant vu l’état de feu-SciencePo en particulier, de l’Université en général, mais aussi d’officine privée comme l’Iref) s’ajoute un tiers-mondisme bas de gamme (mâtiné cependant de Samir Amin — Centre/Périphérie ressourcé dans du Bourdieu ou « la faute à »…) encore diffusé au plus haut niveau pourtant, parlant par exemple toujours de » pays défavorisés » ou en « voie de » y ajoutant maintenant l’impact supposé négatif des réseaux sociaux, surtout s’ils ne sont pas domestiqués et mis hors d’état de nuire lorsqu’ils sont supposés être dans des mains « poutiniennes », simplifiant ainsi à l’extrême la complexité du rejet actuel de l’influence et présence française (en particulier azertienne comme on l’a vu au Cameroun dernièrement) ce qui permet de maintenir, même involontairement, l’alliance implicite entre les diverses strates mafieuses inter et extra-africaines. Ainsi le reproche de Bamako à Paris de n’avoir pas écrasé les Touaregs au nord du Mali… Résultat : ces derniers ainsi pressés par ces éléments maliens formés au jacobinisme germanopratin font de plus en plus alliance avec certains djihadistes plus ou moins tolérés d’ailleurs par la junte installée à Alger et aussi par les forces spéciales américaines installées depuis plusieurs années en sous-main dans les zones pétrolières névralgiques sahariennes y voyant là un moyen d’affaiblir encore plus l’influence française…

Ainsi, avec tous ces impairs et manques rien ne va plus à la roulette macronienne. Et pourtant le maître bateleur continue de distribuer des leçons d’universalisme, confondu, hélas, avec l’Universel réel ou ce résultat effectif de ce qui est techniquement nécessaire mais qui, lui, ne peut être jamais imposé, seulement choisi comme optimum d’organisation par « les » populations, si et seulement si « elles » y trouvent intérêt, à un certain degré de leur histoire commune ; ce qui est loin d’être le cas s’agissant du système des partis, du moins dans certains pays à la structure socio-économique bien peu « urbaine » en ce sens où ne s’y trouvent pas encore suffisamment brassés familles et clans par et dans d’autres polarités (corporations, métiers, salons, clubs…) comme ce fut le cas en Occident avec l’émergence de la Ville et en Inde avec la diminution progressive du pouvoir des Castes…

Toute cette approche en analyse sociopolitique et socioculturelle n’est, bien sûr, toujours pas faite, mais la suffisance du Quai reste sans égale, gardant seulement pourtant du faste diplomatique d’antan sa seule apparence mondaine et ses recyclages embarrassés de ministres remerciés (quoiqu’aigris pour certains accusant ainsi « l’extrême droite » d’avoir comploté contre eux… Gageons que les Vérificateurs sauront les… conforter sur ce point…). Pendant ce temps, la Roue tourne (dirait Soljenitsyne)




Jeux de la Francophonie 2023 : nouvelle censure intégrale des médias français « de France »

[Source : cermf.org]

[Transmis par Ilyes Zouari, Président du CERMF]

Contrairement aux Jeux du Commonwealth, largement relayés par les médias britanniques, et comme pour leur dernière édition de 2019, les Jeux de la Francophonie 2023 font l’objet d’une censure totale des grands médias hexagonaux destinés à la population française, qui se démarquent ainsi de ceux des autres pays francophones du monde, y compris outre-Atlantique. Au-delà des habituels beaux discours officiels, l’hostilité des milieux politiques et médiatiques français à l’égard de la vaste francophonie ne fait désormais plus aucun doute, et va même en s’aggravant parallèlement à une fuite en avant européiste et atlantiste.

Une censure totale et systématique

Depuis leur lancement il y a presque une semaine, le 28 juillet dernier, dans un stade réunissant près de 80 000 spectateurs à Kinshasa, aujourd’hui plus grande ville francophone du monde avec ses plus de 15 millions d’habitants, les Jeux de la Francophonie 2023 n’ont toujours pas bénéficié de la moindre couverture médiatique de la part de l’ensemble des grands médias nationaux français de la télévision (TF1, France 2, France 3, M6…), de la presse écrite (Le Figaro, Le Monde, Libération, Ouest-France…) et de la radio. Des médias à ne pas confondre avec ceux essentiellement destinés à l’étranger, comme France 24, TV5, RFI ou encore le Monde Afrique, dont le contenu diffère parfois considérablement de celui destiné à la population française, victime de nombreuses censures (Jeux de la Francophonie, sommets de la Francophonie, agression et pillage rwandais de l’est de la RDC, manœuvres militaires russes en Algérie, visite de chefs d’État africains en Russie, part écrasante des pays d’Europe de l’Est dans les aides françaises au développement…).

Ainsi, et sur les quelques dizaines d’heures de journaux télévisés accumulés depuis le 28 juillet dernier, et sur les centaines d’articles publiés par les grands quotidiens nationaux, aucune seconde ni aucune ligne n’a été consacrée à ce grand événement sportif francophone international, même pour les médailles remportées par des Français. Et ce, tout comme pour la précédente édition des Jeux de la Francophonie, organisée à Abidjan en 2019. Une censure qui est donc également appliquée par les chaînes de télévision publiques et les nombreuses chaînes de radio du groupe public Radio France. Ainsi, et au lieu de couvrir le lancement des Jeux, le 28 juillet dernier, le journal de 20 h de France 2 a préféré consacrer un long reportage de 4 minutes et 18 secondes à la très « intéressante » migration des sardines en Afrique du Sud. Incroyable mais vrai. Autre exemple : deux jours plus tard, la très ancienne et célèbre émission hebdomadaire sportive, Stade 2, diffusée sur France 3, n’a daigné accorder aucune seconde à ce grand événement francophone sur les 52 minutes et 54 secondes d’antenne !

Médias, aides au développement : une incontestable volonté politique de marginaliser le monde francophone

Cette censure totale et systématique des grands événements francophones, y compris par l’ensemble des médias publics, ne peut bien évidemment se faire sans l’approbation et l’encouragement des plus hautes autorités françaises. Une attitude qui s’inscrit dans le cadre d’une volonté politique incontestable de couper le peuple français du monde francophone, menée avec acharnement par les européistes et atlantistes qui dirigent le pays depuis bientôt 20 ans. Et ce, afin de dévaloriser la France aux yeux de la population française, en lui faisant oublier son appartenance à un vaste espace linguistique (qui a d’ailleurs récemment dépassé en population l’espace hispanophone ainsi que l’ensemble Union européenne–Royaume-Uni, avec une population de 555 millions d’habitants début 2023), dans le but de lui faire accepter le maintien du pays au sein de l’Union européenne et de l’alliance atlantique (l’OTAN, que la France avait pleinement réintégrée à l’époque du président Sarkozy, qui avait ainsi effacé l’héritage du général de Gaulle). Deux ensembles présentés alors comme nécessaires, et même vitaux, pour une pauvre France qui ne pourrait rien faire « seule ». Une France qui est pourtant, en réalité, globalement bien plus puissante que la Russie, à tous les niveaux… et qui est même 26 fois plus vaste que l’Allemagne, en tenant compte de son gigantesque espace maritime, le deuxième plus grand au monde.

Ainsi, la population française ne sait pratiquement rien du monde francophone, et en particulier des pays francophones du Sud, au sujet desquels les médias français n’alimentent qu’une image terriblement négative (avec l’appui, au passage, des associations de défense des immigrés et des clandestins…), résumant ce vaste ensemble à une accumulation de misère, de désolation, d’instabilité, ou encore à une espace abritant des animaux sauvages et connaissant parfois des manifestations anti-françaises (menées par une poignée de jeunes, certes patriotes, mais totalement manipulés par des puissances étrangères, et en particulier la Russie). La population française n’a ainsi jamais droit à des images montrant le dynamisme économique de ces pays, la modernité de grandes métropoles francophones africaines, les grandes infrastructures réalisées et celles en cours… Aujourd’hui, la quasi-totalité des Français ignore jusqu’à l’existence même de la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro, le plus grand édifice chrétien au monde. Une incroyable ignorance qui concerne même l’écrasante majorité des plus fervents catholiques, et en particulier au sein de la nouvelle génération, constamment tenue à l’écart du monde francophone par les médias et l’Éducation nationale française.

Mais cette hostilité politico-médiatique à l’égard de la francophonie se manifeste également à travers la répartition des aides publiques françaises au développement, qui ne bénéficient que marginalement au Monde francophone, et ce au profit des pays d’Europe de l’Est membres de l’Union européenne, qui récoltent constamment la part du lion, contrairement à toute logique économique et géopolitique. Ainsi, et à partir des dernières données disponibles auprès de la Commission européenne et de l’OCDE, la part du monde francophone n’a été que de 15,4 % du total des aides françaises au développement versées en 2021 (soit 3,5 milliards d’euros, aides bilatérales et multilatérales confondues), contre non moins de 43,3 % pour l’Union européenne (9,9 milliards), presque intégralement destinés aux 13 petits pays d’Europe de l’Est et orientale, qui ne totalisent que 114 millions d’habitants, soit quatre fois moins que l’ensemble des 27 pays francophones du Sud (près de 450 millions début de 2021).

La situation est si absurde, qu’il n’y a qu’un seul et unique pays francophone parmi les 10 premiers pays bénéficiaires des aides françaises au développement (la Côte d’Ivoire, 8e). La Pologne, premier pays bénéficiaire, a reçu 9,3 trois fois plus d’aides que le Maroc, à la population quasi égale et grand allié de la France (2,565 milliards d’euros, contre 0,277 milliard). Et la minuscule Estonie, peuplée de seulement 1,3 million d’habitants, a reçu davantage d’aides que la vaste RDC, plus grand pays francophone du monde et qui vient de dépasser les 100 millions d’habitants (156 millions d’euros contre 147 millions). Là aussi, incroyable mais vrai… et totalement occulté par les médias.

Pourtant, cette politique d’aide au développement est contraire à toute logique économique ou géopolitique. D’un point de vue économique, d’abord parce que les pays d’Europe de l’Est et orientale membres de l’Union européenne s’orientent principalement et historiquement vers l’Allemagne, qui arrive très largement en tête des pays fournisseurs de la zone, avec une part de marché d’environ 20 % chaque année (19,5 % en 2019), contre toujours moins de 4 % pour la France, dont les aides massives reviennent donc quasiment à subventionner les exportations allemandes. Une politique que l’on pourrait résumer par la célèbre expression « travailler pour le roi de Prusse »…

Ensuite, parce que toutes les études économiques démontrent que les échanges peuvent être bien plus importants entre pays et peuples partageant une même langue. À ce sujet, un seul exemple suffit à prouver l’impact économique du lien linguistique : les touristes québécois sont proportionnellement quatre fois plus nombreux que les touristes américains à venir chaque année en France… et à y dépenser. En d’autres termes, toute richesse générée dans un pays francophone au profit de l’économie locale finit par être intégrée en bonne partie au circuit économique d’autres pays francophones, et ce, en vertu d’un mécanisme semblable à celui des vases communicants. D’où le concept de « zone de coprospérité », qui est d’ailleurs une des traductions possibles du terme Commonwealth. Ce lien linguistique explique également en bonne partie la position globalement encore assez bonne de la France en Afrique francophone (Maghreb inclus), dont elle demeure le second fournisseur en dépit de son manque d’intérêt, avec une part de marché globale estimée à 11,5 % en 2019, derrière la Chine, 15,6 %. Une part largement supérieure à celle de l’Allemagne, estimée à 3,9 %, et qui arrive même derrière l’Espagne (7,3 % et troisième fournisseur), l’Italie et les États-Unis (5,5 % respectivement).

Enfin, parce que c’est dans cette même Afrique francophone qu’il convient d’investir massivement, afin de tirer pleinement profit des opportunités et du dynamisme que l’on trouve dans ce vaste ensemble de 25 pays, partie globalement la plus dynamique économiquement du continent (l’Afrique subsaharienne francophone, composée de 22 pays, ayant notamment réalisé en 2022 les meilleures performances économiques pour la neuvième année consécutive et la dixième fois en onze ans, affichant ainsi une croissance annuelle de 3,5 % en moyenne sur la décennie 2013-2022 — et même 4,0 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale, contre seulement 2,2 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne). Mais aussi la partie la moins endettée, la plus stable et la moins touchée par l’inflation et les violences sociales (criminalité, homicides, conflits interethniques, guerres civiles…).

Et pour ce qui est du niveau géopolitique, justement, le caractère irrationnel de la politique française d’aide au développement s’explique également par le fait que l’écrasante majorité des pays de l’UE, malgré les aides massives versées chaque année par le contribuable français, vote régulièrement contre les positions de la France au sein des grandes instances internationales, au profit des États-Unis (auprès desquels ils se fournissent d’ailleurs presque exclusivement en matière d’armements lourds, alors que les richissimes pays du Golfe et les grandes puissances émergentes préfèrent souvent acheter du matériel militaire français…).

Ainsi, et à partir du moment que la doctrine de la politique étrangère de la France semble être désormais de travailler et de s’épuiser financièrement au service des intérêts économiques allemands et des intérêts géopolitico-militaires des États-Unis, il ne faut donc guère s’étonner de la voir perdre de son prestige et de son influence à l’international, et notamment dans les pays francophones du continent africain, au profit de diverses puissances étrangères, bien heureuses de profiter d’une telle inconscience.

Victimes d’un environnement politico-médiatique incontestablement hostile en France, nos frères francophones du reste du monde, du Québec au Pacifique, et au nom de leurs propres intérêts, gagneraient à se faire davantage entendre, à se décomplexer et à ne plus hésiter à demander de claires explications à leurs confrères et homologues de France, en cas de double discours et d’attitude jugée néfaste au monde francophone, et donc aux intérêts de l’ensemble des pays et peuples francophones (dont le peuple français lui-même…).




Pierre-Antoine Plaquevent et la conspiration ploutocratique

Par Nicolas Bonnal

Voici un travail sensationnel, formidablement documenté et référencé. Il commence par un long rappel de la catastrophe vaccinale à travers non pas les âges, mais les mois et les années, catastrophe miraculeusement passée sous silence. On citera encore Guy Debord qui notait alors dans ses Commentaires :

« Jamais censure n’a été plus parfaite. Jamais l’opinion de ceux à qui l’on fait croire encore, dans quelques pays, qu’ils sont restés des citoyens libres, n’a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu’il s’agit d’un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n’a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien. »

L’excellence du travail de Pierre-Antoine Plaquevent permettra à tous les béotiens en la matière de maîtriser la plupart des paramètres de cette globalisation devenue folle et dangereuse. Le livre insiste aussi sur le péril chinois qui s’est manifesté lors de la crise du Covid et qui a démontré la collusion entre l’empire totalitaire chinois et l’OMS de l’effrayant Bill Gates. La progression de la tyrannie numérique et de la gouvernance totale — par-delà l’inconstante et bien vague gesticulation des Brics — n’échappe qu’aux aveugles qui en sont restés aux enfantillages des camps des bons et des méchants, à un manichéisme de théâtre. La réalité que montre la situation actuelle est totalement orwellienne : il y a une élite technocratique et politique qui se renforce partout et un troupeau politique qui se renforce partout dans son acceptation aberrante de la situation (servitude volontaire, que de crimes ne commettra-t-on pas en ton nom ?).

La gouvernance est rendue possible par les progrès de la science et de la technologie. Plaquevent invente un néologisme dans ce domaine : la technosophie.

« La volonté de transcender les capacités humaines par la technoscience et l’ingénierie génétique est un fil conducteur de sa pensée, une véritable gnose de la technique. J’emploie pour ma part le terme de technosophie pour designer cette croyance quasiment religieuse dans les capacités de transformation du genre humain et même de l’ensemble du vivant par la science et la technique. »

Pierre-Antoine rappelle les hauts faits de la famille Huxley dotée d’un pouvoir formidable après la Guerre grâce à l’UNESCO :

« En 1939, Julian Huxley était déjà à l’origine du Manifeste des généticiens, un écrit collectif qui s’intéressait aux moyens nécessaires pour l’amélioration sociale et biologique de l’humanité dans son ensemble. Parmi ceux-ci, était déjà envisagée l’idée d’une fédération. »

Le mondialisme est un humanisme et un transhumanisme !

Mais parlons d’un point de vue de lecteur : en tant que recenseur du présent permanent j’ai particulièrement apprécié l’aperçu historique qui dans ce livre montre l’ancienneté de cette conspiration essentiellement anglo-américaine. Les allusions à Galton notamment sont excellentes. J’ai parlé plusieurs fois de termites et de la hiérarchie de castes et de la resucée sacerdotale (cf. Abellio). Sur Galton Plaquevent écrit :

« Mais Galton lui donne un second sens : la race désigne une classe sociale. Les différences entre les classes sociales, visibles par la réussite sociale, s’expliquent par des facteurs héréditaires. C’est la démarche initiale à partir de laquelle il construira l’eugénisme. Il divise la “race anglaise” en trois classes sociales : l’aristocratie, à laquelle il s’identifie, qui correspond à l’élite et qu’il appelle les “désirables” (the gifted class), la bourgeoisie encore acceptable, mais sans talent particulier et une classe importante de pauvres qu’il appelle les “indésirables”. Selon Galton et ses contemporains, la pauvreté correspond à un état biologique : le pauvre est pauvre, car il est déterminé biologiquement ainsi. »

Le pauvre devient un indigne. On ne le sait que trop maintenant. Au fur et à mesure que les riches ne sont plus accablés d’impôts, les pauvres le sont. Et la dette de la nation savamment augmentée par chaque gouvernement est là pour les emprisonner puis les réduire.

Ces lignes sur Galton me semblent essentielles pour expliquer la situation française actuelle. Par exemple : on n’a plus de droite ni de gauche (au sens d’une vision culturelle ou idéologique du monde : il n’y a plus non plus de religion catholique). Par contre on a un président (vive cette constitution de la cinquième république, tant vantée par les imbéciles, et qui devait tôt ou tard nous mener à cette catastrophe dictatoriale) pour les riches ou, comme disait le peu regretté Hollande, les très riches. La mise en place de la ploutocratie progressiste avait été sentie par des esprits comme Drumont, Bernanos ou Céline (voyez mes textes sur cette question) ; et là, explique Plaquevent, elle a été mise en place dans le cadre d’une gouvernance technique, bancaire et sanitaire du monde. Dès les années 1910 Jack London en parle dans le Talon de fer en dénonçant une élite de businessmen qui désire bien faire (la philanthropie milliardaire) ; et Chesterton dans son roman à clés Un nommé Jeudi parle de cette conspiration milliardaire contre laquelle nations et policiers ne peuvent déjà plus rien. Les grands initiés et autres prédateurs (le Horla de Maupassant) ont gagné la partie.

Sur ce point précis de la conspiration milliardaire progressiste Plaquevent explique que :

« C’est en fait tout un milieu eugéniste de “gauche” libéral au sens anglo-saxon de ce terme) qui sera à l’origine de la fondation des grands organismes culturels, politiques et sanitaires de la gouvernance mondiale. Avec l’appui de grands argentiers mondialistes comme la famille Rockefeller, les bases d’une planification démographique globaliste et eugéniste furent élaborées et mises en place à cette époque, dans l’immédiat après-guerre. »

Les objectifs restent certains de ceux du nazisme, mais il va falloir s’y prendre of course autrement :

« Après la défaite militaro-politique de l’hérésie politique du socialisme internationaliste que fut le national-socialisme, l’eugénisme prenait désormais la forme unique et décomplexée d’un eugénisme humanitaire, projeté à l’échelle planétaire et cosmopolitique. »

Relire Smedley Butler sur cette proximité idéologique et comportementale entre nazisme et gouvernance dictatoriale-démocrate aux USA.

La dangerosité de ce monde moderne dominée par de progressistes forces d’argent n’est plus à démontrer ; la littérature populaire s’en est saisie (que l’on pense à Fantômas…) au début du vingtième siècle quand les 300 qui dirigent le monde (Rathenau) se connaissent déjà tous ; la guerre facilitera la gouvernance mondialiste une fois écrasée l’Allemagne (First we take Manhattan then we take Berlin comme dit la chanson du contre-initié Léonard C.). Gustave Le Rouge a publié un livre nommé la Conspiration des milliardaires… tous américains.

Mais restons à la nôtre d’époque. Plaquevent rappelle l’incroyable :

« Le 15 mai 2009, se réunissait à New-York un groupe restreint de milliardaires parmi les plus influents afin de débattre des “problèmes de la planète” selon l’expression consacrée. »

Comme on sait le problème de la planète, c’est nous, les huit milliards moins riches ! Pierre-Antoine ajoute :

« Parmi ceux-ci on retrouvait : Bill Gates, George Soros, Warren Buffett, David Rockefeller, Ted Turner et Oprah Winfrey. Mais aussi d’autres personnalités moins connues du grand public francophone comme le couple d’affairistes Eli et Edythe Broad. »

Le dernier nommé semble avoir été un contre-initié de haut vol notamment dans le domaine de l’architecture. On reverra à ce sujet l’œuf du serpent de Bergman dont le message implicite est le suivant : « toutes les villes et constructions nouvelles n’avaient qu’un but de contrôle psychologique et social. »

Passons à la fameuse « bombe démographique », brandie par ceux-là mêmes qui remplissent nos villes de migrants pour aboutir à leurs fins.

Le livre évoque bien sûr ces menaces, notamment celles des démographes catastrophistes des années 60-70 (les Ehrlich) dont toutes les prédictions se sont révélées fausses. On lit, car c’est édifiant (cf. notre planète en ébullition) :

« Bien que ses vues restent inchangées en matière de démographie planétaire, Paul Ehrlich semble quelque peu obligé de refréner ses anxiétés compte tenu des nombreuses prophéties catastrophistes qu’il annonçait dans les années 70 et qui ne se sont pas réalisées. Parmi ces prédictions, on peut citer les suivantes dont certaines sont assez étonnantes :

« Dans dix ans, toute vie animale importante dans la mer aura disparu. De vastes zones côtières devront être évacuées à cause de la puanteur des poissons morts. »
« La chute des températures ferait s’enfoncer les calottes glaciaires dans l’océan, produisant “un raz-de-marée mondial qui pourrait anéantir une grande partie de l’humanité” et faire “monter le niveau de la mer de 60 à 100 pieds”. »

Soixante ans donc de tartines Rousseau relayées par Al Gore. Il semble que la montée non pas des océans, mais de l’imbécillité médiatique rende la croisade de ces fous possible aujourd’hui. Ici on retrouve le R.P. Bruckberger et cette obsession suicidaire de la race blanche rendue possible par une déchristianisation massive et totale (Notre-Dame, es-tu là ?).

Pierre-Antoine rappelle nûment :

« Surtout, comme nous le verrons plus loin, ce type de discours catastrophistes servira de prétexte à des formes d’ingérences dépopulationnistes à travers le monde entier. Interventions dont l’habillage humanitaire-sanitaire camoufle mal des objectifs très concrets de domination géopolitique. »

La dépopulation est déjà là en Europe, de la France à l’Allemagne en passant par la Pologne. Effondrement de la natalité et explosion de la mortalité. Sous Hollande et Macron (vive les socialos que dénonçait Trotski justement, toujours alliés des milliardaires et du capital américain depuis les années vingt), la natalité française est passée de 800 000 à 600 000. Ce dépeuplement voulu et coordonné est en bonne marche, accompagné d’une invasion migrante extravagante.

C’est Tocqueville qui écrit quelque part (je cite de mémoire) :

« Je pense, qu’à tout prendre, l’aristocratie manufacturière que nous voyons s’élever sous nos yeux, est une des plus dures qui aient paru sur la terre… c’est de ce côté que les amis de la démocratie doivent sans cesse tourner avec inquiétude leurs regards ; car, si jamais l’inégalité permanente des conditions et l’aristocratie pénètrent de nouveau dans le monde, on peut prédire qu’elles y entreront par cette porte. »

Et l’objet de cette manufacture aujourd’hui c’est la biomasse humaine qu’il faut à la fois réduire et transformer. C’est nous.

On vous laisse découvrir ce merveilleux ouvrage immense et protéiforme (le tome deuxième est plus techno-scientifique et orienté sur les manipulations climatiques), véritable encyclopédie des conspirations ploutocratiques et génocidaires en cours. J’ai bien sûr insisté sur les points qui m’étaient le plus familiers (tout le monde n’est pas encyclopédiste !).




RFK Jr. et les juifs, qu’en dirait le Dr. Freud ?

[Source : plumenclume.com]

Par Kevin Barrett

Dire que RFK Jr. fait tout son possible pour éviter d’offenser les Juifs serait un euphémisme. Il se présente comme le plus grand ami au monde du peuple juif en général et de l’État juif (suprémaciste) d’Israël en particulier.

Le premier article grand public qui a couvert la course présidentielle de RFK avec une tournure positive était l’article de David Samuels dans le magazine juif Tablet. Mais depuis lors, il n’y a pas vraiment eu de vague de soutien à Kennedy dans la communauté juive dominante. Mis à part les valeurs aberrantes qui pratiquent la libre-pensée comme Naomi Wolf et certains de mes invités à la radio (Josh Mitteldorf, Barry Kissin, Steve Brown, Ron Rattner), il semble que la plupart des juifs américains, ou du moins leur aile médiatique, voient la candidature de RFK Jr. avec appréhension. [Voir à la fin de l’article le rôle de Dennis Kucinich].

Cette inquiétude s’est métamorphosée en dénonciation hystérique la semaine dernière, lorsque les remarques « hors micro » du candidat sur les armes biologiques spécifiques qui épargnent certaines ethnies et le COVID-19 ont déclenché le plus grand festival de haine médiatique (accusations d’antisémitisme) de deux minutes depuis que Kanye West est devenu Defcon 31. Le York Post a publié l’histoire avec un gros titre mensonger : « RFK Jr. dit que le COVID était “ethniquement ciblé” pour épargner les Juifs. » Ce que Kennedy a réellement dit, dans une conversation informelle, était :

Sur le COVID 19. Il existe un argument selon lequel il est ethniquement ciblé. Le COVID-19 attaque certaines races de manière disproportionnée. COVID-19 est ciblé pour attaquer les Caucasiens et les Noirs. Les personnes les plus immunisées sont les Juifs ashkénazes et les Chinois… Nous ne savons pas si cela a été délibérément ciblé ou non, mais il existe des articles qui montrent les différences raciales ou ethniques et leur impact.

Le candidat pourrait être accusé à juste titre d’hyperbole : l’étude qu’il citait n’indiquait pas à quel point le COVID affectait de manière disproportionnée différentes ethnies, mais n’analysait qu’un seul facteur génétique, qui pouvait ou non avoir eu beaucoup d’effet dans le monde réel. Mais cette étude dit à peu près ce que RFK dit qu’elle fait. Ce qu’il ne dit pas, et ce que RFK Jr. n’a pas dit, c’est que le COVID serait une arme biologique judéo-chinoise conçue pour tuer des Blancs et des Noirs.

Debbie Wasserman Schultz

Mais vous ne risquiez pas de l’apprendre d’après la couverture médiatique. Vous ne le sauriez pas non plus à partir des remarques de représentants du Congrès comme Debbie Wasserman Schulz

[« Représentante au Congrès fédéral depuis 2005, elle est présidente du Comité national démocrate de 2011 à 2016. Elle est auparavant membre de la Chambre des représentants de Floride (entre 1992 et 2000), et du Sénat de Floride (de 2000 à 2004). Elle est la première femme de confession juive à être élue à un poste parlementaire en Floride. »]. C’est elle qui a tenté de censurer le témoignage anti-censure de Kennedy, en disant « M. Kennedy a fait à plusieurs reprises des commentaires antisémites et anti-asiatiques ignobles. »

La chasse aux sorcières, bien sûr, n’était pas surprenante. Ce qui était surprenant, c’est que RFK Jr. disait quelque chose qui ne demandait qu’à être mal interprété comme « antisémite ». C’est le gars, après tout, qui se présente comme le candidat le plus pro-juif et pro-israélien de l’univers connu. Pourquoi évoquerait-il même l’étude du « ciblage ethnique », et encore moins l’exagère-t-il de manière à pratiquement forcer l’ADL et ses amis à l’accuser d’accuser les juifs du COVID ?

Certains partisans de RFK pourraient se demander si leur héros, comme Trump avant lui, joue aux échecs en 3 D. Peut-être que RFK sait très bien qui a vraiment tué son père et son oncle. Dans ce cas, son truc pro-israélien philosémitique exagéré serait une ruse. Comme son père avant lui, qui a publiquement gardé le silence sur le meurtre de son frère JFK dans l’espoir de remporter la présidence et d’annuler le coup d’État, RFK Jr. pourrait souffler de la fumée (pro-sioniste) pour camoufler la réalité de sa mission. Aurait-il pu délibérément provoquer les attaques hystériques afin d’obtenir une publicité gratuite et de laisser les médias et l’establishment politique se discréditer davantage — le genre de chose dont Trump a fait une carrière politique ?

Tout bien considéré, le scénario d’échecs en 3D est peu probable. RFK est nettement plus intelligent que Trump, mais il est moins manipulateur. Contrairement à Trump, RFK est sincère. Il est le candidat de « ce que vous voyez, c’est ce que vous obtenez ». Je ne pense pas qu’il mente ou qu’il soit manipulateur lorsqu’il professe un amour éternel pour Israël, une haine pour l’Allemagne nazie et une inquiétude concernant le COVID affectant différemment les ethnies à la lumière de ce que nous savons sur la recherche en matière d’armes biologiques spécifiques à l’ethnie.

Mais la question demeure : pourquoi Kennedy est-il si irrationnellement extrémiste dans son soutien à Israël ? Et pourquoi a-t-il exagéré de manière intempestive l’étude COVID-ethnicité de manière à susciter les attaques ? Son sionisme furieux dans la ligne Likudnik et sa spéculation « antisémite » irréfléchie sur les armes biologiques semblent, dirons-nous, immodérés, voire un peu déséquilibrés.

Freud et les mécanismes de défense

Alors mettons RFK Jr. sur le divan proverbial du Dr Freud. Freud a inventé le terme formation réactionnelle :

« un mécanisme de défense dans lequel les gens expriment le contraire de leurs véritables sentiments, parfois de manière exagérée. Par exemple, un homme qui ne se sent pas sûr de sa masculinité pourrait agir de manière trop agressive. Ou une femme souffrant de troubles liés à l’utilisation de substances peut vanter les mérites de l’abstinence. »

Dans de nombreux cas, les sujets ne sont même pas conscients de leurs vrais sentiments. Le pacifiste qui est si belliqueux dans son pacifisme qu’il déclenche toujours des combats — j’en ai connu plusieurs — ignore généralement que sa véritable motivation n’est pas le dévouement à la paix, mais une agression intérieure qui couve. Et puis il y a les personnes avides, ambitieuses, compétitives et matérialistes qui adoptent la politique de gauche pour dissimuler leurs véritables sentiments à propos de l’argent et du statut social. J’en ai connu plus que quelques-uns aussi. Et ne me lancez pas sur les fanatiques anti-réchauffement climatique qui semblent penser que leurs bloviations sauveront le monde tandis que votre scepticisme le détruira, même si leurs modes de vie excessivement confortables émettent beaucoup plus de carbone par semaine que vous ne le faites dans un mois.

Les attitudes réactionnelles sont donc assez courantes et constituent souvent un grand moteur des opinions politiques des gens. L’extrémisme pro-israélien grossièrement exagéré et apparemment irrationnel de RFK Jr. a toutes les caractéristiques d’une formation réactionnelle classique. Si tel est le cas, Kennedy cacherait son hostilité réprimée envers l’État juif non seulement aux autres, mais aussi à lui-même.

Mais pourquoi Kennedy haïrait-il Israël, tout en restant dans le déni profond de ses vrais sentiments ? Pour la même raison que Hamlet détestait son beau-père Claudius, mais ne pouvait se résoudre à agir. Israël a tué le père de Kennedy, tout comme Claudius avait tué celui d’Hamlet. Mais tout comme Hamlet avait grandi dans la maison de Claudius, vulnérable au pouvoir despotique de Claudius, RFK Jr. a grandi dans l’Amérique post-coup d’État sioniste, comme un otage impuissant et sans défense. Les personnes vulnérables dans le foyer d’un agresseur, en particulier les enfants, ont tendance à s’identifier à l’agresseur : « un mécanisme inconscient dans lequel un individu s’identifie à quelqu’un qui représente une menace ou à un adversaire qui ne peut être maîtrisé. »2 Du point de vue de RFK Jr., ce serait les sionistes. Il s’identifie totalement à eux, même à leurs médiocrités les plus dégoûtantes et vulgaires comme le rabbin Shmuley Boteach, et se considère hyperboliquement comme le plus grand sioniste de tous.

Mais qu’en est-il de l’acte manqué ?

Si une formation réactionnelle explique l’ultra-sionisme de RFK, alors qu’est-ce qui explique son discours COVIDO-ciblé sur les Juifs ? Appelez à nouveau le Dr Freud !

En fait, vous n’avez pas vraiment besoin de connaissances psychanalytiques sérieuses pour comprendre celle-ci. L’hostilité réprimée et inconsciente de RFK envers les sionistes, tenue secrète par son attitude hyper-sioniste, a trouvé un moyen de s’exprimer. Ainsi, bien que RFK n’ait probablement jamais été conscient que ce qu’il disait ressemblait beaucoup à « le COVID était ciblé pour épargner les Juifs », son esprit inconscient était trop pressant et a en effet mis ces mots équivoques directement dans sa bouche.

À l’instar du lapsus freudien classique, ce type de scénario évasif illustre comment l’inconscient peut parfois court-circuiter l’esprit conscient et dire des vérités indescriptibles. Traduction : « Les scandaleuses conspirations juives anti-goy ne sont pas toujours imaginaires. » La réaction paranoïaque de gens comme Debby Wasserman Schulz n’est donc pas aussi folle qu’elle en a l’air : l’inconscient de Debby comprend l’essentiel de ce que dit l’inconscient de Bobby Kennedy jr, et il n’aime pas ça.

Traumatisme intergénérationnel

Les symptômes psychiatriques des deux côtés proviennent d’un traumatisme intergénérationnel profondément enraciné. RFK Jr., bien sûr, a grandi avec le traumatisme du meurtre ignoble de son président-oncle en 1963, et du meurtre tout aussi ignoble de son père (vraisemblablement par les mêmes intérêts) en 1968. Hamlet des temps modernes, il a passé ses années de formation sous une énorme pression sociale pour s’abstenir de défier les meurtriers de ses pères et oncles. Nous pourrions également spéculer sur les racines irlandaises de la famille Kennedy, des aïeux qui ont connu persécutions et génocides, qu’ils comparent parfois avec les souffrances de certains Juifs à la merci de prétendus antisémites qui les détestent soi-disant sans raison — mais n’allons pas là, de peur que certains de mes lecteurs moins éclairés ne commencent à succomber au déni irlandais de l’Holocauste.

Du côté de Debbie Wasserman-Schulz, le traumatisme intergénérationnel est apparemment si horrible qu’il ne peut être guéri que par des drogues psychédéliques. Dans « Peut-on guérir l’antisémitisme avec Molly ? » Rob Eshman, rédacteur en chef du Jewish Daily Forward, commence par une question :

« Si vous appreniez qu’une seule pilule a conduit un néonazi à renoncer à ses croyances haineuses, est-ce que vous :

  • Exigeriez plus de recherches pour savoir si la pilule fonctionne vraiment ?
  • Choisiriez d’ignorer les preuves existantes et continueriez à interdire la pilule ? »

Eshman note qu’Israël, la capitale mondiale de la MDMA [ecstasy], utilise la « drogue de l’amour » [principe actif de l’ecstasy] pour traiter le SSPT [syndrome de stress post-traumatique]. Nous pouvons imaginer que les tireurs d’élite tueurs d’enfants de Tsahal comme le tweeter « J’ai abattu 13 enfants aujourd’hui » sont progressivement ramenés à ce qui passe pour la normalité israélienne à l’aide de sessions psychédéliques qui recâblent leur cerveau pour l’amour (de leurs compatriotes juifs sionistes au moins) à la place de baver 24/7/365 la haine des enfants palestiniens (« petits serpents ») et des mères qui les portent.

Mais la MDMA peut-elle guérir la communauté juive sioniste de son cas collectif de SSPT vieux de 3000 ans ? Pour répondre à cette question, nous aurions besoin de savoir si les Juifs individuels souffrent réellement de la douleur ressentie par leurs ancêtres persécutés. Les scientifiques travaillent dur pour nous convaincre que c’est le cas.

Une autre explication de la raison pour laquelle tant de Juifs ultra-privilégiés souffrent tant de mémoires collectives historiques accuse la culture, et non la génétique. Le film Defamation montre de manière mémorable des enfants israéliens horriblement traumatisés par leurs aînés, qui leur martèlent dans leur petite tête impressionnable que les goys veulent tous les exterminer.

Circoncision

Et en parlant de Juifs traumatisant des Juifs, qu’en est-il de la circoncision infantile ? Appelez le Dr Bowlby !

Des études sur l’attachement ont montré que les très jeunes enfants — les bébés, en réalité — sont extrêmement vulnérables aux traumatismes psychologiques. Une expérience terrible à l’âge de huit mois ou même avant est susceptible de ruiner votre vie d’une manière qu’une expérience bien pire à un âge plus avancé ne pourrait pas égaler. Les expériences traumatisantes impliquant des dommages au lien mère-enfant, en particulier, semblent être responsables d’une grande partie sinon de la majeure partie de la misère dans le monde. (Morale : Pour former une personne heureuse et paisible, gardez le bébé en contact peau à peau avec la mère, et allaitez à la demande, pendant les deux premières années de vie, comme le font de nombreuses cultures traditionnelles.)

Ce que vous ne voulez PAS faire, c’est arracher le bébé des bras de la mère et lui infliger une torture indescriptible en découpant la partie la plus sensible de son anatomie avec un couteau. Cela détruira le lien mère-enfant en raison de la trahison perçue de la mère envers son enfant (et créera une surcompensation sous la forme du syndrome de la mère juive) tout en formant un souvenir inconscient d’une attaque horrible par un étranger terrifiant. Plus tard dans la vie, l’enfant sera culturellement conditionné à transférer sa peur et son dégoût sur la figure imaginaire d’un nouvel étranger terrifiant : le goy maléfique qui veut nous tuer. C’est la formule parfaite pour créer une identité de groupe profondément névrotique et puissamment ethnocentrique.

Donc, pour résumer : la relation dysfonctionnelle de RFK Jr. avec le sionisme*— qui découle de la volonté de sionistes traumatisés comme Ben Gourion de commettre des crimes scandaleux afin de préserver les armes nucléaires dont ils imaginent avoir besoin pour sauver leur vie du mal – le goy qui déteste les juifs — est un gâchis complet. Je doute que même le meilleur thérapeute, armé de toute la MDMA d’Israël, puisse effectuer une guérison.

[Source : ] https://www.unz.com/kbarrett/rfk-jr-and-the-jews/


Note sur Dennis Kucinich

[Dans la publication originale de l’article, le commentaire n° 4, signé « Durruti », précise :

« Quant à RFK Jr, son ami Dennis Kucinich, est avec lui dans presque toutes ses apparitions publiques, y compris les témoignages devant les commissions du Congrès. Kucinich a, avec sa femme, visité des villes palestiniennes dans les territoires occupés et a parlé au nom du peuple palestinien à de nombreuses reprises »

(en mai 2023, RFK Jr a désigné Dennis Kucinich directeur de sa campagne pour les élections présidentielles de 2024).

Les oligarques sionistes ne sont pas dupes. Les attaques contre Kennedy par des membres du Congrès démocrate, tels que Debbie Wasserman Schultz, sont un effort des contrôleurs étrangers de notre nation pour bloquer la campagne de Kennedy, afin qu’ils n’aient pas à recourir à une option plus forte, qui pourrait révéler leur identité, même aux Américains les plus somnolents et les plus lâches. RAPPELEZ-VOUS que le père de R. Kennedy Jr, Robert Kennedy, a été assassiné, juste après avoir remporté l’investiture du Democrap Gang (par sa victoire électorale primaire dans notre plus grand [État le plus peuplé et le plus riche, la Californie]. Il n’a pas été autorisé à poursuivre son chemin direct vers notre présidence américaine.

Qu’arrivera-t-il à R Kennedy Jr, s’il obtient la nomination du Democrap Gang ? …]