Poutine est-il encore le Tsar de toutes les Russie ?

17/08/2024 (2024-08-17)

[Source : ripostelaique.com]

Par Christian Navis

Depuis l’an 2000, il a sauvé la Russie de la faillite, restauré l’ordre public, modernisé son armée et rendu crédible sa diplomatie. L’Histoire devra lui rendre cette justice. Mais ses cafouillages actuels face au petit bouffon ukrainien obligent à se poser la question : Vlad n’a-t-il pas pris un méchant coup de vieux ?

Il aura 72 ans en octobre. Ce n’est pas très âgé de nos jours. Beaucoup de septuagénaires et au-delà sont encore en pleine possession de leurs moyens. Mais d’autres, usés par les tracas de la vie, n’ont plus les bons réflexes. L’état d’esprit peut influer sur l’état civil.

L’incursion ukrainienne aurait dû être balayée en deux jours

Certes, dans cette attaque-surprise, les milices néonazies d’Azov, particulièrement aguerries, dont Kiev reconnaît la participation aux combats, ont joué un rôle important. Appuyées par des mercenaires rosbifs, franconnais, polacks, boches et étasuniens. Des combattants plus agressifs que les Ukrainiens enrôlés de force, déprimés et fatigués, si l’on en croit les rapports de la CIA.

N’empêche que, sur son territoire, la Russie aurait dû avoir l’avantage du terrain, du nombre, de la motivation et des armes. Pas forcément nucléaires. Avec peu d’obstacles naturels pour protéger la vermine otanesque, une population patriote et des forces armées sur le pied de guerre le long de la frontière, la sidération qui semble avoir frappé les Russes dans la poche de Koursk est inexplicable.

Quand on peut surveiller depuis l’espace les mouvements de l’ennemi, et qu’on le laisse passer, c’est inconcevable. Et quand il suffirait de quelques bombes planantes bien ajustées pour le mettre en déroute, ou mieux d’armes thermobariques pour s’en débarrasser, on ne comprend pas les atermoiements du Kremlin.

Les Russes avaient les moyens de régler le problème. L’OTAN les a accusés d’avoir nettoyé le terrain en Ukraine avec des thermobariques, en 2022 à Marioupol. Et d’en avoir utilisé, coordonnés à des bombes planantes, à Soledar et Bakhmout en 2023, et à Adviivka en 2024. Pourquoi hésiter ?

Les Russes sont experts en la matière. Ils disposent de tout un arsenal pour délivrer la munition. Du plus léger au plus lourd, les lance-roquettes RPO-A Chmel, les blindés tous terrains TOS-1, pouvant envoyer 30 missiles à 10 km, les TOS-2 plus mobiles, car montés sur des camions, les BM-30 automatisés et surtout, le nec plus ultra la super bombe testée en septembre 2007. La plus forte de cette catégorie, d’une puissance équivalente à 44 tonnes de TNT. Sans la moindre radiation. Après l’explosion, on peut se déployer sans délai.

Ces redoutables bombes ThB utilisent des explosifs conventionnels pour enflammer un nuage de carburant que des nanotechnologies vont disperser dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. La frappe produit une aspiration-dépression de l’air provoquant un effet de souffle inversé. L’ennemi est asphyxié si ses poumons n’éclatent pas.

Ces armes ont toutes déjà servi, avec des succès tactiques en Tchétchénie et en Afghanistan, avant d’être déployées contre les mercenaires de l’OTAN en Ukraine. On a du mal à comprendre pourquoi les Russes ne les utilisent pas pour éjecter les Ukronazis.

Vladimir aurait-il perdu la main ?

On a l’impression que Poutine hésite. Ne sait plus quoi faire pour protéger son peuple. Ne trouve pas l’inspiration nécessaire pour enrayer cette intrusion. Et se débarrasser des cafards du nabot. Quitte à provoquer une escalade. Inéluctable. Avec lui ou son successeur.

Si ce cafouillage est avéré, il vaudrait mieux qu’il laisse le pouvoir à quelqu’un de plus jeune, plus dynamique, et décidé à en découdre avec les forces de l’OTAN, pourvoyeurs d’armes et agresseurs masqués sous l’uniforme ukrainien.

Dmitri Medvedev conviendrait parfaitement. Juriste et champion d’haltérophilie (en Russie, il n’y a pas de place pour les mauviettes en politique), cet homme de 58 ans a été plusieurs fois président ou vice-président du gouvernement depuis 2005, et actuellement il est vice-président du Conseil de Sécurité. Son mépris pour le mendigot de Kiev et son aversion de l’OTAN sont légendaires.

Dans une déclaration de juin 2022, il claironnait : « Je hais ces gens de l’OTAN. Ce sont des enfoirés et des dégénérés. Ils veulent notre mort, à nous la Russie. Alors tant que je serai en vie, je ferai tout pour les faire disparaître ». Ça a au moins le mérite de la clarté !

En outre, sa connaissance des grands dossiers et des petits secrets d’État est appréciable. Il n’y aurait pas de période de latence en cas de transmission du pouvoir. Mais il est peu probable qu’il le provoque. Toujours loyal à Poutine qu’il considère comme son père spirituel, il ne serait disponible que si celui-ci lui demandait de le remplacer. Au moins provisoirement. Comme cela s’est déjà produit.

Le rival de Medvedev pourrait être Alexeï Dioumine, s’il parvient à liquider les Ukronazis

L’homme est peu connu en Occident. À 51 ans, ce militaire de carrière parvenu au grade de lieutenant général, correspondant à général de corps d’armée en France, est plus un baroudeur qu’un officier de salon. C’est un homme de l’ombre. Dans l’ombre de Poutine depuis trente ans. Discret et efficace. Mieux vaut ne pas l’avoir pour ennemi.

Il a fait carrière au FSB (ex-KGB) avant de diriger le GRU (renseignement militaire) puis la protection rapprochée de Poutine. L’exfiltration du président Ianoukovytch, que la CIA voulait assassiner après le coup d’État de Maïdan en 2014, serait à mettre à son actif, de même que l’opération éclair en Crimée, dans la foulée.

Poutine vient de le nommer coordinateur des forces antiterroristes dans l’oblast de Koursk, et lui a confié la mission de dézinguer les troupes d’invasion ukrainiennes. S’il réussit rapidement, il apparaîtra comme le sauveteur de la Russie, et pourra prétendre au trône. En cas d’échec, il sera placardisé. Autant dire que ce type baraqué, connu pour son goût de la bagarre (il s’est même battu à mains nues contre un ours) est hautement motivé. D’autant qu’il est natif de Koursk.

Maintenant que le mal est fait, il reste la possibilité d’encercler les troupes ennemies pour les éradiquer, et si ça fonctionne, de prétendre qu’on les a laissées avancer pour leur tendre un piège.

Un durcissement de la politique russe serait possible avec Medvedev, bien placé pour le moment

On verrait alors comment les « porcs grognants de l’OTAN » comme il les surnomme, réagiraient. Force est de reconnaître que, jusqu’à présent, il a réussi à contenir les ambitions des plus bellicistes.

Le 4 février 2023, après que les USA ont promis d’envoyer des missiles balistiques à l’Ukraine, Medvedev menace de brûler tout le territoire ukrainien encore sous le contrôle de Kiev.

Le 24 février de cette même année, il avance l’idée de changer unilatéralement les frontières de la Pologne et le 14 avril, il menace de dissoudre ce pays : « Quand on aura gagné cette guerre, compte tenu du rôle de la Pologne en tant qu’avant-poste de l’OTAN en Europe, ce pays cessera probablement d’exister, ainsi que son stupide Premier ministre ».

Ça change du langage ampoulé des énarques émasculés qui font semblant de gouverner la France, en se prenant pour des matamores.

Le 20 mars 2023, en réponse au mandat d’arrêt de la CPI contre Poutine, Medvedev menace de tirer un missile sur la Cour pénale internationale : « Il est tout à fait possible qu’un missile hypersonique soit tiré en mer du Nord depuis un navire russe sur le palais de justice de La Haye. »

Le 8 avril 2023, Dmitri Medvedev dit que l’Ukraine est appelée à disparaître « Ni les États-Unis, ni l’Europe, ni l’Afrique, ni l’Amérique latine et ni l’Asie n’ont besoin de l’État ukrainien, cette erreur générée par l’effondrement de l’URSS ».

Medvedev, réaliste, considère que la confrontation en cours entre la Russie et l’Occident pourrait continuer dans les décennies à venir et la guerre russo-ukrainienne devenir permanente. Comme entre les deux Corées. À moins de briser le tabou du nucléaire. Tactique pour commencer.

Question de politique fiction : Qu’adviendrait-il si Trump retrouvait la Maison-Blanche et si Medvedev succédait à son mentor ? Ces deux caractères bien trempés seraient faits pour se comprendre et s’entendre.

Christian Navis
https://climatorealist.blogspot.com

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