La Russie et le Nouvel Ordre Mondial

08/05/2024 (2024-05-08)

Par Nicolas Bonnal

La nature du maître m’importe bien moins que l’obéissance.

Tocqueville

Certains esprits rebelles pensent que la Russie est une opposition biaisée, comme la Chine. Covid, CBDC, surveillance numérique, contrôle social, tout en fait réunit les États mondiaux contrôlés directement ou indirectement (via l’ONU et les institutions internationales comme l’OMS) par les GAFAM et les fonds de pension US, dont le plus connu est Black Rock dirigé par Larry Fink, le Blofeld du moment. On ne parlera pas du vieux Schwab et de Davos, moins en vogue en ce moment.

D’autres plus militants et plus « multipolaires » accusent ces mêmes rebelles de faire le jeu de l’ennemi ; ils ne me paraissent pas plus sérieux que jadis les fans de Staline ou bien Mao.

Mon amie Laurence Guillon vit depuis de nombreuses années en Russie ; écrivaine, poétesse, mais aussi peintre et musicienne (Rt.com avait fait un reportage sur elle), elle recense sans lâcheté aucune les imperfections du pays où elle réside pour des raisons SPIRITUELLES et écrit récemment :

« Z.W. m’a envoyé une vidéo d’une jeune Russe qui dit expressément que Poutine marche pour l’ordre mondial, et me demande ce que j’en pense. En ce qui concerne une partie de ce qu’elle raconte, il y a matière à se poser des questions, je m’en suis posée, je m’en pose. Je ne peux avoir qu’un avis personnel, basé sur mon intuition et mon observation de ce qui nous est accessible, de ce que j’ai vu, entendu ou lu. Cependant, elle me semble, par moments, exagérer et même biaiser, ce qui n’est pas bon signe, ce qui jette, à mes yeux, une ombre sur tout le reste de son discours. Ce qui est sûr, c’est que comprendre ce qui se passe vraiment ici n’est pas simple et qu’on ne peut se bercer de l’illusion que Poutine est le sauveur du monde, d’ailleurs, à part Jésus Christ sur un plan spirituel, personne n’est en mesure de jouer ce rôle. “Ne mettez pas votre confiance dans les princes et les fils des hommes, en eux il n’est point de salut”. »

Puis son témoin attaque plus sérieusement Poutine :

« Elle remarque qu’il y a un grand contraste entre ce que dit Poutine et ce qu’il fait, et c’est exact, en tous cas à l’intérieur du pays. Retour aux traditions, mais les ministères de la culture successifs ne semblent exister que pour permettre encore plus de destruction du patrimoine et financer des spectacles dégradants à l’occidentale, au détriment de la qualité et de la production nationale. »

Cela c’est pour la culture. Pour la folie LGBTQ maintenant :

« Récemment, j’ai appris par Dany qu’un adolescent qui voulait changer de sexe a été retiré à sa mère qui s’y opposait par les autorités, alors qu’il existe, si j’ai bien compris, une loi interdisant les interventions médicales en ce sens. Comment se fait-il ? »

Sur l’immigration et l’islamisme (toujours « galopant », sauf à Gaza…), même topo :

« De même, on va lutter contre l’immigration, mais on construit à Moscou encore une mosquée géante. Poutine, dit la jeune femme, laisse péricliter les villages russes faute d’infrastructures minimales, mais installe trente villages modernes pour des Africains ; “c’est comme en France”, commente la journaliste. Cependant là, je soupçonne qu’il s’agit de villages établis à l’intention des Afrikanders, qui sont massacrés en Afrique du Sud, facilement assimilables en Russie, travailleurs et entreprenants. »

Renseignement pris Laurence nous rassure (enfin, pas tous) :

« Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de cela, et, renseignements pris, il s’agit des Afrikanders, pour qui c’est pratiquement une question de vie ou de mort, et qui ne représentent pas un afflux de population colossal. »

Il reste que la Russie ne correspond en rien au Regain de Giono-Pagnol (qui lui-même ne produisit pas grand-chose…). On a vu l’horreur de ce Crocus (le centre, pas l’attentat) qui n’est rien qu’un énième énorme Barnum américain, d’ailleurs aux mains d’affairistes azéris, destiné à être un Exhibition Center de plus. Et toute la Russie semble être comme ça ; je me souviens d’un blog se vantant de magasins sans employés humains en Biélorussie. Comme on sait, les républiques musulmanes ex-soviétiques sont plus avancées que nous en matière de tyrannie informatique — l’Éthiopie aussi d’ailleurs, me confirme un lecteur. Le contrôle informatique sera cette chaîne d’union globale dont nous parlaient sans rire Nerval dans Aurélia ou Guénon dans ses Symboles de la Science sacrée. Le clergé aux commandes sera Bezos, Gates, Zuckerberg, les actionnaires américains comme toujours.

Laurence ajoute :

« Il n’en reste pas moins qu’on ne soutient pas vraiment la paysannerie, bien que le retour à la terre ne soit pas empêché non plus, si l’on ne demande rien à personne et qu’on va s’installer au fin fond du nord dans un village perdu, alors qu’en France, ce n’est pas garanti. Un retour aux traditions et à la souveraineté impliquerait la propagande du retour à la terre et des encouragements à ceux qui l’opèrent, ainsi qu’une mise en valeur de la culture paysanne. »

Laurence dénonce ensuite un comportement inquiétant de l’administration russe :

« Il y a une complaisance judiciaire envers les criminels asiates ou caucasiens quand ils agressent des Russes, cela me semble le fait de la corruption des juges par des bandits de ces nationalités, et non forcément celui du gouvernement lui-même, mais il est bien connu que les ramifications de la pègre et de la mafia s’insinuent partout, ici comme ailleurs. »

Il y a une différence avec la France, les gens :

« La différence avec la France est que les Russes, souvent, ne se laissent pas faire, là encore, la résistance locale joue sûrement son rôle. »

Le fond Javert et Thénardier du froncé de souche moderne (relisez Hugo, mon Dieu) héritier du binôme Terreur-Empire fait que l’hexagone est à l’avancée de toutes les avanies du monde moderne.

Puis Laurence évoque le Covid. Même guillotine sanitaire et cybernétique partout (NDLR À côté du cauchemar français, je me sentais bien tranquille en Espagne) :

« Autre point inquiétant, la soumission au covidocircus, aux mesures, au vaccin, beaucoup moins tyranniques et prolongées qu’en occident, cependant. La jeune femme attribue ce fait à la résistance du peuple russe, et elle n’a sans doute pas tort, je l’ai aussi pensé. Le peuple russe n’a pas bien passé le test d’obéissance que les Français ont remporté haut la main, dénonçant leurs voisins et traquant les contrevenants dans l’espace public. Des gens ont été acculés à se faire vacciner, sous peine de perdre leur travail, dans le meilleur des cas, ils ont quand même développé des covids, parfois à répétition, pour les autres conséquences, mystère. On en parle peu. »

Comme on sait, l’épisode Covid a servi de drill pour les mondialistes. Le prochain épisode sera tyrannique et génocidaire. La Russie n’ayant pas été fameuse, un fan trouve à Poutine ces excuses :

« La thèse d’un ami poutiniste français, c’est que le gouvernement russe ne voulait pas prendre le risque d’une opposition prématurée et déclarée au système mondialiste. Peut-être. N’empêche que c’est la principale raison que j’aurais de douter. »

Laurence conclut, philosophe :

« La numérisation. Oui, c’est vrai, cependant, il faut tenir compte du fait que les gouvernements, quels qu’ils soient, sont obligés de s’aligner sur les avancées technologiques qu’adoptent leurs concurrents, ennemis ou ennemis potentiels. Pour l’instant, cela ne prend pas le caractère coercitif et inhumain que cela prend ailleurs, mais cela peut venir, peut-être est-ce encore la résistance passive du peuple russe qui joue son rôle. »

Soyons aussi philosophes alors et relisons Tocqueville :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux est comme étranger à la destinée de tous les autres. Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir ; il travaille volontiers à leur bonheur, mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages. Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

Mais ce n’est pas tout. C’est le Mordor partout sinon (Tolkien le dénonçait dans sa correspondance, voyez mon livre). Laurence écrit sur le saccage de sa belle cité médiévale traditionnelle :

« Il fait un froid terrible, les feuilles des fougères, qui me ravissaient comme chaque année en déployant leur manteau translucide sous leurs petites têtes courbées, ont gelé. J’ai pitié des plantes et des bêtes autant que de moi-même… Pereslavl, outre “l’architecture” de ses nouvelles maisons qui ne ressemble à rien, se distingue par ses rues défoncées à un point indécent, le délabrement de certains quartiers, des terrains vagues qui suivent des destructions incompréhensibles et qui s’installent pour des années, avec déversements subreptices d’ordures, tas de ciments, poutres abandonnées, ferrailles… Cependant les “administrations” successives et leur architecte-conseil fantôme font mumuse avec l’aménagement jamais terminé de la plage municipale qui ne s’imposait pas ; l’achat de faux topiaires en plastique, car le plastique inaltérable, il n’y a rien de mieux, on les a répartis dans toute la ville, au milieu du désastre, c’est bien festif. »

Remercions Laurence et relisons Tocqueville toujours pour conclure :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »

Il faudrait être sacrément naïf pour croire qu’un chapelet d’îles tropicales échappera au cauchemar digital. Alors la feinte Russie ou la Ville lumière…

Sources :

https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2024/05/humeur-pascale.html

https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2024/04/sans-se-retourner.html

https://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2012/01/De-la-d%C3%A9mocratie-en-Am%C3%A9rique.pdf

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