29/06/2021 (2021-06-29)
[Source : zonefr.com]
Les écrits parlant des médias pullulent sur le Net. Le texte, ci-dessous, est un tour d’horizon succinct pour se faire une idée sur la Presse en général. « La presse est une école d’abrutissement parce qu’elle dispense de penser » de Pierre Descaves, ou encore mieux « dans la presse, seules les publicités disent la vérité » Proverbe chinois (Pas sûr) !
En 1988, Noam Chomsky et Edward Herman ont publié « la fabrique du consentement ». Le livre propose une analyse des méthodes de propagandes des médias de masse et propose une vision impressionnante du « quatrième pouvoir ». Trente-trois ans plus tard, leurs analyses sont toujours d’actualité. Plus récemment, le documentaire « les nouveaux chiens de garde », parle des journalistes et experts médiatiques devenus des gardiens de l’ordre social. « Le film dresse l’état des lieux d’une presse, sans valeurs de pluralisme, d’indépendance et d’objectivité. Le film pointe la menace croissante d’une information pervertie ». Lorsque l’information est produite par les Grands groupes, la presse peut-elle encore jouer son rôle d’informateur ?
Avant l’apparition de l’outil Internet, la communication était réservée principalement aux médias de masse. Le temps d’investigation était considérablement fastidieux pour se documenter. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une ère de l’actualité instantanée. Le Web permet aux internautes de devenir des rédacteurs médiatiques. Chaque individu peut se transformer, en quelques clics, en un vecteur d’information.
Au Forum de Davos, en 1996, John Perry Barlow, qui passait pour un visionnaire de l’Internet, déclarait : « Nous sommes en train de créer un monde où tout un chacun pourra s’exprimer, sans privilège ni préjugé de race, ni de naissance, de puissance économique ou militaire. Nous sommes en train de créer un monde où chacun, en tous lieux, pourra exprimer ce en quoi il ou elle croit, aussi singulière que soit son idée, sans peur, sans être contraint au silence ou au conformisme. »
Notre comportement face aux médias
Le livre de Sébastien Bohler « 150 petites expériences de psychologie des médias (Livre) » explique comment les médias conditionnent les personnes.
Préface du livre : Une personne passe en moyenne trois heures par jour devant sa télévision. Il entend la radio murmurer en permanence pendant son petit-déjeuner ou à sa pause de midi, ouvre le journal du soir en se posant dans le fauteuil du salon, lorsqu’il ne surfe pas sur Internet. En un mot, nous sommes gavés d’informations. […]
[…] Que dire de ce regard ? Qu’il est périphérique. Il est comme omniscient. La télévision nous transporte dans n’importe quel coin du monde et collecte en quelques instants des données que jamais, en une vie consacrée à parcourir la surface du globe, nous ne pourrions rassembler par nos propres moyens. Et elle fait cela 24 heures sur 24. Mais en même temps, ce regard n’est pas un regard délibéré, choisi ou maîtrisé. Nous ne le tournons pas là où nous le voulons, il nous est imposé par les caméras. C’est en outre un regard déformé, car les reportages accordent plus d’importance à certains thèmes qu’à d’autres […] C’est peut-être la raison pour laquelle Internet se développe actuellement si rapidement. Le modèle d’un média centralisé qui diffuse l’information pendant que les masses la reçoivent passivement pourrait avoir fait son temps. Les blogs, forums de discussion, émissions sur Internet, attirent de plus en plus de personnes désireuses d’une information moins passive, plus participative.
Les médias sont sous perfusion
En France, les grands médias de masses survivent grâce aux aides directes ou indirectes de l’État. La plupart des journaux sont concernés également par d’autres dispositifs d’aides ou de sponsoring par des Mécènes pour des causes privées. Nous citerons ici quelques-uns de ces médias subventionnés comme : Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos ou l’Humanité… qui encaissent, annuellement, plusieurs dizaines de millions d’euros, voire centaines pour les plus gros.
Les médias de masse sont principalement la propriété des grandes fortunes, leur principal rôle est de soutenir l’idéologie capitaliste. Ils vénèrent servilement l’ordre établi. Dans les grands débats, ils invitent des spécialistes et experts pour interpréter la propagande officielle. Ils ont surtout le rôle de distraire et d’ânonner les politiques menées par le gouvernement. Les journalistes célébrités sont ceux qui se comportent en courtisans des élites. Ils savent pertinemment qu’ils collaborent avec le pouvoir et la manipulation des citoyens. L’unification de l’information a déclenché le désintérêt des gens, qui se rendent compte de la duperie de l’information qui n’a plus qu’un seul son de cloche. Cela ne veut pas dire que les journalistes intègres n’existent pas, mais les pressions internes rendent le journalisme vertueux extrêmement difficile, et la désobéissance aux règles imposées est synonyme de fin de carrière.
L’information au niveau mondial
« Les agences de presse sont rarement le point de mire du public. Pourtant, elles sont parmi les catégories de médias les plus influentes et en même temps parmi les moins connues. Ce sont des institutions clé avec une importance substantielle pour chaque système de médias. Elles sont le centre nerveux invisible qui relie toutes les parties de ce système. » (Wolfang Vyslozil, ancien gérant d’APA).
L’information occidentale découle essentiellement de 4 Agences : L’agence américaine Associated Press (AP), L’agence britannique Reuters à Londres, L’agence de presse allemande (DPA), et L’Agence France Presse (A.F.P.). Si ce sont seulement ces quatre agences qui diffusent les informations des actualités, cela signifie que le droit de la population à la liberté de la presse et à la liberté d’opinion est bafoué. Ces faits indiquent clairement que la population n’est pas informée de manière équilibrée sur les intentions des gouvernements et que nous ne pouvons plus parler d’un journalisme libre et indépendant ?
À New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880, le journaliste John Swinton se fâche quand on propose de boire un toast à la liberté de la presse : « Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »
« Quant aux intellectuels qui trouvent qu’il est déshonorant de vendre son cul pour gagner son pain, je leur dis que c’est peut-être vrai, mais qu’il est certainement bien plus déshonorant de vendre son cerveau que de vendre son cul ; pourtant, le métier d’intellectuel consiste à vendre son cerveau, et le plus souvent au pouvoir ; par conséquent, les vraies putes, c’est eux ! »
GAFA, les nouveaux médias
En galopins au début, ils amusaient en barbares, ensuite ils étonnaient en monstres, aujourd’hui, ils effraient. Ces plateformes réussiront-elles à imposer leur vision du monde ? A rester cachées derrière des buzzwords, des avocats et des lobbyistes ? Ou est-ce déjà trop tard pour renverser la tendance et les réancrer vers un bien commun décidé plus largement ? Et si les GAFA n’étaient pas la solution, mais désormais plutôt le problème ? Et demain ? Demain, quand, omnipotents, sans contre-pouvoir, sans cadre éthique, plus puissants que des États, ils seront les seuls à posséder et maîtriser les bases des infrastructures du 21ème siècle, c’est-à-dire les données accumulées de milliards de personnes, les machines, les plateformes logicielles, les intelligences et les compétences pour en profiter, mais aussi la richesse…
Aujourd’hui, intimement imbriquées dans nos vies quotidiennes, ces firmes technologiques – déjà hégémoniques sur l’avenir de la culture et l’information -trustent aussi les tout premiers rangs des dirigeants les plus influents du monde et des groupes les plus riches et les plus puissants. Gigantesques, les nouveaux maîtres du monde continuent chaque jour de grandir en contrôlant les plateformes qui risquent de dominer nos sociétés dans les années à venir.
Jacque Attali parle des médias
« Depuis toujours, l’homme a besoin de savoir ce qui le menace, ce qui nuit aux autres ou les sert. Et pendant longtemps, seule une poignée de puissants, souverains, religieux, marchands, ont eu le monopole de l’information, de sa fabrication à sa circulation. Une information libre, diffusée par des médias accessibles à tous et établie par des professionnels cherchant la vérité est le fruit d’une histoire récente, inattendue, fascinante. Et elle est à présent terriblement menacée.
Comment distinguer le vrai du faux, l’information de la distraction ? Quel rapport entre informer, convaincre, enseigner, distraire ? Comment la démocratie résistera-t-elle aux formes de censure et de surveillance ? En quoi le déluge actuel et à venir d’informations, vraies ou fausses, influera-t-il sur notre façon de gérer les grands problèmes d’aujourd’hui et de demain ? Les réseaux sociaux, outils de surveillance généralisée, qui font de chacun le journaliste de lui-même, seront-ils balayés par une vague technologique plus puissante ? Les journalistes seront-ils remplacés par des automates ou resteront-ils des acteurs irremplaçables de la démocratie ?
Tels sont les sujets de ce livre. Encore une fois, comme pour tous les autres domaines dont j’ai tenté jusqu’ici de prévoir le devenir, celui des médias, vertigineux, ne peut être imaginé et maîtrisé qu’en remontant très loin dans son histoire, ou plutôt ses histoires. Ses passionnantes histoires. »
JVD
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