09/12/2022 (2022-12-09)
[Source : fr.aleteia.org]
Recherche d’authenticité, gage de qualité, circuits courts, conviction religieuse… Les produits monastiques séduisent un large public. S’ils existent depuis plusieurs siècles, ils répondent plus que jamais aux aspirations actuelles et aux nouveaux modes de consommation comme en témoigne L’Artisanat monastique qui commercialise quelque 4.500 produits monastiques. Une économie multiséculaire, certes, mais qui n’en laisse pas moins toute sa place à l’innovation.
Et si, derrière les épais murs des monastères, se trouvaient bel et bien le monde de demain ? On y trouve bien sûr l’annonce du Royaume et la promesse de la résurrection. Mais aussi, de manière très pragmatique, un modèle économique qui répond aux exigences d’aujourd’hui. Sobriété, écologie, inclusion… Et si les moines et moniales des centaines de monastères qui maillent la France avaient mille ans d’avance ?
Il y a d’abord la finalité. L’économie monastique n’est pas centrée sur elle-même : elle doit permettre aux moines et moniales de vivre correctement, mais aussi de venir en aide à ceux qui les sollicitent. Les moines d’aujourd’hui travaillent pour permettre à leur communauté de vivre selon les principes de la sobriété heureuse et, si possible, de gagner du superflu pour le distribuer aux plus nécessiteux. Notre-Dame d’Aiguebelle, Saint Pierre de Chartreuse, les clarisses de Troyes, l’abbaye de Boulaur… Les moines et moniales qui y vivent et prient y travaillent aussi pour subvenir aux besoins de leurs communautés et agir auprès des plus démunis. Une vie qui s’articule bien souvent autour de la fameuse règle de saint Benoît, « ora et labora » (“prie et travaille”). Saint Benoît de Nursie a en effet proposé que ses moines vivent en communauté, alliant la prière et la lecture au travail manuel. « Cette introduction du travail manuel, imprégné de sens spirituel, était révolutionnaire », reconnaît le pape François dans son encyclique Laudato Si’.
« On a appris à chercher la maturation et la sanctification dans la compénétration du recueillement et du travail. Cette manière de vivre le travail nous rend plus attentifs et plus respectueux de l’environnement, elle imprègne de saine sobriété notre relation au monde. »
Un travail qui respecte la Création
Mais attention, un travail qui se doit d’être effectué dans le respect le plus total de la terre, de la Création. À l’abbaye cistercienne de Boulaur, dans le Gers, les sœurs produisent ainsi de la farine de sarrasin. Elles cultivent le sarrasin sur leurs terres, et moulent la farine dans leur propre moulin. Un travail pour lequel elles ont obtenu le label BIO. Mais pour les sœurs de Boulaur, cela va plus loin qu’un label. Elles viennent de s’embarquer dans la création d’un lieu de vie et de partage : un écotone. Elles souhaitent ainsi développer une « zone de rencontre entre l’écosystème de la vie monastique » et celui du monde extérieur. Miser sur le bio, c’est également ce qu’ont fait les cisterciennes de Rieunette, dans l’Aude, en développant toute une gamme de cosmétiques bio réalisés à partir des plantes de leur jardin. Et pour ne rien gâcher, les contenants de ces cosmétiques sont tous en verre recyclable..!
Le travail monastique, c’est aussi la réalisation de produits qui ont du sens et sont en phase avec les tendances actuelles. Une récente étude réalisée par YouGov montre par exemple que 81% des Français ont entendu parler de la tendance « zéro déchet » et 91% considèrent qu’il est important de les réduire. Alors si les religieux ne sont « dans le monde mais pas du monde », cela ne les empêche pas d’avoir un temps d’avance et d’innover. Les clarisses de Marseille ont ainsi embrayé en proposant des lingettes démaquillantes lavables en remplacement des traditionnels cotons jetables. Et, pour rester tendance, ces délicates lingettes comptent une face en gaze de coton colorée et une autre en éponge de bambou pour les peaux sensibles. Une excellente alternative écologique ! et d’autres monastères n’ont pas attendu la tendance « zéro déchet » pour proposer, par exemple, des cosmétiques solides : c’est le cas par exemple de Notre-Dame de Ganagobie, monastère situé dans les Alpes de Haute Provence, qui propose depuis les années 1990 une incroyable gamme de savons solides, baumes et produits cosmétiques réalisés dans le plus grand respect de la nature et pour le plus grand bonheur des aspirants « zéro déchet ».
4.500 produits référencés par l’Artisanat monastique
Des produits de qualité diffusés dans toute la France grâce à L’Artisanat monastique, un réseau de sept boutiques (Paris, Bordeaux, Lyon, Nantes, Marseille, Rennes et Toulouse) et d’un site en ligne qui commercialise quelque 4.500 produits monastiques. En achetant et revendant les produits des monastères au juste prix, cette entreprise permet aux moines et moniales de continuer à vivre de leur travail. L’Artisanat monastique poursuit plus largement une triple mission : accompagner des communautés dans la création de leurs gammes de produits pour répondre au besoin du marché, former des moines et moniales dans les activités professionnelles qu’ils ont choisies et financer du matériel de production et d’outillage professionnel.
Enfin, à l’heure où « l’inclusion » dans la société et dans le monde professionnel est devenu un terme dans l’air du temps (et heureusement !), il est bon de rappeler que les religieux n’ont pas attendu 2022 pour vivre et travailler avec des personnes porteuses de handicap. Les petites sœurs de l’Agneau confectionnent une délicieuse tisane digestive aux trois menthes. Le supplément de ces tisanes ? Elles ont été réalisées par des religieuses porteuses de trisomie 21, l’institut des Petites sœurs Disciples de l’Agneau, à vocation contemplative, offrant aussi à des jeunes filles trisomiques la possibilité de réaliser leur vocation religieuse.
Si le respect de la nature, l’offre de produits « zéro déchet » et bio ou encore l’inclusion au travail sont des piliers de l’économie monastique et correspondent à des tendances actuelles, l’engouement pour le « made in abbaye » s’explique aussi, tout simplement, par une recherche d’authenticité. Car oui, les produits monastiques ont un supplément de sens. « Le moine est un personnage consensuel profondément moderne et le monde monastique à des choses à nous apprendre quant à notre rapport au travail, à l’environnement », assure ce jeune cadre parisien amateur de produits d’abbaye.
« En consommer et plus largement réfléchir au travail monastique, c’est se rappeler de la richesse gastronomique, culturelle et spirituelle de notre pays mais aussi – et peut-être surtout – que la sobriété peut être bien, belle et bonne. »
En savoir plus
Créée en 1951, l’association à but non lucratif « Aide au Travail des Cloîtres » (ATC) et son bras commercial sous la marque « Artisanat Monastique » contribuent à distribuer quelque 4.500 produits de plus de 150 communautés religieuses en France et en Europe. La majorité des administrateurs de l’ATC sont des religieux, moines et moniales, et de ce fait l’Artisanat Monastique est considéré comme une œuvre d’Église. Cette appartenance au monde monastique distingue L’Artisanat monastique des autres distributeurs de produits monastiques à but lucratif.
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