14/01/2021 (2021-01-14)
Par Joseph Stroberg
Le nouveau courant religieux qu’est le Nouvel-Âge met en avant les notions de service à l’Humanité et de Serviteur du monde en liaison avec l’ère du Verseau. Depuis deux mille ans, le Christianisme met plutôt l’accent sur le Sauveur du monde qui s’en est remis à la Volonté de son Père et sur l’amour du prochain. Le mouvement récent recommande le service et l’appel à la manifestation du « plan » de son dieu Lucifer sur la terre. Dans le même temps, le mouvement ancien recommande la prière et l’appel à rejoindre le royaume céleste. Le premier tend à valoriser la « déesse » ou la mère Nature, à réclamer le matriarcat. Le second est d’essence patriarcale. (Voir : Humanisme Nouvel-Âge vs Christianisme). L’un est finalement féminin, cherchant l’incarnation du divin dans la matière, et l’autre masculin, cherchant l’élévation des âmes vers le divin. (Voir la Note sur la féminité et la masculinité). Est-ce que l’un d’eux vaut mieux que l’autre ? Est-ce que l’un d’eux est préférable ?
Est-ce que la femme vaut mieux que l’homme, ou inversement ? Est-ce que l’un ou l’une des deux est préférable à l’autre ? Ou bien sont-ils simplement différents et complémentaires, et doivent-ils apprendre à fonctionner ensemble, à unir leurs aptitudes spécifiques pour créer dans la matière et pour s’élever hors de celle-ci ? Pour déterminer les mérites des uns ou des autres, il est souvent utile d’étudier leurs actes et, si possible, leurs motivations. Et en matière de religions autant qu’en ce qui concerne les êtres humains individuellement, les actions et motivations ont pu être très variées. Elles ont pu amener aussi bien le pire (inquisition, sectarisme, esclavage sexuel, tyrannie, etc.) que le meilleur (sainteté, charité, émancipation féminine, autogestion, etc.). Quant aux guerres collectives et aux conflits individuels, ils sont loin d’être limités aux religions et aux différences sexuelles, mais ont pu concerner tous les domaines de la vie humaine et ont souvent été motivés par des considérations politiques ou économiques ou plus simplement par l’égoïsme, y compris lorsque l’Histoire les a retenues sous le nom de « guerres de religion ».
En considérant les archétypes masculin et féminin, les religions représentent en quelque sorte les tendances sexuelles de l’Humanité dans sa globalité. De ce point de vue, même les plus patriarcales ou masculines comportent une certaine mesure de dimension féminine. Ainsi le Christianisme réserve une part non négligeable à la Vierge Marie qui a permis l’incarnation du Fils. De même, le Nouvel-Âge attache une certaine importance à l’abstraction spirituelle des âmes hors de la matière, même s’il conditionne celle-ci à un long apprentissage d’ordre ésotérique. Et nous pourrions parvenir au même genre de constat avec l’islam, l’hindouisme, le judaïsme et toutes les autres religions humaines. À l’image du symbole du Tao, l’unité ne pourrait pas se trouver si le féminin ne comportait pas lui-même une partie de masculin, et réciproquement. (Voir la Note sur les mouvements humains et la sagesse du Tao).
La sexualité implique la réunion de deux opposés ou de deux complémentaires. La religion réunit ou relie, de même, deux opposés : le ciel et la terre, les dieux et les hommes, le haut et le bas, le divin et la matière… Le masculin correspond au mouvement du bas vers le haut pendant que le féminin correspond au mouvement inverse. L’un tend à retirer l’âme de la matière pour l’élever vers le divin, pendant que l’autre tend à incarner l’âme d’origine divine dans la matière. Si l’Humanité en tant qu’être global rejette la religion, elle rejette du même coup la sexualité dans sa fonction naturelle et essentielle. L’Occident est le fer de lance du rejet des religions traditionnelles au profit éventuel du seul Humanisme du Nouvel-Âge (de forte inspiration maçonnique). Sous son impulsion, une bonne partie de l’Humanité globale est devenue athée et a coupé le lien avec le divin (et a perdu la conscience morale inspirée par ce dernier). Deux conséquences majeures en ont découlé parallèlement. La première est une perte croissante de fertilité. La seconde est la confusion des genres. Certains pourraient objecter que la première provient de l’usage croissant des pesticides et autres perturbateurs endocriniens et que la seconde le doit aux bienfaits de la technologie et de la théorie du genre. Cependant ces facteurs sont secondaires, découlant eux-mêmes de la perte de conscience morale due à la coupure du divin.
La montée de l’Humanisme a eu elle-même des conséquences : le féminisme, le transhumanisme, le matérialisme, l’intelligence artificielle… Elles correspondent à des mouvements vers l’incarnation ou la manifestation concrète. Cependant, plus l’Humanisme rejettera les religions traditionnelles, le patriarcat et même la virilité, plus les conséquences tendront à des excès guère plus enviables que le machisme et les guerres mondiales. Si l’Homme peut symboliser l’épée, la Femme symbolise alors plutôt la coupe ayant besoin d’une cuirasse de protection. La protection du nid ou du foyer était traditionnellement assurée par l’homme face aux agressions de la nature ou des autres hommes. Si l’énergie masculine est rabaissée au lieu d’une élévation naturelle de l’énergie féminine, alors le besoin de sécurité est compensé d’une autre manière.
Si la sécurité familiale n’est plus assurée par l’homme, la société moderne lui proposera l’alternative de la surveillance généralisée, du puçage des individus comme des animaux, de l’intelligence artificielle supposée plus sûre à terme que l’intervention humaine, de la monnaie virtuelle théoriquement moins facilement subtilisée que des billets de banque, de matériaux artificiels plus solides que la pierre et que le bois, de détecteurs de pensées malsaines aussi efficaces que les détecteurs de fumées, etc. La sécurité matérielle ne sera plus assurée par le mâle, mais par la technologie, au risque d’évoluer vers un Nouvel Ordre Mondial ultra contrôlé, dans lequel la seule liberté sera celle de consommer ou de servir de bête de somme ou de cobaye. (Voir : Les projets des Maîtres du Monde).
Les excès d’un individu, d’une religion ou d’une société en général proviennent du déséquilibre des mouvements et des énergies en leur sein. Une société excessivement féministe sera tout aussi malsaine qu’une autre abusivement patriarcale. Les déséquilibres engendrent la maladie. Si l’eau est indispensable à la vie, en boire plus de neuf litres dans la journée peut conduire à la mort. (Voir aussi : Prendre sa santé en main). Le but d’un individu et d’une société est-il la mort, même si en bout de course c’est ce qu’il connaîtra ? Ou bien est-ce sa perpétuation au travers d’une descendance et d’autres objectifs tels que l’amélioration personnelle et collective ?
Si l’un des objectifs majeurs d’une société ou d’un individu est sa perpétuation, il ne peut l’atteindre sainement qu’au travers de la « sexualité », sachant que la religion correspond à celle d’une civilisation. Les êtres humains étant sexués, leur descendance provient de leur union charnelle, du moins lorsqu’ils laissent la nature faire son œuvre et ne s’en remettent pas pour cela à la technologie. De même, la descendance de deux religions proviendra de leur union. Autrement, elles s’éteindront toutes les deux sans donner le jour à des filles ou à des fils, sans avoir produit de fruits. Quel enfant l’union du Christianisme et de l’Humanisme pourrait-elle ainsi produire ? Pour répondre à la question posée par le titre, si finalement la Volonté du Père était que tous les êtres humains servent l’Humanité, autrement dit que toutes les cellules humaines servent le corps Humanité ?
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