Macron continue de discréditer la France en commettant erreur après erreur sur le front de la politique étrangère

20/04/2024 (2024-04-20)

[Source : numidia-liberum.blogspot.com]

À ce rythme, il n’y a plus aucune chance crédible que la France renoue avec ses traditions de politique étrangère indépendante après les cinq erreurs majeures de politique étrangère commises par Macron au cours des deux dernières années seulement. Il a porté un tel préjudice à la réputation de son pays qu’il est impossible de le réparer tant qu’il reste au pouvoir.

Par Andrew Korybko

L’interception par la France de missiles iraniens au-dessus de la Jordanie au début du mois est la dernière erreur de Macron qui discrédite encore davantage son pays sur le front de la politique étrangère. En 2018, le dirigeant français a revendiqué le mérite d’avoir empêché le Liban de sombrer dans la guerre civile l’année précédente, après que son intervention diplomatique ait contribué à résoudre la crise née de la démission scandaleuse de l’ancien Premier ministre Hariri alors qu’il était en Arabie Saoudite. C’est à cette époque, fin 2017, que Macron a également commencé à parler de la construction d’une armée européenne.

Ces mesures ont fait penser à beaucoup que la France essayait de raviver ses traditions de politique étrangère indépendante, perception dont Macron a donné du crédit à The Economist fin 2019, affirmant que l’OTAN était en état de mort cérébrale. L’Amérique a ensuite pris sa revanche sur la France en lui arrachant un accord de plusieurs milliards de dollars sur les sous-marins nucléaires avec l’Australie deux ans plus tard afin de créer AUKUS. Les visions divergentes de la politique étrangère entre ces deux pays au cours des cinq années 2017-2021 étaient clairement devenues une tendance.

Cela a commencé à changer après le déclenchement de la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie en Ukraine six mois plus tard, début 2022, puisque la France a immédiatement sauté dans le train américain en sanctionnant la Russie et en armant l’Ukraine. Il s’agit de la première erreur majeure de Macron en politique étrangère, car elle a discrédité la perception qu’il a travaillé à construire à partir de 2017 selon laquelle la France renouerait avec ses traditions de politique étrangère indépendante sous sa direction.

Pendant ce temps, le talon d’Achille de cette approche restait l’Afrique, où la France continuait de régner sur ses anciens sujets impériaux à travers une forme grossière de néocolonialisme qui retardait leur développement socio-économique. Il n’y a pas eu beaucoup de dynamisme sur ce front jusqu’en 2022-2023, après les coups d’État militaires patriotiques respectifs au Burkina Faso et au Niger qui se sont combinés pour libérer le Sahel de la « sphère d’influence » de la France, avant quoi Macron aurait pu réformer cette politique afin d’agir de manière préventive et éviter cela.

C’est là la deuxième de ses erreurs majeures en matière de politique étrangère, car ne pas avoir traité ces pays avec le respect qu’ils méritent, notamment en ne leur offrant pas d’aide d’urgence pour les aider à gérer les crises intérieures provoquées par les sanctions anti-russes occidentales, a finalement sonné le glas de la « Françafrique ». La France aurait pu au contraire y promulguer une politique étrangère véritablement indépendante, conçue pour conserver son influence historique dans les conditions modernes, ce qui lui aurait permis de mieux rivaliser avec la Russie.

La panique provoquée à Paris par le retrait de la France du Sahel a incité Macron à compenser en tentant de se tailler une « sphère d’influence » dans le Caucase du Sud centrée sur l’Arménie. À cette fin, son pays s’est joint aux États-Unis pour tenter de débaucher l’Arménie de l’OTSC en exploitant les fausses perceptions du manque de fiabilité de la Russie. Ce récit de guerre de l’information a été promu de manière agressive au sein de la société arménienne par le lobby ultra-nationaliste de la diaspora basé en France (Paris) et aux États-Unis (Californie).

Même si cela a été un succès dans le sens où l’Arménie a gelé sa participation à l’OTSC et s’est tournée de manière décisive vers l’Occident, auprès duquel elle recherche désormais des « garanties de sécurité », il s’agit sans doute d’une victoire à la Pyrrhus pour la France, car elle a ruiné les relations avec la Turquie. Étant donné que ce pays exerce une immense influence dans le monde islamique, la politique pro-arménienne de la France peut donc être considérée comme la troisième erreur majeure de Macron en matière de politique étrangère, car elle a affecté négativement la façon dont les musulmans perçoivent la France.

Quant à la quatrième, elle concernait sa menace, fin février, de mener une intervention militaire conventionnelle en Ukraine, qui, selon lui, pourrait avoir lieu autour de Kiev et/ou d’Odessa si la Russie parvenait à percer les lignes de front dans le courant de l’année. La raison pour laquelle cela peut être considéré comme une erreur majeure de politique étrangère est que cela a immédiatement révélé les profondes divisions au sein de l’OTAN sur ce scénario après que de nombreux dirigeants ont condamné son affirmation imprudente selon laquelle cela « ne peut être exclu ».

Il pensait évidemment que présenter la France comme extrêmement belliciste à l’égard de la Russie plairait aux élites occidentales et à leur société, mais c’est exactement le contraire qui s’est produit avec leur réaction consternée. Loin de ressembler à un leader, la France ressemblait à un canon libre qui risquait de déclencher une Troisième Guerre mondiale par erreur de calcul, certains craignant que le fameux ego de Macron ne devienne finalement un danger pour tous. Ces nouvelles perceptions ont naturellement discrédité la France aux yeux de ses alliés.

Et enfin, la cinquième et dernière erreur majeure de politique étrangère jusqu’à présent a été lorsque Macron a ordonné à ses pilotes en Jordanie d’intercepter certains des missiles lancés par l’Iran contre Israël en représailles au bombardement de son consulat à Damas. Ce faisant, il a porté un coup mortel au soft power de la France dans le monde islamique, qu’il avait travaillé si dur pour améliorer après son intervention diplomatique au Liban fin 2017. En se rangeant ouvertement du côté d’Israël, Macron risque également de provoquer la colère des Français musulmans.

Ce groupe démographique est facilement mobilisable et a l’habitude de perturber la société avec les manifestations à grande échelle que les dirigeants communautaires ont organisées sous divers prétextes au fil des ans. Ils constituent également un bloc électoral important, notamment ceux qui sont citoyens français, ce qui pourrait grandement entraver sa capacité à désigner un successeur une fois son second mandat expiré en 2027. Les musulmans français pourraient voter pour d’autres candidats et donc réduire les chances que le candidat préféré de Macron accède au second tour.

La série d’erreurs majeures de Macron en matière de politique étrangère pourrait non seulement être due à lui personnellement, mais pourrait aussi être, au moins en partie, imputable à des facteurs systémiques. Le Valdai Club a publié le mois dernier son étude intitulée « Crafting National Interests: How Diplomatic Training Impacts Sovereignty », qui soutient que les réformes mises en œuvre sous son administration risquent de diminuer le rôle des traditions diplomatiques nationales. Concrètement, les fonctionnaires nationaux se transforment en fonctionnaires mondiaux, ou essentiellement en marionnettes américaines.

Après tout, même si Macron a le dernier mot en matière de politique étrangère, il est également conseillé par des experts diplomatiques sur la meilleure approche possible pour faire avancer les intérêts français dans une situation donnée. Au lieu de conceptualiser ces intérêts comme des intérêts nationaux comme ils l’ont fait au début de sa présidence lors de la crise libanaise de 2017 avant ses réformes du début de 2022, l’année où tout a commencé à se détériorer, ils ont commencé à les conceptualiser comme inextricables de ceux de l’Occident collectif. Cela équivalait à une cession de souveraineté.

Le résultat final a été que la France a rejoint avec enthousiasme la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, a perdu sa « sphère d’influence » au Sahel, a ruiné ses relations avec la Turquie (qui étaient déjà affaiblies en raison des controverses antérieures de Macron) en s’alliant avec l’Arménie, et a perdu la confiance des alliés de l’OTAN, en révélant des détails sur leurs débats secrets sur une intervention conventionnelle en Ukraine, et s’est discrédité devant tous les musulmans en se rangeant ouvertement du côté d’Israël contre l’Iran (et pour le génocide en cours à Gaza), après avoir abattu les missiles de ce dernier au-dessus de la Jordanie.

À ce rythme, il n’y a plus aucune chance crédible que la France renoue avec ses traditions de politique étrangère indépendante après les cinq erreurs majeures de politique étrangère commises par Macron au cours des deux dernières années seulement. Il a porté un tel préjudice à la réputation de son pays qu’il est impossible de le réparer tant qu’il reste au pouvoir. Pire encore, il s’attaque à un nid de frelons chez lui en risquant davantage de troubles provoqués par les musulmans en raison de sa politique pro-israélienne inconditionnelle, ce qui augure mal pour l’avenir de la France dans les années à venir.

Source : BOT MASTER 18 avril 2024

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