02/04/2020 (2020-04-02)
[Source : Russie Politics via Réseau International]
[Auteure : Karine Bechet-Golovko]
Le problème du coronavirus est qu’il n’est pas particulièrement résistant, l’été arrive et selon les virologues son intensité va chuter, avec ou sans vaccin. Une si belle mécanique de transformation totalitaire de la société est en route, les populations sont à point, elles demandent elles-mêmes à sacrifier leur liberté, l’homme à genoux ose à peine lever les yeux vers le soleil, l’on ne va pas s’arrêter en si bon chemin pour une question de calendrier. Il nous faut un risque estival, afin de faire le lien en attendant l’automne et la prochaine saison naturelle des virus. Pour les populations prennent leurs habitudes carcérales. Et que l’on puisse les y aider. Pour leur bien. Puisque l’on n’envisage aucunement la restauration des services publics, notamment hospitalier. La Chine est décidément notre planche de salue : un homme est mort du hantavirus. Ca tombe bien, celui-ci est surtout efficace en été … Comme écrivait La Boétie, « Les tyrans ne sont grands, que parce que nous sommes à genoux« .
Lorsqu’une mécanique hystérique se met à ce point en route, elle ne peut pas s’arrêter parce que sa raison première d’être, en tout cas celle officiellement annoncée, se trouve dépassée. Or, les virologues annoncent la chute de l’impact du coronavirus pour l’été, de manière naturelle. Il suffit de voir comment la pression, la terreur s’insinue dans les populations. Il suffit de voir comment les pouvoirs occidentaux ne mettent en place aucun plan de sauvetage des services publics, notamment du service de santé. Il suffit de voir comment, en revanche, les gens sont stigmatisés : si le virus se propage, c’est leur faute, c’est leur très grande faute, c’est parce qu’ils ne sont pas totalement terrés, enfermés, c’est parce qu’ils existent finalement. Ce n’est pas parce que le service public hospitalier est en lambeau, ce n’est pas parce que les Etats ne peuvent plus protéger leurs frontières, ce n’est pas parce que les pouvoirs ont décidé de faire une croix sur leur souveraineté médicale au profit des multinationles. Bref, ils sont responsables de leur malheur, qu’ils subissent, se taisent et remercient encore qu’il existe des dirigeants pour s’occuper d’eux.
Quand le fanatisme est en marche, ce qui est le cas, il ne s’arrête pas. On doit l’arrêter. Donc l’homme est un danger – contre le fanatisme lorsqu’il garde sa liberté d’esprit, contre lui-même lorsqu’il se laisse diriger par ses peurs ancestrales.
Le coronavirus n’étant pas éternel, une suite commence à faire son apparition, le hantavirus. Lui aussi vient de Chine, où un homme est mort dans un bus, cette fois-ci dans la province du Yunnan.
«Le #Hantavirus est apparu pour la première fois dans les années 1950 lors de la guerre américano-coréenne en Corée (fleuve Hantan). Il se propage par les rats ou souris si les humains ingèrent leurs fluides corporels. La transmission interhumaine est rare», a tweeté la scientifique suédoise, le Dr. Sumaiya Shaikh.
Rare. Le coronavirus qui existe depuis les années 30 (lui aussi au départ détecté sur les animaux) n’avait pas non plus retenu particulièrement notre attention jusqu’à peu. Que le moment soit venu. Et l’hantavirus sévit déjà :
Les symptômes peuvent survenir jusqu’à huit semaines «après une exposition à de l’urine fraîche, des excréments ou de la salive de rongeurs infectés», a précisé le centre, notant qu’il peut parfois aussi provenir de piqûres de rats ou de souris infectés.
Les hantavirus aux Amériques sont appelés hantavirus du « Nouveau Monde » et peuvent provoquer le syndrome pulmonaire des hantavirus (HPS). D’autres hantavirus, appelés hantavirus « de l’ancien monde« , se trouvent principalement en Europe et en Asie et peuvent provoquer une fièvre hémorragique avec syndrome rénal ( HFRS). Il peut provoquer un syndrome pulmonaire à hantavirus (HPS) et une fièvre hémorragique avec syndrome rénal (HFRS).
Globalement, les symptômes reflètent ceux signalés par le nouveau coronavirus. Les personnes atteintes signalent de la fièvre, des maux de tête, de la toux et un essoufflement.
« Il n’y a pas de traitement, de guérison ou de vaccin spécifique pour l’infection à hantavirus », a averti le centre américain, affirmant que les patients ont souvent besoin de soins intensifs pour « les aider à traverser la période de détresse respiratoire sévère ».
L’hantavirus présente en plus le grand intérêt … de se développer dans les climats chauds. Donc, sa période faste, c’est l’été. La tyrannie de la peur est à ce point devenue une norme, « post-démocratique » (pour ne pas dire anti-démocratique) que la réalisation du risque (en l’occurrence sanitaire) ne sera bientôt plus nécessaire, l’existence de la possibilité, l’existence d’un risque potentiel, va bientôt permettre de légitimer l’adoption de mesures liberticides, des mesures de privation de liberté, afin d’éviter la réalisation de ce risque. Afin de vivre longtemps … enfermé. Afin de ne plus être malade … en public. Une vie de souris de laboratoire en cage.
Puisqu’aucun programme de sauvetage de l’Etat n’est prévu, qu’un service public, hospitalier, ne peut être réanimé quand le corps de l’Etat est mis volontairement à l’agonie, préparons-nous à de longues périodes d’isolement. C’est le traitement qui nous est réservé. Puisque nous l’avons accepté, presque exigé.
C’est le traitement dont nous bénéficierons, si nous abandonnons notre liberté au nom d’une prison d’éternité. Car chaque année, et maintenant chaque saison, a ses virus. Il y aura toujours une raison pour enfermer le peuple. En attendant qu’une nouvelle société fantasmée émerge de ce chaos, émerge de ces esprits malades et fanatiques.
Si nous les laissons faire. En politique comme en ménage, chacun occupe l’espace que l’autre lui laisse occuper. Si nous n’exigeons pas de l’Etat qu’il remplisse ses fonctions, nous acceptons que le pouvoir se comporte comme un geôlier.
PS: Puisque le temps nous en est donné, c’est le moment idéal pour lire à nouveau le Discours de la servitude volontaire de La Boétie.
« Il y a en l’homme une préférence pour la servitude volontaire, pace que la servitude est confortable et qu’elle rend irresponsable«
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