La religion de l’Antéchrist

26/09/2024 (2021-01-14)

Par Joseph Stroberg

L’Antéchrist est un personnage actuellement encore considéré comme mythique et qui selon certaines des religions révélées (principalement l’islam et le christianisme) doit se manifester à la fin du présent cycle de civilisation. Son règne doit amener brièvement (pendant quelques années) un nouveau système socio-économique et politique, favorisé par l’effondrement de notre civilisation : le « Nouvel Ordre Mondial ». Il sera également un leader, et même prophète, de la nouvelle religion mondiale, « nouvelle » par opposition aux grandes religions révélées. Et celle-ci est clairement opposée à ces dernières, favorisant leur disparition progressive de l’esprit et des coutumes des êtres humains.

Le personnage de l’Antéchrist est adversaire des Hommes et du Christ. Il doit donc vivre à une époque d’inversion complète des valeurs, au point que le « bien » y devient le « mal » et inversement, et que la nouvelle religion n’a plus vocation de relier l’Homme au divin, à sa dimension spirituelle, mais à la matière. On pourrait donc penser, de prime abord, que l’Humanisme répond à cet impératif, mais ce mouvement est principalement de nature culturelle, idéologique, voire philosophique, indissociablement lié à l’esprit de la laïcité et porté par l’idéologie du progrès. Il n’est pas la nouvelle religion, mais un support essentiel de cette dernière : la science matérialiste dans sa dimension technologique, synonyme de scientisme à base idéologique qui s’est de fait écarté de la méthode et de l’esprit scientifiques.

Si originellement, les « savants » et les scientifiques tendaient à se distancier des religions à cause de leurs doctrines de plus en plus rigides peu propices à la réflexion, à l’étude de la nature et même à l’inspiration, ce n’est que progressivement que cette « science » est devenue globalement un nouveau système de croyances dont les principales ne peuvent plus guère être remises en question. Celle-ci s’est progressivement transformée de fait en une religion et en possède désormais toutes les caractéristiques, comme nous allons le voir.

Les saints de la nouvelle religion sont les « grands » (aux yeux des adeptes) scientifiques dont les théories sont devenues de véritables dogmes indiscutables : Darwin et la théorie de l’évolution, Pasteur et la vaccination, Einstein et la Relativité, les saints de la Mécanique quantique, et ceux, plus récents, du Réchauffement climatique anthropique, etc. Ses rituels sont les divers protocoles expérimentaux et le processus de publication des revues scientifiques. Ses messes sont les conférences et séminaires divers organisés pour la valorisation et la propagation des croyances scientifiques et des nombreux miracles technologiques qu’elle a permis : la résurrection des morts (dans certaines limites, par la réanimation cardiaque), la lévitation dans les airs (avec les ballons dirigeables ou non, les hélicoptères, les avions, les fusées, etc.), la transformation de l’eau en vin (et même mieux, avec les expériences chimiques plus ou moins spectaculaires visant à transformer les substances), la vision à distance (télévision, satellites d’observation…), etc.

Cette science a bien sûr également ses prêtres et ses missionnaires, respectivement les « experts » et autres spécialistes promus par la télévision et les présentateurs et autres journalistes vulgarisateurs, dont le rôle est de transmettre les messages de la nouvelle « déesse », féminisme oblige : la Matière elle-même ou la « Mère Nature ». Et l’un des principaux messages est que la conscience ne provient plus de l’Esprit divin, mais de la Matière, des cellules cérébrales. Il n’y a plus de vie avant et après la mort, mais seulement dans un corps de chair ou — bientôt ? — dans celui d’un cyborg métallique. On ne cherche plus l’Éternel, mais l’immortel. On ne s’occupe plus de sauver des âmes, mais des corps, même lorsque ces derniers sont réduits à l’état végétatif. Quoi que, sur ce dernier point, pour cause possible de surpopulation mondiale, on tende maintenant à favoriser l’extermination des corps vivants inutiles avec l’euthanasie au lieu de chercher et de réparer les causes de leur état.

La plupart des religions actuelles ont leurs textes sacrés et leurs catéchismes. Cette science en possède quelques-uns : les « handbooks » (notamment de chimie), les dictionnaires de médicaments, et les textes publiés par des saints comme Darwin… Ils doivent être en principe suivis scrupuleusement et toute déviation des doctrines et des dogmes officiels peut mener à l’excommunication ou même à des procès pour sorcellerie. Les excommuniés ont eu le malheur de toucher à des secteurs interdits, comme le Français Jean-Pierre Petit pour avoir touché aux Ovnis, Jacques Benveniste pour s’être intéressé à la mémoire de l’eau, Nicolas Testla pour avoir voulu fournir de l’énergie gratuite à l’Humanité, etc. Plus récemment, ceux qui sont assimilés aux anciens sorciers sont maintenant qualifiés de « complotistes » ou de « conspirationnistes », comme le professeur Luc Montagnier parce qu’il s’est intéressé à la mémoire de l’eau, a présenté des dangers de la vaccination et a émis l’hypothèse que le virus de la covid-19 puisse avoir été la conséquence de manipulations génétiques en laboratoire P4.

Notamment grâce aux moines médicaux (les médecins et infirmières cloîtrés dans leurs hôpitaux ou cliniques et les chercheurs en médecine dans leurs laboratoires), la nouvelle religion scientifique s’est étendue au monde entier et, par ses miracles, est parvenue à séduire la presque totalité des êtres humains, même les croyants des autres religions. Les nouvelles confessions se déroulent maintenant en salle d’urgence ou en cabinet médical, voire par Internet pour cause de la punition divine covid-19 :

Comment donc ?! Vous ne vous êtes pas fait vacciner ? Vous prendrez trois aspirines avant chaque repas, cet anti-inflammatoire après, et ces deux antidépressifs pendant ! Et bien sûr, vous reviendrez ensuite au confessionnal pour vérifier que cette fois vous serez bien passé voir le prêtre vaccinateur. Quoi ?! Vous ne portez pas de masque ? Mais vous allez brûler en enfer ! Vous êtes possédé par un démon ! Vous êtes un danger pour vos frères et sœurs ! Priez que je ne vous envoie pas directement chez le grand inquisiteur Arruda ! Et n’écoutez plus l’hérétique professeur Raoult !

Caricature ? À peine.

Il n’est pas besoin de chercher ni d’imaginer une future religion mondiale pour l’Antéchrist. Celle-ci n’est pas l’éventuel résultat d’un syncrétisme long et fastidieux des religions existantes et du New Age. Elle n’est pas non plus le satanisme (si celui-ci est la pratique de certaines élites pour augmenter leur pouvoir, il n’est pas approprié pour séduire l’Humanité). Elle existe déjà et est prête pour faciliter le règne de ce personnage. Le scientisme technologique est la nouvelle religion pour maintenir l’Humanité en esclavage de la Matière et des élites, au lieu de lui permettre de s’élever spirituellement et de se libérer. L’Antéchrist est alors celui qui facilite le plus cet asservissement.

Un dernier point : certaines prophéties (principalement liées à l’islam) présentent l’Antéchrist comme un borgne. Or, ceci ne doit pas nécessairement être interprété littéralement. Un borgne peut symboliser le troisième œil, ou l’œil qui voit tout. L’informatique en est venue au point où la surveillance généralisée, le Big Brother évoqué par Orwell dans le roman 1984, est non seulement possible, mais en bonne voie de réalisation, au moins dans la plupart des pays développés. Et l’Antéchrist peut très bien être lié à un tel système de surveillance, au moins pour avoir largement contribué à son développement. (Voir : Qui est l’Antéchrist ?)

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