En pleine crise

Par Joseph Stroberg

Depuis au moins quelques décennies, la civilisation moderne est dans un état comparable à l’adolescence de l’être humain. Elle vit la crise d’un passage de l’enfance à l’âge adulte et à la maturité qui en théorie l’accompagne. Cette crise particulière touche toutes ses dimensions, des plus matérielles aux plus subtiles. Elle engendre des problèmes et des conflits autant sur le plan des ressources et des phénomènes concrets qu’au niveau des idéologies, des idées, du psychisme et de la conscience. Comme pour toute crise, il faudra trouver le moyen d’en sortir.

Une crise, individuelle ou collective, est comparable à une porte que l’on doit ouvrir puis franchir pour nous retrouver de l’autre côté, en pays inconnu. Du point de vue de la perception, de la compréhension ou de la connaissance, on peut aussi la comparer à un voile que l’on doit déchirer pour observer ce qui se trouve de l’autre côté. Il s’agit d’une sorte de frontière plus ou moins floue, surtout au moment où on la vit, une frontière entre ce qui était et ce qui ensuite sera.

Une crise s’accompagne souvent, voire toujours, d’une leçon à apprendre, d’un enseignement de la vie à intégrer en soi, d’une révélation (sur soi, sur la nature, sur le cosmos…), et d’une transformation plus ou moins profonde de la personnalité, des caractéristiques ou des propriétés extérieures et visibles… Et lorsqu’elle est résolue, elle se traduit en la réalisation d’une plus grande ouverture d’esprit, d’un plus grand degré d’éveil, d’un état de grâce, d’une plus grande sérénité, etc.

Résoudre une crise est similaire dans sa procédure et ses effets à un deuil que l’on doit surmonter intégralement, c’est-à-dire sans en garder des séquelles (notamment psychologiques). Et comme pour le deuil, tant qu’elle n’est pas dépassée, elle peut amener différentes phases et leurs états correspondants : le déni, la colère, le chantage, les larmes, la dépression, etc.

Pour sortir d’une crise, il faut trouver d’abord la clef particulière pour ouvrir la porte qui la représente symboliquement. Cependant, il existe un passe-partout qui permet d’ouvrir pratiquement toutes les portes. Il s’agit d’un trio fondamental : l’intelligente, l’amour et la volonté. Ces trois énergies et aptitudes gagnent à être utilisées conjointement.

Maintenant, qu’en est-il plus précisément de notre crise de civilisation? Comme un adolescent qui perd ses moyens ou sa confiance face à une situation par laquelle il se sent dépassé ou submergé, de nombreux êtres humains  croient que la civilisation va s’effondrer pour retourner à un état barbare ou arriéré. Oh! bien sûr, tous les signes peuvent être présents, et la civilisation peut effectivement ne plus trouver de ressources suffisantes dans certains secteurs pour assurer sa survie. L’adolescent peut en perdre le sommeil ou le goût de vivre, sombrer dans le désespoir, ruminer des idées noires ou pessimistes… Néanmoins, la mort d’une forme, qu’il s’agisse d’un corps humain ou d’une civilisation, marque-t-elle la disparition de la conscience qui l’habitait? En d’autres termes, est-ce que la conscience ne trouvera pas le moyen de s’incarner de nouveau, ceci dans un nouveau véhicule humain ou dans une toute nouvelle civilisation?

Combien même notre civilisation disparaîtrait plus ou moins complètement par épuisement de ses ressources ou par un conflit nucléaire mondial, sa fille pourra naître et ceci d’autant mieux qu’on aura préparé judicieusement sa naissance. Le principal petit problème ici est que les élites mondiales semblent tout faire pour que cette fille soit le Nouvel Ordre Mondial, alors que de plus en plus de gens du peuple préféreraient toute autre chose. Quelle tendance l’emportera? Celle qui dispose actuellement de presque toutes les ressources financières, énergétiques, minérales et technologiques? Ou celle qui dispose des ressources de la Conscience et de l’Esprit? La clef utilisée par la première combine le pouvoir coercitif reposant sur la peur, et la manipulation par l’usage de la ruse et du mensonge. La seconde a découvert le passe-partout.