Crise des réfugiés en Biélorussie : les accusations contre Loukachenko à l’épreuve des faits réels

16/12/2021 (2021-12-16)

[Source : Kla.tv]

Depuis juillet 2021, des migrants tentent d’entrer dans l’Union européenne en passant par la Biélorussie. Cependant, le 2 septembre, le gouvernement polonais a fermé sa frontière avec la Biélorussie. Environ 2 100 réfugiés se sont retrouvés bloqués à la frontière. Les médias et les politiques occidentaux ont parlé de « crise humanitaire » et ont notamment accusé Alexandre Loukachenko, le chef d’État de la Biélorussie, d’utiliser « la migration comme arme » contre l’UE. Mais qu’en est-il de ces accusations répétées comme un moulin à prières par les médias occidentaux ? Kla.TV a soumis ces accusations à une vérification des faits. 

Les accusations véhémentes sont portées contre Alexandre Loukachenko, le chef d’Etat de la Biélorussie.

L’UE accuse Loukachenko d’utiliser « la migration comme arme ».(([1] EU-Außenminister zu Belarus: „Migration als Waffe“
https://www.tagesschau.de/ausland/europa/belarus-eu-aussenminister-105.html))

Le ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, a accusé Loukachenko de « mener une guerre hybride ».(([2] Politische Reaktionen und Folgen
https://de.wikipedia.org/wiki/Migrationskrise_an_der_Grenze_zwischen_Belarus_und_der_Europ%C3%A4ischen_Union#Politische_Reaktionen_und_Folgen))
[Guerre hybride= mélange de tactiques régulières évidentes et irrégulières dissimulées pour déstabiliser un pays ciblé].

La radio et télévision suisse SRF a titré : « Le chantage de Loukachenko avec les migrants n’a pas fonctionné ».(([3] „Lukaschenkos Erpressung mit Migranten hat nicht funktioniert“
https://www.srf.ch/news/international/konflikt-belarus-eu-lukaschenkos-erpressung-mit-migranten-hat-nicht-funktioniert))

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a qualifié Loukachenko de « chef d’un cercle étatique de passeurs » et préconise de nouvelles sanctions « contre le dictateur de la Biélorussie».1

Le ministre de l’Intérieur du Brandebourg, Michael Stübgen, affirme que Loukachenko accepte à bon compte que des personnes meurent de froid et de faim sur leur route.

Mais qu’en est-il de ces accusations répétées comme un moulin à prières par les médias occidentaux, et qu’est-ce qui se cache derrière ?

Kla.TV a vérifié les faits de ces accusations.

Voyons maintenant les choses dans l’ordre. Que s’est-il passé ?

Depuis juillet 2021, des migrants tentent d’entrer dans l’Union européenne en passant par le territoire de la Biélorussie – c’est également appelé « route de la Biélorussie ». Il s’agit en majorité de réfugiés en provenance du Proche et du Moyen-Orient, comme l’Irak, la Syrie, le Yémen, le Liban ou l’Afghanistan. On estime à environ 10 000 le nombre de réfugiés qui ont tenté d’entrer dans l’UE via la Biélorussie cette année.(([4] Die mediale Desinformation über die Flüchtlingskrise an der weißrussischen Grenze
https://www.anti-spiegel.ru/2021/lukaschenko-droht-im-falle-neuer-eu-sanktionen-den-gashahn-zuzudrehen/
&
https://www.anti-spiegel.ru/2021/die-mediale-desinformation-ueber-die-fluechtlingskrise-an-der-weissrussischen-grenze/))

Le 2 septembre, le gouvernement polonais a déclaré l’état d’urgence dans la zone frontalière avec la Biélorussie. Une clôture provisoire constituée de rouleaux de fil de fer barbelé a été érigée.

• L’accès aux organisations de défense des droits de l’homme, aux journalistes et autres a été interdit.
• Environ 15 000 à 20 000 soldats polonais équipés de chars sécurisent la frontière vers la Biélorussie.
• Environ 2 100 réfugiés qui ont continué à essayer d’entrer dans l’UE sont restés bloqués à la frontière.
• Les soldats polonais ont utilisé des grenades sonores et aveuglantes ainsi que des canons à eau pour les empêcher d’entrer.(([5] Migranten an der weißrussisch-polnischen Grenze – Lage vor Ort (Wasserwerfer gegen Migranten)
https://www.youtube.com/watch?v=dNMJIv50QtY&t=14112s))

Ce sont les autorités biélorusses qui ont tout mis en œuvre pour protéger les réfugiés bloqués :

• Des tentes ont été montées.
• Du bois de chauffage a été livré.
• Des enfants et des femmes ont reçu des repas chauds.
• Des médecins ont été dépêchés sur place, etc.

Le 18 novembre, tous les réfugiés ont quitté volontairement le camp de fortune installé à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne et ont été transportés dans un centre logistique en Biélorussie en raison de la dégradation des conditions météorologiques qui mettaient leur vie en danger.(([6] Belarus: Migranten aus Nahost in Logistikzentrum untergebracht
https://snanews.de/20211119/belarus-migranten-in-logistikzentrum-4384293.html)) Ils y ont reçu des repas chauds, des vêtements chauds et des produits de première nécessité, ont pu se laver et recevoir des soins médicaux. Ainsi, l’une des accusations, selon laquelle Loukachenko aurait laissé les réfugiés « mourir de froid et de faim », est réfutée de manière avérée.

Passons maintenant aux autres accusations portées contre Loukachenko :

  1. Est-ce Loukachenko qui a incité les réfugiés à vouloir entrer dans l’UE via la Biélorussie ?

Tout d’abord, il faut noter que Loukachenko n’a absolument rien à voir avec le fait que les migrants veulent venir dans l’UE. L’Afghanistan, l’Irak, la Syrie et d’autres pays du Proche et du Moyen-Orient ont vécu des guerres menées par les États-Unis et l’OTAN, ce qui a entraîné des destructions sociales, économiques et politiques. Même le magazine d’information « Der Spiegel » n’a pas pu s’empêcher de citer Loukachenko :

« Les gens n’y auraient plus de moyens de subsistance et utiliseraient désormais différentes routes vers l’Europe pour se construire un avenir ».(([7] https://www.spiegel.de/ausland/belarus-lukaschenko-sieht-schuld-fuer-migrationskrise-bei-schleusernetzwerken-a-a91e43f3-361c-4f73-b557-bfd375d8abca))

Les migrants invoquent l’ancienne invitation de la chancelière Merkel et savent très bien que les prestations sociales accordées aux réfugiés dans les pays de l’UE sont plusieurs fois supérieures à ce qu’un bon travailleur pourrait jamais gagner dans son pays d’origine.

Il y a une raison simple pour laquelle de plus en plus de réfugiés tentent d’entrer dans l’UE via la Biélorussie. Les voyageurs de nombreux pays d’origine n’ont pas besoin de visa pour la Biélorussie. Ils peuvent également demander un visa touristique qui serait ensuite remis par un consulat biélorusse dans le cadre de procédures et de délais internationaux.(([8] Lukaschenko: „Sie haben ein Loch bei uns entdeckt.“
https://www.anti-spiegel.ru/2021/die-fluechtlinge-zeigen-was-die-eu-und-all-ihre-werte-wert-sind/))
Cela ne date pas de cette année. Maintenant, les organisations internationales de passeurs – les mêmes qui opèrent sur d’autres routes- ont commencé à exploiter la brèche via la Biélorussie.

La Biélorussie s’en tient strictement aux bases juridiques internationales.Selon ses propres indications, elle a renvoyé dans leur pays d’origine environ 5 000 réfugiés entrés illégalement, et ce,de juin 2021 jusqu’à novembre 2021.(([9] Lukaschenko erzählt über sein Telefonat mit Merkel im Detail
https://www.youtube.com/watch?v=Zab9bEsZfFQ&t=618s)) Cela n’aurait sans doute pas été sensé si Loukachenko avait été le « chef d’un cercle de passeurs étatiques ».

  1. Est-ce que Loukachenko a utilisé les réfugiés comme « arme » pour déstabiliser l’UE ?

Il est facile de répondre à cette question si on regarde le nombre de réfugiés qui entrent dans l’UE par d’autres biais.

Lorsqu’en 2015, environ 1,5 million de réfugiés ont afflué dans l’UE, on disait qu’ils étaient un enrichissement. L’Allemagne à elle seule a accueilli 131 000 réfugiés de janvier à septembre 2021 sans que les médias et les politiques ne parlent de déstabilisation. Par conséquent, comment 10 000 réfugiés pourraient-ils soudainement devenir une « arme » et déstabiliser l’UE, simplement parce qu’ils sont passés par la Biélorussie ?2

  1. Sur l’accusation de « guerre hybride »

En tant que voix dissidente, écoutez Loukachenko lui-mêmes’exprimer à propos de l’accusation de « guerre hybride » :

« Les Polonais, c’est-à-dire les dirigeants de l’Etat, exercent une pression sur l’Union européenne en annonçant que nous menons ici une attaque hybride contre l’UE. Nous savons que tout cela est absurde et nous l’avons dit maintes fois.Vous avez invité les prétendus migrants chez vous, alors accueillez-les. Vous les avez appelés chez vous, vous avez ruiné ces pays. Vous êtes responsables du fait que les gens fuient la guerre dans ces pays pour venir en Occident et vous devez vous en préoccuper. Et j’ai maintes fois précisé qu’il s’agit d’une bande internationale qui de là-bas envoie les gens et pas seulement par le biais de la Biélorussie. Écoutez, il y a beaucoup plus de gens qui entrent dans l’Union européenne par la Méditerranée. Ils viennent en masse, et tout cela est arrangé par des personnes qui organisent et rassemblent ces gens dans leurs pays. Ils financent même en partie ces personnes et les font ensuite monter dans l’avion pour venir ici et profitent de l’exemption de visa qui existe chez nous. Là aussi, ils sont accueillis par des personnes désignées. Celles-ci les amènent ensuite à la frontière et les font passer. Et c’est là, chez vous, en Pologne, en Lituanie et dans d’autres pays, que se trouvent les tout derniers bandits qui rassemblent les migrants, et qui les emmènent ensuite en Allemagne. […] Et je l’ai déjà dit ouvertement, vous avez déclenché une guerre hybride contre nous, vous menez contre nous une guerre de sanctions et maintenant vous voulez en plus qu’on vous protège? »

Toutes les accusations contre Loukachenko, soutenues de manière répétitive par les médias et la politique, ne peuvent guère résister à une vérification indépendante des faits. Il faut plutôt en conclure que la crise humanitaire à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne est instrumentalisée par les médias et les politiciens occidentaux afin de pousser Loukachenko dans ses derniers retranchements :

  • médiatiquement, pour justifier des tentatives de renversement contre Loukachenko ;
  • militairement, pour justifier des armements militaires à la frontière avec la Biélorussie ;
  • économiquement, pour justifier et étendre les sanctions contre la Biélorussie.

Il est un chef d’Etat indésirable qui n’est pas prêt de
se soumettre aux diktats du FMI, de l’OMS,
ni de se soumettre aux valeurs occidentales, etc.
et qui gère par exemple sa propre politique contre le covid-19. Par conséquent
son pays doit être déstabilisé jusqu’au renversement de son gouvernement. (www.kla.tv/20879)

L’exemple de Loukachenko révèle comment les médias et les politiciens occidentaux parviennent toujours à faire porter le chapeau aux autres pour des actes qu’ils commettent eux-mêmes : déstabiliser un pays indésirable à l’aide d’une guerre hybride.

Afin de se faire une idée impartiale de Loukachenko, il est recommandé de visionner la vidéo suivante, dans laquelle Loukachenko raconte son entretien téléphonique avec Angela Merkel :

de dd.

Sources / Liens :

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⚠ Les points de vue exprimés dans l’article ne sont pas nécessairement partagés par les (autres) auteurs et contributeurs du site Nouveau Monde.

  1. [2] Politische Reaktionen und Folgen
    https://de.wikipedia.org/wiki/Migrationskrise_an_der_Grenze_zwischen_Belarus_und_der_Europ%C3%A4ischen_Union#Politische_Reaktionen_und_Folgen []
  2. [5] Migranten an der weißrussisch-polnischen Grenze – Lage vor Ort (Wasserwerfer gegen Migranten)
    https://www.youtube.com/watch?v=dNMJIv50QtY&t=14112s []

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