10/03/2021 (2020-09-09)
[Source : FranceSoir]
Auteur(s): Xavier Azalbert et Sylvestre de Oliveira Costa pour FranceSoir
En France, les thèmes du moment sur les masques et leur utilisation obligatoire, la précision et l’usage généralisé des tests, ainsi que les traitements pour la Covid 19 polarisent les esprits. Et ne parlons pas des attaques que subissent les professeurs Raoult ou Perronne. D’un côté, le gouvernement essaie d’asseoir avec autorité des mesures, dont certaines peuvent être liberticides, comme l’usage obligatoire des masques en extérieur ou l’augmentation du nombre de tests (capacité de plus de 1 million de tests par semaine). De l’autre, l’association savante la SPILF attaque le Pr Raoult devant le Conseil de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône au motif qu’il aurait, entre autres, fait un mauvais usage de l’hydroxychloroquine. La situation en devient complexe à analyser tant les deux camps s’opposent en instrumentalisant la science à des niveaux micro.
En essayant de prendre un peu de hauteur, nous nous sommes déjà intéressés à ce qui se passe dans d’autres pays (qui soigne le mieux entre la France et l’Italie) afin d’apprendre de nos voisins. Nous proposons aujourd’hui de traverser l’Atlantique pour étudier le cas des Etats-Unis. Le débat sur l’hydroxychloroquine y a pris des tournures politiques avec les recommandations de la FDA de ne pas faire usage de ce traitement pour la Covid-19. Simone Gold, médecin aux Etats-Unis s’est battue, aux côtés de bien d’autres, contre cette décision. Avec l’association America’s Front Line Doctor (les docteurs de terrains), ces médecins ont été censurés sur les réseaux sociaux.
Qu’en est-il vraiment aux Etats-Unis ?
Le diagramme ci-dessous permet de visuellement résumer la situation américaine en regardant les taux de mortalité par million d’habitants en fonction de la politique sanitaire des Etats vis-à-vis de l’usage de l’hydroxychloroquine.
Les Etats ont été séparés en trois groupes en fonction de leur politique sanitaire sur l’hydroxychloroquine pour le traitement de la Covid-19. La politique sanitaire de chaque Etat se réfère à l’information fournie par le site AFLDS.
- En vert : les Etats où l’hydroxychloroquine est librement prescrite (prescription standard)
- En jaune : les Etats où il est plus difficile d’obtenir l’hydroxychloroquine
- En rouge : les Etats où il est impossible d’obtenir l’hydroxychloroquine
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Les Etats où l’hydroxychloroquine est prescrite comme « prescription standard » ont un taux de mortalité moyen de 390 décès par million d’habitants (intervalle compris entre 53 à 530 décès par million). Les Etats où il est plus compliqué de l’obtenir ont une moyenne de 515 décès par million d’habitants (intervalle de 52 à 1315) et ceux où il est impossible de l’obtenir ont une moyenne de 1011 décès par million d’habitants (intervalle 128 à 1807).
Plus intéressant encore, les taux de mortalité sont de 18.2% pour les Etats avec une prescription standard de l’hydroxychloroquine et de 40% et plus pour les Etats où il est évalué difficile ou impossible de l’obtenir. Les Etats prescrivant l’hydroxychloroquine ont donc un taux de mortalité de plus de 56% en moins.
Ces chiffres statistiquement différents demandent à être interprétés plus en profondeur.
Parmi les Etats qui prescrivent l’hydroxychloroquine, on retrouve la Floride qui a une population plus âgée (20.6% de sa population a plus de 65 ans Vs 14.3% en moyenne aux USA) et son taux de mortalité (530 décès par million d’habitants) est inférieur à celui de la moyenne nationale (563 décès par million d’habitants).
A l’opposé, parmi les Etats où il est impossible d’obtenir de l’hydroxychloroquine, on retrouve l’Utah où la population est la plus jeune des USA (seulement 11% ont plus de 65 ans) et où 62% des habitants se disent mormons. Rappelons que les mormons ne boivent pas d’alcool, de thé ni de café et doivent s’abstenir de prendre des médicaments sur ordonnance ou en vente libre.
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Ces quelques éléments permettent de mieux appréhender la situation d’un pays aussi grand que l’Europe. Dans un pays continent, où l’usage de l’hydroxychloroquine divise plus qu’en France où elle a été interdite, le taux de mortalité par million d’habitants est de 563 versus 458 en France. Le taux de mortalité en France est quand même significativement supérieur à celui des Etats ayant prescrit l’hydroxychloroquine en standard (390 par million d’habitants), Etats qui représentent 26% de la population américaine avec approximativement 80 millions d’habitants, donc un peu plus que la population française.
André Savarino, chercheur au Département des Maladies Infectieuses, Instituto Superiore di Sanità à Rome en Italie, avec plus de 3000 citations à son actif, a expliqué à FranceSoir combien l’hydroxychloroquine était politisée aux Etats-Unis, polarisant les débats entre Républicains et Démocrates à quelques deux mois des élections présidentielles américaines.
Le graphique suivant illustre les taux de mortalité des Etats en fonction de leur couleur politique.
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Les Etats en bleu (37% de la population) sont ceux qui sont historiquement démocrates et les Etats en rouge (32% de la population) ceux historiquement républicains, ces Etats n’ayant pas changé de couleur politique au cours des quatre dernières élections présidentielles. Les Etats, que nous avons appelé « incertain » ont changé de couleur politique sur cette même période sont en violet au milieu.
Une tendance apparait. Les Etats démocrates (37.2% de la population) ont un taux de mortalité Covid-19 de 779 décès par millions d’habitants (intervalle 52- 1807) versus 427 décès par millions d’habitants (intervalle 53 – 1072) pour les Etats républicains (31.9% de la population). Il y a donc une nette tendance qui se révèle : le taux de mortalité dans les Etats républicains est 45% inférieur à celui des Etats démocrates.
Focalisons-nous maintenant sur les standards de prescription
La prochaine étape pour analyser la situation américaine est de superposer les pratiques de prescription de l’hydroxychloroquine et la couleur politique des Etats.
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Une tendance apparait là encore. Les Etats ayant prescrit l’hydroxychloroquine en soins standards sont en majorité républicains ou incertains, et les Etats ayant rendu impossible sa prescription sont en majorité démocrates. Cela peut paraitre logique puisque le président Trump, républicain, a été un fervent supporteur de l’hydroxychloroquine alors que la FDA (Federal Drug Administration) et le NAID dirigé par le docteur Fauci (proche de Gilead et opposant de l’hydroxychloroquine, encore à ce jour), qui sont plutôt à tendance social-démocrate, s’y sont opposés.
En se focalisant sur les exceptions parmi les Etats ayant prescrit l’hydroxychloroquine, et pas nettement républicains, on retrouve la Floride, l’un des Etats avec la population la plus à risque puisque relativement âgée. A l’inverse dans les états ayant rendu l’usage de l’hydroxychloroquine quasiment impossible, on retrouve l’Utah et l’Arkansas parmi les bons élèves en termes de taux de mortalité.
A mieux y réfléchir, cette situation aux USA est vraiment très surprenante puisque les Démocrates sont historiquement en faveur des soins pour les Américains. Rappelons que le président Obama a mis en place le programme de santé ObamaCare et avait prévenu le président Trump en 2017 :
« Nous devrions toujours partir d’un postulat : tout changement apporté à notre système de santé doit le rendre meilleur, pas pire pour les travailleurs américains ».
En s’opposant à la prescription standard de l’hydroxychloroquine, un médicament générique et peu onéreux et en favorisant le remdesivir, très coûteux avec des effets secondaires sérieux, approuvé par la FDA et promu par le Dr Fauci, les Démocrates auraient-ils oubliés les paroles de leur ancien président ?
Andréa Savarino a manifestement raison dans son analyse de la politisation des débats autour de l’hydroxychloroquine aux Etats-Unis. Cela a entrainé une inversion des rôles où les Démocrates, historiquement en faveur des plans de santé pour tous, auront été vent debout contre l’hydroxychloroquine. Cette position politique se traduit dans les faits par des taux de mortalité beaucoup plus importants dans les Etats qu’ils contrôlent. Dans le camp d’en face, les Républicains ont fait preuve de pragmatisme. Gageons que ce n’est pas la fin de l’histoire et que se cache encore peut-être derrière la guerre du vaccin. Mais ce combat politique au travers de l’hydroxychloroquine pourrait peser lourd dans la balance lors des élections américaines. Car il s’agit de la vie des gens. Les Etats-Unis déplorent à ce jour plus de 188 000 décès liés à la Covid-19.
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