01/06/2024 (2024-06-01)
[Source : quebecnouvelles.info]
Par Philippe Sauro-Cinq-Mars
Je me plais souvent à dire que lorsque les grands médias ont annoncé « l’ère de la post-factualité » en 2017, ils parlaient en connaissance de cause, puisqu’ils seraient parmi les principaux instigateurs du phénomène. Leur haine viscérale de Donald Trump depuis l’annonce de sa candidature en 2015 semble avoir créé une psychose telle que tous les moyens semblent bons pour tenter de le diaboliser ; même lorsqu’il s’agit de colporter des demi-vérités, des citations hors contexte ou carrément des faussetés.
Nous en avons un bon exemple au Québec en la personne de Richard Latendresse, qui semble vendre depuis quelques années son obsession anti-Trump comme une expertise sur la politique américaine. Lorsqu’il ne fait pas un fou de lui devant tous les médias internationaux en demandant des questions tout à fait impertinentes au porte-parole de la Maison-Blanche, il ne rate pas une occasion de nous débiter les lignes de presse démocrates ad nauseam.
[Note de Joseph : je peux confirmer la Trump-phobie de sieur Richard Latendresse qui n’a jamais démontré la moindre objectivité en ce qui concerne l’ancien président américain, chaque fois que je l’ai vu sévir à son sujet sur les chaînes TVA et LCN.]
Malgré un bilan déjà très étoffé en la matière, il a quand même réussi à se surpasser hier lors de l’annonce du verdict du procès de Donald Trump. En effet, lors de son émission « Contextes » sur QUB Radio, il a diffusé les images d’une foule en liesse dans un bar devant une télévision diffusant la reconnaissance de culpabilité de Trump.
Il a alors commenté : « C’est quand même assez extraordinaire que la vie politique américaine puisse inspirer de telles réactions. Ce ne sont pas des images des Canadiens — du Canadien qui remporte la coupe Stanley en 93, ces gens-là écoutaient CNN et ils ont appris en écoutant sur grand écran Jack Tapper, l’animateur de CNN, que Donald Trump avait été reconnu coupable. »
Le hic, c’est qu’il n’y avait rien de vrai là-dedans. Pas une once de vérité. Cette vidéo, c’est un mème extrêmement connu et qui a été réutilisé à toutes les sauces depuis 2016. On y voit les partisans de l’équipe d’Angleterre de soccer sauter de joie lorsqu’ils réalisent que leur équipe a remporté la victoire contre celle du Pays de Galles. Cette vidéo est ensuite devenue un mème où les gens ne font que remplacer ce qui est diffusé à la télé par n’importe quelle nouvelle d’actualité, comme une manière de dire que tout le monde est content de la chose.
Plus tard dans l’émission, les journalistes ont bel et bien émis un erratum et expliqué qu’il s’agissait d’une erreur, et que ce n’était pas de vraies images du dévoilement du verdict de Trump. Mais pour être franc, c’était trop peu trop tard…
D’abord, il est ahurissant qu’un journaliste ou l’équipe qui l’entoure n’ait jamais vu ce mème passer en 8 ans. Ensuite, il est absolument incroyable qu’ils n’aient pas vérifié l’information avant de le diffuser comme une nouvelle.
Mais ce qu’il y a probablement de plus inconcevable, c’est que Latendresse n’ait pas douté une seconde de cette effusion délirante de bonheur et qu’il ait réellement pensé qu’une telle réaction de la part d’Américains était crédible. Il y a bien eu des manifestations de joie dans les rues de Washington D.C. lors de l’annonce de la défaite de Trump en 2020, mais il faut vraiment vivre dans une réalité alternative pour croire que le public américain était aussi passionné par ce verdict et qu’il le célébrerait comme une sorte de libération euphorique.
« C’est quand même assez extraordinaire que la vie politique américaine puisse inspirer de telles réactions »… Richard Latendresse vit carrément sur une autre planète. C’est extraordinaire qu’il puisse penser que ça inspire de telles réactions.
Et c’est sans parler de tous les niveaux d’ironie de ce segment d’incompétence journalistique. D’abord, le fait que ce segment de l’émission « Contextes » nécessite une telle remise en contexte. Ensuite, le fait que Latendresse insiste qu’il ne s’agit pas d’une célébration sportive, alors que c’est littéralement le cas.
Quoiqu’il en soit, l’erratum ayant été fait lors de l’émission, Richard Latendresse est probablement à l’abri d’un blâme du Conseil de presse. D’autant plus qu’on ne sait pas qui, au sein de son équipe, fut responsable de la diffusion de ce segment.
Mais la chose demeure choquante pour la simple et bonne raison qu’il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg d’une constante manipulation de l’information par les grands médias depuis l’arrivée de Trump en politique. Ce n’est qu’un exemple parmi des milliers que les grands médias participent activement à la désinformation et sont bel et bien les fondateurs de la soi-disant « ère de la post-factualité ». Apparemment, selon des journalistes de la trempe de Latendresse, « la fin justifie les moyens ».
Philippe Sauro-Cinq-Mars
Diplômé de science politique à l’Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l’énergie. Il est l’auteur du livre « Les imposteurs de la gauche québécoise », publié aux éditions Les Intouchables en 2018.
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