Sur la dépossession spirituelle en cours

05/01/2024 (2024-01-03)

Catherine nous écrit sur la dépossession spirituelle en cours : « Derrière l’illogisme d’apparence qui me rendait vraiment hébétée et stupide, il y avait une logique souterraine à l’œuvre qui venait apporter un commencement d’explication… Car c’est une guerre contre les consciences dont il s’agit. Il faut nous faire perdre notre statut d’humain pour faire de nous des animaux juste bons à manger des insectes et attendre l’heure de l’incinération. Ce n’était presque plus des individus qui m’entouraient, mais de plus en plus des masses compactes, j’avais peine à croire que l’individualisme prospérait, car je constatais cruellement l’absence radicale de singularité, de subjectivité. Tout se noyait dans un esprit moutonnier d’identification collective, assommé, abruti par le bruit, les images, les drogues, les saloperies alimentaires et les abus en tous genres. » Lisez son texte admirable (on complète par une citation fabuleuse de Guy Debord).

Nicolas Bonnal

Par Catherine

J’habite dans le nord de la France. Une ville de 14000 habitants non loin de Lille. Que dire? Je sens que ça ne va pas depuis longtemps. Ça remonte aux années 80- 90. Je sentais quelque chose de glauque, de pas clair, de pas logique et ça me rendait perplexe tant ça m’entourait comme un brouillard qui obscurcissait mon entendement. Alors j’ai continué à observer, à scruter, à écouter ce qui se disait de-ci de-là, mais je n’étais pas bien, car je sentais qu’il y avait quelque chose qui clochait sans pouvoir me l’expliquer. C’est qu’il y avait CE qui se disait et CE qui se faisait, et entre les deux il y avait bigrement un fossé, que dis-je, une mer, un océan. Mes lectures m’ont emmenée vers la cybernétique, Norbert Wiener puis l’école de Palo Alto, Henri Laborit, etc.. En tentant d’en savoir davantage sur la cybernétique, je suis tombée sur un site fort intéressant syti.net et c’est là que j’ai compris que derrière l’illogisme d’apparence qui me rendait vraiment hébétée et stupide, il y avait une logique souterraine à l’œuvre qui venait apporter un commencement d’explication. C’était très bizarre et très paradoxal l’effet que ça m’a fait. J’étais à la fois terrifiée et en même temps apaisée, car le fait de définir un malheur même si c’est un malheur vaut mieux que de subir les cruelles alternatives du doute. Une certitude plombant certes, mais qui valait mieux qu’un questionnement ravageur, bref, l’identification maléfique valait mieux malgré tout que le flou de l’indistinction. Alors j’ai lu, j’ai observé et j’ai vu qu’au fil du temps tout allait de mal en pis et que toutes les descriptions catastrophiques se réalisaient au fil des années qui passaient. J’ai constaté le changement dans les rapports sociaux, dans les esprits, mais la caractéristique la plus frappante était l’aspect terne, froid, sans éclat, sans élégance, sans harmonie, sans beauté de tout ce qui m’entourait et surtout l’omniprésence du mensonge et les simulacres qui l’accompagnaient et qui prenaient tellement toute la place que les gens n’arrivaient plus à distinguer le vrai du faux. Car c’est une guerre contre les consciences dont il s’agit. Il faut nous faire perdre notre statut d’humain pour faire de nous des animaux juste bons à manger des insectes et attendre l’heure de l’incinération. Ce n’était presque plus des individus qui m’entouraient, mais de plus en plus des masses compactes, j’avais peine à croire que l’individualisme prospérait, car je constatais cruellement l’absence radicale de singularité, de subjectivité. Tout se noyait dans un esprit moutonnier d’identification collective, assommé, abruti par le bruit, les images, les drogues, les saloperies alimentaires et les abus en tous genres. Une réelle éclipse du sujet, sans discipline, sans goût de l’effort et surtout sans recul sur son vécu. Je continuerai plus tard si ça vous dit. J’ai juste voulu répondre à votre appel à témoignage !

Debord… :

« La philosophie, en tant que pouvoir de la pensée séparée, et pensée du pouvoir séparé, n’a jamais pu par elle-même dépasser la théologie. Le spectacle est la reconstruction matérielle de l’illusion religieuse. La technique spectaculaire n’a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d’eux : elle les a seulement reliés à une base terrestre. Ainsi c’est la vie la plus terrestre qui devient opaque et irrespirable. Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle héberge chez elle sa récusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la réalisation technique de l’exil des pouvoirs humains dans un au-delà ; la scission achevée à l’intérieur de l’homme… À mesure que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire. Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n’exprime finalement que son désir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil. »

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