13/08/2024 (2024-08-13)
[Source : arcaluinoe.info]
Par Rick Thomas
Bonjour, Forum de Chisinau. Bonjour de Vancouver, Canada, je m’appelle Rick Thomas et je voudrais remercier Iurie Rosca de m’avoir invité à participer à ce forum. Nous aurions aimé y assister en personne, mais cela n’a pas été possible cette année en raison de nos autres engagements, mais peut-être l’année prochaine. Ce serait formidable de visiter la Moldavie.
Conformément au thème du forum « La guerre sans restriction : Une approche holistique de la grande réinitialisation », un sujet intrigant et provocateur qui m’a fait réfléchir sur les stratégies. Nous sommes dans une guerre, une guerre hybride très différente, une guerre de domination à spectre complet, où nous sommes confrontés à une multitude de défis. Nombreux sont ceux qui recherchent une solution miracle, mais je pense que nous avons réellement besoin d’une mitrailleuse de solutions, d’un effort collectif. Les défis sont bien trop nombreux pour qu’une seule personne, ou même un seul groupe de personnes, puisse les relever, car nous sommes frappés de toutes parts. Il faut donc un effort collectif, tout le monde travaillant ensemble à l’échelle internationale. Il doit s’agir d’un mouvement social sans précédent, un véritable défi.
Les dix stratégies les plus efficaces pour les mouvements sociaux
Dans le même ordre d’idées, mon approche de la question découle de la manière dont je me suis impliqué dans le mouvement, c’est-à-dire en accueillant et en organisant des rassemblements et des événements ici à Vancouver, à la galerie d’art. Au cours des quatre dernières années, j’ai passé beaucoup de temps à étudier, lire et faire des recherches sur les mouvements sociaux précédents pour voir comment ils procédaient — ce qu’ils faisaient de bien, ce qu’ils faisaient de mal — ce qui fait le succès des mouvements sociaux et ce qui les fait échouer. C’est ainsi que j’ai élaboré le Top 10 des éléments les plus importants qui contribuent à tout type de mouvement social.
- Un leadership fort
- Des objectifs et des revendications clairs
- Un message et des slogans simples
- Gagner la sympathie du public
- Entrer en contact avec des militants politiques au sein des partis établis
- Occupation prolongée de bâtiments gouvernementaux ou de centres de pouvoir
- Faire appel aux syndicats
- Obtenir le soutien et la sympathie de la police et de l’armée
- Non-violence pacifique
- Instiller la peur dans le cœur des politiciens et des représentants du pouvoir
1. Un leadership fort : il faut disposer d’un groupe solide, composé de personnes engagées et stables. Un groupe particulier était le mouvement Occupy Wall Street, qui a d’ailleurs été lancé ici à Vancouver par le magazine Adbusters. Ils prétendaient être une « révolution sans leader », ce qui n’était pas vraiment le cas. Ceux qui proclamaient qu’il s’agissait d’une « révolution sans chef » étaient les chefs.
2. Des objectifs et des revendications clairs : la révolution, le mouvement doit avoir une liste précise et acceptée des choses qu’il essaie d’accomplir et des exigences qu’il formule à l’égard de l’establishment. Tous les mouvements sociaux, sans exception, sont des défis et des combats de dissidents politiques contre l’establishment. L’establishment et ceux qui se demandent si votre mouvement est vraiment légitime ont donc besoin de savoir ce que vous voulez.
3. Des messages et des slogans simples, et je peux vous donner quelques exemples de mouvements sociaux antérieurs tels que Black Lives Matter — c’était vraiment leur slogan Black Lives Matter. Il était très simple, il pouvait être facilement répété et tout le monde savait ce qu’il signifiait.
Un autre exemple est celui du Convoi des camionneurs ici au Canada. Le drapeau canadien est devenu le symbole de notre lutte.
Un autre exemple tiré de l’Histoire est la révolution russe de 1917. La première révolution, fin février-mars, avait pour slogan « pain, terre, paix ». Il est donc très important que votre message soit simple.
Les manifestants palestiniens ont aujourd’hui un très bon message, ils ont le symbole de la pastèque. Le drapeau palestinien est également un symbole. De la rivière à la mer, la Palestine sera libre — tout cela permet aux gens de comprendre, de se rassembler, et tout le monde sait de quoi on parle. Il devient le symbole archétypal du mouvement.
4. Il est très important de gagner la sympathie du public. Pendant la Covid, nous n’avons pas gagné la sympathie du public. En fait, le grand public était complètement contre nous. 5,7 milliards de personnes ont reçu des injections d’ARNm et nous avons été vilipendés, considérés comme des lépreux politiques et sociaux, ce qui n’était pas le cas.
5. Entrer en contact avec des militants politiques au sein des partis établis. Il convient de faire une distinction entre les militants politiques et les hommes politiques eux-mêmes, car la plupart des hommes politiques ne sont pas des militants, ils sont là pour protéger la plate-forme, non seulement de leur parti, mais aussi de l’establishment. Très peu d’entre eux sont réellement des activistes. Deux exemples me viennent à l’esprit : Christine Anderson dans l’Union européenne. Au Canada, Randy Hillier et Max Bernier sont de véritables militants politiques qui travaillent au sein de partis établis et qui ont été marginalisés par leur propre parti. Tous deux ont connu de grandes difficultés avec leurs partis conservateurs au Canada.
6. Occupation prolongée des bâtiments gouvernementaux et des centres de pouvoir. Les exemples sont nombreux. Lors des manifestations anti-Viet Nam et antiguerre des années 1960, les manifestants ont occupé de nombreux bâtiments, bureaux de sénateurs et espaces publics. Par coïncidence, il y a 56 ans, le 1er mai 1968, le Hamilton Hall de l’université de Columbia a été occupé par les étudiants qui protestaient contre la ségrégation et la guerre du Viet Nam. 56 ans plus tard, les étudiants palestiniens de l’université de Columbia ont fait exactement la même chose, avec les mêmes résultats, puisque la police de New York est intervenue, a sévi, a arrêté un grand nombre d’entre eux et a fait fermer le bâtiment.
7. Impliquer les syndicats. Ce point est très important, car les syndicats représentent la classe ouvrière, qui constitue la base de toute nation, et, une fois de plus, lors de la Covid, nous n’avons pas obtenu le soutien des syndicats — ils étaient contre nous. Ici, à Vancouver, un groupe de dirigeants syndicaux a écrit une longue lettre pour s’opposer à nos manifestations, affirmant que nous étions des fanatiques misogynes, sexistes, racistes et homophobes.
8. Il est important de gagner le soutien et la sympathie de la police et de l’armée. C’est un aspect fondamental de toute révolution sociale : une fois que la police et l’armée sont de votre côté, l’establishment n’a plus aucun moyen de vous faire taire. Ils ne peuvent pas faire appel à l’escouade Goon1 si l’escouade Goon est de votre côté. Ici, à Vancouver, la GRC, la police fédérale, n’était absolument pas de notre côté. Localement, ici à Vancouver, nous avons obtenu le soutien du service de police de Vancouver qui a déclaré dès le début que le chef de la police avait déclaré publiquement qu’il n’interférerait pas avec notre droit à la liberté d’expression. Nous étions l’exception ici à Vancouver, et nous n’avons jamais eu d’amendes ou d’arrestations, vous savez, tant que nous restions pacifiques, tout allait bien.
9. La révolution, le mouvement doit être pacifique et non-violent. Des études ont été menées sur les mouvements sociaux et les rébellions actives au cours des 100 dernières années et les révolutions pacifiques et non violentes sont deux fois plus efficaces que les révolutions violentes. Des études ont montré que les révolutions violentes ont un taux de réussite d’environ 25 %, alors que les révolutions pacifiques et non violentes ont un taux de réussite d’environ 50 %, soit 50-50. Ce sont nos chances. Ce n’est pas si mal, compte tenu des défis auxquels nous sommes confrontés et, à mon avis, nous finirons par triompher de cette tyrannie mondiale imminente. Il faudra juste du temps et de l’organisation.
10. Instiller la peur dans le cœur des politiciens et des représentants du pouvoir. Il est très important que tout ce que vous faites effraie l’establishment. Ce qu’ils craignent le plus, c’est de perdre leur position et leur pouvoir. Ils ont peur. Les hommes politiques ont peur d’être dénoncés comme corrompus, de perdre leurs revenus à six chiffres, et beaucoup d’entre eux ont des revenus bien plus importants que cela. Perdre leur statut dans la société et redevenir des travailleurs pauvres, c’est une pensée horrifiante pour eux, et il faut leur mettre cela dans le cœur — comprendre que notre révolution, le but principal de notre mouvement est de les renverser et de mettre de meilleurs intendants à leur place.
Attendre l’événement déclencheur
Ceci étant dit, le but de la protestation civile, sociale et de la révolution est d’attendre l’événement déclencheur. Ce n’est pas à nous, en tant qu’individus ou groupes, de faire exploser les choses. Il nous incombe uniquement de faire ce que chacun d’entre nous peut faire individuellement. Chacune de vos actions, qu’il s’agisse de vous exprimer publiquement, de participer à une manifestation, d’envoyer un courriel à votre député ou à votre sénateur, à un gouverneur, d’écrire un article ou un livre, ne sont que des bûches sur le feu. Nous essayons simplement de faire un feu de joie et de laisser l’événement déclencheur se produire. Et il finira par se produire, parce qu’un jour ou l’autre, les représentants du pouvoir, l’establishment, vont surjouer leur jeu et commettre une erreur, aller trop loin, et c’est ce qui allumera le feu de joie.
C’est ce qui s’est passé ici, au Canada, avec le convoi de camionneurs, déclenché par Justin Trudeau, notre Premier ministre, qui a rendu obligatoire le vaccin pour les camionneurs traversant les frontières américaines et canadiennes, dans les deux sens. Le convoi des camionneurs n’aurait pas eu lieu sans les deux années de protestations qui l’ont précédé, sans que nous ne soyons présents sur le terrain et que nous n’obtenions du soutien. Puis les camionneurs ont pris le train en marche, ont littéralement roulé jusqu’à Ottawa et sont devenus le point de convergence de tout le mouvement international.
La plupart de ces mouvements sociaux, en eux-mêmes, ne provoquent pas immédiatement — du moins pas toujours — mais la plupart ne provoquent pas immédiatement le changement. Mais ils jettent les bases d’autres actions. Par exemple, le mouvement Occupy Wall Street n’a pas changé les choses en ce qui concerne la cupidité des entreprises, mais il a jeté les bases.
Le mouvement Occupy palestinien, qui s’inspire du mouvement Occupy Wall Street, a occupé 140 universités, rien qu’en Amérique du Nord, par le biais de campements qui s’inspirent de ceux d’Occupy Wall Street. Ces mouvements s’appuient donc les uns sur les autres et se copient les uns les autres. C’est très important pour nous tous.
Le matérialisme séculier
Le dernier point que j’aimerais aborder est que ce qui doit se passer, pour que notre révolution au niveau mondial réussisse, est basé sur le problème lui-même. Comment en sommes-nous arrivés là ? À mon humble avis, nous sommes dans ce pétrin collectivement, en tant que monde, et pas seulement en tant que nations ou sociétés individuelles. Mais il s’agit d’un problème mondial qui a commencé, qui a été initié en Occident, en Europe — plus précisément au cours des années 1700. La révolte laïque, les penseurs des Lumières se sont rebellés contre la monarchie et l’Église. Ils n’aimaient pas que l’Église totalitaire s’allie à l’État, c’est-à-dire à la monarchie. Ils voulaient des droits civils et des libertés, ce qui a déclenché de nombreux phénomènes sociaux.
La révolte laïque contre l’État, avec la séparation de l’Église et de l’État, s’est produite — les gens ont commencé à se doter de constitutions avec des chartes des droits. D’abord aux États-Unis, puis en France, les droits de l’Homme. Aujourd’hui, presque tous les pays du monde veulent se doter d’une charte des droits et des libertés, ce qui est une bonne chose.
Autre point positif, la révolution scientifique est née de cette rébellion contre l’Église et l’État, et nous disposons aujourd’hui d’une merveilleuse technologie. Nous ne pourrions pas organiser cet événement si nous ne disposions pas de cette technologie extraordinaire qui nous permet de nous parler en ligne. Je suis assis devant mon ordinateur et j’enregistre. C’était du jamais vu il y a 50 ans. Les gens n’avaient pas de studio d’enregistrement chez eux.
L’autre chose qui s’est produite, c’est le début de l’athéisme militant moderne, du matérialisme, de la laïcité et de l’humanisme. Tous ces éléments ont imprégné l’ensemble du globe, et pas seulement l’Occident. Les sociétés du monde entier ont adopté cette philosophie matérialiste laïque qui est très subtile et qui se traduit par l’absence de spiritualité, de religion et de Dieu dans l’arène politique. Il n’y a plus de discussion dans les sociétés, au sein des partis politiques, dans les gouvernements. Les dirigeants ne se lèvent pas pour parler de leur point de vue spirituel et religieux.
Si vous allez dans des nations que nous appelons de la vieille école, ou de l’ancien monde, comme les nations musulmanes en particulier, tout le monde parle de Dieu, d’Allah. Ils prient cinq fois par jour, cela fait partie de leur culture, tout le monde a un point de vue religieux. Que vous soyez d’accord ou non, tout point de vue religieux est préférable à l’absence de point de vue.
L’athéisme est un nihilisme. Il repose sur la croyance scientifique, ou plutôt non scientifique, que l’univers s’est créé de lui-même, à partir de rien, sans raison, par accident. C’est de la pensée magique, et c’est le problème de fond. C’est la philosophie de notre époque.
Spiritualiser la révolution
Pour lutter contre cela, il faut inverser le processus et, à mon humble avis, spiritualiser la révolution. Elle doit faire partie de notre dialogue, de nos rassemblements, de nos protestations, de nos conversations avec les grands médias, des articles que nous écrivons, des livres que nous écrivons. Tout doit être spiritualisé, injecté de valeurs universelles, aussi larges que possible pour couvrir l’ensemble de l’Humanité.
Vous savez que nous avons quatre grandes religions mondiales : le christianisme, l’islam, le bouddhisme, l’hindouisme et huit religions mondiales mineures, et toutes ces religions ont bien sûr des idéologies différentes, donc l’idée n’est pas, nous ne sommes pas ici pour christianiser ou islamiser les gens.
Ces valeurs universelles sont à la base de toutes les religions. Des choses comme la règle d’or. Toutes ces valeurs communes doivent être promues à nouveau et réintroduites dans notre société au niveau mondial. Ce n’est pas une solution miracle, c’est une voie à suivre, et je crois que cela changera la façon dont les gens considèrent les dissidents politiques. Nous ne sommes pas seulement là, avec nos bannières politiques, pour défendre une idéologie ou un parti politique. Nous sommes là pour défendre l’Humanité tout entière, car c’est ce qui est fondamentalement en jeu, la survie et l’avenir de l’Humanité.
C’est sur les épaules de ce mouvement international pour la liberté, de la communauté alternative, de la communauté des « complotistes », que repose cette lutte pour les droits médicaux qui s’est déroulée pendant les quatre années de la Covid. Il ne s’agit pas seulement des droits médicaux, mais c’est ce qu’ils ont utilisé pour saper tous les droits civils. Nous sommes un mouvement de défense des droits de l’Homme, à mon humble avis, un mouvement spirituel de défense des droits de l’Homme.
Je pense que j’ai dépassé mon temps de parole, mais je remercie encore une fois Iurie et le Forum de Chisinau. Je lis les articles et les livres de nombreux participants depuis plusieurs années et je suis donc honoré de faire partie de ce groupe. Merci beaucoup du Canada, et que Dieu vous bénisse.
Paix sur terre, merci beaucoup.
Rick Thomas
activiste civique et blogueur du Canada
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