Retour de Russie

26/11/2023 (2023-11-26)

Grand voyageur, peintre, grand mystique, orthodoxe pointu, mais aussi polémiste coupant, Louis nous réécrit enfin sur le cadavre froncé (pas français, ouf) :

Nicolas Bonnal

Par Louis

Les aléas de la vie et la morosité désespérante, et je ne parle pas du climat (sic!), m’ont éloigné de la toile et de toute l’inanité contemporaine.

Rien de nouveau sous le sommeil…

Je poursuis le séminaire de Saint-Pétersbourg en ligne (resic) et reviens de Russie où j’étais deux semaines pour une expo et l’anniversaire d’un copain non loin de la frontière ukrainienne.

Il y a deux orthodoxes « schismatiques » (encore que leur position soit très compréhensible) qui ont un canal YouTube de très bonne qualité (Tradition orthodoxe) où ils répondent un peu à tout le monde pour exister… l’un des deux est vraiment très fort.

Ma foi du côté de l’orthodoxie il y a de l’espoir, ce n’est pas rien…

Comme d’habitude si je redoute ou appréhende dans quel état je vais retrouver la Russie, je ne suis jamais vraiment déçu, et au final je m’y sens comme dans un poisson dans l’eau. Il y a de l’espoir de ce côté-ci de l’Europe, c’est fragile, certes, mais ça tient.

De ce côté-ci du continent entropiéen1, la fronce2 est invivable et les froncés3 sont lamentables. Plus que jamais, il faudrait laisser les morts enterrer leurs morts.

Le peu de froncés de souche que je puis côtoyer à l’insu de mon plein gré, comme disait un célèbre maillot à pois4, ne m’est même plus un sujet d’ulcère tellement c’est pathétique, et cela ne me met donc plus en rage comme jadis. On se fait à tout, et ils l’ont bien compris, ceux qui ont le pognon. Je vis dans ce pays sans y vivre. Je ne partage plus rien avec mes concitoyens, même ceux que l’on pourrait qualifier comme étant dans nos rangs sont incorrigibles et sans avenir… Ils ne pensent qu’à se bourrer la gueule avec des vins et gnoles de « producteurs » dont ils font la réclame sur Instagram en parlant fronglet5 et en jouant les rebelles de Netflix en costume cravate comme les « punky bledards » de la série. Pourquoi pas ? me direz-vous. En effet c’est un suicide sans doute plus agréable qu’un autre, mais cela demeure être un suicide. Dont acte.

Schwab est trop bon et il s’est trompé. Certes l’on ne possède plus rien, mais l’on n’est pas plus ou moins heureux pour autant. C’est même au-delà de ce type de sensation. Depuis longtemps, il n’est plus question de bonheur.

On ne danse pas sous le volcan, l’on ne vit pas le jour présent et l’on n’a même pas l’idée de partager une dernière tablée comme les habitants condamnés par la peste dans Nosferatu…

Ou comme sur les ronds-points de Gilles et John6.

Il y aurait de quoi dire.

Pas étonnant que le seul métier qui ait de l’avenir c’est d’avoir un blogue sur Instagram. Ça ne pèse [pourtant] pas lourd un instant-gramme.

Macron a achevé définitivement la France et les Français : plus d’envie de vivre, d’exister ; plus d’identité ni de culture ; plus de foi ni d’espérance.

J’écoute cependant régulièrement deux trois choses passables sur YouTube et Odyssée où je vous ai retrouvé avec Gilbert Dawed.

Merci cher Nicolas. Enfin ! on respire à pleins poumons et les deux parts du cerveau sont enfin stimulées. Ça change de Gave et de Rougeyron.

D’ailleurs, j’aimerais savoir ce que vous pensez de ce dernier. Comme vous comme pour moi, le gaullisme ne semble pas vous enthousiasmer plus que cela.

Vous avez l’art et la manière de prendre de la hauteur et de penser sans « réfléchir », sans refléter.

Le cinéma est effectivement un révélateur, comme le produit photographique qui permet de faire apparaître ce qui n’était jusqu’alors qu’en négatif.

Il demeure les Écritures et les Saint-Pères. Il n’y a que l’éternité de solide, décidément. Une époque comme celle-ci devrait quand même suggérer quelques vocations, quelques saintetés, quelques sacrifices gratuits, mais au contraire jamais l’esprit (l’Esprit ?!) n’aura été si peu sollicité.

Dieu jadis était accusé de tous les mots et autres maux. Aujourd’hui il ne reste que les religions.

Dieu demeura pourtant après que Nietzsche eut déclaré sa mort. Aujourd’hui il a été totalement évacué en oxydant7. Le règne de Satan a déjà commencé. Celui-ci est en train de « ré-créer » l’humanité sans image et sans ressemblance divine. L’Homme était certes déchu, mais rien n’était perdu. Désormais, depuis qu’il a rejeté Dieu, l’Homme se recompose à l’image de son singe. Il change de genre, de sexe, pour devenir semblable aux anges déchus qui n’ont pas de genre, comme on devrait le savoir. Mais en oxydant, on préfère se moquer des Byzantins qui en discutaient encore quand les ottomans pénétraient la cité, la nouvelle Rome. Ils avaient pourtant tout compris. Jusqu’au bout ils auront été orthodoxes.

Les hommes ont tué Dieu, et non contents de cela, ils nient désormais sa paternité. Comme ces abrutis qui demandent à ce qu’on les raye des registres de baptême.

L’histoire de l’Humanité devient un palimpseste où l’Alliance de Dieu et des hommes est effacée et remplacée à vau-l’eau par des possédés cyniques qui délient ce qui avait été pourtant lié.

Car c’est bien la liberté plus que le bonheur qui est la clef de l’existence. Sans liberté, c’est de l’élevage tout au plus. Et la liberté ne doit pas être séparée du libre arbitre, cette faculté de retrouver sa propre polarité dans un environnement devenu hostile et brouillé, pour retrouver magnétiquement, telle une boussole spirituelle, le chemin vers le Créateur, Son Fils et le Paraclet.

Portez-vous bien, comme disaient les Latins, et les hommages à Tetyana !

Louis


⚠ Les points de vue exprimés dans l’article ne sont pas nécessairement partagés par les (autres) auteurs et contributeurs du site Nouveau Monde.

  1. [1] NDLR Jeu de mots entre européen et entropie[]
  2. [2] La France[]
  3. [3] Les Français[]
  4. [4] Propos attribués par les Gignols de l’info au coureur cycliste Richard Virenque.
    https://www.lopinion.fr/international/richard-virenque-une-popularite-a-linsu-des-guignols[]
  5. [5] franglais[]
  6. [6] Jeu de mots sur les Gilets Jaunes.[]
  7. [7] Jeu de mots sur Occident[]