Retour bref sur les « Versets sataniques » et le pourquoi du silence mélenchonien

14/08/2022 (2022-08-14)

Par Lucien SA Oulahbib

Cette dénomination (qui n’est pas de Rushdie) fait référence à de réels versets (sourate 53) relatant la tentation qu’a pu avoir le leader islamique de poursuivre la politique tolérante de sa famille et des habitants de La Mecque, car ils vivaient pour une part du pèlerinage que faisaient certains dans l’enceinte nommée « Le Cube » bien avant l’islam et qui abritait plusieurs icônes de diverses religions. Certains parlent même d’une représentation de Marie mère de Christ. Mais Mahomet refusa que ce lieu fût partagé, aussi sa famille et les habitants le chassèrent (et non pas violemment comme l’historiographie le reconstruit). Et pour preuve, lorsqu’il revint en conquérant à la Mecque, il détruisit toutes les autres représentations religieuses, confirmant ainsi qu’il en avait fini avec la tentation de partage indiquée dans ladite sourate 53…

Aussi et sans revenir spécialement sur l’historique de la controverse (sanglante) autour du livre qu’écrivit Rushdie à partir de cette sourate (quelques paragraphes sur cinq cents pages), il est possible d’interpréter le geste de l’écrivain comme cet effort (désespéré) qui cherche à renouer précisément avec cette idée de tolérance gisant dans cette sourate 53 et qui semble provenir moins du “côté obscur de la Force” et plus de son versant “rationnel” qu’autrefois les mutazilites tentèrent de continuer à insuffler avant d’être détruits par les littéralistes intransigeants qui donnèrent un Ghazali (refus de la philosophie) puis un Wahab (refus de la séparation “moderne” entre politique et religion) et qui aujourd’hui dominent l’exégèse malgré les tentatives de l’islam dit “libéral”.

Or Rushdie semble bien réfléchir, quoiqu’en agnostique selon ses dires, à la lumière même de ce dernier courant de pensée qui fut appelé en France « islam des lumières », une texture en réalité introuvable ailleurs sinon en un Occident protégeant comme toujours ses futurs ennemis (il en fut de même pour le FNL vietnamien, le FLN algérien, Khomeiny, sous pression de Foucault sur Giscard, et diverses autres structures tiersmondistes…). Les principaux intellectuels du globalisme transnational (façon BHL et consorts) firent ainsi croire qu’il était possible de réitérer l’effort des mutazilites à vouloir « réformer » un texte classé pourtant d’emblée surnaturel, c’est-à-dire « incréé », sacré, donc intouchable, gravé dans le marbre et qu’il s’agit seulement de réciter, de s’y mouler tout en imitant dans chaque geste ledit « envoyé » y compris lorsqu’il égorge par exemple les Banu Qurayza et il fut imité en « Algérie », avant et après 62, mais aussi plus récemment par les combattants « français » d’Isis en Syrie et ailleurs…

Bien sûr, ce « littéralisme » est combattu, du moins sur le papier, par les représentants de l’islam « officiel », mais ce, pour des raisons tactiques, du moins en majorité. Pour preuve d’ailleurs, la façon dont leurs principaux recteurs refusent aujourd’hui l’expulsion de cet imam controversé (aux propos violemment antirépublicains sur les femmes et les homosexuels), expulsion exigée par le ministre de l’intérieur français, mais refusée par le tribunal… français également…

Certes, Saddam Rushdie ayant vécu depuis des années cette intolérance que défendent les assassins à ses trousses a bien vu au fur et à mesure l’impasse de son geste qui permit cependant à nombre d’hurluberlus de la lumpen intelligentsia (telle une Fourest, avant de se recycler dans la chasse aux dits « antivax ») de se faire un nom, brandissant bien sûr l’étiquette « extrême droite » à la moindre critique ou mise en lien de l’islam et de l’islamisme, oubliant que la « vraie » extrême droite admire l’islam et les Arabes, à commencer par le nazisme (tendance historique)

Nous en sommes donc là : l’assassin de Salam Rushdie plaide « non coupable » ce qui est parfaitement compréhensible, au-delà de sa consonance juridique US, il n’est pas coupable puisqu’il ne fait que son devoir imitant ainsi son Guide. Certes, et sans doute d’aucuns trouveront son geste « injustifié » alors qu’il se situe pourtant dans la droite ligne de ce que subissent nombre d’Occidentaux en l’occurrence français, et ce tous les jours, signant ainsi l’échec total de tout ce courant dit « tolérant » dont est issu Rushdie. Celui-ci est aujourd’hui désormais battu en brèche par le mélenchonisme — qui prône un aggiornamento avec l’islam (admiré par leur Guide) à l’instar de ses camarades trotskistes anglais (SWP) et français (Mediapart) — par ailleurs violemment antisioniste (subtilité linguistique pour les différencier de l’antisémitisme traditionnel façon Drumont plutôt que Bloy), jusqu’à fignoler récemment une proposition de loi en rapport (sur l’apartheid supposé en Israël) et surtout classer sans suite ou comme « faits divers » toute action maléfique opérée par l’un de leurs protégés, du moment qu’il se dit musulman. Pour preuve : la difficulté de trouver une occurrence sur Google concernant une réaction de Mélenchon envers la tentative d’assassinat à l’encontre de Rushdie, et ce pas plus sur son fil Twitter, pas plus sur celui de LFI, or qui ne dit mot consent ?… Selon l’adage… » français », il est vrai (donc d’« extrême droite »)

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