Red Mirror : le livre pour comprendre le quotidien hypertechnologique des Chinois

[Source : ladn.eu]

[Photo : © Owen Winkel via Unsplash]

Dans Red Mirror : l’avenir s’écrit en Chine, le journaliste Simone Pieranni livre un récit précis et vivant du développement effréné des technologies en Chine. Voici quelques bonnes feuilles de cet ouvrage à lire absolument.

La Chine et sa surveillance de masseson système de notation des individus, l’omniprésence de la reconnaissance faciale… Le pays de Xi Jinping alimente de nombreux fantasmes et commentaires. Mais peu de témoignages rapportent avec précision la nature de ces technologies et leur impact sur les comportements des citoyens. Celui de Simone Pieranni, journaliste italien du quotidien Il manifesto, qui a vécu plusieurs années en Chine et continue de s’y rendre, est particulièrement instructif et précieux.

Son livre Red Mirror : l’avenir s’écrit en Chine raconte aussi la manière dont la Chine est devenue l’épicentre technologique du monde, en influençant largement l’Occident. Sa traduction française a été publiée aux éditions C&F le 4 février 2021. Extraits choisis.

L’application Wechat partout, tout le temps, sans interruption

« Pékin, mars 2019. Pendant que je prends mon petit-déjeuner à la maison, je consulte sur WeChat les nouvelles du jour. Puis je sors, et tout en me promenant dans les hutongs (les anciennes ruelles étroites de la capitale qui survivent aux nombreux changements qui ont lieu dans la ville), je réserve par WeChat un taxi pour me rendre à un rendez-vous dans un bar du quartier de l’électronique de la capitale chinoise. À l’intérieur du bar, grâce à mon identifiant WeChat, je mets mon smartphone en charge dans une des cabines spéciales près de l’entrée avant de rencontrer la personne avec laquelle j’ai rendez-vous. Puis je récupère mon smartphone et je règle ma consommation avec WeChat. J’ai faim, alors dès que je sors, je cherche un restaurant mongol – une de mes passions – à proximité. WeChat m’en indique un à quelques centaines de mètres de ma position, à l’intérieur d’un centre commercial. (…) Enfin, je rejoins un événement dans l’un des gratte-ciels de Jianguomen, la longue rue qui mène à la place Tian’anmen. L’invitation m’a été envoyée par une amie via WeChat lorsque j’étais encore en Italie : dans notre chat, je retrouve la localisation, le billet électronique et le reçu du paiement (que j’archive dans une application spéciale, toujours dans WeChat, qui vous aide à gérer votre comptabilité). (…) À la fin de la conférence, je vais dîner avec certains des participants. À un même moment, tous nos yeux se tournent vers nos téléphones : WeChat demande une mise à jour de nos informations. Et nous voilà, toute une tablée occupée à faire des selfies pour donner à WeChat notre consentement à garder le contrôle de nos données biométriques.»

« La super-app a fini par créer une sorte d’écosystème au sein duquel rien d’autre n’est nécessaire, car elle est capable de s’occuper de tous les aspects de notre vie quotidienne. Dans certaines villes, le profil WeChat est déjà utilisé comme document d’identité. Tout est dans WeChat et cela signifie qu’en Chine, si vous n’avez pas « l’app des apps», vous êtes complètement hors du monde. Ne pas télécharger WeChat est un véritable choix de vie.»

Le culte de la smart city

« On accède aux bureaux de l’entreprise Terminus à Pékin par reconnaissance faciale. Le hall d’entrée est entièrement blanc : les rideaux aux fenêtres, les bureaux de réception et deux fauteuils aux formes futuristes sont également blancs. La découpe en zigzag des portes qui permettent d’entrer dans les open spaces nous rappelle les films de science-fiction, notamment la célèbre saga Star Wars. Ce dispositif veut porter l’idée d’un « futur » plus ou moins imaginé et connu, car Terminus – fondée en 2015, une des nombreuses start-up chinoises devenue rapidement une « licorne », c’est- à-dire estimée à plus d’un milliard de dollars – manie l’avenir pour le rendre extrêmement « présent ». Son but est en effet de pourvoir au nom du gouvernement à la gestion « intelligente » de complexes résidentiels et de quartiers entiers des villes, en utilisant ce qui se fait de mieux en termes d’intelligence artificielle et d’Internet des Objets (IoT – Internet of Things). Les quartiers urbains gérés par Terminus fournissent toutes sortes d’informations tant sur les habitants que sur les passants. Toutes ces données proviennent du travail silencieux et incessant de caméras intelligentes, de systèmes de reconnaissance faciale, de géolocalisation, de voiceprint (empreintes vocales) et d’empreintes sonores : la fusion de toutes ces informations circule sur des écrans contrôlés par des agents de sécurité. Tout est consigné, chaque mouvement est enregistré. “Si pendant quelques jours nous ne voyons pas certains habitants du bâtiment – nous expliquent les chargés de la communication en traversant un couloir – nous allons vérifier que tout va bien”.»

[NDLR: ceci représente une partie de l’avenir de la plupart des pays occidentaux si le Nouvel Ordre Mondial parvient à s’implanter complètement : une société de zombies ou de robots entassés dans les villes pendant que les élites disposeront des ressources planétaires et des campagnes.
Voir :
Agenda 2030 : vous n’aurez rien et vous serez heureux
L’asservissement des peuples par le contrôle des ressources]