L’orthographe et la grammaire en chute libre : un déclin qui profite aux élites mondialistes

22/03/2024 (2024-03-22)

[Source : bvoltaire.fr]

[Illustration : ©Shutterstock]

Par Philippe Kerlouan

Faut-il s’inquiéter de la chute du niveau de la langue française ? Les raisons en sont multiples, mais au-delà des fautes de vocabulaire, de syntaxe ou d’orthographe, c’est l’intelligence de la langue qui se perd… et l’intelligence tout court. Ce qui pourrait bien faire l’affaire des démagogues qui nous gouvernent, plus soucieux d’imposer leurs conceptions que d’éveiller les esprits. Le déclin de la langue française est une manifestation du déclin de notre pays, que laisse faire, quand elle n’y concourt pas, une élite mondialiste qui ne croit plus en la France.

On peut incriminer la diminution des heures consacrées à l’étude de la langue française, depuis l’école primaire jusqu’au collège, des méthodes pédagogiques trop laxistes, donnant plus de place à la spontanéité qu’aux apprentissages rigoureux, la moindre fréquence des dictées ou des récitations, le peu d’appétence pour la lecture d’ouvrages littéraires, la suprématie du langage SMS, etc. Tout cela est vrai, et ce mal affecte, non seulement de plus en plus d’élèves, mais aussi de nombreux adultes.

Les professeurs qui savent encore parler le français — qui seront de moins en moins nombreux, si ce critère devient secondaire dans le recrutement — constatent avec désolation que des lycéens en terminale, voire des étudiants, ânonnent en lisant quelques lignes et ne savent pas écrire sans faire une faute d’orthographe tous les trois mots ou sans confondre des catégories grammaticales. Dans ce domaine, aussi, on s’habitue progressivement à la médiocrité au lieu de chercher à tendre vers l’excellence. Pis encore : il n’est pas certain que nos gouvernants ne s’accommodent pas de cette situation.

Relire Orwell

En effet, il ne peut y avoir de maîtrise de la pensée sans maîtrise du langage. Il est ainsi plus facile de manipuler un peuple qui, dans sa majorité, n’aura pas acquis les outils nécessaires aux échanges, à la compréhension d’un discours, à l’exercice d’un jugement critique. Il faut relire les réflexions de George Orwell sur la novlangue. La simplification lexicale et syntaxique, la pauvreté du vocabulaire sont le meilleur moyen de rendre impossible l’expression de toute idée qui sorte de la norme imposée.

« Le développement de l’esprit critique est au centre de la mission assignée au système éducatif français », répètent à l’envi les textes ministériels. « Présent dans de nombreux programmes d’enseignement, renforcé par l’attention désormais portée à l’éducation aux médias et à l’information, le travail de formation des élèves au décryptage du réel et à la construction, progressive, d’un esprit éclairé, autonome et critique, est une ambition majeure de l’École. » Belle ambition, qui ne se traduit guère dans les faits, malgré toutes les réformes et les déclarations d’intention.

Nos gouvernants n’ont à la bouche que les « valeurs de la République », mais confondent la démocratie avec l’oligarchie, voire le « totalitarisme sans le goulag ». Pour eux, comme pour Big Brother, « l’ignorance, c’est la force ». Ils oublient que l’une des valeurs fondamentales de la République est d’assurer, le plus largement possible, le progrès intellectuel et social de l’ensemble des citoyens, qui passe notamment par une maîtrise de la langue. Ils veulent créer des cerveaux standardisés, incapables de réfléchir et de contester les décisions d’une élite autoproclamée qui veut conserver ses privilèges.

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