14/01/2021 (2021-01-14)
Par Joseph Stroberg
On attribue à Socrate l’anecdote suivante, alors qu’un jour quelqu’un venait le trouver pour médire d’un de ses amis :
– Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?
– Un instant. Avant que tu ne m’en dises plus, j’aimerais te faire passer le test des trois passoires.
– Les trois passoires ?!
– Mais oui, reprit Socrate. C’est ma façon à moi d’analyser ce que j’ai à dire et ce qu’on me dit. Tu vas comprendre… La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?
– Non. J’en ai simplement entendu parler…
– Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité.
– (…)
– Alors passons à la deuxième passoire : ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?
– Ah non ! Au contraire.
– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas certain qu’elles soient vraies.
– Euh…
– Pour finir, et c’est ma troisième passoire, est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?
– Utile, non, pas vraiment.
– Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, à quoi bon m’en parler ?
Nous gagnerions, individuellement et collectivement, à effectuer ce test des trois passoires ou des trois filtres chaque fois que nous nous apprêtons à dire quelque chose de quelqu’un aussi bien que lorsque nous recevons des nouvelles ou des informations au sujet d’un individu particulier ou d’un groupe. Est-ce que ce que nous allons mentionner est vrai, c’est-à-dire conforme à la réalité, ou bien est-ce qu’il s’agit d’un mensonge ou de quelque chose dont nous n’avons pas pu vérifier la véracité ? Est-ce que c’est bon ou constructif, au moins pour la personne ou le groupe visé ? Est-ce que c’est utile ? Et nous devrions nous poser les mêmes questions lorsque nous entendons ou lisons des propos concernant d’autres êtres humains (ou extraterrestres), surtout lorsque ces propos tendent à les dénigrer, les rabaisser, les dépeindre négativement, nuire à leur réputation, comme c’est si souvent le cas de nos jours, y compris dans les médias dominants.
S’il est dans la nature de l’Homme de porter des jugements de valeur sur les autres et sur lui-même, il dispose aussi du potentiel de le faire sous l’éclairage de sa conscience morale (voir La conscience humaine et l’ego). Et c’est grâce à celle-ci, s’il accepte de l’écouter au lieu de l’étouffer, qu’il est capable de déterminer si ce qu’il dit ou ce qu’il entend est vrai, bon et utile ou si au contraire c’est fallacieux, nuisible et/ou vain. De ce point de vue, une information ne devrait être communiquée que si elle passe ces trois filtres de la vérité, la bonté et l’utilité. Elle devrait donc être écartée à partir du moment où elle échoue à passer au moins l’un des trois.
Comme exercice pratique d’un tel filtrage, nous pouvons nous essayer sur une information ou une désinformation telles que la suivante : « les élites mondiales tendent à créer un Nouvel Ordre Mondial qui asservira l’Humanité ». Elle concerne un groupe d’êtres humains, les « élites », et expose un trait négatif les concernant, la volonté d’asservir l’Humanité. Est-ce que cette information est vraie ? Dans la mesure où une partie concerne l’avenir, nous ne pouvons le garantir. La première partie de l’énoncé est au moins partiellement vraie, dans la mesure où plusieurs membres de la caste élitiste mondiale et non des moindres (Sarkozy, Bush père, par exemple) ont affirmé publiquement la nécessité de diriger l’Humanité vers ce Nouvel Ordre Mondial. Est-ce que pour autant tous les membres de cette caste souhaitent parvenir à cet objectif ? Peut-être que non. Cependant et de manière classique, un énoncé général n’empêche pas l’existence d’exceptions. Donc, la première partie de l’affirmation peut être considérée comme grossièrement fondée.
La véracité est cependant beaucoup plus difficile à évaluer dans le cas où l’élément d’information concerne l’avenir. De plus, si les élites vivent effectivement à l’asservissement de l’Humanité, il y a peu de chances que cet objectif soit avoué publiquement. Le faire rendrait beaucoup plus difficile l’atteinte de ce dernier. Alors que présenter le Nouvel Ordre Mondial comme quelque chose de souhaitable le rend au contraire plus facile. Ici, nous ne pouvons qu’extrapoler la véracité sur la base de ce que les élites ont pu déjà réaliser pour créer leur NOM (voir Les projets des Maitres du Monde). Si ces réalisations tendent à l’asservissement plutôt qu’à la libération des êtres humains, alors elles confortent la plausibilité de l’information ou de l’avertissement évoqué plus haut.
En admettant que cette information ait une chance sur deux de passer le premier filtre de Socrate, qu’en est-il du second ? Est-ce qu’elle est bonne ? Pour les êtres humains non membres de la caste élitiste, être informé d’un tel projet nuisible les concernant est pour eux une très bonne chose, car cela leur permet bien plus facilement de le faire avorter. Pour les élites, et de leur point de vue, la communication d’une telle information est au contraire fortement préjudiciable, du moins sur le plan de leur personnalité. Car cela pourrait éventuellement au contraire servir leur être profond ou leur conscience morale. En mettant en balance le nombre d’individus concerné et le potentiel de bien dans chacun des cas, nous pouvons considérer que le second filtre est passé.
L’utilité est ici évidente pour la masse des êtres humains non membres de l’élite. En étant au courant de tels projets, ils peuvent s’y préparer ou adopter des stratégies pour les empêcher. Par contre, la fuite d’une telle information ne sert les élites que sur le plan des âmes, mais nullement sur celui des contingences matérielles. Si elles veulent pouvoir tranquillement continuer à contrôler les événements et jouir de leur grand confort matériel, un tel plan que celui d’asservir définitivement l’Humanité ne devrait surtout pas être ébruité. Ici aussi, le filtre de l’utilité est une question de mise en balance.
Au bilan, écrire ou dire que « les élites mondiales tendent à créer un Nouvel Ordre Mondial qui asservira l’Humanité » peut passer les filtres de Socrate en ce qui concerne la plus grande part des êtres humains. Maintenant, nous gagnerions à faire un tel exercice pour toutes les nouvelles, les informations et les opinions diffusées par l’un ou l’autre des moyens de communication (y compris le bouche-à-oreille), par nous-mêmes ou par les autres.
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