Le Mont du Temple pourrait être un foyer pour tous les peuples

29/03/2024 (2024-03-29)

[Source : jpost.com]

[Illustration : Le Dôme du Rocher et le Mont du Temple dans la vieille ville de Jérusalem, vus depuis le Mont des Oliviers. Ce lieu devrait être accessible à tous ceux qui souhaitent s’y rendre librement et en toute sécurité et pratiquer ensemble un culte pacifique, affirme l’auteur de l’article.
(crédit photo : Chaim Goldberg/Flash90)]

L’agression n’a fait qu’exacerber le problème pour toutes les parties.

Par Leora Schefres

Le peuple d’Israël vit actuellement ce qui semble être une guerre de religion. Une paix immédiate et durable ne sera possible que si toutes les parties concernées travaillent ensemble et créent un lieu de culte commun sur le Mont du Temple.

Le mont du Temple est un lieu saint pour les juifs et les musulmans. Pour les musulmans, il s’agit de l’emplacement de la mosquée al-Aqsa, ou Masjid al-Aqsa, construite vers 685-715 de l’ère commune (apr. J.-C.). Pour les juifs, le Mont du Temple est l’emplacement du Premier et du Second Temple.

Selon la tradition juive, le premier temple a été construit par le roi Salomon vers 990-931 av. J.-C. ; les récits séculaires datent le second temple comme étant achevé en 516 av. J.-C.

Le premier Temple, décrit dans le Livre des Rois 1:5-6, a été détruit par les Babyloniens en 587-586 av. J.-C.. La période du Second Temple est divisée entre les périodes perse (de 586 à 332 av. J.-C.), hellénistique (de 332 à 63 av. J.-C.) et romaine (de 63 av. J.-C. à 324 apr. J.-C.).

Bien que le Second Temple soit dépourvu de plusieurs objets sacrés qui se trouvaient dans le Premier Temple, notamment l’Arche d’Alliance contenant les Tablettes de Pierre et les Urim et Thummim (cristaux de divination et pierres précieuses enchâssés dans le pectoral du grand prêtre Cohen), il comprenait également un grand nombre des vases d’or originaux qui avaient été pris par les Babyloniens, mais restaurés par Cyrus le Grand, le fils de Xerxès (identifié par beaucoup comme le roi Assuérus de l’histoire de Pourim).

Un fidèle musulman marche avant la prière du vendredi dans l’enceinte d’al-Aqsa,
également connue par les juifs sous le nom de Mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem,
le 2 février 2024.
(crédit : Sinan Abu Mayzer/Reuters)

Au cours de la période hellénistique, le second temple a été reconsacré après la révolte des Maccabées contre l’empire hellénistique des Séleucides (histoire de Hanoukka). En 37 av. J.-C., le roi Hérode agrandit le mont du Temple et reconstruit le second Temple. Il fut détruit en 70 apr. J.-C. par les Romains. L’arc de Titus, à Rome, porte une sculpture en relief représentant les Romains emportant la ménorah d’or qui se trouvait dans le second temple (elle serait encore aujourd’hui conservée dans les voûtes du Vatican).

L’avenir du mont du Temple et d’al-Aqsa fait l’objet de diverses croyances. Certains extrémistes religieux sont terrifiés par l’avenir du Mont du Temple. Ces craintes peuvent inclure des hypothèses sur l’emplacement futur du troisième temple juif, l’arrivée du Messie juif et le retour du peuple d’Israël sur sa terre.

Les extrémistes peuvent ressentir la simple pensée de ces événements comme un danger imminent ou une menace remettant en cause leur système de croyances. Face à la perception d’une menace ou d’un danger permanent, les gens peuvent ressentir diverses émotions telles que la peur, la terreur et la colère. Les émotions influencent le comportement et peuvent être accablantes.

Au fil des ans, les extrémistes religieux qui ressentent de telles émotions ont géré la menace de danger qu’ils percevaient de diverses manières, notamment en adoptant des comportements d’adaptation peu utiles tels que l’agression physique et psychologique — et le terrorisme.

Parfois, les extrémistes religieux sont même capables de commettre des actes de terreur en criant « Dieu est grand ».

L’agression n’a fait qu’exacerber le problème pour toutes les parties. Nombreux sont ceux qui, des deux côtés du conflit, ont perdu des membres de leur famille ou ont été déracinés de leur foyer, sans qu’aucune date de retour n’ait été fixée. L’agression et ses conséquences ont engendré plus de haine, plus de morts, plus de distance et plus de méfiance entre les parties impliquées.

Ce comportement inutile et problématique doit être remplacé par un comportement sain, qui s’attaque au problème sous-jacent, à la peur et à la terreur qui entourent le Mont du Temple et al-Aqsa.

Afin de transformer ces craintes et ces dangers en confiance et en sécurité, des objectifs communs pour la région doivent être définis entre les parties qui, en fin de compte, partagent de nombreux points communs naturels, tels que nombre de leurs lois alimentaires, la croyance en l’unicité de Dieu et un ancêtre commun, Abraham.

La question du Mont du Temple pourrait être un point de départ audacieux pour la paix

Les pourparlers de paix ne sont pas nouveaux pour les parties, qui seraient bien avisées de tirer parti des discussions actuelles pour créer une opportunité totalement nouvelle et audacieuse et aborder de manière décisive les questions sous-jacentes du Mont du Temple. La paix pourrait être négociée par des représentants de chaque religion ou sous-groupe souhaitant participer à une initiative novatrice, ainsi que par des dirigeants nationaux et politiques.

Ces représentants devraient bien sûr réfléchir ensemble à la manière de parvenir à une paix et à une compréhension véritables (pour toutes les religions, toutes les cultures et tous les peuples), puis créer un lieu de culte commun sur le mont du Temple. Ce lieu devrait être ouvert à tous ceux qui sont intéressés par un accès libre et sûr et par le droit de pratiquer ensemble un culte pacifique. Aucune barrière religieuse n’empêche les juifs et les musulmans de partager un lieu de prière sur le mont du Temple.

Dans un premier temps, les discussions pourraient se dérouler en présence d’un médiateur ou d’un psychologue objectif qui s’efforcerait d’assurer la sécurité dans la pièce, d’observer les interactions, de clarifier, de réfléchir, de suivre les progrès et de servir de voix objective et neutre dans la pièce.

La peur doit être combattue par l’exposition et l’expérience de la réalité. Le Mont du Temple doit devenir un symbole de bien pour tous. Il doit signaler et créer un véritable lieu de paix, de compréhension, de respect, d’amour, d’unité et, surtout, d’appartenance.

Les perceptions fondées sur les croyances religieuses étant au cœur du conflit sur le mont du Temple, la réponse apportée pendant des années a consisté à traiter uniquement les symptômes, sans accorder suffisamment d’attention à la nature religieuse de la racine du problème. Cette gestion des symptômes a consisté à poursuivre les combats, les disputes territoriales, le lavage de cerveau, les campagnes publicitaires, les menaces, l’espionnage, les systèmes de défense, etc. Toutes ces mesures se sont révélées insuffisantes, voire futiles, et n’ont pas permis de résoudre le conflit proprement dit. Au fil du temps, d’autres tactiques ont été jugées nécessaires, car le problème s’est aggravé.

Cette tentative de solution peut être comparée au traitement d’un patient qui ressent une douleur et s’en plaint, mais dont le médecin ne diagnostique pas le cancer et prescrit des analgésiques. La gestion des symptômes engourdit momentanément la douleur, mais celle-ci revient inévitablement. Les analgésiques peuvent même avoir des effets secondaires néfastes. Pendant ce temps, le cancer se développe et s’étend, et les symptômes s’aggravent invariablement.

Pour parvenir à une paix durable, il faut s’attaquer à la racine du mal. Dans cette guerre de religion, le remède consiste à accepter de garantir et de créer une liberté éternelle pour toutes les religions qui souhaitent pratiquer leur culte librement et en toute sécurité sur le mont du Temple.

Les partenaires de paix doivent s’engager et apprendre à avoir des discussions ouvertes et conviviales les uns avec les autres, en discutant de leurs rêves, de leurs limites, de leurs peurs et de leurs motivations. Un plan doit être mis en place pour un avenir fait de résolution saine des problèmes, de sécurité permanente et de confiance.

Il est particulièrement nécessaire d’élaborer un plan commun de changement sociétal. Il faut enseigner aux enfants et aux adultes des valeurs telles que l’amour, la gentillesse, l’honnêteté, la tolérance, l’acceptation et le respect de l’Humanité. Les différences (comme le choix de la laïcité) doivent être attendues, voire admirées et acceptées. L’enseignement et la pratique [religieuse] peuvent avoir lieu dans de nombreux endroits, notamment à l’école, à la maison et dans les sermons du clergé.

La maladie dont souffre le Moyen-Orient peut être soignée, mais elle nécessite un diagnostic approprié et une intervention adéquate. Le traitement peut ne pas être facile, le diagnostic peut être difficile à entendre, mais le travail en vaut la peine.

Ensemble, nous pouvons effacer une grande source d’incertitude et de peur — l’accès et la propriété du Mont du Temple — et la transformer en une grande source de sécurité, de certitude, d’unité et de confiance.

[À propos de l’auteur]

Leora Schefres est titulaire d’un doctorat en psychologie clinique, se concentre sur le domaine de la santé mentale multiculturelle. Mais elle est avant tout une mère et un membre de l’Humanité.

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