Le gouvernement américain, « intermédiaire d’une vaste opération de trafic d’enfants »

29/04/2023 (2023-04-29)

[Source : tribunaldelinfaux.com]

Par Julie Levesque

« Aujourd’hui, des enfants travailleront de nuit dans des abattoirs, des usines et des restaurants pour payer leurs dettes aux trafiquants. Aujourd’hui des enfants seront vendus à des fins sexuelles », a déclaré sans détour la lanceuse d’alerte Tara Lee Rodas, bénévole pour le département de la Santé et des Services humanitaires (Department of Health and Human Services (HHS)), le 26 avril 2023 lors des audiences intitulées « La crise frontalière de Biden : l’exploitation des enfants étrangers non accompagnés ».

« Que cela soit intentionnel ou non, on pourrait dire que le gouvernement américain est devenu l’intermédiaire dans une vaste opération de trafic d’enfants, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, menée par de mauvais acteurs cherchant à profiter de la vie des enfants […] Ce fut une terrible révélation de réaliser que nous n’offrions pas aux enfants le rêve américain, mais plutôt l’esclavage moderne, avec de grands patrons malfaisants. »

Mme Rodas s’exprimait devant le Sous-comité (bipartisan) de l’intégrité, de la sécurité et de l’application de la loi en matière d’immigration.

Vous trouverez son témoignage choc ci-dessous.

Les audiences complètes sont ici : The Biden Border Crisis: Exploitation of Unaccompanied Alien Children

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Témoignage intégral de Tara Lee Rodas

[Transcription]

« Bon après-midi président McClintock, haute dignitaire Jayapal et membres distingués du comité. C’est un honneur pour moi d’être ici. Je vous remercie de l’invitation à venir témoigner. Mon but est d’inspirer l’action pour protéger la vie des enfants migrants, incluant les 85 000 enfants disparus, un nombre stupéfiant.

Aujourd’hui, des enfants travailleront de nuit dans des abattoirs, des usines et des restaurants pour payer leurs dettes aux contrebandiers et aux trafiquants. Aujourd’hui, des enfants seront vendus à des fins sexuelles. Aujourd’hui des enfants appelleront des lignes directes pour rapporter qu’ils sont abusés, négligés et trafiqués, et nous ne savons pas s’ils recevront l’aide dont ils ont besoin. Depuis près d’une décennie, des enfants non accompagnés souffrent dans l’ombre.

Je dois avouer que je ne savais rien de leur souffrance avant 2021, lorsque je me suis portée volontaire pour aider l’administration Biden avec la crise à la frontière sud. Dans le cadre de l’opération Artemis, j’ai été déployée au site d’urgence Fairplex à Pomona en Californie pour aider le bureau de relocalisation des réfugiés du HHS (Office of Refugee Resettlement (ORR)) à réunir les enfants avec des parrains et marraines aux États-Unis (sponsors).

Je croyais que j’allais aider à placer des enfants dans des foyers aimants. J’ai plutôt découvert que les enfants font l’objet d’un trafic, à travers un réseau sophistiqué qui commence par le recrutement dans le pays d’origine, passe par le trafic aux frontières des États-Unis et se termine lorsque l’ORR livre un enfant à un parrain ou une marraine, dont certains sont des criminels, des trafiquants et des membres d’organisations criminelles transnationales. D’autres voient les enfants comme des marchandises et des actifs à utiliser pour gagner des revenus. C’est pourquoi nous assistons à une explosion de trafic de main-d’œuvre.

Que cela soit intentionnel ou non, on pourrait dire que le gouvernement américain est devenu l’intermédiaire dans une vaste opération de trafic d’enfants d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, menée par de mauvais acteurs cherchant à profiter de la vie des enfants. Mon intérêt personnel est la sécurité des enfants. Je ne vois pas cette situation comme une question politique, mais comme une question humanitaire. Je vous assure que mes raisons sont les meilleures : je veux que les enfants soient protégés. Je vais donc vous raconter ce dont j’ai été personnellement témoin au Fairplex de Pomona.

J’ai vu des enfants autochtones du Guatemala, vulnérables, qui parlent des dialectes mayas et ne parlent pas l’espagnol. Cela signifie qu’ils ne peuvent pas demander de l’aide en anglais, ils ne peuvent pas demander de l’aide en espagnol non plus et ils deviennent captifs de leurs parrains et marraines.

Je me suis assise avec des gestionnaires de dossiers, qui pleuraient en me racontant l’horreur que les enfants ont vécue au cours de leur voyage jusque dans ce pays. J’ai vu des bâtiments résidentiels où l’on avait laissé 20, 30, 40 mineurs non accompagnés. J’ai vu des gens tenter de parrainer simultanément des enfants dans de multiples sites de l’ORR. J’ai vu des gens utiliser différentes adresses pour tenter de parrainer des enfants et j’ai vu de nombreux cas d’enfants en état de servitude pour dettes. Et les enfants savaient qu’ils devaient rester avec les parrains ou marraines jusqu’à ce que leurs dettes soient payées.

Le fait de réaliser que nous n’offrions pas aux enfants le rêve américain, mais plutôt l’esclavage moderne, avec de grands patrons malfaisants, fut une révélation terrible. Une révélation terrible.

Ces enfants sont une population de victimes captives, sans accès aux forces de l’ordre ni aucune connaissance de leurs droits. Ils sont abusés, négligés et victimes d’extorsion, et c’est pourquoi j’ai sonné l’alarme en 2021. J’ai été directement témoin des horreurs du trafic et de l’exploitation d’enfants. Ma vie ne sera plus jamais la même après ce que j’ai vu. Cependant, je garde espoir parce que je compte sur vous et j’espère que vous allez agir pour mettre fin à cette crise et protéger la vie de la plupart de ces enfants vulnérables. On m’a demandé : que peut-on faire, que suggérez-vous ? D’abord je crois que la priorité numéro un du HHS est la supervision. Ils doivent s’engager à superviser, à être transparents et à rendre des comptes.

Si je pouvais agiter une baguette magique, je crois que ce problème pourrait être réglé rapidement par des experts dans la communauté intergouvernementale. Il y a un centre d’excellence en analyse de pandémie, le PACE, comme on l’appelle. Si des analystes de données pouvaient avoir accès à ces données, je crois que nous pourrions secourir des enfants et poursuivre des criminels, si le PACE avait accès à ces données. Elles montrent où sont les enfants et qui en est responsable.

Je crois également que nous devons changer la culture où la rapidité passe avant la sécurité. La rapidité est une mauvaise mesure de performance lorsque nous avons affaire à des enfants. Nous devons revoir le processus de validation des parrains et marraines. Nous devons également avoir des gestionnaires de dossiers avec de l’expérience comme enquêteur et analyste de données, des examinateurs de fraude certifiés. Et je crois que nous devons réimaginer un système dans lequel le parrain ou la marraine est la partie responsable et ceux-ci devraient être tenus de rendre des comptes à l’ORR.

Finalement, cessez de faire subir des représailles aux lanceurs d’alerte, cessez de riposter contre les gens qui tentent de dire la vérité pour sauver les enfants. Comme le disent les écritures, un sage écoute les conseils alors qu’un fou poursuit sa folie. Le HHS a besoin d’être sage pour prendre soin de ces enfants. »

Vidéo originale : HHS Whistleblower Claims US Government Is “Middleman” In Child Trafficking Operation

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