L’affaire Palmade met au jour une gouvernance gangrénée par des valeurs déshumanisantes

[Source : lilianeheldkhawam.com]

Par Liliane Held-Khawam

Pierre Palmade a provoqué il y a quelques jours un accident qui a fracassé une famille entière. Les trois occupants de l’autre véhicule, un homme, une femme et un enfant de 6 ans ont été grièvement blessés. Plus grave la passagère enceinte de 6 mois a perdu son bébé.

[Voir aussi :
France — Faut-il pleurnicher sur le sort de Pierre Palmade ?]

Un drame comme il peut hélas en arriver sur les routes, sauf que dans ce cas précis, le coupable est célèbre et conduisait sous l’emprise de la drogue. De la cocaïne.

Une affaire qui pointe du doigt les mécanismes déviants de la gouvernance publique.

Des autorités qui ont banalisé la consommation de la drogue

Et à partir de là, se pose une foule de questions. La première et la plus simple simple à cerner concerne l’hypocrisie qui caractérise les autorités de nos pays. Je rappellerais que l’État français a considéré il y a quelques années que ce que l’on appelait autrefois « trafic de drogue », sous-entendant que l’activité était répréhensible, est devenue une activité commerciale prise en compte dans le calcul du PIB national.

« (…) les investissements de l’État dans les forces de police ou les achats par les citoyens de dispositifs de protection deviennent des richesses. Donc, plus le trafic [de drogue]

 s’étend, plus la croissance sera forte ! (…). Or, la réforme du mode de calcul du PIB appliquée par l’Insee, c’est la cerise sur le gâteau : en plus de toutes les conséquences du trafic, le PIB intégrera désormais (…) le trafic lui-même. »(([1]« En lui intégrant le trafic de drogue, l’Insee confirme que le PIB est absurde », Hadrien Mathoux, Libération, 31 janv. 2018))

Aux États-Unis, le président Obama avait demandé à ce que le commerce-trafic de Marijuana soit libéralisé, alors que la junk food était taxée.

En Suisse, une ancienne Conseillère fédérale est le porte-drapeau du combat de George Soros pour faire légaliser le business de la drogue et donc sa consommation par les États de la planète. Par conséquent, cela ne devrait choquer personne de voir des individus drogués participer à la vie de la société puisque l’État lui-même officialise la chose.

Les manuels de comptabilité nationale, dont le Système Européen de Comptes (SEC 2010), considèrent
explicitement que le caractère légal ou illégal, déclaré ou non déclaré, d’une transaction n’est pas un motif
recevable pour ne pas la décrire en comptabilité nationale : les comptes nationaux ont en effet vocation à
retracer l’ensemble des flux effectifs de revenus.

INSEE, ci-dessous

La cocaïne, un business juteux
La production est faite dans des pays lointains (Amérique Latine notamment), pour un coût d’environ 2 500 €/kg. Une partie de la drogue produite est directement achetée par des importateurs résidents français (hypothèse de 60 % des importateurs), qui la revendent aux trafiquants avec une première marge commerciale, à un prix de revente de 31 500 €/kg. Les détaillants français revendent ensuite le produit aux consommateurs à un prix très élevé, de l’ordre de 180 000 €/kg pour de la cocaïne pure.

Voir fichier INSEE ci-dessus

La banalisation de la drogue est une stratégie clairement annoncée par Hariri dans le but d’occuper des populations à qui on a tout pris. À commencer par le travail.

Un cynisme pathologique qui fait frémir.

Le statut juridique inexistant de l’enfant tué dans le ventre de sa mère

Et voilà le sujet qui fait vraiment polémique à l’heure actuelle : quel est le statut de cet enfant tué avant de naître ? De cette réponse dépend la qualification de l’avortement des fœtus, et particulièrement quand l’intervention a lieu sur un enfant qui va naître. Voici la position de la Cour de Cassation face à un cas similaire à celui de l’affaire Palmade :

L’incrimination d’homicide involontaire d’autrui prévue par l’article 221-6 du Code pénal ne s’applique pas à l’enfant à naître, au fœtus :

C’est ce qu’avait jugé la chambre criminelle de la Cour de cassation par un arrêt du 3 juin 1999, confirmé par l’assemblée plénière le 29 juin 2001. Cette jurisprudence est maintenant établie puisqu’un nouvel arrêt a été rendu dans le même sens par la chambre criminelle le 25 juin 2002, malgré la résistance de certaines cours d’appel. Les décisions de la Cour de cassation se fondent sur le principe de l’interprétation stricte de la loi pénale, qui ne prévoit pas que la mort du fœtus puisse être qualifiée de mort d’autrui. La non-application de la loi pénale au décès du fœtus, même si celui-ci intervient quelques secondes avant l’accouchement, alors qu’elle sera applicable à l’enfant qui décède quelques secondes après l’accouchement, aboutit à des incohérences et à des iniquités. Seule une intervention du législateur pourra y mettre fin.

Là aussi l’hypocrisie est de mise. La non-existence juridique de l’enfant permet au « progrès » de s’installer dans les sociétés occidentales. À ce titre, je me permets de rappeler cette publication d’il y a une année… Elle est essentielle pour bien comprendre le concept de référence sur lequel s’appuie la Cour de Cassation dans pareil cas. Elle ne pourra en aucun cas modifier sa position sans renier les « valeurs » d’un système intrinsèquement déshumanisé.

Pour conclure, je dirais que la libéralisation de la drogue et l’infanticide sont les 2 thématiques auxquels l’affaire Palmade m’a renvoyée.

Que faire face à l’échec volontaire des politiques à la solde des financiers ? Impossible de formuler des solutions tant le système est gangréné à sa racine… Il faut des solutions globales qui sont devenues existentielles et essentielles.

Cela dit, je formule toute ma sympathie à cette famille, et même à Pierre Palmade, une victime de plus d’un système monstrueux qui broie les membres de la société. Sans exception.

LHK


Note

Dans la vidéo ci-dessous, l’intervenante juridique évalue de manière très claire et très équilibrée la problématique :

Extrait de Dépossession, publié en 2018

[Voir :
Réponse de LHK à la censure :
le livre Dépossession est en ligne pour une lecture libre]

C’est ainsi que les malversations de la mafia sont devenues notre problème tant l’organisation mise en place est globale, systémique et systématique. Les crimes qui entachent la haute finance, son marché et ses produits touchent tellement l’ensemble de la planète que des politiciens parviennent à immuniser des criminels en col blanc, voire à les impliquer dans la vie publique.

L’attrait d’un argent pléthorique et vite gagné a amené la communauté internationale du 21e siècle à relativiser les notions d’argent « propre » ou « sale ». Les chiffres comptables se valent bien ! Et pour s’en assurer de manière définitive, l’on se débarrasse de tout ce qui peut accabler les criminels, leurs complices et les politiciens corrompus. On a d’abord rebaptisé les conflits d’intérêts en « milieux intéressés à consulter »(([2] Constitution suisse. Art 147 Procédure de consultation)) ou lobbying, puis est arrivée la phase du blanchiment d’activités criminelles. Le 30 janvier 2018, l’Insee annonçait que, dorénavant, le calcul du PIB français inclurait l’achat et la vente illégale de drogues ! Les milliards d’euros du trafic de drogue sont ainsi invités à booster les chiffres de la croissance du pays ! En fait, l’Insee ne fait qu’appliquer une directive d’Eurostat, l’organe de statistiques de l’UE. Ainsi, des tabous tombent.

Un croustillant passage d’un article de Libération faisait état de l’aberration du système :

« (…) les investissements de l’État dans les forces de police ou les achats par les citoyens de dispositifs de protection deviennent des richesses. Donc, plus le trafic s’étend, plus la croissance sera forte ! (…). Or, la réforme du mode de calcul du PIB appliquée par l’Insee, c’est la cerise sur le gâteau : en plus de toutes les conséquences du trafic, le PIB intégrera désormais (…) le trafic lui-même. »(([1]« En lui intégrant le trafic de drogue, l’Insee confirme que le PIB est absurde », Hadrien Mathoux, Libération, 31 janv. 2018))

La France ne fait toutefois que copier d’autres pays qui ont intégré marijuana et cannabis dans leur économie en les légalisant, ce qui permet de les taxer. Au Colorado, les taxes sur le cannabis rapportent des dizaines de millions de dollars qui servent à entretenir l’école publique(([3] « Marijuana taxes are giving Colorado a pot of money to rebuild its crumbling schools », German Lopez, vox.com, 12 juillet 2017.)). Pour justifier sa politique, M. Obama(([4] « President Obama Backs proposal to legalize marijuana, tax junk food », Scott Drenkard et Nick Kasprak, taxfoundation.org, 2013
https://taxfoundation.org/president-obama-backs-proposal-legalize-marijuana-tax-junk-food/)) a même indiqué au Congrès qu’il s’agissait de respecter la liberté personnelle de mettre ce que l’on veut dans son corps. Au même moment, il demandait que le « junk food » soit sévèrement taxé (60 %). La drogue serait ainsi moins nocive qu’une certaine nourriture industrielle.

Le fait est que le trafic de drogue est un énorme business que le marché de la haute finance veut ramener officiellement dans son giron. Il faut dire que l’affaire est juteuse. Le marché de la drogue a littéralement explosé en 2016, moment auquel il atteignait(([5] Rapport annuel publié en juin 2017 par l’Office des Nations Unis contre la drogue et le crime, in « La consommation mondiale de drogues », planetoscope.com)) 243 milliards d’euros (limite basse de la fourchette). L’Afghanistan, malgré la présence de l’OTAN, a réalisé un tour de force en 2017, en multipliant par deux sa production de pavot : de 4 800 tonnes en 2016 à 9 000 tonnes l’année suivante ! Même les zones qui étaient jusque-là épargnées(([6] Progression des surfaces cultivées de 63 %, « La production d’opium explose en Afghanistan », J. Follorou, Le Monde, novembre 2017)) ont vu fleurir cette plante. Il faut dire que les marges bénéficiaires sont exceptionnelles ! Selon M. Forgione, — journaliste italien, ancien député et président de la commission antimafia de 2006 à 2008 — pour un coût de revient de 1 200 euros, vous générez pour 200 000 euros de chiffre d’affaires. Une valeur ajoutée unique !(([7] « Mafia Export, Comment les mafias italiennes ont colonisé le monde », Francesco Forgione))

Aujourd’hui, un acteur global de premier plan travaille activement à la dépénalisation de la drogue. Il s’agit de l’Open Society Foundation du financier milliardaire George Soros(([8] Soros a, entre autres faits d’armes, donné naissance aux hedge funds dès les années 70, fait sauter la Banque d’Angleterre en 1992 et qui a gagné en 2009, au lendemain de la crise des subprimes, 3,3 milliards grâce au Soros fund management…)), qui possède un département spécifique : le Global Drug Policy Initiative Advisory Board. Ruth Dreifuss en est la présidente(([9] Global Drug Policy Program, Board:
https://www.opensocietyfoundations.org/about/boards/global-drug-policy-program)), après avoir présidé le Conseil fédéral de la Confédération helvétique.

Elle est une infatigable avocate de la « régulation » du marché de la drogue. Un processus qui, selon elle, devrait aboutir à une légalisation de toutes les drogues — y compris les plus dures ! — dont le commerce serait alors placé sous le contrôle de l’État.(([10] « Ruth Dreifuss : “L’État doit se substituer aux dealers” », Céline Zünd, Le Temps, 1 déc. 2015. À relever que dans cet article, la journaliste omet de signaler au lecteur la fonction éminente de Mme Dreifuss dans la fondation Open Society…))