La promesse millénaire de la France

24/09/2021 (2021-09-24)

[Source : Epoch Times (theepochtimes.com)]

[Illustration : Le Baptême de Clovis à Reims le 25 décembre 496, par François-Louis Dejuinne.]

La France est quasiment née d’un miracle, il y a 1500 ans, la promesse d’un héritage civilisationnel bienveillant protégeant les individus de la barbarie. Son histoire parle à chacun d’entre nous, elle est le terreau d’une profonde unité. Elle inspire aussi bien le respect dans sa foi divine que dans sa culture et ses valeurs universelles. Des valeurs défendues depuis quinze siècles qui garantissent nos libertés individuelles et la dignité de chaque individu.

1500 ans après sa naissance, nous sommes aujourd’hui à une époque charnière, un moment où notre pays peut basculer d’une société libre et bienveillante à une société totalitaire.

Mais bien que la France traverse ce moment de crise, nous ne pouvons pas dire qu’il est trop tard.

Les Francs, libres et combattants

Il y a 1500 ans, un jeune roi barbare fait le choix d’un dieu bienveillant à ses anciens dieux barbares et son geste a fondé la civilisation française. « Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France », disait le général De Gaulle.

Ce roi est Clovis, et son peuple, les Francs.

Clovis recevant la fleur de lys, Heures de Bedford, XVe siècle.

Clovis succède à son père Childéric en 481 à l’âge de 15 ans. Les Francs sont alors des descendants de peuples indo-européens et du semi-mythique roi Mérovée. Ce dernier serait né de la rencontre de sa mère avec une ancienne créature marine semblable au Quinotaure. Ainsi aurait commencé la dynastie des Mérovingiens, première dynastie française.

L’origine communément admise du terme « Franc » est celle de « Francus » qui signifie « homme libre ». Dans l’antiquité tardive, le peuple franc voue un culte à Wotan (connu aussi sous le nom d’Odin), le père des dieux dans la mythologie nordique et une divinité de guerre et de sang. Le paradis des Francs est un paradis de héros guerriers, le Walhalla, où les dieux les accueillent, armes à la main, pour d’éternels festins et batailles célestes.

Francs. Hommes libres et intrépides guerriers. Les Francs sont des guerriers redoutés dans toute l’Europe occidentale. Ils sont les seuls au IVe siècle à chasser des marais d’Europe centrale la tribu barbare des Alains descendue des montagnes d’Iran et d’Arménie, que Rome n’arrivait pas à déloger. Plus tard, le père de Clovis aidera les Romains à arrêter Attila le « fléau de dieu » et les Vandales, lors de la bataille des champs Catalauniques en 451. Installés dans la Belgique actuelle, les Francs sont dès la fin du IIIe siècle les alliés de Rome pour garantir la sécurité et la liberté de la Gaulle romaine, la défendant des invasions barbares venant de l’est de Rhin.

Mais le Ve siècle sonne le déclin et la fin de l’empire romain en 476. L’église nicéenne (de Rome) devient la plus haute autorité spirituelle et voit dans le jeune Clovis la seule alternative pouvant les protéger de l’arianisme. Cette doctrine germanique, à ne pas confondre avec l’aryanisme, ne reconnait pas l’essence divine du Christ et est pour cela appréciée par les peuples barbares païens. Mais Clovis possède intrinsèquement en lui cette nature innée qui lui fera dire : « Que n’aurais-je été là pour empêcher cela » en apprenant le supplice de la passion de Jésus-Christ.

Un roi barbare sensible au faible et au sacré.

Ainsi, l’Église choisit la France pour perpétuer l’héritage civilisationnel de Rome et protéger la foi en un dieu bienveillant. Et c’est pour défendre cet héritage antique que la France n’a cessé de combattre ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur depuis 1500 ans.

Antoine-Jean Gros (1771-1835). « Clovis et Clotilde », esquisse.
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

L’unité face à la barbarie : la vocation de la France

Sous l’impulsion de l’évêque de Reims Saint Rémi – qui a l’oreille du jeune roi, Clovis rencontre Clotilde, une princesse burgonde pleurant le massacre de sa famille par les barbares Wisigoths. Entre les deux êtres, qu’un mariage de raison avait réuni, naît le premier miracle : un amour mutuel. C’est le mariage de Clovis avec Clotilde qui fait évoluer les conceptions du jeune souverain. Son épouse s’efforce de le convaincre de renoncer à ses coutumes barbares. Le respect de Clovis pour les croyances de son épouse, l’ouverture d’esprit pour ce qui le dépasse, font parties des pièces du puzzle qui ont construit l’histoire millénaire de la France.

C’est au cours de la difficile bataille de Tolbiac en 496 contre la tribu germanique des Alamans qu’a lieu le deuxième miracle. L’affrontement entre les deux armées barbares tourne vite au massacre et Clovis voit la victoire lui filer entre les doigts. Bien qu’il invoque plusieurs fois ses anciennes idoles nordiques, aucune ne répond. Il se rappelle alors les mots de Clotilde et s’adresse au ciel : « O toi, Dieu de Clotilde, je sollicite avec dévotion la gloire de ton assistance: si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis, et si j’expérimente ta vertu miraculeuse je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom. J’ai en effet invoqué mes dieux, et, comme j’en fais l’expérience, ils se sont abstenus de m’aider […]. C’est toi que j’invoque maintenant, je désire croire en toi ; pourvu que je sois arraché à mes adversaires ».

Aussitôt le chef Alaman est tué d’une francisque (une hache franque) et la victoire revient à Clovis. Le jeune roi n’oubliera pas cette promesse ni cette aide venue du ciel pour le secourir.

Joseph Blanc (Français, 1846-1904)- La bataille de Tolbiac,
toile marouflée, Panthéon de Paris, France.

Selon les historiens, Clovis se fera baptiser entre 496 et 508, un baptême qui aurait pu prendre plus de dix années de réflexion. Clovis hésite car une partie de son peuple voue encore un culte au dieu Wotan. La reine Clotilde demande l’appui de l’évêque Saint Rémi dont une amitié le lie au souverain franc. À la suite des grands miracles que ce dernier a vus à Tours sur le tombeau de Saint Martin, Clovis confirme son baptême ainsi que celui de trois mille de ses plus proches guerriers.

Il est baptisé un 25 décembre. Selon la légende, une colombe blanche serait descendue du ciel pour apporter une huile sacrée, une huile qui servira dès lors au sacre des rois de France. Cette colombe blanche symbolisera le Saint-Esprit apportant la paix aux hommes de bonne volonté.

« Adoucis-toi, fier Sicambre, et courbe la tête ; adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré », lui dit Saint Rémi.

«Je m’avance devant le bassin sacré : je déclare renoncer à Satan», dit Clovis.

« Relève les habitants de tes cités, soulage les affligés, accorde soutien aux veuves, nourriture aux orphelins puisqu’il est préférable que tu enseignes à tous à t’aimer et à te craindre », continua l’évêque de Reims.

La France naît de ce choix divin.

Clovis devient le protecteur du faible et du sacré et fait le vœu de combattre les tyrans.

La légende rémoise de la colombe est un emprunt direct aux Évangiles
avec le baptême du Christ dans le Jourdain
où le Saint-Esprit est apparu sous forme d’une colombe.

Clovis unifiera les différents royaumes barbares de la Gaule autour de l’héritage de Rome et de l’Église. « Tout lui réussissait, parce qu’il marchait le cœur droit devant Dieu », écrivait Grégoire de Tours dans L’Histoire des Francs. Et comme pour l’épisode du vase de Soissons – où le jeune roi trancha la tête d’un soldat récalcitrant ayant brisé le vase sacré de Soissons (le fameux « Souviens-toi du vase de Soissons ! »), Clovis n’hésitera pas à utiliser la force de son armée pour unifier le pays. Il défendra cette unité civilisationnelle qui garantit la sécurité et la liberté du peuple, la protection du faible et du sacré, et il s’opposera à la tyrannie.

Clovis meurt à l’âge de 45 ans en 511. Il a fait du royaume franc la première puissance de l’Europe occidentale et s’est imposé comme l’héritier de l’empire romain d’occident. Sainte Geneviève lui ouvrira les portes de Paris pour en faire sa capitale. Leurs tombeaux, ainsi que celui de la reine Sainte Clotilde, seront inhumés au sommet de la Montagne Sainte Geneviève, à côté de l’actuel Panthéon.

Retrouver la promesse de la France

Cette histoire de Clovis construit notre imaginaire national aussi bien qu’individuel. Il montre que dans les situations les plus difficiles, la France a su trouver un nouvel espoir en invoquant la confiance et le choix dans ce qui nous dépasse. Depuis 1500 ans, la France offre à ses citoyens la protection d’une société civilisée et des libertés parmi les plus importantes : la liberté de croire et de penser.

Ces valeurs universelles prennent naissance dans le choix de Clovis, un choix qui, 1500 ans plus tôt, a dépassé toutes les parties en présence. L’amour et le respect d’une femme, l’amitié d’un Saint et l’affinité du jeune roi pour le spirituel lui font abandonner ses croyances barbares pour la foi d’un dieu bienveillant. Clovis fait le choix de l’unité face à la barbarie, de la défense du sacré et du faible, l’opposition aux tyrans. C’est la promesse millénaire de la France.

Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, la France n’a cessé d’y puiser son inspiration. Elle a été la nation des plus grands progrès scientifiques et technologiques, de l’excellence en matière de transmission des connaissances et de formations des élites. La France a mené aussi des guerres dans le monde entier pour défendre les libertés face aux totalitarismes aussi bien du temps des rois, que de l’Empire et de la République.

Cette promesse est aujourd’hui menacée. Dans notre premier éditorial « Pourquoi Epoch Times veut défendre la France « , nous exposions le danger de l’infiltration du régime communiste chinois et des théories néo-progressistes en France. Aujourd’hui, dans notre société de plus en plus matérialiste, le lien avec le divin et les valeurs universelles de notre pays est presque détruit, les jeunes générations y sont de moins en moins sensibilisés, alors qu’il est à la base de notre histoire personnelle et collective. Même dans les plus hautes sphères de l’État, on dit qu’il «  n’y a pas de culture française «  et que l’histoire française doit être  » déconstruite « . Pourtant notre pays possède l’une des histoires les plus riches de notre civilisation humaine et celle qui a été le mieux préservée.

La culture et l’histoire françaises sont notre bien commun, elles font partie de l’âme française, c’est-à-dire de l’âme de chacun de ses citoyens. Elles nous inspirent et nous rappellent d’être courageux et loyal, de garder espoir face aux périodes les plus sombres de notre histoire. Elles montrent la grandeur et le destin de notre pays, incarnés par un homme ou par une femme, comme il pourrait l’être par chacun.

« Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé » disait le philosophe et historien Ernest Renan.

Avec « Défendre la France », Epoch Times veut rappeler aux Français les valeurs et la riche histoire de notre nation. Si les Français cherchent à mieux comprendre la profondeur de leur histoire, son lien millénaire avec ce qui nous dépasse, ils trouveront alors une alternative profonde à la confusion du moment.

[Voir aussi : La France revivra-t-elle?]

Nous espérons que nos lecteurs participeront à cet effort en faisant connaître nos publications à leurs amis et à leur famille. N’hésitez pas non plus à nous écrire sur redaction@epochtimes.fr pour nous dire, selon vous, quelles sont les valeurs et les épisodes de l’histoire de la France qui valent la peine d’être défendues.

Sources:

– L’histoire des Francs, Grégoire de Tours
– Le Mystère Clovis, Philippe de Villiers aux éditions Albin Michel
– Clovis et les Francs, HérodoteVidéo
– Les Premiers Rois Francs, ProGallia
– La conversion et le baptême de Clovis, Léon Levillain

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(2 commentaires)

  1. À propos des Francs, voici un faits sur lequel la légende de sainte Geneviève jette une lumière inattendue.
    Elle nous dit : « cinq ou six mois après la défaite d’Attila, Mérovée, roi des Francs (Saliens), vint assiéger Paris, encore au pouvoir des Romains. Le siège durait depuis quatre ans quand Mérovée s’en rendit maître. »
    Alors, comment se fait-il que Geneviève régnait à Lutèce quand Attila s’en approcha et qu’elle y exerçait une autorité morale suffisante pour intervenir dans les faits de guerre et pour protéger la ville ? Et comment cette ville dans laquelle règne une femme gauloise est-elle assiégée par Mérovée, 3ème roi de France ?
    C’est évidemment qu’il y avait séparation des pouvoirs : le spirituel (féminin) et le temporel (masculin). C’est qu’il y avait deux Frances : celle des Saliens masculinistes, dont Mérovée est le petit roi et qui n’a qu’un tout petit territoire à l’Est, et celle des Ripuaires féministes, qui reconnaît le pouvoir spirituel et qui est allié à ceux qui occupent le reste de la Gaule, y compris Paris. Les historiens masculins ne nous parleront jamais que des Francs Saliens (les masculinistes), ils tairont ce qui concerne les peuples féministes de la Gaule. Et toute cette primitive histoire de France ne sera que l’histoire du petit parti des révoltés saliens, affranchis de la morale, de la raison, du devoir et de la soumission au Droit divin de la Déesse-Mère, ce qui nous est révélé par cette phrase : « Qui t’a fait roi ? »
    Il y a donc une autre histoire de France à faire, celle des peuples légitimes de la Gaule Celtique, vaincus, après de longues luttes, par les révoltés illégitimes. Et cette histoire fut si glorieuse que, malgré tous les efforts faits pour la cacher, nous trouvons encore assez de documents pour la reconstituer.
    Francs-saliens et Francs-ripuaires :
    https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/findu4emesiecledumoyenagealarevolution.html

  2. Merci beaucoup ! Vive le Royaume des Francs, A bas la République des Francs-maçons,ennemie jurée de la France.

    A lire absolument:
    L’histoire Divine de France du Marquis de la Franquerie
    La conjuration Antichrétienne de Mgr Delassus

    Prière nationale et historique des Francs :

    Dieu Tout-puissant et Éternel,
    qui pour servir d’instrument à Votre divine volonté dans le monde,
    et pour le triomphe et la défense de Votre Sainte Église,
    avez établi l’empire des Francs,
    éclairez toujours et partout leurs fils de Vos divines lumières,
    afin qu’ils voient ce qu’ils doivent faire
    pour établir Votre règne dans le monde
    et que, persévérant dans la charité et dans la force,
    ils réalisent ce qu’ils auront vu devoir faire.
    Par Notre-Seigneur Jésus-Christ vrai Roi de France.
    Amen.

    Cette prière illustrative du lien puissant unissant la France à Notre-Seigneur Jésus-Christ est tirée d’un missel du IXème siècle, mais vient d’une période antérieure : VIe siècle selon Dom Pitra, Histoire de saint Léger, introduction, p.XXII, et pourrait même avoir été composée par saint Rémy lui-même. (source : L.-H. et M. C. Rémy, La vraie mission de sainte Jeanne d’Arc, Jésus-Christ Roi de France, Ed. Les Amis du Christ Roi de France.)

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