27/03/2024 (2024-03-27)
[Source : francophonie-avenir.com]
Par un collectif de défense de la langue française
En vue des élections européennes du 9 juin prochain, un collectif citoyen d’associations de défense de la langue française a décidé d’interroger les candidats afin de connaître leur position sur la politique du tout-anglais actuellement menée par l’Union européenne.
Cette lettre ouverte a été adressée aux sénateurs et députés français, aux élus français du parlement européen, aux responsables des Mouvements politiques présentant des listes aux prochaines élections européennes et aux candidats figurant sur ces listes.
Ainsi fait, ces Messieurs, Dames sont priés de nous dire ce qu’ils pensent de l’omniprésence de l’anglais dans les instances européennes, et, s’ils la trouvent anormale, de nous préciser quels moyens d’action ils mettront en œuvre pour y remédier, pour, notamment, remettre notre langue à la place où elle était avant l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Union.
Vous êtes tous conviés, en vous inspirant — si vous le désirez — de la présente lettre ouvete, à écrire vous aussi aux candidats qui se présenteront pour l’élection du 9 juin.
Haut les cœurs !
Lettre ouverte du Collectif
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les Responsables des Mouvements politiques présentant des listes aux prochaines élections européennes,
Mesdames et Messieurs les candidats figurant sur ces listes,
Objet : Que comptez-vous faire contre la politique du tout-anglais actuellement menée dans l’Union européenne !
Nous, membres des collectifs et associations, ayant pour but la défense de la langue française, en notre qualité d’administrés et citoyens français, appelés à voter pour les prochaines élections au Parlement européen, nous souhaitons vous interpeller sur la situation alarmante de la langue française dont l’utilisation recule à tous les niveaux de la vie politique nationale et surtout internationale.
Le langage de nos édiles nationaux, qu’ils soient politiques, économiques, médiatiques ou culturels, préfère, aujourd’hui, systématiquement, utiliser des slogans en anglais plutôt qu’en français (Choose France, La French Tech, French Impact, Next 40, Purple Campus, Oh my Lot, Startup Nation, Let’s Grau, Montpellier Business School, etc.) avec le corollaire implicite que toute idée de progrès et de modernisme ne pourrait s’exprimer qu’en anglais. C’est ainsi que le reniement systématique, au plus haut sommet de l’État, des dispositions linguistiques, pourtant minimales, de la loi Toubon, votée il y a trente ans, et, aussi, de l’ordonnance de Villers-Cotterêts régissant, depuis 1539, l’obligation d’utiliser la langue française dans l’administration de l’État, constitue une agression sans précédent du peuple français ; la Constitution garantit pourtant, dans son article 2, que la langue de la République est le français !
S’agissant des Institutions européennes auxquelles vos formations aspirent à être représentées parlementairement, le constat est encore plus accablant ! La sortie définitive du Royaume-Uni de l’Europe, en mars 2021, aurait dû, en effet, entraîner un retour au plurilinguisme qui y présidait originellement, et qui donnait alors au français une représentation proportionnelle à son rôle éminent et fondateur dans la construction européenne. Au contraire de ce retour aux principes de base, pourtant inscrits dans les traités, c’est la généralisation systématique de l’anglais que la Présidente Ursula VON DER LEYEN a imposée unilatéralement et sans aucun débat démocratique, comme seule langue de travail de la Commission européenne, suivie par le Parquet européen et la Cour des comptes européenne, ainsi que par toutes les communications officielles des instances européennes !
Ce « COUP D’ÉTAT LINGUISTIQUE », sans précédent, est une grave violation du règlement n° 1 de 1958, charte qui statuait sur l’emploi des langues officielles et de travail des institutions, dont le non-respect est la négation même de la diversité culturelle européenne, au travers du mépris affiché envers les autres langues de l’Union européenne et contraire à l’esprit du Traité de Rome.
Exercé sous couvert de belles envolées lyriques, ce nouveau totalitarisme, de fait, a réussi à formater tous les niveaux de cette gigantesque organisation qu’est l’Europe, dans le moule réducteur de la pensée unique qui arrache à tout un chacun la liberté de penser dans sa langue, et a fortiori, dans sa singularité… Ainsi s’accomplit, implicitement, le funeste dessein d’hégémonie planétaire, par l’unification linguistique, que Churchill avait déjà habilement défini dans son « fameux » discours d’Harvard, en 1943… Or, une langue qui rend toutes les autres inutiles ou superflues et qui les cantonne progressivement à la littérature et au seul folklore, purement local ou nostalgique d’un passé révolu, n’est plus une langue de communication… C’est une langue de destruction massive ! Force est de constater que l’anglo-américain est devenu le principal vecteur de dilution du génie des cultures qui enrichissent l’Humanité de leurs différences et de leurs singularités. Umberto ECO, lui-même, n’insistait-il pas déjà sur la nécessité de recourir à la traduction et au plurilinguisme dans des institutions censées refléter les spécificités de chacun des États-membres ? Car soumettre de la sorte les débats européens aux codes culturels anglo-américains, constitue un acte profondément anti-européen qui favorise, par la vision sous-jacente du monde anglophone, les intérêts linguistiques, mais aussi économiques et géopolitiques du Royaume-Uni et des États-Unis d’Amérique, pays non membres de l’UE ! D’ailleurs, l’acronyme européen n’est-il pas devenu, du fait de son anglicisation, l’EU comme ÉTATS-UNIS et, non plus, l’UE comme UNION EUROPÉENNE.
Quant à la situation du français dans les instances européennes, elle n’est plus alarmante, mais catastrophique ! Depuis 2016, 81 % des textes, produits par l’UE, le sont en anglo-américain, contre 5 % en français. Cette situation n’est plus tolérable au moment même où la langue anglaise n’est plus parlée, en tant que langue officielle, que par moins de 2 % des Européens (Irlandais et Maltais) !
Comment, dès lors, ce coup d’État linguistique pourrait-il être perpétré en notre nom ? Et comment pourrions-nous nous sentir représentés par des édiles qui emploient sciemment une langue extérieure à l’Union ? Lorsque l’on sait que les institutions de l’EUROPE sont concentrées dans les villes francophones de Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles… et que la langue française y fait de plus en plus de la figuration, c’est tout dire des intentions « d’américanisation heureuse » d’une Union qui se discrédite complètement par sa ridicule croyance au mythe du « monolinguisme », tout comme au mythe de la « communication universelle ».
Vous aspirez à représenter au Parlement européen l’une des cinq principales puissances mondiales, notamment en termes d’économie, de culture, de poids géopolitique. Cette puissance, la France, avance précédée d’un hymne, d’une devise, d’un drapeau et d’une langue. Cette dernière la caractérise particulièrement, porteuse d’éthique et d’esthétique. Éthique des droits de l’homme, de l’universalisme, de l’humanisme. Esthétique par des qualités d’élégance et de clarté qui lui valent, entre autres, de figurer à la première place parmi les pays d’origine des Prix Nobel de Littérature ; et lui permit, durant des siècles, de représenter une Langue essentielle à l’humanité et la LANGUE INTERNATIONALE par excellence !
Or voilà que cette langue chargée d’histoire et de pensée universelle tombe en désuétude, étouffée dans sa richesse par l’invasion de l’anglo-américain orchestrée au plus haut niveau des instances nationales et internationales ; restreinte dans son utilisation même, y compris entre francophones ; attaquée sans trêve sur ses positions internationales — elle qui tente de demeurer l’une des deux langues officielles de plusieurs dizaines d’organismes mondiaux… Au Parlement européen, des voix françaises (mais pas uniquement) se sont élevées pour réclamer plus d’attention à la langue historique de la diplomatie… Voix sporadiques ; voix isolées ; voix inaudibles !
Aussi, nous vous demandons instamment de nous préciser ce que votre formation politique autant que vos convictions personnelles vous dicteront de faire, dans l’hémicycle européen, dans l’hypothèse où vous auriez l’honneur de nous y représenter ou d’y envoyer certains de vos membres :
— Afin de mettre fin à l’inacceptable monopole de l’anglais comme langue de travail en dénonçant son caractère contraire aux traités fondateurs, en luttant contre l’addiction anglomane des membres de la Commission, du Parlement et des autres institutions européennes, particulièrement intolérable après le Brexit ?
— Afin de reconsidérer la place du français comme un sujet majeur lié à celui du plurilinguisme dans les institutions de l’UE ? Dans l’affirmative, quelles formes prendraient vos interventions ? ;
— Enfin de mettre au premier plan, dans la future élection du nouveau Président de l’Exécutif européen, la question du rétablissement d’une pratique régulière du français, conforme à son importance dans la construction de l’Europe, au même titre que les autres langues des pays fondateurs (dont ne fait pas partie l’anglais) ?
Vos réponses, que nous vous remercions de transmettre avant le 15 avril prochain, nourriront les informations que nos associations et collectifs transmettront à la presse et aux réseaux sociaux. De vos convictions et intentions exprimées à cette occasion dépendra le jugement que porteront nos nombreux membres et sympathisants, en toute liberté individuelle de citoyen, sur vos formations politiques et les listes qui les représentent.
Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de nos sentiments francophones respectueux.
— Alain Layet, pour le Collectif, adresse courriel : alain.layet@gmail.com
— Louis Maisonneuve, Président d’ODL, Observatoire Des Libertés,
adresse courriel : observatoire.deslibertes@laposte.net ;
— Daniel Miroux, président de l’Alliance Champlain, https://www.alliance-champlain.asso.nc/,
adresse courriel : alliance.champlain@lagoon.nc, tél. : +687. 81.02.07 ;
— Philippe Carron, Collectif Langue française, Jura et Suisse romande,
adresse courriel : philippe.carron@citycable.ch ;
— Serge Dubief, Président de l’EIdFQ, Entente Ile-de-France/Québec, site : http://iledefrancequebec.fr,
adresse courriel : serge.dubief77@gmail.com, Tél. : 33 – (0) 6 86 86 51 60 ;
— Philippe Reynaud, Président de « Défense de la langue française en pays de Savoie »,
adresse courriel : dlfsavoie73-74@laposte.net ;
— Régis Ravat, Président de l’Afrav, Association FRancophonie AVenir, https://www.francophonie-avenir.com/fr/,
adresse courriel : afrav@francophonie-avenir.com.
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