02/02/2022 (2022-02-02)
[Source : FranceSoir]
Auteur(s): FranceSoir
Selon une étude réalisée aux États-Unis, la pauvreté a un effet direct sur l’activité cérébrale des enfants, pendant la petite enfance. Appelée “Baby’s First Years” [la première année d’un bébé], ce programme de recherche montre aussi comment une allocation mensuelle inconditionnelle accordée aux familles à faible revenu pourrait avoir un impact positif sur l’activité cérébrale du nourrisson. Selon l’étude, une somme mensuelle de 300 euros suffirait à changer le destin des enfants !
La pauvreté a des conséquences sur le développement du cerveau de l’enfant
Kimberly Noble, de l’Université Columbia à New York, explique que cette étude a été réalisée dans le cadre d’un programme qui vise à donner une aide mensuelle aux familles à faible revenu pour améliorer l’activité cérébrale de l’enfant, et cela dès sa première année. À partir des études neuroscientifiques qui ont déjà décrit des liens entre le milieu socio-économique d’un enfant et son développement cérébral, l’équipe de chercheurs s’est penchée particulièrement sur la question du mécanisme précis qui relie la pauvreté des enfants et la réduction du volume de matière grise dans l’hippocampe et le cortex frontal, qui est associé au développement ultérieur de la pensée et de l’apprentissage. Ces changements ont été observés tout au long de l’enfance et de l’adolescence. Les cerveaux de 1 000 bébés issus de familles à faible revenu (18 000 euros par an) dans quatre régions métropolitaines des États-Unis (New York, la grande Nouvelle-Orléans, Minneapolis-Saint Paul et Omaha) ont été étudiés entre 2018 et 2019.
Quels changements avec une allocation de 300 euros par mois ?
L’équipe a donné à la moitié des mères des bébés une allocation mensuelle de 300 euros par mois et à l’autre moitié 18 euros par mois. La somme la plus généreuse correspond, selon les études, à la quantité nécessaire pour faire partie des familles à revenu supérieur qui montraient une amélioration des performances scolaires de leurs enfants plus tard dans la vie. Le premier paiement a été reçu par les familles peu de temps après la naissance de leur bébé et ces sommes pouvaient être dépensées comme elles le souhaitent, sans aucune condition. Juste avant, ou peu après avoir atteint l’âge d’un an, les chercheurs ont constaté que les nourrissons du groupe ayant reçu l’allocation la plus élevée en espèces montraient plus de puissance cérébrale à l’aide d’un encéphalogramme. Selon les chercheurs, « des transferts monétaires mensuels inconditionnels aux mères en situation de pauvreté au cours de la première année de vie de leurs enfants peuvent modifier l’activité cérébrale du nourrisson ».
La neuroplasticité et l’adaptation environnementale des nourrissons explique le développement des compétences cognitives ultérieures
Kimberly Noble se félicite des résultats : « Nous montrons pour la première fois que la réduction de la pauvreté a un impact causal sur l’activité cérébrale ». Au contraire, des revenus plus faibles dans les familles ont été associés à des niveaux plus élevés de stress familial, qui à leur tour nuisent au développement du cerveau d’un enfant. « Le fait que nous ayons constaté des effets après seulement un an témoigne vraiment de la remarquable plasticité du cerveau en développement et de sa sensibilité aux ressources économiques », ajoute-t-elle. Pour mieux comprendre cette plasticité, les chercheurs doivent encore étudier les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui influencent le développement du cerveau. Malgré la courte durée de l’étude, seulement un an, les chercheurs ont pu valider leur hypothèse de corrélation entre ressources économiques et développement cérébral. L’équipe continuera à suivre les enfants jusqu’à leur quatrième anniversaire pour approfondir sur la question.
Auteur(s): FranceSoir
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