Vers la disparition des Acadiens ?

17/10/2022 (2022-10-17)

[Source : acadienouvelle.com]

[Illustration : Les colons français contraints à l’exil de l’Acadie en 1755.]

La louisianisation planifiée du Nouveau-Brunswick, ou le second génocide acadien

Les résultats du dernier recensement ne font que confirmer une certitude mathématique : la disparition prochaine du peuple acadien et la redéfinition de la carte du monde francophone. Face à un environnement hostile, et en mémoire des sacrifices de leurs ancêtres, les Acadiens ne doivent plus faire preuve de naïveté, et ne plus se détourner de l’essentiel.

[NDLR Plusieurs nations francophones semblent pareillement menacées de disparition à plus ou moins long terme, dont la Québécoise francophone et la Française, phagocytées par des flux d’immigration massive. Cependant, si elles retrouvaient des valeurs chrétiennes, leur taux de natalité pourrait de nouveau croître, car leur actuel mode de vie occidental matérialiste, jouissif, égoïste et tueur de fœtus serait remplacé par un autre tourné vers la vie, vers autrui et vers des objectifs supérieurs en termes de créativité humaine, de valeurs morales, et d’épanouissement spirituel.]

Avec une nouvelle baisse du poids des francophones, de 1,5 point de pourcentage en seulement cinq ans, et à 30,3 % de la population provinciale, les résultats du dernier recensement ne font que confirmer une incontestable certitude mathématique : la disparition prochaine du peuple acadien et la redéfinition des frontières et de la carte du monde francophone, dont l’Acadie du Nouveau-Brunswick ne fera plus partie.

Une disparition inéluctable…

À cause d’une natalité catastrophique (l’une des plus faibles au monde), d’un niveau important d’assimilation, d’un cruel déficit en immigration, et de l’assimilation, à terme, d’une partie même de la descendance de cette immigration, la francophonie du Nouveau-Brunswick connaît le même processus d’extinction déjà observé en Louisiane. Cet État, où les francophones voyaient leur poids baisser continuellement, perdant localité après localité, jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun village francophone, et donc plus aucune vie francophone.

Selon toute vraisemblance, la prochaine ville que les Acadiens perdront sera celle de Campbellton, où les francophones sont passés de 53,9 % à 52,3 % entre les deux derniers recensements. Devraient ensuite suivre, assez rapidement, les villes de Shediac et de Dieppe, où la francophonie s’est écroulée en passant respectivement de 72,2 % à 65,9 %, et de 72,7 % à 67,0 %. Comme en Louisiane, ou au Manitoba, ces villes seront à leur tour suivies par toutes les autres localités francophones, une après l’autre et jusqu’aux plus reculées d’entre elles.

Triste constat lorsque l’on pense aux terribles souffrances endurées par les ancêtres des Acadiens d’aujourd’hui, qui ont réussi par leur courage, leurs sacrifices et les hurlements des Acadiennes lors de leurs multiples accouchements, à redonner vie, espoir et avenir à leur peuple. Un peuple, qui n’avait plus qu’une présence insignifiante dans les Maritimes après ce qu’il convient plutôt d’appeler le « génocide » acadien, conformément à la définition désormais souvent retenue pour le terme, comme par l’ONU et les États-Unis pour décrire la récente tragédie, fort comparable, des Rohingyas de Birmanie (respectivement dans un rapport du 27 août 2018, et dans une déclaration du 21 mars dernier). Mais grâce à son courage, le peuple acadien réalisa une remontée fulgurante, passant à 15 % de la population du Nouveau-Brunswick en 1871, puis à 36 % en 1951, faisant même dire alors à certains que la province redeviendrait bientôt majoritairement francophone. 

… et clairement planifiée

Ces souffrances et ces sacrifices n’auront donc, pour finir, servi à rien. Car le processus de disparition définitive du peuple acadien est désormais enclenché, et clairement entretenu par la majorité anglophone de la province qui n’acceptera évidemment jamais de lui fournir l’oxygène dont il a besoin pour sa survie, à savoir une immigration francophone suffisamment importante.

En effet, voilà déjà longtemps que les Acadiens sont loin d’atteindre leur objectif de 33% d’immigration internationale francophone, et que leur sont fournies des explications dont la non-sincérité ne fait aucun doute : si le gouvernement provincial le voulait vraiment, il pourrait non seulement et facilement atteindre cet objectif, mais même parvenir à une immigration presque entièrement francophone, tant la demande est importante, et en particulier au sein du monde francophone (le plus dynamique des espaces linguistiques, et dont la population vient de dépasser les 540 millions d’habitants). Et pourtant, cet objectif est loin d’être suffisant, car même s’il devait être atteint, cela n’interromprait nullement le processus de disparition du peuple acadien, qui a en réalité besoin d’une immigration internationale à plus de 40 % francophone, car devant tenir compte du fléau de l’assimilation, voire environ 50 % francophone, en tenant compte de l’immigration interprovinciale grandissante. Ce que la majorité anglophone n’acceptera, là encore, jamais. 

Ce refus systématique et injustifié d’accorder aux Acadiens ne serait-ce que le modeste niveau d’immigration qu’ils réclament, démontre bien le caractère planifié de leur extinction. Pourtant, force est de constater qu’ils se caractérisent par la mollesse de leurs réactions et une quasi-absence d’émotion. Nul ou presque ne semble mesurer la gravité de la situation, alors que leur disparition est une certitude, faute de natalité suffisante et à cause d’une immigration qui sera toujours et volontairement maintenue à un niveau lui aussi insuffisant. Si les Acadiens peuvent continuer à être, probablement, le plus sympathique des peuples du monde francophone, il est temps qu’ils cessent d’en être peut-être le plus naïf…

À défaut d’une province protectrice : la natalité

La seule solution est donc la natalité, d’autant plus que la baisse continue et généralisée du poids des francophones rend de moins en moins possible la création d’une province acadienne. L’abandon de cette idée fut sûrement la plus grave erreur commise par les Acadiens, qui se sont ainsi condamnés à leur propre disparition, faute de frontières protectrices leur permettant, notamment, le luxe d’avoir une faible natalité. Sans province acadienne, où ils fixeraient les règles du jeu, les Acadiens se sont donc, en d’autres termes, condamnés ad vitam aeternam à devoir afficher une assez forte fécondité salvatrice.

Désormais, la question de la natalité devrait être quasiment la seule et unique des préoccupations des Acadiens. À défaut, ils doivent cesser de perdre leur temps et leur énergie à demander l’impossible, comme une immigration à hauteur de leurs besoins, ou à réclamer d’inutiles lois et droits linguistiques (ambulanciers, agents de police ou vendeurs d’alcool bilingues, Lieutenant-gouverneur bilingue…), qui seront enterrés dans quelques années au fur et à mesure de leur extinction. Avec la baisse continue du poids des francophones, faute de territoire dans lequel ils sont maîtres, tout effort accompli dans ces domaines juridique et politique n’est que gaspillage d’énergie et d’argent public. Seul un sursaut de la natalité est capable d’assurer un avenir aux Acadiens (en maintenant leur présence et la possibilité de création d’une nécessaire province acadienne), et de faire faire des cauchemars en plein sommeil à ceux qui veulent les voir disparaître, une fois pour toutes.

Un réveil acadien en matière de fécondité est donc vital. Le sujet ne doit donc plus être tabou, à la plus grande satisfaction de ceux qui attentant impatiemment la disparition du fait francophone Une étude réalisée en 20171 démontrait que les francophones devaient atteindre un taux de fécondité d’environ 2,7 enfants par femme, soit le double du niveau actuel, afin de pouvoir combler les déficits causés par l’assimilation et l’immigration. Avec la hausse récente de l’immigration, le taux requis peut aujourd’hui être estimé à trois enfants, un niveau que l’on rencontre dans des pays assez développés comme l’Algérie et l’Égypte (qui concentre 103 millions d’habitants sur un territoire, hors Sahara, inférieur à celui du Nouveau-Brunswick, qui reste donc largement à peupler…). Ainsi, il ne faut nullement dramatiser le sujet, notamment car il n’est plus nécessaire d’avoir autant d’enfants que par le passé pour survivre, compte tenu de la baisse de la natalité côté anglophone. Désormais, une moyenne de trois enfants suffit à atteindre la même efficacité qu’une moyenne de cinq à six enfants auparavant. 3 = 6, voilà l’équation magique que devraient retenir tous les Acadiens, à qui nul ne demande plus d’avoir 6, 8 ou 10 enfants…

La natalité est avant tout une question de mentalité, d’état d’esprit, et non de moyens. Et un peuple sans enfants, et dépourvu de frontières protectrices, n’a absolument aucun avenir. Ceci est une constante historique et éternelle. Les Acadiens n’ayant réussi à survivre au premier génocide que grâce à leur forte natalité, ils ne survivront donc guère à cette sorte de second génocide, lent et silencieux. Si rien ne change, la disparition du peuple acadien est une certitude absolue. La génération actuelle d’Acadiens sera la fossoyeuse des réalisations et exploits des ancêtres, et entrera dans l’histoire comme la responsable de la disparition du peuple acadien, du rétrécissement de la francophonie mondiale, et de la victoire totale et posthume des génocidaires britanniques du milieu du 18e siècle.


⚠ Les points de vue exprimés dans l’article ne sont pas nécessairement partagés par les (autres) auteurs et contributeurs du site Nouveau Monde.

  1. [1] « Province acadienne ou hausse de la natalité, uniques solutions » (Ilyes Zouari, septembre 2017)
    www.cermf.org/province-demographie-acadie

    Texte d’abord publié par le journal Acadie Nouvelle, sous le titre :
    « Le peuple acadien devra faire preuve de courage s’il veut survivre »
    www.acadienouvelle.com/mon-opinion/2017/09/11/acadiens-doivent-faire-preuve-de-courage/[]