Les enjeux du voyage de Macron à Alger

[Source : Algerie54]

Par Mehdi Messaoudi

Le président français Emmanuel Macron est attendu le 25 août à Alger, dans le cadre des tentatives françaises de regagner la confiance de la Nouvelle Algérie, qui avait à maintes reprises, exprimé par le biais de sa haute autorité, sa rupture avec l’attitude des anciens dirigeants au sujet des relations algéro-françaises.

La souveraineté nationale, avant tout

Le président Tebboune, intronisé à la magistrature suprême, à l’issue des élections démocratiques et libres du 12 décembre 2019, post-hirak béni, avait exprimé à ses interlocuteurs français, que l’Algérie nouvelle ne badine pas avec sa souveraineté nationale, et l’interdiction du survol de l’espace aérien algérien par les avions français en activité au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane, signe la première action digne de nom de remettre les pendules à l’heure au sujet de la souveraineté nationale, chèrement acquise et legs des sacrifices de nos glorieux martyrs. Cette action avait été d’ailleurs accompagnée par un rappel à l’ordre de l’ancien ambassadeur français à Alger, Xavier Driencourt, qui se comportait à l’instar de ses prédécesseurs Bernard Bajolet et Bernard Emié, comme si l’Algérie était un « département » d’outre-mer. Ces diplomates bénéficiaient durant les dernières décennies de toutes les largesses et facilités leur permettant de foutre leurs nez dans les activités politiques, économiques, culturelles, sportives, médiatiques et société civile, soutenus, il faut bien le préciser, par les néocolonisés de la 5e colonne. L’establishment français était impliqué dans toutes les tentatives de déstabilisation du pays visant à maintenir son tutorat. La volonté politique des nouveaux dirigeants du pays et la détermination de tout un Peuple en ont décidé autrement. Le retour à l’ordre constitutionnel via des élections législatives locales, l’amendement de la constitution permettant la séparation du pouvoir politique de celui de l’argent, et la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de développement des capacités intrinsèques du pays, devançaient les plans concoctés et élaborés dans les officines néocoloniales et des nostalgiques de l’Algérie française.

La nouvelle Algérie n’est plus la vache à traire

La France a été le grand bénéficiaire sur le plan économique des deux dernières décennies, via ses entreprises et son Medef, en ratissant large en matière d’octroi de projets, et via un accord d’association avec l’Union Européenne qui a légitimé le bradage des richesses nationales et favorisé le transfert à la limite de la légalité de l’argent des Algériens issu des revenus des hydrocarbures. Les lois adoptées par les différents gouvernements étaient faites conformément aux plans de pillage règlementé, mis en service au profit des entreprises françaises et des cabinets de consulting et d’expertises.

Aujourd’hui, l’Algérie revient en force sur la scène internationale, grâce à son engagement pour un nouvel ordre mondial multipolaire, et les partenaires se bousculent pour conclure des accords de partenariat avec l’Algérie. Compte tenu de l’expérience vécue avec la France, Paris a peu de chance de réussir la conclusion de faramineux contrats pour sauver les entreprises françaises. Paris n’inspire plus confiance, car les expériences vécues nous révélaient que la France veut maintenir l’Algérie comme un marché pour écouler ses produits, et n’est jamais prête à aller bâtir un partenariat économique gagnant-gagnant. La redynamisation de l’appareil propagandiste, du lobby très actif au niveau des administrations et le lancement de l’offensive culturelle maquillée en activités littéraires et artistiques pour ressusciter les symboles de la colonisation, comme Yves Saint-Laurent et Albert Camus, ont peu de chance d’aboutir devant la détermination des nouveaux dirigeants algériens soucieux de mettre l’Algérie, dans la place qu’elle lui sied dans le concert des nations, conformément à la fidélité du serment de nos glorieux martyrs.

Les engagements non tenus de Macron

Comme l’ont bien souligné les Ukrainiens, Macron promet la chose et fait son contraire. Pour mieux illustrer cela, ils viennent d’enrichir la langue française du verbe « macroner ». Emmanuel Macron s’est rendu deux fois en Algérie, une fois en tant que candidat de la présidentielle française de 2017 et une autre en tant que locataire de l’Élysée. Et à chaque fois, il déçoit les Algériens, sa promesse de proclamer la colonisation française de l’Algérie comme un crime contre l’humanité, n’était qu’une chimère et de la poudre aux yeux, démentie par sa déclaration d’effacer l’histoire d’une nation appelée l’Algérie.

Le dossier de l’énergie sur la table

Il n’est pas exclu, que le président français abordera avec les dirigeants algériens, le dossier énergétique lié à l’approvisionnement de l’Europe en gaz algérien. Si rien n’a été dit sur les dossiers qui seront mis sur la table des discussions et négociations entre les deux parties, il en demeure que certains indices plaident pour la reprise de l’approvisionnement via le GME, desservant l’Espagne, via le Maroc. Une reprise indispensable pour la relance du gazoduc MidCat (Midi-Catalogne), reliant l’Espagne à la France et qui intéresse en premier lieu l’Allemagne dont le chancelier Olaf Scholz, en a fait allusion, il y a quelques jours, en évoquant la stratégie à court terme de son pays, pour faire face à la dépendance de Berlin au gaz russe.

Pour s’affranchir du gaz russe, comme le souhaite L’Union Européenne, Bruxelles est favorable à la relance du projet MidCat, ce gazoduc reliant l’Espagne à la France, lancé en 2013 puis abandonné en 2019. Il prévoit un tuyau de 230 kilomètres partant d’Hostalric, au nord de Barcelone, pour rejoindre Barbaira, à l’est de Carcassonne, en traversant les Pyrénées. L’Espagne pousse à fond le projet. À la faveur de la crise ukrainienne, le pays s’imagine devenir un grand « hub gazier » reliant le sud et le nord de l’Europe. Les infrastructures sont déjà là, avec sept terminaux de GNL, soit un quart des capacités de l’UE, où accostent des méthaniers en provenance d’une quinzaine de pays, et deux gazoducs reliés à l’Algérie, dont l’un a toutefois été arrêté en novembre par le gouvernement algérien, en raison des tensions avec le Maroc.

Mais l’Espagne manque d’interconnexions avec la France, au point que 60 % de la capacité disponible dans les terminaux espagnols n’est pas utilisée. Aujourd’hui, l’Espagne peut représenter jusqu’à 6 % de l’alimentation en gaz de la France. Avec cette nouvelle infrastructure, les volumes de transit seraient doublés, permettant de réduire significativement la dépendance de la France au gaz russe. Début 2019, les régulateurs français et espagnols avaient pourtant contribué à l’enterrement du projet. Évalué à 440 millions d’euros, il était alors jugé à la fois trop cher et non indispensable.

A priori, les Algériens sont peu intéressés par les soucis franco-espagnols d’approvisionnement en gaz, préférant renforcer leur partenariat stratégique avec l’Italie, un partenariat loin des alliances de connivence comme ce fût le cas avec Madrid, dont le gouvernement de Pedro Sanchez avait trahi la confiance d’Alger et des intérêts de son peuple pour s’aligner sur la position coloniale du Maroc dans le dossier du Sahara occidental. Sur ce registre, il est clair que Paris s’aligne aussi sur la position marocaine, comme l’illustre bien son véto pérennisé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, évitant à Rabat des sanctions internationales et privant un peuple de bénéficier du droit d’autodétermination.

Les dossiers du Mali et la Libye

Les deux présidents évoqueront certainement les questions des crises au Mali et la Libye. Sur ce plan, il est clair que la France tente de trouver une sortie honorable du bourbier malien, dont les dirigeants sont déterminés à mettre fin à l’influence française. Les derniers actes terroristes n’ont fait que renforcer la conviction des Maliens, à chasser la France de leur territoire. La relance du processus d’Alger via l’intégration de 26 000 combattants rebelles au sein des Fama, et la redynamisation du processus politique pour se doter d’institutions élues au cours de l’année 2024, ont mis fin aux velléités néocoloniales de la France de maintenir le Mali sous son joug. Le dossier libyen sera aussi sur la table et la France est pointée du doigt comme la première puissance ayant organisé la chute et l’assassinat du leader libyen Mouammar El Gueddafi. Comme à l’accoutumée, l’Algérie réclame la fin de la présence étrangère et le départ des milices étrangères, comme condition première favorisant le dialogue inter-libyen, pour une solution libo-libyenne, allant dans le sens de la tenue d’élections présidentielles et législatives permettant à la Libye de se doter d’institutions élues et libres, conformément aux résolutions onusiennes.




Colons, colloque et colonisés

[Source : ahmedbensaada.com]

Il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, puis l’histoire secrète, où sont les véritables causes des évènements.

Honoré de Balzac

Note : Dans ce texte, il est question de la France officielle. En aucun cas il ne s’agit de nos nombreux amis français, humanistes, pacifistes et très respectueux de la souveraineté et de l’intégrité de l’Algérie.

Le 23 mai 1956, en pleine guerre d’Algérie, 26 professeurs français de la Sorbonne – dont le célèbre Raymond Aron – publiaient une déclaration dans le journal le Monde dans laquelle ils exprimaient « leur adhésion réfléchie à l’effort militaire qui est demandé au pays [la France]» et approuvaient le récent appel « pour le salut et le renouveau de l’Algérie française ».  Mentionnant « les bienfaits d’une œuvre poursuivie depuis 125 ans et dont aucun esprit honnête ne met en doute la valeur », ils soulignèrent que « cette œuvre est de celles dont les Français doivent rester fiers. Elle doit être continuée ».

Ces universitaires, qui prônaient une Algérie française, feignaient d’oublier que les Algériens, encarcanés dans l’abominable code de l’indigénat, ont baigné, 132 ans durant, dans un illettrisme multigénérationnel.

Concernant les valeureux combattants algériens, ils dénoncèrent « la disposition d’esprit qui […] dispense parfois aux crimes des fellagas une indulgence inadmissible […] et ne craint pas […] d’assimiler aux héros de la résistance des assassins de femmes et d’enfants ».

Et ces professeurs parisiens n’étaient pas seuls. La déclaration notait la solidarité avec cent soixante-dix autres collègues de l’université d’Alger.

Mais voilà que soixante-six ans plus tard, la même université parisienne a accueilli, du 23 au 25 juin 2022, un colloque intitulé « Algérie 1962-2022, Trajectoires d’une nation et d’une société », organisé par des descendants de ceux-là même que les sorbonniens traitaient de « fellagas » et d’« assassins de femmes et d’enfants ».

Comment se fait-il qu’après soixante années d’indépendance, de (trop) nombreux intellectuels algériens, purs fruits de l’Algérie indépendante, continuent à se cacher derrière les meurtrières de l’ancien pays colonisateur pour décocher des flèches empoisonnées vers leur propre pays?

Le calendrier aidant, le « 43e congrès national du cercle algérianiste » se tenait à Perpignan presque simultanément (du 24 au 26 juin 2022). Le programme? 

« Apologie de la colonisation, révisionnisme historique, mensonges par omission, minorisation et dénégation des massacres, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les armées françaises entre 1830 et 1962 […] ».

On se demande pourquoi les organisateurs du colloque parisien n’ont-ils pas saisi l’occasion pour unir leurs efforts avec les congressistes de Perpignan afin de concocter un seul et unique évènement qui aurait couvert exhaustivement la période 1830 – 2022! L’attaque contre l’Algérie et son indépendance aurait été plus efficace, n’est-ce pas?

En fait, au-delà de l’aspect anecdotique de ce bégaiement historique, ce colloque parisien soulève plusieurs questions sérieuses.

Le timing

Le 5 juillet prochain, c’est-à-dire à peine deux semaines après le début de ce colloque, l’Algérie et les Algériens fêteront le soixantième anniversaire de leur indépendance. Une date mémorable qui rappelle le sacrifice de toute une génération de valeureux combattants qui ont donné leur jeunesse et leurs vies pour mettre fin à un joug colonial français sanguinaire, inhumain et raciste. Un système colonial barbare qui est une honte pour ce pays qui se targue d’être « le pays des droits de l’Homme » et qui trouve des « professeurs émérites » pour nous vendre cette ânerie qu’est la « mission civilisatrice de la France ».

Tous les pays ont le droit et le devoir de commémorer les dates importantes de leur histoire, en particulier leurs indépendances. C’est le cas, par exemple, des États-Unis le 4 juillet ou le Canada le 1er juillet. En France, là où se trouve l’université qui accueille le colloque, tous les 14 juillet, les militaires de ce pays se parent de leurs plus beaux uniformes pour parader le long des Champs Élysées. Ali Bensaad, le principal organisateur du colloque n’y a jamais vu aucun inconvénient. Par contre, il s’insurge contre le logo du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et trouve « scandaleux » qu’il comporte des éléments rappelant l’aspect militaire de la conquête de la souveraineté nationale (voir son interview à AlternaTV – @ 19’55’’). Non seulement il fait semblant de ne pas voir les éléments centraux de ce logo qui représentent le savoir et la technologie, mais il omet également de préciser qu’il a été choisi après concours national et que l’auteur est un ingénieur en électrotechnique et non pas un militaire.

Logo du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie
(Œuvre de Abdelmalek Zelagui, ingénieur en électrotechnique)

Tous les peuples ont le droit de fêter joyeusement leurs indépendances, surtout lorsqu’elles sont chèrement acquises après de multiples révoltes et une révolution dont les actes de bravoures et les sacrifices resteront à jamais gravés en lettres d’or dans l’histoire contemporaine. Il y a un temps pour se réjouir de nos acquis et de glorifier ceux grâce à qui nous avons pu les atteindre. Et il y a tout le reste de l’année pour évaluer ces mêmes acquis et débattre des politiques qui pourraient ou auraient pu nous permettre de les dépasser. Mélanger les deux, relève plus d’un illogisme patent – voire d’une réelle mauvaise foi – que d’un désir d’analyse objective et académique par un panel d’universitaires et de journalistes dont les orientations idéologiques à l’égard de l’Algérie est très questionnable. Nous y reviendrons subséquemment.

Le lieu

Le 8 mai dernier, le président français a présidé la cérémonie de commémoration du 77e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Voici le compte rendu d’un média français :  M. Emmanuel Macron « s’est rendu sur les Champs-Élysées pour ranimer la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe […]. Une minute de silence est observée pendant que résonne la sonnerie aux morts, avant que ne retentisse la Marseillaise ».

Une cérémonie à laquelle ont assisté les plus hautes autorités de l’armée française ainsi que des militaires invalides salués par le président en personne.

Peut-on imaginer des universitaires français organisant un colloque à Berlin sur le régime de Vichy ou sur la collaboration pendant l’occupation allemande? Ou sur les gilets jaunes? Ou sur la montée de l’extrême-droite en France? Ou sur ces présidents français si souvent épinglés par la justice de leur pays?

Peut-on imaginer des universitaires français organisant un colloque à Alger sur les crimes de la France durant la conquête, la colonisation ou pendant la guerre d’Algérie? Sur les enfumades, les razzias, les expropriations, les tortures, les viols et les assassinats commis pendant 132 ans d’occupation?

Comment donc expliquer que des universitaires qui ont été formés non pas par la France coloniale mais par l’Algérie indépendante aillent déblatérer sur l’Algérie et ses problèmes chez l’ancien colonisateur?

Où sont passés l’amour-propre, le respect de soi et celui des martyrs de la révolution. Où est passé le « nif », quoi!

Pensent-ils vraiment que la France officielle approuve leurs salmigondis pour des motifs de droits de l’Homme ou de démocratie? Pensent-ils vraiment que l’essor de l’Algérie intéresse la France officielle, celle-là même qui a écrasé leurs ancêtres pendant plus d’un siècle? Savent-ils que s’ils ne servaient pas la politique du Quai d’Orsay, ils seraient éconduits comme de vulgaires bougnouls? Peuvent-ils nous dire, par exemple, que font les crânes de nos concitoyens stockés dans des boites comme de vulgaires objets dans un édifice qu’ils ont abusivement baptisé « musée » comme si les restes humains de nos héroïques combattants pouvaient être considérés comme du matériel muséologique?

Cela me remémore un passage de mon livre « Kamel Daoud : Cologne, contre-enquête » :

« Quand je pense que ni Kamel Daoud, ni moi ne serions en train de débattre de la sorte si l’Algérie n’avait pas payé un lourd tribut afin de mettre fin au joug colonial français et accéder à son indépendance ! Dans le meilleur des cas, nous serions, lui à Mesra (village près de Mostaganem) et moi à Fillaoucène (village proche de Tlemcen), en train de garder les cochons et les truies du colon du coin, plongés dans une misère affreuse et une ignorance multigénérationnelle, sauf peut-être l’aptitude à reconnaître les gorets des verrats… »

(p.124)

Et c’est le cas de la quasi-totalité des participants d’origine algérienne!

Qu’on se le dise clairement. Si l’Algérie avait sombré dans cette maudite saison fallacieusement nommée « printemps » par les Occidentaux, la France aurait, sans aucun doute, agi en Algérie comme elle l’a fait en Libye ou en Syrie. Dans le premier pays, elle a tapissé le pays de bombes et, dans le second, elle a aidé des « mangeurs de cœurs humains » à faire « du bon boulot ». Pas au courant? Il faut juste poser la question à MM. Sarkozy et Fabius. Ils n’habitent pas trop loin du lieu du colloque.

Les participants

Tout d’abord, cet évènement ne peut pas être qualifié de « colloque » car, comme l’explique si bien son « organisateur en chef », M. Bensaad, il n’y a pas eu d’appel public à communications (voir son interview – @ 54’02’’) et cela semble bizarre que la « prestigieuse » université parisienne soit rentrée dans cette combine. Cela s’est passé entre copains de même ADN idéologique concernant l’Algérie que j’ai nommé dans une précédente occasion « consanguinité intellectuelle ». C’est le cas d’ailleurs des invités de ce média fantoche basé au Québec nommé AlternaTV qui fait de la pub pour l’évènement ou de ceux de Radio M, un autre média domicilié à Alger qui, lui, est financé par le Quai d’Orsay et dont certains abonnés et collaborateurs étaient présents à ce colloque. Tant pis! Il n’y aura pas de débat contradictoire. Les participants s’autocongratuleront, s’autocomplimenteront et s’autoféliciteront à la fin de l’évènement, espérant que leur laïus aura atteint les oreilles de leur roi Macron car certains attendent impatiemment le retour d’ascenseur. En effet, lorsque l’actuel président français s’attaqua méchamment et gratuitement à l’Algérie, Ali Bensaad prit sa défense dans Le Monde, journal connu pour son « amour inconditionnel » pour l’Algérie. Et il n’était pas le seul, loin s’en faut. Ce même quotidien avait ouvert ses colonnes, quelques jours plus tôt, au « Professeur émérite » (excusez du peu!) Lahouari Addi pour disserter de la pensée philosophique macronienne sur la création de l’Algérie. Et, vous l’avez peut-être deviné, M. Addi était présent au colloque en qualité de membre du comité scientifique.

Le comité scientifique du colloque

WOW! Quelle maîtrise de la science! Il en a fait brillamment la démonstration mathématique dans un calcul épique où il a admirablement jonglé avec les cm2 et les cm3! Époustouflant!

Le « Professeur émérite » Lahouari Addi et son calcul épique pour dénombrer les manifestants du Hirak: il les a juste confondus avec des sardines en boîte.

En défendant le président Macron, Ali Bensaad et Lahouari Addi rêvent-ils de devenir les « Moustapha Abdeljalil » ou les « Bourhan Ghalioun » d’une Algérie « printanisée »?

Moustapha Abdeljalil et Nicholas Sarkozy (Paris, le 1er septembre 2011)
Bourhan Ghalioun, François Hollande et Laurent Fabius (Paris, le 6 juillet 2012)

Lahouari Addi est un des « ténors autoproclamés du Hirak » que j’ai amplement cité dans mon livre sur le sujet. Il a longuement collaboré avec le think tank de la NED (National Endowment for Democracy), vitrine de la CIA, dont l’implication dans les révolutions colorées et le « printemps » arabe n’est plus à démontrer.

Cela n’est pas sans nous rappeler que Raymond Aron, le principal signataire de la déclaration d’allégeance à l’Algérie française du 23 mai 1956, a été lui aussi été largement financé par la CIA. Cela prouve que cette dernière n’a jamais cessé son travail continu de subversion des « élites » étrangères pour promouvoir son agenda politique dans les pays ciblés.

Et que dire des autres participants? Il serait évidemment trop fastidieux de disserter de leurs accointances et de leurs orientations politiques vu leur nombre, mais il est possible de les catégoriser.

Tout d’abord, et contrairement à ce qu’avance Ali Bensaad (voir son interview – @ 50’00’’), les participants ne font pas tous partie du milieu académique. On y remarque une forte présence de journalistes, pour la plupart d’entre eux de notoires « printanistes », appartenant au Monde (tiens donc!), à ce qui reste du Monde Diplomatique et des habitués de Radio M et de la secte algéroise des « Zigomars » dont Ali Bensaad et Lahouari Addi cognent assidument à la porte d’entrée.

En passant, il n’est pas inutile de rappeler que Le Monde est financé par l’Open Society, la fondation de George Soros, un autre spécialiste des « regime change » à l’instar de la NED.

Le journal Le Monde est financé par l’Open Society de George Soros.
[Ndlr : et par la fondation Bill et Melinda Gates. Voir notamment :
Pourquoi la Fondation Bill & Melinda Gates a subventionné le journal Le Monde à hauteur de 4 millions de dollars ?]

Il y a aussi des universitaires algéro-algériens qui ont fait leur pèlerinage à Paris et qui ont, depuis 2011, adopté le « printemps » comme saison de prédilection pour les pays arabes. Il est intéressant de noter que certains d’entre eux ont bénéficié de bourses américaines prestigieuses, ceci expliquant cela.

Le plus étonnant c’est qu’ils ont non seulement pris congé de leurs charges pédagogiques (l’année universitaire n’étant pas encore close), mais certains ont aussi bénéficié d’une prise en charge étatique pour participer à ce colloque! C’est ce que nous révèle Ali Bensaad dans son monologue avec AlternaTV (voir son interview – @ 43’12’’).

Les congés scientifiques financés par le gouvernement algérien serviraient-ils aux universitaires algériens pour collaborer à ce type de colloques? Si c’est le cas, c’est gravissime.

Ces mêmes intellectuels qui sont allés à Paris analyser les « Trajectoires d’une nation et d’une société » pourraient commencer par le commencement, c’est-à-dire analyser leurs comportements dans leurs pratiques pédagogiques quotidiennes et leurs relations professionnelles. En effet, certains se vantent de ne se présenter à l’université qu’une seule (et unique) journée par semaine (sic!) tandis que d’autres communiquent avec leurs collègues enseignantes avec le langage fleuri des injures et des insultes (re-sic!). Il n’est pas utile de citer des noms, les concernés se reconnaitront.

Il va sans dire qu’avant de donner des leçons à toute l’Algérie, il est fortement recommandé de prendre le temps de balayer devant sa porte. Et ce simple et banal conseil est valable pour tous les invités du colloque.

En ce qui concerne les autres participants, on a affaire à certains sympathisants (militants?) du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) comme Salem Chaker (lire cet article et, pour plus de détails, voir cette émission @ 1h 34’ 45’’), une organisation séparatiste classée terroriste par le gouvernement algérien.

Ajoutons à cela des « quituquistes » notoires, tel Omar Benderra, qui accusent l’armée algérienne des crimes commis par les djihadistes algériens lors de la décennie noire ( voir cette émission @ 1h 15’ 05’’). Benderra et ses acolytes sont reliés à l’organisation islamawiste « Rachad » (lire mon article sur le sujet), elle aussi classée terroriste par le gouvernement algérien. Rappelons à ce sujet que le « professeurissime » Lahouari Addi avait qualifié Mourad Dhina, un des fondateurs de « Rachad », « d’Erdogan algérien »!

Ainsi, les trois composantes du Hirak frelaté en l’occurrence les ONGistes, les makistes et les islamawistes sont soit présents dans ce colloque, soit représentés par des sympathisants et des collaborateurs actifs.

Pour l’anecdote, j’avais analysé la rhétorique de Ali Bensaad en comparaison de celle de Larbi Zitout, un autre membre fondateur de « Rachad ». Ce dernier est un saltimbanque du Hirak qui passe son temps à croasser sur le cyberespace, s’attaquant à tout ce qui bouge en Algérie. J’étais arrivé à la conclusion que leurs discours avaient plusieurs similitudes du point de vue rhétorique, malgré l’énorme différence entre leurs parcours. En réalité, on se rend compte qu’ils mènent le même combat à la seule différence que Ali Bensaad se cache derrière une toge et un mortier. Un combat pour la « printanisation » de l’Algérie et le colloque parisien en est un des multiples instruments.

Mais sachez messieurs les « intellectuels invités de la Sorbonne », en Algérie nous préférons voir les feux d’artifice des Jeux Méditerranéens monter vers le ciel d’Oran plutôt que les bombes de l’OTAN descendre sur les têtes des Libyens.

Nous préférons voir les sourires et la joie sur les visages des sportifs méditerranéens plutôt que la peur et les larmes sur ceux des réfugiés syriens.

Nous préférons voir la Méditerranée comme une mer de paix et d’amitié entre les peuples plutôt qu’un tombeau pour le petit Aylan.




Mediapart et ses gros ciseaux

[Source : ahmedbensaada.com]

Par Ahmed Bensaada

Le saviez-vous? Médiapart a de gros ciseaux. Aussi gros que la bêtise, l’information biaisée et le manque d’éthique professionnelle, tous réunis dans le même lieu. Oui, Mediapart, le canard du moustachu trotskyste, celui-là même dont les pratiques journalistiques très louches ont été étalées dans « La Face cachée du Monde » et qui ont mené à sa démission de la direction du Monde. Celui-là même dont on disait :

« En matière d’investigation, il ne faisait rien d’autre que de recopier les fiches des renseignements généraux et reprendre les matériaux que ses amis syndicalistes policiers lui amenaient régulièrement ».

Pierre Péan et Philippe Cohen s’attaquent au quotidien « Le Monde » | Archive INA

C’est dans son journal, Mediapart, transformé par je ne sais quelle escroquerie intellectuelle en « temple de la déontologie », qu’une géante paire de ciseaux a été érigée en totem de la censure.

Et cet outil a été récemment utilisé à l’occasion d’un piteux article signé par Rachida El Azzouzi, une journaleuse qui a fait du Hirak algérien un fonds de commerce lucratif (on y reviendra dans un article plus approfondi). La disciple du moustachu trotskyste titra, sans cligner des yeux et en bombant le torse : « En Algérie, le journalisme continue de mener en prison ».

Bien que je sois personnellement contre l’emprisonnement des journalistes dans le cadre de l’exercice de leur fonction, il est quand même étonnant de constater les nombreuses lacunes qui jonchent son texte. Et en journalisme cela porte un nom : « mensonge par omission ».

Tout d’abord, elle passe sous silence le fait que Radio M, dirigée par Ihsane El Kadi, un autre moustachu trotskyste (bizarre, bizarre, comme c’est étrange…) a été financée par le Quai d’Orsay et, de ce fait, sert directement ou indirectement les intérêts français. Cela a été explicité de manière détaillée dans un de mes articles. Mme El Azzouzi pourrait-elle nous dire dans quel pays occidental un média supposé national peut être largement financé par une puissance étrangère? Et dans quel but ?

Ensuite, elle omet sciemment de dire que le mouvement Rachad a été classé comme organisation terroriste par le gouvernement algérien, alors que cela est de notoriété publique.

Finalement, dans sa diatribe contre l’Algérie, elle fait intervenir l’organisation fantoche « Reporters sans frontières » (RSF). En effet, le rôle de ce « machin » autoproclamé « défenseur de la liberté de la presse et des journalistes » a été très souvent trainé dans la boue. Rappelons que RSF a été (est encore?) largement financé par la United States Agency for International Development (USAID) et la National Endowment for Democracy (NED), deux organisations étatiques américaines qualifiées de « paravents de la CIA », spécialisées dans les « regime change » à travers le monde. Et cela, sans compter l’Open Society Institute de George Soros et d’autres officines du même acabit.

Alors, Mme El Azzouzi, le mensonge par omission, cela mène à quoi d’après vous ?

Mais revenons à notre paire de ciseaux, si chère à Mediapart.

Répondant au titre provocateur d’El Azzouzi qui était donc « En Algérie, le journalisme continue de mener en prison », mon ami le journaliste Jacques-Marie Bourget commenta son article avec six petits mots :

« Et en Israël à la mort »

Son commentaire fut immédiatement censuré par les gardiens du « totem du ciseau » qui se fendirent d’une explication abracadabrante enveloppée dans un ridicule galimatias.

Pourquoi l’avoir censuré? Le journalisme ne mène-t-il pas à la mort en Israël? Depuis l’an 2000, pas moins de 55 journalistes palestiniens ont été tués par l’armée israélienne. La dernière en date est Shirine Abou Aqleh (Paix sur son âme) qui a été abattue par l’ignoble soldatesque israélienne. Y a-t-il un autre pays qui peut se « vanter » d’un tel record ?

Et Jacques-Marie Bourget n’a-t-il pas été ciblé par l’État hébreu dans l’exercice de ses fonctions? Il ne doit sa survie qu’à un extraordinaire miracle. Ce n’est que par hasard qu’en Israël, le journalisme ne l’ait pas conduit, lui aussi, à la mort tout comme ses 55 collègues.

Atteint par une balle israélienne, Jacques-Marie Bourget est sur une civière, entre la vie et la mort (21 octobre 2000)

Et il peut en parler lui. Hier, aujourd’hui et demain. Car il n’est pas un journaliste de canapé comme El Azzouzi qui griffonne ses articles bidons en sirotant sa camomille. Il l’a sentie, lui, cette balle du sniper israélien qui a traversé sa chair pour chercher son cœur.

Et qu’a fait cette perfide association nommée RSF pour défendre sa cause? Rien, absolument rien.

À ce sujet, Jacques-Marie Bourget est clair :

« Si RSF ne m’a pas défendu, c’est pour ne pas offenser l’Etat d’Israël auteur d’une tentative d’assassinat contre moi. Entre le soutien de Tel -Aviv et moi, le choix a été vite fait. C’était Israël ».

Alors, ne peut-on pas dire que le comité de censure de Mediapart a fait la même chose avec le commentaire de Jacques-Marie Bourget? N’a-t-il pas tiré sur ses six mots afin de ne pas « offenser » Israël ?

Où est donc passée la solidarité d’un média français avec un journaliste français qui a failli succomber aux balles des assassins de la liberté d’expression ? Où sont passées l’éthique et la déontologie journalistiques dont on nous bassine les yeux et les  oreilles à longueur de pixels et de vocalises ?

Après 55 décès, Rachida El Azzouzi (ainsi que tous les trotskystes de ce monde, moustachus ou pas) aura-t-elle le courage de pleurer Shirine Abou Aqleh et d’accuser Israël de sa mort en titrant :

« En Israël, le journalisme continue de mener à la mort »

ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, sans cligner des yeux et en bombant le torse ?




Un exemple du bras long de l’OTAN et accessoirement de Soros dans le récit médiatique anti-russe

[Source : ahmedbensaada.com]

Soros et Le Quotidien d’Oran

Par Ahmed Bensaada

J’ai longtemps écrit pour Le Quotidien d’Oran (LQO). C’était un réel plaisir de composer des textes pour ce journal. En fait, ce n’était pas pour le « Quotidien » lui-même, mais pour « Oran », ma ville, mon phare, le centre de gravité de mes pérégrinations.

Je me suis éloigné de ce quotidien lorsque j’ai constaté que mes écrits (notamment « Arabesque$ ») sur le rôle néfaste de l’Occident dans la politique du monde arabe en général et de l’Algérie en particulier dérangeaient sa ligne éditoriale. Il en a été de même avec mon livre sur Kamel Daoud ou celui sur les « ténors autoproclamés du Hirak » dont les sujets sont directement ou indirectement liés au thème précédent.

Non seulement mes livres n’ont jamais fait l’objet de recensions sérieuses, ni de critiques argumentées, ni d’interviews sérieuses comme c’est le cas dans d’autres médias algériens ou étrangers, mais ils ont été systématiquement l’objet de sordides attaques et d’ignobles dénigrements sur les colonnes même du LQO.

C’est Ahcène-Djaballah (BAD pour les intimes), qui s’est chargé de ces basses besognes. Ah, ce sacré BAD! Avec un CV pédant aussi long que la Muraille de Chine, ce vénérable « môssieu » tient, sur LQO, la rubrique littéraire la plus malhonnête, la plus insignifiante et la plus insipide qu’il m’ait été donné de lire.

Voici deux exemples pour illustrer mon propos. Alors qu’il avoua ne pas avoir encore lu mon livre (sic) sur Kamel Daoud, BAD ne se priva pas de pondre une lamentable critique truffée de faussetés et d’attaques ad personam. Un vrai professionnel ce BAD!

J’ai adressé un texte à la direction de LQO pour faire valoir mon droit de réponse. Résultat? Motus et bouche cousue en parfaite contradiction avec l’éthique journalistique. J’attends toujours une réponse depuis…2016!

Au sujet de mon livre sur le Hirak, il le traita de « petit livre » « truffé de complots… mais, heureusement que les complots n’ont jamais fait l’Histoire ». Un langage identique, presque mot à mot, à celui d’un certain Zitout, sujet de Sa Majesté et accessoirement dirigeant du mouvement « Rachad » : LQO, BAD, Rachad, même combat?

Échaudé par ma première expérience et connaissant parfaitement la notion de « liberté d’expression » chez LQO, je n’ai pas osé demander un droit de réponse. Néanmoins, un honnête journaliste a décidé de ne pas laisser passer la chose.

Ah, j’oubliais. Il parait que BAD est « Professeur associé à l’École supérieure de journalisme et des sciences de l’information d’Alger/Ben Aknoun). Non, sérieux, ce n’est pas une blague?

Après cette nécessaire introduction pour situer dans quelle fange se vautre LQO, allons à notre sujet principal.

Il y a quelques jours, un ami me fit parvenir une copie du LQO datée du 23 mars 2022. J’allais poliment la mettre dans la corbeille lorsqu’un encadré, bien visible sur la une, attira mon intention.

Il s’agissait de trois articles présentés comme « supplément autour du monde » :

  • « Les conséquences économiques de la guerre en Ukraine » par Mohamed A. El-Erian;
  • « Des sanctions économiques, une arme de destruction massive », par Raghuram Rajan;
  • « Le Potemkine militaire de Poutine », par Daniel Gros.

Il est donc question de trois articles traitant tous du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Intéressant à lire, n’est-ce pas?

Certes, mais on se rend vite compte que les articles en question sont politiquement orientés selon une vision occidentale, clairement anti-russe. On aurait cru qu’ils étaient écrits par le secrétaire général de l’OTAN en personne.

Extrait de la une du LQO du 23 mars 2022

Dans le premier texte, on peut lire, par exemple :

« La Russie va être confrontée à de graves problèmes de change, des pénuries massives, l’effondrement du rouble, des arriérés de plus en plus importants et aux prévisions d’une population qui s’attend à ce que sa situation se dégrade ».

Mais avec ce portrait de fin du monde en Russie, l’auteur est beaucoup plus indulgent quant aux conséquences du conflit sur les pays occidentaux qui ne cessent de souffler sur la braise de la guerre au lieu de chercher des solutions pour une rapide fin de crise.

Dans le second, l’auteur traite la Russie de « nain économique relativement à sa puissance militaire » et prédit que les sanctions contre la Russie « porteront atteinte au niveau de vie et la santé de la population russe et pousseront à la hausse son taux de mortalité ». Il qualifie les sanctions contre la Russie de « moyen efficace (autrement dit, douloureux) mais civilisé de répondre à l’agression et à la barbarie », tout en encourageant de « s’en prendre aux biens des élites du pays agresseur ».

On aurait bien aimé l’entendre parler de l’isolement politique de l’Occident par rapport au reste du monde, ou des conséquences économiques de ces sanctions sur les pays occidentaux eux-mêmes.

Dans le troisième et dernier article, Daniel Gros nous apprend que « les Ukrainiens qui défendent chèrement leur patrie, semblent avoir un net avantage sur les forces russes d’invasion », que « la corruption a envahi la gouvernance russe », que « les pilotes russes semblent avoir peu d’expérience », que « Poutine a déclaré une guerre à partir d’un point de départ matériel faible » et qu’il « a mis la Russie sur la voie d’un déclin économique démoralisant ».

Il ne s’agit pas d’un article d’analyse, mais d’un pamphlet de pure propagande otanesque anti-russe.

Dans ces trois textes, aucun mot n’a été prononcé sur les causes réelles du conflit, sur la position agressive de l’OTAN et son inexorable expansion vers l’Est, sur le coup d’État de l’Euromaïdan, sur les conséquences négatives des sanctions sur les pays occidentaux et sur l’isolement historique de l’Occident.

Mais pourquoi LQO publie-t-il les textes de propagande de l’OTAN? Pourquoi participe-t-il à la gigantesque opération de désinformation menée par les médias occidentaux? Que viennent faire ces trois auteurs dans un journal algérien?

La réponse se trouve dans le petit rectangle placé au-dessus des noms des auteurs : « Project Syndicate : an association of newspapers around the world ».

Logo de « Project Syndicate »

Une visite sur le site officiel de « Project Syndicate » nous donne nombre d’informations sur cet organisme.

Tout d’abord, sur la page d’accueil on peut lire une série d’articles idéologiquement orientés contre la Russie. Pas un seul petit billet qui pourrait nuancer la vision du conflit ou donner la parole à des analystes susceptibles de faire la part des choses. NIET!

Mais quel est cet organisme et quelle est sa mission? La réponse est sur leur site.

Tout d’abord voici son slogan :

« Nous croyons que le monde entier mérite d’avoir accès à ses plus grands esprits. Notre mission est d’atteindre ceux qui n’ont pas cette opportunité ».

Sa mission est définie comme suit :

« Project Syndicate produit et diffuse des commentaires originaux de haute qualité à un public mondial. Avec des contributions exclusives d’éminents dirigeants politiques, décideurs, universitaires, chefs d’entreprise et militants civiques du monde entier, nous fournissons aux médias et à leurs lecteurs des analyses et des informations de pointe, quelle que soit leur capacité de paiement. Nos membres comprennent plus de 600 médias – dont plus de la moitié reçoivent nos commentaires gratuitement ou à des tarifs subventionnés – dans 156 pays ».

Ainsi, cet organisme s’est fixé comme tâche, entre autres, de diffuser les écrits des « plus grands esprits » occidentaux ou non, pourvu qu’ils interprètent les évènements avec une grille d’analyse occidentale. Car, même si les noms des auteurs des trois articles cités précédemment ne sont pas tous occidentaux, il n’en demeure pas moins que leurs écrits épousent les thèses occidentales, sans nuance aucune. Comme nous l’avons souligné à maintes reprises par le passé, l’Occident a besoin de ses « néocolonisés » et de ses « alibis ethniques ».

Cette vision occidentale est ensuite propagée dans les pays moins développés et ce, en plusieurs langues. Tout cela gratuitement ou à des coûts très modiques.

Parmi les auteurs estampillés « grands esprits » par « Project Syndicate », on peut citer de célèbres noms comme Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense (2001-2006) de George W. Bush, George Robertson, secrétaire d’État à la Défense (1997-1999) de Tony Blair et secrétaire général de l’OTAN (1999-2003), Joseph S. Nye, concepteur américain du « Soft power », Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale (1977-1981) du président Jimmy Carter, Saad Eddin Ibrahim (le collègue de Lahouari Addi à la NED), activiste égyptien largement financé par l’administration américaine et George Soros, spéculateur financier et milliardaire américain. N’oublions pas que Soros est le grand promoteur de la « société ouverte », qu’il a parmi ses multiples « réalisations », le financement des « révolutions colorées », en particulier la « révolution orange » (Ukraine 2004) et qu’il a été partie prenante dans la formation des cyberactivistes arabes qui ont été fortement impliqués dans le « printemps » arabe.

Comme on peut le constater, il s’agit bien de « grands esprits » qui ont servi avec ardeur le bellicisme de l’OTAN et l’hégémonie américaine à travers le monde.

À titre indicatif, il faut savoir que le plus récent article de George Soros publié sur le site de « Project Syndicate » a pour titre : « Vladimir Poutine et le risque de la IIIe guerre mondiale ». Pour se faire une idée sur sa teneur, il suffit de lire la dernière phrase :

« Nous ne pouvons qu’espérer que Poutine et Xi [Jinping] seront chassés du pouvoir avant qu’ils ne puissent détruire notre civilisation ».

Avec une telle animosité, on comprend bien pourquoi la fondation « Open Society » de Soros a été bannie de la Russie en 2015.

D’autre part, « Open Society » a récemment créé le « Fonds ukrainien pour la démocratie » doté de 25 millions de dollars, ce qui en dit long sur le positionnement de Soros et de sa fondation en ce qui concerne le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Et, bien entendu, si le nom de Soros est cité dans « Project Syndicate » son chéquier ne doit pas être très loin. En effet, le site officiel de « Project Syndicate » indique que « Open society » figure en première place parmi ses contributeurs financiers et cela a été ainsi depuis plusieurs années. À titre d’exemple, pour les années 2000 et 2002, la contribution de la fondation Soros a été respectivement de 902 000$ et 1 151 000$.

Dans un article universitaire intitulé « L' »empire » des médias Soros : le pouvoir de la philanthropie pour créer le consentement » publié en 2008, Michael Barker cite une « une liste non exhaustive de projets médiatiques financés par Soros pour illustrer la gamme d’organisations que Soros utilise pour manipuler la démocratie dans le monde ». Bien évidemment, « Project Syndicate » y figure.

Sur un autre document, on apprend que seuls deux journaux algériens ont été en relation avec « Project Syndicate » : LQO et La Tribune. Le second n’existant plus depuis quelques années, seul LQO continue à s’abreuver du savoir des « grands esprits » occidentalistes et à le disséminer dans les cerveaux de ses lecteurs.

LQO et La Tribune, les deux seuls membres algériens de « Project Syndicate »

En résumé, nous pouvons dire que le « Project Syndicate » sert à diffuser des analyses typiquement occidentales et otanesques. Financé, entre autres, par « Open Society » de George Soros, il permet actuellement à LQO à diffuser la propagande de l’OTAN en Algérie dans le cadre du conflit russo-ukrainien.

Sachant que nous vivons à l’ère des guerres de quatrième génération (G4G) et que l’information est devenue un produit « arsenalisé », il est inquiétant pour notre pays de constater que de tels points de vue, totalement orientés, puissent être aussi facilement publiés dans des journaux algériens et fallacieusement considérés comme émanant de « sommités » mondiales. Pourtant, les trois articles cités auparavant sont d’une navrante médiocrité.

D’autant plus que cela se fait par l’intermédiaire d’une organisation occidentale qui sous-entend que les « grands esprits » ne sont que celles ou ceux qui produisent des analyses qui sont en accord avec les intérêts occidentaux ou considérés comme tels. Ajoutons à cela un schéma de diffusion de l’information à sens unique, purement néocolonial : de l’Occident vers les pays moins développés.

Cela veut dire aussi qu’il est impossible à un « petit esprit » (non occidentaliste, bien sûr!) de publier, dans un journal occidental, un point de vue différent de celui dicté par les médias mainstream. Cela est encore plus clair actuellement, dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne.

Tout cela tendrait à expliquer pourquoi mes livres dérangent tant la ligne éditoriale de LQO et pourquoi BAD a été chargé des basses besognes : Ahmed Bensaada n’a été adoubé ni par « Project Syndicate », ni par « Open Society ». Il ne sera donc jamais un « grand esprit » à leurs yeux parce qu’il ne parle pas leur langage.

Et toute voix discordante est automatiquement traitée de complotiste. N’est-ce pas BAD?




Macron l’Algérien : en marche… vers le cash ?

[Source : off-investigation.fr]

Par Y. MHAMDI et JB. RIVOIRE

En février 2017, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron se rend à Alger. Mais au lieu de rencontrer des représentants de la société civile, il se contente de voir des officiels et, plus discrètement, des affairistes proches du pouvoir. Dès lors, il va constamment soutenir le régime, même au plus fort du “Hirak”, quand treize millions d’algériens défilaient dans toute l’Algérie contre un cinquième mandat du vieux président Abdelaziz Bouteflika. Emmanuel Macron a-t-il offert sa protection à un régime militaire corrompu et discrédité, en échange de soutien politique, voire financier ? 

À en croire le témoignage de l’ancien vendeur d’armes français Bernard Cheynel, recoupé par celui d’un responsable algérien proche des services de renseignement, le voyage d’Alger en février 2017 a permis au candidat d’en Marche de s’attacher le soutien de puissants oligarques algériens. En marge des rencontres avec les officiels, Emmanuel Macron aurait en effet discrètement diné avec Issab Rebrab, première fortune d’Algérie. Il aurait également pris le temps de rencontrer secrètement Redha Kouninef, troisième fortune du pays et “bébé” du clan Bouteflika. Quand à Ali Hadad, patron du Forum des chefs d’entreprises (équivalent algérien du MEDEF), il l’a rencontré officiellement le 14 février, mais il l’aurait également vu plus discrètement quelques heures plus tôt. Selon le journaliste Marc Endeweld, le sulfureux intermédiaire franco-algérien Alexandre Djouhri, soupçonné par la justice d’être mêlé au supposé financement libyen de Nicolas Sarkozy en 2007, aurait été présent lors de ce rendez-vous. Selon le vendeur d’armes français Bernard Cheynel, proche des services algériens depuis les années 1980, l’enjeu de cette rencontre secrète était de négocier le soutien des milieux d’affaires algériens à la candidature d’Emmanuel Macron en échange d’un mea culpa sur les atrocités commises par la France en Algérie. A la fin de son voyage de 48h, le candidat d’En marche avait d’ailleurs été jusqu’à déclarer que la colonisation française en Algérie avait été un “crime contre l’humanité”. Un geste qui lui avait été suggérée par Alger, selon une de nos sources, et qui avait choqué des millions d’électeurs français.

Une fois élu à l’Elysée, Emmanuel Macron avait continué à soutenir aveuglément le clan du vieux président Bouteflika, pourtant largement discrédité auprès de la population. Après  le début du Hirak, en mars 2019, il avait été jusqu’à déclarer depuis Djibouti que président algérien, qui refusait alors de quitter le pouvoir, “ouvrait une nouvelle page de la démocratie en Algérie”. Ce soutien sans faille d’Emmanuel Macron à la junte militaire algérienne s’est prolongé fin 2019 quand le président Abdelmajid Tebboune a entrepris de réprimer le “Hirak”, emprisonnant des dizaines de journalistes, d’opposants, de militants associatifs. Alors que la torture se répandait à nouveau dans les commissariats algériens, le président français déclarait en 2020: “on ne change pas un régime en quelques mois”. 

Par cette attitude complaisante, Emmanuel Macron s’est inscrit dans une longue tradition de la Françalgérie: protéger le régime d’Alger en échange de soutien politique, voire financier. Comme l’avaient fait avant lui François Mitterrand, dont la campagne de 1981 avait été en partie financée par Alger, ou Jacques Chirac, qui lors d’un voyage officiel à Alger en 1986 avait demandé à ses homologues d’ouvrir le marché algérien à Daewoo, une firme sud-coréenne qui selon lui, finançait alors le RPR. Conséquence de ces compromissions avec un régime corrompu: chaque année, des milliers de jeunes algériens ayant perdu espoir dans l’avenir de leur pays tentent de rallier l’Europe sur des embarcations de fortune. A 4000 euros la traversée entre Oran et l’Espagne, ces “Harragas” sont devenus rentable pour les hommes d’affaires algériens. En 2021, près de 10 000 d’entre eux avaient risqué leur vie pour tenter de rallier l’Espagne. 

Pour éclairer cette face obscure de la Françalgérie, témoignent l’ancien banquier algérien Omar Benderra (Algeria Watch), Marc Endeweld (journaliste), Xavier Driencourt (ancien ambassadeur de France à Alger), Bernard CHeynel (ancien vendeur d’armes français décédé début 2022), Nicolas Beau (Mondafrique.com), Abdou Semmar (journaliste algérien réfugié politique en France), Jean-Pierre Mignard (membre de la délégation d’Emmanuel Macron à Alger en 2017), Antton Rouget (Mediapart).






Biden et le Hirak frelaté de Montréal

Par Ahmed Bensaada

Alors qu’il était président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Joe Biden (démocrate) avait activement collaboré avec l’administration Bush fils (républicain) et joué un rôle majeur dans le déclanchement de la guerre contre l’Irak. À cette même période, il a aussi été très proche de la National Endowment for Democracy (NED) comme l’indique sa participation à la cérémonie de remise des « Prix de la démocratie » annuellement octroyés par cet organisme de promotion de la démocratie « Made in USA ». Sur le site de la NED, on peut lire le communiqué suivant :

« Lors d’une cérémonie au Capitole le 9 juillet 2002, la Première Dame Laura Bush a remis le prix annuel de la démocratie du NED à quatre militantes exceptionnelles du monde musulman. Rejointe par le président du CA de la NED, Vin Weber, la sous-secrétaire d’État aux affaires internationales, Paula Dobriansky, et les sénateurs Joseph Biden et Bill Frist, Mme Bush a rendu hommage au travail courageux de ces femmes pour promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et la croissance de la société civile dans leur pays respectifs ».

Il faut peut-être rappeler que la NED fait partie d’un important dispositif américain spécialement conçu pour l’ « exportation » de la démocratie au service du Département d’État et de la politique étrangère des États-Unis. En plus de la NED, qui a été créée pour remplacer la CIA dans certaines de ses « missions »,  les acteurs les plus connus dans ce domaine sont l’United States Agency for International Development (USAID), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), Freedom House (FH) et l’Open Society Foundation (OSF). Ces organismes sont tous financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains et leur rôle de premier plan dans la fomentation des révolutions « colorées » et du « printemps » arabe a été clairement établi.

Après cette nécessaire parenthèse, revenons au communiqué de la NED. Mais qui étaient donc ces quatre lauréates dont on précisait la « musulmanité » de leurs pays? Leurs noms étaient listés dans le texte :

Nadjet Bouda Algérie
Mehrangiz Kar Iran
Mariam Hussein Mohamed Somalie
Muborak Tashpoulatova Ouzbékistan

Et voici la photo officielle de la NED immortalisant l’évènement :

Photo souvenir de l’édition 2002 de la cérémonie de remise des « Prix de la démocratie » de la NED
(Washington, le 9 juillet 2002).
Notes : Carl Gershman a été président de la NED pendant 37 ans(!). Il a récemment pris sa retraite.Vin Weber a occupé le poste de président du CA de la NED de 2001 à 2009.Paula Dobriansky a été sous-secrétaire d’État à la démocratie et aux affaires internationales (2001-2009) sous George W. Bush, membre du CA de Freedom House et membre fondatrice du Project for the New American Century (PNAC), think tank néoconservateur qui a eu une influence considérable sur l’administration Bush fils.

Joe Biden et Bill Frist n’apparaissent pas dans cette photo, mais ils étaient présents à la cérémonie comme le confirme l’article du Los Angeles Times dans lequel on peut lire les déclarations de l’actuel président des États-Unis :

« Je pense que [National Endowment for Democracy] a fait plus pour promouvoir la démocratie dans le monde que toute autre organisation. Vous savez que nous [au Congrès] débattons et votons, et nous prenons des positions controversées. Si nous perdons, nous sommes vaincus et nous touchons une pension. Si vous perdez, vous vous faites tirer dessus. Si vous perdez, vous êtes emprisonné. C’est le véritable test, le véritable test authentique d’un engagement envers la démocratie »

Un bel avenir promis par un faucon pour des dames, certaines dans la fleur de l’âge, qu’on pousse à concocter des « regime change » dans leurs propres pays!

Nadjet Bouda recevant le « Prix de la démocratie » des mains de Laura Bush, la Première dame des États-Unis
(Washington, le 9 juillet 2002).

En fouillant un peu plus dans les archives de la NED, on obtient les biographies des récipiendaires. Voici ce qui est écrit dans le paragraphe consacré à Nadjet Bouda:

« Nadjet Bouda, à 23 ans, est déjà une militante des droits de l’homme bien connue. Elle travaille actuellement avec « SOS Disparus », une organisation qui défend les intérêts des centaines d’Algériens qui ont « disparu » à cause de la guerre civile en cours en Algérie. À l’âge de 16 ans, Mme Bouda a rejoint « Rassemblement Actions Jeunesse » (RAJ), une ONG qui développe et met en œuvre des programmes d’éducation civique et de sensibilisation aux droits humains avec et pour la jeunesse algérienne ; à l’âge de 20 ans, elle était présidente et porte-parole de l’organisation. Son activisme reflète l’importance de la jeunesse dans l’effort de diffusion des valeurs démocratiques dans le monde musulman ».

On apprend donc que la lauréate algérienne, Nadjet Bouda, a été une activiste au sein du RAJ et de « SOS Disparus », deux ONG algériennes très largement financées par la NED (pour plus de détails consulter les  articles suivants: article 1article 2article 3).

Ces deux organismes ont été impliqués en 2011 dans la « Coordination nationale pour le changement et la démocratie » (CNCD), une coalition créée dans le sillage du « printemps » arabe mais qui a rapidement périclité. Ils font aussi partie des groupes qui ont surfé sur le Hirak algérien pour le mener à une impasse dangereuse et néfaste pour la souveraineté et l’intégrité de l’Algérie. Le RAJ a été interdit à cause de ses activités illégales, mais « SOS Disparus » continue (avec d’autres entités du Hirak frelaté) son travail de sape envers l’État-nation algérien. À la voie constitutionnelle sagement choisie en Algérie, ces activistes opposent un dégagisme qui aurait mené le pays vers un inévitable chaos.

Sur son profil LinkedIn, Nadjet Bouda donne des précisions :

  • Octobre 1994 – janvier 2000 : Membre, ensuite présidente et Porte-parole par intérim du RAJ
  • Novembre 2001 – juin 2002 : Assistante de direction de « SOS Disparus »

Et ce n’est pas tout car le CV de Mme Bouda est diversifié. On y apprend aussi qu’elle a travaillé pour le NDI de 2002 à 2005 (en Algérie) et pour Amnesty International de 2005 à 2008 (au Royaume- Uni).

Le NDI est un des quatre satellites de la NED. Il a pour présidente du conseil d’administration nulle autre que Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’État dans l’administration de Bill Clinton. Albright s’était rendu célèbre par sa fameuse déclaration sur les enfants irakiens : en sacrifier 500 000 est un prix qui « en valait la peine » avait-elle déclaré dans une interview.

De son côté, Amnesty International est un organisme qui est financé par l’Open Society Foundation de G. Soros et on se rappellera qu’il faisait partie de ce groupe d’entités droitdelhommistes qui étaient derrière la résolution du Parlement européen contre l’Algérie, juste quelques jours avant le référendum sur la nouvelle constitution.

Mme Bouda travaille actuellement comme « Chargée de programme principale, Afrique du Nord et Moyen-Orient » au sein d’Equitas, une organisation canadienne d’éducation au droits humains, anciennement connue sous le nom de « Fondation canadienne des droits de la personne ».

Comme bon nombre d’organismes droitdelhommistes, Equitas est financé par une myriade d’organismes nationaux et internationaux dont, évidemment, la NED. Tiens, tiens…NED un jour, NED pour toujours!

Cette activiste algérienne a été très impliquée dans le Hirak frelaté de Montréal. De nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent qu’elle a participé aux manifestations qui se sont déroulées à Montréal et, régulièrement (pendant plusieurs années!), en face du consulat général de l’Algérie à Montréal.

La vidéo ci-dessous, par exemple, est filmée en face du consulat, le 12 décembre 2019.

Nadjet Bouda haranguant la foule devant le consulat général d’Algérie à Montréal
(12 décembre 2019)
Cliquez sur l’image pour visionner la vidéo

Sa prise de parole devant la foule le 12 décembre 2019, c’est-à-dire le jour même de l’élection présidentielle algérienne, montre qu’elle faisait partie des personnes qui ont intimidé les citoyens algériens ayant décidé de se présenter au bureau de scrutin du consulat pour exercer leur droit de vote. On peut d’ailleurs l’entendre haranguer la foule tout en dévalorisant l’élection présidentielle et scandant à tue-tête des « Yetnahaw gaâ » (ils doivent tous partir).

Comme je l’ai écrit à l’époque dans un article : « Empêcher de voter, est-ce un acte démocratique? ». Cette question est d’autant plus cruciale sachant que Mme Bouda vit dans un pays où les élections sont un moment solennel de la vie politique.

Nadjet Bouda a continué de surfer sur le Hirak en utilisant le cyberespace. Elle a coanimé une émission diffusée sur le Web à partir de Montréal à laquelle le « célébrissime » Lahouari Addi était convié.

Lahouari Addi interviewé par Nadjet Bouda et Mouloud Idir 
(3 juin 2020)
Cliquez sur l’image pour visionner la vidéo

Déjà, le générique donnait un avant-goût de la discussion. En effet, dans un étrange lexique déroulant inséré au début de la vidéo, on pouvait lire :

« Abdelmadjid Tebboune : Président de la République algérienne démocratique et populaire depuis le 19 décembre 2019, figure imposée par les généraux de façon frauduleuse ».

L’orientation de la discussion était clairement fixée.

Mais ce n’est pas la qualité de l’entretien, médiocre et insipide, qui retient l’attention (il n’y a qu’à voir le nombre de vues et de commentaires), mais c’est plutôt le dénominateur commun entre Addi et Bouda.

J’ai expliqué dans mon livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien? » que Lahouari Addi a été membre de l’ « International Forum for Democratic Studies Research Council », le think tank de la NED et ce, de 1997 à 2008, soit pendant douze années consécutives. Et même avant d’en être membre officiel, Addi avait participé à des réunions organisées par ce forum dont la mission est clairement formulée :

« L’International Forum for Democratic Studies de la National Endowment for Democracy (NED) est un important centre d’analyse et de discussion sur la théorie et la pratique de la démocratie dans le monde. Le Forum complète la mission principale de la NED – aider les groupes de la société civile à l’étranger dans leurs efforts pour favoriser et renforcer la démocratie – en reliant la communauté universitaire avec des militants du monde entier. Par ses activités multiformes, le Forum répond aux défis auxquels sont confrontés les pays du monde entier en analysant les opportunités de transition démocratique, de réforme et de consolidation ».

On se rend compte, en comparant les dates, que lorsque Nadjet Bouda recevait son prix à Washington des mains de Mme Bush, Lahouari Addi était membre du think tank de la NED. Se seraient-ils par hasard rencontrés à cette occasion au Capitol Hill, pour « aider les groupes de la société civile à l’étranger dans leurs efforts pour favoriser et renforcer la démocratie »et discutailler sur le sort de l’Algérie?

Il est quand même étrange de voir, dans ce Hirak frelaté et dénaturé, autant de personnes ayant des accointances avec la « NED & Co. » se métamorphoser en leaders de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme!

Nadjet Bouda, la « ténore autoproclamée » de Montréal pourra certes se vanter d’avoir rencontré le président Joe Biden en chair et en os et approché de tellement si près Laura Bush, LA première dame des États-Unis. Tout comme Fodil Boumala et Barak Obama. Et tous les autres activistes du « printemps » arabe qui ont eu cru avoir ce « privilège ».

Hillary Clinton et Bassem Samir(Activiste égyptien)
Dalia Ziada et Bill Clinton(Activiste égyptienne)
Ammar Abdulhamid ( à gauche) et George W. Bush(Activiste syrien)
Hillary Clinton et Radwan Ziadeh(Activiste syrien)
Tawakkol Karman et Hillary Clinton(Activiste yéménite)
Bill Clinton et Tawakkol Karman(Activiste yéménite)
Laura Bush et Nadjet Bouda(Activiste algérienne)

Y voyez-vous une quelconque similitude?

Les activistes se sont-ils demandés, ne serait-ce qu’un instant, pourquoi ce « privilège » leur a été accordé?

La réponse? Égypte, Libye, Syrie, Yémen, …


Documents complémentaires

Déclaration de Nadjet Bouda concernant le boycott de l’élection présidentielle algérienne 2019
(Date: 12 décembre 2019)
La déclaration a été diffusée en direct par AlternaTV
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Veillée organisée devant le consulat d’Algérie à Montréal. Intervention de Nadjet Bouda 
(Date: 7 novembre 2019)
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Sale temps pour le Tartour de Tunis

Par Ahmed Bensaada

Le 23 décembre dernier, Moncef Marzouki, l’ex-président par intérim de la Tunisie, a été condamné à 4 ans de prison par la justice tunisienne. Il faut dire que le « mot » président, même intérimaire, ne sied aucunement à ce personnage qui n’aura laissé à la postérité que son surnom coloré et risible : le Tartour (pantin) de Tunis. Raillé et ridiculisé par ses propres concitoyens, il a été laminé lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2019 en récoltant un ridicule 3% des voix. Rappelons que le président tunisien actuel, Kais Saïed, a été élu au deuxième tour de cette même élection avec près de 73% des suffrages.

Plus encore, un sondage daté du 17 août 2021 place Kais Saïed très largement en tête des intentions de vote avec un score historique de 91,1% alors que le Tartour n’arrive à glaner qu’un anorexique 1,2%! Ce sondage est d’autant plus intéressant qu’il a été publié environ trois semaines après les mesures fermes prises par le président tunisien. En effet, ce dernier avait pris la décision, le 25 juillet 2021, de suspendre le parlement et de limoger le chef du gouvernement.

Cette décision, tant décriée par le Tartour et ses soutiens occidentaux ou islamistes, a été plébiscitée par la rue tunisienne de sorte que le taux de satisfaction du rendement du président tunisien est passé de 38% (juin 2021) à 82% (août 2021).

Taux de satisfaction de la rue tunisienne à l’égard du rendement du président Kais Saïed

C’est depuis cette courageuse décision prise par le président tunisien que le Tartour, sans aucune assise populaire, a commencé ses attaques contre le chef de l’État tunisien, appelant à sa destitution et le qualifiant de « putschiste » et de « dictateur ». En octobre 2021, lors d’une interview à la chaine France 24, il s’était dit « fier d’avoir participé au report du sommet de la Francophonie prévue en novembre à Djerba ».

Toutes ces attaques sur des médias étrangers ont valu au Tartour d’être accusé d’avoir tenu des propos « allant à l’encontre de la sûreté de l’Etat et nuisant aux intérêts de la Tunisie à l’étranger ».

Très longtemps proche du parti islamiste Ennahda et de son chef Rached Ghannouchi – qui lui ont permis d’accéder à la présidence -, il est considéré comme un « un pion du Qatar et de la Turquie » et un « soutien au mouvement des Frères musulmans ».

En 2016, en pleine interview sur la chaine islamiste Al Hiwar, il montra ostensiblement son soutien aux Frères musulmans en faisant le signe de Rabaa (quatre doigts levés et pouce replié, signe de ralliement de la confrérie).

Sur la chaine islamiste Al Hiwar :
Moncef Mazouki fait le signe de Rabaa
(2 février 2016)

Considérée proche des Frères musulmans, la chaine Al Hiwar a été financée par le Qatar selon les déclarations fuitées du Cheikh Hamed Ben Khalifa en personne.

C’est d’ailleurs cette allégeance « frériste » qui justifie son omniprésence sur les plateaux de la chaîne qatarie Al Jazira qui a joué un rôle funeste durant le mal nommé « printemps » arabe.

Dans une interview à cette chaîne en date du 15 octobre 2021 (voir vidéo ci-dessous), le Tartour de Tunis déclara « ne pas reconnaitre la légalité de cet homme » (i.e. Kais Saïed) et qualifia les décisions présidentielles prises en juillet 2021 de « coup d’état ». Il reconnut également avoir eu des discussions à « l’étranger » pour leur demander de ne pas « soutenir ce putschiste ».

Marzouki sur Al Jazira (15 octobre 2021)
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Aussi ridicule que cela puisse paraitre, le Tartour exhorta les Tunisiens à imiter le Hirak du « peuple grandiose d’Algérie » afin de contraindre le président Kais Saeïd à la démission comme ce fut le cas pour le président Bouteflika en Algérie.

Créer un Hirak avec une déclaration sur Al Jazira et…1,2% d’intentions de vote! Sérieusement, il faut reconnaitre que les Tunisiens ont été très magnanimes avec lui en le surnommant « Tartour ». Sous d’autres cieux, son sobriquet aurait été beaucoup plus humiliant.

Il faut dire que ce président intérimaire n’est pas à une contradiction près. Il a le toupet de plébisciter le Hirak, tout en montrant une haine viscérale contre l’Algérie et son peuple!

Effectivement, juste quelques jours avant sa condamnation, il a accusé l’Algérie d’avoir accordé un prêt de 300 millions de dollars à des fins politiciennes :

« Kaïs Saïed a désormais le soutien de l’Algérie, et c’est à mon avis un soutien qui s’inscrit dans le cadre du conflit maroco-algérien. J’espère que la Tunisie ne s’immiscera pas dans cette affaire ».

Pour rappel, ce prêt a été annoncé lors de la visite d’État fraternelle du président Tebboune en Tunisie (15-16 décembre 2021).

Quelques mois plus tôt, en février 2021, le Tartour avait soulevé l’ire du peuple algérien en accusant l’Algérie d’« immixtion dans les affaires tunisiennes » durant le « printemps » tunisien.

Et ce n’est pas tout. Il a tenu des propos très hostiles envers l’Algérie, la comparant à un « marchand de rêves qui vend des illusions au Polisario » et, épousant ouvertement les positions marocaines sur le Sahara Occidental, il n’a pas hésité à imputer à l’Algérie l’échec de la construction de l’Union du Maghreb arabe.

Le roi Mohammed VI et Moncef Marzouki (30 mai 2014)

En ce qui concerne le Hirak, le Tartour n’a pas fait que le louanger platoniquement. Il y a participé activement en fricotant avec le mouvement islamiste Rachad, organisation classée terroriste par le gouvernement algérien.

C’est lui, en effet, qui a signé la préface du piètre ouvrage collectif commandité par Rachad qui était supposé répondre à mon livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien? ».

Il faut savoir que le recueil disparate de Rachad, baptisé « En défense du Hirak » a nécessité le recrutement de sept auteurs différents et qu’il est distribué gratuitement sur le Net, ce qui en dit long sur les moyens financiers du mouvement islamiste, élément central du Hirak frelaté.

Pour se faire une idée de la teneur de cet ouvrage, il est amusant de constater que le nom « Bensaada » a été cité 475 fois, soit environ 1,5 fois par page, y compris couvertures et pages blanches! S’agit-il de la recension d’un livre ou d’un ramassis d’attaques ad personam sur son auteur? Mais à sept, en compagnie du Tartour de Tunis, et sous la « bénédiction » de Rachad, ça s’apparente plutôt à une tentative avortée de « lynchage ».

Cette collaboration du Tartour avec Rachad confirme non seulement la collusion de l’ex-président intérimaire avec la nébuleuse islamiste internationale mais aussi son désir de nuire directement aux intérêts de l’Algérie.

Comme les « rachadistes » savent être reconnaissants avec leurs « collaborateurs », ils sont venus à la défense du Tartour par l’intermédiaire de leur péroreur en chef, spécialiste des logorrhées cyberspatiales, le « célébrissime » sir Zitout en personne! Et devinez sur quelle chaine? Al Hiwar, bien entendu!

Zitout sur la chaine Al Hiwar (23 décembre 2021)
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À propos de logorrhées, il est intéressant de noter un étonnant mimétisme rhétorique entre sir Zitout et Tartour Marzouki à l’égard de leurs gouvernements respectifs. Mais sans assises populaires, ils ne sont tous deux que de vulgaires phénomènes acoustiques qui n’ont pour effet que d’irriter les tympans.

Il n’y a pas que sur l’Algérie que le Tartour déverse son fiel. Son comportement envers la Syrie lorsqu’il a été « intérimaire » est encore plus abominable.

Tout d’abord, il a été un des premiers à accueillir sur son sol le Conseil national syrien (CNS). Ainsi, les 200 membres du CNS se sont réunis à Tunis le 16 décembre 2011 avec, à leur tête, Burhan Ghalioun.

Burhan Ghalioun, président du CNS et Moncef Marzouki
(Tunis, le 16 décembre 2011)

Ensuite, il a rompu unilatéralement les relations diplomatiques de son pays avec la Syrie, en février 2012. Son ministre des Affaires Étrangères de l’époque a déclaré quelques années plus tard que « c’est l’ancien président Moncef Marzouki qui aurait pris cette décision d’une manière unilatérale et que lui, en tant que ministre des Affaires étrangères, était contre ».

Quelques semaines plus tard, le 24 février 2012, il accueillit la première conférence des « Amis du peuple syrien ».

Première Conférence des « amis » de la Syrie (Tunis, le 24 février 2012)

Le Tartour, un ami de la Syrie! On aura tout vu!

La réponse vint du ministre syrien de l’Information qui dénonça l’événement, le qualifiant de « Conférence des amis de Washington et des ennemis de la Syrie ».

Ah, ces fameux « amis » de la Syrie qui, de pays en pays, se sont réunis pour détruire systématiquement et méthodiquement ce beau pays, biberonnant des djihadistes coupeurs de tête et mangeurs de cœurs!

Ah, ces fameux « amis » de la Syrie qui ont causé la mort de centaines de milliers de citoyens syriens et poussé à l’exode des millions d’autres!

Quelle belle amitié!

Après avoir accueilli le CNS, rompu les relations diplomatiques et organisé la conférence des « amis » de la Syrie, le Tartour figure certainement dans la liste des plus grands ennemis de ce pays. L’histoire retiendra de lui l’image d’une exécrable personne aux mains maculées de sang syrien.

Ce n’est pas par hasard, d’ailleurs, qu’il a été accusé en 2017 par le vice-ministre syrien des Affaires étrangères de l’époque « d’avoir envoyé des milliers de jeunes Tunisiens en Syrie pour prêter main forte à des groupes terroristes ».

Droitdelhommiste dévoyé, politicard raté, va-t-en-guerre invétéré, « islamawiste » haineux, ce Don Quichotte en burnous a fini par se battre contre les moulins de son propre pays. Va-t-il finalement en tirer des leçons et s’évaporer dans la nature pour ne plus continuer à polluer tout ce qu’il touche?




Jacques Julliard et l’Algérie : L’aveuglement devant l’histoire

Par Abdellali Merdaci*

[Illustration : Jacques Julliard.]

Depuis les années 1960 et le désaveu cinglant du pouvoir en Algérie par Simone de Beauvoir, c’était après le renversement d’Ahmed Ben Bella par le colonel Boumediene, plusieurs intellectuels français, qui ont soutenu l’insurrection anticoloniale, sont revenus dans des autocritiques, parfois pathétiques, sur leur engagement en faveur d’une Algérie libérée de l’aliénation coloniale française. C’était, ces dernières semaines, celle de Jacques Julliard, écrivain, professeur d’Université et éditorialiste du magazine parisien « Marianne », de Natacha Polony et du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui n’a absolument aucune parenté avec celui de Jean-François Kahn — même s’il a conservé les mêmes habillages et personnels.

Jacques Julliard s’émeut-il de voir son pays rejeté partout dans le monde, principalement par ses alliés, notamment américains, qui lui tondent la laine sur le dos dans un contrat militaire faramineux avec l’Australie. Et, aussi, l’Allemagne qui « fait bande à part ». L’éditorialiste peut même piquer un fard : « La France entretient à l’heure actuelle des relations détestables avec d’autres pays, au premier chef l’Algérie, mais aussi la Turquie, le Mali, l’Afghanistan »(([1] Jaques Julliard, « La France seule », « Marianne » (Paris), 12 au 18 novembre 2021.)). Il s’en prend, spécialement, à l’Algérie après le conflit mémoriel provoqué par le président Macron(([2] Réunissant au palais de l’Élysée des jeunes Français d’origine algérienne, le 15 octobre 2021, le président Macron a exprimé son profond scepticisme sur l’existence d’une nation algérienne avant la conquête française. Propos de précampagne électorale qui ont été à l’origine d’une brouille entre les deux pays. L’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et interdit son espace aérien aux avions militaires français.)) et reproche à son pays de faire des « génuflexions » devant le pouvoir algérien, qu’il traite en ces termes : « Dans le cas de l’Algérie, la naïveté et la maladresse d’Emmanuel Macron, dépourvu de toute expérience en la matière, y sont pour beaucoup. Comment imaginer un gentleman’s agreement avec un gouvernement corrompu, incompétent, qui ne se maintient que par la force militaire, comme l’ont démontré les révoltes populaires du Hirak. »(([3] « La France seule », art. cité.)). Et, le coup de grâce, cette tardive contrition :

« Je suis de ceux qui ont combattu de toutes leurs forces le colonialisme français et la sale guerre d’Algérie quand il le fallait, mais nos prosternations répétées, non suivies d’effets, devant des potentats aussi cyniques, aussi méprisables, ne sont pas un acte de justice, mais une absurde humiliation volontaire. »(([4] Id.))

La France et la carte de l’islamisme

Il n’est jamais tard pour battre sa coulpe pour de bonnes raisons. Mais Jacques Julliard en a-t-il sur l’Algérie indépendante ? Il reste dans le sillage d’un de ses maîtres d’antan, le socialiste François Mitterrand, président de la France, de 1981 à 1995, qui a appuyé dans les années 1990 la terrible guerre islamiste contre l’État algérien, son pouvoir et son peuple. C’est ce président, connu pour son infamie pendant la guerre d’Algérie (« L’Algérie, c’est la France »), qui a ouvert le territoire de la France, son droit d’asile et ses centres d’accueil aux islamistes. À Paris, sous la protection de la France, Mourad Dhina, membre de l’instance de commandement du FIS à l’étranger et porte-parole des groupes islamistes, égrenait quotidiennement devant la presse internationale la litanie des morts infligées au peuple algérien. En ces années 1990, chaque jour d’Algérie correspondait à dix « Bataclan », car, partout dans le monde, les victimes innocentes de la barbarie islamiste méritent le même respect et la même foi, particulièrement en Algérie et en France. Des civils, hommes et femmes de toutes conditions, ont été tués et des nourrissons jetés dans des fours à chaux par les groupes islamistes armés. Et, à l’ombre des mihrabs, des tribunaux islamistes collationnaient des listes d’Algériens dont le sang était licité. En France, le pouvoir politique qui était scrupuleusement informé de la réalité du terrain et de ses victimes civiles, les élites et les médias ont fait le choix de l’islamisme contre le peuple algérien — convient-il de le rappeler ? Nos morts leur étaient indifférents.

Parmi ceux qui criaient le plus fort, Jacques Julliard et une presse française sans honneur. Ils ont monté contre l’Armée nationale populaire (ANP), l’ultime recours de l’Algérie et des Algériens contre les tueries islamistes et l’anéantissement de leur pays, l’accusation odieuse du « Qui-tue-qui ? ». Dans cette guerre, la France a joué la carte de l’islamisme pour châtier un gouvernement républicain, de surcroît indépendant des partis. Cette crapulerie politique, à l’enseigne du socialisme, restera.

Les Français n’ont jamais surmonté le traumatisme de la guerre et de l’indépendance de l’Algérie et, surtout, le morne ressentiment envers ses pouvoirs issus du FLN, qui a conduit le combat pour la libération du pays. Relativement à l’Algérie, en près de soixante années d’indépendance, la France, dans toutes ses nuances politiques, persiste dans la même et immuable hypocrisie. Ses responsables politiques, dans les gouvernements et dans les partis, maintiennent coûte que coûte le contact avec les gouvernants algériens pour préserver les intérêts économiques et commerciaux de leur pays, mais ses élites peuvent leur « taper » dessus à l’envi. Une distribution de rôles scélérate.

Dans ce sordide arrangement, Julliard tient sa partition. Mais, sur le fond, qu’en sait-il de l’histoire présente de l’Algérie ? Est-il un indiscutable spécialiste de ce pays, comme il l’est du champ politique français ? Il reprend, certes, l’image dysphorique de l’Algérie et de ses régimes politiques, largement répandue dans les médias et dans l’intelligentsia de son pays. Mais la France est-elle le comptable ad vitam aeternam du destin de son ancienne colonie ?

En 2021, comme sous le règne de François Mitterrand, rien n’aura donc changé pour la France concernant l’Algérie : un soutien sans limites à toute opposition déclarée. Dans tous les domaines. Ainsi, dans le champ culturel, lorsque l’Académie française attribue contre ses propres principes, en 2015, son grand Prix du roman à un fatras islamophobe de Boualem Sansal, écrit d’une plume de tâcheron, très vite entré dans l’oubli(([5] Abdellali Merdaci, « L’indigne compromission de l’Académie française », Afrique-Asie.fr, 30 octobre 2015.)). Mais le sinistre individu, porte-parole du sionisme international, dépiautait l’Algérie sur tous les plateaux de radios et de télés de France. Cette manière de casser l’Algérie et les Algériens reste l’ordinaire des médias français. Une passion triste.

Jacques Julliard peut se réclamer du hirak et de ses « révoltes populaires », qu’il ne connaît pas. Simplement, parce que ce hirak est contre le gouvernement d’Alger : l’ennemi de mon ennemi… Vieille ritournelle. Faisons de la pédagogie pour ce professeur d’histoire politique sans discernement. Aux mois de février et de mars 2019, des manifestations de rue, vite dénommées « hirak » sur le modèle de celles qui ont enflammé le Rif marocain, ont précipité la chute du président Abdelaziz Bouteflika, démissionnaire le 2 avril 2019, et de son clan corrompu, régnant sans partage sur le pays pendant vingt ans (1999-2019). Mais, il est difficile, aujourd’hui, pour un historien de reconnaître et de décrire les raisons de la chute d’un pouvoir d’airain, soutenu par plusieurs puissances mondiales, entre autres la France et les États-Unis.

Au-delà des marches, aux attentes souvent débridées, quels ont été les acteurs de la confrontation, ouverte dès l’installation d’un pouvoir intérimaire chargé, selon les dispositions constitutionnelles, d’officialiser l’élection présidentielle, confiée à un organisme indépendant ? Si la Russie et la Chine se sont cantonnées dans une position d’observateurs neutres, les États-Unis d’Amérique avaient déjà leurs pions dans la partie feutrée qui s’annonçait. C’est un de leurs conférenciers, coutumier des arcanes de la NED (National Endownent for Democracy), ordonnatrice de la « démocratisation » du Grand Moyen Orient, le Français Lahouari Addi, qui imposera, en l’absence de toute délibération des marcheurs, une feuille de route du hirak : une présidence collégiale de l’Algérie, dévolue aux avocats Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul, présidente de l’UCP, un parti agréé, et de l’activiste Karim Tabbou, agents de l’agit-prop formés et financés par la NED(([6] Voir sur cet aspect, l’ouvrage d’Ahmed Bensaada, « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ? », Alger, APIC Éditions, 2020.)). Cette présidence collégiale devait coopter une Assemblée constituante et nommer un gouvernement. Il s’agissait, alors, de refuser toute voie démocratique et de privilégier le coup de force. Le pouvoir chancelant d’Alger n’avait d’autre ressource que de remettre les clés de la Mouradia, siège de la présidence de la République, au triumvir désigné par les Américains. Cette solution était fermement soutenue par les bobos algérois, clients de la France et de ses « services » à Alger.

Dans quelle mesure, cet objectif de rupture radicale engagé par des acteurs politiques structurés dans une opposition clairement fomentée par « la main de l’étranger » pouvait-il recueillir l’adhésion des marcheurs, notamment dans les villes et villages de l’intérieur, traditionnellement attachés au pouvoir central ? De fait, leurs slogans en appelaient à l’ANP, incontournable gardien de la sécurité du territoire et, surtout, de la cohésion nationale. Le « khawa-khawa », nettement doctrinal, confortant le lien entre le peuple et son armée, entonné par des centaines de milliers de marcheurs, de Tlemcen à Souk-Ahras, d’Alger à Tamanrasset, marquait un tournant dans le hirak algérien. Le haut commandement de l’ANP, mettant au premier plan le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l’État major, vice-ministre de la Défense, n’excédait pas les recommandations de la Constitution en vigueur, précisément un retour aux urnes. Son premier effet, le plus perceptible dans les marches du vendredi, était une notable dispersion des marcheurs. Les familles algériennes qui leur ont imprimé leurs couleurs d’espoir ont choisi leur camp. Il est vrai, aussi, que les Algériens ne marcheront jamais contre leur armée, avec laquelle ils ont partagé dans l’effroyable adversité islamiste des années 1990 les épreuves et la solidarité. Le hirak originel du 22 février 2019, dévoyé, perdait la légitimité populaire.

Les amis algériens de Jacques Julliard

Le 12 décembre 2019, l’élection dans une compétition régulière et légale de M. Abdelmadjid Tebboune, sixième président de la République algérienne démocratique et populaire depuis l’indépendance, en 1962, devait marquer la fin du hirak. Mais dans un néo-hirak, qui va tirer ses cartouches à la veille de l’élection présidentielle, qu’il appelle à boycotter, un nouveau groupe s’impose, celui des islamistes emmenés par Rachad, succédant au FIS-dissous avec les mêmes cadres et les mêmes desperados harnachés de tenues afghanes et d’épées, recevant ses ordres de sa direction domiciliée à Londres et Genève, où l’ancien porte-parole des groupes islamistes armés, Mourad Dhina, reprend du service. Ce néo-hirak, qui prétendait rassembler plus de « trente millions d’Algériens », a refusé les élections présidentielles de juillet 2019, annulées faute de candidats, et de décembre 2019. Lorsqu’on dispose de « trente millions » de marcheurs en âge de voter, on peut contrôler de bout en bout une élection et faire approuver son programme politique par un plébiscite populaire. La « démocratie » du néo-hirak reste celle du gourdin des nervis islamistes, qui recherchent le passage en force : faire tomber le régime — « un cadavre à la renverse », exultaient les bobos d’Alger — sans passer par les urnes. Et, c’est encore le deal aujourd’hui.

Les marcheurs égaillés du néo-hirak où se distinguaient déjà les islamistes de Rachad, en chefs de file, les agents de la NED et leurs partisans, les bobos dîneurs à l’ambassade de France, les communistes du MDS et les trotskystes du PST, partis agréés, font la jonction avec le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), une ligue séparatiste, soutenue par la France, Israël et le Maroc, qui prône la lutte armée pour la dislocation du territoire algérien et la fin de l’État républicain. Plus que jamais, le néo-hirak, c’est la partition de l’Algérie : une part pour une funambulesque oumma de l’Islam sous la férule du calife Erdogan, l’autre, la Kabylie, en protectorat franco-israélien. La France et ses médias applaudissent. Cependant, M. Tebboune et son gouvernement ne devaient-ils pas faire face à ce mouvement insurrectionnel ? Avec fermeté. Mais, aucun marcheur n’a été ni tué ni estropié, comme en Colombie, au Myanmar et en France. Certes, relevait-on, ici et là, quelques arrestations dans la stricte application de lois civiles.

La stratégie rouée de Rachad et du MAK met face au pouvoir les forces supplétives des agents américains, des bobos d’Alger et des gauchistes du MDS et du PST. A-t-on jamais entendu parler d’un islamiste de Rachad arrêté et déféré dans la justice ? Ou d’un activiste du MAK ? Dans le pays, durement frappé par la pandémie du coronavirus, où les manifestations de rue sont réglementées, ce sont les néo-hirakistes des grandes cités qui occupent la scène judiciaire dans une rébellion urbaine aux provocations calculées. Des exemples typiques ? Khaled Drareni, correspondant (sans carte) de TV5-Monde, de l’ONG française « Reporters sans frontières » (RSF), fondateur du site d’informations en ligne « Casbah Tribune », chouchou des médias français, a été accusé d’« attroupement non armé » et d’« atteinte à l’unité nationale », condamné à une peine de prison, puis gracié par le président de la République. Après chaque marche, il aurait été débriefé par les « services » français, dans les locaux de l’ambassade de France à Alger. C’est du boulot ! À Oran, un trotskyste réputé de l’Université, membre de la Ligue algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH), agitateur doué, a été arrêté et jugé une demi-douzaine de fois. Un journaliste, à Annaba, élisait domicile dans les prétoires. Et, des dizaines d’activistes sortis du néant. Pendant que les bobos et les « gauchos » harcelaient les forces de police, Rachad ramassait de l’argent dans l’arrière-pays et le MAK des armes de guerre.

Ces trublions citadins se sont comptés, ces derniers jours, à l’occasion du soixante-treizième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de l’ONU et de la Journée mondiale des Droits de l’Homme, le 10 décembre 2021. Ils étaient exactement, d’après un recensement de la presse, cent cinquante signataires d’une pétition contre l’État algérien adressé aux Nations unies. Il y a même parmi eux de nombreux Français d’origine algérienne, singulièrement une élue du Parti socialiste, qui n’ont aucun lien avec l’Algérie, qui n’est plus leur pays. Que peut un gouvernement contre ces francs-tireurs des beaux quartiers de la capitale et des leurs commanditaires, visibles ou masqués ?

Derrière les « révoltes populaires » qu’évoque Jacques Julliard, dont l’écho s’est depuis bien longtemps dissipé, il ne reste qu’un mouvement terroriste soutenu par les bobos d’Alger, bien-nés, et leur presse, qui savent faire du bruit à Alger et à Paris. Ces factotums de l’islamisme et du séparatisme kabyle peuvent faire feu de tout bois pour hâter la chute du régime. Ainsi cette veillée d’armes d’opposants au pouvoir d’Alger, vers la mi-octobre 2021, dans l’amphithéâtre de l’Assemblée nationale française, sous la direction de Mme Marie-George Buffet, député du Parti communiste français. Comme au temps de Charles X et de l’expédition contre Alger(([7] Voir Georges Fleury, « Comment l’Algérie devint française », Paris, Perrin, 2008.)), Mme Buffet a promis à ses convives de lever les chars français, et derrière eux ceux de l’OTAN, contre le pouvoir d’Alger(([8] Ahmed Bensaada, « Algérie : les tribulations tartarinesques de Marie-George Buffet » (https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=586:2021-11-17-21-55-07&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119).)). Des bobos d’Alger se voient déjà entrant dans la capitale algérienne sur les chars de l’Occident, qui ont détruit la Libye, pour offrir le pouvoir aux islamistes de Rachad et aux séparatistes du MAK. Il se répète, à Alger, qu’ils ne sont dans le néo-hirak que pour chauffer les tambours de l’islamisme de Rachad. Un de leurs maîtres à penser, un professeur de sociologie de l’Université d’Alger, n’a-t-il pas délivré à l’islamisme de Rachad l’onction démocratique dans les colonnes d’un quotidien francophone d’Alger ?

Passons, donc. Ce qui est détestable dans la prose de Jacques Julliard, c’est cette arrogance affichée envers les Algériens et leur gouvernement : « un gouvernement corrompu, incompétent, qui ne se maintient que par la force militaire », « des potentats aussi cyniques, aussi méprisables ». Une exécution nocturne en rase campagne. Une morgue foncièrement néo-colonialiste. Un racisme scrofuleux. Une haine suintante. Jacques Julliard se dresse devant l’Algérie avec son casque colonial, ses guêtres et sa cravache. Comme dans les cruelles années 1990, la France de Jacques Julliard soutient ouvertement les ennemis de l’Algérie sans s’embarrasser de ses contradictions. Contre l’islamisme, à Paris, tueur, en 2015, à « Charlie Hebdo », à l’« Hyper Casher », sur les terrasses des restaurants et des brasseries et au « Bataclan », en 2016, à Nice, qui continue à décapiter des Français ; avec l’islamisme à Alger et ses 200 000 victimes de la « décennie noire ».

Lectures à courte vue

Ce n’est pas la seule fois, ces dernières semaines, où Jacques Julliard s’est exprimé véhémentement sur le pouvoir d’Alger, colligeant un corpus malveillant, emprunté à la terminologie de son opposition islamiste et séparatiste kabyle, nourrie, logée et blanchie par le pouvoir de Paris. Que reproche-t-il aux hauts responsables de l’État algérien ? Que l’on en juge : « […] les raisons du caractère détestable des relations franco-algériennes actuelles sont plus profondes : la vérité est que le gouvernement militaro-autoritaire qui règne sur l’Algérie, par son absence de représentativité, est incapable d’entraîner son pays et ses habitants dans un processus sincère de réconciliation avec l’ancienne puissance coloniale »(([9] Jacques Julliard, « De la repentance », « Marianne », 15 au 21 octobre 2021.)). Reprenons donc les griefs de l’éditorialiste parisien :

Un « gouvernement militaro-autoritaire ». Sur quelles données formellement établies, Jacques Julliard fonde-t-il un gouvernement militaire de l’Algérie ? L’Armée nationale populaire, éloignée de la politique politicienne, est une institution républicaine dont les missions ne déparent pas de celles des armées des grandes démocraties mondiales. Cette vaillante armée du peuple, il serait difficile de lui coller une carte de parti, quel qu’il soit, autre que celle de l’Algérie. Le chef de cette armée, comme dans toute démocratie, est un civil, en l’espèce M. Abdelmadjid Tebboune, président de la République, ministre de la Défense et chef suprême des forces armées.

Jacques Julliard a décidé de mettre un militaire derrière chaque Algérien et derrière chaque élu algérien, quelles qu’en soient l’appartenance politique et la charte idéologique. Mais la France, toute proche, de l’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et de l’État de Vichy du maréchal Pétain, n’était-elle pas foncièrement dans une compétition de chefs militaires ? Ne convient-il pas de rappeler à l’insulteur des Algériens et de leur gouvernement que le fondateur de la Ve République française, le général Charles de Gaulle, ne manquait pas de proclamer sa filiation militaire et de revêtir solennellement l’habit en plusieurs circonstances de la vie politique de son pays ? Et, récemment, ce sont des militaires qui ont censuré l’action politique du président Macron dans une sévère pétition publiée par le magazine « Valeurs actuelles ». Dans la France de ce début de XXIe siècle, c’est aussi un militaire, le général de Villiers, qui est pressenti par les Français pour sortir leur pays du déclin. Rien de tel en Algérie, les militaires ne font pas de politique.

Une « absence de représentativité ». En termes de représentativité réelle, en dehors des alliances du second tour propres au système électoral français, un président de la République française, rassemble au mieux un quart des électeurs au premier tour. C’était le cas en 2017 pour M. Macron, et, aussi, dans les prévisions actuelles du président-candidat en 2022. En 2019, M. Tebboune, élu au premier tour, réunissait les deux tiers des électeurs participant au vote. Quant à la désaffection des électeurs, elle est du même niveau en Algérie et en France.

En quoi l’éditorialiste infatué de « Marianne » peut-il donner des leçons à l’Algérie ? La France est-elle plus démocratique et l’Algérie le serait moins ? Toutes les instances représentatives du pays sont élues, ainsi le président de la République, les députés, une partie des membres du Conseil de la Nation (équivalent du Sénat en France), les conseillers de wilaya (département), les conseillers municipaux et les maires.

Une « sincère réconciliation ». Il faut en parler. Et, revenir nécessairement à l’éclairage de déchirantes pages d’histoire coloniale française en Algérie. La France entre en Algérie, en 1830, sans y être invitée, procède à une longue et sanglante guerre de conquête (1830-1870), parsemée de génocides, comme dans les enfumades du Dahra dirigées, en 1845, par le lieutenant-colonel Pélissier(([10] Le 19 juin 1845, plus de 700 Algériens ont été asphyxiés dans les grottes du Dahra par les troupes du colonel Pélissier. Ce meurtre collectif a été salué à la Chambre des députés (Cf. François Maspero, « L’Honneur de Saint-Arnaud », Paris, Plon, 1993).)). Pour maintenir la colonisation, elle procède distinctement à des massacres à Sétif, Guelma et Kherrata, en 1945, et tue des centaines de milliers d’Algériens dans une féroce guerre coloniale (1954-1962). La France a déstructuré le pays, son économie, son système de formation, déplacé des centaines de tribus dépossédées de leurs terres. La colonisation française n’a jamais été heureuse pour l’Algérie et les Algériens. Elle a été un facteur de retard et d’effondrement. C’est le jeune Kateb Yacine qui pariait, en 1948, que l’Algérie sans la France aurait eu le potentiel socio-économique de l’Égypte (11). Ce passif douloureux devrait-il s’effacer par un trait de plume ?

Quelle réconciliation est aujourd’hui envisageable entre Algériens et Français sur un passé qui divise toujours ? Faudrait-il encore que les Algériens mettent genou à terre devant leur ancien oppresseur pour un « processus sincère de réconciliation » en subissant, chaque jour, les imputations de « rente mémorielle » — des candidats Macron et Zemmour, unis dans leurs fariboles néocoloniales ? Les querelles mémorielles de ces derniers mois entre Paris et Alger ne montrent-elles pas qu’une telle projection reste hâtive ? Ce n’est pas seulement, comme le pense Julliard, une question de gouvernants. Les Français encensent l’exemplaire réconciliation franco-allemande. Or l’Algérie et l’Allemagne face à la France ne sont pas dans la semblable complexité historique. La rivalité de nations européennes chevronnées qu’entretenaient Français et Allemands ne s’inscrivait pas dans une trame coloniale — même si de part et d’autre des territoires étaient convoités. Il est encore tôt, trop tôt pour les Algériens, pour éveiller et rendre possible une réconciliation avec la France selon le protocole franco-allemand.

Au-delà d’une indécidable « réconciliation sincère » attendue par la France, ce qui dérange désormais les Français, c’est un changement imprévu : l’Algérie possède un président de la République à l’écoute de son peuple, plus que de Paris comme cela était, à juste titre, rattaché à son prédécesseur. L’Algérie n’a pas rencontré ce profil de chef d’État, soucieux de la personnalité et de la dignité de son pays, depuis Houari Boumediene (1965-1978) et Liamine Zeroual (1996-1999) et c’est un très bon signe pour une nation qui affirme son autonomie régionale et internationale. M. Tebboune, parlant au nom des Algériens, a insisté sur le fait qu’Alger ne reprendra ses relations avec Paris, que d’égal à égal, dans un strict respect. Il a aussi insisté sur le fait que l’Algérie, offensée par les propos inconsidérés du président Macron sur son histoire, ne fera jamais le « premier pas ». Le message est sans fioriture et il semble qu’il a été entendu à Paris. Julliard s’inquiète-t-il des « génuflexions » et des « prosternations » des autorités françaises ? C’est ce que vient de faire, ces jours-ci à Alger après la bourrasque mémorielle, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ? L’éditorialiste de « Marianne » ne se doute-t-il pas que les Algériens auraient pu attendre du haut-représentant de la France plus que des regrets ? L’aman, sûrement, ce vieux rite punitif de la France coloniale en Algérie.

Dans les chromos de l’Algérie française, ce qui demeure d’une culture coloniale indigente, figurent des images sépia de populations indigènes, le front et les genoux dans le sol boueux, suppliant l’aman à un officier français au-devant de ses mousquetons et de ses canons. Il ne suffisait pas à la France coloniale inhumaine de pourchasser et de tuer les Algériens sans armes, il lui fallait aussi humilier leurs survivants dans cette cérémonie victorieuse de l’aman, le pardon. À Alger, M. Le Drian, autrefois grand mamamouchi socialiste, rapetassé dans une livrée macroniste, n’a pas été soumis à l’aman, il a même été reçu en audience par M. Tebboune, qui a été, en la grave circonstance, singulièrement aimable, qui n’a pas exhumé des reliques de l’histoire commune algéro-française ce sacré éventail du dey Hussein. Dans ce bref contentieux mémoriel avec la France, qui devra bien s’épuiser, rien n’est perdu : l’Algérie a gagné un président patriote et déterminé, qui a rendu aux Algériens leur fierté et leur grandeur de peuple libre dans un État souverain. Contre Jacques Julliard et ses lectures à courte vue, l’Histoire des Algériens en témoignera.


* Linguiste, écrivain, critique et historien de la littérature.

Notes




Les effets « directs et collatéraux » des écrits de A. Bensaada et de A. Merdaci

Par DJERRAD Amar

Finalement, c’est la vérité ! Les publications de Ahmed Bensaada (livres et articles) sur les « printemps arabes » — et leurs dessous idéologiques et financiers que programmes des officines occidentales en particulier américaines par la NED et françaises — ont vraiment fait beaucoup de « victimes » algériennes (et étrangères) ayant échoué dans la déstabilisation de l’Algérie par pseudos-hirak interposés. Des « victimes » de tous les bords idéologiques y compris « gauchistes ». Sa publication sur le hirak et ses manipulateurs cachés, intitulée « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak en Algérie », est celle qui a mis « le feu aux poudres » par les révélations et preuves irréfutables qu’elle contient. C’est dès l’annonce de la sortie du livre et son titre que des voix trépidantes sonnent la charge contre la personne de Bensaada ! Ce livre foudroyant (que la plupart des médisants non pas lu) a agi, en effet, comme un « lance-pierre ayant brisé la vitrine fumée » faisant apparaître la tromperie cachée ou comme le projecteur d’un chalutier faisant sortir différentes sortes de poissons (les gros surtout) à la surface de la mer. Une « mer » agitée et trouble ou nageaient les corrompus, les envieux, les cupides, les vaniteux, les prédateurs, les opportunistes, les cauteleux, les « applaventristes » et les félons !

Une réplique au livre, par des preuves, aurait été salutaire, acceptable et rassurante, mais à ce jour personne n’a fourni la moindre contre-preuve à ses révélations. On y avance des « certitudes » fondées sur des affirmations crasses, des carabistouilles, des suppositions et surtout sur des attaques ad personam, basses, épidermiques, jusqu’à attenter à son honneur et à sa probité, visant à le discréditer, le dévaloriser au lieu de réfuter, par des preuves, son argumentation documentée. De « complotiste » à « agent » des « service » algériens et/ou de la France, de traître aussi ! Il ne manquait que la qualification de « funeste coléoptère ». Enfin si, on l’a traité de « doubab » (mouche électronique) « bossant pour régime ». Non seulement lui, mais aussi, les auteurs de la préface/postface et son éditeur algérien ! C’est bébête, méchant et frustrant surtout quand cela vient de gens qui se prétendent « intellectuels » ! Des publications de cette qualité informationnelle, ça « s’analyse » et non « parcouru des passages » ou « non encore lu ». La logique intellectuelle impose des réponses avec une approche intellectuelle et non pas par des réactions hargneuses et injurieuses, qui égarent ! En vérité, des enrôlés dans la catégorie opportuniste des « gaucho-islamo-bobo » algérois ! Bensaada traître ? Raisonnons par l’absurde : à la limite, qui est patriote : celui qui « bosse » pour un « régime » de son pays, quel qu’il soit, ou celui qui « bosse » pour des états étrangers contre son pays dans le but de semer le désordre ? « La première des vertus est le dévouement à la patrie. » disait N. Bonaparte ; ainsi que ce proverbe arabe qui leur sied parfaitement :

« les armes du sage sont sa science et sa langue, celles de l’hypocrite la calomnie et la médisance ».

Toutes ces attaques démontrent, a contrario, la pertinence et la profondeur de l’ouvrage, mais aussi l’engagement douteux des mis en cause et leurs porte-voix. Totalement déroutés, frustrés par l’échec et surtout démasqués, ils se sont livrés, alors, à un travail de sape ignoble, à un degré d’aliénation tel qu’ils osent traiter de « renégat » leurs concitoyens qui défendent leur pays oubliant qu’eux le trahissent ouvertement en servant de relais à la politique de pays étrangers hostiles ; de la France en particulier !

Oui un livre-enquête foudroyant, ayant anéanti tout espoir de « coup de force » qui a semé la panique dans ces milieux, embusqués, en faisant mal à beaucoup de ces manipulateurs internes et externes ! Il a surgi tel un couperet, avec des preuves irrécusables (tirées des documents officiels de la NED/CIA et des câbles wikileaks), impliquant des personnalités et ONG algériennes dans la tentative de manipulation du hirak pour le détourner de ses revendications originelles en collusion avec des officines occidentales, la nébuleuse islamiste internationale que représente Rachad et le mouvement séparatiste MAK, suivant des agendas étrangers dans un but hégémonique ! Plus précisément, ses publications, qui consacrent une large partie aux extraits de rapports d’organismes étrangers, dévoilent les liaisons de ces « ténors autoproclamés… » (qu’il cite) avec notamment la NED américaine qui les finance. Dans son « Huit ans après : la » printanisation » de l’Algérie », il cite la Ligue algérienne des Droits de l’homme (LADDH) ; le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA) en liaison avec « SOS Disparus » qui mènent souvent leurs actions ensemble avec « Soumoud » et « Djazaïrouna » ; le RAJ (rassemblement-actions-jeunesse). Dans un autre article, il dévoile le financement de Radio M (de El Kadi Ihsane), où active K. Drareni, par Canal France International sous la coupe du Quai d’Orsay… Pour en faire quoi ? De l’aumône ? Pour leurs beaux yeux ? L’anthropologue américaine Adrienne Pine dit à ce sujet :

« une fois que les gens acceptent de l’argent, ils acceptent les conditions qui vont avec… »

Il est vrai que les travaux de recherche de Bensaada sont assez offusquant et tranchant pour susciter pareilles réactions agressives !

Bien plus ! Au-delà des informations vérifiables qu’il renferme, le livre met aussi à nu un système médiatique corrompu, une espèce de journalistes, surtout du privé. Leur insolence est poussée jusqu’à considérer que tout « ennui » judiciaire d’un journaliste, d’un activiste politique félon, comme une volonté « politique » d’empêcher la vérité et la liberté d’expression (y compris dans les cas de diffamation, d’injure et d’atteinte à la sécurité de l’état !). Tous savent qu’ils sont face à des preuves avérées qui ne sortent pas d’une imagination débridée.

Omar Zelig (de son vrai nom Luc Chaulet) connu dans certains milieux algérois influents et sa clique font partie du microcosme algérois agissant. Certains (dont Rachid Malaoui le chef SNAPAP, un syndicat « autonome » algérien) ont même osé se réunir dans l’enceinte du Parlement français autour de la députée Marie-George Buffet (surnommée la « ‘Tartarine » par Bensaada) pour le projet de « faire tomber le pouvoir en Algérie » dans l’espoir de faire le bonheur d’un peuple dont elle ne connaît rien. Omar Zelig lui intervient, en s’annonçant en fin de parcours, lorsque la messe est dite ! Par son « post » – seulement « de 4 lignes » (dit-il) sur les réseaux sociaux – souhaitant que l’on se débarrasse de Ahmed Bensaada ainsi que du site d’information « Lapatrienews » – il annonce bien sa couleur, jusque-là dissimulée, mais d’importance, car il dévoile qu’il fait bien partie de cet amas politico-idéologique décrit par Bensaada. Comme tous les autres de son bord, nous n’avons pas vu à ce jour un écrit de son cru critiquer dans les règles de la science, les travaux de Bensaada Ahmed, ce « consultant canadien » (comme il le qualifie) qui doit être moins « patriote » que Chaulet Luc ! Quand on se prétend « homme public », on mesure ses mots destinés au public en les assumant ainsi que les répliques, au lieu de croire avoir dit une banalité ! M. Bensaada, lui aussi homme digne, ne laisse pas passer, à notre connaissance, sans réplique ce genre de « post » : « Si la fin de Belhimer pouvait nous débarrasser de ses dommages collatéraux type Bensaada, Lapatrie, la paranoïa et autres consternations du Boulevard des martyrs, ça serait bien, mais on n’ose plus rêver ». Ce qu’il a fait avec les moyens et l’intelligence qu’il a par un article qui semble l’avoir fortement incommodé ! Mais c’est l’article de Abdellali Merdaci intitulé « Ahmed Bensaada et les “dommages collatéraux” : Les songes d’une nuit d’automne d’Omar Zelig-Chaulet » (publié par des sites en Algérie relayé par le site canadien « nouveau-monde.ca ») qui l’a le plus ébranlé au point d’y voir des atteintes à sa personne et sa celle de compagne Mouffok / journaliste (un crime de « lèse-majesté » de l’avis de Bensaada ; « témoigne de l’arrogance des Chaulet-Zelig-Mouffok qui considèrent qu’écrire sur eux est un délit » selon Merdaci), nécessitant une plainte ; sans percevoir que leur « réponse est nettement injurieuse » selon Merdaci. La réponse de Merdaci et celle de Bensaada ne se sont pas fait attendre « la réponse du berger à la bergère » !

Ayant lu et relu son écrit doctement rédigé, on ne trouve aucune diffamation, injure ou insulte. Le professeur Abdellali Merdaci est bien connu pour sa haute culture, rarement égalé, en sa qualité de linguiste, écrivain, critique et historien de la littérature, auteurs de nombreux ouvrages, études et articles de presse. Ni dans ceux du Dr Bensaada qui n’est pas du tout le genre « bobo gauche caviar » comme beaucoup de ses détracteurs, mais un intellectuel, respectable et modeste, de haut niveau ayant reçu plusieurs distinctions honorables pour ses travaux de recherches des mains de hautes personnalités respectables notamment canadiennes ! M. Bensaada est chercheur et enseignant en retraite, mais encore en activités universitaires. Il est titulaire d’un doctorat en physique de l’Université de Montréal (Canada) et auteur de plusieurs ouvrages en plus d’une quantité d’articles sur la physique, la pédagogie et la communication dont certains sont traduits en plusieurs langues. On peut citer « Arabesque$ — enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes » (2015), « La face cachée des révolutions arabes » (2012, Éditeur : Ellipses (Paris) ; « Le développement économique de l’Algérie » (2011, Éditeur : Casbah Éditions (Alger). Un peu de respect pour eux comme ils ne cessent de l’être pour les autres !

On voit apparaître subitement une mobilisation de toute une faune de « supporters » agressifs, la plupart des inconnus, sans qualités intellectuelles, qui expriment leur solidarité par des commentaires futiles apparemment sans connaître les tenants et les aboutissants de la chose. Par parti-pris, par affinité ou en partisan, que l’on peut considérer compréhensible !

Ces choses se règlent par la sagesse, des débats fructueux et non par des invectives, voire des injures ou bien la censure des commentaires suivie du blocage des contradicteurs ou des menaces de procès (comme le fait Zelig). Quand on ne supporte pas la contradiction, mieux vaut éviter de s’engager dans ce genre de choses. Bensaada aurait alors engagé des dizaines de plaintes et aurait arrêté d’écrire !

Voyons ce que pense celui qui a eu déjà maille à partir avec Bensaada (pour cause de son livre et ses articles) en l’occurrence Ali Bensaad enseignant universitaire en France. Il écrit ce commentaire en soutien à Zelig « quand on écrit dans un journal des services renseignements cela renseigne d’où on écrit ». C’est stupide de la part d’un « professeur » d’une université française ! Pourquoi « d’où on écrit ? » pourquoi « d’où ». Logiquement, il aurait dû écrire cela renseigne « pour qui on travaille » ! Passons ! Il ne cite pas ce « journal ». Quel est donc ce journal « des services de renseignements ? » « El Moudjahid », c’est celui du gouvernement et Bensaada n’y a jamais écrit un seul article. « l’Agence presse service » (APS), c’est une agence d’information d’État et Bensaada n’y a jamais écrit non plus ! Tous les autres journaux et sites d’infos sont privés et Bensaada n’y a jamais adressé un écrit. Le Dr Ahmed Bensaada publie ses articles, défendant l’Algérie, exclusivement sur son Blog et n’importe qui est libre de les relayer, de les proposer, d’en faire la synthèse ou les signaler sans même demander son autorisation ! C’est le propre des intellectuels ! Ils sont d’ailleurs relayés par beaucoup de sites d’informations étrangers dont africains, libanais, canadiens, français et traduits dans plusieurs langues. Cela renseigne en quoi ? Ali Bensaad a-t-il la capacité de faire de même ? Par contre, il ne cesse d’être sollicité par des médias français hostiles pour dénigrer et taper sur l’Algérie tout en soutenant les prises de positions françaises et marocaines (il doit être plus patriote que Ahmed Bensaada peut-être) ! Dans son cas cela renseigne « pour qui il bosse » contre son pays ! Cela s’appelle comment ? Ali Bensaad, par ses écrits, soutient bec et ongles tous ceux qui s’emploient à la déstabilisation de l’Algérie dès les débuts du hirak ! Voici comment il « analyse », l’Algérie, le « régime » et sa politique dans cette vidéo. Des « printanistes » aux islamistes de Rachad en passant par les « 3issabistes » (la bande mafieuse en prison ou en sursis), les MAKistes ainsi que leurs soutiens ; les journalistes bobos d’Alger souvent des pseudo-gauchistes souillés ! D’où sa « solidarité » quand l’un d’eux se trouve dans l’embarras parmi eux Omar Zelig ou El Kadi Ihsane avec sa Radio M et d’autres : « Ma solidarité avec Ghania Mouffok et Omar Zelig et mon dégoût de la déjection écrite par le Merdaci…Ihsane El Kadi n’a pas été moins malmené je lui exprime également ma solidarité » Dans sa dernière intervention sur une chaîne, on peut le dire, du gouvernement et des « services » français RFI, il dit, avec cynisme ceci, au moment où Macron agresse l’Algérie, « les propos d’Emmanuel Macron ont été une bouée de sauvetage pour le régime algérien » tout en n’omettant pas de soutenir le Maroc. Enfin, mieux vaut ignorer avec dédain cet infâme pour sa vilenie et sa félonie !

Pour terminer, il est bon de rappeler que « la colère est mauvaise conseillère », car les réactions irréfléchies qu’elle entraîne peuvent susciter d’autres réactions plus embarrassantes et préjudiciables. Nous avons observé que Ahmed Bensaada ne réplique que rarement, mais quand il le fait, c’est pour mieux compromettre les détracteurs insolents avec d’autres faits ! C’est ce qui est arrivé à El Kadi avec sa radio M lorsqu’il l’a traité, comme ça, de « barbouze », alors qu’il n’a jamais été cité dans ses écrits ! Sa réponse a été immédiate, lui révélant l’origine de ses financements entre autres ! Même pour ceux cités, il n’a fait que révéler l’essentiel sur eux sans aller jusqu’à les briser ! On dit qu’« agir dans la colère, c’est s’embarquer dans la tempête. ».

La « recherche académique » est le métier du Dr Bensaada. Il s’est engagé dans la défense de l’Algérie des prétentions néfastes des forces étrangères hostiles. Il le fait (avec d’autres) de façon raisonnable et remarquable, ne cherchant ni la provocation ni l’humiliation des vis-à-vis, mais, comme il le dit, à dévoiler des complots funestes, à réveiller certaines consciences égarées, à susciter le débat dans le but de protéger le pays. Il affirme n’avoir révélé que quelques faits et gestes d’Algériens dans ce large complot ! Ce qui suppose qu’il est en possession encore, sans aucun doute, de preuves pouvant rendre des implications plus visibles et plus compromettantes ! Dans ce sillage Omar Zelig a fait un geste aussi vain qu’inutile en provoquant méchamment et gratuitement quelqu’un qui ne lui a rien fait et qu’il n’a jamais cité dans ses écrits !

Il nous semble, amicalement, que certaines personnes feraient mieux de s’apaiser en se faisant carrément oublier ! C’est plus sage et plus raisonnable ! Que leur reste-t-il comme autres « arguments » après avoir épuisé le lexique des qualificatifs méprisants ? Absolument rien ! Sauf à nous raconter des contes à dormir debout, après avoir compté le nombre de vendredi passés depuis le début du Hirak (les marcheurs sortaient le vendredi), comme le fait leur « ami » l’islamiste Dhina dans chacune de ses vidéos : « Salam, nous sommes le 24 septembre 2021, correspondant au 126e vendredi… ». Ridicule !

Le complot contre l’Algérie a bien échoué définitivement et il serait vraiment stupide de s’entêter à vouloir persister à atteindre un objectif qui a échoué lamentable. C’est comme cogner pieds nus contre un mur pour le détruire ! Marcel Pagnol illustre cela ainsi :

« Ne pas atteindre son but, c’est grave, c’est une grande déception, mais atteindre un but tout à fait opposé, réussir pour ainsi dire à l’envers, c’est la preuve la plus éclatante que l’on est un véritable idiot ».

D.A




Ahmed Bensaada et les « dommages collatéraux » : Les songes d’une nuit d’automne d’Omar Zelig-Chaulet

[Source : Algerie54]

Par Abdellali Merdaci*

Le dénommé Omar Zelig, nom de guerre de Luc Chaulet, époux de la journaliste Ghania Mouffok, aux identités nationales imperceptibles (Algériens, Français ou Franco-algériens ?), tous deux embusqués dans le fatras des réseaux sociaux, vient d’ajouter sa danse joyeuse sur le cadavre encore fumant du professeur Ammar Belhimer, relevé de ses fonctions de ministre de la Communication par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Zelig-Chaulet appelle, de son maquis – enfumé – la même disgrâce présidentielle pour l’éminent universitaire, écrivain et publiciste Ahmed Bensaada, le journal en ligne « La Patrie News » et les « autres consternations du boulevard des Martyrs », traités de « dommages collatéraux » dans un post fulminant.

Post d’Omar Zelig incriminant des « dommages collatéraux »

Il est vrai que l’œuvre critique de Bensaada secoue les marécages méphitiques d’une opposition strictement boboïste, plus justiciable du « demi-pression » dans les brasseries germanopratines et d’une militance protégée dans les gargotes dorés d’Alger, que des dédales d’une lointaine politique algérienne. Les motifs du vif ressentiment de Luc Chaulet et de Ghania Mouffok envers Bensaada sont certainement connus et entendus dans le cercle de leurs amis, notamment ceux d’Alger, depuis longtemps poussés dans le mouvement du néo-hirak et dans une campagne épouvantable contre le pouvoir de M. Tebboune et l’unité de la nation algérienne aux côtés des islamistes de Rachad et des séparatistes du MAK……

En vérité, Ahmed Bensaada dérange beaucoup de convictions délétères. Il a toujours préservé une vision largement documentée des événements politiques qui façonnent nos sociétés du Maghreb et du Moyen Orient. Il avait ainsi tenté d’expliquer, en interrogeant le contexte politique international, les « révolutions arabes » qui marquèrent leur auréole printanière. Il ne croyait pas à leur spontanéité et le faisait savoir, preuves à l’appui, dans un remarquable essai (1) qui décrypte les sources des surprenantes mutations de pays arabes (Tunisie, Libye, Syrie), de leurs acteurs, de leurs enjeux, de leurs commanditaires et de leurs ressources occultes. Accusait-il l’arrogante Amérique et ses agences de « démocratisation » du Moyen Orient, reprenant les semblables protocoles qui ont forgé en Europe de l’Est les fameuses révolutions colorées ? Derrière des élans populaires, les lecteurs de Bensaada apprenaient à reconnaître les inspirateurs de « soulèvements révolutionnaires » dans le monde arabe et découvraient leurs lignes de crédit patiemment retranscrites. La National Endowment for Democracy (NED), aux nombreuses succursales, reprenant des attributions de la CIA, est une hydre à sept têtes, posant sa semelle de plomb sur des États du Maghreb et du Moyen Orient réfractaires aux attentes de l’Amérique. Cette entreprise de démythification par Bensaada de ferveurs « printanistes » arabes, autant imprévues qu’inédites, hâtait de mordantes répliques de bien-pensants, principalement en Algérie.

En 2011, le vent du boulet du « printemps arabe » était-il passé si près des oreilles des dirigeants algériens, plus préoccupés par l’activisme indécent et foutraque d’un « Saïd Samedi » que de ses initiateurs américains et de leurs fondés de pouvoir locaux ? Bensaada ne pouvait admettre une Algérie formatée par les hérauts américains de la « démocratisation » du monde arabe, qui échouaient, en 2011, dans leurs menées et dans leurs diversions factieuses. Non pas, parce que l’État y faisait face, mais parce que les Algériens ne s’y prêtaient pas. Cette pétition de principe, éminemment patriotique, gonflera le remous d’attaques personnelles, pro domo, et de sermons rageurs. Le publiciste Ahmed Bensaada était déjà l’ennemi à abattre ? Avant les incantations d’Omar Zelig et de son impromptu automnal.

Hirak, néo-hirak et « ténors autoproclamés »

Le 22 février 2019, des marches populaires, sur l’origine et les motivations desquelles l’Histoire devra se prononcer, balaient les prétentions du régime honni des frères Bouteflika, dans les starters-blocks pour un cinquième mandat. Ce n’était plus un secret pour les Algériens que le président Abdelaziz Bouteflika, ingambe, ne disposait plus des capacités  – physiques – pour diriger le pays laissé à la discrétion de son cadet Saïd, vaguement conseiller à la présidence de la République. Depuis les désagréments de santé, au printemps 2013, Saïd Bouteflika incarnait à lui seul le pouvoir secondé par un clan d’oligarques, qui a, sous sa bienveillante direction, asséché la trésorerie de l’État. Le peuple algérien, unanime, ne voulait plus prolonger le règne césarien de la fratrie Bouteflika. Des grandes cités jusqu’aux hameaux d’Algérie soufflait une sourde révolte sans précédent dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Des centaines de milliers d’Algériens marchaient chaque vendredi contre le 5e mandat présidentiel convoité par les frères Bouteflika et contre leur clientèle de mascarade, la « ’içaba ».

Par leur nombre, les marcheurs étaient légitimes dans leur demande de changement. L’Armée nationale populaire, dernier recours dans cette confrontation entre le peuple et le régime des frères Bouteflika, est intervenue, comme elle l’a fait, en 1991, devant la menace islamiste pour éviter l’effondrement de l’État et la désagrégation du pays. Le général Ahmed Gaïd Salah est apparu, à l’épreuve des faits, comme l’homme de la situation, obtenant le départ des Bouteflika et la mise en cause publique de la « ’içaba » prédatrice. Dans le calendrier républicain du commandement de l’Armée nationale populaire, le retour à l’élection et au verdict des urnes restait prioritaire. Beaucoup d’Algériens, si ce n’est la majorité d’entre eux, se sont rendus à la sagesse de cette proposition, pour prendre du recul d’avec les marches. Mais entre-temps, le hirak, en partie phagocyté par des activistes d’Alger, agents de la NED, repoussant le slogan du « khawa-khawa » et la fraternisation du peuple et de son armée, tentait de se structurer dans une direction séditieuse en répandant le mot d’ordre de rejet de l’élection présidentielle au profit d’un collège présidentiel et d’une assemblée constituante. C’est précisément sur cette phase décisive du hirak qu’Ahmed Bensaada apporte son analyse aiguisée des faits et sa probité intellectuelle dans leur compréhension exacte. La synthèse, toute stimulante, de son travail d’enquête est publiée, au printemps 2020, par l’éditeur algérois APIC sous le titre « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ? ».

Dans cet opus, Bensaada démonte, pièce par pièce, l’OPA sur le hirak d’acteurs politiques et civils, tous formés et financés par la NED. Et reconstitue les phases d’un schéma d’agit-prop soigneusement pensé. À la manoeuvre, Lahouari Addi, sociologue français d’origine algérienne, conférencier de la NED, met en branle une instance présidentielle et en désigne les membres, les avocats Mustapha Bouchachi et Zoubida Assoul et le militant politique (sans parti agréé) Karim Tabbou, clients à divers titres de la NED, auxquels est assigné l’objectif de lancer une Assemblée constituante composée de membres cooptés. Cette démarche est nettement étayée par Ahmed Bensaada qui donne le détail des accointances et des financements par la NED des membres du triumvir présidentiel pressentis par Addi.

Cependant, au gré des marches, les rapports de force à l’intérieur d’un néo-hirak, qui n’a plus aucune légitimité populaire après l’élection du 12 décembre 2019 qui a consacré M. Tebboune, évoluent vers une nouvelle direction islamiste et un nouvel objectif qui est la destruction de l’État algérien. Les anciens membres du FIS dissous, réinvestis dans Rachad, Mourad Dhina et Larbi Zitout, appellent de Genève et Londres à un renversement du président de la République, élu légalement. Un dernier acteur dans l’opposition la plus extrême non seulement au pouvoir mais aussi à la nation algérienne est Ferhat Mehenni, chansonnier de Tizi Ouzou, président-fondateur, à Paris, du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Si Rachad est à l’œuvre dans l’ensemble du pays, le MAK a la parfaite maîtrise de la Kabylie. Les activistes pro-américains, rejoints par la gauche communiste agréée (MDS, PST) et le Rassemblement algérien de la jeunesse (RAJ, interdit par décision de justice), apparaissent comme minoritaires dans cet échafaudage politico-insurrectionnel. Mais, leurs troupes  restent fidèles au pacte léonin qui les lie aux islamistes et aux séparatistes kabyles pour le renversement de l’État algérien et de son pouvoir légal. On verra ainsi, au printemps 2021, le journaliste Ihsène El Kadi (« Maghreb émergent », Radio M.) apporter sa caution à Rachad et au MAK alors qu’un maître de chaire réputé de sociologie de l’Université d’Alger louera dans un entretien avec « Le Quotidien indépendant », autre soutien du néo-hirak, les vertus démocratiques des chefs de Rachad.

Censuré dans la presse privée, affiliée au néo-hirak, le publiciste Ahmed Bensaada combattra-t-il avec vigueur dans la presse patriotique en ligne les parrains du néo-hirak ? Singulièrement, ses nouveaux ténors islamistes. Ils s’attacheront, ainsi que leurs hommes de main (et de plume), de Londres à Genève, Paris et Montréal, y compris Lahouari Addi à Lyon-France, à minorer l’auteur et son œuvre. Ahmed Bensaada, didacticien des sciences physiques reconnu et salué au Québec, est traité de « petit professeur » et son essai sur le néo-hirak de « koutiyyeb » (livret, « petit livre », dans un sens péjoratif ; fascicule). Au-delà d’attaques venimeuses au-dessous de la ceinture, Dhina, Zitout et leurs acolytes se gardent de lui opposer des contre-arguments. Parce qu’ils n’en ont pas. Discréditer l’homme ? Ce n’est pas très honorable, pour autant qu’un tueur islamiste respecte les règles de l’honneur, mais il n’en est rien resté.

Les Chaulet-Mouffok en marge du hirak

Je ne connais ni Luc Chaulet (alias Omar Zelig) ni Ghania Mouffok, ancienne journaliste d’« Algérie actualité », à Alger, un hebdomadaire gouvernemental à la ligne éditoriale flottante où elle pu raviver une aura de « rebelle » au système. Mais est-ce suffisant pour construire une histoire dans la presse ? Luc Chaulet, né à Alger en 1956, peut affirmer crânement dans un récent entretien avec le quotidien « El Moudjahid » (Alger) être un « Algérien à part entière » (2) alors que le site français d’informations littéraires Babelio le présente comme un « journaliste et producteur français ». Ce qu’il n’a ni corrigé ni démenti, craignant de sortir de cette  ambigüité à ses dépens.

Dans les années 1990, les Chaulet-Mouffok ont pris leur part de la tragédie nationale. Un exil parisien : quatre années ferme, entre 1994 et 1998, « sans papiers », mais pas pour autant des SDF. C’est à cette période contristée que Luc Chaulet forge son pseudonyme : double hommage à Woody Allen et à son personnage-caméléon Zelig et à une algérianité transcendante incarnée par le prénom Omar. Cet hybride juif new yorkais mâtiné d’Algérien ne manque pas de piquant (on pense à tous les « petits Omar », de Tlemcen à la Casbah d’Alger, de la fiction au réel). Et, de piquant, Luc Chaulet s’en est gargarisé dans une signalée carrière, toute inventive, à la Chaîne 3 de la radio algérienne. De retour à Alger, vers la fin des années 1990, il y reprendra sa place, même si comme il le confie à ses amis de la presse privée, « il n’y était plus attendu ». Comme à son habitude, le talent en bandoulière, il crée de nouveaux formats et concepts (ainsi, « Réactions en chaine ») dans une radio où il perdait ses repères, chamboulé par des vexations presque ordinaires et d’infamantes retenues sur salaire décidées par des chefaillons. Son métier de bourlingueur des ondes, dans une Algérie déboussolée, perdait son surcroit de poésie.

Lorsque, un 22-Février, se levèrent drues les graminées du hirak dans le vaste pays, Luc-Omar était prêt. Ce combat pour une Algérie « autre » ne pouvait échapper à sa candeur et à sa générosité et à ses mots parfois rageurs. Dans un dossier qu’il signe sur la révolution du bitume, qui ne fut pas heureuse, il reste un constat douloureux : « Bien sûr, dans les rangs des ‘‘hirakistes’’, on nie encore l’évidence, on veut encore se persuader que l’esprit du 20-02 existe encore, qu’il n’y a pas de défection dans les rangs, que le changement peut encore advenir pour peu que le peuple reste uni, mais il a du plomb dans l’aile le hirak, les mots et les slogans deviennent plus durs, on se traite facilement de khawana, de traître,  de harki, de collabo, de ouled franssa, enfant de la France, on refuse tout compromis, tout dialogue, on s’épuise à clamer que personne n’est habilité à parler au nom du hirak, et à réclamer la libération des détenus d’opinion, les suprématistes de la religion, de l’identité voire de l’armée en font des tonnes, et la pandémie du coronavirus, comme un allié mondial de tous les pouvoirs, vient l’achever, autour de la mi-mars, lorsqu’est instauré le confinement » (3). Acte de décès du hirak, lucide et sans fioritures. Dans les marches, on se bouffait le nez allègrement lorsque «  les suprématistes de la religion » le mettaient dehors sous la bourrasque. Mais Luc-Omar savait d’instinct – ou par imprégnation cultuelle ou historique, c’est un grand lecteur – que les révolutions mangent leurs lendemains qui chantent. C’était si vrai, à Moscou, en 1917, à Pékin, en 1947, à Alger en 2019. Les authentiques révolutions sont faites pour être dépeuplées et pleurées.

À Alger, Omar Zelig recherche des amitiés exigeantes. Celle d’Ihsène El Kadi, entre autres – il faudra y revenir. Il lui prête sa voix et son ingéniosité dans une émission de Radio M intitulée  évasivement « Mim ». Sans doute connaissait-il le mystérieux adage des Orientaux : « Garde le ‘‘mim’’, il te gardera ». Simplement malicieux. Cette amitié deviendra-t-elle nocive au gré des alliances intempestives d’El Kadi, enrégimenté dans un néo-hirak sulfureux ? Voire…

Brève évocation à propos de Ghania Mouffok, la compagne de Luc-Omar. Une image compassée de la journaliste passionnée des années 1980 ? Vieillotte et archaïque. Comme dans un palimpseste, elle se superpose à celle très actuelle de la militante des droits de l’homme, de l’experte de l’Unesco pour l’émancipation des femmes, de la journaliste indépendante et de l’écrivaine. Comme je ne suis pas accro aux télévisions françaises (TV5, France 24) auxquelles elle collabore, je ne peux me prononcer sur ses productions. J’ai, par contre, trouvé sur le site de la Ligue algérienne de défense des Droits de l’Homme (LADDH) sa défense et illustration du journaliste Khaled Drareni. Elle l’achève par cette déclaration bravache : « Je soussigné Ghania Mouffok, traître depuis cent ans, pour servir ce que de droit » (4). Mais, cette auto-assignation est franchement trop convenue. Et, sa traitrise, un fantasme.

Dans ce texte Ghania Mouffok expose sa conception du journalisme, très caricaturale. Lisons-là : « Les journalistes, et c’est ce qui fait ce métier, déjeunent, dinent, fréquentent toutes sortes de faunes, le matin avec un voleur de portable, le soir avec un ambassadeur et à midi avec un milliardaire, c’est ainsi qu’ils informent, se forment et informent quand ils prennent aux sérieux leur métier et c’est ce qui en fait par ailleurs le sel » (5). Dans les faits, le journaliste confronté au voleur de portable émarge dans un sous-compartiment de la rubrique « Société », les faits divers ou « chiens écrasés », pour remonter au temps de Rouletabille ; le milliardaire à midi ne saurait traiter qu’avec le directeur-général d’un titre ou le président de son conseil d’administration ; et, le soir, Son Excellence l’ambassadeur soupe avec des éditorialistes bien introduits dans les arcanes du système politique, le sommet de l’échelle dans une rédaction. En l’espèce, Mme Zelig pose un bémol : « Bien sûr, les ambassades n’invitent pas tous les journalistes mais ceux qu’ils espèrent, qu’ils estiment suffisamment influents, crédibles, pour éventuellement faire entendre leur voix » (6). Elle indique avoir été dans les agapes des ambassades, sans préciser si elle a rencontré tôt le matin un « voleur de portable ». Ce n’est plus Rouletabille, c’est Tintin au Congo. En quoi, cette mise en scène de comédie amende-t-elle son fils putatif (dans le journalisme) Khaled Drareni et ses virées chez M. l’ambassadeur. Du Burkina-Faso ? Non, de France, naturellement ? Comique, si n’est fâcheux.

J’ai retiré dans ce texte de la « copine du barbouze » cette exquise formule : « à mon âge fêlé ». Quelle poéticité, qui défie tous les savoirs rhétoriques ! Terminons par une note dysphorique : l’essayiste est éditée par Les Éditions la Découverte, du temps de François Gèze, et l’abominable RSF. Ses pensums, que je n’ai pas lus, sont collationnés dans « Mondafrique » de Nicolas Beau. Que de précieux amis de l’Algérie.

Les Zelig-Mouffok sont unis dans la créativité et militent vent debout contre le « système ». S’ils sont opportunément restés Algériens, comme le soutient véhémentement Luc Chaulet, ils ont possiblement, l’un et l’autre, comme beaucoup de leurs compatriotes, des raisons de détester et de contester le pouvoir d’Alger. Ils en ont le droit et l’entière liberté, lorsqu’ils en assument la responsabilité éthique, sans atermoiements. Est-ce que leurs raisons de titiller le pouvoir actuel sont celles d’Ihsène El Kadi et derrière lui de Mourad Dhina, porte-parole en France du FIS dans les années 1990, diffusant à Paris auprès des agences de presse, des journaux et des radios et télévisions d’Occident les bilans quotidiens des tueries des groupes islamistes armés, de Larbi Zitout, son alter ego, prêt à appliquer la « solution finale » dans l’Algérie d’aujourd’hui si les digues du pouvoir cédaient à Alger, de Ferhat Mehenni et de son MAK qui n’attendent que de prendre les armes pour tuer des Algériens de Kabylie et de toutes régions, et des activistes stipendiés par la NED, bourgeois bien installés d’Alger et petit-bourgeois, communistes orthodoxes et trotskystes, zélateurs du « Grand Soir » ?

Une impensable duplicité

Dans les fumeries (convient-il de s’attarder, ici, sur l’urgente demande de Luc Chaulet de libérer en Algérie le commerce du cannabis et d’ouvrir les frontières avec le Maroc ?) et dans les fumisteries de débats sibyllins, l’angle de vision de l’Algérie  et de l’islamisme algérien est certainement trouble et déformé. Luc Chaulet et Ghania Mouffok condamnent – vraisemblablement – les attentats islamistes à Paris, de janvier et de novembre 2015, et à Nice, au mois de juillet 2016, à Alger, ils sont, à la suite de leurs amis bobos, des défenseurs d’islamistes en costume-cravate grimés en « démocrates ». Amis d’Ihsène El Kadi, les Chaulet-Mouffok n’ont pas vidé leur sac de contradictions. Observons : c’est en « Algérien à part entière », bruyamment proclamé dans les colonnes d’« El Moudjahid », que Luc Chaulet  espère après l’éviction de M. Ammar Belhimer un mauvais sort carbonisant ses « dommages collatéraux », entre autres Ahmed Bensaada. Comment ne pas s’étonner de la complexité de cette filiation politique chassant l’oxymoron, d’El Kadi à Tebboune ?

Peut-on être à la fois le défenseur d’El Kadi et le solliciteur du président Tebboune ? Duplicité nuisible. Car, il est avéré que l’État algérien et ses institutions, spécialement la présidence de la République, sont dans la ligne de mire d’El Kadi et du néo-hirak. Omar Zelig-Luc Chaulet peut donc banqueter à Radio M et, dans le même temps, lorgner une rude sentence présidentielle contre Ahmed Bensaada et les contradicteurs de la politique antinationale d’El Kadi et de ses comparses islamo-séparatistes. Cette situation n’est pas exceptionnelle : beaucoup de bobos d’Alger ont un pied dans le pouvoir qu’ils se font un devoir d’étriper publiquement et un pied dans l’opposition, quelle qu’en soit la nature ; ils n’en ont cure. Et, c’est un trait inaltérable de la sociologie politique des classes supérieures de la société d’Alger, certains bobos, quel que soit leur positionnement politique, sont intouchables. Et, parmi eux, les Chaulet-Zelig-Mouffok ?

De Paris à Alger, le couple Omar Zelig-Ghania Mouffok se prévaut d’une infaillible défense des droits de l’Homme et de la liberté d’expression. Ces droits, sont-ils définitivement compromis en Algérie, dans l’Algérie de M. Tebboune ? Où aucun marcheur n’a été estropié comme un Gilet jaune, en France, ou tué comme c’est le cas en Colombie ou d’autres pays d’Amérique latine ou d’Asie. Cela mérite une explication. À Alger, il y a un président élu légalement, qui fait sa politique, bonne ou mauvaise, selon un programme largement répandu, et à l’heure du bilan, il  revient aux seuls électeurs de la reconduire ou de la sanctionner. Or, une cohorte d’Algériens et de binationaux franco-algériens, rassemblée dans un néo-hirak, noyauté par des organisations terroristes, refusant le passage par les urnes, entend prendre le pouvoir par la violence de la rue. C’est, résolument, Abdelouahab Fersaoui, ancien président du RAJ-dissous, activiste farouche, membre de la conspiration contre l’État, qui a déclaré que la démocratie n’a pas besoin d’urnes en Algérie (7). Pourquoi le pouvoir légal algérien n’aurait-il pas la ressource, comme dans toutes démocraties d’Occident, de se protéger contre les acteurs d’un coup de force prémédité ? Le président Tebboune aurait mille fois raison de dire qu’il n’y a pas un seul militant politique en prison ou dans l’attente d’être jugé par un tribunal en Algérie. Les seuls activistes du néo-hirak sont poursuivis devant la justice et parmi eux, a-t-il signalé, au magazine allemand « Der Spiegel » (8), « deux ou trois journalistes » auteurs de fausses nouvelles dans une population qui en compte plusieurs milliers. Et, hypothétiquement, des filous de partis qui nagent plus dans les eaux boueuses du droit commun que dans la politique. Évidemment, cela ne fait pas foule.

Les ligues des Droits de l’Homme devraient recenser, hors des agitateurs du néo-hirak, les citoyens poursuivis en raison de leur opinion politique. Il n’y en a pas. Il n’est interdit à aucun Algérien d’exprimer son opinion et beaucoup de journaux, leurs éditorialistes et leurs contributeurs le font régulièrement, stigmatisant le gouvernement du président Tebboune et pas seulement pour ce qui ressort de la gestion de la communication par M. Belhimer. J’ai lu sous la plume de l’excellent Djamel Labidi (9), au demeurant un grand patriote et témoin de l’histoire contemporaine de l’Algérie, une analyse sur la crise de la pomme de terre en Algérie qui devrait figurer par sa clarté et sa pédagogie dans un traité d’économie agricole algérienne, à contre-courant des thèses du ministre de l’Agriculture révoqué. Et, sur un autre registre, railleur, le billettiste Chawki Amari peut proférer dans « Le Quotidien indépendant » de graves et amères vérités sur le fonctionnement de l’État et de ses dirigeants. Si Ihsène El Kadi n’était que journaliste, rien ne devrait l’empêcher ainsi que ses titres de presse et leurs journalistes d’enquêter sur les failles nombreuses des ministres du gouvernement et d’éclairer les Algériens. Et, pas sur la seule patate. Qui ne défendrait pas sa liberté d’expression, comme celles de tous les journalistes algériens ? Or, le néo-hirakiste El Kadi, dans ses reliques de lieutenant des états-majors islamistes et séparatistes, est davantage dans une perspective de putschiste que de journaliste, fut-il un adepte du journalisme d’opinion. Il est distinctement sous une couverture de journaliste dans une association terroriste dont l’objectif est de briser par la violence l’État algérien, en disloquer le territoire et les institutions. De cette cruelle vérité, pourra-t-il se défendre ? Est-il, seulement, défendable ? Et, aussi, ses amis, les Chaulet-Mouffok, « copains du barbouze », embarqués dans ses choix et dans ses turpitudes.

Les espérances d’Ahmed Bensaada

Dans ses contributions données à la presse, dans ses conférences publiques, Ahmed Bensaada, qui est un esprit indépendant, met à nu le néo-hirak et son maléfique projet destructeur d’un autre temps. En paye-t-il le prix scélérat ? Cette antienne, servie dans les estaminets malfamés d’Oran, d’Alger et de Paris, qui traite d’officier des « services » tout Algérien qui défend son pays au-delà de ce que sont les pouvoirs, est tout autant injuste que malveillante.  Le couple Chaulet-Mouffok et ses amis de Paris et d’Alger (opposants de tout poil, souvent hirsutes, instruits par la lecture de Nicolas Beau, fondateur du site « Mondafrique », qui se connaît, semble-t-il, en généraux algériens), se rangeant derrière El Kadi et ses certitudes, en font un client du pouvoir lorsqu’il n’a aimé que l’Algérie. Omar Zelig attend de M. Tebboune de le bouter dans la même charrette mortuaire qu’Ammar Belhimer, dorénavant injurié. Mais les Chaulet-Mouffok, journalistes, savent-ils en quoi l’ancien ministre a démérité pour le couvrir d’opprobre ? Les hauts cadres de l’État ne sont-ils pas par nécessité – politique ou autre – appelés à des fins de fonctions ? Il aurait été souhaitable que les Chaulet-Zelig-Mouffok s’expriment sur les mutations les plus sensibles de la politique du pays. Omar Zelig, rajustant sur son visage le masque chaloupé d’« Algérien à part entière » de Luc, pérore sur l’Algérie et se félicite de la fin de mission d’un ministre algérien. Triomphe dérisoire.

Luc-Omar Chaulet-Zelig et sa compagne Ghania Mouffok (10) appartiennent à cette frange d’intellectuels en peau de mouton, qui s’arrogent le droit de rêver pour les autres, autrefois cloués au pilori par Ahmed Bensaada, morigénant leur comparse Kamel Daoud : « […] il se place de facto dans le quart qui sait ce que les autres quarts doivent faire, penser ou rêver. Le quart instruit, propre, civique, tolérant et qui abhorre la bigoterie » (11). Mais les temps changent. Foin de bigoterie !  À Alger, l’islamisme de Dhina et Zitout devient fréquentable pour être adoubé par des partis pseudo-démocrates ayant pignon sur rue et leurs claques. Ihsène El Kadi et ses amis du « premier quart » des sachant s’abreuvent d’une soupe malodorante et écœurante de conspirateurs contre l’État légal, s’inscrivant dans les rangs islamistes et de leurs alliés séparatistes, qui ne rêvent que de dépecer le pays et de le précipiter dans une furie sanglante ? Un rêve fou. Les Chaulet-Mouffok ne peuvent l’ignorer. Ce sont les nouveaux amis d’Ihsène El Kadi, les chefs de Rachad, continuateur du FIS-dissous, justifiant la mort de centaines de milliers d’Algériens, qui les ont condamnés, dans les années 1990, à l’exil.

Le trublion Omar Zelig doit s’éveiller au réel algérien, qu’il méconnaît totalement, qui est enseigné quotidiennement dans les lignes d’« El Moudjahid », qu’il ne lit pas. Insistons. Pourquoi veut-il que M. Tebboune exécute Ahmed Bensaada, comme il l’aurait fait pour M. Belhimer, nonobstant qu’il n’émarge ni dans les états de salaires du gouvernement ni dans ceux de ses administrations. Je comprends que les engagements de Bensaada, qui est une haute conscience de notre temps réprouvé, irritent comme du papier à gratter Dhina, Zitout, El Kadi – et, avec une inaccoutumée rage,  les bénéficiaires d’enveloppes de la NED,  à leur tête Mme Zoubida Assoul, qui lui a promis la géhenne des tribunaux de la République (12). Le néo-hirak, qui est un rassemblement terroriste, et ses spadassins décochent de mortelles imprécations contre l’empêcheur de rêver à leur monde démentiel. Omar Zelig y ajoute sa petite musique nocturne. Et ses terribles songes d’une nuit d’automne, précipitant dans le convoi funèbre du professeur Belhimer – sûrement déchu ? – outre Bensaada, « La Patrie News », fleuron de la nouvelle presse numérique, les radio et télévision d’État, qui n’ont pas touché à un iota de leur charte éditoriale depuis l’indépendance. Pittoresque, mais discernable regroupement. Et les horions infligés par Zelig-Chaulet à la radio nationale sont compréhensibles. N’a-t-il pas déclaré : « J’aime la radio quand elle ne prend pas les gens pour des cons » (13). Luc-Omar, qui lui a beaucoup donné, et la radio se sont tellement aimés, puis séparés pour une vilaine histoire de « cons ». Un drame.Cet inquiétant Ahmed Bensaada, qui tarabuste Omar Zelig-Luc Chaulet ! Il l’a déjà éreinté dans un post, en 2020, en admonestant Lahouari Addi sur une intangible question de morphologie du verbe, lui intimant, relativement aux griefs qu’il nourrissait envers Bensaada et son intention de le citer en justice après la publication de son enquête sur les « ténors autoproclamés du hirak », d’utiliser le futur de l’indicatif plutôt que le présent du conditionnel : « Je déposerai », mieux que « je déposerais ». Addi se réservait une part de doute et de patience, pas Zelig, méchamment acrimonieux. Fondamentale dispute linguistique : qu’en aurait-il été si le malencontreux Addi avait dégainé son subjonctif ? Cela se serait soldé fatalement par mort d’homme.

Post d’Omar Zelig adressé à Lahouari Addi

Ahmed Bensaada et Omar Zelig ne se connaissent pas. Ils se sont rencontrés une seule fois, à distance, dans un combat homérique. C’était en 2010. Au sens politique le plus conventionnel, le publiciste Bensaada pointait sur de nombreuses questions culturelles l’impréparation du gouvernement et ses lâchetés honteuses. Ainsi, la censure officielle du livre égyptien dans un Salon international du Livre d’Alger après une rapide et fulgurante guerre du football entre l’Algérie et l’Égypte. Je me souviens que nous en discutions, admettant que le livre porte une ineffable charge d’humanité, que la « trilogie du Caire » de Naguib Mahfouz vaut mieux qu’un précis de sociologie de l’Égypte contemporaine. Bensaada prenait seul l’initiative de faire circuler un appel aux quatre coins cardinaux du pays et d’ailleurs contre l’impéritie d’une ministre de la Culture de Bouteflika, contre une censure instituée. Le temps qui passe est étrange. Parmi de nombreux appuis à cet appel, d’écrivains, d’éditeurs, d’artistes, de journalistes, de citoyens, il y avait Omar Zelig. Et son compère Ihsène El Kadi.

Qu’est-ce qui a changé depuis cette avanie gouvernementale somptueusement vilipendée ? Les idées et les engagements d’un jour ne sont pas ceux du lendemain et les chemins, comme dans un récit ajouré de Borgès, bifurquent. Et, plus explicitement, les regards sur le monde. Mais ce fut, et cela ne se répétera plus, une belle victoire pour Bensaada, pour Zelig et El Kadi, qui l’ont rejoint, et leurs cosignataires, contre les errements d’une politique culturelle inepte.

Immuablement, le professeur Ahmed Bensaada cultive-t-il l’art de se faire des ennemis de tout bois, pas seulement dans les rangs désormais clairsemés du néo-hirak ? Ces derniers mois, analysant le dossier Graphika (14), il alertait l’Algérie sur la cyber-guerre qu’entreprennent contre elle des puissances étrangères. C’est plus qu’une éventualité, une menace minutieusement renseignée que le président de la République et le commandement de l’Armée algérienne n’excluent plus. Est-il vraiment le « dommage collatéral » contre lequel Omar Zelig rêve de voir le président Tebboune sévir ? Faudrait-il croire que dans l’Algérie idéale des Chaulet-Mouffok la prime du patriotisme reviendrait aux assassins d’Algériens Dhina et Zitout, aux mercenaires Bouchachi, Assoul, Tabbou, manœuvriers en sous-sol du néo-hirak, qui ont plus que les deux mains dans les canevas américains de « démocratisation » du monde arabe, au Français Lahouari Addi, au cabaretier kabyle Ferhat Mehenni, à Ihsène El Kadi et à tous les activistes islamistes et séparatistes qui veulent ébranler les assises de l’État algérien, plutôt qu’à Ahmed Bensaada – et, aussi, à « La Patrie News », la radio et la télévision d’État ?Dans l’Algérie d’aujourd’hui, toutes les convictions ne se valent pas. Ceux, qui au nom de l’aventurisme forcené, veulent détruire le pays, promettent aux Algériens  des houris pour ouvrir les frondaisons du ciel et les allées des cimetières, ceux qui rêvent de créer dans une région historique du pays un État-croupion de la France et d’Israël, ceux qui agitent l’abécédaire frelaté de la démocratie américaine et des lendemains qui chantent en espadrilles, veulent prospérer sur une Algérie en ruines. Voici la famille décriée de Luc Chaulet-Omar Zelig et de Ghania Mouffok, qui rêve d’écrire une histoire heurtée de la nation algérienne, une histoire de terreur, de larmes et de sang. Elle n’aura jamais raison contre les espérances d’Ahmed Bensaada d’un pays partagé et aimé, qui est le pays apaisé de tous les Algériens sans exclusive.

* Ecrivain, critique et historien de la littérature. 

Notes:

1.     Ahmed Bensaada, « Arabesque américaine. Le rôle des États-Unis dans les révolte de la rue arabe », Montréal, Michel Brûlé, 2011 (1ère éd. Dernière éditions revue et augmentée, Alger, ANEP, 2016).

2.     « Luc Chaulet : ‘‘Je suis Algérien à part entière’’ ». Entretien avec Soraya Guemmouri, « El Moudjahid », 2 novembre 2021.

3.     Omar Zelig, « Une symphonie algérienne inachevée », « El ‘Arabi-El Safir », 15 janvier 2021. Texte publié avec le soutien du Rosa Luxembourg Institute.

4.     Cf. Un journaliste n’est pas toujours un flic », Site de la Ligue algérienne de défense des Droits de l’Homme (LADDH), 12 novembre 2020.

5.     Id.

6.     Id.

7.     Abdellali Merdaci, « Médias. Vraiment la mise à mort du ‘‘Quotidien indépendant », « Algérie 54 » (Oran), 10 août 2021.

8.     Cf. le texte intégral de l’entretien du président Tebboune avec « Der Spiegel », reproduit dans « Le Jeune Indépendant » (Alger), 6 novembre 2021.

9.     Djamel Labidi, « La pomme de terre de la discorde », étude publiée dans « Le Quotidien d’Oran » (http://www.lequotidien-oran/index.php?newsz =5306601).

10.  Faudrait-il souligner la proximité et la complicité des Chaulet-Mouffok et d’El Kadi ? Dans son article « « À propos des Zelig-Mouffok copains du barbouze » (« Algérie 54 », 14 novembre 2021), Ahmed Bensaada publie des extraits d’une enquête de Boualem Snaoui (« Yetnahaw gaâ »), diffusée précédemment sut le site, qui incrimine les douces gâteries entre amis des Chaulet-Mouffok et du patron-activiste de Radio M.

11.  Ahmed Bensaada, « Kamel Daoud : Cologne, contre-enquête ». Préface de Jacques-Marie-Bourget, Boumerdès, Les Éditions Frantz Fanon, 2016, p. 75.

12.  Abdellali Merdaci, « Le hirak, la main de l’étranger et ses vérités des ténèbres », « Algérie 54 », 11 juillet 2020.

13.  « Omar Zelig : ‘‘J’aime la radio quand elle ne prend pas les gens pour des cons ! ». Entretien avec Adlène Meddi, « Le Quotidien indépendant », 1 février 2014.

14.  Lire sur ce dossier l’étude d’Ahmed Bensaada sur son site www.ahmedbensaada.com.




Algérie : les tribulations tartarinesques de Marie-George Buffet

[Source ahmedbensaada.com]

Par Ahmed Bensaada

[Ndlr : le titre fait allusion à Tartarin de Tarascon d’Alphonse Daudet]

Le rôle des syndicats dans les « regime change »

Voici donc la « Tartarine » du palais Bourbon, alias Marie-George Buffet, qui organise, le 15 octobre 2021, un colloque sur l’Algérie, au sein même de l’Assemblée nationale française (sic!).

Était-ce pour commémorer le 17 octobre 1961, date du massacre et de la noyade de centaines de manifestants algériens pacifiques?

Était-ce à l’occasion du 67e anniversaire de la révolution algérienne qui a été déclenchée un certain 1er novembre 1954?

Mais non, pas du tout.

Pourtant ces dates étaient si proches et la grande majorité des invités au colloque étaient Algériens.

Que nenni! Bien au contraire!

La « Tartarine » a réuni un aréopage de droitdelhommistes douteux, de sécessionnistes véreux, de syndicalistes fantoches et autres adeptes d’un Hirak frelaté pour… « renverser un pouvoir autoritaire » en Algérie!

Post de Marie-George Buffet

Rien que ça! Même pas peur, la « Tartarine » va-t-en-guerre, en mal de conquêtes coloniales et encadrée par ses sbires!

Par souci d’honnêteté intellectuelle, il a fallu – hélas – me soumettre au supplice de l’écoute de ces deux heures et quelques de parlotte insipide ponctuée de lieux communs, de poncifs et d’accusations puériles. Et tout ça dans une langue française si torturée qu’elle aurait fait pâlir d’envie Chalghoumi en personne.

Et si on se demandait pourquoi le Parti communiste n’en finit pas de péricliter, on a maintenant la réponse. Au lieu de s’occuper des vrais problèmes des Français, madame la députée discutaille avec des estafiers – dont elle ne connait certainement pas les accointances et qu’elle présente comme le « peuple algérien » – pour s’ingérer dans les affaires d’autres pays que le sien. D’ailleurs, n’est-ce pas elle qui a battu le record du plus mauvais score du parti communiste dans une élection présidentielle?

Évolution des résultats du PCF aux élections présidentielles de 1969 à 2007

S’est-elle au moins rendu compte que l’évènement a été filmé en direct par la chaine de télévision islamawiste « Al Magharibia » qui appartient au fils du fondateur du Front islamique du Salut (FIS), ce parti qui a été à l’origine de la décennie noire et qui a causé la mort de plus de 200 000 personnes? Sait-elle au moins que ce média collabore directement avec les trois composantes majeures du Hirak frelaté qui militent pour le « regime change » en Algérie, à savoir les « ONGistes droitdelhommistes », les « makistes séparatistes » et les « islamawistes offshore »? Ou veut-elle les utiliser pour mener à bien son projet de renversement de pouvoir?

Le colloque de Marie-George Buffet a été filmé et retransmis en direct par la chaine islamawiste Al Maghribia

Dans ce qui suit, nous allons tenter d’aider la « Tartarine » à faire connaissance avec quelques-uns de ses convives.

A- Les ONGistes droitdelhommistes

Commençons par le maitre de cérémonie, M. Ali Ait Djoudi, président de l’ONG « Riposte Internationale » qui distribuait la parole à tout le monde, même à la députée communiste qui les avait invités (!).

Comme on peut le constater dans l’image qui suit, le logo de cette « ONG » présente des similitudes de couleur qui ne font aucun doute sur son affiliation identitaire.

Comparaison entre le drapeau de Bessaoud-Bénet et le logo de « Riposte internationale »

On remarque donc que les quatre couleurs (en comptant celle des lettres du milieu) présentes dans le drapeau identitaire (kabyle et/ou amazigh) de Bessaoud-Bénet ont été reprises dans le logo de l’ONG, pour affirmer le supposé séparatisme ethnique et politique avec le reste de la population algérienne.

Une question évidente se pose : est-ce que cette « ONG » accepte en son sein des militants autres que des Kabyles/Amazighs « pure laine »?

Si oui, pourquoi ces couleurs. Si non pourquoi ce racisme.

Mais cela n’est pas étonnant si on tient compte du fait que Ali Ait Djoudi est un militant vétéran du Mouvement culturel berbère (MCB) tout comme son ami Ferhat Mehenni, le chef des sécessionnistes kabyles, président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

Ferhat Mehenni et Ait Ali Djoudi

D’autre part, lorsque « Riposte Internationale » a déposé un « rapport sur les violations des libertés en Algérie » auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève, le 15 septembre 2020, les militants n’arboraient ni le drapeau algérien, ni la banderole de l’ONG, mais bel et bien le drapeau de Bessaoud-Bénet.

Seul le drapeau de Bessaoud-Bénet est brandi par « Riposte Internationale »

Les noms de « Riposte internationale » et de « Ait Ali Djoudi » se retrouvent dans une multitude de pétitions droitdelhommistes internationales ou contre l’État algérien. Ils ont appuyé (et probablement initié) la résolution du Parlement européen contre l’Algérie du 25 novembre 2020 (lire mon article sur le sujet).  On les retrouve aussi dans cette déclaration hostile à l’Algérie parrainée par « Project on Middle East Democracy » (POMED) qui date du 28 juin 2021.

Il est intéressant de savoir que POMED fait partie de l’arsenal d’organisations américaines dédiées à l’« exportation » de la démocratie comme la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), Freedom House (FH), la United States for International Development (USAID) ou l’Open Society Foundations (OSF) du milliardaire américain, George Soros. Il a été montré que ces organisations ont été impliquées dans les révolutions colorées et le mal nommé « printemps » arabe (pour plus de détails, lire mon livre « Arabesque$ »).

Il est aisé de vérifier que le POMED travaille de concert avec Freedom House et est financièrement soutenu par l’OSF. En 2016, par exemple, POMED a reçu une subvention de 550 000$ de la Fondation Open Society. POMED est également financé par la NED. (Pour plus d’informations sur POMED, le lecteur est invité à lire mon article sur le sujet).

Rappelons toutefois que POMED s’intéresse fortement à la « démocratisation » de l’Algérie. Elle a déjà organisé deux évènements spécialement dédiés au Hirak algérien les 15 avril et 19 juin 2019.

Sur les deux documents cités précédemment (Parlement européen et POMED), on retrouve « Riposte internationale » parmi les signataires, de concert avec divers organismes algériens dont la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) et la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA). Les deux premiers sont financés par la NED et il sera plus longuement question du SNAPAP et de la CGATA dans la prochaine section de cet article.

On retrouve aussi parmi les signataires des ONG internationales comme « Article 19 », CIVICUS, Human Right Watch (HRW), Reporters sans Frontières (RSF), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ou Amnesty International.

Ces ONG sont toutes financés par l’OSF de Soros. En plus, RSF et Article 19 sont aussi financés par la NED; Article 19 reçoit également des subventions de Freedom House, de l’USAID et du Département d’État américain.

Lorsque le directeur d’une ONG égyptienne (financée par la NED) fut condamné par contumace en août 2020 par un tribunal égyptien dédié aux « affaires terroristes », un appel à la solidarité a été émis par la FIDH. Il a été signé par toutes les ONG citées précédemment. Les noms de Ali Ait Djoudi (Riposte Internationale), Nacera Dutour (CFDA) et Rachid Malaoui (SNAPAP et CGATA) figuraient dans la même liste que d’« illustres » personnalités du monde de la « démocratisation made in USA » : Issandr Amrani, directeur régional du programme MENA de l’OSF, Carl Gershman, président de la NED, Jeffrey Feltman, ancien sous-secrétaire d’État américain pour les affaires du Proche-Orient ou Tamara Cofman Wittes, ancienne sous-secrétaire d’État adjointe au Département d’État, récemment nommée par le Président Joe Biden au poste d’administrateur adjoint pour le Moyen-Orient de l’USAID.

On pouvait aussi lire les noms de quelques sinistres rescapés du Conseil National Syrien (CNS) comme Bassma Kodmani, Burhan Ghalioun ou Radwan Ziadeh, bien connus de la NED et du Département d’État.

À propos de ces ONG, notons la présence, parmi les invités au palais Bourbon, de M. Madjid Bencheikh, professeur de droit et, accessoirement, ancien président d’Amnesty International Algérie.

Ali Ait Djoudi n’a pas raté l’occasion d’inviter son ami Hacène Hirèche, un de ses anciens collègues du MCB, militant berbériste de la première heure et formateur des makistes.

Un autre convive « de marque », l’avocat Salah Debouz, était présent à ce consistoire de boutefeux. Ce trublion en robe noire, qui s’est illustré par la défense des militants sécessionistes de la région du M’zab, a été président la LADDH (une de ses trois ailes).

Salah Debouz (à gauche) et Ferhat Mehenni (au centre) : le bras du second serrant l’épaule du premier!

La solidarité sécessionniste kabylo-mozabite n’est pas qu’une vue de l’esprit : Debouz-Mehenni, khawa-khawa (frères, frères)!

Nacera Dutour a aussi été invitée par la Tartarine. Comme expliqué dans un précédent article, la présidente du CFDA est probablement la personne qui a reçu le plus de financement de la NED.

Janvier 2015 : Nacera Dutour reçoit le prix Matoub Lounes (avec, en prime, le drapeau Bessaoud-Bénet!)

N’oublions pas de préciser que la plupart des personnes citées auparavant est abonnée aux plateaux de la chaine islamawiste Al Magharibia, celle qui a filmé ce colloque.

B- Les syndicalistes fantoches

En plus de ces ONGistes droitdelhommistes, enrubannés dans des étendards tricolores mêlant les couleurs de Marianne et de Bessaoud-Bénet, on remarque la curieuse présence de syndicalistes français appartenant à l’union syndicale « Solidaires ».

Stéphane Enjalran (« Solidaires ») et Rachid Malaoui

Mais que diable viennent-ils faire dans cette réunion qui n’a de colloque que le nom? Certes, ils accompagnaient le « syndicaliste en chef » Rachid Malaoui question de lui donner un peu plus d’assurance, mais quand même. Délaisser les graves problèmes des « Gilets jaunes » et de toute la classe ouvrière française pour venir palabrer sur le « renversement du pouvoir autoritaire » en Algérie a quelque chose d’insolite. Mais comme le hasard n’existe pas en politique, c’est en grattant un peu qu’on arrive à démêler l’écheveau de la conspiration.

Le financement du SNAPAP

Commençons par le commencement.

Rachid Malaoui, président du SNAPAP et de la CGATA, a d’étroites relations avec l’« American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations » (AFL–CIO) , la plus grande fédération de syndicats des États-Unis et tout particulièrement avec sa branche internationale, le « Solidarity Center ». Pour illustrer cette connexion, citons une anecdote qui est loin d’être anodine.

En 2011, le SNAPAP a été membre la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) qui a orchestré l’embryon de « printemps » algérien. Certainement briefée par le SNAPAP, la directrice du Département international du l’AFL-CIO, Cathy Feingold, écrivit deux lettres au Président Abdelaziz Bouteflika dans le but d’épauler Malaoui. Dans celle du 4 mars 2011, elle lui a fait part de son inquiétude concernant la violence policière contre les « manifestants pacifiques » en Algérie en précisant que « nous notons avec une vive préoccupation que, parmi les personnes blessées récemment, figurait le dirigeant syndical M. Rachid Malaoui président du secteur public de l’union syndicale nationale autonome du personnel d’administration publique (SNAPAP) ». Dans la seconde, datée du 14 octobre 2011, le nom de M. Malaoui « militant CNCD de premier plan », y est cité trois fois. Et madame Feingold semblait connaitre moult détails sur l’activisme politique algérien (Cliquez sur ce lien pour lire ces deux lettres).

Cathy Feingold, directrice du Département international du l’AFL-CIO

De nombreuses publications ont dévoilé la collaboration active de l’AFL-CIO avec la CIA et le Département d’État américain. Selon Kim Scipes, professeur d’histoire à Purdue University Northwest :

« Tout au long de son histoire, l’AFL-CIO a mené un programme de travail réactionnaire dans le monde entier. Il a été établi sans équivoque que l’AFL-CIO a travaillé pour renverser des gouvernements démocratiquement élus, collaboré avec des dictateurs contre les mouvements ouvriers progressistes et soutenu les mouvements ouvriers réactionnaires contre les gouvernements progressistes ».

Viscéralement anticommuniste, l’AFL-CIO s’est tellement acoquinée avec la CIA que cela lui a valu le surnom on ne peut explicite de « AFL-CIA ».

Comme expliqué dans de nombreux articles, le Solidarity Center est un des quatre satellites de la NED avec le NDI, l’IRI et le « Center for International Private Enterprise (CIPE) ».

Les quatre satellites de la NED

Malaoui a toujours nié recevoir (ou avoir reçu) une quelconque aide financière du Solidarity Center.  Dans sa remarquable thèse de doctorat intitulée « Les syndicats autonomes en Algérie », Karim Maïche rapporte les propos de Malaoui: « Nous sommes autofinancés, nos membres contribuent chacun à hauteur de 80 DA par an ».

Maïche mena son enquête sur le financement du SNAPAP en interviewant Selim Mecheri, un de ses activistes de longue date. Sa réponse était explicite :

« Ah, les pays étrangers. Pour nous, il était nécessaire d’obtenir de l’aide du Solidarity Center parce que sinon nous n’aurions pas eu la chance de sortir [d’Algérie]. Par exemple, je n’ai pas les moyens de sortir sans invitation de ces organisations internationales. Je ne veux pas cacher le fait que mon salaire ne suffit pas, ni non plus les ressources financières de mon organisation […] ».

La collaboration du SNAPAP avec le Solidarity Center n’est pas uniquement financière, comme on peut le constater, par exemple, dans le rapport annuel 2013 de l’organisme américain :

« L’année dernière en Algérie, le Solidarity Center et le Syndicat national autonome des travailleurs du secteur public (SNAPAP) ont entrainé un réseau de 32 militantes et formé le Réseau régional algérien d’autonomisation juridique des femmes (RAWLEN). Les femmes ont mené des cercles d’étude sur la peur, l’exploitation et les droits juridiques et humains des femmes dans 12 provinces, touchant plus de 600 femmes marginalisées et vulnérables ».

Par ailleurs, le nom de Rachid Malaoui est cité dans plusieurs câbles Wikileaks. Dans celui intitulé « Algeria and MEPI – Moving forward » daté du 26 avril 2009 et portant la référence 09Algiers415_a, on peut lire :

« En outre, nous avons demandé un financement au MEPI [The U.S. –Middle East Partnership Initiative] pour un projet du Solidarity Center travaillant avec les syndicats algériens, ainsi qu’une petite subvention pour le SNAPAP, le plus grand syndicat algérien autonome (c’est-à-dire non affilié au gouvernement). Le Solidarity Center est actuellement le meilleur véhicule pour un engagement soutenu avec les syndicats autonomes, mais l’exercice de petites subventions SNAPAP est un effort pour renforcer la capacité organisationnelle et de collecte de fonds d’un syndicat avec peu ou pas d’expérience dans l’un ou l’autre domaine. En cas de succès, la subvention SNAPAP pourrait conduire à un engagement direct plus important, bien que dans un avenir lointain, sans un responsable de la mise en œuvre de MEPI comme intermédiaire ».

Le câble 08ALGIERS661_a du 5 juin 2008, montre que Malaoui avait (a toujours?) ses entrées à l’ambassade des États-Unis à Alger. En effet, le document mentionne des discussions directes avec les diplomates américains sur la situation sociale et politique en Algérie :

« Le leader syndicaliste Rachid Malaoui du syndicat autonome SNAPAP nous a dit le 28 mai que le mécontentement vis-à-vis des performances des équipes de football n’était qu’une excuse pour déclencher une émeute. Les bases sous-jacentes des émeutes, a-t-il dit, étaient les frustrations refoulées de la société algérienne […]. Alors que les émeutes semblent avoir été déclenchées spontanément, il pense que les individus attendaient une occasion d’exprimer leur frustration élevée face à la vie en Algérie ».

Un troisième câble daté du 20 mars 2008 et portant la référence 08ALGIERS332_a est exclusivement consacré aux « syndicats libres ». Le nom de Malaoui y est cité sept fois et SNAPAP 6 fois. On peut y lire :

« Lors d’une réunion le 19 février, Rachid Malaoui, président de l’une des deux versions du Syndicat national autonome des employés de l’administration publique (SNAPAP), nous a dit que le gouvernement algérien prônait un « faux nationalisme » afin de détourner l’attention de ses échecs ».

Le reste est très instructif mais serait top long à discuter dans le cadre de cet article. Il montre cependant, de manière non équivoque, que Malaoui et son syndicat – tout comme les ONGistes algériens – discutaient allégrement, entre autres, des affaires politiques et sociales de l’Algérie avec les diplomates étasuniens au sein même de l’ambassade des États-Unis à Alger.

Outre le Solidarity Center, l’ouvrage de Karim Maïche mentionne les relations du SNAPAP avec différentes organisations internationales dont l’union syndicale « Solidaires », ce qui explique donc leur présence à un colloque organisé en France par une élue française. D’ailleurs, est-ce par pur hasard si les deux représentants de « Solidaires », Boualem Hamadache et Stephane Enjalran, étaient assis à côté de Rachid Malaoui lors de cet évènement?

Les syndicalistes invités par M.G. Buffet : Boualem Hamadache, Stéphane Enjalran et Rachid Malaoui

« Solidaires » et « quituquistes »

Il faut reconnaitre que « Solidaires » a été très actif contre l’Algérie non seulement pendant le Hirak, mais aussi bien avant comme nous allons le démontrer.

Ainsi, on peut lire dans une de leurs déclarations « pro-Hirak » publiée le 22 février 2021 (2e anniversaire du soulèvement populaire) :

« Il y a deux ans, la population manifestait contre la cinquième candidature à la présidence du très vieillissant Bouteflika, homme de paille des généraux qui ont pris le pouvoir dans les années 90. Les clans qui se partagent le pouvoir avaient été contraints de renoncer à cette candidature, mais les précédentes élections ont été une mascarade en termes de participation et de candidats (des clans militaires) ».

Le style et la terminologie utilisés dans ce communiqué officiel n’est pas sans nous rappeler l’empreinte des « islamawistes offshore » et des « ONGistes droitdelhommistes », adeptes de la « phase de transition » et du « Yetnahaw gaâ » (ils doivent tous partir). Cela est à des années-lumière du langage syndical coutumier, celui qui défend les intérêts des ouvriers et qui se bat pour ses acquis sociaux.

Mais ce qui attire le plus l’attention c’est cette allusion aux années 90, c’est-à-dire la décennie noire, le « quituquisme » et son corollaire l’absolution des djihadistes de leurs crimes terroristes.

Mais cela n’est pas nouveau pour « Solidaires », bien au contraire. Cette union syndicale a des relations très étroites avec les théoriciens du « quituquisme » et ses adeptes les plus teigneux.

En effet, dans le supplément à sa revue « Expression Solidaire » d’octobre 2015 de 128 pages exclusivement consacrées à l’Algérie (sic!), la parole est donnée à une dizaine de personnes dont François Gèze, Omar Benderra, Salima Mellah et Stéphane Enjalran.

Les trois premiers, François Gèze, Omar Benderra, et Salima Mellah sont membres de l’association « Algeria-Watch » fondée dans les années 90 par des journalistes algériens exilés en Allemagne.

Sur le site de l’association, on obtient un peu plus d’information :

« Algeria-Watch est une association de défense des droits humains en Algérie. Créée en 1997 en Allemagne, elle a rapidement dépassé le cadre germanophone et développé des activités en langue française. Depuis janvier 2002, elle existe également en France, où elle a constitué une association (loi de 1901) du même nom ».

Le recensement d’Algeria-Watch par le « Courrier international » précise qu’il s’agit d’un « webzine » qui « rassemble d’une manière générale des tendances hostiles au pouvoir en place à Alger, des islamistes modérés aux démocrates convaincus ».

Courrier International : description d’Algeria-Watch

Ainsi, pour figurer sur le site de cette association, il suffit juste d’être hostile au pouvoir algérien. Et cela dure depuis les années 90!

Aucune place à tous ceux qui défendent l’État-Nation, même pendant les moments difficiles que vit l’Algérie. Non, il faut juste être hostile, comme ceux qui vocifèrent « madaniya, machi aaskaria » (civil et non militaire) et surtout pas ceux qui scandent « djeich chaab, khawa khawa » (armée peuple, frères frères)!

C’est pour cette raison que mes écrits et mes livres ne sont jamais repris par ce site, malgré mes dizaines d’articles sur le sujet, lus et traduits en plusieurs langues. Par contre, tous ceux qui me tombent dessus à bras raccourcis sont les bienvenus et y ont bien entendu une place de choix.

Algeria-Watch, qui se targue d’être « une association de défense des droits humains », oublie que la liberté d’expression et d’opinion fait partie intégrante des droits humains.

« Algeria Watch », « Al Karama », « Rachad » et le djihadisme international

La description du « Courrier international » parle d’ouverture vers « des islamistes modérés ». La réalité est toute autre.

Regardons cela de près. Sur le site du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, on peut encore trouver un document qui a pour titre « Observations d’Al Karama for Human Rights et Algeria-Watch sur le troisième Rapport périodique de l’Algérie au Comité des droits de l’homme de l’ONU – Audience du 23 juillet 2007 ».

Ce document montre un travail synergique entre la Fondation « Al Karama » et « Algeria-Watch» qui a pour but le dénigrement systématique de l’Algérie auprès des instances internationales ou des pays étrangers. Une recherche rapide sur le site d’Al Karama révèle des dizaines d’occurrences sur cette collaboration dont plusieurs d’entre elles traitent de la défense d’anciens dirigeants du FIS (Front Islamique du Salut).

Selon les documents publiés sur son site (en 2016), les membres fondateurs de la Fondation « Al Karama » sont Abderrahman Al Nuaimi, Rachid Mesli et Abbas Aroua. Mourad Dhina, son directeur exécutif, à rejoint la fondation en 2007.

Discuter de la fondation « Al Karama » nécessiterait certainement plusieurs articles. Ce qu’il faut retenir c’est que cet organisme fraye avec la nébuleuse djihadiste internationale. Son fondateur, Abderrahman Al Nuaimi, a été accusé en 2013 « de financer Al Qaida » et tous ses avoirs ont été gelés par les États-Unis.

Le communiqué de presse du Département du Trésor américain mentionne que :

« Nuaimi est un financier et facilitateur terroriste basé au Qatar qui a fourni de l’argent et un soutien matériel et a transmis des communications à al-Qaida et à ses affiliés en Syrie, en Irak, en Somalie et au Yémen pendant plus d’une décennie. Il était considéré comme l’un des partisans qatariens les plus en vue des extrémistes sunnites irakiens ».

Dans un article de 2018 du journal suisse « Le Temps » consacré aux islamistes pro-Qatar dont fait partie Al Nuaimi, on peut aussi lire :

« On ne parle pas ici de djihadistes de bas étage ou de jeunes fanatisés devant leur ordinateur. Mais d’intellectuels de l’islamisme radical, bien connectés à l’international, y compris en direction de groupes armés ».

C’est d’ailleurs cette même année que la fondation « Al Karama » et son président-fondateur Al Nuaimi ont été placé sur la liste qatarie du terrorisme.

Pour revenir au Hirak frelaté et une de ses composantes majeures, les « islamawistes offshore », il est facile d’établir la relation entre la fondation « Al Karama » et le mouvement « Rachad ». En effet, les membres fondateurs d’Al Karama (excepté Abderrahman Al Nuaimi) sont aussi membres fondateurs de « Rachad ».

Pour compléter la liste, on peut se fier au document publié sur le site officiel de « Rachad » :

Liste des membres fondateurs de « Rachad »

On remarque donc que ces deux entités possèdent des portes tournantes entre elles et, donc, travaillent de concert.

Il existe aussi des relations directes entre « Algeria Watch » et « Rachad » comme on peut le constater lors des rencontres conjointes, comme, par exemple, dans ces vidéos de Omar Benderra avec Mourad Dhina (sur Rachad TV) ou avec un autre membre de « Rachad », Yahia Mekhiouba (vidéo publiée sur « Algeria Watch »).

Accusé par l’Algérie « d’enrôlement dans un groupe terroriste armé actif à l’étranger », Mourad Dhina fut arrêté à Paris en 2012 en vue d’une éventuelle extradition vers l’Algérie. Un « comité de soutien pour la libération de Dr. Mourad Dhina » composé de 20 membres fut constitué. Parmi les noms de ces personnes, on retrouve ceux de Abderrahman Al Nuaimi, François Gèze, Habid Souaidia (dont il sera question ultérieurement) et Hakim Mutairi (aussi orthographié Hakem Al Mutairi) qui est un activiste salafiste, membre fondateur et chef du parti koweitien « hizb al-umma » (Parti de la communauté des croyants).

Selon l’opposant turc Abdallah Bozkurt, Al Mutairi « est un prédicateur salafiste et radical dont les opinions sont similaires à celles d’Al Qaïda et de l’État islamique en Irak et en Syrie (ISIS). Il a été accusé d’avoir canalisé des ressources financières vers des djihadistes en Syrie, d’abord vers Ahrar Al Cham et plus tard vers le Jabhat Al Nosra ».

C’est d’ailleurs pour ses activités délictueuses qu’Al Mutairi a été surnommé le « parrain de l’extrémisme dans le Golfe arabe »

Pour la gouverne de la « Tartarine », c’est ce même prédicateur qui a applaudi et justifié l’horrible décapitation de feu Samuel Paty. Intéressant, non?

En avril dernier, le tribunal pénal du Koweït a condamné Al Mutairi à une peine de prison à vie pour un complot visant à déstabiliser la sécurité dans la région du Golfe.

À la parution de mon livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak? », les premiers à avoir réagi de manière violente et sordide ce sont les « adeptes » de Rachad. Non satisfaits de leurs sempiternelles logorrhées fétides, ils ont décidé de répondre à mon ouvrage en réunissant un groupe de piètres « experts » avec, à leur tête, Moncef Marzouki, le « tartour (pantin) de Carthage » en personne. Cette réponse, qui s’est plus attaquée à ma personne qu’au contenu de mon livre, s’est avérée d’une navrante médiocrité. Néanmoins, à force d’écrire pour ne rien dire et de griffonner des inepties, on finit toujours par faire des révélations intéressantes pour autrui. Ainsi, on apprend dans ce livre collectif (p. 308) que « Rachad » avait eu des contacts directs avec Rachid Maloui – tout comme avec « Algeria Watch » – et ce, bien avant le Hirak.

Mensonges, manipulations et diffamations

Né à Casablanca (Maroc) et militant d’extrême gauche, le nom de François Gèze est surtout relié aux Éditions La Découverte dont il a été directeur et qu’il a utilisé comme « machine à laver » pour « blanchir » les crimes des djihadistes algériens et les mettre sur le dos de l’institution militaire algérienne.

Cela a commencé en 2000 avec la publication de « Qui a tué à Bentalha » par Nesroulah Yous, avec la collaboration de Salima Mellah (tiens, tiens…).

(Petite remarque : Nesroulah Yous était invité à la grand-messe de la Tartarine au palais Bourbon).

Nesroulah Yous invité au colloque de M.G. Buffet organisé à l’Assemblée nationale française

En 2001, c’est au tour de « La sale guerre » de Habib Souaïdia, un ex-miliaire algérien, de se prêter à l’entreprise de blanchissage – salissage orchestrée par François Gèze. Un vrai succès de librairie : 72 000 exemplaires vendus et plusieurs éditions en d’autres langues.

Sauf que ce brûlot a révélé les dessous d’une entreprise professionnelle de désinformation nommée le « quituquisme ».

Vu les compétences d’écriture limitées de l’ex-militaire, un coauteur a été recruté. Il s’agit du journaliste Mohamed Sifaoui qui, malheureusement pour eux, n’a pas voulu marcher dans les combines de la « machine à laver ».

Après avoir remis sa copie, Sifaoui s’est rendu compte que Gèze avait par la suite manipulé son texte. Il déclara alors :

« On a tordu mon texte en occultant certains passages, en en rajoutant d’autres. En mettant toujours au conditionnel certains faits exacts – toujours des exactions commises par les islamistes – et en faisant passer pour des affirmations ce qui ne constitue que des hypothèses (la responsabilité de l’armée dans des massacres de civils) ».

Il a aussi accusé l’éditeur « d’avoir systématiquement supprimé les passages du manuscrit qui allaient « dédouaner les islamistes et occulter leurs crimes » au nom d’un « parti-pris idéologique » », tout en qualifiant Habib Saouaïdia, de « mythomane venu en France pour régler des comptes avec sa hiérarchie ».

Ébranlé par toutes ces accusations qui remettaient en cause sa stratégie, Gèze portant plainte contre Sifaoui pour « diffamation ».

Il fut platement débouté par le tribunal qui jugea que :

« les éléments produits aux débats permettent de démontrer que Habib Souaïdia, au printemps 2000, a livré à ses interlocuteurs des versions différentes, que de nombreuses modifications ont affecté le manuscrit livré par Mohamed Sifaoui à l’éditeur, et surtout que ces modifications ont eu pour résultat d’atténuer la responsabilité des groupes islamistes pour aggraver celle des militaires »

Et en ce qui concerne les responsabilités, le tribunal a été très clair :

« François Gèze et les Éditions La Découverte sont accusés d’avoir manipulé Habib Souaïdia et Mohammed Sifaoui, en intervenant sur le témoignage du premier et le manuscrit du second, pour réaliser un ouvrage partisan, volontairement défavorable pour l’armée et exonérant les islamistes ».

Malgré la mise en évidence de ces manipulations et de ces mensonges, le livre de Souaïdia est encore régulièrement cité par les adeptes de « Rachad » qui ne se lassent pas de le brandir comme la preuve par 9 du « quituquisme ».

Dans le volet « mensonges, manipulations et diffamations », François Gèze n’est pas le seul à y exceller. Stéphane Enjalran, le quatrième contributeur de la revue « Expression Solidaire » de 2015, n’a rien à lui envier.

Stéphane Enjalran, syndicaliste « Solidaires »

Tout d’abord, ce syndicaliste est lui aussi un « quituquiste » comme on peut s’en rendre compte en parcourant un de ses deux articles figurants dans la revue.

« On se rappelle aussi de l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996 et du fait que les médias français commencent seulement à prendre au sérieux l’hypothèse de la responsabilité de l’armée algérienne dans ce drame, responsabilité pourtant hautement probable mais jusque-là étouffée ou évoquée à demi-mot, l’événement étant au mieux présenté comme un « accident » ».

Et à propos de l’Algérie, notre syndicaliste n’y va pas de main morte :

« Ce qu’il faut appeler par son nom, une dictature. « Dictature » : le mot peut sembler exagéré, voire dévoyé, tant l’ignorance est grande dans nos pays de la situation réelle en Algérie, encore présentée comme le modèle de « résistance au terrorisme » et donc comme un rempart contre ce fléau, qu’il soit réel ou fantasmé ».

Un vrai clone de François Gèze!

Mais ce n’est pas tout. Ce syndicaliste fantoche, qui prétend défendre la veuve et l’orphelin, montre son vrai visage digne de la Stasi.

En citant mon livre « Arabesque américaine », édité à Montréal en 2011, il se permet de dire :

Supplément à Expression Solidaires, journal édité par l’Union syndicale Solidaires, octobre 2015, page 48 (Extrait)

Soit Enjalran fait preuve d’une ignorance crasse, soit il est malhonnête. En ce qui me concerne, je pense que les deux qualificatifs s’appliquent admirablement bien à cet individu. Voilà pourquoi :

  • 1-     La NED et le Solidarity Center n’appartiennent pas « à l’oligarque israélo-américain d’origine hongroise, George Soros », mais au gouvernement américain.
  • 2-    La relation entre le SNAPAP et le Solidarity Center a été clairement établie au début de cette section.
  • 3-    Les mots « juif », « hébreu », « sémite » et « antisémite » n’ont jamais été écrit dans mon livre « Arabesque américaine ».
  • 4-   Le mot « Israël » a été écrit 2 fois dans le cadre de ses relations avec l’Égypte.
  • 5-    George Soros y est présenté comme « milliardaire américain » et non comme « israélo-américain ».

Cela prouve juste que, comme la majorité de ceux qui me critiquent, Enjalran n’a jamais lu mon livre. Pour défendre Rachid Malaoui, il aurait dû critiquer le contenu de mon ouvrage et faire un effort intellectuel. Mais non! Il est plus facile de me coller une étiquette « antisémite ». La « Reductio ad Hitlerum » dans sa plus simple expression : c’est plus facile et ça peut rapporter gros.

En fait, on se rend compte que cet article est, à une phrase près, le copié-collé d’un autre publié en 2013 :

« Algérie 2013 : la poursuite des violations des libertés syndicales par le pouvoir » (Extrait du Rapport CISA 2013)

En comparant les deux versions, on remarque en effet un petit ajout dans celle de 2015 : l’allusion à l’antisémitisme. La Stasi dans ses œuvres!

En ce qui concerne l’ingérence étrangère, il ne faut pas aller très loin pour la prouver. Enjalran lui-même étant un étranger, que vient-il faire dans les affaires de l’Algérie? N’a-t-il pas assez d’ouvrage avec les problèmes abyssaux de la classe ouvrière française? Ou rêve-t-il encore du « temps béni des colonies »? D’autre part, s’est-il posé la question pourquoi avoir organiser un colloque sur l’Algérie en France, au sein même de l’Assemblée nationale française? Ça s’appelle comment ce truc, M. Enjalran?

Un syndicaliste qui ne connait pas le rôle néfaste du Solidarity Center et de l’AFL-CIO dans plusieurs régions du monde, en particulier en Amérique du Sud, en Pologne, à Hong Kong et même en France ne mérite pas d’appartenir à un quelconque syndicat.

Une petite suggestion, monsieur le syndicaliste fantoche : pourquoi ne pas vous informer auprès de votre ami Dan Gallin (voir plus bas dans ce texte), lui qui a eu maille à partir avec l’AFL-CIO et qui connait si bien George Soros?

SNAPAP, CGATA et les confédérations syndicales internationales

Selon Karim Maïche,

« le SNAPAP travaille en étroite collaboration avec d’autres syndicats autonomes et organisations de la société civile telles que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) et SOS Disparus (SOS Disparus) ».

Comme expliqué auparavant, ces organismes « autochtones » algériens sont tous financés par la NED. Cela explique aussi la présence de certaines personnes comme Nacera Dutour ou Salah Debouz à ce colloque

Concernant les organisations syndicales étrangères, Malaoui a déclaré qu’il n’avait aucune difficulté à s’en rapprocher :

« […] Les étrangers ne sont pas dupes. […] Ils savent reconnaître les vrais syndicats de faux. Quand tu es crédible, tu adhères facilement »

En fait, Malaoui fait semblant de ne pas comprendre que certains organismes internationaux ont des agendas précis pour l’Algérie et qu’en politique, la philanthropie n’existe pas. Chaque dollar investi doit rapporter gros et, comme le dit le dicton, c’est celui qui paie l’orchestre qui choisit la musique.

En ce qui concerne leurs relations avec les confédérations internationales, le SNAPAP est affilié à l’UITA (Union Internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie, de la restauration, du tabac et des branches connexes) et le CGATA avec la CSI (Confédération syndicale internationale) .

Il faut savoir qu’il s’agit de mastodontes : l’UITA revendique 10 millions de membres provenant de 130 pays, alors que la CSI en compte quelques 168 millions répartis dans 155 pays. Il faut aussi préciser que l’UITA ainsi que l’AFL-CIO sont membres de la CSI.

Le « Courrier fédéral » de la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC) de la CGT (n°580 du 30 novembre 2018) donne des informations très intéressantes au sujet du CSI.

Le CSI est né en 2006 de la fusion de la CISL (Confédération Internationale des Syndicats Libres) et de la CMT (Confédération Mondiale du Travail). Dès son origine la CISL était par principe anticommuniste et antisoviétique.

« Les grandes sociétés multinationales, les gouvernements des pays occidentaux américains et européens, les services d’intelligence comme la CIA ou le MI5 britannique, contribuèrent matériellement et financièrement au développement de la CISL ».

On y apprend aussi que la CSI/CISL a soutenu l’écrasement et la destruction de la Libye ainsi que l’intervention étrangère en Syrie et qu’elle reste dirigée par les syndicats des pays riches tout en entretenant des relations étroites avec les entreprises et les institutions financières.

« Outre la continuité qu’elle incarne avec la CISL, la CSI défend des positions identiques sur le plan syndical et les piliers de son organisation sont rigoureusement les mêmes ».

Pour abonder dans le même sens que cette revue syndicale, sachez que Cathy Feingold, la directrice du Département international du l’AFL-CIO, (celle qui avait pris la défense de Rachid Malaoui en écrivant deux lettres au Président Bouteflika en 2011) a été nommée Présidente adjointe du CSI (ITUC en anglais), en décembre 2018.

Cathy Feingold, présidente adjointe du CSI

Rachid Malaoui est décidément entre de bonnes mains, que ce soit à l’AFL-CIO ou au CSI.

« Solidaires », Dan Gallin et George Soros

Dan Gallin est un militant trotskyste dont la vie est un vrai roman d’aventure. Fils d’un diplomate roumain en poste à Berlin durant la 2e guerre mondiale, il obtint une bourse en 1949 pour étudier aux États-Unis. Contraint de quitter le pays à cause de ses activités politiques, il s’installa en Suisse où il y termina ses études universitaires. Après de nombreuses expériences politiques, il décida de s’impliquer dans le syndicalisme qu’il décrit comme « la première et peut-être la dernière ligne de résistance ouvrière ».

Gallin a été secrétaire général de l’UITA de 1968 à 1997, soit près de trois décennies, battant tous les records de longévité à ce poste.

Après cette longue carrière, il créa le « Global Labour Institute (GLI) », une fondation qui a pour objectif « de promouvoir la solidarité internationale entre les organisations syndicales et entre celles-ci et d’autres organisations et mouvements de la société civile dans le but de parvenir à une société mondiale démocratique et durable, fondée sur les principes de justice sociale, de liberté et d’État de droit ».

D’après le « Courrier fédéral » cité précédemment, cette fondation « est liée, entre autres, à l’Open Society du milliardaire George Soros ».

Peut-être doit-on conseiller à Stéphane Enjalran, ce syndicaliste qui se fait passer pour un bisounours, de consulter ses « collègues » de la CGT pour lui expliquer ce que veut dire être financé par Soros?

On peut se rendre compte de la proximité entre Gallin et Soros en lisant l’article que le premier a écrit pour défendre le second.  Intitulé « La sale guerre contre George Soros », il a été publié en 2018 sur le site du GLI.

Le texte est une vraie déclaration d’amour pour George Soros, son concept de « société ouverte » (Open Society), sa générosité démesurée et son combat contre « les ennemis de la démocratie ».

Il en profita pour écorcher tous ceux qui osent tenir tête au milliardaire américain, tout en évoquant le sempiternel argument d’antisémitisme. (Tiens, ça nous rappelle Stéphane Enjalran).

Gallin a tenté de faire passer Soros pour mère Thérèsa, tout en excellant dans le Russia-bashing et le China-bashing. Il a justifié le coup d’état de l’Euromaïdan (Ukraine 2013-2014) et a reproché au président Vladimir Poutine d’avoir sauvé « une autocratie meurtrière en Syrie en prolongeant une guerre civile qui jette des millions de réfugiés sur la route de l’exil […] ».

Mais aucun mot sur les néo-nazis qui ont fait la sale besogne en Ukraine, ni sur ces pays occidentaux qui ont financé le djihadisme et la destruction systématique de la Syrie.

On aurait cru entendre un des pires faucons « neocons » américains!

Et dire que ce type prétend avoir défendu, pendant 29 ans, les intérêts de millions d’ouvriers à travers le monde contre des patrons capitalistes de la trempe de Soros! On aura tout vu.

Cette histoire me fait penser à certains de nos trotskystes algériens tels que Hocine (Patrick) Belalloufi ou Ihsane El Kadi. On jurerait qu’ils ont été formés par le trotskyste en chef, Dan Gallin en personne.

Mais, vous allez me dire, que vient faire Dan Gallin dans notre sujet?

D’après certains observateurs avertis de la scène syndicale française, l’union syndicale « Solidaires » collabore fortement avec le GLI de Dan Gallin. On peut s’en rendre compte lors d’évènement organisés conjointement comme, par exemple, cette « Université d’automne francophone » (2017) ou cette « International Labour University » (2019).

Comme on peut le constater, Dan Gallin et Stéphane Enjalran ont participé à ces deux rencontres.

Si le GLI s’occupe de la formation des syndicalistes de « Solidaires », on doit s’attendre à ce que ces derniers partagent les idées développées par Dan Gallin dans sa lettre « d’amour » à Soros. On comprend alors l’acharnement maladif de Stéphane Enjalran et de ses « collègues » contre l’Algérie, tantôt en soutenant Rachid Malaoui, tantôt en recyclant la clique des « quituquistes ».

La photo ci-dessous montre Dan Gallin et Annick Coupé lors de l’Université d’automne francophone de 2017.

Dan Gallin et Annick Coupé, Université d’automne francophone (2017)

Annick Coupé est une militante syndicale qui a été porte-parole de « Solidaires » de 2001 à 2014.

Dans le supplément de la revue « Expression Solidaire » évoquée précédemment, Rachid Malaoui exprime ses remerciements à « Solidaires » et à Annick Coupé:

« Solidaires est à nos côtés depuis longtemps et j’espère bien pouvoir un jour exprimer de vive voix à Annick Coupé nos remerciements pour son soutien inconditionnel ».

Et la boucle vient d’être bouclée.

Avant de clore cette investigation, il est important de mentionner un détail révélateur concernant Dan Gallin. Dans une longue interview, il reconnait sa préférence durant la guerre d’indépendance de l’Algérie :

« En 1954, la guerre d’Algérie éclate et la plupart de mes reportages portent sur cette guerre. Maposition, qui est devenue la position de l’ISL (Ligue socialiste indépendante), était bien sûr pour le mouvementindépendantiste, mais pas pour le camp des vainqueurs. J’ai soutenu le Mouvement nationalalgérien (MNA) dirigé par Messali Hadj. J’avais rencontré Messali, et j’avais été impressionnépar la dignité modeste du fondateur du mouvement indépendantiste algérien, mais mesprincipaux contacts étaient les syndicalistes de l’Union messaliste des travailleurs algériens(USTA), fondée en février 1956, et j’ai reconnu en eux la détermination révolutionnaire,l’internationalisme et l’esprit d’indépendance qui est toujours ce qu’il y a de mieux dans lemouvement ouvrier. Ce sont les qualités qui ont assuré leur destruction ».

Dan Gallin était donc « messaliste » et ne portait pas le FLN dans son cœur si on en croit la virulence des termes utilisés pour le qualifier dans le reste de l’entrevue.

Il est quand même décevant d’être, une vie durant, immanquablement dans tous les mauvais camps!

Organigramme des groupes présents au colloque de M.G. Buffet et de leurs accointances politico-financières

C- Conclusion

Le colloque organisé par Marie-George Buffet, députée et ancienne ministre, au sein même de l’Assemblée nationale française n’est pas un évènement banal, bien au contraire.

1-     Tout d’abord, le lieu choisi marque l’implication d’une institution politique majeure du Parlement français. Et, vu les récentes sorties médiatiques belliqueuses du président Macron et de quelques-uns de ses ministres, il ne serait pas étonnant que cette réunion ait reçu l’aval du gouvernement français.

2-    Le timing choisi (2 jours avant la commémoration des évènements sanglants du 17 octobre 1961) reflète la volonté de passer sous silence un des crimes d’états français les plus abjects contre des manifestants pacifiques algériens.

3-    Les personnes invitées à ce « colloque » ne sont pas les « acteurs et les actrices du mouvement du peuple algérien pour la démocratie » tel que mentionné dans le post de la députée communiste. Ce sont les représentants de groupes spécifiques qui dirigent le Hirak frelaté, à savoir des « makistes séparatistes », des « ONGistes droitdelhommistes » et des « syndicalistes fantoches » ayant des liens solides avec les « islamawistes offshore ». Ces groupes travaillent de concert pour la division et la « printanisation » de l’Algérie.

Qu’aurait pensé Mme Buffet (et le gouvernement français) si un député algérien avait réuni à l’Assemblée populaire nationale algérienne (APN) des représentants du mouvement séparatiste corse ou des membres de l’ « Opération Azur » qui ont fomenté un coup d’État en France?

4-   Certains invités sont des militants ou sympathisants « makistes séparatistes » qui œuvre à la partition de l’Algérie, sur le modèle du projet du « Grand Moyen-Orient ».

5-    La plupart des invités et les organismes auxquels ils appartiennent ont applaudi la destruction de la Libye et de la Syrie et travaillent d’arrache-pied pour la destruction de l’Algérie.

6-   Les syndicalistes invités travaillent de concert avec des confédérations de travailleurs ouvertement et historiquement anticommunistes. Qu’en pense la militante communiste, celle qui a représenté le PCF à l’élection présidentielle?

7-    Ces syndicalistes font la promotion du « quituquisme » et collaborent avec des groupes qui en ont fait un fonds de commerce lucratif.

8-   Ces syndicalistes et les « ONGistes droitdelhommistes » sont financés et/ou ont des liens étroits avec des organismes américains spécialisés dans la déstabilisation et la destruction de pays ciblés. Cela n’a absolument rien à voir avec la démocratie.

9-   Ces « quituquistes » coopèrent activement avec des prédicateurs ou des entités directement et notoirement impliquées dans le djihadisme international.

Le colloque a eu au moins un côté positif. Il a, en effet, permis de révéler la collusion entre des personnes et des organisations qui se sont liguées contre l’Algérie lors des différents moments difficiles de sa jeune histoire. Elles ont œuvré à la destruction de l’idée de l’État-Nation lors de la guerre de libération et l’ont combattu jusqu’au Hirak, en passant par la décennie noire.

Pour éviter d’en faire partie, Marie-George Buffet réussira-t-elle à se débarrasser de son ridicule costume de la « Tartarine » du palais Bourbon pour celui de la députée française? Elle pourra ainsi s’occuper de ce pourquoi elle a été élue, c’est-à-dire des problèmes du peuple français et non de ceux des autres peuples.




Le Roi Macron et ses bouffons

Par Ahmed Bensaada

[Illustration : « Mime solitaire » – Mikhail Khokhlachev (Alias Michael Cheval)]

Après les « kwassa- kwassa » à Mayotte, les climatiseurs du Burkina Fasola fécondité des femmes africaines au sommet 2017 du G20, Emmanuel 1er, Roi de France et de Navarre, continue son œuvre d’enrichissement du grand registre des bourdes royales macroniennes. Cette fois-ci, c’est en s’attaquant gratuitement et méchamment à l’Algérie qu’il considère toujours comme son ancienne colonie. Et il n’y alla pas de main morte, loin s’en faut. Avec son sceptre fleurdelisé, il n’épargna ni son gouvernement ni son histoire : quand on peut faire plusieurs bêtises, pourquoi ne se contenter que d’une seule?

Pourtant n’avait-il pas recommandé de « tourner la page » lors de son dernier voyage en Algérie? Ou bien le tourne-page fait partie des régalia de la couronne française, n’obéissant donc qu’aux humeurs et aux caprices du monarque?

Bien entendu, la réaction des citoyens algériens à ses déclarations belliqueuses ne se fit pas attendre.  La blogosphère s’enflamma, déclenchant un riche florilège de quolibets et d’algarades qui éclaira le ciel du cyberespace. Même une ultérieure tentative pour adoucir ses propos n’y fit rien, bien au contraire.

Que faire alors sinon que de donner l’ordre à son armée de bouffons royaux d’intervenir, ces « alibis ethniques » si bien entretenus en temps de paix et si précieux dans ces moments de turbulence?

Il est à noter que le mandat assigné à ces collaborateurs dévoués est de minimiser, voire d’ignorer les agressions verbales d’Emmanuel 1er et de s’en prendre, sans états d’âmes, aux autorités algériennes, à l’Algérie et à toutes les personnes qui défendent la dignité de leur pays et sa souveraineté.

De cette espèce taxonomique d’« informateurs indigènes », si prolifiques sous notre latitude, nous allons choisir quelques spécimens représentatifs.

Ferhat 1er

Le premier à réagir, comme une grenouille à un stimulus électrique, c’est Ferhat 1er, sultan autoproclamé du royaume fictif de Kabylie et vassal du souverain français. Il est vrai que la déclaration de son suzerain sur la « création » de l’Algérie a sonné aux oreilles du fondateur du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) comme une douce mélodie. Emmanuel 1er aurait-il volontairement et sciemment offert du « pain béni » à Ferhat 1er pour le conforter dans ses fantasmes sécessionnistes? Offrir le gîte, la protection et même le discours ne sont-ils pas les attributs d’un suzerain à son vassal? Surtout si cela peut provoquer la colère du gouvernement algérien.

Ali Dilem

Voici un exemple typique d’inversion des rôles si bien illustré, toute honte bue, par le caricaturiste du journal Liberté. Rappelons au passage que ce dessinateur a montré un zèle inégalé dans la défense de Ferhat 1er et de son mouvement.

Alors que la provocation et l’agression sont les œuvres délibérées et unilatérales du souverain tricolore, l’Algérien y est représenté comme un sauvage coupeur de tête, se ruant tambour battant sur tout ce qui est français. Cette représentation malhonnête de la réalité méritait une correction en bonne et due forme. Ce qui fut fait :

N’oublions pas que Dilem a été décoré à deux reprises par la France. En 2010, il reçut les insignes de Chevalier des Arts et Lettres et, en 2017, il a été promu au rang d’Officier des Arts et des Lettres par la présidence de la République française.

Cela serait-il suffisant pour expliquer l’inversion des rôles dans la caricature?

Kamel Daoud

La ligne éditoriale du journal Liberté soulève de sérieuses questions quant à sa relation avec la France. En effet, en plus de Dilem, le quotidien hébergea les élucubrations de l’auteur Kamel Daoud sur le même sujet et avec la même orientation.

La flagellation des citoyens algériens est une « technique littéraire » dont Kamel Daoud est devenu le plus grand spécialiste (lire mon livre à ce sujet) et cet article n’y fait pas exception. Il y usa de sa cravache de prose pour fouetter ceux qui ont eu « l’outrecuidance » de critiquer les paroles du Roi de France et de Navarre.

Fidèle à son rôle d’écrivain néocolonisé que j’ai décrit dans un de mes livres (facteur aggravant : il a été naturalisé français depuis), il dépassa de plusieurs longueurs la mystification du caricaturiste dans un article intitulé « Se sentir humilié après les déclarations de Macron ».

Jugez-en :

« Après les déclarations de Macron sur l’Algérie, la mémoire et l’avenir, je me suis senti personnellement humilié. De ce qu’il a dit ? Non. Ce qui humilie, c’est l’ampleur vide, futile, de la réaction des miens, des Algériens. Autant de rage, de colère et d’exagérations humilient en ce qu’elles révèlent le vide d’un projet national, algérien, collectif pour ce pays ».

L’ex-journaliste du Quotidien d’Oran ne peut pas se sentir humilié par les propos d’Emmanuel 1er : il ne peut pas se le permettre. N’est-ce pas lui qui est « admiré » par le locataire de l’Élysée? N’est-ce pas lui qui a été un des rares à être invité à la table du monarque français à l’ambassade de France lors de sa visite de 2017?

Relevons, au passage, une similitude flagrante entre la caricature de Dilem et les propos de Kamel Daoud : le citoyen algérien est représenté avec de la « rage » et de la « colère ». C’est lui le « barbare » qui, à coup de hache, attaque les « civilisés » de l’Hexagone.

Cela était-il suffisant? Que nenni! Quelques coups de fouets supplémentaires n’étaient pas de trop, histoire de se faire admirer un peu plus par la monarchie française dont il se sent si proche:

« La haine de la France, nous l’avons, et c’est une vérité. Mais elle n’est pas due uniquement aux meurtres du passé. Elle est due au vide, au présent, à l’oisiveté, elle se partage entre rentiers du victimaire et prêcheurs de nouvelles croisades, entre islamistes et dé-coloniaux chômeurs, elle nous soude et nous piège, nous empêche de dormir et de nous réveiller, de travailler et d’avoir un rêve autre que celui de détruire la France ou d’y aller vivre. C’est une réalité ».

Où es-tu Grand Émir Abdelkader pour nous réapprendre à chérir inconditionnellement notre pays et à aimer nos concitoyens? Où es-tu pour nous rappeler que la terre que nous avons sous les pieds, nous devons la défendre contre les néocolonisateurs avec nos mains, notre âme et notre cœur ?

Lahouari Addi

Le sociologue attitré de la NED (National Endowment for Democracy) a eu droit, quant à lui, au tapis rouge du journal Le Monde. N’entre pas qui veut dans le « temple » du journalisme français. On ne badine pas avec les titres, n’est-ce-pas?

Dans un article qu’il a intitulé « Sur l’Algérie, Emmanuel Macron a dit publiquement ce que ses prédécesseurs disaient en privé », Lahouari Addi a profité de l’hospitalité de ce journal connu pour son « amour inconditionnel » de l’Algérie pour ouvrir les hostilités sur toutes les institutions étatiques algériennes. Par contre, il traita les propos d’Emmanuel 1er « de courageux, surmontant la raison d’État et ne reculant pas devant les lobbys économiques sectoriels ». Le Roi de France et de Navarre dépeint dans son habit de preux chevalier, sans peur et sans reproche!

Ah, l’imagination et le romantisme galopants des sociologues de la cour de France! Le grand seigneur au nord de la Méditerranée et les méchants gueux à son sud! La néocolonisation « daoudienne » qui fait des émules!

Dans son analyse des déclarations macroniennes, Lahouari Addi ne se priva pas d’y déceler un lien avec le Hirak. Bien sûr, il n’allait pas rater l’occasion, lui, un des ténors autoproclamés du Hirak! Pour cela, il faut avoir la compétence d’un « professeur émérite » afin de lire entre les lignes et y trouver ce qui n’est même pas venu à l’esprit de l’auteur lui-même.

« Par les propos qu’il a tenus le 30 septembre, Emmanuel Macron reconnaît explicitement la légitimité politique des revendications du Hirak, ce qui est inacceptable pour le régime algérien qui, jusqu’à présent, a toujours bénéficié de l’appui diplomatique de la France ».

Évidemment, il n’a pas raté l’occasion pour placer le slogan « Dawla madania machi askaria » (Etat civil et non militaire) cher aux islamawistes offshore et aux adeptes du « Hirak frelaté », en complète opposition avec la devise du Hirak original « Djeich, chaâb, khawa khawa » (Armée, peuple, frère, frère) ».

Radio M

Nous n’allons pas terminer ce « recueil » sans citer Radio M, celle qui se fait appeler « la Petite Radio du Grand Maghreb » mais qui n’est en fait que la « Radio Barbouze du Quai d’Orsay ». D’ailleurs, ce qualificatif sera confirmé dans ce qui suit.

Tout d’abord, elle s’est comporté comme chambre d’écho de la déclaration de Lahouari Addi au sujet de Hirak dans son article du Monde et en a fait rien de moins que le titre d’un de ses éditoriaux.

D’autre part, en réponse à la polémique générée en Algérie par les déclarations hostiles d’Emmanuel 1erLe Monde publia un article dans lequel il rapporta que

« les propos du président français s’interrogeant sur l’existence de la « nation algérienne » ont braqué même les opposants les plus farouches au régime algérien ».

Après avoir énuméré les nombreuses critiques, le journaliste précisa que

« l’une des rares, pour ne pas dire l’unique, prise de position positive à l’égard du président français est venue du politologue Mohammed Hennad […] dans une interview à Radio M […] ».

Radio M favorable au monarque français? Ce n’est probablement qu’un doux euphémisme si on se fie au titre donné à cette intervention du politologue Mohammed Hennad :

Et, à propos de la réduction du nombre de visas pour les Algériens, Radio M se comporta comme le porte-parole de Gérald Darmanin, ministre français de l’intérieur :

Emmanuel 1er peut être fier de sa légion de bouffons. Avec autant de dociles informateurs indigènes et de fidèles défenseurs autochtones, il dispose d’une machine de désinformation efficace.

Mais le Roi de France et de Navarre n’a certainement aucune idée de l’armée de patriotes algériens, jaloux de la souveraineté de leur pays.

Et ceux-là, contrairement à ses bouffons, ont une profonde aversion de toute ingérence étrangère dans les affaires de leur pays. En particulier lorsqu’il s’agit de l’ingérence d’un pays qui les a maltraités pendant 132 ans.

SOURCE :

https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=583%3Ale-roi-macron-et-ses-bouffons&catid=46%3Aqprintemps-arabeq&Itemid=119&fbclid=IwAR0QWgOrTBRFI0I5VkZZYmJwlwSn9zZiVPv6PzcVg_bn6cawStNFBzoi8RI




Le rapport de Graphika : soft power et guerre de 4e génération contre l’Algérie

[Source : ahmedbensaada.com]

Par Ahmed Bensaada

Contrairement au hard power qui est basé sur la force coercitive classique, le soft power utilise l’attraction positive et la persuasion pour atteindre des objectifs de politique étrangère. Il s’agit donc d’une capacité d’influence susceptible d’imposer, en douceur, un comportement ou une façon de penser identiques ou similaires à celles de celui qui utilise cette technique. Son succès repose donc sur l’impression de ne pas y avoir pas été contraint. Ainsi, le soft power n’atteint ses objectifs que s’il n’est pas perçu comme de la manipulation ou de la propagande.

Selon son concepteur, le très influent Joseph Nye, le soft power est soutenu par trois piliers : les valeurs politiques, la culture et la politique étrangère. Commentant cette théorie, le professeur G. John Ikenberry donne les précisions suivantes dans la célèbre revue Foreign Affairs:

« Les États-Unis peuvent dominer les autres, mais ils ont également excellé dans la projection du soft power, avec l’aide de leurs entreprises, fondations, universités, églises et autres institutions de la société civile; la culture, les idéaux et les valeurs des États-Unis ont été extrêmement importants pour aider Washington à attirer des partenaires et des partisans ».

L’exportation de la démocratie, qui est un champ établi et prépondérant de la politique étrangère américaine, utilise évidemment le soft power. Dans son article traitant du soft power américain dans les révolutions colorées, l’anthropologue Boris Pétric mentionne que des « ONG américaines sont les principaux acteurs de cette promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de la liberté […] ».

Cette relation entre les ONG et le soft power est très bien explicitée par Susan Liautaud dans son article « Soft Power of NGOs: Hard Responsibility, Hard Strategy, and Hard Accountability » dans lequel elle note que « les ONG et les autres acteurs du secteur à but non lucratif sont tenus d’utiliser le soft power de façon responsable et de rendre compte des conséquences induites par cette utilisation »

Il a été aussi montré que ces mêmes ONG américaines, étatiques ou non, ont joué le même rôle dans ce qui est abusivement appelé le « printemps » arabe. La printanisation de certains pays arabes ciblés à l’aide du soft power américain a été réalisé par l’intermédiaire de la formation et du réseautage de cyberactivistes « autochtones », c’est-à-dire provenant des pays visés. Ces révoltes qui ont été présentées et vendues comme une « belle saison » se sont avérées n’être que des « regime change » accompagnés de chaos, de destruction et de désolation.

Une décennie plus tard, ces ONG sont encore actives, tout particulièrement dans le Hirak algérien.

Tel que noté par Albert A. Nofi, le soft power est une des ressources sur lesquelles s’appuient la guerre de 4e génération (G4G), cette guerre moderne qui, d’après François-Bernard Huyghe, « correspondrait à la révolution de l’information » tout en précisant qu’elle « mobiliserait des populations entières en un antagonisme gagnant tous les domaines politique, économique, social, culturel ».

En ce qui concerne l’utilisation militaire de l’information, Christina M. Knopf et Eric J. Ziegelmayer nous expliquent que :

« l’information est un produit qui se prête à l’arsenalisation et l’environnement informationnel est devenu vital pour le succès des opérations militaires. Le domaine de l’information, l’Internet en particulier, est aujourd’hui un terrain crucial à saisir pour exercer une influence économique et diplomatique dominante.  C’est la raison pour laquelle les États-Unis ont officiellement incorporé à leur doctrine […] la « guerre des communications » ».

Cette « arsenalisation » de l’information a été rendue efficace grâce à l’essor fulgurant de l’Internet et des médias sociaux. À ce sujet, Waseem Ahmad Qureshi donne quelques précisions :

« Les progrès technologiques actuels (accès plus facile aux blogs médiatiques et à Internet) rendent la propagande et la manipulation des faits plus facilement accessibles tout en élargissant les conséquences des opérations de guerre de l’information en provoquant des effets dommageables massifs »

La recherche qui sera exposée dans cet article montre de manière explicite que l’Algérie fait actuellement l’objet d’une G4G qui a profité des remous du Hirak pour se déployer insidieusement.

Hirak, soft power et guerre de 4e génération

Un livre et de très nombreux articles ont été consacrés au rôle des organismes américains d’exportation de la démocratie et leurs relations avec le Hirak et ses « ténors ». Cet aspect du soft power ne sera pas traité dans ce travail, mais les lecteurs intéressés sont invités à consulter les liens suggérés.

Il faut cependant préciser que le soft power utilisé dans les G4G possède d’autres techniques aussi efficaces les unes que les autres.

Il a été fait mention d’une de ces techniques dans un de mes articles datant de décembre 2019. Il s’agit de mandater un universitaire crédible pour écrire, dans une revue crédible, un texte complétement fallacieux afin de suggérer un comportement donné et le présenter comme étant juste et approprié alors que, dans la réalité, il est complétement déraisonnable. Un exemple typique est celui du professeur Robert Zaretsky, professeur d’histoire de France à l’université de Houston qui s’est fait remarquer par un texte abracadabrantesque dans Foreign Affairs. En effet, le 26 novembre 2019, c’est-à-dire à peine deux semaines avant l’élection présidentielle algérienne, le professeur écrivait: « An Election’s Failure Will Be a Democratic Success » (L’échec de l’élection sera un succès démocratique).

Hallucinant! D’après ce professeur vivant dans un pays supposé être démocratique « ne pas voter est un acte démocratique »! Mais quel genre de démocratie désire exporter ce professeur loufoque?

L’histoire retiendra néanmoins l’odieuse campagne d’intimidation des électeurs lors de ce scrutin, ignominie qui a dû tellement faire plaisir à M. Zaretsky, certainement commandité pour nuire à l’Algérie.

Plus récemment, c’est dans un petit encadré publié par le journal français Le Figaro en date du 31 juillet 2021 qu’apparut une nouvelle technique encore plus insidieuse que celle de notre professeur de Houston. Celle-ci est destinée à persuader le public que l’État algérien utilise des cybermanipulations malhonnêtes « pour défendre les intérêts du président algérien », tout en parrainant des « campagnes de harcèlement » contre des opposants politiques.

Le Figaro précise que ces informations proviennent d’un rapport élaboré par une société américaine nommée Graphika, « spécialisée dans les nouvelles technologies et l’analyse des réseaux sociaux ». Personne n’est dupe. Cette mention cherche évidemment à donner de la crédibilité à cette compagnie et, par conséquent, conférer de la véracité à son rapport.

Encore un organisme américain qui s’attaque à l’État algérien en général et aux institutions présidentielle et militaire en particulier! Décidément, ils ne lâcheront jamais ces Américains!

Mais qui est donc Graphika? Qui est derrière ce joli nom, quels sont ses champs d’intérêts et qui la finance?

Contrairement à Émilien Hertement, le journaliste du Figaro qui a bêtement rapporté la nouvelle, nous allons nous intéresser, dans un premier temps, à cette société pour comprendre ses motivations et nous enquérir de son sérieux. Ensuite, nous étudierons en détail son rapport cité par Le Figaro.

Graphika et ses connexions sulfureuses

D’après les informations figurant sur son site officiel, Graphika est

« une société d’analyse de réseau, fondée en 2013 par le Dr. John Kelly qui a étudié, dans sa thèse, l’essor fulgurant des conversations sur Internet en utilisant l’analyse de réseau des relations entre les auteurs en ligne, et pas seulement le contenu de leurs messages ».

Toujours selon son site, Graphika est financé par la DARPA, la « Minerva Initiative », l’« US Senate Select Committee on Intelligence » et la « Knight Foundation ».

DARPA est l’acronyme de la « Defense Advanced Research Projects Agency » (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) qui est une agence du ministère de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies destinées à l’usage militaire.

La « Minerva Initiative » est une initiative de recherche universitaire en sciences sociales parrainée par le ministère de la Défense des États-Unis axée sur des domaines d’importance stratégique pour la politique de sécurité nationale des États-Unis. Lancée en 2008 par Robert Gates, le secrétaire à la Défense de l’époque, elle a pour objectif d’améliorer la compréhension de base du ministère de la Défense en ce qui concerne les forces sociales, culturelles, comportementales et politiques qui façonnent les régions du monde d’importance stratégique pour les États-Unis. Dès le début, le programme s’est focalisé , entre autres, sur les recherches universitaires traitant de la Chine, de l’Irak, du terrorisme et de l’islam radical. À son lancement, le projet a reçu 50 millions de dollars du ministère de la Défense des États-Unis pour financer ces recherches.

Les subventions de recherche sont supervisées par des gestionnaires de programme affiliés à deux organisations militaires de recherche fondamentale : le Bureau de la recherche scientifique de l’Armée de l’air (AFOSR) et le Bureau de la recherche navale (ONR).

L’«US Senate Select Committee on Intelligence » (SSCI) est un comité créé par le Sénat américain en 1976 pour superviser et faire des études continues sur les activités et programmes de renseignement du gouvernement des États-Unis.

La « Knight Foundation » se présente comme une fondation nationale américaine qui investit dans le journalisme et les arts et dont l’objectif est de favoriser des communautés informées et engagées qu’elle croit essentielles à une démocratie saine. Cette fondation collabore cependant activement avec l’Open Society de George Soros, la National Endowment for DemocracyFreedom House et l’USAID.

Ces quatre organisations forment la colonne vertébrale du dispositif américain pour l’exportation de la démocratie dont il a été question précédemment.

Et ce n’est pas tout. Graphika déclare être associé avec des groupes de défense des Droits de l’homme du monde entier « pour surveiller les menaces numériques ciblant les utilisateurs vulnérables ».

En fait, il s’agit de Human Rights Watch (HRW), Amnesty International (AI) et « The Syria Campaign ». Il est de notoriété publique que les deux premières organisations (HRW et AI) sont largement financées par l’Open Society.  Et il ne faut surtout pas oublier qu’elles ont été toutes deux (avec d’autres entités droitdelhommistes) derrière la résolution du Parlement européen contre l’Algérie, juste quelques jours après le référendum sur la nouvelle Constitution algérienne. Drôle de coïncidence, n’est-ce pas? Comme la coïncidence de l’article de notre pitoyable professeur Zaretsky, un an plus tôt.

L’association de Graphika avec « The Syria campaign » est très révélatrice du rôle de désinformation, de propagande et d’étroite collaboration de cette société avec les gouvernements américains et britanniques.

« The Syria campaign » qui se dit « organisation à but non lucratif enregistrée au Royaume-Uni » est étroitement lié aux « White Helmets » (casques blancs), organisme de protection civile syrien qui a défrayé la chronique en 2016 (lire mon article sur ce sujet, rédigé à l’époque).

En fait, ces « secouristes » présentés comme des héros en occident, sont financés par l’USAID (United States Agency for International Development), le plus important des organismes américains d’« exportation » de la démocratie. Un document de l’USAID datant de 2018 précise qu’une subvention de 6,25 millions de dollars a été octroyée aux « White Helmets », en plus des 33 millions de dollars qui leur ont été versés depuis 2013. Ces « casques blancs » ont aussi été très largement financés par la Grande-Bretagne via le « Foreign and Commonwealth Office ». En date du 31 mars 2018, le montant total du financement que le gouvernement britannique leur a fourni s’élevait à 38 425 591,23 £. Ce qui fit dire à Julie Hyland, journaliste et militante britannique :

« Financés par le « Conflict, Stability and Security Fund » du gouvernement britannique et le programme USAID du gouvernement américain, ils [les « White Helmets »] font partie d’un réseau de forces djihadistes soutenues par l’Occident pour organiser un changement de régime ».

The White Helmets: The greatest scandal to hit Syria

Selon Vanessa Beeley, journaliste indépendante qui a beaucoup travaillé sur le terrain en Syrie et dans de nombreux autres pays de la région, les « White Helmets » « étaient liés financièrement à Londres et à Washington (entre autres), principaux belligérants occidentaux sans mandat en Syrie […] et que des membres des Casques blancs entretenaient des liens avec des groupes djihadistes rebelles, tels que Fatah Al-Cham, résultat de la fusion d’Al-Nosra et de Ahrar Al-Cham ».

Le mythe des « casques blancs » a été démoli par un grand nombre de journalistes et chercheurs de renom dont Eva BartlettJohn PilgerGareth Porter,Phillip GiraldiCraig Murrayet l’ancien inspecteur des armements de l’ONU Scott Ritter.

Graphika et ses figures publiques

Parmi les figures publiques de Graphika, on retrouve les noms de l’anglais Ben Nimmo (directeur des recherches) et de la française Camille François (directrice de l’innovation).

Ben Nimmo a rejoint Graphika en 2019, pourtant, rien ne le prédestinait à ce poste. Son parcours singulier a été décrit dans un article détaillé du New York Times (NYT).

En effet, il a étudié la littérature à l’Université de Cambridge, a travaillé comme instructeur de plongée sous-marine en Égypte, ainsi qu’écrivain et journaliste de voyage en Europe. En 2011, il a été recruté par l’OTAN comme attaché de presse principal sur la Russie et l’Ukraine jusqu’en 2014. Ensuite, il est devenu chercheur indépendant et a commencé à travailler sur la Russie sous contrat pour des think tanks pro-démocratie comme l’« Institute for Statecraft » qui pilote un projet  financé par le « Foreign and Commonwealth Office » nommé « The integrity initiative ». Créé en 2015, ce programme avait pour objectifs de contrer et sensibiliser à la désinformation provenant de pays comme la Russie et la Chine ainsi que de groupes extrémistes comme Daech. Comme par hasard, il s’agit de pays et ou organismes ciblés aussi par la « Minerva Initiative ».

Au cours de la campagne électorale américaine de 2016, M. Nimmo a collaboré avec l’Atlantic Council, le think tank non officiel de l’OTAN.

Pour se faire une idée de l’importance de ce « groupe de réflexion », il n’y a qu’à consulter l’impressionnante liste des membres de son Conseil d’administration. On y trouve, entre autres, Henry Kissinger, Joseph Nye (le concepteur du soft power), le général David H. Petraeus (commandant de la coalition militaire sous Bush fils et chef des troupes de l’OTAN ainsi que Directeur de la CIA sous Obama), Stephen Hadley (conseiller à la sécurité nationale de Bush fils), Robert Gates (cité précédemment – Directeur de la CIA sous Bush père et Secrétaire à la défense sous Bush fils et Obama). On y trouve aussi James Baker, Léon Panetta, Colin Powell, James Woosley, Peter Ackerman et j’en passe car la liste donne le tournis (le lecteur est invité à consulter ces pages pour plus de détails: lien 1 et lien 2). Pour la petite histoire, James Woosley a été directeur de la CIA sous Bill Clinton et a dirigé Freedom House . De son côté, Peter Ackerman a aidé à la création de l’Albert Einstein Institution dirigé par son professeur, l’illustre Gene Sharp, le théoricien de la « lutte non-violente » qui a été utilisée dans les révolutions colorées et le « printemps » arabe. Sa théorie a été développée dans de nombreux livres et tout particulièrement dans « De la dictature à la démocratie », ouvrage qui est devenu le livre de chevet de tous les révolutionnaires en herbe à travers le monde.

Revenons maintenant à Ben Nimmo. Il a aidé à fonder le Digital Forensic Research Lab (DFRLab) de l’Atlantic Council, un groupe basé à Washington qui étudie la désinformation en ligne.

En 2018, Facebook a annoncé un partenariat avec DFRLab pour « identifier, exposer et expliquer la désinformation lors des élections dans le monde », accordant à l’Atlantic Council et à Nimmo l’accès aux données privées de milliards d’utilisateurs de Facebook.

Facebook a fait de lui et du laboratoire les premiers étrangers autorisés à étudier les réseaux de désinformation sur son site avant que l’entreprise ne ferme les réseaux.

À la fin de son article, le NYT précise que Graphika et DFRLab ont tous deux reçu un financement de Facebook.

Le 5 février dernier, Ben Nimmo annonçait son départ de Graphika pour rejoindre Facebook où il aiderait « à diriger la stratégie mondiale de renseignement sur les menaces contre les opérations d’influence ». Sans oublier, bien sûr, de faire « coucou » à sa collègue et collaboratrice, Camille François.

Cette nouvelle n’est pas passée inaperçue, bien au contraire. Sur The Grayzone, par exemple, on pouvait lire un article intitulé « Facebook hires ex-NATO press officer and social media censor Ben Nimmo as intel strategist » (Facebook embauche Ben Nimmo, ancien attaché de presse de l’OTAN et censeur des médias sociaux, en tant que stratège du renseignement), alors que Mint Press News titrait « Facebook partners with Hawkish Atlantic Council, a NATO lobby group, to “protect democracy” » (Facebook s’associe au belliciste Atlantic Council, un groupe de pression de l’OTAN, pour « protéger la démocratie »).

Passons maintenant à la seconde figure publique de Graphika qui se nomme Camille François. Diplômée de Sciences-Po et boursière Fulbright, elle a été membre de la « New America’s Cybersecurity Initiative » (NACI), chercheure principale chez Jigsaw, a dirigé des projets de recherche sur la cybersécurité et les droits de l’homme pour la « Defence Advanced Research Projects Agency », et a travaillé pour l’équipe « Market Insights » de Google (consulter ce lien).

La « New America’s Cybersecurity Initiative » est un organisme financé (entre autres) par le Département d’état américain, la Knight Foundation, Open Society, Google, Microsoft, Apple et Facebook.

Jigsaw (anciennement Google Ideas) est un groupe de réflexion et un incubateur technologique au sein de Google/Alphabet dirigé par Jared Cohen. Ce dernier a travaillé au Département d’État américain comme membre du comité de planification des politiques du département d’État américain, puis a été très proche conseiller des secrétaires d’État Condoleezza Rice et Hillary Clinton. C’est, par exemple, lui qui avait personnellement contacté le cofondateur et président de Twitter, Jack Dorsey, pour lui demander de reporter les travaux de maintenance des serveurs de Twitter afin de ne pas perturber les activités des cyberactivistes iraniens lors de leurs manifestations antigouvernementales en 2009.

Mais ce qui attire le plus l’attention, c’est son rôle dans la formation des cyberactivistes arabes en préparation du « printemps » arabe. En effet, Jared Cohen fut un des fondateurs de AYM « Alliance of Youth Movements » (rebaptisée Movements.org) qui se définit comme une organisation américaine à but non lucratif (d’après leur site) qui affiche clairement sa mission : i) identifier des cyberactivistes dans des régions d’intérêt ; ii) les mettre en contact entre eux, avec des experts et des membres de la société civile ; et iii) les soutenir en les formant, en les conseillant et en leur procurant une plateforme pour initier les contacts et les développer dans le temps (pour plus de détails, consulter mon article sur le sujet).

Comme expliqué précédemment, la « Defence Advanced Research Projects Agency » (DARPA) est l’agence du ministère de la Défense des États-Unis qui finance Graphika. Comme le monde est petit!

D’après ce qui est mentionné sur son CV, Camille François a été aussi recrutée par Google, dans l’équipe de « Market Insights ». Directrice de recherche associée, elle s’est spécialisée dans la recherche en ligne sur les PME françaises et a géré les trackers de marque et de confidentialité de Google pour la perception parmi le public et les faiseurs d’opinion clés.

Pour boucler la boucle, Mme François s’est formée, en 2014, à l’École de l’OTAN d’Oberammergau (Allemagne) sur les « cyber-opérations » tel que précisé également sur son CV.

Graphika, la main dans le sac

La société Graphika a été impliquée dans de nombreuses controverses en relation avec i) le « repérage » d’un type particulier et ciblé de désinformation sur les médias sociaux et ii) son rôle de « chien truffier » dressé pour servir des commanditaires militaristes, atlantistes et occidentalistes.

Pour clarifier ce point, nous allons citer deux exemples pédagogiques.

1- L’affaire Jeremy Corbyn

La très large élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique avec près de 60% des voix en 2015 a été suivie par une campagne médiatique « mainstream » ayant pour but de diaboliser sa personne et de lui ôter toute légitimité politique de premier plan.

Tout d’abord, ses positions pro-palestiniennes lui ont valu des attaques du lobby sioniste pour des allégations d’antisémitisme après son succès électoral. Quelques années plus tard, à l’approche des élections législatives de 2019, les accusations sont montées d’un cran, devenant plus incisives. Il n’était pas question qu’un socialiste « antisémite » soit logé au 10, Downing Street.

En plus de ces accusations fallacieuses, une autre affaire a été planifiée pour porter le coup de grâce à la possibilité que Corbyn puisse, un jour, occuper le fauteuil de Premier ministre britannique : sa « collusion » avec la Russie. Cette accusation, mêlée avec ce « sport » occidental communément appelé « Russia Bashing », allaient être, ni plus ni moins, un coup de grâce à ce projet.

À ce sujet, les journalistes d’investigation Ben Norton et Max Blumenthal écrivaient le 8 décembre 2019:

« À quelques jours des élections nationales britanniques du 12 décembre, les agences de renseignement britanniques et les organisations soutenues par le gouvernement américain ont intensifié leurs attaques contre Corbyn, empruntant des tactiques à l’hystérie américaine du Russiagate et faisant de grands efforts pour le présenter – sans aucune preuve substantielle – comme une supposée marionnette de l’ignoble Kremlin ».

Le journaliste Matt Kennard a, quant à lui, publié une enquête détaillée au titre très explicite : « Comment l’establishment militaire et du renseignement britannique s’efforce d’empêcher Jeremy Corbyn de devenir Premier ministre ».

Il y mentionna que des responsables de l’armée et du renseignement britanniques ont été à l’origine d’au moins 34 reportages majeurs publiés dans les médias nationaux présentant Jeremy Corbyn comme un danger pour la sécurité britannique.

Le 27 novembre 2019, en pleine campagne électorale, l’équipe de Jeremy Corbyn présenta un imposant dossier traitant de négociations secrètes entre le gouvernement conservateur de Boris Johnson et l’administration américaine dans le but de privatiser le National Health Service (NHS) britannique, démentant ainsi les promesses de son rival conservateur.

Moins d’une semaine plus tard, l’artillerie lourde fut sortie pour faire face à l’accusation.

Ben Wallace, le Secrétaire d’État à la Défense britannique, déclara que 

« Jeremy Corbyn a joué le rôle d' »idiot utile » pour le Kremlin en minant l’OTAN pendant des décennies et cela le rend inapte à être Premier ministre ».

Comme pour confirmer ses dires, le journal pro-conservateur The Daily Telegraph titrait à la Une « Le dossier de Corbyn pointe du doigt les Russes ».

The Guardian emboîta le pas en précisant que les documents de Corbyn ont été « mis en ligne par des affiches utilisant des méthodes russes ». D’autres médias comme The Daily Beast, la BBC ou le Washington Post reprirent également la nouvelle.

Ce n’est pas le « clonage » de cette information qui attire l’attention mais le fait que tous les médias se sont basés sur une et une seule source : Graphika et son directeur des recherches, Ben Nimmo. Tiens donc!

Extrait de l’article du Guardian :

« Ben Nimmo, le chef des enquêtes chez Graphika, a déclaré : « Ce que nous disons, c’est que les efforts initiaux pour amplifier la fuite du NHS ressemblent beaucoup aux techniques utilisées par Secondary Infektion dans le passé, une opération russe connue. Mais nous n’avons pas toutes les données qui nous permettent de prendre une décision finale dans cette affaire » ».

Une accusation aussi grave, reprise par des médias lourds et influents, basée sur une seule source et…du vent.

Ce qui fit dire à Norton et Blumenthal :

« Pas un seul article couvrant l’histoire n’a pris la peine d’informer les lecteurs qui était Nimmo, ni n’a offert de détails sur les puissantes forces étatiques derrière Graphika ».

Et d’ajouter :

« En fait, Nimmo n’est pas un expert en données ou un journaliste, mais un ancien attaché de presse de l’OTAN qui a précédemment travaillé pour l’usine de propagande secrète « Integrity Initiative », qui était financée par le ministère britannique des Affaires étrangères et dédiée à engendrer des conflits avec la Russie ».

La suite de l’histoire vous la devinez certainement : Jeremy Corbyn a évidemment perdu les élections du 12 décembre 2019.

2- Le Russiagate

Le Russiagate est l’affaire politico-judiciaire qui a été invoquée pour qualifier les allégations d’ingérence de la Russie dans les élections présidentielles américaines de 2016. Un branle-bas de combat médiatique a été orchestré afin de démontrer que la défaite de Hillary Clinton n’était due qu’à une collusion entre l’équipe de Donald Trump et le Kremlin via une armée de trolls russes écumant les médias sociaux, en particulier Facebook et Twitter.

Comme on peut s’y attendre, la démonstration a été confiée à une équipe de l’Université d’Oxford et …la société Graphika. Cette dernière était représentée par son fondateur, John Kelly, et Camille François.

Le rapport, commandité en 2018 par l’«US Senate Select Committee on Intelligence » (SSCI) dont il a été question auparavant, confirme évidemment les allégations. On peut y lire :

« L’Agence russe de recherche Internet (IRA) a lancé une attaque prolongée contre les États-Unis en utilisant une propagande informatique pour désinformer et polariser les électeurs américains ».

« Les données sur l’IRA fournies au SSCI par les plateformes américaines de médias sociaux et Internet démontrent un effort soutenu pour manipuler le public américain et saper la démocratie. Avec des années d’expérience dans la manipulation de l’opinion publique en Russie, l’IRA a utilisé les principales plateformes de médias sociaux, notamment Facebook, Instagram et Twitter, pour cibler les électeurs américains et polariser les utilisateurs des médias sociaux américains ».

Une année plus tard, le rapport du procureur Robert Mueller, procureur spécial chargé d’enquêter sur les ingérences russes dans les élections présidentielles de 2016, était publié. La principale conclusion stipulait qu’il n’y a pas eu d’entente entre les membres de l’équipe de Trump et la Russie.

Le Monde diplomatique qualifia le Russiagate de « débâcle » et commenta le rapport ainsi :

« Les premiers éléments connus du Rapport Mueller représentent une défaite pour la fraction la plus modérée du parti démocrate, pour le parti de la guerre à la Russie, pour les médias. […] Enfin, ce rapport constitue une gifle spectaculaire pour la quasi-totalité des grands médias américains qui, depuis deux ans, avaient fait du « Russiagate » leur commerce à plein temps ».

Une gifle aussi à Graphika et ses « experts ».

La chasse aux sorcières s’est poursuivie jusqu’aux élections présidentielles américaines de 2020. Graphika produisit un autre rapport en septembre 2020 signé par, entre autres, Ben Nimmo et Camille François ciblant un site nommé PeaceData supposément financé par l’Agence russe de recherche Internet (IRA).

À ce sujet, le New York Times écrivit :

« Le groupe russe qui s’est immiscé dans l’élection présidentielle de 2016 est de retour, utilisant un réseau de faux comptes et un site Web conçu pour ressembler à un site d’information de gauche, ont déclaré mardi Facebook et Twitter. La campagne de désinformation menée par le groupe soutenu par le Kremlin, connu sous le nom d’Internet Research Agency, est la première preuve publique que l’agence essaie de répéter ses efforts d’il y a quatre ans et d’éloigner les électeurs du candidat démocrate à la présidentielle, Joseph R. Biden Jr., pour aider le président Trump ».

PeaceData a vivement réagi à ces accusations les qualifiant de calomnies et de mensonges.

En effet, certains observateurs perspicaces notèrent que, contrairement à ce qui était dit par Graphika et NYT, le site web PeaceData avait publié plusieurs articles critiquant durement Trump, dont un qui l’a qualifié de « instable et déséquilibré ». D’autre part, Graphika ne donna aucune preuve du financement du site par l’IRA dans son rapport.

Les comptes Facebook et Twitter de PeaceData ont évidemment été fermés sur la base du rapport de Graphika et de ses « experts », Ben Nimmo et Camille François.

Graphika et l’Algérie

Après avoir passé en revue l’imposant réseau de connexions politico-militaires dont dispose Graphika et ses « experts » ainsi que les « missions » de haut niveau dont ils ont été chargés, plusieurs questions viennent à l’esprit : Pourquoi l’Algérie? Pourquoi maintenant? Quel est le but recherché? Qui a commandé l’étude? Qui l’a financée? Et qui a collaboré avec eux pour leur fournir les détails nécessaires?

Tout d’abord, il faut reconnaître que si Graphika s’est intéressée à l’Algérie, c’est que ce pays représente un enjeu géostratégique important pour les États-Unis. Cela confirme ce qui a été avancé dans mes nombreux articles et mes récents livres sur le sujet.

Le timing est lui aussi important. En effet, comme le Hirak « frelaté » bat de l’aile, cette évidente ingérence dans la politique intérieure de l’Algérie cherche à créer une nouvelle agitation malsaine dans la vie politique du pays.  En plus, il est quand même étrange que sa publication intervienne juste après le scandale Pegasus qui a ciblé l’Algérie. De victime, l’Algérie est présentée comme coupable par Graphika.

Pour tenter de répondre plus amplement aux questions, revenons au rapport de Graphika sur l’Algérie.

Le résumé du rapport donne le ton :

« Facebook a partagé un ensemble de comptes, de pages et de groupes avec Graphika pour une analyse plus approfondie avant de les supprimer de ses plateformes. Notre enquête a révélé un effort multiplateforme sur plusieurs années pour faire avancer les intérêts du président algérien Abdelmadjid Tebboune, depuis sa candidature à la présidentielle de 2019, jusqu’à un référendum constitutionnel l’année dernière et des élections législatives largement boycottées en juin. Cette activité s’est entrelacée avec une campagne soutenue de harcèlement et d’intimidation visant le mouvement de protestation du Hirak en Algérie, qui, au cours des deux dernières années, a rassemblé des milliers de personnes dans les rues du pays pour demander que l’élite dirigeante soit chassée et la fin de la corruption. Ces tentatives combinées pour manipuler, déformer et polariser la conversation politique en ligne en Algérie doivent être considérées dans le contexte de la répression signalée par le gouvernement contre les voix de l’opposition et de l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a contraint de nombreux Algériens à déplacer leurs manifestations en ligne ».

On en tire les conclusions suivantes :

  • Comme expliqué précédemment, Facebook travaille avec Graphika;
  • Les sites jugés « indésirables » sont supprimés sur recommandation de Graphika;
  • Graphika fait de la politique et non de l’analyse de réseaux;
  • La démarche constitutionnelle adoptée par l’État algérien pour sortir de l’impasse ne plait pas à Graphika;
  • Graphika supporte la politique du « Yetnahaw Gaa » prônée en particulier par les ongistes (formés et financés par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie), les islamawistes « offshore » et les makistes séparatistes;
  • Graphika se positionne contre les institutions de l’État algérien et soutient les groupes cités précédemment, dont deux sont considérés comme des organisations terroristes;
  • L’État algérien manipule l’information, mais aucun mot sur l’incommensurable manipulation des trois groupes cités;
  • Facebook (et les autres médias sociaux) autorise (encourage?) les manifestations en ligne pour ceux qui militent pour la phase de transition, mais ferme les comptes de ceux qui soutiennent la démarche constitutionnelle.

Passons maintenant à ce que Graphika appelle des preuves à ses allégations. Le rapport commence avec un article concernant Noureddine Boukrouh qui est commenté comme suit :

« Dans l’ensemble, les comptes et les pages identifiés par Facebook ont montré des signes clairs de coordination, ainsi que l’utilisation de fausses identités et d’autres pratiques trompeuses pour induire les utilisateurs en erreur. Dans une illustration particulièrement frappante en juin de cette année, 42 des pages identifiées ont publié la même photo avec des légendes identiques attaquant des opposants au gouvernement algérien. Beaucoup de ces pages se sont présentées comme des groupes pro-démocratie ou des médias indépendants »

Quel niveau d’analyse! Hercule Poirot en aurait perdu sa moustache!

Mensonge et inversion des rôles:

1- Graphika prétend que Noureddine Boukrouh a été qualifié de « fou » alors que c’est lui qui a traité le Président de la république algérienne de la sorte.

2- En plus, Graphika affirme qu’il s’agit d’une « attaque coordonnée contre un opposant » alors qu’il s’agit d’un de mes articles, publié sur mon site, en réponse au sien.

Il s’avère qu’il s’agit de MON article intitulé « Un goujat nommé Boukrouh » qui a été publié sur mon site avec la même photo, mais qui a aussi été repris par d’autres sites (site 1site 2site 3, etc.). Il est donc normal que des pages Facebook le reprennent comme c’est le cas de tous mes articles. Mon récent poème en hommage à Djamel Bensmaïl, par exemple, a été repris intégralement par des dizaines de pages. Où est le problème? Les réseaux sociaux ne servent-ils pas à cela? Ou alors c’est halal pour certains et haram pour d’autres?

Au-delà de cet aspect, ce qui attire l’attention, c’est la légende :

« Captures d’écran montrant la publication coordonnée d’une attaque décrivant la figure de l’opposition Noureddine Boukrouh comme « folle » peu de temps après avoir critiqué Tebboune ».

Il s’agit d’un pur mensonge! C’est M. Boukrouh qui a traité le président Abdelmadjid Tebboune de fou dans un post sur Facebook! En toute lettre dans le titre!

Question pour Graphika et Facebook : accuser fallacieusement un président en exercice de folie ne mérite pas la fermeture du compte de M. le « sain d’esprit »?

En plus de l’institution présidentielle, c’est l’institution militaire algérienne qui a été dénigrée, comme si ces mêmes institutions, aux États-Unis ou en Occident n’avaient pas le droit de s’exprimer sur l’état de la Nation. Comme tous les pays du monde, l’Algérie a ses institutions étatiques et s’exprime dans les médias qu’elles jugent adéquat à son message.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, le rapport de Graphika critique le droit à l’institution militaire de faire des reportages sur les « fake news » et de dénoncer les agissements de certains groupes qui menacent la sécurité et la souveraineté de l’Algérie.

Le rapport cite nommément « Karim Tabbou » (cité 3 fois), « Amir DZ » (cité 4 fois), « Rachad » (cité 4 fois), « Mohamed Larbi Zitout » (cité 5 fois) et Mourad Dhina.

« Les cibles clés depuis 2019 comprenaient : Karim Tabou – une figure de l’opposition qui a été arrêtée par la police algérienne en 2020 et 2021 ; Amir Boukhors (« Amir DZ »), un dissident anti-régime en France ; et deux co-fondateurs du groupe politique « Rachad » – Mohamed Larbi Zitout, qui vit en exil à Londres, et Mourad Dhina, qui vit en Suisse. En mars 2021, un tribunal algérien aurait émis des mandats d’arrêt contre Boukhors et Zitout pour « terrorisme » ».

Les « ténors autoproclamés du Hirak », en l’occurrence Mostefa Bouchachi, Zoubida Assoul et Karim Tabbou, sont aussi présentés comme des « critiques du régime algérien ».

Comme par hasard, toutes les personnes citées, sans aucune exception, collaborent ensemble tel qu’expliqué dans mon livre sur le Hirak et sont, bien évidemment, toutes pour la phase de transition.

Décidément, la vision de Graphika (et de ses commanditaires) est dichotomique :  il y a des bons et des mauvais. Les bons sont ceux qu’elle nomme « les figures de l’opposition » et les mauvais sont les institutions étatiques, présidentielle et militaire.

Par contre, aucun mot n’est prononcé sur le nombre incalculable de comptes Facebook qui sont, directement ou indirectement, liés à ces « figures » et qui, nuit et jour, dénigrent ces mêmes institutions.

Pour plus de détails et pour comprendre le rôle de ces groupes qui ont surfé sur le Hirak algérien, le lecteur est invité à consulter mon interview sur le sujet.

Il faut dire que certains passages du rapport Graphika frôlent la dérision. Jugez-en.

« Les pages et les comptes du réseau ont constamment fait l’éloge de l’Armée nationale populaire algérienne (الجيش الوطني الشعبي الجزائري). Le réseau a amplifié des images d’exercices d’entraînement et d’autres événements, ainsi que des mèmes et des dessins animés pro-militaires, présentant tous l’armée algérienne comme des protecteurs forts et bien équipés du peuple algérien ».

Est-il donc interdit de faire l’éloge de l’armée de son pays? N’en déplaise à Graphika, l’institution militaire protège non seulement le peuple algérien, mais aussi l’intégrité et la souveraineté de son pays.

Encore une ineptie racontée dans le rapport : Graphika reproche à certaines pages d’avoir fait la promotion des élections législatives du 12 juin 2021.  Mais qu’y a-t-il de mal à vouloir encourager les citoyens à accomplir leur devoir électoral? Pourquoi alors n’avoir rien dit sur ces « grands démocrates », vulgaires factotums de ces « figures de l’opposition » qui, à l’étranger, empêchaient violemment les personnes de voter? Il est clair que les informateurs « autochtones » ne leur ont pas raconté toute l’histoire aux « experts » de Graphika. Ou alors est-ce cette dernière qui a filtré les informations pour diaboliser les institutions étatiques algériennes et sanctifier cette « opposition » qui travaille à la destruction du pays avec la bénédiction de l’Oncle Sam et de l’OTAN?

Il faut le dire clairement : un travail scientifique crédible doit nécessairement analyser les activités des deux protagonistes et non faire preuve de cécité sélective en faveur de celui qu’on veut soutenir. Le rapport de Graphika montre une faiblesse méthodologique si flagrante que son soi-disant travail « scientifique » n’est en réalité que de la propagande pour un camp choisi, le même qui a été sélectionné par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie dans le but de réaliser un « regime change » en Algérie par le biais du soft power.

Graphika ne s’arrête pas là. Elle va jusqu’à consacrer une section sur le Maroc et la France intitulée « Maroc malveillant, France traîtresse ».

Elle y prétend que les médias de ces deux pays sont des bisounours et que l’Algérie les calomnie. Alors qu’elle attaque les chaines de télévision étatiques algériennes, Graphika présente France 24 comme une chaine inoffensive, ne précisant pas qu’il s’agit d’une des chaines étatiques françaises qui travaille directement avec le Quai d’Orsay  et dont le rôle dans le Hirak a été très partial (pour ne pas dire hostile à l’Algérie) comme expliqué dans un de mes articles publié en 2019. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que son accréditation en Algérie lui a été retirée en juin 2021.

Quant au Maroc, son action belliqueuse et agressive sur les réseaux sociaux contre l’Algérie est passée, elle aussi, sous silence. Il faudrait peut-être rappeler à Graphika l’affaire Pegasus dont elle n’a, bien sûr, pas soufflé mot. Le Maroc n’a-t-il pas espionné 6000 personnes en Algérie, ou est-ce encore une « fake News » des institutions présidentielle ou militaire?

Il fallait s’y attendre. Mohamed Larbi Zitout, un des membres du mouvent Rachad cité dans le rapport Graphika, en a fait ses choux gras dans une de ses interminables logorrhées cyberspatiales.

Ce qui répond tout naturellement à l’importante question : Cui Bono?

Conclusion

Cette étude nous permet de tirer les conclusions suivantes :

  • La société Graphika est financée par des entités directement ou indirectement reliées à l’administration américaine, à l’administration britannique, à l’OTAN et à des organismes américains d’« exportation » de la démocratie;
  • La société Graphika ne fait pas d’études pour informer les citoyens. Elle ne s’intéresse qu’aux médias sociaux de pays ciblés par les États-Unis ou par certains pays membres de l’OTAN comme la Grande-Bretagne;
  • Ces dernières années, les principaux pays ciblés par les études de la société Graphika sont la Russie, la Chine et l’Iran.
  • Les études sur la Russie sont très nombreuses et très agressives, ce qui confirme l’influence de l’Atlantic Council, le think tank non officiel de l’OTAN;
  • La société Graphika possède des relations avec certains géants du Web, soit directement, soit à travers ses « experts »;
  • La société Graphika collabore directement avec Facebook et lui fournit la liste des pages à supprimer;
  • Ce faisant, Facebook n’est pas indépendante, mais se comporte comme une entreprise impliquée dans la mise en œuvre de la politique étrangère étasunienne et de l’OTAN (Ceci n’est pas nouveau : la collusion entre certains géants du Web et l’administration américaine a été longuement discutée dans mon livre « Arabesque$ » et certains de mes articles);
  • La société Graphika n’a pas étudié les médias sociaux algériens fortuitement. Le timing, le parti pris et les attaques frontales contre les institutions fondamentales de l’État algérien indiquent que cette étude a été commanditée par des groupes ou des états qui favorisent un « regime change » en Algérie et qui y travaillent;
  • Ce dernier point est évident à la lecture du rapport qui présente négativement les institutions étatiques algériennes et positivement ce qu’il appelle « les figures de l’opposition »;
  • Aucune étude n’a par contre été réalisée sur l’utilisation des médias sociaux par « les figures de l’opposition », ce qui enlève toute scientificité au rapport et en fait, par voie de conséquence, un pur outil de propagande contre l’Algérie;
  • Les relations entre certaines « figures de l’opposition » et l’administration américaine (explicitées dans mon livre sur la question) ayant été complètement occultées dans le rapport, on en déduit que Graphika joue un rôle analogue et complémentaire aux organismes américains d’« exportation » de la démocratie;
  • Ces trois derniers points indiquent que Graphika, ainsi que les diverses institutions (étatiques ou non) avec lesquelles elle collabore, supportent et soutiennent activement « les figures de l’opposition » contre l’État algérien;
  • Tout cela nous amène à conclure que Graphika est un outil de plus dans l’arsenal du soft power américain, spécialisé dans un nouveau « champ de bataille » qui n’est autre que le monde virtuel des médias sociaux.
  • Les actions menées de manière agressive par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie, combinées à celles des ONG droitdelhommistes ainsi que les attaques de la société Graphika montrent, de manière non équivoque, que l’Algérie est actuellement sous le feu nourri d’une guerre de quatrième génération.



Pegasus, RSF et les journalistes « autoproclamés » du Hirak algérien

[Source : ahmedbensaada.com]

Par Ahmed Bensaada

Selon la mythologie grecque, Pegasus (Pégase en français) est un cheval ailé qui était chargé d’acheminer le tonnerre et les éclairs sur l’Olympe. Il avait aussi comme pouvoir de faire jaillir les sources d’un coup de sabot. Et comme son homologue mythologique, le pauvre hongre sorti des laboratoires de l’entreprise israélienne NSO a non seulement réussi à faire tomber la foudre et le tonnerre sur la tête de certains pays, en particulier le Maroc, mais a aussi permis de confirmer la compromission de certains « journalistes autoproclamés du Hirak » et de leurs employeurs et soutiens étrangers.

L’enquête sur la gigantesque affaire d’espionnage du logiciel Pegasus a montré que plus de 50 000 personnes ont été ciblées à travers le monde. Activistes, journalistes, avocats et politiciens ont été électroniquement espionnés par, au moins, les onze pays suivants : Arabie Saoudite, Azerbaïdjan, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Hongrie, Inde, Kazakhstan, Maroc, Mexique, Rwanda et Togo. Il est très important de noter que NSO, la firme qui commercialise le logiciel ne peut vendre son produit sans l’aval du Ministère de la défense israélien, ce qui en dit long sur les méthodes et l’éthique de l’entité sioniste.

Ce vaste scandale, aussi néfaste soit-il, a permis de mettre la lumière sur deux aspects importants de la géopolitique et des relations internationales. Primo, il a démontré que l’ingérence étrangère, si décriée à l’occasion du Hirak (et bien avant), n’est pas uniquement une vue de l’esprit mais belle et bien réelle. Secundo, il a confirmé que les relations sécuritaires, commerciales et politiques entre l’État hébreu et certains pays arabes ne datent pas d’hier et ont précédé les récentes normalisations (Maroc et Émirats) ou celles pressenties dans le futur (Arabie Saoudite).

Le Maroc, à lui seul, a ciblé plus de 10 000 numéros de téléphone, soit près du cinquième du total. 60% de ces cibles (6000) ont été localisées en Algérie, montrant à quel point le considérable espionnage du Royaume chérifien est focalisé vers l’Algérie dévoilant les intentions belliqueuses de ce pays envers son voisin.

L’exposition de l’Algérie à cette cybercriminalité a été souvent évoquée par le Ministre de la Communication, M. Ammar Belhimer, dans l’incrédulité (la mauvaise foi?) ambiante de celles et ceux qui ont allégrement surfé sur le Hirak. Différents articles et interviews y ont été consacrés indiquant la perspicacité de son analyse. Certaines déclarations ont été même très largement reprises par la chaine israélienne I24.

C’est au milieu de ce tintamarre médiatique provoqué par cette gigantesque affaire d’espionnage, que Reporters Sans Frontières (RSF), rebaptisé Ragotards Sans Foi (ni loi), tenta de poursuivre sa mission de dénigrement de l’Algérie. Rappelons que depuis le début du Hirak, elle n’a cessé d’user de médisance, de dénigrement et de diffamation contre l’Algérie. On se souviendra de son implication dans la résolution de l’Union européenne fin novembre 2020 et de ses nombreuses déclarations incendiaires concernant l’Algérie.

Toute honte bue, RSF publia un article dans lequel elle accusa nommément l’Algérie d’être un client de NSO et donc un utilisateur du logiciel espion Pegasus.

Khaled Drareni, journaliste « autoproclamé » du Hirak et, accessoirement correspondant de RSF, relaya évidemment cet article, comme tout employé au service de son employeur.

Celui qui a été présenté comme un « grand » et « éminent » journaliste devant l’éternel n’a pas essayé de lire toutes les multiples enquêtes (pour une fois!) bien documentées publiées par les médias, en particulier anglosaxons, dans lesquelles l’Algérie a été présentée comme une victime de l’espionnage marocain et non coupable. Il a dû jubiler à l’idée que l’Algérie soit impliquée dans l’espionnage des « démocrates » ongistes, des islamawistes offshore ou des makistes séparatistes qu’il défend bec et ongles. Il a dû fouiner longtemps à la recherche de son numéro dans la liste de ceux qui ont été espionnés pour donner de l’eau au moulin aux flots de bobards de RSF.

Les commentaires des internautes ne se firent pas attendre.

Un autre fait qui confirme l’instrumentalisation de Khaled Drareni par RSF contre l’Algérie : l’histoire de sa banderole. Alors que le journaliste « autoproclamé » du Hirak a été libéré en février 2021, la « publicité » de son incarcération est encore visible aujourd’hui à Paris.

Banderole géante de Khaled Drareni sponsorisée par RSF

Photos prises par B. Snaoui, le 26 juillet 2021 vers 23h au 25 Quai d’Ivry, Paris (75013)

Est-ce que RSF peut nous expliquer ce que fait une telle propagande mensongère dans les rues de Paris? Le hashtag #Freekhaled serait-il encore d’actualité et nous ne serions pas au courant? Ou est-ce juste une autre façon de baver son venin sur l’Algérie?

Drareni n’a évidemment pas été le seul dans cette entreprise de calomnie. Son acolyte Hamdi Baala est venu à la rescousse, demandant à RSF (sic!) si leur information était correcte alors qu’elle était contraire à l’ensemble de ce qui avait été publié par les médias internationaux!

Hé! M. Baala, si RSF le dit, c’est que c’est vrai, non?

Et vous, RSF, confirmez-lui la nouvelle pour qu’il puisse s’en donner à cœur-joie et se rouler dans la fange de la compromission qu’il semble affectionner tout particulièrement!

Mais la réponse n’était pas à la hauteur des espérances. Zut, alors!

Comme expliqué dans des articles précédents, Hamdi Baala et Khaled Drareni sont tous deux collaborateurs de Radio M, média barbouze financé par le Quai d’Orsay et ont des relations privilégiées avec CFI (Canal France International), un organisme lui aussi financé par le ministère des Affaires étrangères français. On comprend bien alors pourquoi ils s’entendent comme larrons en foire.

L’article a donc été modifié par RSF et l’Algérie a été retirée de la liste des clients de NSO au grand regret du « larron » Baala.

La tentation était si forte que des journaleux comme Drareni ou Baala ne purent y résister. La ficelle était exagérément grosse, mais le mal a été fait. Il faut dire que la haine est trop viscérale et ne peut que consumer de l’intérieur. De temps à autre, elle perce et projette des fumerolles aux relents de soufre, l’odeur fétide de Satan.

Un internaute n’a pas hésité à les confronter avec la réalité en les accusant d’avoir détourné une information erronée pour leurs desseins idéologiques.

Le 23 juillet 2021, l’ambassadeur d’Algérie en France a déposé une plainte pour diffamation à l’encontre de RSF. On pouvait y lire :

« Outre le caractère diffamatoire et mensonger, ces allégations inadmissibles relèvent de la manipulation de RSF connue pour son acharnement vis-à-vis de l’Algérie ».

De quel bord se placeront les « larrons » Drareni et Baala? Du côté légal de l’Algérie ou de celui calomnieux de RSF?

Mais poser la question, c’est y répondre, n’est-ce pas?




Algérie — Après les législatives anticipées. Et, maintenant ?

Par Abdellali Merdaci

Selon un journal d’Alger, zélateur du néo-hirak, un candidat aux législatives anticipées du 12 juin a été élu député, à Constantine, avec trois cents voix.(([1] « Le Quotidien indépendant », 18 juin 2021.)) L’événement, en soi, peut paraître absurde, mais il n’entache en rien la légalité de cette élection. Bienvenue, M. le député ! Dans le contexte national algérien actuel, marqué par une irréductible pandémie sanitaire et par les dérives d’aventuriers stipendiés de la politique, seul compte le socle de la légalité dans une organisation du vote sans heurts et l’indispensable légitimité proclamée est celle de l’action, davantage que celle des chiffres. Du reste, les chiffres vitaminés d’une élection ne sont jamais consentis à une gouvernance meilleure, ainsi qu’en témoignent les élections de l’ère Bouteflika. L’écrivain et journaliste Mohamed Benchicou rapporte dans un remarquable essai biographique(([2] « Bouteflika, une imposture algérienne », Alger-Paris, Le Matin Éditions-Jean Picollec, 2004.)) comment le candidat Abdelaziz Bouteflika exigeait, en 1999, des généraux qui l’ont ramené au pouvoir de décider de ses propres chiffres électoraux. À l’évidence, le tripatouillage des résultats électoraux est exclu dans l’Algérie nouvelle et c’est une précieuse évolution démocratique.

Abdelmadjid Tebboune a rappelé, au-delà des chiffres de participation aux différentes consultations électorales (12 décembre 2019, 12 juin 2021) et référendaire (1er novembre 2020), la légalité de la démarche politique et institutionnelle qui les fonde. En démocratie, l’électeur a le droit de s’abstenir ou de boycotter une votation : si la politique de la chaise vide n’a jamais été payante, l’État algérien, qui n’impose rien, protège sa liberté de conscience. Dans aucun pays et dans aucune démocratie, même parmi les plus avancées, le taux de participation le plus bas n’a invalidé une élection et disqualifié ses candidats élus. Dans les faits, abstentionnistes et boycotteurs ne forment ni un parti, ni une tendance politique lisible, ni une majorité.

[Ndlr : en France, le faible taux de participation à une élection tend à être considéré par un certain nombre d’analystes ou de commentateurs comme une marque de manque de légitimité démocratique des représentants élus. Avec moins de 50 % de participation (comme cela a été le cas pour le premier tour des récentes législatives françaises), il devrait ou pourrait même se poser le problème de la légitimité de la forme gouvernementale elle-même, surtout lorsqu’elle prétend relever de démocratie.]

Pourquoi, à défaut d’une vraie opposition politique, une presse bien-pensante — qui la supplée — ne cesse d’asséner au président de la République et aux Algériens une incertaine logique des chiffres ? Il n’y a pas de « légitimité populaire » : qu’un candidat soit élu à 100 % des électeurs inscrits n’est pas un gage de réussite de son mandat. Sauf à tournebouler le sens des mots, la seule légitimité consensuelle appartient à l’Histoire. M. Tebboune, président de la République, écrit une page de l’Histoire de l’Algérie, et cette page, il faut se garder de la juger hors de l’heure du bilan.

Lorsqu’on évoque dans notre pays, dans les marges de toute consultation électorale démocratique, la formation d’un champ politique national, résolument national, l’absolu critère est celui de l’unité de la Nation algérienne. Or, le néo-Irak, érigé en dehors de toute légalité ces derniers mois par une presse qui lui est acquise en principal opposant du pouvoir d’État, parasité par des organisations nettement terroristes (Rachad, MAK) et par des acteurs politiques formés par les services américains de la démocratisation du monde arabe, du Moyen-Orient au Maghreb,(([3] Je renvoie sur cet aspect aux publications strictement documentées d’Ahmed Bensaada, notamment « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ? », Alger, Apic, 2020, et aux articles sur ce thème publiés sur son site web : http://ahmedbensaada.com/)) en est éloigné. Il ne peut se projeter que dans le chaos pour mettre à terre les institutions de l’État, notamment la présidence de la République, et ses chartes, particulièrement la Constitution, ses garants juridiques.

Cette politique de destruction, sans honneur et sans loyauté, perdure. Après le 22 février 2019, contre un gouvernement sans gouvernail et sa « ‘içaba » (clan), il fallait un changement de cap, le hirak originel pouvait l’incarner dans une brève période de latence politique, le néo-hirak, qui prétend le continuer dans l’usurpation et dans l’imposture, constitue un obstacle. Il est de bonne guerre, contre cet ennemi de l’intérieur et de l’extérieur répondant à des agendas pernicieux, que le président Tebboune fasse valoir l’impérieuse nécessité de la légalité institutionnelle. L’Algérie, déstructurée par le long règne des frères Bouteflika, appelle cette impulsion vers l’État légal, qu’il conduit opiniâtrement.

Alors même que le président de la République s’appuie sur un programme de refonte du pays et parle régulièrement aux Algériens,(([4] Le président de la République est dans son rôle de défendre l’Algérie et de porter la voix de l’Algérie dans tous les médias du monde qui le sollicitent, quelles qu’en soient les lignes éditoriales. Son récent entretien avec « Le Point », porte-parole de la droite française, historiquement fermé à l’Algérie et proche du Makhzen, est en termes de politique algéro-algérienne un contresens. Comment les conseillers du président chargés de la presse ont-ils accepté qu’il soit interrogé par deux ex-Algériens devenus Français, l’un par le mariage avec une Française (Adlène Meddi), l’autre par choix personnel (Kamel Daoud) ? Si Meddi évite tout prosélytisme, Kamel Daoud se présente comme le « Français du futur » et invite les Algériens à le rejoindre dans ce choix. Alors qu’il n’y a pas de législation algérienne autorisant la double nationalité entre l’Algérie et la France, l’accueil à la présidence de la République de journalistes néo-français peut être perçu comme une caution à la course vers la binationalité franco-algérienne. Déception et regrets.)) quels arguments leur présentent ceux qui ambitionnent de faire tomber l’État algérien par de continuels mouvements de rue, troublant la paix sociale, et échappant à toute réglementation administrative et juridique ? Quelles sont les attentes des « ténors autoproclamés » (Ahmed Bensaada) du néo-hirak ? Maîtres Mostefa Bouchachi et Zoubida Assoul, secondés par Karim Tabbou et Abdelouahab Fersaoui (RAJ), bénéficiant de l’onction du sociologue français Lahouari Addi, activistes de mauvais aloi, formés et financés par les experts américains de l’agit-prop, envisagent sûrement de mettre l’Algérie sur les rails d’une politique antinationale, dans la perspective des États-Unis d’Amérique, de l’Europe et, singulièrement, de la France. Ils proposent un programme d’ouverture politique vers l’extérieur rompant avec les fondamentaux de l’État algérien issu d’une terrible Guerre anticoloniale, qu’ils souhaitent effacer, ainsi le droit des peuples sous domination coloniale, notamment en Palestine et au Sahara occidental, à l’autonomie politique nationale. Ce changement politique s’adossera sur l’établissement de relations diplomatiques avec Israël et sur la reconnaissance des thèses sionistes. Sous la direction de cette phalange d’illuminés, l’imparable progrès social serait d’ouvrir des terrasses à bière sur les avenues d’Alger, de libéraliser les mœurs(([5] On en a une représentation fidèle et juste dans l’expression des attentes de la jeunesse dorée d’Alger et d’Oran dans le documentaire de Mustapha Kessous « Algérie, mon amour » (France 5, 26 mai 2020). Mais cette projection libérée des mœurs est visible dans les grandes cités du pays et dans les couches sociales supérieures.)) et d’engager une politique déterminée vers la binationalité franco-algérienne pour contenter les bobos d’Alger, leur clientèle assurée et reconnue, qui ne pèse pas lourd dans l’échiquier électoral. Qu’ils aillent donc expliquer ce programme politique à l’électeur de la bourgade de Slim. Le MAK, pour sa part, n’a qu’un exclusif horizon politique, la sécession de la région kabyle d’Algérie (Tizi-Ouzou, Bejaia, en partie Bouira, Boumerdès, Sétif et Bordj Bou-Arréridj), faisant corps pendant des millénaires avec l’Algérie, relevée par cinquante-neuf années d’accompagnement exceptionnel de l’État algérien, pour la livrer à la France et à Israël. Quant aux islamistes de Rachad, leur objectif unique est de se venger de la cuisante défaite que leur a infligée, dans les années 1990, l’État algérien dont ils envisagent, désormais, l’anéantissement en manipulant la rue dans un jeu pervers et criminel.

Le reproche qu’il faudra faire à ces « ténors autoproclamés », c’est qu’ils ne s’adressent jamais clairement au peuple algérien sur leurs intentions. Leur fuligineuse antienne, devenue incantatoire, est de briser l’État algérien pour aller sûrement vers la dislocation du pays. Est-ce que l’extrême majorité des Algériens, et notamment ceux qui pour différentes raisons ne votent pas, et il faudrait y voir un effet du long règne autoritaire des frères Bouteflika plus qu’un désaveu du pouvoir d’État, approuveraient ce projet ? Quel Algérien se prévaudrait d’une tabula rasa, du démembrement de la terre sacrée d’Algérie et du démantèlement de ses institutions ? Il n’est ni indifférent ni inintéressant de savoir qui est à la manœuvre dans cette entreprise funeste de nettoyage du pays : de grands bourgeois à fort revenu bien installés dans la capitale, souvent rétribués sur les fonds régaliens de l’État,(([6] Ainsi, Mme Assoul, cheffe de parti, pressentie dans un triumvir dirigeant une transition politique en Algérie, une des doléances du néo-hirak, a été accusée publiquement par un sénateur constantinois de percevoir une mirobolante retraite à vie pour une mission parlementaire dans les années 1990. Elle n’y a pas réagi.)) qui se soucient comme d’une guigne des marcheurs des cités populaires dont ils exploitent le malheur, des islamistes de Londres et Genève, bazaris discrédités, sans attache réelle avec le pays, des séparatistes kabyles emmenés par un chansonnier de cabaret sauvage, qui reçoivent — contre toute attente — le soutien de communistes, héritiers de l’ancien PAGS, et des trotskistes du PST, représentants du peuple ouvrier arborant autrefois comme signe de ralliement une paire d’espadrilles (« sbidri ») éculée, tout feu, toute flamme contre l’État national algérien. Voilà les ennemis de l’Algérie, de l’État algérien et de M. Tebboune. Comment imaginer un « Bousbidri » en affaire politique avec un islamiste, un makiste et un bourgeois prédateur des beaux quartiers d’Alger — et, inversement ? Cette conspiration de cloportes, cette association bancale de groupes politiques sans ressort dans la société, de séparatistes hargneux et de terroristes sanguinaires dont la mesure commune est la chute de l’État légal, leurs fourvoiements violents et vertigineux n’ont aucun avenir en termes politiques et électoraux.

L’Algérie est une jeune nation, sortie de l’emprise d’un colonialisme français génocidaire qui a exterminé, entre 1830 et 1962, un quart de sa population. Ce pays d’infinie souffrance mérite d’exister. Aujourd’hui, le plus urgent engagement qui vaille est d’en défendre l’intégrité territoriale et la pérennité de ses institutions. L’unité de la Nation algérienne, désormais menacée et fragilisée par les soutiers de plans étrangers mortifères, est à ce prix. Maintenant, au-delà de la feuille de route de M. Tebboune, l’urgence pour le gouvernement et le parlement, et peu importe leurs soubassements partisans et idéologiques, est de penser des lois renforçant le cadre politique et institutionnel légal pour protéger contre toute hypothèse insurrectionnelle la Nation algérienne et l’inscrire dans la durée. Que vive l’Algérie ! 

Notes




Algérie — N. Boukrouh : un éclairé avili après la déroute de son clan !

Par Djerrad Amar

L’autre avantage du hirak est qu’il a mis à nu bien des choses cachées jusque dans la face cachée de la conscience.

Rappeler la maladie de quelqu’un (ici Le Président), en guise d’argument pour taper sur un processus politique en marche vers une nécessaire démocratisation, est un acte fourbe et méprisable. Traiter en plus le Président de la République de son pays de « fou » d’être atteint de « delirium tremens » c’est du délire ! Cela relève aussi de la psychiatrie et non de la politique !

M. Boukrouh reprend les mêmes pensées, voire les mêmes mots, que ceux de Nicolas Beau, cette canaille qui aime voir l’Algérie à feu et à sang et ceux de El Kadi Ihsane de Radio M que finance le Quai d’Orsay ! Même équipe ? N’est-ce pas une attitude démoniaque ?

Les chiffres de participation qu’il cite sont donc « illégitimes » ! Uniquement pour l’Algérie ? (40 % pour les présidentielles, 25 % pour la Constitution qui est pourtant meilleure et plus démocratique que la/les précédentes, 30/25 % pour les législatives.) Parce qu’habitué aux 99 %, puis 80 %, puis 70 % et un peu moins par le « traficotage » depuis des décennies ? Le monde sait qu’ils ne dépassaient pas les 20/25 %, par bouderie, jusqu’au départ du dernier Président où la fraude était « institutionnalisée » !

Voilà que les chiffres commencent à refléter la réalité, malgré la persistance du scepticisme de beaucoup de citoyens, que des voix par opportunisme et hypocrisie crient déjà « au rejet par le peuple d’une politique » (menée par un nouveau Président depuis 1 an et demi seulement prônant le renouveau) oubliant les décennies de mensonges et d’instrumentalisation, marquées par des gouvernances funestes que ces mêmes voix avaient approuvées et accompagnées !

Qu’il compare plutôt aux chiffres des pays « démocratiques » comme ceux de « fafa » puisque nos démocrates la prennent comme référence ! Chez elle, même bas ou élevés, c’est toujours « légitime et démocratique », par contre les mêmes chiffres, ou un peu bas ou un peu haut, en Algérie de Tebboune c’est toujours « illégitime et non démocratique » !

C’est Fafa qui doit peut-être les valider en les comparant aux siens pour voir si c’est « démocratique » ? Ce serait du suivisme, de la francophilie aveugle ou de l’assujettissement !

Selon la « logique » de son clan anti Tebboune, si les taux sont élevés il y a fraude. S’ils sont bas entre 25 et 40, c’est « illégitime » ! Quelle est donc leur norme même en s’aidant de leurs référents français ! Celle de la « phase de transition » sans vote du peuple pour réinstaurer le régime et système putréfié honni par le peuple ; aidé par la presse mainstream française surtout depuis la fin du hirak véritable ? Oui, une « phase » incongrue que dirigeraient des personnes désignées (par qui ?) en lieu et place d’un Président élu ? Étrange conception de la démocratie ! Rappelons que l’Armée, contrairement aux « démocrates », s’en tenait au respect de la Constitution par l’élection du Président au suffrage universel !

M Broukrouh était bien un des dirigeants du système déchu et partisan des « quotas d’élus », car le vote réel n’arrangeait pas la plupart des partis politiques. Ils s’accommodaient bien avec ces « quotas de sièges » que les membres de leur direction se partageaient ! Le peuple était alors une « foule » bigarrée ?

Il avait, comme ses semblables, « tété la vache à traire » ! Maintenant que cette vache est désormais du côté du Peuple et que des « compères » se retrouvent en prison, en voie ou recherchés, la situation est devenue problématique surtout avec ce « pouvoir » que dirige un « fou » qui risque de chercher encore ce qui est « illégitime » partout, même du côté de l’ex PRA !

Le voilà aujourd’hui, après échec de la « phase de transition », devenu lanceur d’alerte et donneur de leçons à ceux qui ont anéanti le « régime » déchu par la grâce du hirak avec l’aide de l’Armée ! Quel culot ! C’est plutôt son clan qui a fait « courir un grave danger à l’Algérie » par sa gouvernance chaotique depuis des années et non Tebboune qui dirige depuis un an et demi seulement ! Il aurait peut-être mieux fait que Tebboune élu s’il était lui Président non élu de cette « phase de transition » ? On peut rêver !

C’est le hirak qui a éliminé son clan initiateur des pseudo-hirak déviant pour réhabiliter un système corrompu via cette « phase de transition » grossière ! On l’a compris : une transition « démocratique » sans vote ! Toutes leurs manœuvres ont échoué ! Le peuple dans son écrasante majorité n’a pas suivi ! Seule leur propagande oppressante et confuse, que mène une poignée d’activistes, fouette encore quelques esprits fragiles ou têtus !

Le nouveau Parlement est composé de jeunes, instruits, hautement diplômés, patriotes qui n’avaient aucune chance d’évoluer dans un système de copains, de coquins et « familial » ! C’est ce « système » qui a fait fuir des milliers de compétences vers d’autres pays ! C’est fini, ils sont désormais au pouvoir pour 5 ans grâce à la volonté politique et le patriotisme de ceux qui sont leur antithèse ! C’est le 1er Parlement algérien légal, légitime, élu démocratiquement !

Les abstentions appartiennent à ceux qui n’ont pas voté pour de multiples raisons, moins souvent liées à la politique ou aux consignes des partis ! Se les approprier est malsain, indigne et hypocrite en plus d’être indéchiffrables et majoritairement sans sens politique !

Que pense M. Boukrouh des groupes de voyous qui empêchent par les menaces et la violence les citoyens de Kabylie de voter en emmurant les entrées des mairies et qui envahissent les bureaux de vote pour détruire les urnes en éparpillant dans les rues les bulletins de vote ? Est-ce légitime et démocratique ? S’est-il prononcé sur ces faits graves ? Quel est dans leur cas le diagnostic psychiatrique ? Les classera-t-il comme « détenus d’opinion » en cas d’arrestation et de condamnation comme les journalistes qui ont comploté et incité au désordre via les pseudo-hirak impurs ?

M Boukrouh surgit comme un félin ces derniers temps, surtout à l’occasion des législatives, pour nous débiter ses canailleries dont celles faussement anti Macron parce que ce dernier soutien « vaguement » un processus certainement démocratique tout en s’abstenant des propos pouvant être interprétés « d’ingérence » dans les affaires algériennes ! Il aurait sûrement souhaité qu’il s’ingère puisqu’il semble approuver l’ingérence de quelques fripouilles du Parlement européen sur demande d’Algériens de son bord ! S’est-il prononcé sur les multiples ingérences dont d’officines françaises ?

Mieux vaut pour lui profiter de sa retraite très confortable et d’éviter les commentaires séditieux, trompeurs visant le peuple et irrévérencieux envers une haute autorité en l’occurrence la personne du Président de la République ! Qu’il exprime son point de vue ou celui du clan déchu c’est son droit, mais porter atteinte à l’intégrité et l’honneur d’un Chef d’État représentant un peuple et une nation ce n’est pas un avis ou une opinion, mais une sentence crasse condamnable par la loi !

Le Président Tebboune « fou » atteint du « delirium tremens » n’est-ce pas des propos dégoûtants, méprisants et absurdes pour un ex-ministre ?

A.D




Tirs groupés contre l’Algérie, à la veille des élections législatives

Par Ahmed Bensaada

C’est devenu une tradition. Depuis le début du Hirak, tout rendez-vous électoral est systématiquement précédé par des salves médiatiques étrangères, agressives contre l’Algérie. En fait, c’est le choix de la voie constitutionnelle de sortie de crise qui est attaquée, car elle ne représente pas ce qui a été concocté par les « druides » occidentaux et leurs serviteurs locaux. Ces « grands » démocrates, spécialistes des potions magiques qui détruisent des pays entiers en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, penchent plutôt pour une « phase de transition » avec comme leitmotiv « Yetnahaw Gaa! » (Ils doivent tous partir!). Une idée géniale pour mettre en selle des « ténors autoproclamés du Hirak » adoubés par leurs soins et choisis non seulement pour leur allégeance, mais aussi pour leur connivence avec des groupes douteux avec lesquels ils ont autant d’affinités que les pôles identiques de deux aimants. La « phase de transition » à la sauce algérienne mijotée dans le « chaudron » démocratique avec ketchup et mayonnaise? Le moyen le plus efficace pour que l’Algérie rejoigne la Libye, la Syrie et autres pays jouissant actuellement d’une démocratie exemplaire!

Au sujet de ces attaques, rappelons tout de même qu’un média américain majeur avait appelé au boycott de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, à peine deux semaines avant l’échéance électorale (lire mon article à ce sujet). En effet, le professeur Robert Zaretsky écrivait, le 26 novembre 2019, dans la célèbre revue Foreign Affairs un article sur l’Algérie au titre éloquent: « An Election’s Failure Will Be a Democratic Success » (L’échec de l’élection sera un succès démocratique). De la part d’un professeur versé dans la chose politique, il y a de quoi se poser de sérieuses questions concernant le concept même de démocratie. On attend d’ailleurs toujours un article de M. Zaretsky pour nous expliquer ce concept à travers la mascarade électorale qui a eu lieu lors des dernières présidentielles américaines, un scrutin digne d’une vulgaire république bananière et dont le résultat restera à jamais entaché de doutes.

Le nombre d’articles occidentaux à charge contre l’Algérie étant énorme, nous allons nous focaliser sur deux d’entre eux qui ont été publiés le 11 juin 2021, c’est-à-dire la veille des élections législatives.

Le premier a été publié par le célébrissime Washington Post, excusez du peu. En pleine période très riche en évènements politiques majeurs (sommets du G7 et de l’Otan, rencontre Biden-Poutine) le WaPo reprend un article de l’Associated Press intitulé « Two Algerian opposition figures arrested ahead of elections » (Deux personnalités de l’opposition algérienne arrêtées avant les élections). Ces deux personnes sont bien évidemment Karim Tabbou (ténor autoproclamé du Hirak et accessoirement des cimetières) et Ihsane El Kadi (plus connu sous le sobriquet de « barbouze »).

Ce qui surprend dans cet article c’est, bien sûr, la célébrité du média qui publie une information, somme toute, d’importance relativement faible comparativement à l’actualité et aux sujets traditionnellement traités par ce journal. Mais, ce qui est encore plus étonnant c’est la célérité avec laquelle la nouvelle a été publiée : moins de 24h après les faits!

La renommée du média, la rapidité de la publication et le timing choisi indiquent un évident intérêt de l’administration américaine, mais surtout, une intervention de haut niveau pour publiciser cet évènement. La proximité entre aussi bien Ihsane El Kadi que Karim Tabbou avec l’ambassade des États-Unis à Alger ne doit pas être étrangère à cette publication.

Le second article est signé Michaël Béchir Ayari, analyste senior à l’International Crisis Group (ICG). Lui aussi publié le 11 juin 2021, il porte le titre : « L’Algérie de retour aux urnes ».

Intéressons-nous tout d’abord à l’ICG. Ce dernier est un think tank américain basé à Washington dans lequel sont impliqués de nombreux politiciens de premier plan. L’ICG dispose annuellement d’un budget de plusieurs millions de dollars, dont presque la moitié provient de subventions octroyées par des gouvernements exclusivement occidentaux (exception faite du…Qatar!). En 2020, l’Open Society de George Soros a financé l’ICG avec une contribution de plus de 4 millions de $.

Dans le conseil d’administration de l’ICG, on retrouve évidemment George Soros, mais aussi son fils, Alexander. La liste contient également le nom de Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre de l’État hébreu. On se souvient que c’est elle qui était en poste lors du massacre des Palestiniens sous les bombardements israéliens sur Gaza, fin 2008 – début 2009.

Parmi les personnalités américaines les plus en vue du Conseil d’administration de l’ICG figure le nom de Morton Isaac Abramowitz, ancien Secrétaire d’État adjoint chargé du renseignement et de la recherche dans l’administration Reagan. Il est aussi intéressant de mentionner qu’Abramowitz a été un membre influent du Conseil d’administration de la National Endowment for Democracy (NED) et ce, pendant neuf ans. En 2007, la NED l’a honoré en lui décernant la « Democracy Service Medal », en reconnaissance de « sa contribution exceptionnelle à l’avancement des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde ».

Après cette succincte présentation de l’ICG, voyons ce que Michaël Béchir Ayari a pondu dans son article sur la situation algérienne.

Dans l’ensemble, on croirait entendre MM. Tabbou ou Al Kadi pour ne citer que ces deux vedettes du WaPo. En guise d’analyse, il s’agit d’un point de vue complètement biaisé où le mot « système » se dispute la place au mot « pouvoir ». D’après lui, « selon un scénario probable, les forces politiques issues de ce scrutin pourraient se regrouper et former une coalition dont l’objectif serait de perpétuer le système ». Et, au sujet d’une éventuelle phase d’instabilité post-électorale, il y alla d’une prédiction digne d’un réel augure : « A la suite de ce regain de tensions sociales, les conflits portant sur la gestion de ces tensions pourraient s’accroitre au sein de la hiérarchie militaire et des services de renseignements ».

En définitive, il ne lui manquait que le slogan « Madaniya, Machi Askaria » (« Civil et non militaire », slogan des partisans de la phase de transition), pour boucler la boucle.

Je me souviens d’un ouvrage de Michaël Béchir Ayari (co-écrit avec Vincent Geisser), édité en octobre 2011 dans lequel cet « expert » subjugué par le « printemps » arabe avait attaqué en règle mon livre « Arabesque américaine». En effet, en page 55, on peut lire : « Au Canada, l’ouvrage d’un chercheur algérien renommé, Ahmed Bensaada, a lui aussi contribué à populariser les thèses conspirationnistes auprès du grand public ».
Cette sentence de ce « savant » du dimanche a été prononcée sans citer une seule phrase de mon livre et sans en démentir une seule information. Et dire que ce monsieur est « docteur » en sciences politiques!

Le temps étant impartial, c’est plutôt lui qui porte maintenant l’habit de l’expert conspirationniste. Il fait partie de cette « école » qui a vendu à l’opinion publique arabe et internationale que ces « regime change » accompagnés de mort, de destruction, de désolation et de chaos étaient un « printemps » radieux durant lequel fleuriront la démocratie et les libertés individuelles.

Où est passée cette démocratie, M. Ayari? Moi, je ne vois que de la fumée émanant des ruines et je ne sens qu’une odeur fétide de cadavres!

Où est-elle passée, M. Ayari? Moi je ne vois que les larmes de ces réfugiés fuyant leurs maisons et je n’entends que le bruit des bombes qui broient les corps et déchiquètent les esprits!

Alors, de grâce M. Ayari, laissez l’Algérie tranquille et changez de métier. L’analyse politique nécessite une pincée de modestie, une dose d’honnêteté, un zeste de probité ainsi qu’une rasade d’humanisme qui manquent cruellement à votre éducation et à celle de ceux qui vous emploient.

https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=562:2021-06-15-00-54-54&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119




Algérie — Drôles de « démocrates » ! Pour un réel changement : « Ana N’voti ; moi je Vote ! »

 Par S. Nasser

Algérie — Drôles de « démocrates » ! Pour un réel changement :

« Ana N’voti ; moi je Vote ! »

[Illustration : Photo d’archives/REUTERS/Ramzi Boudina]

Depuis des années qu’ils réclament les changements, plus de démocratie, le « non » au 4e puis au 5e mandat, le changement de la Loi électorale qu’ils considèrent « non démocratique » par l’astuce des « têtes de liste », permettant la fraude du fait de la mainmise de l’Administration, mais tout en s’accommodant des « quotas d’élus » qu’ils acceptent sans rechigner ! 

« Phase de transition » avortée, des partis désorientés, des citoyens otages.  

Aujourd’hui, les voici « au pied du mur » lorsque leurs revendications sont prises en compte, devenant réelles pour le volet « élections » législatives et locales et en cours pour d’autres !

Mis à part leur souhait d’imposer une « phase de transition » sans élections qu’ils veulent mener eux-mêmes par on ne sait quel moyen légal et légitime, sinon qui doit la diriger sans les voir s’étriper, il a fallu que la nouvelle loi électorale soit adoptée, donnant plus et mieux qu’ils ne le souhaitent, pour les voir pris d’une torpeur à laquelle ils ne s’y attendaient pas ! Ils ont toujours pensé qu’un changement de la sorte n’allait jamais se réaliser ; eux qui s’accommodaient parfaitement avec un système qui leur fournissait les postes, la stabilité, la sécurité, les privilèges, la considération et la tranquillité tout en feignant faire les « opposants » par un pitoyable jeu de rôle !

Il faut dire que cette nouvelle Loi les a bien ébranlés ! Elle annihile tous les tripatouillages et tricheries qui arrangeaient aussi bien le régime déchu que les partis dits d’oppositions ! Ce sont toujours eux, les dirigeants de ces partis, qui en profitaient depuis des décennies et non leurs militants qui se sont avérés des pions que l’on déplace au gré des circonstances dans leurs intérêts. Il est vrai que les premiers à être abusés sont leurs militants qui se sont fait rouler en se voyant plus leurs serviteurs, leurs faire-valoir que militant d’une cause patriotique !

Ces partis que la propagande, relayée par des officines et médias français en particulier, présente comme majoritaires ne sont en fait plus que des ombres, sans encrage réel et sans force militante (en nombre) imposante et agissante. Ils ne sont pas ce qu’ils veulent nous faire croire ! Le hirak les a tous mis à nu ! Les principes qui leur permettaient de subsister ne sont plus que dissimulation. Le Mak et Rachad les ont bien supplantés en Kabylie. La plupart des citoyens de cette région qui font mine de boycotter les élections pour cause de revendication de « démocratie » et de « liberté », le font en réalité pour cacher les terribles humiliations qu’ils subissent de la part du Mak et de ses ouailles et aussi de Rachad qui leur interdisent de voter par les pressions et les menaces ! Une réalité pénible et malheureuse qu’ils n’osent pas reconnaître. Otages et incapables de les contrer, ils cachent leur effroi en bombant leur torse, vers le « pouvoir »!

 Nécessité de voter pour les simples raisons suivantes :

  •  La nouvelle loi électorale bannit les « quotas d’élus » qui favorisent les « têtes de liste » où se positionnent leur famille et leurs copains. Les militants des partis ne sont jamais bénéficiaires de ces places « tête de liste » !
  •  La nouvelle loi électorale, plus démocratique, impose le vote à la « proportionnelle », avec vote « préférentiel » c’est-à-dire que l’électeur algérien doit choisir « son » ou « ses » candidats au sein de sa liste préférée. Il prend sa liste favorite et coche la/les cases correspondantes au/aux candidats qu’il choisit.
  • La nouvelle loi favorise, en ouvrant la voie, une jeunesse diplômée, souvent de haut niveau, exclue jusque-là des postes clés et des fonctions électives !
  • La nouvelle loi bannit le « trafic » sur les premières places (dites « têtes de liste ») qui se « vendaient » à coup de milliards de centimes et qui favorisaient les riches milliardaires souvent sans instruction !
  • La nouvelle loi exclut de la candidature ceux qui ont cumulé deux mandats ! Essentiellement les membres des directions des partis qui s’éternisent dans la députation et aussi dans la Direction de leur parti.
  • La nouvelle loi exclut l’Administration (centrale et locale) dans l’organisation des élections, durant tout le processus électoral, jusqu’à l’annonce des résultats. La mission est confiée à l’ANIE (Autorité nationale indépendante des élections) organisme indépendant érigé après consultation des partis. L’ANIE est composée au niveau national et local d’ex-cadres universitaires en retraite ayant exercé dans le domaine de la justice et des collectivités locales principalement.
  • La nouvelle loi a mis à nu les faux principes de certains partis qui ont, paradoxalement, vite fait de la refuser pourtant des plus démocratiques ! 
  • La nouvelle loi électorale, plus démocratique, risque fort de confirmer l’ancrage réel de certains dans le paysage politique et associatif et que par le choix « nominatif » ces « leaders » de partis, risquent de perdre leur fausse crédibilité auprès du peuple !

Pour ces raisons et le souhait d’un changement réel dans la gestion et la gouvernance, les patriotes démocrates sincères et irréductibles, tous les jeunes, doivent voter !

Au final, c’est parce ce que des officines étrangères (françaises et marocaines en particulier) et certains médias (dont Le Monde, le Figaro, Libération, le Point et d’autres), hostiles à l’Algérie, prennent faits et causes des choix des félons algériens (pseudo-démocrates, Makistes et Rachadistes) qu’ils soutiennent — notamment en réfutant les changements annoncés ou en cours et en rejetant toutes les élections notamment celles du 12 juin prochain — que nous devons les contrer en faisant le contraire !

Donc :  « Ana N’voti ! » ; « moi je vote ! » 

 S. Nasser




Algérie — L’Armée, objet d’enjeux malsains ; inepties et échec des complotistes !

Par Amar Djerrad

Quand le porte-parole de l’Armée a averti que l’ANP défendra par tous les moyens l’Algérie ce n’est pas une « ingérence dans la politique » (comme le claironnent certains ‘‘opposants’’), mais une confirmation d’une mission essentielle de l’Armée qui est de réduire les ennemis qui veulent attenter à la sécurité et à la stabilité de la nation ! Il y a bien des forces hostiles, dont internes, qui activent pour ces objectifs ! Une grande nuance donc.

L’Armée algérienne : objet d’enjeux malsains au lieu d’un partenaire

L’Armée et presque devenue l’enjeu et leur « chou gras » que l’on inclut à toutes les sauces ! Tant que c’est ainsi, elle restera toujours vigilante et regardante sur tout ce qui pourrait toucher à la stabilité et la sécurité du pays ! C’est ainsi dans tous les pays du monde ! Elle est conçue, formée et engagée pour des missions précises !

Nous pensons que tous les acteurs politiques doivent écarter l’Armée, voire l’oublier, de toute compétition et enchères d’ordre politique en évitant qu’à chaque événement, à chaque échec, à chaque fait et geste politique ou autres de l’impliquer en la pointant du doigt !

Comment peut-on qualifier une Armée – qui défend la Nation; qui ne cesse de déjouer les complots ; qui a défendu le principe du respect de la Constitution ; qui a défendu jusqu’au bout, le principe démocratique de l’élection par le Peuple du Président de la République ; qui a assisté à la remise sur rail du processus démocratique et à l’élection du Président ; qui a accompagné en aidant le Peuple, par le « hirak », dans ses revendications légales et légitimes ; qui a veillé à ce qu’aucune goutte de sang ne soit versée lors des manifestations ; qui a refusé de cautionner une « phase de transition » antidémocratique , car sans vote du Peuple ? De mercenaires ? De dictature militaire ? De clanique ? C’est bien l’Armée qui a été à l’avant-garde, avec les GLD (groupes civils de légitime défense), contre le terrorisme du GIA/FIS pour empêcher cette horde ‘hilalienne’ – et leurs descendants les daechiens (en armes, en costume, en journaliste ou en commentateur sur FB) – d’instaurer un régime moyenâgeux de Califat qui les obligera à suivre et ne plus réfléchir… à reclasser l’Algérie dernière, sous la haute autorité des princes du Moyen-Orient, ‘erdoganienne’ ou autres !

Critiquer son Armée, la voir pour certains comme « une milice » au service d’un clan, la considérer comme un antagoniste, comme antipopulaire, ou inciter ses soldats à la mutinerie et autres n’est ni acceptable, ni raisonnable, ni faisable, ni réaliste, ni logique, ni sage, ni patriotique en plus d’être dangereux ! C’est toujours sans résultat et sans issue ! Il n’est pas possible et sensé que notre Armée aujourd’hui – dans les conditions actuelles d’hostilités permanentes, de menaces sécuritaires, de projet de partition ou de Califat, de tentatives répétées d’ingérence, de confusion dans les partis et de compromission dans les ONG, de renforcement des institutions, de consolidation des secteurs économiques et sociaux – relâche de vigilance !

Réclamer la « démilitarisation » de l’Algérie est la preuve que l’on veut affaiblir son Armée ! Le vœu cher des ennemis de l’Algérie ! Refuser à son pays le droit à des moyens d’autodéfense efficaces, équivaut à encourager l’agression contre lui. Il est curieux et pertinent de s’interroger sur la similitude de cette propagande des « démocrates » avec celle des islamistes de Rachad, sur tout ce qui concerne l’Algérie et son Armée, qu’ils pointent de façon maladive !

L’Armée doit être un partenaire total pour tous les acteurs politiques, économiques et sociaux, sans distinctions de couleurs politiques ou idéologiques ; que dans l’intérêt suprême de son pays ! En dehors de ce principe républicain et des principes de l’Armée dite populaire, il est vain de s’attendre ou d’espérer quoi que ce soit d’autres ! Elle est bien plus forte et engagée qu’ils ne le croient avec la reconnaissance de pays puissants, dont ceux qu’ils servent !

Échec des complots, des cancaneries et perte d’une patrie

C’est parce qu’ils ont échoué du fait de leur tare et « fui » leur pays en se retrouvant, des années après, dans la même situation – sinon pire, en plus d’être dépassés et ne pouvant plus y retourner – qu’ils ont choisi la voie de la déraison tout en se prévalant d’un patriotisme à deux sous ! Les Algériens les qualifient d’un terme spécifique des plus humiliants ! L’Algérie est bien un pays définitivement perdu pour eux ! Par leur égoïsme et cupidité, ils l’ont fait perdre à leur famille et surtout à leurs enfants, malheureusement, sans leur laisser la possibilité, et même l’espoir, d’y retourner ! Même cette fierté, d’avoir une patrie, leur a été ôtée ! Il leur restera, plus tard peut-être, des souvenirs lointains racontés et l’origine ! « Il ne peut y avoir ici-bas de bien-être parfait sans la patrie. » (E. Chouinard)

Ce qui est grotesque, c’est qu’ils qualifient de ‘félons’ tous ceux qui défendent le pays par le fait qu’ils prennent fait et cause pour les gouvernants en place, pour l’Armée de son pays et pour les décisions qu’ils jugent bénéfiques pour leur pays !

Soyons clairs et directs : Il est préférable d’être les « traîtres » des nôtres, ici chez nous, et être « payés » en monnaie locale, en gardant notre honneur et notre dignité, que dans leur cas indigne et sordide qui préfèrent être les serviteurs d’officines lugubres, en dénigrant leur pays, ses institutions et ses dirigeants, dans l’objectif de le déstabiliser – souvent par cupidité, par frustration, par échec ou revanche – en contrepartie d’une gratification en devises.

Selon V. Poutine :

« Il vaut mieux être pendu pour la loyauté que d’être récompensé pour trahison. »

On dit bien aussi :

« orge de mon pays vaut mieux que blé étranger. »

Encore 50 ans sur cette voie, ils n’infligeront aucune égratignure à une Algérie qui les devance en tout et qui les ignore.

Terminons par cette réalité :
Il y a ceux liés aux intérêts de l’Occident, par soumission, acceptant sa suprématie, qui activent pour la déstabilisation des pays hors de leur giron en soutenant, armant, finançant, encadrant les terroristes et leurs soutiens.
Il y a ceux, soucieux de leur indépendance, qui rejettent toute hégémonie en dénonçant les terroristes et leurs soutiens occidentaux ! 

Le choix et la position de chacun détermine le camp auquel on appartient ! Le reste n’est que boniment bien loin de la réalité et de la raison.

 Amar Djerrad




Livre accablant, prétentions « printanistes » et slogans séditieux par pseudo-hirak en mode « bis repetita » !

Par DJERRAD Amar

[Ndlr : même si cet article est écrit plus spécialement à destination de la communauté algérienne au Canada, il peut intéresser d’autres personnes qui souhaitent connaître davantage la réalité algérienne, l’auteur Amar DJERRAD vivant lui-même en Algérie.]

C’est alors que des forces sont apparues, chevauchant la vague, portant des slogans insolites et hasardeux entrant dans le cadre « printaniste » et « islamistes » exigeant qu’on « enlève tout le monde », entendre même ceux à l’origine de la déchéance du pouvoir… Des slogans surgissant curieusement au moment où les poursuites judiciaires battent leur plein !

Un livre-enquête accablant, des répliques « ad personam » !

Il a fallu donc un livre-enquête bien documenté par des preuves incontestables, citant des associations et des personnalités algériennes fiancées par des organismes impliqués dans la « printanisation » de certains États pour que les mis en cause, leurs serviteurs, leurs soutiens médiatiques internes et étrangers (surtout français) répliquent, en se relayant, pour tirer à boulets rouges sur la personne de l’auteur (de ses préfaciers et de son éditeur) non pas pour apporter les preuves du contraire, mais pour dénigrer, jusqu’à l’insulte, sa personne, sa probité, son patriotisme et même ses compétences et son éducation !

Ces mensonges, matraquages que ces « opposants » algériens d’ici et de l’étranger, aidés par des officines imposantes et puissantes, injectent leur venin, en fait, depuis des années dans le but de dominer les consciences et caporaliser la jeunesse. Les voilà, par leur comportement désespéré, mis à bas par un seul livre, leur donnant des cauchemars tels, que les rachado-démocrates n’ont rien trouvé comme arguments que de le qualifier, par colère et dépit, de « kouteyb » (opuscule), de pamphlet, de brochure… ! Logiquement c’est aux concernés de répliquer par des preuves tangibles et non à Rachad, depuis Londres ou Genève. Le « kouteyb » vise des personnes et des associations sensées de la mouvance « démocratique » et c’est les islamistes de Rachad qui interviennent, feignant le sentiment d’en être éprouvé, en ripostant par un livre de 3oo pages écrites par un panel d’une dizaine de personnes ; sans avoir apporté la moindre preuve du contraire ! Que des attaques « ad personam » !

Financements étrangers, pseudos-hirak impurs, slogans séditieux

Les citoyens patriotes doivent plutôt lire le livre du Dr Bensaada pour faire leur propre opinion et éviter de prêter l’oreille aux trompettes des félons et aux chants langoureux des sirènes qui n’attirent que les stupides et les cupides ! Mieux vaut se fier à l’original qu’à son interprète ! Ils trouveront les preuves documentaires que des personnalités et associations algériennes ont bien été financées par la NED américaine liée à la CIA et par Canal France International lié au Quai d’Orsay ! Il est toujours utile de le rappeler : selon les publications du Dr Bensaada, Le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA) a bénéficié de la NED de la somme de 462 900 dollars (entre 2001 et 2014); cela fait en monnaie locale plus de 6 milliards de centimes ! Le RAJ-Algérie (rassemblement-actions-jeunesse) a bénéficié de la NED d’un financement de 427 000 dollars entre 1997 et 2019. Soit plus de 5,6 milliards de centimes ! La LADDH (Ligue Algérienne de Défense des droits de l’homme Algérie) a bénéficié d’un financement de 117 000 dollars de la NED entre 2002 et 2010 (sauf en 2004). Soit plus de 1,5 milliard de centimes ! Radio M de El Kadi Ihsane, financée par « Canal France International (CFI) » qui dépend du Quai d’Orsay. Entre 20 000 et 80 000 euros (soit entre 300 millions et 1 milliard de centimes). Pour cette radio, la somme est plus proche de 80 000 euros (selon Bensaada). Alors, que peuvent-ils répondre ? Rien à ce jour.

Beaucoup, restent encore à cancaner, depuis l’étranger en ne cessant pas de déverser leur fiel en espérant voir l’Algérie dans le chaos pour conforter leur thèse que rien ne marche en Algérie sans un tuteur colonialiste, islamo-khilafiste ou sans une partition ! Tout ce que fait l’Algérie de « bon », est « mauvais » pour eux pendant que tout ce qu’ils « conseillent » est meilleur en déversant leur rage et leur jalousie maladive contre tous ceux qui la défendent !

Certains sont bien d’infâmes personnages aux mains griffues et à la langue fourchue. Ils ne lâchent rien de toutes les opportunités qui se présentent à leur face et à leurs oreilles toujours aux aguets. Ils ne ratent rien des faits et actes de gouvernance et de gestion régulières pour sonner l’hallali dans l’objectif de nuire en organisant et finançant d’hypothétiques et impurs « pseudo-hirak » en mode « bis repetita » sans autorisation et sans organisateurs déclarés avec slogans évolutifs vers la sédition ! Pour cela, ils trompent, mentent, déforment en usant de tous les moyens abjects ; en exagérant les « faits divers », en diabolisant tout ce qui vient du « pouvoir » et de « son Armée », des services de sécurité et de la justice, allant jusqu’à exacerber la maladie du Président, qui s’est soigné du Covid19, en l’assimilant à celle de Bouteflika, lui prédisant le même sort ! N’est-ce pas démoniaque ?

Pour ces individus dont le « pouvoir » ou le chaos est devenu une fixation jusqu’à la déraison, l’Algérie est bien un pays définitivement perdu pour eux !

Le changement passe par le vote et non par une « phase de transition » qui écarte le peuple !

Est-il acceptable et logique que le Hirak original des débuts qui a regroupé des centaines de milliers de citoyens dans une douzaine de grandes villes d’Algérie criant des slogans clairs et précis comme « non au 5e mandat », « changement du système de gouvernance », « yetnehaw ga3 (on les enlève tous) », « armée et peuple des frères » puis « poursuite judiciaire des pontes corrompues » puisse se transformer en slogans opposés après avoir obtenu l’essentiel des revendications (possibles dans l’immédiat) avec l’aide agissante de l’Armée dont on a réclamé d’assumer la responsabilité ! C’est alors que des forces sont apparues, chevauchant la vague, portant des slogans insolites et hasardeux entrant dans le cadre « printaniste » et « islamistes » exigeant qu’on « enlève tout le monde », entendre même ceux à l’origine de la déchéance du pouvoir, le chef de l’État intérimaire, les ministres intérimaires, le refus de toutes nouvelles élections, même après l’élection au suffrage universel du nouveau Président ! Des slogans surgissant curieusement au moment où les poursuites judiciaires battent leur plein ! Des centaines de milliers dans au moins une douzaine de grandes villes le « hirak » a vu le nombre de ses manifestants se réduire comme peau de chagrin pour se limiter à 3 / 4 villes ne regroupant que quelques milliers puis quelques centaines ! Il faut dire que les slogans sont devenus clairement séditieux ! Contre le Président, contre l’Institution militaire en s’attaquant à ses officiers, contre les services de sécurité ; les qualifiant tous de « traitres » à la nation et au Peuple, contre les législatives en préparation malgré un nouveau code électoral des plus démocratiques, avec mode de scrutin à la « proportionnelle » avec vote « préférentiel » c’est-à-dire que l’électeur algérien doit choisir son ou ses candidats au sein de sa liste préférée ; bannissant ainsi le stratagème privilégiant les « têtes de liste » ! Ils réclament, par contre, le changement par une « phase de transition » (anticonstitutionnelle), sans vote du peuple, que dirigerait un trio de personnalités inconnues dont les noms sont balancés par un certain professeur, depuis la France !

Ce que le terrorisme le plus barbare, aidé par des forces occultes, durant plus d’une décennie, n’a pas obtenu par une guerre — contre le Peuple avec ses femmes et hommes, ses intellectuels, ses cadres, ses démocrates, ses journalistes, son armée pourtant non préparée et formée durant contre la guérilla — ces « démocrato-khilafistes », incompétents et fripons croient l’obtenir par la propagande, le mensonge et la subversion ? En plus, contre un peuple immunisé et une armée, plus forte par ses hommes, son armement et son professionnalisme, reconnue puissance africaine et méditerranéenne qui compte géopolitiquement !

Si la politique algérienne, nos gouvernants, notre Armée inquiètent et dérangent à ce point ces milieux hostiles qui nous « veulent du bien », c’est que l’on est assurément, au minimum, sur la bonne voie ! Ils « battront le tambour » autant de fois qu’ils voudront, rien d’inquiétant n’arrivera !

A.D




À madame Laurence Rossignol, Vice-présidente du Sénat français

Par Djerrad Amar

À madame Laurence Rossignol,
Vice-présidente du Sénat français

Algérie, le 27 mai 2021

Par Djerrad Amar

Suite à votre intervention, à propos de l’Algérie, au Sénat français.
Vous écrivez sur votre Facebook :

« Ce mercredi 26 mai, lors des Questions d’Actualité au Gouvernement, j’ai interpellé Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères sur la situation des droits humains en Algérie, ainsi que sur la possibilité pour la France de soutenir les aspirations démocratiques des Algériens qui s’expriment au sein du hirak. Un mouvement pacifiste qui réclame un État civil, le respect des droits humains fondamentaux et, entre autres, la fin de la corruption qui gangrène l’économie du pays. »

Au début, j’ai évité de vous répondre parce que votre intervention au Sénat français est tellement orientée et débile que je me suis dit qu’il est futile de répliquer à un perroquet d’une part et que d’autre part votre Ministre des Affaires Étrangères, en réponse, a bien suggéré en quelques mots et qualificatifs votre pensée et votre objectif.
Finalement, je vous réponds et par ricochet à vos manipulateurs français et algériens de l’émigration qui vous ont utilisé, en particulier, parce qu’ils ont dû déceler chez vous une bébête qui gobe tout sans trop de réflexion !
Comme, je l’ai déjà fait à une de vos collègues — elle députée aussi niaise que vous sénatrice socialiste, en l’occurrence Madame Mathilde Panot qui crèche chez « France Insoumise » — vous dégurgitez un ramassis de slogans et de propagande qui prouve bien que votre but est plutôt l’ingérence et la subversion !

Et si vous vous occupiez de vos oignons, de votre salade, de votre Covid, de vos gilets jaunes, de votre pseudo-démocratie, de votre presse aux ordres, de vos corrompus, de vos pauvres, de votre récession, de votre déchéance sur le plan international, de votre retard en matière de recherche scientifique, etc.

Vous n’avez pas cité aussi la nouvelle loi électorale, en particulier pour les législatives, qui doit être « moins démocratique » que celle de votre pays, car la nôtre prévoit un mode de scrutin à la « proportionnelle » avec vote « préférentiel » c’est-à-dire que l’électeur algérien doit choisir, le pauvre, son ou ses candidats au sein de sa liste préférée ! Pas comme la France « démocratique » qui privilégie les « têtes de liste » qui épargne aux Français la peine de cocher un ou des candidats ! Cela doit être sans aucun doute ce mode « tête de liste », où l’on privilégie les copains et les coquins, qui vous a propulsé « sénatrice » !

Qu’avez-vous fait pour aider vos « hirakistes » des gilets jaunes ? Ils sont interdits de manifestation depuis longtemps chez vous, alors qu’en Algérie ils le sont depuis une semaine, au 117e pseudo-hirak, qui commençait à exhiber des slogans violents, « importés » depuis votre pays, visant l’Armée algérienne, ses services de sécurité et ses institutions dont le Président de la République élu !

On a tout vu chez vous ! En Algérie, le simple citoyen peut tout voir de ce qui se passe ici et chez vous, mieux que vous ne le pensez et mieux que vous la sénatrice qui se fie au « bouche à oreille » !

Avez-vous comparé le nombre de morts, de blessés, d’arrestations et de condamnés chez vous et chez nous en Algérie ? Bien sûr que non ! Votre genre ne voit et n’entend rien de ce qui se passe chez lui et même hors de France, mais porte une oreille attentive à ceux, résidants en France, qui lui rapporte les bruits et chuchotements qui se produiraient ou pourrait se produire en Algérie ! Même dans le faux, vous vous empressez à les dégurgiter dans votre parlement ou Sénat, pourvu que cela donne l’ivresse ! Êtes-vous rémunéré pour ça ? Fort possible ! Avec ce que l’on voit au parlement européen et les lobbies qui le dirigent, ce n’est pas étonnant et nouveau !

En voyant votre parcours, professionnel, associatif et politique, il nous est permis de douter de vos engagements et de votre honnêteté ! Passer du coq à l’âne en politique n’est-ce pas selon « ce que ça rapporte » et non selon les principes ? Ligue communiste révolutionnaire, journaliste à « La Vie ouvrière », différents syndicats, Parti socialiste, cheffe de cabinet Fabius (celui qui aime Daesh pour avoir fait du « bon boulot »), chargée d’étude à la Mutuelle des étudiants où elle perçoit une rémunération de 1100 euros pendant dix-huit ans pour 2 jours de travail partiel par semaines, impliquée dans l’affaire d’enrichissement personnel et d’emplois fictifs de la MNEF (Que choisir, s’interroge : « Si Mme Rossignol a vraiment été au service de la santé des étudiants » wikipédia), échoue à deux reprises à la députation, Ministre au Gouvernement Valls, à RMC elle a comparé les femmes musulmanes choisissant de porter le voile aux « nègres américains qui étaient pour l’esclavage »… Passons !

Franchement étiez-vous sérieuse et convaincue que ce que vous rapportiez, au Sénat, à vos collègues, n’était pas des canulars, des mensonges et des rumeurs ? Si oui, je vous invite à lire ce commentaire tiré de mon prochain article et peut-être qu’il vous instruira ou vous réveillera sur ce qui s’est déroulé en Algérie que vous semblez aimer voir démocratique, libre, humaine, sans arrestations arbitraires, sans tortures et peut-être aussi sans armée, sans policiers, sans justice, sans écoles, sans universités, sans pétrole, sans avions, sans bateaux, sans moyens pour fuir et rejoindre votre pays de paix, de culture, des droits de l’homme, de liberté et de démocratie !

Est-il acceptable et logique que le Hirak original des débuts (jusqu’au 7e/8e) qui a regroupé des centaines de milliers de citoyens dans une douzaine de grandes villes d’Algérie criant des slogans clairs et précis comme « non au 5e mandat », « changement du système de gouvernance », « yetnehaw ga3 (on les enlève tous) », « armée et peuple des frères » puis « poursuite judiciaire des pontes corrompues » puisse se transformer en slogans opposés après avoir obtenu l’essentiel des revendications (possibles dans l’immédiat) avec l’aide agissante de l’Armée dont on a réclamé d’assumer la responsabilité ? C’est alors que (au 10e hirak et suivant jusqu’aux 117e) des forces chevauchant la vague, sont apparues, avec des slogans insolites et violents entrant dans le cadre « printaniste » et « islamistes » exigeant qu’on « enlève tout le monde », entendre même ceux à l’origine de la déchéance du pouvoir, le chef de l’État intérimaire, les ministres intérimaires, le refus de toutes nouvelles élections, même après l’élection au suffrage universel du nouveau Président ! Des slogans surgissant curieusement au moment où les poursuites judiciaires battent leur plein ! Des centaines de milliers dans au moins une douzaine de grandes villes le « hirak » a vu le nombre de ses manifestants se réduire subitement comme peau de chagrin pour se limiter à 3/4 villes ne regroupant que quelques milliers puis quelques centaines ! Il faut dire que les slogans sont devenus clairement séditieux ! Contre le Président, contre l’Institution militaire en s’attaquant à ses officiers, contre les services de sécurité, les qualifiant tous de « traitres » à la nation et au Peuple, contre les législatives en préparation malgré un nouveau code électoral des plus démocratiques ! Ils réclament, par contre, le changement par une « phase de transition » (anticonstitutionnelle), sans vote du peuple, que dirigerait un trio de personnalités inconnues dont les noms sont balancés par un certain professeur… depuis la France ! Curieux non ? Les autorités, par souci de stabilité, étaient obligées d’appliquer la loi en matière de manifestations… tout comme en France ! Chez vous, c’est réglementé, non ? Certains ont enfreint la loi, ils ont été arrêtés. Le reste, ce sont des arrestations entrant dans le cadre des délits commis par des voyous. C’est arbitraire aussi ? Est-ce des affaires algéro-algériennes ou algéro-françaises ?

Êtes-vous venue au « secours » des gilets jaunes ? On ne vous a pas entendu, au Sénat, soutenir le Hirak, dès ses débuts, lorsqu’il réclamait le refus du 5e mandat, le limogeage des pontes corrompues du pouvoir, les poursuites judiciaires des figures du «système» comme vous le faites pour ces fossoyeurs! Ce n’est qu’une fois que le peuple a obtenu l’essentiel de ses revendications que des activistes et des agitateurs, suppôts du régime déchu, sont apparus et dont vous venez de porter les revendications au Sénat avec l’aide de vos maîtres-manipulateurs de chez vous en France. Vous êtes donc un maillon.

Savez-vous que vous soutenez des activistes qui refusent les élections présidentielles pour une «transition» qu’ils veulent diriger sans élections, qui refusent les législatives prochaines du 12 juin? Est-ce un hasard que vous intervenez à quelques jours des élections pour interpeller vos collègues au Sénat ?

On vous a instruit de dire qu’il y a des « détenus d’opinion » ? Si vous avez des noms, alors portez-les à la connaissance des autorités compétentes qui vous donneront sûrement les griefs !

Maintenant que « la vache à traire » n’est plus dans leur étable, mais dans celle du peuple, qui exige plus de comptes, les voilà tirer à boulets rouges sur tous ceux qui s’emploient, à éliminer les traces de ce régime de privilèges, de passe-droits, avec l’aide de votre clan par l’ingérence. Drôle de démocrate vous êtes !

Des démocrates, comme vous, qui soutiennent une solution par une « phase de transition » sans élections, contrairement à nos militaires qui soutiennent obstinément la solution par les élections ? Vraiment, le monde à l’envers !

Pouvez-vous imposer cette insanité chez vous ?

Au lieu de vous ingérer dans les affaires qui ne vous regarde, pas en tant que sénatrice ou autre, intéressez-vous plutôt à cette Françafrique que ne cessent d’appuyer des autocrates pour servir vos intérêts.

Pour votre gouverne, en guise de conclusion, voici un extrait du défunt chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP). Peut-être que vous comprendrez la définition du mot « dictateur » et à qui il s’applique : «Leur véritable objectif est d’induire l’opinion publique nationale en erreur… pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien… [notre] approche s’articule sur la primauté de la légitimité constitutionnelle, à travers l’organisation d’élections présidentielles transparentes… afin d’éviter toutes les phases de transition dont les conséquences sont périlleuses, clamées par certaines parties… qui commencent à être démasquées, et nous avons des informations confirmées de leur implication, que nous dévoilerons au moment opportun… »

Je vous raconte cela non pas pour justifier quoi que ce soit, mais pour montrer votre ignorance en politique et en affaires internationales. Quand vous, de surcroît, ignorez celles de vos voisins proches, mieux vaut changer de métier ! Vous faites de l’ingérence dans les affaires d’autres pays ! C’est interdit par les lois internationales ! Le savez-vous, madame la sénatrice ?

Amar Djerrad




Hiraks, Gilets Jaunes : répressions, partis-pris médiatiques

Par Yazid Ben Hounet*

En octobre 2016, apparaissait le hirak du Rif (Maroc). J’étais alors en poste au Centre Jacques Berque, à Rabat. En 2018, quelques semaines après mon retour en France, le mouvement des gilets jaunes naissait (novembre). Trois mois plus tard (février 2019), le hirak algérien commençait. Je me suis intéressé à ces mobilisations populaires, et en particulier aux deux dernières. J’ai été attentif aux formes de répression auxquelles elles ont été confrontées, mais aussi à leurs débouchées politiques. J’ai vu aussi comment, du moins en France, certains épisodes de ces événements ont été montrés, éludés ou passés sous silence. Voici ici quelques éléments de mise en contexte et de réflexion.  

Scène de la répression des Gilets Jaunes au pays de la Déclaration des droits de l’Homme. Bilan : sur 10 mois de mouvement des gilets jaunes (novembre 2018-septembre 2019), on dénombre plus de 3000 condamnations, dont plus de 1000 à de la prison ferme, et au moins 440 avec mandats de dépôt. Il y a eu un mort directement du fait de la répression : Zineb Redouane (2 décembre 2018) ; et dix personnes décédées dans des accidents de la route liées aux manifestations. À cela s’ajoutent les 25 personnes éborgnées, les 5 mains arrachées et des centaines de blessés (plus de 2500 selon le Mur Jaune).

La mort du poissonnier, Mouhcine Fikri, le 28 octobre 2016, à Al Hoceima, a été le point de départ du hirak du Rif. Il avait été happé par une benne à ordures, alors qu’il souhaitait y récupérer sa marchandise saisie par la police. Cette mort atroce, filmée et relayée dans les médias sociaux, avait été l’élément déclencheur de la mobilisation populaire. L’historien Maâti Monjib (L’Humanité, 3 juillet 2017), resitue les causes initiales du soulèvement :

« L’une des raisons de la révolte rifaine, c’est l’injustice que représente la mort du jeune poissonnier Mouhcine Fikri dans des conditions abjectes. Une grande partie de son corps a été broyée par un camion poubelle. La population demandait tout d’abord une véritable enquête pour clarifier les causes directes et profondes de sa mort. Les manifestants ont montré du doigt dès le début du mouvement la corruption qui règne dans le secteur de la pêche et qui fut l’une des raisons indirectes de ce crime indicible. Ils ont donc demandé la tête d’Aziz Akhannouch, le ministre de tutelle et proche ami du roi Mohammed VI. Le régime a refusé ces revendications somme toute raisonnables et faciles à réaliser » (1).

C’était la première fois que le terme arabe hirak (mouvement) et l’expression hirak shaabi (mouvement populaire) étaient amplement utilisés au Maghreb. Ils étaient employés, auparavant, au Proche-Orient (Jordanie et Yémen). Bien que m’informant sur ces mobilisations, je n’ai pas senti la nécessité d’écrire sur le sujet. Je considérais le hirak du Rif comme une affaire maroco-marocaine. Par ailleurs, ma situation de chercheur affecté au Maroc, de surcroît de nationalités algérienne et française, me plaçait dans une position délicate (2). Mais surtout les chercheurs, journalistes et plus largement intellectuels marocains, à l’instar de l’historien Maâti Monjib ou du journaliste Omar Radi, étaient les mieux placés pour rendre compte de ce qui se passait au Maroc (3).

J’ai, par contre, ressenti le besoin de rédiger, dès janvier 2019, un texte sur le mouvement des gilets jaunes. Il figure sur ma page Academia depuis (4) (et a été publié plus tard en Algérie). J’avais été effaré par l’ampleur des violences en France et, en tant que chercheur et fonctionnaire, je voulais signifier, par ce texte, ma profonde condamnation de la répression étatique. J’étais aussi indigné par les procédés médiatiques de disqualification de ce mouvement, et le long silence initial sur les violences policières. Il a fallu, en effet, attendre plus de deux mois, dans la semaine du 14 janvier 2019, pour que soit mentionné sur des médias importants, mais sans le dire vraiment, ce qui a bien constitué le caractère inédit et barbare de la réponse étatique : une répression policière et judiciaire inouïe et sans précédent, sous la VèmeRépublique, d’un mouvement social (5) ! Dans les comptes Twitter de l’Observatoire des Violences Policières et du journaliste David Dufresne se succédaient en effet, à un rythme effréné, depuis la mi-novembre 2018 des témoignages accablants de ces violences (6).

J’ai également publié, en mars 2019, quelques analyses sur le hirak algérien, enthousiasmé par ce que je considérais (et considère toujours) être la deuxième révolution algérienne (7).

Près de deux ans après le début du hirak en Algérie, un premier petit bilan comparé (Maroc, France, Algérie) s’impose. Qu’en est-il des répressions et des avancées politiques ?

Bilan des répressions

Maroc — sur 10 mois du hirak (entre octobre 2016 et août 2017), plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées (chiffre précis inconnu) — près de 300 selon le journaliste Omar Radi (entretien du 12 août 2017, note de bas de l’article). On peut estimer les détenus à, au moins, 320 (plus de 500 selon le CADTM) (8), si on compte les 188 graciés en août 2018, les 107 en 2019 (juin), les 20 graciés en juillet 2020. À cela s’ajoutent les personnes encore incarcérées, dont Nasser Zefzafi (l’un des leaders de la mobilisation), condamné à 20 ans de prison (9) ;

Il faut aussi mentionner les répressions subséquentes au hirak, dont l’emprisonnement des journalistes Omar Radi (en décembre 2019, puis depuis juillet 2020), Souleimane Raissouni (depuis mai 2020) et celui de l’historien Maâti Monjib (depuis le 29 décembre 2020).

On dénombre enfin 3 morts liés à ce mouvement, du fait de la répression : Mouhcine Fikri (28 octobre 2016), Imad Al Attabi (8 août 2017) (10) et celle controversée (asthme et inhalation de gaz lacrymogène) d’AbdelHafid El Haddad (18 août 2017) (11).

Dessin d’Osama Hajjaj représentant la mort du poissonnier, Mouhcine Fikri, le 28 octobre 2016, à Al Hoceima, qui a été le point de départ du hirak du Rif, comme ce fut le cas en Tunisie, en décembre 2010 avec la mort atroce du marchand ambulant Bouazizi qui avait l’étincelle qui a emporté le régime de Ben Ali. Fikri avait été happé par une benne à ordures, alors qu’il souhaitait y récupérer sa marchandise saisie par la police. Cette mort atroce, filmée et relayée dans les médias sociaux, avait été l’élément déclencheur de la mobilisation populaire. Sur 10 mois du hirak (entre octobre 2016 et août 2017), plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées (chiffre précis inconnu) — près de 300 selon le journaliste Omar Radi. On peut estimer les détenus à, au moins, 320 (plus de 500 selon le CADTM) (8), si on compte les 188 graciés en août 2018, les 107 en 2019 (juin), les 20 graciés en juillet 2020. À cela s’ajoutent les personnes encore incarcérées, dont Nasser Zefzafi (l’un des leaders de la mobilisation), condamné à 20 ans de prison (9).

France — sur 10 mois de mouvement des gilets jaunes (novembre 2018-septembre 2019) : on dénombre plus de 3000 condamnations, dont plus de 1000 à de la prison ferme, et au moins 440 avec mandats de dépôt (12). Il y a eu un mort directement du fait de la répression : Zineb Redouane (2 décembre 2018) ; et dix personnes décédées dans des accidents de la route liées aux manifestations. À cela s’ajoutent les 25 personnes éborgnées, les 5 mains arrachées et des centaines de blessés (plus de 2500 selon le Mur Jaune) (13).

J’ai signé, il y a plus de deux ans, une pétition pour une amnistie des gilets jaunes (https://amnistiegj.fr/). Mais il ne me semble pas qu’Emmanuel Macron ait accordé la moindre grâce à leur égard.

Algérie — sur 2 ans de hirak (de février 2019 à mars 2021, dont pause pandémie) : on dénombre près de 150 détenus, selon le décompte du Comité National pour la Libération des Détenus – CNLD (14). Au 10 mars 2021, le nombre de personnes (toujours en prison) était de 32. La plupart avaient soit purgé leur peine, soit été relaxés, soit graciés. Abdelmadjid Tebboune a usé de la grâce présidentielle quelques jours après sa prise de fonction (le 6 février 2020), à l’occasion de la fête de l’indépendance (5 juillet 2020) et tout récemment, le 19 février 2021, à l’occasion de l’anniversaire du hirak (événement constitutionnalisé). Une personne est morte du fait de la répression policière : Ramzi Yettou (19 avril 2019) (15); 3 autres personnes, dont le fils de l’ancien président du gouvernement provisoire, Benyoucef Benkhedda, sont décédées en raison de crises cardiaques durant les marches et manifestations (en mars, mai et juillet 2019). Enfin, au moment de l’élection présidentielle, le 11 et 12 décembre 2019, 4 jeunes Algériens au moins ont été blessés à l’œil par des balles en caoutchouc (16).

Au final, si nous comparons ces trois mouvements, la répression (en chiffres absolus de détenus, morts et blessés graves) a été moindre en Algérie. Elle a été encore bien moins importante rapportée à l’ampleur du hirak algérien (des centaines de milliers, voire des millions de manifestants lors des premières semaines) et à sa durée. Paradoxalement, c’est la répression en Algérie qui a été davantage pointée du doigt par certaines institutions internationales (ONU, Parlement européen) et grands médias en France. J’y reviendrai par la suite.

Quant au bilan politique, force est de constater que les choses ont davantage évolué en Algérie.

Bilan politique

Au Maroc, aucun changement notable : le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch (cité plus haut par Maâti Monjib,) est resté depuis en poste et a même vu son portefeuille ministériel s’agrandir. Quelques remaniements ministériels ont été opérés en avril 2017 (changement du Premier ministre), puis en octobre 2017, pour des raisons de politiques internes et non seulement à cause du mouvement social du Rif.

En France, la prime de fin d’année (2018) attribuée de manière aléatoire et au bon vouloir des entreprises, a été le seul petit cadeau offert aux gilets jaunes. Le grand débat, davantage dispendieux que grand, n’a débouché sur aucune avancée concrète. Exit le RIC, la hausse des minimas sociaux, la réintroduction de l’ISF, le retour aux urnes ; au profit de la répression policière et judiciaire, et de lois liberticides (loi anticasseurs, loi de sécurité globale). Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est longtemps resté à son poste, avant de retourner tranquillement au parlement, en tant que président du groupe de la majorité présidentielle. Quant au préfet de Paris… il campe toujours à la même place.

En Algérie, la tentative de 5e mandat de la zawyia Bouteflika (17) a avorté. Les trois B (Belaiz – président du Conseil constitutionnel ; Bensalah — président du sénat ; Bedoui — Premier ministre) sont partis. Une élection présidentielle s’est tenue en décembre 2019. Un nouveau président a été élu et un nouveau gouvernement formé. L’ancien ministre de l’Intérieur — Salah-Eddine Dahmoune — a été remercié par le nouveau président Abdelmadjid Tebboune (le 19 décembre 2019), en raison notamment des répressions des 11 et 12 décembre (cf. plus haut). Plus de vingt hauts responsables de l’ère précédente, dont Ouyahia et Sellal (anciens premiers ministres), ont été jugés et condamnés depuis, ou font l’objet de mandats d’arrêt internationaux (Chakib Khelil et Abdeslam Bouchouareb notamment). Une nouvelle constitution a été élaborée et adoptée par referendum. Des élections législatives anticipées auront lieu en juin 2021. En somme, outre les nombreux jugements pour corruption, une transition constitutionnelle, marquée par des mécanismes de type démocratiques (18), a été mise en place (plutôt que l’aventure hasardeuse de la constituante) : retour aux urnes, ouverture à de nouveaux partis, mécanismes de contrôle des élections via l’ANIE, l’Autorité nationale indépendante des élections, présidée par Mohamed Chorfi. Cette structure a été créée en septembre 2019, à la suite du travail effectué par l’instance de dialogue et de médiation (dirigée par Karim Younes). Elle semble plutôt bien fonctionner puisqu’elle a permis de mieux encadrer la participation électorale et elle a publiquement affiché des taux de participation crédibles aux élections qui ont eu lieu depuis (présidentielle de décembre 2019 ; referendum de novembre 2020). Les taux affichés sont, par ailleurs, réalistes au point que les oppositions qui s’offusquaient auparavant des taux exagérés de participation (notamment pour les délégitimer) … en sont venues à se plaindre de la faible participation des électeurs, en s’appuyant sur les données de l’ANIE, pour mieux critiquer la légitimité du nouveau président et celle de la nouvelle constitution.

En articulant le bilan des répressions au bilan politique, il ressort aussi que la responsabilité politique est moins engagée s’agissant des autorités algériennes actuelles. Le président algérien et le gouvernement actuel (instauré au début de l’année 2020), ne peuvent en effet être tenus responsables des événements de l’année 2019. Seuls les ministres des Affaires étrangères et de la Justice (Sabri Boukadoum, en poste depuis le 2 avril 2019 ; Belkacem Zeghmati, en poste depuis le 1er août 2019) ont intégré le gouvernement Djerad, formé en janvier 2020.

Parti-pris des instances internationales : ONU, Parlement Européen

 S’agissant du Maroc : les instances officielles en charge des droits de l’homme, au niveau de l’ONU et du Parlement Européen, n’ont pas pris de position ou de résolution à l’égard du mouvement du Rif et de sa répression. Les autorités marocaines n’ont pas été pointées du doigt. De surcroît, ni Nasser Zefzafi, ni les journalistes comme Omar Radi, n’ont été officiellement soutenus, en dépit de la mobilisation d’ONGs et de parlementaires, et de rapports d’experts en droits de l’homme.

S’agissant de la France : le 14 février 2019, le Parlement Européen a voté une résolution sur le droit à manifester pacifiquement et l’usage proportionné de la force — et ce sans citer un État membre en particulier (19). La condamnation de l’usage des lanceurs de balles de défense ayant été refusé par la majorité. Le 6 mars 2019, Michelle Bachelet, cheffe des droits de l’homme à l’ONU, a courtoisement demandé une enquête sur les « Gilets jaunes » en France (20).

S’agissant de l’Algérie : le 16 septembre 2020, des experts des droits de l’homme de l’ONU ont condamné la peine de prison prononcée en appel à l’encontre du journaliste algérien, Khaled Drareni, et demandé sa libération (21). Le 25 novembre 2020, le Parlement européen a voté une résolution sur la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie, en particulier le cas du journaliste Khaled Drareni (22), dans laquelle il « condamne fermement l’escalade des arrestations et détentions illégales et arbitraires et du harcèlement juridique dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie ». Le 5 mars 2021, l’ONU a réclamé une enquête et la fin des détentions arbitraires. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a également demandé, aux autorités algériennes de mettre immédiatement fin aux violences contre des manifestants pacifiques et aux arrestations arbitraires (23).

On est un peu interloqué par les exigences de l’ONU et du Parlement Européen, à l’égard des autorités algériennes, au regard de leur silence s’agissant du Maroc, de leur bienveillance envers la France, et des réalités des répressions qui ont eu lieu dans ces trois pays (cf. les bilans plus haut). On s’interroge, en outre, sur les raisons pour lesquelles, dans sa déclaration du 5 mars 2021, « le Bureau des droits de l’homme de l’ONU réclame des enquêtes “rapides, impartiales et rigoureuses” sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention », alors même que le parquet général d’Algérie s’est saisi de cette question dès le 7 février 2021. Cette dernière décision faisant suite à l’affaire Walid Nekkiche, relayée par la presse algérienne, concernant des allégations de torture datant de décembre 2019, au moment de son témoignage à l’occasion de son procès au début du mois de février 2021 (24). La résolution du Parlement Européen datant du 25 novembre 2020 fait également mention de ces allégations (note de bas de page 22, article D).

Il est normal que l’ONU et le Parlement Européen se saisissent des cas potentiels ou avérés de torture. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait, et en particulier le Parlement Européen, s’agissant de Nasser Zefzati (Maroc) — alors même que cette institution était destinataire d’une lettre, lue publiquement par son père, au parlement européen même, à l’occasion du prix Sakharov, et dans laquelle Nasser Zefzafi témoignait des tortures subies (25)? En dépit des nombreuses allégations de torture, ni l’ONU, ni le parlement européen n’ont exigé des enquêtes « rapides, impartiales et rigoureuses » aux autorités marocaines ; rien n’a été demandé officiellement ; aucune enquête n’a été réclamée à la France s’agissant des nombreux cas d’éborgnement, de mains arrachées, qui ne sont ni plus ni moins que des actes de torture. Rappelons que la simple condamnation de l’usage des lanceurs de balles de défense avait été refusée par la majorité du Parlement Européen, le 14 février 2019.

Cette partialité des instances officielles internationales révèle et s’explique par deux phénomènes conjoints : le traitement médiatique en Europe, et plus particulièrement en France, de ces événements (hiraks et mouvement des gilets jaunes) ; les intérêts économiques et politiques.

Traitement médiatique : which side are you on (Loach, 1984)?

[Ndlr: « which side are you on » = De quel côté êtes-vous ?]

« If you’re not careful, the newspapers will have you hating the people who are being oppressed, and loving the people who are doing the oppressing » [« Si vous ne faites pas attention, les journaux vous feront haïr les gens qui sont opprimés et aimer ceux qui font l’oppression »]

 Malcolm X

Le pacifisme du hirak en Algérie, mis en avant dans les grands médias français, a aussi pour corollaire un maintien de l’ordre « relativement » correct (à l’exception des répressions à l’approche de l’élection de décembre 2019). Doit-on le rappeler ? La responsabilité du maintien de l’ordre, et avant tout de l’intégrité physique des citoyennes et citoyens, incombe, en premier lieu, à la force publique (police, gendarmerie). Le pacifisme, comme la violence, n’est pas un état naturel, mais résulte de dynamiques entre différents acteurs. Pour le dire autrement, et pour rappeler une évidence rendue étrangement opaque par certains filtres médiatiques : les Algériens ne sont ni plus ni moins pacifistes que les Français (Gilets Jaunes) ou les Marocains (hirak du Rif). Les dynamiques de répression (encadrement, « nassage » et organisation du désordre) ne sont pas les mêmes et les focales médiatiques différentes (embellissement des manifestations d’un côté ; criminalisation, disqualification ou opacité de l’autre). Le hirak en Algérie n’a pas été exempt de certains actes de vandalisme et de violence (26), des femmes revendiquant un changement vers l’égalité ont aussi été agressées par des hommes (27). Si je mentionne ces quelques éléments, ce n’est pas pour dévaloriser le hirak, mais pour signaler le hiatus que j’ai ressenti s’agissant du traitement médiatique de ces mobilisations : l’étrange embellissement du hirak algérien par les mêmes médias qui disqualifiaient, avilissaient, au même moment, le mouvement des gilets jaunes, et antérieurement, faisaient silence sur le hirak du Rif.

La méfiance vis-à-vis des grands médias français (essentiellement détenus, rappelons-le, par quelques milliardaires) (28), exacerbée par le traitement médiatique des gilets jaunes (29), doit nous amener à être attentif à la question du parti-pris — ce qui est montré, caché, embelli, avili, et dans quels intérêts. Dans son film Which side are you on? (1984), Ken Loach traitait déjà de ces questions s’agissant des mineurs grévistes du nord de l’Angleterre.

Par exemple, les mobilisations médiatiques de « l’establishment journalistique » en France, de Laurent Delahousse, Anne-Claire Coudray, Bernard de la Villardière, etc. devant l’ambassade d’Algérie (7 septembre 2020) (30), les nombreuses émissions sur Europe 1, France inter (sans parler de France 24 et TV5 monde), RSF et les grandes campagnes d’affichage en soutien au journaliste Khaled Drareni, tout cela m’a laissé assez perplexe en comparaison de ce qui a été fait, par ces mêmes personnes et structures, pour les gilets jaunes ou encore pour le journaliste Omar Radi (31). Qu’on me permette au moins de penser que la « danse du ventre » de Bernard de la Villardière devant l’ambassade d’Algérie avait davantage pour objet d’exprimer son mépris de l’Algérie et de ses autorités, qu’un sincère soutien à la liberté et à la pluralité de la presse (32).

« Djeïch, chaâb, khawa khawa » (armée, peuple : tous frères) : le slogan porté par les manifestants algériens. Sur 2 ans de hirak (de février 2019 à mars 2021, dont pause pandémie) : on dénombre près de 150 détenus, selon le décompte du Comité National pour la Libération des Détenus — CNLD. Au 10 mars 2021, le nombre de personnes (toujours en prison) était de 32. La plupart avaient soit purgé leur peine, soit été relaxés, soit graciés. Abdelmadjid Tebboune a usé de la grâce présidentielle quelques jours après sa prise de fonction (le 6 février 2020), à l’occasion de la fête de l’indépendance (5 juillet 2020) et tout récemment, le 19 février 2021, à l’occasion de l’anniversaire du hirak (événement constitutionnalisé). Une personne est morte du fait de la répression policière : Ramzi Yettou (19 avril 2019) (15); 3 autres personnes, dont le fils de l’ancien président du gouvernement provisoire, Benyoucef Benkhedda, sont décédées en raison de crises cardiaques durant les marches et manifestations (en mars, mai et juillet 2019). Enfin, au moment de l’élection présidentielle, le 11 et 12 décembre 2019, 4 jeunes Algériens au moins ont été blessés à l’œil par des balles en caoutchouc.

Frantz Fanon écrivait dans Les damnés de la terre : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Je ne m’étais pas rendu compte, lorsque j’avais lu son livre, de l’importance des mots suivants : « dans une relative opacité ». La comparaison de ces trois mobilisations (Rif, gilets jaunes, Algérie) et de leur traitement médiatique m’a rendu davantage sensible à cette question. Il n’est pas sûr d’ailleurs qu’elle soit intentionnelle de la part des journalistes et responsables médiatiques. Elle révèle néanmoins de jugements de valeur intriqués dans des faisceaux d’intérêts économiques, politiques et sociaux. La bienveillance à l’égard des autorités marocaines, y compris s’agissant de la question du Sahara Occidental, est à resituer à l’aune de ces derniers. Par exemple, le réseau des établissements scolaires d’enseignement français y est l’un des plus denses au monde. L’électricité et l’eau sont gérées dans la métropole de Rabat par une filiale de Véolia ; une autre filiale de Véolia gère les villes de Tétouan et Tanger; à Casablanca, c’est une filiale du groupe Suez ; une bonne part des riads touristiques de Marrakech, de Fès et d’Essaouira (et d’autres villes) sont détenus par des Français ou Européens ; plusieurs grandes entreprises françaises et européennes y sont installées, à des conditions favorables (dont plusieurs appartiennent en tout ou en partie aux milliardaires qui détiennent l’essentiel des médias en France — comme Drahi, Bolloré, Bouygues, Lagardère, etc.). Le Maroc est aussi un bon client des ONGs de développement et coopère doctement aux politiques européennes de gestion des migrations africaines. On saura donc bien lui passer ses écarts (fussent-il bien grands) en matière des droits de l’homme dans son territoire et dans ceux occupés du Sahara occidental… ou du moins lui trouver des circonstances atténuantes.

À moins que ce soit le fait que tous ces éléments (faisceaux d’intérêts économiques et politiques) ne s’appliquent pas à l’Algérie, qui explique l’attitude sévère de grands médias français, du Parlement Européen et de l’ONU à l’égard des autorités algériennes ?

Un dernier point de mise en contexte sur les détenus d’opinion en Algérie : c’est à partir de septembre 2019, suite à la décision d’aller vers des élections présidentielles en décembre, que des groupes (guidés par quels enjeux ?) se sont mis à diffuser des annonces pour manifester les samedis (en plus du vendredi) et qu’il y a eu des postures de radicalisation. Les interpellations se sont accélérées à cette période et les détentions également (personnes jugées notamment en vertu des articles 97 et suivants du Code pénal — attroupement non armé pouvant troubler l’ordre public). Il n’y a pas eu, à cette occasion, de loi de circonstance, comme la loi anticasseur (France), ni de procédé judiciaire inique : comme les accusations de viol pour Omar Radi (Maroc) ou la tentative d’accusation de viol pour Julian Assange (Suède). C’est, précisons-le, lors d’une manifestation ayant lieu un samedi (7 mars 2020), que le journaliste Khaled Drareni a été interpellé. La dépêche de l’AFP (08/03/2020 – 18:15:46) en faisait mention, mais cette précision a systématiquement été oblitérée dans les articles qui ont été publiés par la suite (à l’exception d’un article du Monde datant du 9 mars 2020) (33).

La peur d’une ingérence étrangère et/ou d’un scénario « printemps arabe » se transformant en « hiver macabre » ou en « printemps du désert », a pu également braquer d’autres Algériens, y compris des procureurs et des juges… On ne saurait écarter cette hypothèse quand on connaît l’histoire politique récente et moins récente. Il suffit d’évoquer les printemps arabes ou l’histoire de la Françafrique — que le grand public a pu découvrir avec le documentaire Décolonisation : du sang et des larmes (34). Il paraît même qu’un intellectuel a théorisé la mise à profit de troubles politiques internes pour déstabiliser un pays ou un État, ou pour y favoriser un régime plutôt qu’un autre. Il s’appelle Sun Tzu et son ouvrage s’appelle L’art de la guerre. Il aurait été rédigé au Vème siècle avant J.-C. et serait encore enseigné dans de nombreuses académies militaires, de relations internationales et de sciences politiques.

*Yazid Ben Hounet

Chargé de recherche au CNRS

Laboratoire d’Anthropologie Sociale

  • Ce texte n’a pas été écrit par un défenseur du « régime » algérien — processus de disqualification habituel dès lors qu’on ne crie pas avec les loups — mais par un chercheur critique, qui cite ses sources. C’est le texte d’un fils d’ouvrier algérien, venu travailler en France au début des années 70, appartenant à une famille d’ouvriers agricoles et n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, comme la majorité des Algériens durant la période coloniale (les bienfaits de la colonisation ?). De mon père, j’ai néanmoins reçu quelques principes fondamentaux : le profond respect de la dignité humaine, l’évitement des postures hypocrites et le sens de l’indépendance (particulièrement exacerbé, il est vrai, chez les Algériens comme lui).

« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir… »

(Frantz Fanon)


Notes et références

  1. https://www.humanite.fr/maati-monjib-le-hirak-un-mouvement-populaire-autonome-non-separatiste-et-prodemocratique-638309
  2. Pour ne pas m’autocensurer, j’ai signé en avril 2018, avec une centaine d’autres chercheurs, une lettre ouverte sur la responsabilité française dans la non-décolonisation du Sahara Occidental (https://www.humanite.fr/la-france-une-lourde-responsabilite-dans-la-non-decolonisation-du-sahara-occidental-654034). J’avais pris soin de la signer en mentionnant seulement mon rattachement au Laboratoire d’Anthropologie Sociale, à Paris. Cela me valut tout de même une campagne de diffamation publique au Maroc.
  3. On pourra se référer entre autres au film produit par ATTAC Maroc au printemps 2017, aux analyses de Maati Monjib (juin 2017), aux informations transmises par le journaliste Omar Radi (août 2017). https://www.cadtm.org/Film-ATTAC-Maroc-Death-Over-Humiliation-Mourir-pour-ne-pas-accepter-l ; https://www.middleeasteye.net/fr/entretiens/interview-maati-monjib-le-regime-marocain-sest-specialise-dans-laffaiblissement-des ; https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/al-hoceima-apres-les-funerailles-dimad-ettabi-le-hirak-appelle-de-nouvelles
  4.  https://www.academia.edu/38172908/Les_gilets_jaunes_et_lEtat_de_Barbarie_docx
  5. On n’intègre pas ici les massacres du 19 octobre 1961 et de la station du métro de Charonne (8 février 1962), qui ont lieu durant la guerre d’Algérie et dont les actions réprimées ne relèvent pas à proprement parler du mouvement social, mais du mouvement de libération national.
  6. https://twitter.com/obs_violences?lang=frhttps://twitter.com/davduf
  7. https://aoc.media/auteur/yazid-ben-hounet/
  8. https://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=16377
  9. Nasser Zefzafi a été l’un des trois finalistes du prix Sakharov (Parlement européen) pour la liberté de pensée 2018 : https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/eu-affairs/20181005STO15106/prix-sakharov-2018-les-trois-finalistes-annonces
  10. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/08/08/maroc-un-manifestant-blesse-a-al-hoceima-meurt-apres-trois-semaines-dans-le-coma_5170115_3212.html ; https://www.humanite.fr/maroc-imad-al-attabi-succombe-ses-blessures-640286
  11. https://www.h24info.ma/maroc/al-hoceima-deces-manifestant-abdelhafid-el-haddad/
  12. Information datée de septembre et novembre 2019 : https://www.bastamag.net/gilets-jaunes-champs-elysees-justice-repression-condamnations-violences-police-loi-anti-casseurs-prison ; https://www.liberation.fr/checknews/2019/11/08/un-millier-de-gilets-jaunes-condamnes-a-de-la-prison-ferme-depuis-le-debut-du-mouvement_1762173/
  13. http://lemurjaune.fr/
  14. https://www.facebook.com/comitenationalpourlaliberationdesdetenusCNLD/
  15. https://www.elwatan.com/edition/actualite/le-jeune-manifestant-est-decede-le-19-avril-dernier-amnesty-international-reclame-une-enquete-approfondie-sur-la-mort-de-ramzi-yettou-29-05-2019
  16. https://www.elwatan.com/edition/actualite/tous-solidaires-avec-les-eborgnes-de-la-revolution-19-12-2019
  17. mon texte  : https://aoc.media/opinion/2019/03/13/algerie-breve-sociologie-dune-deuxieme-revolution/https://www.academia.edu/38520068/Algerie_br%C3%A8ve_sociologie_dune_deuxieme_revolution
  18. J’avais rédigé un article en mars 2019 évoquant ce scénario de sortie de crise et de transition démocratique : https://www.lesoirdalgerie.com/contribution/ou-pourquoi-lalgerie-nest-ni-la-syrie-ni-legypte-21196.
  19. https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/14/le-parlement-europeen-condamne-l-usage-des-lanceurs-de-balles-de-defense-par-les-forces-de-l-ordre_5423513_3224.html
  20. https://news.un.org/fr/story/2019/03/1037951
  21. https://news.un.org/fr/story/2020/09/1077362
  22. https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/RC-9-2020-0375_FR.html
  23. https://news.un.org/fr/story/2021/03/1090972
  24. https://www.radioalgerie.dz/news/fr/article/20210207/206812.html ; https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/02/08/en-algerie-le-parquet-ouvre-une-enquete-apres-des-accusations-de-torture-d-un-etudiant_6069204_3212.html
  25. https://amazighinformatiecentrum.medium.com/lettre-de-nasser-zefzafi-parlement-europ%C3%A9en-2016-37f1fa140638
  26. https://www.tsa-algerie.com/marches-contre-le-5e-mandat-en-algerie-183-blesses-et-un-mort/
  27. https://www.elwatan.com/edition/contributions/reappropriation-de-la-revolution-algerienne-et-ou-de-lindependance-26-05-2019
  28. https://www.acrimed.org/Medias-francais-qui-possede-quoi ; https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA
  29. Ce qui explique le déploiement et l’intérêt croissant pour des médias indépendants tels que Bastamag, Streetpress, Le Media, Quartier Général et plus récemment Blast.
  30. https://information.tv5monde.com/video/khaled-drareni-laurent-delahousse-anne-claire-coudray-les-grandes-figures-de-la-television
  31. Pour ce dernier, heureusement qu’il y a eu le travail de Rosa Moussaoui (L’Humanité) et Rachia el Azzouzi (Mediapart). Mais elles n’ont que peu de visibilité en comparaison.
  32. https://www.liberation.fr/medias/2009/12/04/bernard-de-la-villardiere-en-quete-d-exclusivite_597283/
  33. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/03/09/en-algerie-garde-a-vue-prolongee-pour-deux-figures-du-hirak_6032344_3212.html
  34. https://www.france.tv/france-2/decolonisations-du-sang-et-des-larmes/