19/04/2022 (2022-04-19)
[Source : Sud Radio]
La suppression du corps diplomatique par Emmanuel Macron dans l’entre deux tours sonne-t-elle la fin de la diplomatie française ?
Que signifie la suppression du corps diplomatique par le gouvernement qui vient d’être annoncée par décret à la veille de l’élection présidentielle ? Est-ce la fin de siècles de diplomatie française ?
« Comment va-t-on former les diplomates ? »
« C’est présenté comme le sous-produit de la suppression de l’ENA, son remplacement par un institut national du service public, explique Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France. Il a été créé en janvier, et qui va former des administrateurs de l’État pour tous les ministères. Aussi bien les finances que les affaires sociales que le ministère des affaires étrangères. »
« Évidemment, cela pose un problème, estime-t-il. On a vu apparaître, il y a quelques jours, un décret supprimant le corps des affaires étrangères. Effectivement, classe politique et médias s’émeuvent de cette suppression. Comment va-t-on former les diplomates ? »
Diplomatie : des postes à la disposition du gouvernement
« Il existe un concours spécial d’accès au Quai d’Orsay pour les personnes parlant coréen, chinois, ayant fait les langues orientales, rappelle l’auteur de L’Inde contre vents et marées aux éditions Temporis. C’est un concours particulier. Comme le Quai d’Orsay aura toujours besoin de sinologues, de japonologues, il faudra aménager le maintien de quelque chose qui ressemble à ce concours. » Les adversaires de cette réforme parlent d’une République des copains ? « C’est en effet le risque. Si on nomme des gens qui n’ont pas appris le métier, il faudra une doublure, un numéro deux. C’est ce qui se passe aux Etats-Unis, et aussi chez nous. »
« Les gens s’inquiètent aussi des postes d’ambassadeurs, rappelle Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France. Comme les postes de préfet, ils sont à la disposition du gouvernement, de par la constitution. Chez nous, l’habitude a été prise que les ambassadeurs soient issus du corps diplomatique, mais pas nécessairement. La question maintenant est de savoir si le choix des ambassadeurs se fera parmi les gens ayant fait la majeure partie de leur carrière au quai d’Orsay ou pas. Il faut qu’il se constitue une sorte d’académie diplomatique pour donner une formation supplémentaire à ceux qui qui viendront travailler chez lui. »
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