Pourquoi les ondes artificielles sont les plus dommageables

09/10/2023 (2023-10-09)

[Source : maisonsaine.ca]

[Source illustration : LP]

Par : André Fauteux

C’est l’un des nombreux arguments fallacieux souvent utilisés par ceux qui ignorent les effets biologiques des champs électromagnétiques (CEM) artificiels — et ceux qui ne veulent pas que le public les découvre :

Ils prétendent que les CEM artificiels sont inoffensifs parce qu’ils ne sont pas assez puissants pour provoquer des cassures de l’ADN comme le font les rayonnements ionisants pouvant arracher ou donner des électrons aux atomes, tels que le radon, les rayons X ou les rayons gamma. Même l’Organisation mondiale de la santé déclare que les seuls effets avérés sur la santé des rayonnements non ionisants d’origine humaine sont l’échauffement dû à une exposition aiguë à des niveaux élevés de radiofréquences (RF) ou la stimulation nerveuse et musculaire et l’excitabilité des cellules du système nerveux central par les CEM domestiques (50/60 Hz, également appelés rayonnements d’extrêmement basses fréquences — EBF).

Images © Dimitris Panagopoulos, sauf mention du contraire.

Toutefois, des milliers d’études scientifiques évaluées par des pairs ont montré que l’exposition chronique et/ou aiguë aux CEM EBF des lignes électriques et RF des communications sans fil peut être préjudiciable parce que ce rayonnement artificiel a deux propriétés uniques et nuisibles absentes dans la nature, a expliqué le biophysicien grec Dimitris J. Panagopoulos PhD lors d’un atelier du Parlement européen sur l’électrohypersensibilité, tenu à Bruxelles le 13 avril dernier. Ils sont polarisés et cohérents, a-t-il expliqué, et peuvent donc « produire des interférences constructives et amplifier leur intensité à certains endroits, et aussi forcer toutes les particules chargées (par exemple les ions mobiles) dans les cellules/tissus vivants à osciller en parallèle et en phase avec eux. La polarisation et la cohérence expliquent pourquoi les CEM de ~ 0,1 mW/cm2 émis par un téléphone portable sont nocifs, alors que les CEM solaires de ~ 10 mW/cm2 (100 fois plus forts) sont vitaux. »

Des publications très influentes

Dimitris Panagopoulos a récemment édité et coécrit le livre Electromagnetic Fields of Wireless Communications : Biological and Health Effects (CRC Press/Routledge, 2023, 544 pages — lire les résumés des chapitres et l’extrait sur le rayonnement 5G ici). Rédigé par des experts de premier plan sur les bioeffets des CEM, ce livre s’adresse aux étudiants du premier au troisième cycle en physique, biologie, médecine, bioélectromagnétique, biologie électromagnétique, biophysique des rayonnements non ionisants, télécommunications, électromagnétisme, bio-ingénierie et dosimétrie.

Les expériences de ce chercheur au laboratoire de recherche Choremeion de l’école de médecine de l’Université d’Athènes ont été parmi les premières à montrer les effets néfastes des CEM d’origine humaine sur l’ADN et la reproduction. Il est l’auteur ou le coauteur de plus de 40 publications scientifiques évaluées par des pairs et très influentes, qui sont référencées plus de 2 000 fois dans d’autres publications scientifiques. En 2007 et 2008, il a figuré parmi les 10 auteurs les plus cités dans les revues scientifiques de Mutation Research, un véritable exploit pour un scientifique dans un domaine aussi marginal que celui des bioeffets des CEM. « Sa théorie sur le mécanisme biophysique d’action des CEM sur les cellules est considérée comme la plus valide parmi toutes les théories proposées et est citée dans près de 700 publications scientifiques », écrit CRC Press, un éditeur mondial de livres sur les sciences, l’ingénierie et la médecine.

Des centaines d’études lient l’exposition aux radiofréquences à des problèmes de santé. 
© https://www.orsaa.org/orsaa-database.html

Ses recherches comptent parmi celles à l’origine de la directive sur les téléphones portables publiée en 2017 par le département de la santé publique de Californie, qui recommande des moyens de réduire l’exposition aux rayonnements des cellulaires. Ce document stipule :

« Bien que la science soit encore en évolution, certaines expériences de laboratoire et études sur la santé humaine ont suggéré la possibilité que l’utilisation élevée et à long terme des téléphones cellulaires puisse être liée à certains types de cancer et à d’autres effets sur la santé, notamment :
– le cancer du cerveau et les tumeurs du nerf acoustique (nécessaire à l’audition et au maintien de l’équilibre) et des glandes salivaires
– une diminution du nombre de spermatozoïdes et des spermatozoïdes inactifs ou moins mobiles
– des maux de tête et des effets sur l’apprentissage et la mémoire, l’audition, le comportement et le sommeil. »

Les CEM artificiels ont été classés comme « peut-être cancérogènes » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS. Les radiofréquences parce que des études épidémiologiques montrent une augmentation des cancers du cerveau chez les personnes qui utilisent des téléphones portables contre leur tête pendant 17 minutes par jour en moyenne pendant 10 ans, et les EBF parce qu’une douzaine d’études montrent que les enfants surexposés aux CEM des lignes électriques/domestiques ont une incidence plus élevée de leucémie.

Polarisation et cohérence

Le Dr Panagopoulos a aimablement partagé sa présentation du 13 avril, qui peut être téléchargée ici, et a expliqué par courriel :

« Un signal CEM polarisé est un signal qui oscille sur un seul plan. Tous les CEM artificiels sont totalement polarisés et cohérents (oscillent en phase). Les CEM naturels (par exemple la lumière, les résonances de Schumann, les micro-ondes cosmiques, etc.) ne sont ni polarisés ni cohérents, c’est-à-dire que les ondes individuelles oscillent sur tous les plans possibles et avec une phase aléatoire, et ce n’est qu’en certaines occasions qu’ils sont partiellement ou localement polarisés (comme les champs terrestres et les champs des membranes cellulaires). Comme nous l’avons montré pour la première fois dans notre article de 2015 [Polarization: A Key Difference between Manmade and Natural EMFs in regard to Biological Activity, Nature, Scientific Reports, 5, 1491, cosigné avec les docteurs Olle Johansson et George Carlo], seules les ondes polarisées et/ou cohérentes produisent des effets biologiques autres que l’échauffement. Ce simple fait concernant la polarisation/cohérence de TOUS les CEM artificiels et le rôle unique de cette propriété avait échappé à l’attention de tous les scientifiques auparavant, mais c’est quelque chose que j’avais compris depuis le début de mon doctorat. C’est pourquoi cet article a été attaqué par certaines personnes qui travaillent pour l’autre camp… Le rôle de la polarisation/cohérence est l’une des découvertes les plus importantes de toute la littérature sur les effets biologiques des CEM. L’importance de cet article a déjà été acceptée par la communauté scientifique (malgré la corruption profonde et les conflits d’intérêts), comme le montrent les 120 citations qui y font référence dans d’autres publications scientifiques. » (Pour plus de détails sur les conflits d’intérêts, lire le rapport FCC : Captured Agency, du Centre d’éthique Edmond & Lily Safra de l’Université de Harvard, et WHO, Radiofrequency and Health — a Hard Nut to Crack, par le célèbre épidémiologiste et oncologiste suédois Lennart Hardell, dont les 355 publications parues depuis 1977 ont été citées pas moins de 16 935 fois).

Comme des variations d’intensité de 20 à 30 % des CEM terrestres naturels et des champs électriques des membranes cellulaires induisent des effets sur les cellules et la santé, Panagopoulos postule qu’une même variation des CEM artificiels peuvent avoir des effets similaires. Cela pose un problème, dit-il, car « les CEM des communications sans fil sont très variables, avec des changements inattendus dépassant de plus de 100 % leurs intensités moyennes normales ».

Selon lui, les effets non thermiques des CEM des technologies sans fil (téléphonie mobile, Wi-Fi, téléphones numériques sans fil, etc.) sont dus au fait que leurs fréquences porteuses sont combinées à des fréquences extrêmement basses et ultra-basses (0-3 000 Hz) sous forme d’impulsions, de modulation et de variabilité aléatoire. Il a expliqué à nouveau par courriel :

« La pulsation et la modulation sont souvent confondues, même dans les articles scientifiques, mais elles ne sont pas identiques. On parle de pulsation lorsque le signal porteur (généralement RF) est inclus dans des impulsions qui se répètent généralement à des taux EBF, et qu’entre les impulsions successives, il n’y a pas de signal. Ainsi, un signal pulsé n’est pas une onde continue, car il est interrompu entre les impulsions successives. Les anciens signaux analogiques étaient des signaux à onde continue. Les signaux numériques modernes des communications sans fil sont pulsés. Pour transporter et transmettre des informations, le signal porteur RF doit être modulé, qu’il soit à onde continue ou pulsé. Le signal de modulation de basses fréquences transporte l’information. Lorsque le signal de modulation/information est chargé sur la porteuse, celle-ci est modulée et transporte l’information à transmettre. Les trois principaux types de modulation (d’amplitude, de fréquence et de phase) dépendent du paramètre de la porteuse qui est modifié (modulé) par le signal d’information (intensité-fréquence-phase). Le résultat de la modulation d’amplitude, par exemple, est une onde porteuse dont l’amplitude (l’intensité) n’est pas constante comme auparavant, mais varie en fonction des variations d’intensité du signal d’information. Bref, dans les signaux sans-fil modernes, l’onde porteuse (RF/micro-ondes) est émise sous forme d’impulsions, et chaque impulsion est modulée. Outre les impulsions qui contiennent le signal porteur modulé, des impulsions de synchronisation et de référence supplémentaires sont émises dans le signal final, également à des taux EBF. Nous avons donc une combinaison de CEM RF et EBF et c’est une erreur majeure de nommer ces CEM simplement “RF” ou “micro-ondes”. Différentes tâches et/ou différents utilisateurs communiquent simultanément avec la même antenne de base en utilisant des impulsions légèrement différentes, ce que l’on appelle le multiplexage. »

La théorie de Dimitris Panagopoulos sur le mécanisme biophysique d’action des CEM sur les cellules « a expliqué la détection des tremblements de terre à venir par les animaux et la détection des orages à venir par les individus sensibles grâce à l’action des CEM naturels associés à ces phénomènes, ajoute son éditeur. La même théorie a récemment expliqué l’induction du stress oxydatif dans les cellules par l’exposition aux CEM ».

Une autre observation importante est que l’exposition au téléphone portable simulée en laboratoire, comme le suggèrent les autorités sanitaires, ne produit des effets que dans 50 % des cas, notamment parce qu’elle est invariable, alors que l’exposition au téléphone portable dans la vie réelle varie de manière imprévisible à chaque instant en termes d’intensité, de fréquence, de phase, de forme d’onde, etc.

« Parmi les études portant sur des expositions réelles, note-t-il, plus de 95 % concluent à l’existence d’effets. » 

Génotoxicité

Les dommages génétiques causés par les CEM artificiels, dont Panagopoulos a montré qu’ils se produisaient de la même manière chez l’animal et chez l’homme, sont apparemment dus au stress oxydatif (SO), selon des études signées en 2016 et 2022 par Yakymenko et Tsybulin. Comme Panagopoulos l’a expliqué aux législateurs européens lors de l’atelier du 13 avril sur l’électrohypersensibilité (EHS), depuis 2000, plusieurs études ont montré que :

« Les CEM polarisés/cohérents et oscillants/variants provoquent l’ouverture et la fermeture irrégulières des canaux ioniques à potentiel (VGIC) dans les membranes cellulaires. Le dysfonctionnement induit des VGIC modifie les concentrations normales d’ions dans la cellule. L’équilibre électrochimique et l’homéostasie de la cellule sont ainsi perturbés, de même que l’état d’oxydoréduction de la cellule. Cela entraîne une (sur)production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) et crée des OS dans la cellule. Les premiers ROS sont le radical libre de l’anion superoxyde (O2–) et le radical libre de l’oxyde nitrique (NO) (Panagopoulos et coll. 2021). La HSEM est également liée à l’OS chronique et à l’inflammation des tissus (De Luca et al 2014 ; Irigaray et al 2018 ; Belpomme et Irigaray 2022). »

(Il précise que le sens de la rotation des électrons n’a rien à voir avec leur nocivité :

« Tous les radicaux libres ont des électrons libres (non appariés) avec des rotations (spins) simples (non appariés). Ils sont tous très bioactifs, que leurs rotations simples soient dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans le sens inverse.) »

Sa théorie stipule que les bioeffets des CEM n’augmentent pas seulement avec des intensités plus élevées, mais que les fréquences plus basses sont plus bioactives, de sorte que les pulsations ELF multiplient la bioactivité des champs RF/Micro-ondes. Un autre point important négligé par la plupart des études sur les CEM et la santé est le suivant :

« La partie électrique et non magnétique d’un CEM est le facteur le plus bioactif, contrairement à ce que considèrent les agences de santé et la plupart des experts. »

Sa présentation s’est conclue par les recommandations suivantes :

« – Éviter toute exposition inutile aux CEM artificiels.
– Éviter de vivre à proximité d’antennes ou de lignes à haute tension.
– Téléphones portables :
1) Utiliser le haut-parleur ou les écouteurs à tube d’air et maintenir le combiné à une distance ≥ 40-50 cm [~16-20 pouces] du corps ;
2) Réduire le nombre et la durée des appels ;
3) Ne pas porter l’appareil dans vos mains ou sur votre corps lorsqu’il est allumé et le mettre en mode avion ;
4) Le garder à la plus grande distance possible (plusieurs mètres) à la maison/au travail ;
5) L’éteindre pendant que vous dormez ;
– Utiliser des connexions filaires pour les téléphones domestiques et l’internet ;
– Désactiver le Wi-Fi et le Bluetooth des voitures et des appareils (téléphones portables, imprimantes, etc.) ;
– Sensibiliser les parents et les femmes enceintes à ne pas exposer les embryons et les enfants (la corrélation possible avec l’autisme et les maladies auto-immunes doit faire l’objet d’une étude approfondie) ;
– Éviter le blindage permanent et complet, qui peut entraîner une désynchronisation interne (Wever 1979 ; Panagopoulos et Chroussos 2019) ; L’Académie américaine de pédiatrie et l’Académie européenne de médecine environnementale dénoncent le fait que les limites d’exposition actuelles aux champs électromagnétiques font fi des risques non thermiques à long terme.
– Il est urgent de reconsidérer radicalement les limites d’exposition actuelles, en particulier pour les ELF, les RF et les micro-ondes, et d’appliquer le principe de précaution et le principe ALARA (niveau le plus bas qu’il soit raisonnablement possible d’atteindre), comme le recommande la résolution 1815 du Conseil de l’Europe sur Les dangers potentiels des champs électromagnétiques et leur effet sur l’environnement. »

Dimitris Panagopoulos

À propos de Dimitris Panagopoulos

Le Dr Panagopoulos a obtenu son doctorat sur les effets biologiques des CEM en 2001, et réalisé deux études post-doctorales sur les effets biologiques des micro-ondes (2004) et sur l’induction de la mort cellulaire par les CEM du WC (2006). Il soutient que les photons sont strictement des paquets d’ondes, et non des particules de lumière, et que le rayonnement électromagnétique d’origine humaine n’est pas constitué de photons, mais d’ondes continues polarisées « classiques », contrairement à ce qu’ont postulé les physiciens quantiques au cours des 100 dernières années.

Son récent livre couvre divers sujets liés à la physique, à la biologie, à la pathologie, à l’épidémiologie et aux mécanismes biophysiques et biochimiques plausibles des CEM émis par les antennes et les appareils. Il aborde les conséquences possibles des CEM de la téléphonie mobile de cinquième génération (5G) sur la base des données disponibles et de la corrélation entre les expositions anthropiques aux CEM et diverses pathologies telles que l’infertilité, le cancer, l’électrohypersensibilité, les maladies organiques et virales, ainsi que les effets sur les animaux, les plantes, les arbres et l’environnement. Il illustre en outre la protection de la santé individuelle et publique et la fixation de limites d’exposition fondées sur la biologie et l’épidémiologie.

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