Le séparatisme, notre futur ?

22/08/2024 (2024-08-22)

[Source : E&R]

Par E&R

Orania, l’histoire d’une ville habitée que par des Blancs

Orania est une ville d’Afrique du Sud située dans la région semi-désertique du Karoo, le long de la rivière Orange. Fondée en 1991 par des Afrikaners, descendants de colons néerlandais et français huguenots, Orania est une communauté blanche qui vit en autarcie et refuse tout mélange avec la population noire du pays.

La ville compte aujourd’hui environ 2500 habitants, tous membres de la communauté afrikaner. Orania possède sa propre monnaie, l’ora, ainsi que son drapeau et ses institutions. Les rues portent les noms de pierres précieuses évoquant les fondations de la nouvelle Jérusalem. La ville est accessible sans passer par des portails gardés et les visiteurs sont accueillis par un panneau indiquant « Orania – Foyer afrikaner ».

Fondée à partir d’une petite concession abandonnée d’une dizaine de maisons répartie sur 3 000 hectares, elle a été rachetée au gouvernement sud-africain par Carel Boshoff en 1990, au moment où le gouvernement de Frederik de Klerk entamait des négociations constitutionnelles avec le Congrès national africain afin d’abroger les dernières lois d’apartheid encore en vigueur. Orania devait constituer l’embryon du Volkstaat, un État pour les Afrikaners et est habitée actuellement par une population uniquement blanche et membre de l’une des églises réformées hollandaises.

Administrativement enclavée dans la municipalité de Thembelihle, Orania est l’héritière de mouvements autonomistes boers comme les Oranjewerkers qui avaient envisagé de créer dans les années 1980 une communauté autonome à Morgenzon dans le Transvaal. Le terrain sur lequel est située Orania (1 602 habitants en 2018, 2 500 en 2024) est toujours la propriété de la société privée qui fut à l’origine de la création de la communauté en 1991.

Wikipedia

Le drapeau d’Orania, une belle quenelle

Se défendant d’être raciste, Orania affirme vouloir défendre la culture et l’identité des Afrikaners dans un pays où les promesses de multiculturalisme ont été bafouées. Pour s’installer dans la ville, il faut être chrétien (protestant, plus précisément), parler afrikaans, avoir une situation financière stable et adhérer à certains principes socioreligieux.

Bien qu’isolée, Orania a réussi à se développer économiquement grâce à l’autosuffisance et à la production locale. La ville dispose de ses propres entreprises, commerces et services. Cependant, certains habitants travaillent dans les villes voisines où les salaires sont plus élevés.

Malgré les critiques l’accusant de racisme et de nostalgie de l’apartheid, Orania reste une communauté blanche prospère qui a choisi de préserver son identité et son mode de vie dans la nouvelle Afrique du Sud post-apartheid.

Orania n’a ni force de police officielle ni prison. Bien que la criminalité ne soit pas inexistante, elle est très faible, grâce à une petite population dont les demandes de résidence sont examinées de manière stricte. La surveillance du trafic et les délits mineurs tels que les petits vols sont gérés en interne. Des bénévoles effectuent des patrouilles de surveillance de quartier.

En octobre 2014, Orania Veiligheid (Orania Security) a été créée en tant que police municipale de facto de la ville, pour traiter les signalements d’activités illégales telles que les vols, mais aussi des affaires plus triviales telles que les plaintes pour détritus et pour bruit. Les suspects appréhendés sont emmenés au commissariat de la police sud-africaine dans la ville voisine de Hopetown. La police nationale n’est appelée qu’en dernier recours. Les résidents sont exhortés à utiliser les procédures de médiation et d’arbitrage mises à disposition par le conseil municipal, plutôt que de recourir aux tribunaux sud-africains.

Un couple de globe-trotters y a fait escale quelques jours en 2021 et sont revenus avec un reportage qui nous épargne la stigmatisation habituelle de ce projet par les médias traditionnels ou les gauchistes qui n’y voient qu’une survivance de l’apartheid :

Sur leur site, on peut retrouver un article très mesuré et équilibré sur Orania, dont voici quelques extraits :

Question — Orania est-elle le refuge d’Afrikaners souhaitant profiter de leur supériorité économique et conserver leurs privilèges de classe ?

Réponse — Pas du tout. Orania est au contraire un mouvement qu’on pourrait considérer comme populaire ou même populiste, qui s’adresse presque principalement aux Afrikaners démunis. Le niveau des prix y est très bas et on peut facilement y vivre avec un budget modeste puis à y devenir progressivement prospère, à condition d’être courageux et travailleur.

Question — Orania est-elle un projet fondé sur le ressentiment ?

Réponse — Pas du tout. Les Afrikaners sont des hommes d’action, ils ne sont pas du genre à se plaindre ou à pleurnicher. Ils vont de l’avant, si énergiquement qu’ils semblent parfois un peu brutaux. C’est d’ailleurs un paradoxe identitaire intéressant : pour eux, être fidèle à leur passé, c’est précisément se projeter dans l’avenir…

Question — Orania est-elle une sorte de secte ?

Réponse — Tout dépend de la définition qu’on donne du mot « secte ». Quand on devient Oranien, on accepte de privilégier la langue et la culture Afrikaner, on aliène donc une partie de sa liberté individuelle. On est aussi tenu de pratiquer la religion chrétienne protestante, donc le pluralisme religieux est très limité. En revanche, on est libre de quitter la communauté à tout moment si on ne partage plus ses principes. Par ailleurs, les Oraniens se situent davantage dans le registre de l’action que dans la théorie ou l’idéologie pures. Il y a là une sorte de particularité logique : en fait, on pourrait dire qu’ils se situent dans l’idéologie de l’action, c’est-à-dire que leur projet idéologique consiste à construire, réaliser, exécuter : en ce sens, ils se situent à l’opposé de la discussion théorique, de l’abstraction ou de la rêverie inconséquente. Cela crée aussi un contraste avec la vision plus hédoniste et passive, au temps circulaire plus que vectoriel, de certaines populations noires indigènes.

Question — Orania est-elle raciste ?

Réponse — Orania est ethno-différencialiste. Certains observateurs assimilent l’ethno-différencialisme au racisme biologique ou plus souvent au racisme culturel, et le terme se traduit parfois par « race-realist » en anglais. Il s’agit d’une conscience ethnique (principalement culturelle, et accessoirement biologique) qui discrimine (ou distingue) effectivement des catégories variées au sein de l’humanité, et qui s’attache davantage à les préserver en tant que modalités différentes qu’à les hiérarchiser. Les ethno-différencialistes sont donc réticents au mélange (métissage ou acculturation), non pas en tant qu’il serait impur, mais plutôt en tant qu’il serait destructeur d’identité en cas de généralisation (risque aggravé par les technologies de communication et la mondialisation culturelle et marchande). Les ethno-différencialistes peuvent être regroupés avec les racistes du fait de leur hostilité au mélange, mais aussi à l’opposé avec les antiracistes du fait de leur souci essentiel de préservation des différences. On pourrait encore les classer avec certains écologistes, en ce qu’ils appliquent à l’humanité les principes qui prévalent concernant la protection de la biodiversité. Ce sont en quelque sorte des ethno-diversitaires. En France, les penseurs de référence sur le sujet sont Claude Lévi-Strauss (surtout sur la fin de sa vie) et Alain de Benoist (et plus généralement le courant du GRECE).

Question — Voit-on des Noirs ou des métis à Orania ?

Réponse — Nous avons vu quelques Noirs, venus faire des courses ou livrer des marchandises. Il n’y a aucune hostilité à leur égard. En revanche, ils ne peuvent pas devenir résidents, car ils ne sont pas Afrikaners. Nous n’avons pas vu de métis.

Question — Orania est-il davantage un projet culturel ou un projet racial ?

Réponse — Même si l’insistance est plutôt mise sur la dimension culturelle, les deux sont en fait indistinguables. Le fait d’être Afrikaner n’est pas une notion de Droit, mais un état de fait qui résulte de l’ascendance familiale. Il y a eu jusqu’à présent peu de métissage entre les populations blanches et noires en Afrique du Sud (les métis du cap sont plutôt d’origine blanche et bushmen — khoikhoi et khoisan), donc il se trouve que presque tous les Afrikaners sont blancs.

Question — Orania est-il un projet de Droite ou de Gauche ?

Réponse — Plutôt de Droite, dans le sens où il repose à la fois sur le conservatisme religieux et sur la responsabilité individuelle dans l’action. Une dimension sociale existe incontestablement, mais l’entraide est centrée sur les membres de la communauté (même s’il existe aussi des principes d’assistance à certains groupes externes, par exemple la communauté Xhosa des Mnyameni), et pourrait davantage être rapprochée d’une forme de paternalisme ou, dans une logique française, du Gaullisme social. On se situe aux antipodes de l’État-providence centralisé, du revenu universel ou du droit d’ingérence ; mais plutôt dans une logique de décentralisation, de participation et de subsidiarité.

Question — Orania est-il un projet politiquement correct ?

Réponse — Non, en tant que proposition ethno-différencialiste assumée, Orania est diamétralement opposée à l’idéologie implicite de la mondialisation, qui relève elle-même d’une forme de cosmopolisme universel (donc totalitaire) qu’on pourrait qualifier de « droitdelhommisme » égalitaire. Le projet est donc largement caricaturé ou ostracisé par la pensée mainstream, typiquement classé à l’extrême-droite, et les Oraniens se sont habitués et vivent avec cette ostracisation. L’antagonisme est cependant moins brutal qu’au temps où l’ONU s’est opposée à l’Apartheid au point de le faire condamner comme crime contre l’humanité, car les principes mis en avant par Orania (autodétermination, préservation culturelle, continuité historique) sont en eux-mêmes moins critiquables, et les Afrikaners désormais politiquement minoritaires peuvent plus difficilement être accusés d’exploiter les populations indigènes du pays.

[Voir aussi :
Manifeste pour un nouveau monde]

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