La gestion de la pandémie n’était pas moins « toxique »

[Source : libremedia.ca]

[Illustration : François Legault au Salon du livre de Québec, le 6 avril 2022. Photo : page Facebook officielle de François Legault.]

[NDLR L’article traite plus particulièrement de la situation au Québec, mais la problématique centrale évoquée s’est retrouvée dans de nombreux autres pays du monde.]

Par Philippe Sauro Cinq-Mars

Pour le chroniqueur Philippe Sauro Cinq-Mars, l’actuel climat de tension s’explique davantage par les insultes proférées durant la crise envers une partie de la population que par la campagne électorale d’Éric Duhaime. 

Le 28 août dernier, alors qu’ils installaient leurs pancartes électorales, des militants conservateurs ont été menacés au couteau et accusés d’appartenir à un parti « fasciste ». 

C’était le premier acte de violence de la campagne électorale, et il était dirigé contre le Parti conservateur… Il est donc assez surprenant de voir d’autres partis et commentateurs accuser Duhaime de rendre le climat «toxique» depuis quelques jours, dans un déni complet du salissage et des insultes incessantes adressées à ce parti et ses supporteurs depuis des mois. 

Une conséquence de la polarisation

Il faut quand même avoir l’honnêteté de reconnaître que de traiter un large pan de la société de «complotistes», de «coucous», de «covidiots», de se moquer inlassablement de leurs appels à la «libârté», d’affirmer qu’ils ne croient pas en la science et qu’ils font partie de l’extrême droite, tout ça, au moment même où le gouvernement imposait les mesures les plus strictes de notre histoire, avec un couvre-feu, un passeport vaccinal et la fermeture des commerces «non essentiels» était plutôt «toxique». 

Qui aurait cru que polariser la société de la sorte pouvait causer du ressentiment politique ? 

Dans ce lourd contexte, les accusations actuelles à l’encontre de Duhaime sont honteuses. 

La réalité, c’est que le climat social en entier est devenu toxique durant la pandémie. La réalité, c’est que ceux qui accusent Duhaime de «toxicité» sont les premiers à se laisser aller aux injures, aux étiquettes et à l’arrogance par le simple refus de débattre. 

Les risques de cette forte polarisation créée par le gouvernement Legault et quelques chroniqueurs ont été exprimés à plusieurs reprises dans les derniers mois, pour être simplement ignorés par les concernés.

Les plaies ne sont pas refermées 

Avec la guerre en Ukraine, les problèmes économiques occasionnés, la fin des mesures sanitaires et l’été, les Québécois semblent avoir oublié les dernières années de pandémie et renoué avec une vie normale, ce qui est très bien. 

Or, c’est la première élection depuis la pandémie. Toute forme de violence est inacceptable, mais dans une perspective sociologique, il est donc tout à fait normal que ces évènements extraordinaires occasionnent des réactions et des attitudes à fleur de peau.

À lire aussi : Le point de non-retour

Des gens ont fait faillite, des gens n’ont pas pu être aux côtés de leurs proches mourants, des gens ont fait des dépressions, seuls et isolés chez eux, des gens ont vécu de l’ostracisme en raison de leur statut vaccinal et ont été rejetés des lieux publics. 

Les blessures sont profondes et on voudrait qu’on classe le récent traumatisme dans les «vieilles histoires» comme l’a affirmé François Legault le 1er septembre, lorsqu’il a été interpellé par une femme non vaccinée? 

Condamner la violence, certainement, mais refuser d’entendre l’immense frustration populaire? Jamais.

Une simple stratégie de campagne

Le parti d’Éric Duhaime a fait un bon début de campagne en se concentrant sur les enjeux économiques, mettant ses adversaires sur la défensive, et particulièrement la CAQ [Coallition Avenir Québec, le parti du Premier Ministre François Legault]

Le parti de François Legault est entré en mode panique et s’est mis à multiplier les annonces économiques pour lui faire concurrence. 

Il fallait donc briser l’initiative du Parti conservateur, le remettre sur la défensive, et quelle meilleure manière que d’agiter encore une fois le spectre de la violence politique et de la toxicité ? 

À lire aussi : Continuer ou s’effondrer?

La chose est devenue un classique des élections partout dans le monde depuis quelques années : les partis associés à la «droite» sont systématiquement accusés d’extrémisme et d’alimenter la violence… De «toxicité», pour employer le terme woke à la mode. 

La CAQ le sait très bien: c’est elle qui en faisait les frais en 2018, notamment avec son projet de loi sur la laïcité ! 

Ce qui est surprenant, par contre, c’est de voir les adversaires d’Éric Duhaime mener cette attaque aussi tôt dans la campagne… C’est habituellement un joker qu’on sort en dernier recours.

Est-ce à dire que les autres partis ont déjà épuisé leur jeux après une seule semaine de campagne ? L’avenir nous le dira, mais on sent déjà l’improvisation et l’agitation médiatique prendre le dessus chez les opposants du PCQ.