Je viens d’être diplômée d’une des universités britanniques. Celles-ci sont foutues

01/12/2021 (2021-12-01)

[Source : Le Saker Francophone]

Par Ramsha Afridi – Le 16 novembre 2021 – Source Russia Today

L’enseignement supérieur au Royaume-Uni ne vise pas à élargir l’esprit, il s’agit plutôt d’endoctrinement et de conformité idéologique qui écrasent le développement intellectuel et le débat. Il faut absolument changer cela.

Lorsque l’Université d’Austin a été annoncée, ma première réflexion a été que le Royaume-Uni devrait suivre l’exemple de l’Amérique et lancer sa propre initiative anti-woke.

Cette nouvelle institution, dédiée à la poursuite de la vérité et à la liberté d’enquête, a été lancée par le président fondateur Pano Kanelos, et inclut dans son corps enseignant Ayaan Hirisi Ali, Bari Weiss et Kathleen Stock. C’est exactement le genre de choses dont nous aurions besoin en Grande-Bretagne.

Je le sais parce que j’ai l’honneur douteux d’être une récente diplômée des universités britanniques, et je sais donc à quel point elles sont foutues. Lorsque je suis entré dans l’enseignement supérieur, je croyais naïvement que mon séjour à l’université m’offrirait une nouvelle perspective sur le monde ; j’avais tort. Ce que j’ai trouvé en fait, c’est une culture universitaire qui se souciait de tout sauf de la vérité.

J’ai obtenu un diplôme de premier cycle en relations internationales et un diplôme de troisième cycle en journalisme dans deux universités britanniques différentes. Au cours de mon séjour dans le monde universitaire, j’ai été témoin d’un système tordu impliquant l’intimidation des non-conformistes, la discrimination raciale déguisée en « quotas de diversité » et la menace toujours imminente d’une « révocation » pour cause de pensée erronée.

Il est évident pour moi que la liberté académique n’existe plus. En fait, en tant qu’étudiante, j’ai souvent craint d’exprimer mes véritables opinions, car on m’a dit un jour, pendant un cours, que la « pensée correcte » était plus importante que la recherche de la vérité. C’est à ce moment-là que ma désillusion vis-à-vis du monde universitaire a commencé pour de bon.

[Ndlr : il semble bien que les universités françaises suivent le même chemin.]

Les universitaires et les étudiants britanniques doivent se défendre s’ils veulent voir un changement culturel, et je le dis en tant qu’ancienne étudiante qui a été le témoin direct de ce système tordu. C’est pourquoi il est vital de construire un cadre législatif solide pour protéger la liberté académique des excès de la gauche culturelle.

Des universitaires britanniques comme Kathleen Stock ont été chassés de leur emploi pour avoir eu une opinion politiquement incorrecte ou pour avoir simplement énoncé des faits biologiques. Cette obsession de la « sécurité émotionnelle » s’est depuis longtemps emparée de nos institutions éducatives, étouffant du même coup toute dissidence.

Ce n’est pas surprenant, étant donné que nos universités tentent d’imposer simultanément la rigueur académique et l’inclusivité, deux valeurs incompatibles.

Pendant mes études, j’ai vu ces valeurs s’affronter tragiquement à l’université. Au cours d’un séminaire, j’ai vu des étudiants travailler sur un projet, affirmant que « le genre est une construction sociale », tandis qu’un autre niait que la biologie soit un facteur déterminant le genre. Il s’agit là de deux idéologies marginales et progressistes (du moins, partout ailleurs que dans une université). Je pensais que ce point de vue était manifestement absurde, mais je me suis retrouvé à compromettre mes principes pour satisfaire une minorité militante d’étudiants absurdement wokes. À l’époque, je me suis demandé si d’autres étudiants se sentaient dans la même situation, contraints de se soumettre. J’ai considéré qu’il s’agissait d’un incident insignifiant et isolé, mais la situation n’allait faire qu’empirer.

Plus tard, au plus fort des manifestations Black Lives Matter, j’ai vu un certain nombre d’étudiants préparer une pétition sur la nécessité d’embaucher des universitaires issus de milieux plus « divers », en dépit de leur expérience universitaire ou même de leur expertise – affirmant que le monde universitaire était « trop blanc ».

En fin de compte, ils préconisaient l’application de « quotas de diversité » qui, ironiquement, discrimineraient les universitaires en raison de leur race. Le mérite ou le talent ne sont pas des exigences dans cette vision du monde, en fait, il semble presque être des obstacles à surmonter au nom de cet activisme autoritaire. L’orthodoxie libérale-gauchiste est le paradigme idéologique dominant à l’université, et toute pensée hétérodoxe est accueillie avec une immense hostilité. Garantir la conformité idéologique est la préoccupation majeure de ces institutions et j’ai très vite compris que pour survivre à la « cancellation » et terminer mes études, je devais censurer mes convictions personnelles et politiques sur le campus.

Les données révèlent que l’autocensure est un phénomène de plus en plus courant pour de nombreux étudiants non-conformistes. Une enquête réalisée par Survation pour le compte d’ADF International, une organisation confessionnelle de défense juridique, révèle que plus d’un quart des étudiants s’autocensurent par crainte que leurs opinions n’entrent en conflit avec les valeurs « woke » promues par leur université.

En tant qu’étudiant, je me suis rendu compte que le monde universitaire récompense le politiquement correct et ne laisse aucune place à la pensée critique. Ce qui est également devenu encore plus clair, c’est que nos institutions éducatives ne sont plus un lieu pour les pionniers qui ont de nouvelles perspectives à offrir. Ce qui est encore plus déprimant, c’est que j’ai été témoin de peu ou pas de réactions contre cette culture totalitaire. En fait, il est devenu courant de voir des personnes accusées d’être « nuisibles »« offensantes » et même « dangereuses » pour leurs opinions.

C’est pourquoi nous devons agir pour défendre la liberté d’expression et la diversité d’opinion. Le lancement de nouvelles initiatives éducatives est une première étape cruciale pour réparer ce système en ruine, qui ne semble qu’empirer. Cela pourrait également expliquer pourquoi les universités britanniques « sont confrontées à une crise de confiance de la part de la nation », selon un document publié par Policy Exchange, un groupe de réflexion de centre-droit.

Ce qui se passe dans l’enseignement se propage dans toute la société. Les idées et les croyances institutionnalisées par les universités peuvent rapidement faire leur chemin dans le monde réel, il suffit de voir combien de personnes ont entendu parler de la théorie critique de la race aujourd’hui par rapport à il y a deux ans. C’est pourquoi il est plus important que jamais d’avoir une incitation sérieuse à changer l’enseignement supérieur.

Au moment où j’ai obtenu mes diplômes, je n’avais rien appris de nouveau ; en fait, l’expérience ressemblait davantage à la fréquentation d’une usine d’endoctrinement qui ne sert qu’à la formation de main-d’œuvre pour l’entreprise et qui crache un diplôme confirmant votre conformité.

La subversion des universités a conduit à une vision du monde basée sur la culture de la doléance et l’idéologie gauchiste qui vise à endoctriner les gens pour qu’ils deviennent des victimes, plutôt que de leur apprendre à penser indépendamment.

La Grande-Bretagne, plus que jamais, a besoin de son propre projet éducatif, qui se consacrerait à la liberté académique et à un discours intellectuel rigoureux, pour ceux qui sont désillusionnés par ce climat toxique.

Ramsha Afridi

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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