Et si les États-Unis s’effondraient ?

[Source : Idriss J. Aberkane]

D’Emmanuel Todd à Igor Panarin, l’effondrement de l’empire américain a été pronostiqué depuis plusieurs années, et est souvent analysé comme la conséquence naturelle et historiquement inévitable de l’« imperial overstretch » ou « hyperextension impériale » prédite par Paul Kennedy. Une différence importance cependant : l’empire de Washington (pour étendre les termes de Brzezinski, puisque le FMI et la Banque Mondiale se trouvent à Washington) dispose d’un pouvoir sans précédent : la capacité à forcer le monde entier à financer son influence, en forçant toutes les nations à accepter sa monnaie.

En 1997 Zbigniew Brzezinski, dans son classique Le Grand Échiquier, anticipe quelques conséquences géopolitiques à l’effondrement de l’Empire de Washington, et même s’il est juge et partie, nous devons observer que oui, ces conséquences seraient dramatiques, et ce malgré toutes les exactions géopolitiques brutales commises par cet empire depuis 1945, parce que le fonctionnement des relations internationales n’a quasiment pas changé depuis le Traité de Westphalie en 1648, et demeure basé sur les rapports de force, dans lesquels l’empire de Washington fonctionne comme la banque centrale de la force militaire à travers le monde, et se retrouve, logiquement, « too big to fail » [trop gros pour faire faillite]…

[Note de Joseph : le point de vue d’Idriss Aberkane est discutable. D’une part, si les États-Unis s’effondraient la Chine et la Russie les remplaceraient rapidement en matière d’influence mondiale et celle-ci serait plus probablement stabilisatrice que guerrière. Et d’autre part, une bonne partie du réseau financier occidental qui finance notamment les conflits s’effondrerait aussi. Enfin, il pourrait y avoir une ouverture vers une démilitarisation massive plutôt qu’une poursuite de la course actuelle aux armements stimulée par l’agressivité américaine.]