29/12/2022 (2022-12-29)
[Source : RL]
Par Valérie Bérenger
Il n’est pas tendre Dmitri Anatolievitch Medvedev, c’est le moins que l’on puisse dire. Ni tendre, ni patient. En tout cas beaucoup moins que Vladimir Poutine. Il est vrai que l’Occident lui a donné toutes les raisons valables pour ne pas l’être. Pourtant, voici quelques années, alors qu’il dirigeait la Fédération de Russie, il était enclin à s’entendre avec l’Occident. Il n’avait alors pas encore compris à quel point la confiance qu’il mettait dans ses interlocuteurs allait être trahie.
En effet, en 2010, lors de la réunion du Conseil Russie-OTAN à Lisbonne, à laquelle il participait en tant que président de la Fédération de Russie, les membres de l’alliance n’ont eu aucun mal à le convaincre que la Russie et eux ne se menaçaient pas mutuellement. Dmitri Anatolievitch Medvedev a cru alors que l’Occident et la Russie étaient prêts à travailler ensemble à la sécurité globale de la région euro-atlantique. Grave erreur !
Mais les Russes sont comme ça. Ils font confiance. Jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils se sont fait blouser. Une fois… mais pas deux. Car, contrairement aux Occidentaux, ils ont de la mémoire et prennent en compte les événements historiques et les trahisons qui en ont découlé.
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Aujourd’hui vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, président du parti politique panrusse « United Russia », cet homme brillant et perspicace a eu en cette fin d’année une pensée miséricordieuse pour les peuples de l’Union Européenne en disant : « On ne peut que compatir avec les citoyens ordinaires des pays de l’UE. »
Que voilà un homme lucide que l’on ne peut que remercier de vouloir différencier les fous génocidaires de l’Occident et les peuples qui en subissent le joug chaque jour un peu plus.
Pourtant pour Dmitri Anatolievitch Medvedev :
« Les illusions sont finies, aujourd’hui nous sommes séparés du monde occidental par bien plus que ce qui nous unit. (…) Il est tout à fait clair que dans la relation des États indépendants et souverains avec le monde anglo-saxon dans la configuration actuelle, on ne peut parler de confiance, d’espoir en la décence des partenaires, de leur fidélité en leur parole et même en leurs principes magnifiquement énoncés. Mais, hélas, maintenant nous n’avons personne avec qui parler et négocier en Occident. Il n’existe rien dans ce domaine, et il n’y a pas besoin de le faire. Ce sont les événements de l’année écoulée qui ont annulé la possibilité même d’un dialogue confidentiel et respectueux avec les représentants de ce « pôle » mondial. Il ne reste que l’étonnement : ces gens se considèrent-ils sérieusement comme des leaders mondiaux, revendiquent-ils quelque chose de global, rêvent-ils de dicter leur volonté aux autres ? Sur quelle base, s’ils se discréditent, signent-ils leur impuissance, mentent, s’enlisent-ils dans les problèmes ? ».
Fort d’une lucidité que nombre de dirigeants européens devraient cultiver, il a publié récemment sur son compte Twitter anglophone dix prédictions que la presse mainstream française et européenne a qualifié « d’apocalyptiques » pour l’année 2023. « Tout le monde fait des pronostics en ce moment, affirme-t-il dans son tweet qui a été lu plus de 28 millions de fois. Beaucoup émettent des hypothèses futuristes, comme s’il fallait trouver les plus folles, voire les plus absurdes ».
Parmi ces affirmations, notons que le prix du pétrole atteindra 150 dollars le baril et que le prix du gaz dépassera 5 000 dollars pour 1 000 mètres cubes ; le Royaume-Uni rejoindra de nouveau l’Union européenne, laquelle devrait s’effondrer après ce retour. Mais le plus logique de ce discours est l’argument qui prétend que la Pologne et la Hongrie occuperont les régions occidentales de l’ancienne Ukraine. Ce qui n’aurait rien de surprenant lorsque l’on sait que la Pologne a déjà revendiqué auprès de Kiev ses territoires historiques.
Dmitri Anatolievitch Medvedev n’hésite pas à évoquer la création du IVe Reich, qui « englobera le territoire de l’Allemagne et de ses satellites, à savoir la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, les États baltes, la République de Kiev et d’autres parias ».
Il soutient également qu’une guerre éclatera entre la France et l’Allemagne menant à la division de l’Europe. « L’euro et le dollar cesseront, eux, de circuler en tant que réserve mondiale après l’effondrement du système de gestion monétaire de Bretton Woods. »
Cerise sur le gâteau, il termine ses prédictions en souhaitant de « joyeuses fêtes à tout le monde, aux amis anglo-saxons et à leurs joyeux porcelets grognant ».
Nous pouvons supposer que les « joyeux porcelets grognant » sont les alliés – ou plutôt vassaux – de Washington, l’UE en tête. Saluons néanmoins l’humour dont fait preuve l’ancien président russe.
Si vous étudiez la géopolitique actuelle, vous vous rendrez compte que ces « prédictions » ne sont pas aussi vides de sens que l’on veut bien vous le dire. Le prix du pétrole à 150 dollars n’aurait rien d’étonnant. En 2013, l’institution américaine Bank of America Merrill Lynch indiquait dans une note s’attendre à ce que le baril de pétrole progresse à 140 dollars au cours de l’année ce qui amènerait, dans le cas où l’écart de prix demeurerait le même à un baril de pétrole Brent à 160 dollars. En janvier 2022 les prix du gaz en Europe dépassaient déjà 1 100 dollars pour 1 000 m3. Or, les stocks vont se vider très vite et sans le gaz russe il n’est pas du tout impossible de voir une nouvelle fois les prix s’envoler pour être multipliés par deux ou par trois, voire bien plus.
Lorsque, dans un article publié dans le magazine russe Rossiyskaya Gazeta, Dmitri Anatolievitch Medvedev affirme que :
« Le taux d’inflation aux États-Unis et dans la zone euro franchit littéralement le « plancher » des prévisions pessimistes : il est respectivement de 8 à 10 %, avec une croissance du PIB de 2 %. Sans parler de divers imbéciles d’Europe de l’Est ou des États baltes, où l’inflation a grimpé en flèche au-delà de 20 %.».
Il est en fait très en dessous de la vérité concernant la zone euro.
Il suffit pour en être persuadé de se rendre dans n’importe quelle grande surface alimentaire en France et s’apercevoir que certaines références ont vu leur prix multiplié par deux. Le prix d’une simple bouteille de gaz butane a pris en quelques mois +25 %, passant de 29,90 € à 39,90 €.
Quant au IVe Reich, soyons lucides, c’est une réalité. Il suffit de voir les symboles arborés par les combattants ukrainiens et certains mercenaires de l’UE ou des USA qui les ont rejoints pour être – hélas – fixé sur la question. Et la question qu’il pose avec une certaine logique trouve sa réponse dans les événements actuels :
« Qu’attendre de certains pays européens, qui à un moment donné ont donné naissance au national-socialisme et au fascisme ? Ce sont eux qui sont aujourd’hui responsables du renouveau de l’idéologie nazie. Apparemment, les douleurs fantômes de la grandeur perdue dans la classe politique de ces pays ne peuvent être supprimées par les médicaments du temps. Et bien que les forces dirigeantes se disent gauchistes ou chrétiennes, elles sont en fait les véritables héritières de la cause au Parti national-socialiste (NSDAP) et du Partito Nazionale Fascista (PNF). Et tôt ou tard, ils répondront de ceux qui ont été nourris de leurs propres mains. »
En cette fin d’année 2022, face à cette tragédie, quid de l’avenir du monde dit civilisé ?
Entre mensonges et trahisons de la part du monde occidental, la Russie n’a pas eu d’autre choix que de lancer son opération militaire spéciale. Angela Merkel a elle-même avoué que les accords de Minsk n’avaient eu pour but que de permettre à l’Ukraine de se préparer à une guerre et à l’Otan de l’armer. Ce que le clan occidental n’a pas encore compris – et gageons qu’ils ne le comprendront jamais – c’est que pour la Russie tout entière cette opération est une question de SURVIE. Il ne s’agit pas seulement de venir au secours des républiques du Donbass mais également de la souveraineté et de la survie du monde russe.
La faute à qui ? Fin 2021 l’Alliance de l’Atlantique Nord a refusé tout net de garantir à la Russie que l’Ukraine ne rejoindrait pas l’OTAN malgré toutes les promesses faites et non tenues depuis 20 ans. Kiev, de son côté, annonçait sa volonté de relancer un arsenal nucléaire visant sans conteste à détruire la Russie.
Il est navrant de constater que les leçons de la Seconde Guerre mondiale ont été complètement oubliées. Que la générosité et la grandeur de la Russie, qui a éreintée les armées allemandes au prix d’un lourd tribu, ont été effacées d’un simple coup de crayon au profit d’une hégémonie américaine nuisible qui n’a aucune justification.
Comment ne pas donner raison à cet homme lorsqu’il affirme :
« Au service de ses « maîtres » et en raison de sa stupidité, le régime de Kiev cherche désespérément à « interdire » non seulement tout contact de ses citoyens et entreprises avec la Russie, mais aussi tout « esprit russe », toute culture russe – même celle qui est devenue à juste titre un classique mondial. En Ukraine, les monuments aux écrivains et aux généraux russes sont démolis, et les rues Pouchkine portent le nom de l’ordure Bandera. Ils interdisent la langue russe dans les écoles et à la maison, ils mettent les livres russes au pilori. Que scénario familier – il ne manque plus que les camps de concentration et la Nuit de cristal. Gogol, Boulgakov, Malevitch, Akhmatova, Vernadski et même Lessia Ukrainka ou Taras Chevchenko doivent se retourner dans leurs tombes. Tout cela s’accompagne de convulsions hystériques de propagande et d’appels à « punir » la Russie obstinée par tous les moyens. »
La russophobie totalement irrationnelle a atteint cette année dans l’UE un niveau hallucinant. Après le Covid, les enfermements, l’isolement, la mise en esclavage des peuples, les injections inutiles et mortelles dont on découvre chaque jour la nuisance et la gravité des effets secondaires, les mensonges à répétition, l’autoritarisme des dictatures larvées qui s’est fait jour, c’est une nouvelle forme de lèpre qui vient nous envahir.
Ainsi, après l’effondrement idéologique et philosophique global du monde occidental, son remplacement est assuré par une perversité démoniaque et souterraine qui s’est répandue comme la peste noire en son temps, vitesse grand V. Ce monde est devenu fou et il est grand temps pour nous de sonner la fin de la récréation.
Continuant sur une logique imperturbable Dmitri Anatolievitch Medvedev affirme avec une générosité que l’Occident ne mérite certainement pas :
« On ne peut que compatir avec les citoyens ordinaires des pays de l’UE. Leurs slogans enflammés sur la solidarité avec l’Ukraine ne réchaufferont pas leurs maisons et ne rempliront pas le réservoir d’essence de leurs voitures. Toutes les « sanctions infernales », blocus et autres restrictions sont supportées par ceux qui doivent maintenant payer des factures insensées de services publics ou de carburant. Accueillir des réfugiés ukrainiens et leur donner du travail, endurer crise après crise par la faute de leurs propres politiciens qui ignorent la question : pourquoi tout ce supplice ? Qui est le plus mal loti à la fin ? Pourquoi, comme d’habitude, seule l’Amérique est-elle relativement gagnante ? Leurs citoyens comprennent que la pauvreté et l’incertitude sont des phénomènes à long terme. Et ce n’est pas une partie de plaisir : des reportages sur les manifestations de rue apparaissent quotidiennement sur les fils d’actualité en Europe. »
Tout est dit ! Les peuples européens payent et continueront de payer au centuple la facture que l’Amérique présente. Alors en cette fin d’année la seule question qui se pose est : voulons-nous continuer à servir d’esclaves aux USA où voulons-nous retrouver notre liberté et notre libre-arbitre et vivre mieux ?
Car, si les Russes savent être généreux, les Américains ne le sont pas. Gageons qu’ils nous sacrifieront jusqu’aux derniers vivants exactement comme ils le font avec les Ukrainiens. Si nous voulons retrouver notre liberté, notre fierté et notre pays tel que nous l’avons connu, il nous faut nous débarrasser une fois pour toutes de l’hégémonie américaine et, avec elle, de celle de l’UE pour nous rapprocher, comme le voulait le Général de Gaulle, du seul allié fiable que nous pourrions avoir : la Russie.
Ce n’est plus pour la France et les Français une question seulement économique ou politique, en 2023 il en ira de notre survie !
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