Dépasser le conflit

Par Joseph Stroberg

L’existence des conflits individuels et collectifs semble aussi vieille que l’Humanité. Si les causes en paraissent de prime abord multiples, en creusant un peu plus, elles se ramènent à une cause plus fondamentale : l’illusion de la séparation qui accompagne le processus d’individualisation de la Conscience.

En sortant de la conscience collective propre aux races animales, l’être humain primitif gagnait l’impression d’être un individu isolé des autres de son espèce, mais perdait du même coup la conscience collective propice au fonctionnement harmonieux des différents groupes humains dans lesquels chaque individualité trouvait spontanément sa place et son rôle.

La science a découvert récemment que les mâles alpha d’un troupeau ne se comportent pas en autocrates, mais en protecteurs de ce dernier. Il en était alors de même dans les groupes humains primitifs. Par leur force, leur agilité, leur astuce… les mâles alpha étaient les plus capables de protéger leur groupe des divers dangers extérieurs. Le mode de fonctionnement primitif est en partie resté imprégné dans nos gênes.

Le problème de l’Humanité actuelle provient de l’existence d’un sous-groupe particulier d’individus. Contrairement à ce qui  a encore cours pour la grande majorité des êtres humains, ces individus sont passés d’une volonté collective à une volonté individuelle. Ils utilisent notamment celle-ci pour satisfaire leurs propres désirs sans se préoccuper des autres. Cependant, contrairement à la masse des êtres humains, ils peuvent volontairement dompter certains de leurs désirs si ces derniers font obstacle à leurs plus grandes ambitions. Comme par ailleurs, leur conscience est encore plus individualisée que pour la masse humaine, ils tendent à perdre toute empathie pour les autres. Ces individus sont actuellement décrits en termes de psychopathie et de sociopathie.

Pour dépasser le stade des conflits, l’Humanité devra travailler dans trois directions simultanément:

  • La première est la reconnaissance de la psychopathie et des individus qui en sont à ce stade de conscience, de sorte à ne pas leur donner du pouvoir.
  • La seconde est le travail sur les émotions et les désirs, par la réflexion mentale et/ou la méditation, afin de raisonner ces derniers et de ne plus réagir aux événements prioritairement par l’émotionnel.
  • La troisième est la reconnaissance du fait qu’une conscience individualisée a généralement besoin de se projeter sur les autres pour se découvrir elle-même. Lorsqu’elle les critique, elle se sert d’eux comme d’un miroir et ne fait en fait que projeter les caractéristiques de sa personnalité qu’elle trouve imparfaites, que ceci soit réel ou le fruit de ses craintes ou de son imagination.

En d’autres termes, les trois voies reviennent à :

  • ne pas donner de pouvoir aux individus qui l’ambitionnent;
  • réagir avec la tête et non avec les tripes;
  • s’occuper de la poutre que l’on a dans l’oeil plutôt que de la paille dans celui du voisin.

Ces voies impliquent et mettent en oeuvre respectivement les qualités suivantes :

  • discernement;
  • réflexion, raisonnement;
  • autocritique;